Utiliser la recherche pour améliorer le bien-être financier des Canadiens : Compte rendu du symposium
Introduction
En collaboration avec Économie comportementale en action à Rotman (BEAR), l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a coorganisé l’édition 2018 du symposium national sur la recherche en littératie financière, qui s’est tenu les 26 et 27 novembre à l’Université de Toronto.
Sur le thème « Utiliser la recherche pour améliorer le bien-être financier des Canadiens », le symposium a abordé la reconnaissance grandissante de la recherche comme vecteur de changement. Des chercheurs et des experts de renom du Canada et d’ailleurs ont parlé de leurs travaux sur la littératie financière et des possibles applications de leurs conclusions dans la pratique de manière à améliorer la situation financière des individus et des familles.
Le franc succès du symposium montre l’importance accordée aux études sur la littératie financière en vue d’améliorer le bien-être des gens.
Le présent compte-rendu décrit les principales idées issues de l’événement et met en lumière les travaux fascinants dont les solutions mises au jour visent l’amélioration du bien-être financier au Canada et ailleurs.
Déclaration de non-responsabilité à l’égard des renseignements des tiers
Certains renseignements contenus dans ce compte-rendu proviennent de sources externes. Le gouvernement du Canada n’est aucunement responsable de l’exactitude, de la fiabilité ou de l’actualité des renseignements provenant de ces sources. Il est recommandé à quiconque souhaite se fier à ces renseignements de consulter leur source directement. Le contenu provenant de sources externes n’est pas soumis aux exigences ayant trait aux langues officielles, à la confidentialité et à l’accessibilité.
Avant-propos des organisateurs du symposium
Ceux parmi nous qui travaillent dans les domaines de l’éducation financière et du bien-être financier entendent souvent parler de nouveaux travaux de recherche intéressants. Toutefois, nous avons rarement l’occasion de rencontrer en personne les chercheurs responsables de ces travaux et d’examiner directement les connaissances approfondies qu’ils peuvent offrir. Le symposium national sur la recherche en littératie financière de 2018 nous a offert cette occasion unique.
L’incroyable événement d’apprentissage et de réseautage, qui a accueilli plus de 260 participants, a présenté des panélistes et des orateurs fascinants, suscité des dialogues stimulants entre l’auditoire et les présentateurs, engendré un débat animé sur l’innovation et l’inclusion financière et donné lieu à des présentations par affiches enrichissantes.
Les chercheurs ont présenté les résultats quantitatifs et qualitatifs de leurs plus récents tests et sondages et y sont allés de situations vécues qui ont permis de comprendre concrètement comment les gens, en particulier ceux en situation de vulnérabilité financière, arrivent à gérer leurs difficultés financières au quotidien. Ils ont aussi décrit de nouvelles stratégies prometteuses ayant pour but d’aider les gens à prendre de meilleures décisions ainsi que d’autres études en cours qui réinventent les finances personnelles pour les Canadiens.
Mais plus encore que la richesse des idées et des connaissances exposées, ce qui est ressorti de cet événement, c’est le rassemblement de chercheurs et d’experts déterminés comme jamais à élucider l’univers complexe et interrelié des comportements et du bien-être en matière financière : ils présentent leurs trouvailles, expérimentent selon diverses approches, innovent et proposent des solutions aux résultats concrets. Le symposium a mis en évidence cette approche : des interventions fondées aux résultats concluants.
La recherche et la pratique doivent absolument aller de pair si l’on veut repousser les limites et contribuer au bien-être financier des Canadiens. Les nouvelles études nous mettent tous au défi de repenser et d’amender notre approche de sorte à éradiquer les approximations de nos interventions en littératie financière en nous appuyant sur des données de référence et en sachant pourquoi, comment et où intervenir. Nous encourageons non seulement les chercheurs et les experts à continuer d’orienter la recherche sur des sujets connexes, mais aussi les experts à en tester les initiatives et les interventions et d’en noter les retombées.
Et en découleront, en somme, de meilleurs résultats pour les Canadiens.
Merci à tous les participants du symposium. Par votre présence, vous avez montré votre volonté de faire progresser votre propre travail et le mouvement en faveur du bien-être financier basé sur la recherche empirique. Nous espérons que le symposium vous a revigoré et empli la tête d’idées. Quant aux personnes qui n’ont pas pu venir, nous espérons que ce compte-rendu saura vous inspirer et vous donner un aperçu de la qualité et de la pertinence des séances.
Continuons sur notre lancée! Nous avons hâte de poursuivre cette collaboration longue de plusieurs années en vue de changements concrets et durables en faveur du bien-être financier de tous les Canadiens.
Lucie Tedesco, Commissaire, Agence de la consommation en matière financière du Canada
Dr Vivek Goel, Vice-président, Recherche et innovation, Université de Toronto
Jane Rooney, Chef du développement de la littératie financière, Agence de la consommation en matière financière du Canada
Dilip Soman, Ph. D., Président, Économie comportementale en action à Rotman, Université de Toronto
Faits saillants du symposium
Infographie : Version textuelle
Mots d’ouverture
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« J’ai à cœur que les Canadiens entretiennent un rapport à l’argent qui soit positif. Hélas, ce n’est pas le cas pour beaucoup de gens : leurs dettes atteignent des sommets sans précédent, malgré les faibles taux d’intérêt du pays. Un grand nombre d’entre eux ne pourraient pas affronter le moindre imprévu, et comme ils en tirent beaucoup de honte et de gêne, ils ne demandent pas l’aide dont ils besoin. »
Kelley Keehn, maître de cérémonie, Auteure et formatrice en finances personnelles
« Quand on parle de grands enjeux, le changement climatique ou la durabilité du système de santé nous viennent souvent à l’esprit, mais on pense rarement au fardeau des dettes qui attend les consommateurs, ou à leur prise de décisions financières au quotidien, qui sont aussi des problèmes majeurs. »
Dr. Vivek Goel, Vice-président de la recherche et de l’innovation, Université de Toronto
« Notre thème, “Utiliser la recherche pour améliorer le bien-être financier des Canadiens”, reflète la reconnaissance grandissante de la recherche comme vecteur de changement. En mettant en commun nos recherches et nos analyses, nous trouverons les pièces manquantes du casse-tête de la littératie financière. »
Lucie Tedesco, Commissaire, Agence de la consommation en matière financière du Canada
Conférencière principale : L’évolution des approches
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude. »
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
« Le bien-être financier se définit comme la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude ».
Elaine Kempson, Ph. D., Université de Bristol
Regarder la vidéo de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Voir les diapositives de la présentation « Littératie, capacité et bien-être financiers ».
Notre conférencière principale, Elaine Kempson, chercheure novatrice à l’Université de Bristol, a décrit l’évolution, du début des années 2000 à aujourd’hui, des recherches et des pratiques en matière de littératie financière, de capacités financières et de bien-être financier, qu’elle a ponctuée avec les conclusions de ses propres études.
Au début, a-t-elle relaté, les experts s’intéressaient au développement des connaissances théoriques et pratiques – persuadés que la littératie financière peut être enseignée –, tandis que les chercheurs essayaient de mesurer les niveaux de littératie de la population : « Ils ont décidé de ce que la population était censée savoir pour ensuite mesurer à quel point c’était le cas. »
Cette approche a été critiquée pour son étroitesse : la connaissance théorique et pratique ne devrait pas constituer une fin en soi. De plus, on avait déjà constaté que les gens connaissaient la matière et savaient ce qu’ils devaient faire, mais qu’ils agissaient tout de même autrement : malgré l’importance et le rôle de la connaissance, ses effets peuvent être « contrés par l’attitude et la personnalité ». Selon Mme Kempson, le comportement est en grande partie déterminé par des facteurs qui ne s’enseignent pas et par notre milieu de vie « où règne la consommation et où la publicité est conçue pour inciter à dépenser sans compter et à emprunter ».
Cette critique a donné naissance à un intérêt particulier pour les capacités financières, c’est-à-dire les comportements financiers – ce que les gens font plutôt que ce qu’ils savent – et les facteurs qui les sous-tendent. Mme Kempson a précisé que cette approche était certes un pas en avant, mais qu’elle ne distinguait pas quels comportements étaient les plus importants et pourquoi.
Récemment, chercheurs et experts se sont tournés vers la notion plus générale de bien-être financier, dont l’accent porte sur les résultats. Mme Kempson a défini le bien-être financier comme étant la capacité de subvenir à tous ses frais et besoins sans difficulté et en ayant la résilience financière suffisante pour en faire une habitude. Il est déterminé par l’interaction de facteurs environnementaux ou économiques, comme les comportements, les connaissances, les compétences, les attitudes, la confiance et le revenu (voir la figure 1). En d’autres termes, le bien-être financier est le résultat du revenu et des manières de s’en servir, et peut être influencé par d’autres facteurs sociaux.
Figure 1 : Modèle conceptuel des déterminants du bien-être financier
Faits saillants des entretiens
Jour 1, entretien 1 : Le bien-être financier autour du monde
Quel est l’état du bien-être financier au Canada? Comment le Canada se compare-t-il à d’autres pays?
Pendant cet entretien, des experts ont parlé des plus récentes découvertes de leur pays, en fonction du sondage sur le bien-être financier conçu par Elaine Kempson et ses collègues. Le sondage mesure le bien-être financier des adultes et a été conçu pour étudier les principaux facteurs du bien-être financier, comme la capacité de respecter les engagements courants et la résilience pour l’avenir, et permet de faire une comparaison entre les pays.
Résultats au Canada
Rebecca Kong, Ph. D., Agence de la consommation en matière financière du Canada
Regarder la vidéo de la présentation « Recherche sur le bien-être financier au Canada ».
Voir les diapositives de la présentation « Recherche sur le bien-être financier au Canada ». [PDF]
Rebecca Kong, de l’ACFC, a présenté quelques résultats préliminaires du sondage sur le bien-être financier mené au Canada.
L’indice du bien-être financier au Canada est de 65 sur 100, soit inférieur à celui de la Norvège, qui est en première place (77), mais supérieur à celui de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (59 pour les deux; voir la figure 2).
Figure 2 : Aperçu du bien-être financier au Canada et ailleurs
Mme Kong a aussi relevé que les Canadiens respectent particulièrement bien leurs engagements financiers, comme avoir assez d’argent pour payer les factures à temps.
Ils ont toutefois quelques lacunes majeures :
- Peu de Canadiens mettent de l’argent de côté régulièrement en cas d’urgence ou d’imprévus tels qu’une réparation de voiture ou de toiture (moins de 50 %).
- Trop de Canadiens (14 %) empruntent régulièrement, par manque d’argent, pour payer leurs dépenses courantes ou subvenir à leurs besoins de base, comme l’alimentation.
Mme Kong a insisté sur la gravité de ces comportements en ce qu’ils agissent sur la résilience et le bien-être financiers. En effet, les deux comportements contraires – épargner activement et ne pas emprunter pour ses dépenses courantes – sont indispensables au bien-être financier, comme l’ont renchéri d’autres conférenciers.
Plusieurs études de cas issues du sondage ont illustré l’importance de ces comportements au quotidien. Quel que soit leur revenu, les gens peuvent grandement améliorer leur résilience et leur bien-être financiers en mettant régulièrement de côté même de petits montants pour les imprévus. Même au sein d’une même tranche de revenus, « ces habitudes font une énorme différence dans l’indice de bien-être financier », a-t-elle expliqué.
Mme Kong a affirmé que les résultats confirment à la population, aux experts et aux décideurs politiques le lien étroit entre l’épargne active et le bien-être financier général. En effet, l’épargne active présente plusieurs avantages : elle pare aux urgences, diminue le stress attribuable à une incertitude financière et permet d’amasser un coussin pour éviter de recourir au crédit, autant de facteurs contribuant à la résilience financière dans l’avenir.
« Nous avons très peu de pouvoir sur certains aspects du bien-être financier d’une personne. Par exemple, le revenu d’un individu est extrêmement important, mais nous ne pouvons pas y faire grand-chose, du moins à court terme. En revanche, les comportements sont malléables; de ce fait, après avoir repéré ceux qui jouent le plus sur le bien-être financier, nous pourrons chercher les moyens d’en résoudre tous les problèmes. »
Rebecca Kong, Ph. D.
Résultats en Nouvelle-Zélande et en Australie
Celestyna Galicki, analyste de recherche, Commission for Financial Capability
Regarder la vidéo de la présentation « Recherche sur le bien-être financier en Nouvelle-Zélande ».
Voir les diapositives de la présentation « Recherche sur le bien-être financier en Nouvelle-Zélande ». [PDF] (en anglais seulement)
Celestyna Galicki, de la Commission for Financial Capability (CFFC) de la Nouvelle-Zélande, a résumé les principales découvertes et conclusions de deux études : le sondage sur le bien-être financier réalisé en Nouvelle-Zélande et en Australie, et le Financial Capacity Barometer, une étude par autoévaluation sur le bien-être financier menée en Nouvelle-Zélande.
Le sondage sur le bien-être financier des adultes en Nouvelle-Zélande et en Australie a permis d’établir un indice de bien-être financier moyen de 59 sur 100. Il a aussi révélé que les facteurs économiques ne contribuent qu’à 15 % du bien-être financier, dont 8 % relèvent du revenu du ménage. Le revenu n’est donc pas le facteur le plus déterminant du bien-être financier, contrairement à ce que l’on pourrait croire.
L’étude indique que les revenus très faibles ou très élevés ont certes une incidence sur le bien-être financier, mais qu’entre ces extrêmes, le revenu a peu d’incidence (voir la figure 3). Selon Mme Galicki, c’est une découverte importante, puisqu’elle peut contribuer à déboulonner l’idée reçue selon laquelle un bon revenu est gage de succès financier : « Le bien-être financier ne dépend pas uniquement du revenu, mais bien d’une combinaison de nombreux facteurs. »
Figure 3 : Rapport entre le revenu et le bien-être financier
Version textuelle : Figure 3
Moins de 25 000 $ | 25 000 $ - < 50 000 $ | 50 000 $ - < 75 000 $ | 75 000 $ - < 100 000 $ | 100 000 $ - < 125 000 $ | 125 000 $ - < 150 000 $ | 150 000 $ ou plus | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Personnes avec un score du bien-être financier dans le 75ième pourcentile | 61 | 77 | 81 | 83 | 88 | 88 | 94 |
Personnes avec un score du bien-être financier moyen |
46 | 57 | 61 | 65 | 70 | 71 | 78 |
Personnes avec un score du bien-être financier dans le 25ième pourcentile |
28 | 38 | 42 | 51 | 56 | 53 | 72 |
C’est plutôt le comportement financier qui a le plus d’incidence sur le bien-être (43 %). En particulier, l’épargne active et le paiement de ses dépenses courantes sans emprunter sont les comportements qui contribuent le plus (35 % ensemble) au bien-être financier global – ce qui vient faire écho aux résultats obtenus au Canada. Mme Galicki a ajouté que deux types d’emprunts sont particulièrement nuisibles au bien-être : emprunter à son entourage et laisser le solde de ses cartes de crédit en souffrance.
Quant aux connaissances et à l’expérience financières, les résultats montrent qu’elles influencent peu l’indice de bien-être financier (10 %). Mme Galicki a été bien claire : il ne faut pas en conclure qu’elles n’ont aucune importance, mais bien que d’autres facteurs ont plus de poids dans la balance.
Lisez davantage sur le bien-être financier en Nouvelle-Zélande. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur la recherche et les évaluations sur la capacité financière de la CFFC. (en anglais seulement)
Portrait global : comparaison
Elaine Kempson, de l’Université de Bristol, a comparé les données des cinq pays qui ont mené le sondage sur le bien-être financier, dont le Canada.
Elle a noté quelques observations générales sur les indicateurs de bien-être financier :
- Des cinq pays, la Norvège trône au sommet du classement, tous indicateurs confondus. C’est d’autant plus remarquable, selon Mme Kempson, que le pays est très peu intervenu en la matière et que le dossier n’est pas d’intérêt à l’échelle nationale.
- La Norvège compte plus du double, en proportion, d’habitants aux finances solides par rapport à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, où la plupart des gens sont en difficulté.
Que dire des capacités financières évaluées dans chaque pays?
- La Norvège a obtenu les plus hauts résultats pour tous les comportements, sauf pour la restriction des dépenses.
- Le Canada partage la première place avec la Norvège en ce qui a trait à la confiance financière et a obtenu des résultats relativement bons pour les autres indicateurs.
- C’est en Irlande qu’on est le moins susceptible de se retenir de dépenser et qu’on note le plus bas indice de confiance financière.
- Les Australiens et les Néo-Zélandais sont les moins susceptibles d’épargner activement.
Mme Kempson a corroboré les conclusions de ses homologues. Dans tous les pays, deux comportements contribuent au bien-être financier : épargner activement et payer ses dépenses courantes sans emprunter. Elle a ajouté qu’à l’échelle nationale, le bien-être financier d’une population semble lié au niveau d’inégalité de revenu (coefficient de Gini), mais pas à la moyenne des revenus (voir la figure 4).
Figure 4 : Comparaison internationale des revenus et de l’égalité des revenus
Version textuelle : Figure 4
Pays | Revenu disponible* | Coefficient de Gini* |
Bien-être financier général |
---|---|---|---|
Norvège | 38 469 $ |
27 | 77 |
Canada | 32 944 $ |
32 | 65 |
Irlande |
25 998 $ |
30 | 64 |
Australie |
35 577 $ |
34 | 59 |
Nouvelle-Zélande |
25 871 $ |
35 | 59 |
*Revenu disponible net moyen des ménages par habitant (USD).
**Source : Organisation de coopération et de développement économiques.
En Norvège, le niveau d’inégalité de revenu fait partie des plus faibles, et son niveau de bien-être financier, des plus élevés. Mme Kempson a reconnu qu’il y a une limite à ce qu’on peut faire pour augmenter les niveaux de bien-être financier dans un pays où il y a une forte inégalité de revenu, comme c’est le cas des États-Unis : « Si on ne s’attaque pas à l’inégalité du revenu, toute tentative d’améliorer le bien-être financier par la voie comportementale restera peu efficace. »
Dans tous les pays, le bien-être financier est déterminé à la fois par les fonds dont on dispose et les manières de les gérer, celles-ci étant influencées par des facteurs comme la personnalité, les connaissances et l’expérience. L’étude montre que la personnalité a parfois un grand poids dans la prise de décisions financières, au point d’annuler celui des connaissances.
« Il y a des parallèles notables à faire entre les pays, lesquels nous permettent d’apprendre les uns des autres. Cependant, les différences sont tout aussi intéressantes et importantes en ce qu’elles indiquent où chaque pays pourrait concentrer ses efforts pour améliorer sa situation ».
Elaine Kempson, Ph. D.
Jour 1, entretien 2 : La vulnérabilité financière
La vulnérabilité financière est répandue en Amérique du Nord et est évidente dans tous les niveaux de revenu. Comme le taux d’endettement des ménages a augmenté au cours des dernières années, la vulnérabilité financière est à la hausse et nuit à la capacité des gens à composer avec les chocs financiers, comme des dépenses imprévues ou une soudaine diminution du revenu.
Des experts qui ont récemment étudié la vulnérabilité financière au Canada et aux États-Unis ont souligné ces réalités. Ils se sont penchés sur des questions comme les suivantes : Qui est considéré comme financièrement vulnérable? Qu’est-ce que cela signifie, et quelles en sont les conséquences? Quels genres d’interventions peuvent y remédier?
Comprendre la vulnérabilité
Brenda Spotton Visano, Ph. D., Université York
Modératrice
Voir les diapositives de la présentation « Des experts présenteront leurs observations sur la fragilité et la vulnérabilité en matière financière de différentes franges de la population ». [PDF] (en anglais seulement)
Brenda Spotton Visano, de l’Université York, a ouvert l’entretien en explorant la signification de la vulnérabilité financière. Bien que chacun puisse en avoir sa propre définition, elle a souligné qu’on s’accorde généralement sur le fait qu’un ménage financièrement vulnérable éprouve des difficultés financières, subit un stress vis-à-vis ses finances, frôle la faillite et le défaut de paiement, et risque de voir ses finances s’écrouler à la suite d’un imprévu et d’une soudaine baisse de revenu.
« L’incapacité à remplir ses obligations financières peut survenir pour différentes raisons et dans différentes circonstances », a expliqué Mme Spotton Visano, qui a présenté deux « approches » de la vulnérabilité financière :
- Manque de solvabilité : La vulnérabilité vient d’un « problème de dette »; les ménages ont du mal à remplir leurs obligations financières à long terme à cause de l’ampleur de leur dette par rapport à leur revenu. Une augmentation des taux d’intérêt exacerbe ce type de vulnérabilité financière.
- Manque de liquidités : La vulnérabilité vient d’un « problème de flux monétaire »; les ménages ont du mal à remplir leurs obligations financières à court terme faute d’épargnes ou d’actifs liquides. Les ménages dans cette situation sont particulièrement vulnérables aux diminutions imprévues de revenu et aux augmentations de frais.
« Afin de consolider le bien-être financier des ménages canadiens, nous devons approfondir notre compréhension de leur situation financière, en particulier des difficultés financières des Canadiens qui manquent de confiance financière ».
Brenda Spotton Visano, Ph. D.
Lisez davantage sur la recherche de Brenda Spotton Visano. (en anglais seulement)
À quel point la pauvreté est-elle répandue au Canada?
David Rothwell, Ph. D., Université d’État de l’Oregon
Voir les diapositives de la présentation « Utiliser le revenu et les actifs pour comprendre la vulnérabilité financière des familles canadiennes ». [PDF] (en anglais seulement)
La présentation de David Rothwell, de l’Université d’État de l’Oregon, a porté sur la pauvreté et la vulnérabilité, en particulier chez la classe moyenne canadienne. Ses récents travauxNote de bas de page 1 se sont intéressés à la relation entre la pauvreté par manque d’actifs (valeur nette ou actifs financiers insuffisants au maintien du bien-être) et la pauvreté monétaire (revenu du ménage inférieur au seuil de pauvreté) ainsi qu’à leur évolution au Canada au cours des 20 dernières années. Qu’est-ce que leurs intersections peuvent nous révéler sur la vulnérabilité de la population? Comment la répartition des pauvretés monétaire et par manque d’actifs a-t-elle changé au fil du temps?
Quelques observations de M. Rothwell (voir la figure 5) :
- De 30 à 60 % de la population serait affligée d’au moins un des deux types de pauvreté (vert, turquoise, violet).
- Environ 15 % des ménages font partie du groupe le plus vulnérable, affligés de pauvreté à la fois monétaire et par manque d’actifs.
- Les taux de pauvreté par manque d’actifs sont systématiquement supérieurs aux taux de pauvreté monétaire.
- 41 % des familles sont financièrement vulnérables (actifs financiers insuffisants pour survivre pendant 3 mois sur le seuil de pauvreté) sans être pauvres monétairement
Figure 5 : Vulnérabilité des Canadiens en fonction du temps
M. Rothwell constate que la classe moyenne (c’est-à-dire celle au revenu moyen) a progressé au fil du temps : le taux de pauvreté monétaire a diminué, et le taux de pauvreté par manque d’actifs se rétracte (de 57 à 49 % entre 1999 et 2012). Quant à la valeur nette, elle a moins progressé; selon lui, « c’est là que la dette entre en scène ».
Du côté de la classe ouvrière, que M. Rothwell a définie comme le groupe ayant moins de 4 ans d’éducation supérieure et un revenu inférieur à la médiane, le taux de pauvreté par manque d’actifs a aussi diminué. Cependant, le taux de personnes affligées de pauvreté à la fois monétaire et par manque d’actifs a peu évolué au fil du temps (de 56 à 51 % entre 1999 et 2012).
Les travaux de M. Rothwell sur l’intersection des actifs et du revenu montrent que la pauvreté est répandue au Canada et qu’un large fossé sépare toujours la classe ouvrière du reste de la population.
Il trouve ces réalités troublantes et croit qu’elles représentent « un grand défi pour les législateurs sociaux et quiconque se soucie du bien-être financier ». Selon ses études, les experts devraient tenir compte des actifs (ou de leur insuffisance) en plus du revenu lorsqu’ils analysent une situation de vulnérabilité financière et les possibilités d’intervention.
« Qu’il soit question de valeur nette ou d’actifs financiers, on peut considérer que de 30 à 60 % des familles canadiennes sont vulnérables ».
David Rothwell, Ph. D.
Lisez davantage sur la recherche de David Rothwell. (en anglais seulement)
À quel point la fragilité financière est-elle répandue aux États-Unis?
Andrea Hasler, Ph. D., Université George Washington
Voir les diapositives de la présentation « Fragilité financière — Les preuves au-delà de la constitution d’actifs » . [PDF] (en anglais seulement)
Andrea Hasler, de l’Université George-Washington, a présenté les résultats de ses travaux de recherche sur la fragilité financière, qu’elle a définie comme l’incapacité à assumer promptement des dépenses imprévues.
Elle a présenté les découvertes de la National Financial Capability Study de 2015, le plus grand sondage du genre aux États-Unis mené auprès de 27 500 répondants (le sondage a aussi été effectué en 2009 et en 2012). Il visait à mesurer la fragilité financière au moyen de la question suivante : « Si une dépense imprévue de 2 000 $ survenait au cours du mois, dans quelle mesure avez-vous confiance de pouvoir la couvrir? » S’il leur était certainement ou probablement impossible de trouver ce montant dans les 30 jours, les répondants étaient alors considérés comme étant en situation de fragilité financière.
Faits saillants du sondage de 2015 :
- Les finances de près de 36 % des Américains sont fragiles (voir la figure 6).
- La fragilité financière touchait, de façon égale, des individus de tous les groupes d’âge, mais lorsque le revenu et l’éducation étaient pris en compte, c’est chez les personnes de 40 à 49 ans qu’elle était le plus répandue.
- Le niveau d’éducation jouait un rôle très déterminant : plus il était élevé, moins la probabilité de fragilité financière était grande, et de beaucoup, même lorsque l’on tenait compte du revenu.
- Les ménages ayant de bonnes connaissances financières étaient « beaucoup moins susceptibles à la fragilité financière, indépendamment du revenu ».
- La fragilité financière diminuait en fonction du revenu, mais elle était tout de même répandue dans les ménages à revenu moyen ou élevé : presque 28 % des ménages au revenu moyen et 20 % de ceux au revenu élevé ont répondu qu’ils seraient incapables de trouver 2 000 $ en 30 jours (voir la figure 7).
Pour trouver pourquoi des ménages à revenu moyen ou élevé sont financièrement fragiles, Mme Hasler a réalisé d’autres études, qui l’ont amenée à établir que la dette et la taille de la famille y étaient pour quelque chose. En effet, les ménages financièrement fragiles sont susceptibles d’avoir beaucoup d’enfants, et donc d’avoir de grandes dépenses pour les services de garde, l’éducation et d’autres besoins familiaux.
« La fragilité financière concerne une bonne portion de la population, toutes catégories confondues... pas seulement les personnes jeunes, à faible revenu ou peu scolarisées. »
Andrea Hasler, Ph. D.
Lisez le document de travail de Mme Hasler « Financial Fragility in the US: Evidence and Implications ». (en anglais seulement)
Lisez le dossier de politique « Financial Fragility in the US: Evidence and Implications ». (en anglais seulement)
Consultez le document de Mme Hasler « Financial Fragility Fact Sheet: Evidence and Implication ». (en anglais seulement)
L’importance de la résilience financière
Eloise Duncan, Seymour Consulting
Regarder la vidéo de la présentation « Bâtir la santé financière et la résilience des Canadiens ».
Voir les diapositives de la présentation « Bâtir la santé financière et la résilience des Canadiens ». [PDF] (en anglais seulement)
Les débats publics s’intéressent habituellement aux domaines établis de la littératie et des capacités financières en tant que facteurs importants contribuant au bien-être financier, mais on oublie souvent la « résilience financière », un facteur tout aussi central, qu’on pourrait voir comme l’inverse de la vulnérabilité. Eloise Duncan, de Seymour Consulting, a défini la résilience financière comme « la capacité à surmonter les imprévus et les crises financières », et selon elle, il y a lieu d’en approfondir notre compréhension au Canada.
Les travaux de Mme Duncan et de son collègue John Lo portent surtout sur la compréhension et l’amélioration de la résilience financière des consommateurs dans le but d’améliorer la capacité de ces derniers à se relever de difficultés financières et à venir à bout des facteurs de stress financier. Elle a présenté les résultats de l’étude longitudinale annuelle de son entreprise sur l’indice de santé financière des Canadiens, mesurée entre autres en fonction de leur résilience financière.
En abordant la question de la résilience financière des Canadiens, Mme Duncan espère faire connaître le sujet et les difficultés financières qui touchent d’importants segments de la population, dont des groupes vulnérables, et peut-être influencer le travail des prestataires de services financiers.
Faits saillants de l’étude de 2018 :
- Plus de la moitié de la population (55 %) s’estime incapable d’affronter une période de difficulté financière.
- 38 % des Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts, et leur coussin financier équivaut à moins de un ou deux mois de subsistance.
- Les ménages à faible revenu (moins de 25 000 $) et ceux aux revenus très variables d’un mois à l’autre subissent beaucoup plus de stress (voir la figure 8).
- Les soucis d’argent causent de l’insomnie à 45 % (soit 3 % de plus qu’en 2017) et nuisent à la santé physique de 39 % des Canadiens (3 % de plus qu’en 2017).
- 7 % des Canadiens ont recours à des prêts sur salaire, et cette tendance s’observe particulièrement dans les ménages au revenu faible ou instable.
Figure 8 : Proportion de Canadiens qui se sent « souvent » stressé en raison de leurs résultats financiers
Version textuelle : Figure 8
Avoir de l’argent de surplus à la fin du mois pour épargner | Pouvoir payer mes factures mensuelles et mes frais de subsistance généraux (p. ex. épiceries, services, assurance, etc.) | Trouver de l’argent pour une dépense imprévue | Avoir assez d’argent pour prendre sa retraite | Gérer la totalité de mes dettes | Pouvoir payer mon loyer ou mon hypothèque | |
---|---|---|---|---|---|---|
N’ont pas un revenu faible | 27 % | 17 % | 22 % | 29 % | 21 % | 13% |
Ont un revenu faible < 25 000 $ | 48 % | 43 % | 42 % | 41 % | 38 % | 24 % |
Ont un revenu hautement variable | 46 % | 37 % | 41 % | 43 % | 36 % | 26 % |
Source : 2018 Financial Health Index study
Selon Mme Duncan, une analyse approfondie des résultats révèle que beaucoup de Canadiens manquent de résilience financière et que certains y sont particulièrement susceptibles : les femmes, les locataires, les personnes à faible revenu et les milléniaux.
D’ailleurs, ses résultats font écho à ceux d’études internationales qui montrent que de fortes connaissances et compétences financières ne sont pas forcément gages de choix avisés en la matière.
Lisez davantage sur le Financial Health Index. (en anglais seulement)
Au-delà des chiffres : Les réalités humaines de la vulnérabilité
Dr. Jerry Buckland, Ph. D., Collège Menno Simons
Regarder la vidéo de la présentation « Canadian Financial Diaries ».
Voir les diapositives de la présentation « Canadian Financial Diaries ». [PDF] (en anglais seulement)
En complément aux recherches quantitatives présentées, Jerry Buckland, du collège Menno Simons, est venu donner un aperçu qualitatif préliminaire du quotidien des Canadiens financièrement vulnérables.
Il a parlé d’un projet auquel il participe, les Canadian Financial Diaries, qui collectent des données et exposent le vécu de personnes à faible revenu grâce à une « méthode mixte » alliant des discussions hebdomadaires et des suivis financiers quotidiens sur 12 mois. Les discussions entre les chercheurs et les participants sont interactives et ouvertes pour que ces derniers puissent pleinement exprimer leurs difficultés. Cette approche de recherche a été développée par David Hulme, de l’Université de Manchester, avant d’être reprise dans plusieurs pays du Sud ainsi que dans un grand projet récemment terminé aux États-Unis, les U.S. Financial Diaries.
Le projet a pour objectif de mieux comprendre, d’un point de vue financier, la vie des Canadiens vulnérables, au revenu faible ou modeste, qui occupent des emplois temporaires ou peu rémunérés, ou qui vivent de l’aide sociale.
M. Buckland atteste que ces travaux naviguent en eaux inconnues, et que c’est en observant les finances de ménages et les choix financiers d’individus sur une longue période qu’on parviendra à sonder les causes profondes de la vulnérabilité financière et à mesurer l’efficacité de différentes interventions de sorte à adapter les pratiques et les politiques en conséquence.
Même si le projet en est encore à ses premières phases, M. Buckland a présenté des résultats préliminaires et l’histoire de deux participantes, « Diane » et « Marina », à mi-parcours de la démarche. Les deux sont célibataires, occupent un emploi temporaire et perçoivent un faible revenu annuel (de 9 000 à 10 000 $), mais comme il le constate, chacune vient à bout de ses difficultés financières différemment. Les deux font preuve de résilience : elles travaillent fort, dépensent avec parcimonie et prennent soin de leurs relations familiales et communautaires. En revanche, certains de leurs comportements leur nuisent : Diane a du mal à faire valoir ses intérêts auprès de son superviseur et évite de penser au futur, tandis que Marina est réticente à envisager d’autres emplois.
D’après M. Buckland, il est évident qu’en situation de vulnérabilité financière, « les gens adoptent certains comportements qui les aident et d’autres qui leur nuisent ». Lui qui a travaillé plusieurs années avec maintes personnes à faible revenu a pu relever quelques problèmes systémiques que les autorités et les entreprises devraient résoudre. C’est pourquoi il a proposé d’amender les services d’aide à l’embauche et d’adapter les options bancaires aux personnes à faible revenu, qui trouvent qu’au chapitre des transactions électroniques, les comptes bancaires à frais modiques « sont inadéquats pour les personnes qui essaient de contrôler leurs dépenses ».
« Au Canada, nous en savons bien peu sur les dynamiques financières des ménages. Nos statistiques globales actuelles ne nous permettent pas de bien comprendre les facteurs de stabilité financière ni les finances des personnes vulnérables. Ainsi, de plus amples connaissances sont nécessaires pour améliorer nos pratiques et politiques. »
Jerry Buckland, Ph. D.
Lisez davantage sur le projet Canadian Financial Diaries. (en anglais seulement)
Jour 1, entretien 3 : Comment un manque de ressources entraîne-t-il la prise de décisions biaisées?
Pendant cet entretien, des experts qui ont étudié les effets psychologiques du manque ont expliqué comment celui-ci peut pousser les gens à agir au détriment de leur bien-être financier et de celui des autres.
Tout manque, par exemple de ressources ou même de temps, modifie la façon dont les gens voient le monde ainsi que les décisions qu’ils prennent.
« Le manque nuit aux fonctions cognitives, ce qui mène à de mauvaises décisions et à de mauvais choix, et perpétue le manque… C’est un cercle vicieux. »
Jiaying Zhao, Ph. D.
La charge mentale du manque
Jiaying Zhao, Ph. D., Université de la Colombie-Britannique
Modérateur
Regarder la vidéo de la présentation « Attention et prise de décision en pénurie ».
Voir les diapositives de la présentation « Attention et prise de décision en pénurie ». [PDF] (en anglais seulement)
Jiaying Zhao, de l’Université de la Colombie-Britannique, a donné le ton en décrivant l’évolution du concept de manque au cours des dix dernières années : si la notion n’incluait auparavant que le manque de ressources physiques, soit de temps et d’argent, elle englobe bien davantage aujourd’hui, comme le manque de ressources mentales (mémoire de travail et attention).
Jiaying Zhao a cité plusieurs études sur les conséquences du manque sur la capacité mentale, dont :
- une étude qui a observé un déclin des fonctions cognitives chez les personnes vivant dans la pauvreté quand il était question de grosses dépenses (équivalent d’une baisse de 10 à 13 points de QI);
- une étude qui a observé une baisse de 10 points de QI chez des étudiants universitaires pendant la semaine précédant leurs examens, ce qui montre que « le manque de temps affecte aussi les capacités cognitives ».
Une autre étude s’est intéressée à l’influence du budget sur les décisions en distribuant aux participants un petit ou un grand budget, au hasard, pour se commander un repas au restaurant. Les chercheurs ont enregistré la trajectoire du regard des participants sur le menu par oculométrie pour en dresser une carte thermique (voir la figure 9).
Il en est ressorti que :
- les participants à grand budget (100 $) ont surtout regardé les plats (« De quoi ai-je envie? »), tandis que ceux à petit budget (20 $) ont plus longuement regardé les prix (« Que puis-je me permettre? »);
- les participants à grand budget ont aussi porté plus d’attention au rabais au pied du menu (et l’ont plus souvent commandé), tandis que ceux à petit budget l’ont à peine remarqué; c’est pourtant eux qui en auraient profité le plus.
Figure 9 : Une carte thermique du regard des gens sur un menu de restaurant, en fonction des petits et des grands budgets
Selon Jaiying Zhao, un faible revenu altère tellement la perception de l’environnement que des rabais profitables peuvent échapper à l’attention : « Le manque dirige l’attention sur les données de temps ou d’argent et porte à négliger les occasions d’épargne. »
Et comment les experts et les décideurs politiques devraient-ils appliquer ce constat? D’après Jaiying Zhao, les interventions devraient viser l’allègement du fardeau cognitif et des troubles d’attention des personnes à faible revenu par l’adaptation des programmes, dans leur format comme dans leur prestation. Il pourrait s’agir de simplifier les démarches et d’ajuster les valeurs par défaut et les rappels.
Lisez davantage sur la recherche de Jiaying Zhao. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur les réponses psychologiques au manque de ressources. (en anglais seulement)
La pauvreté nuit-elle à la productivité des travailleurs?
Suanna Oh, Université Columbia
Regarder la vidéo de la présentation « La pauvreté réduit-elle la productivité? ».
Voir les diapositives de la présentation « La pauvreté réduit-elle la productivité? ». [PDF] (en anglais seulement)
La pauvreté fait-elle obstacle à la productivité? Une étude sur le terrain en Inde, en milieu rural, a considéré la question sous plusieurs angles.
Plusieurs études récentes tendent à montrer que la pauvreté entrave les fonctions cognitives. « Si les effets cognitifs sont significatifs, alors ils sont probablement observables dans la productivité », a avancé Suanna Oh, de l’Université Columbia.
Une étude qu’elle a réalisée avec d’autres chercheurs a porté sur des ouvriers à faible revenu pour qui les difficultés financières font partie du quotidien. Les chercheurs leur ont donné un emploi à temps partiel de deux semaines consistant à fabriquer des assiettes jetables et les ont rémunérés selon deux méthodes : certains étaient payés à mi-emploi et le dernier jour, et d’autres, seulement le dernier jour.
« Nous cherchions à savoir si les personnes payées à mi-parcours allaient être plus productives après le huitième jour que celles qui n’avaient pas reçu d’argent. Le montant, équivalent à un mois de salaire, suffisait à les soulager de tout stress financier », a expliqué Mme Oh.
L’expérience a conclu que l’allègement des contraintes financières peut améliorer la productivité.
En effet, deux jours après la première paie, 58 % des travailleurs payés avaient remboursé des prêts, contre 18 % du groupe non payé, et leur rendement à l’heure avait augmenté de 5 % par rapport au groupe non payé. Le groupe payé faisait moins d’erreurs, lesquelles ont tendance à ralentir la production; il semble donc que le fait d’avoir reçu de l’argent a amélioré sa concentration et sa productivité.
En outre, les chercheurs ont découvert que les effets positifs de l’argent étaient particulièrement marqués chez les personnes très pauvres, mais imperceptibles chez les mieux nanties.
L’équipe a aussi mené des discussions de « prégnance financière », où les travailleurs parlaient ouvertement de leurs difficultés financières, pour vérifier si cela aurait une influence sur la productivité des ouvriers dépendamment de s’ils avaient été payés ou non. Par exemple, elle a demandé aux participants ce qu’ils feraient pour obtenir un gros montant en situation d’urgence. Il en est ressorti que l’effet de telles conversations varie selon l’état de manque financier du travailleur : elles ont eu un effet positif sur les travailleurs déjà payés, mais n’ont pas amélioré le rendement de ceux qui souffraient d’un grave manque financier.
« La pauvreté a des effets psychologiques néfastes : elle a l’effet d’une charge mentale ».
Suanna Oh
Lisez davantage sur la recherche de Supreet Kaur. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur la recherche de Suanna Oh. (en anglais seulement)
Rappels du manque de ressources : leurs effets sur le comportement des consommateurs
Caroline Roux, Ph. D., Université Concordia
Voir les diapositives de la présentation « Comment les rappels de la rareté des ressources façonnent le comportement des consommateurs ». [PDF] (en anglais seulement)
Personne n’est à l’abri du manque. Les travaux de Caroline Roux, de l’Université Concordia, portent sur les répercussions d’une mentalité de manque chez les consommateurs, en particulier les effets des rappels d’un manque de ressources sur le jugement et le comportement des consommateurs, y compris en milieu riche.
Grâce à de nombreuses études menées au cours des dernières années, elle a découvert que le manque de ressources et les rappels de ce manque rendent les gens plus compétitifs et les amènent donc à prendre des décisions égoïstes, à se concentrer sur leurs propres intérêts et à partager peu.
Les rappels de manque de ressources incitent aussi à la triche, c’est-à-dire aux comportements malhonnêtes et fourbes en vue d’un gain personnel. Par exemple, une étude a montré que certains étaient prêts à mentir sur leur situation pour obtenir une subvention au logement.
En revanche, les consommateurs en situation de manque de ressources peuvent se montrer généreux et honnêtes s’ils ont quelque chose à y gagner; entre autres, ils sont plus susceptibles de donner à une œuvre de charité s’ils en tirent une forme de reconnaissance publique, par exemple si leur nom figure dans une infolettre, et ils sont moins susceptibles de frauder si on leur dit, tout simplement, que de telles actions sont malhonnêtes. D’ailleurs, l’esprit de compétition peut conduire les consommateurs vers des produits ou services de perfectionnement personnel.
Les travaux de Mme Roux expliquent avec nuance pourquoi le manque de ressources mène à des comportements parfois égoïstes, parfois généreux selon la situation, et ils ouvrent des pistes sur les moyens de freiner les comportements négatifs chez les personnes en mentalité de manque.
« La conviction de ne pas avoir assez et le sentiment de manque rendent les gens compétitifs, égoïstes et parfois, hélas, malhonnêtes. Mais en comprenant la mentalité de manque, on peut les inciter à se montrer généreux et honnêtes, et ainsi à être de meilleures personnes. »
Caroline Roux, Ph. D.
Lisez davantage sur la recherche de Caroline Roux. (en anglais seulement)
Cartes de crédit : les conséquences insidieuses des paiements minimums
Sam Hirshman, Université de Chicago
Voir les diapositives de la présentation « Les paiements minimums altèrent les stratégies de remboursement de la dette sur plusieurs cartes ». [PDF] (en anglais seulement)
Les détenteurs de cartes de crédit le savent : s’ils ne sont pas en mesure de payer leur solde mensuel en entier, ils peuvent toujours donner un montant minimum. Comment cela influence-t-il leurs décisions de paiement?
Sam Hirshman, de l’Université de Chicago, a parlé des dettes de cartes de crédit et des conséquences des paiements minimums sur les décisions de paiement. Il a étudié pourquoi les gens ont tendance à commettre des erreurs coûteuses dans la manière d’utiliser et de rembourser leurs cartes de crédit, et s’est particulièrement intéressé aux stratégies de paiement des gens qui utilisent plusieurs cartes.
La première phase de recherche consistait en deux études s’intéressant respectivement à des données de sondage et de terrain dans le but de vérifier si les gens comprenaient l’importance des intérêts dans les dettes de cartes de crédit. Dans une étude, les participants devaient évaluer l’importance de cinq éléments associés au remboursement, y compris le taux d’intérêt et le montant de la dette; l’autre étude analysait les données de logiciels de budget ayant trait aux remboursements de cartes de crédit.
Il en est ressorti que la plupart des gens comprennent l’importance des intérêts et veulent payer la carte au taux d’intérêt le plus élevé, mais qu’« une proportion considérable n’est pas assez déterminée », a affirmé M. Hirshman. C’est pourquoi les gens font des « erreurs coûteuses » en choisissant quelles cartes utiliser et lesquelles payer en priorité.
Dans la deuxième phase de recherche, celle-là en laboratoire, M. Hirshman a testé les effets des paiements minimums dans les stratégies de remboursement à plusieurs cartes de crédit. Les participants ont joué à un jeu de dettes en trois rondes où chacun était assigné au hasard soit à une situation où un paiement minimum était spécifié sur chaque carte, soit à une situation sans paiements minimums; chacun avait 3 000 $ à distribuer pour payer la dette des six cartes.
De nombreux participants ont considéré les taux d’intérêt et payé en priorité les comptes au taux le plus élevé. Or, la présence de paiements minimums faisait en sorte que les participants étaient plus susceptibles de répartir l’argent sur plusieurs cartes, même au-delà du paiement minimum, plutôt que de payer les dettes en ordre décroissant des taux d’intérêt (la stratégie optimale).
Selon M. Hirshman, « ces participants auraient fait de meilleurs choix en l’absence de paiements minimums », ce qui montre que « les paiements minimums écartent de la stratégie optimale ». Il a avancé que les gens appliquent peut-être, naïvement, une « stratégie de diversification » au regard des paiements minimums.
Lisez davantage sur la recherche de Sam Hirshman. (en anglais seulement)
Jour 1, entretien 4 : Approches novatrices en matière d’éducation des consommateurs
Les connaissances financières aident à la prise de décisions, en particulier pour la planification à long terme. Au cours de cet entretien, des experts ont fourni des exemples concrets de façons dont la recherche fondée sur des données probantes a orienté leur travail auprès des consommateurs, en vue de les éduquer et de les habiliter à prendre des décisions financières éclairées.
Un nouveau marché appelle de nouvelles approches
Karen Duncan, Ph. D., Université du Manitoba
Modératrice
Voir les diapositives de la présentation « Approches novatrices en matière d’éducation des consommateurs ». [PDF] (en anglais seulement)
Les dettes personnelles élevées et les maigres économies des Canadiens ne datent pas d’hier, mais ce qui est nouveau, en revanche, c’est la montée des taux d’intérêt, explique Karen Duncan, de l’Université du Manitoba. Elle a souligné que cette augmentation alourdit le stress financier de la population.
Parallèlement, le secteur financier se transforme à vive allure. Selon Mme Duncan, dans un marché caractérisé par des technologies de pointe, de nouveaux concurrents et des produits et services en constante évolution, « on s’attend à ce que les gens sachent énormément de choses, mais c’est parfois tout un défi pour les individus et les familles de se tenir à jour et de voir quels changements les concernent ».
C’est alors que l’éducation et la sensibilisation entrent en scène.
La technologie mobile, un levier pour ancrer l’établissement d’un budget dans ses habitudes
Nicole Rivest, Agence de la consommation en matière financière du Canada
Nicole Rivest, de l’ACFC, a raconté comment l’Agence s’est servie de la technologie mobile pour envoyer des capsules de littératie financière et pour encourager ceux qui n’établissent pas de budget à changer leur habitude. À ce sujet, elle a présenté les résultats de deux études de l’ACFC menées par le biais de l’application mobile Carotte points santé, qui donne des points aux consommateurs en échange de tâches simples.
En 2016, l’ACFC a réalisé un projet pilote en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador autour de l’établissement d’un budget. Pendant un mois, elle a envoyé une série éducative de capsules et de questionnaires sur la consommation à plus de 29 000 utilisateurs de Carotte points santé. Aux utilisateurs qui n’avaient pas de budget, deux autres questionnaires et documents d’information leur ont été envoyés pour les encourager à changer leur habitude. L’Agence a ensuite mesuré l’évolution de leurs connaissances, de leur niveau de confiance et de leurs comportements pour finalement les comparer à un groupe témoin.
Le projet pilote a été une grande réussite. On a noté des progrès considérables dans les trois indicateurs mesurés (confiance, connaissances et comportements) chez les participants sans budget qui ont franchi toutes les étapes du processus.
En 2018, l’ACFC a fait une étude de suivi auprès des participants qui, à la fin de la première étude, suivaient un budget ou avaient l’intention de le faire, l’objectif étant d’évaluer si les démarches d’éducation financière du projet pilote avaient effectivement changé leur habitude.
Les résultats ont été plus que positifs. « Nos capsules éducatives ont entraîné un changement d’habitude durable chez les personnes sans budget. Par exemple, dans le groupe expérimental, 54 % de ceux qui ont commencé à suivre un budget pendant le projet pilote continuaient de le faire 18 mois plus tard », a expliqué Mme Rivest.
Les résultats ont aussi montré un lien positif entre l’établissement d’un budget, une bonne attitude financière et la capacité de payer ses factures : 70 % des participants initialement sans budget qui en avaient un au moment du suivi ont affirmé être capables ou très capables de tenir leurs engagements financiers, contre 45 % des participants qui n’avaient pas de budget ni au début du projet pilote, ni lors du suivi (voir la figure 10). Parallèlement, le fait de disposer d’un budget s’accompagnait d’une plus grande confiance.
Figure 10 : Capacité des personnes ayant fait un budget et des personnes n’ayant pas fait de budget à respecter leurs engagements financiers au cours des 12 derniers mois
Version textuelle : Figure 10
Groupes | Proportion qui respecte bien ou très bien leurs engagements |
---|---|
Groupe témoin : Avaient un budget pendant l’étude pilote et l’étude de suivi |
84 % |
Groupe expérimental : Avaient un budget pendant l’étude de suivi |
70 % |
Groupe expérimental : N’avaient pas de budget pendant l’étude de suivi |
45 % |
En résumé, Mme Rivest a expliqué que l’éducation financière au moyen d’une plateforme mobile peut améliorer les comportements financiers de manière durable, et que l’établissement d’un budget peut contribuer à l’atteinte de ses objectifs en matière de gestion financière.
« Les personnes qui suivent un budget ont de meilleurs résultats financiers. Elles s’en servent pour épargner, payer leurs dettes et se constituer un coussin d’urgence. »
Nicole Rivest
Modèle comportemental pour enclencher l’habitude d’épargner
Nick Watkins, Money Advice Service du Royaume-Uni
Regarder la vidéo de la présentation « Les fondements de la capacité financière au Royaume-Unis ».
Voir les diapositives de la présentation « Les fondements de la capacité financière au Royaume-Uni ». [PDF] (en anglais seulement)
Les gens connaissent l’importance de l’épargne, mais dans les faits, peu en font une priorité. Comment, donc, amener plus de gens à épargner, habitude dont la recherche a montré la forte corrélation avec le bien-être financier?
Nick Watkins, du Money Advice Service au Royaume-Uni, a présenté les travaux de son organisme qui visent à inciter les consommateurs à épargner, travaux qui ont porté leurs fruits jusqu’ici. Il a d’abord mentionné les approches qui, selon lui, ne fonctionnent pas; par exemple, il est inutile de dire aux gens qu’ils devraient épargner, puisqu’ils le pensent déjà. « Ils se trouvent simplement des excuses, explique-t-il, et il n’est pas vraiment efficace d’effrayer les gens en leur montrant les conséquences de ne pas épargner. »
Le Money Advice Service applique plutôt le « modèle EAST », développé par la Behavioural Insights Team, à ses programmes et interventions (voir la figure 11). M. Watkins en a expliqué le principe : « On a plus de chance de réussir à changer les comportements d’épargne en présentant les solutions comme faciles, attrayantes, sociales et opportunes. »
Il a détaillé chacun de ces concepts :
- Comment rendre l’épargne facile? Il a mentionné, comme exemple, l’option d’adhésion automatique à un régime de retraite, qui permet de prélever des cotisations sur sa paie.
- Comment rendre l’épargne plus attrayante? Si l’épargne peut paraître ennuyante, elle peut devenir amusante et motivante si elle s’aligne vers un but, comme des vacances.
- Comment donner à l’épargne un caractère social? M. Watkins a souligné quelques initiatives qui montrent que des solutions faisant appel aux pairs pourraient inciter les gens à épargner, comme un défi communautaire en ligne et un programme de « compagnon d’épargne ».
- Comment rendre l’épargne opportune? Il a suggéré d’intégrer l’épargne à une activité régulière. Le Money Advice Service conduira une étude terrain d’un programme de remboursement et d’épargne, dans le cadre duquel un montant de valeur égale à la moitié des paiements mensuels d’un consommateur au titre d’un prêt sera automatiquement viré dans un compte d’épargne après son remboursement.
Figure 11 : Le modèle EAST, une initiative du Royaume‑Uni pour inciter à épargner
« La peur est un piètre moteur de changement. Les mauvais augures n’encouragent personne à épargner ».
Nick Watkins
Lisez davantage sur EAST: Quatre méthodes simples d’appliquer des données comportementales. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur la recherche effectuée par Money Advice Service. (en anglais seulement)
Les vidéos éducatives améliorent les décisions d’épargne-retraite
Dr. Pierre-Carl Michaud, Ph. D., HEC Montréal
Regarder la vidéo de la présentation « REER et CELI: l'utilisation de l'éducation financière pour améliorer la prise de décision ». (en anglais seulement)
Pierre-Carl Michaud, de HEC Montréal, a parlé de deux véhicules d’épargne-retraite au Canada, soit le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et le compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Selon lui, une compréhension de base du taux d’imposition marginal est la pierre d’assise pour choisir celui qui nous convient; il s’est donc demandé si l’on pouvait amener les gens à prendre de meilleures décisions en les informant à ce sujet.
M. Michaud et ses collègues ont conçu une expérience basée sur cette hypothèse pour comprendre comment les Canadiens choisissent entre un REER ou un CELI quand ils connaissent mieux chaque option.
Les participants de l’étude ont reçu un crédit d’impôt remboursable et devaient investir soit dans un REER, soit dans un CELI. Ils ont visionné une vidéo éducative expliquant les deux régimes, et certains, choisis au hasard, en ont visionné une deuxième qui venait approfondir les notions de récupération et de taux d’imposition marginal.
Les chercheurs ont ensuite analysé les effets de ces vidéos sur la compréhension des REER et des CELI et la qualité du choix des participants.
Voici quelques résultats :
- La connaissance des CELI et des REER est limitée, même si beaucoup de Canadiens y cotisent.
- En milieu contrôlé où les choix optimaux sont connus, une brève intervention éducative a amélioré la qualité des choix de véhicule de 10 %.
- La connaissance sur la déductibilité des cotisations est limitée, mais grâce aux vidéos, le taux de bonne réponse à la question sur le sujet a augmenté de 14 %.
Lisez le rapport de recherche de M. Boyer, d’Astous et Michaud « Tax-Sheltered Retirement Accounts: Can Financial Education Improve Decisions? » [PDF] (en anglais seulement)
Jour 1, entretien 5 : Gestion de dettes - comment encourager les Canadiens à rembourser leurs dettes
Le niveau d’endettement inquiétant au Canada a été un point de discussion récurrent du symposium et a occupé une place centrale lors de cet entretien. Les experts s’accordaient à dire qu’il s’agit d’un des grands défis de notre époque, pas seulement parce que la dette nationale affiche un niveau record, mais aussi parce que de nombreux Canadiens semblent être complaisants.
Comment amener les gens à s’en soucier suffisamment pour agir? Qu’est-ce qui pourrait motiver un plus grand nombre de Canadiens à s’attaquer à leurs dettes? Comment devraient-ils s’y prendre – par où devraient-ils commencer et que doivent-ils faire pour ne plus avoir de dettes?
Même pour les plus disciplinés d’entre nous, rembourser des dettes n’est pas une tâche facile. Cela nécessite une planification rigoureuse, une vision de l’avenir et une résilience financière à long terme. Les experts ont donné un aperçu des comportements qui permettent de comprendre les facteurs ayant une incidence sur la façon dont les consommateurs gèrent leurs dettes et ont expliqué comment, à leur avis, concevoir de meilleures interventions pour aider les consommateurs à rembourser leurs dettes plus efficacement.
Des interventions adaptées aux vraies personnes, pas à des « modèles économiques »
Dilip Soman, Ph. D., Université de Toronto
Modérateur
Regarder la vidéo de la présentation « Une optique comportementale du remboursement de la dette ».
Voir les diapositives de la présentation « Une optique comportementale du remboursement de la dette ». [PDF] (en anglais seulement)
« L’endettement peut être causé par de nombreux facteurs psychologiques, a affirmé Dilip Soman, de l’Université de Toronto, et le poids de ces facteurs supplante parfois celui de l’argent. »
En guise d’introduction, il a expliqué que beaucoup de gens au revenu faible ou même élevé savent qu’il vaut mieux éviter les dettes, mais ils en ont besoin. Et c’est de plus en plus facile de dépenser et de s’endetter.
M. Soman a donc recommandé de s’intéresser au comportement réel des consommateurs et de développer des solutions en conséquence. Il s’agit de considérer les gens comme des êtres humains, et non comme des « modèles économiques » : « Les modèles économiques n’existent que dans les pages des manuels d’économie; pourtant, nous concevons des systèmes économiques (produits et services) à leur intention tout en sachant que ce sont des humains qui les utiliseront » (voir la figure 12).
Figure 12 : Une comparaison entre les « modèles économiques » et les comportements humains
Version textuelle : Figure 12
Ceci est une comparaison des "modèles économiques" et des comportements humain. Les "modèles économiques" démontrent les caractéristiques suivantes: ils ont des préférences bien définies, ils prennents des décisions qui maximisent toutes les alternatives, ils prennent des décisions rationelles et ils poursuivent la richesse monétaire. En revanche, les humains démontrent les caractéristiques suivantes: ils sont incertains vis-à-vis leurs préférences, ils choissisent souvent la route la plus facile et ils sont sujets au remord, à la justice, à la comparaison sociale et au désir de luxe.
Il a illustré la différence à l’aide de ses études sur les paiements de cartes de crédit. Comme les relevés de cartes de crédit ne donnent que deux options, soit rembourser le montant minimum ou le solde total, les gens sont portés à choisir l’une ou l’autre, et bien peu remboursent un montant intermédiaire. Pourquoi? Parce que les gens sont occupés, et leur durée d’attention, limitée; ils choisissent donc la voie facile. Les modèles rationnels de la théorie économique n’agiraient pas de la sorte : ils calculeraient le montant exact qu’ils sont en mesure de payer.
M. Soman a décrit une expérience où un relevé proposait aux participants quatre choix de paiement plutôt que deux. Les résultats? Simplement en ayant un plus grand nombre d’options, les gens étaient davantage portés à rembourser plus que le montant minimum.
« Souvent, les bienfaits psychologiques l’emportent sur l’argent. Les gens choisissent la facilité ou le plaisir psychologique avant le gain financier ».
Dilip Soman, Ph. D.
L’importance d’une stratégie de remboursement des dettes
Keri Kettle, Ph. D., Université du Manitoba
Voir les diapositives de la présentation « Comment la confiance financière aide les particuliers et les couples à gérer leurs dettes ». [PDF] (en anglais seulement)
Au chapitre du remboursement des dettes, se concentrer sur un petit objectif à la fois nourrit un sentiment de progrès et motive à poursuivre dans cette voie.
C’est la principale découverte qu’a présenté Keri Kettle, de l’Université du Manitoba, sur les effets de différentes stratégies de remboursement sur le comportement. M. Kettle et son équipe ont analysé des données de remboursement de cartes de crédit tirées de HelloWallet, une application Web et mobile, et mené plusieurs expériences de suivi pour déterminer quelles stratégies de remboursement pouvaient encourager le remboursement accéléré de ses dettes.
Les consommateurs aux dettes multiples peuvent adopter une stratégie plus ou moins « dispersée » (payer toutes ses dettes de façon égale) ou « concentrée » (miser surtout sur une seule dette).
Les études ont révélé que les deux stratégies étaient communes chez les consommateurs financiers : si les stratégies dispersées sont un peu plus fréquentes, les stratégies concentrées sont plus motivantes et présagent un plus grand paiement le mois suivant. Selon M. Kettle, « le fait de se concentrer sur un petit objectif donne l’impression que chaque paiement est un plus grand pas vers le remboursement de ses dettes : les progrès paraissent plus grands, ce qui est motivant, surtout quand on paie de petites dettes, puisque leur remboursement est davantage à portée de main. »
Il a comparé le processus à un marathon : « Vous avez un objectif à long terme : terminer la course, peut-être à l’intérieur d’un certain temps. Comme l’arrivée est encore loin, vous vous concentrez plutôt sur des sous-objectifs, soit atteindre le premier kilomètre ou l’atteindre en 5 minutes. Ces sous-objectifs vous motivent, car ils sont proches et faciles à atteindre. Par conséquent, chacune des foulées vers ces objectifs semble plus payante encore. »
« Les sous-objectifs encouragent à poursuivre le but ultime. »
Keri Kettle, Ph. D.
Lisez le rapport de recherche de M. Kettle, Trudel, Blanchard et Häubl « Repayment Concentration and Consumer Motivation to Get Out of Debt. » (en anglais seulement)
Le rôle de la confiance financière
Scott Rick, Ph. D., Université du Michigan
Voir les diapositives de la présentation « Comment la confiance financière aide les particuliers et les couples à gérer leurs dettes ». [PDF] (en anglais seulement)
Selon Scott Rick, de l’Université du Michigan, l’aversion à la dette est commune : beaucoup ont tendance à retarder le remboursement d’une dette ou de l’ignorer par hantise. M. Rick et ses collègues, inspirés par d’anciens travaux selon lesquels la confiance financière incite souvent à la bravoure, se sont donc intéressés à la question suivante : la confiance financière améliore-t-elle la gestion des dettes?
D’abord, des participants choisis au hasard ont reçu des messages positifs pour gonfler leur confiance. Ensuite, lors d’un exercice de simulation à l’ordinateur, tous les participants se sont vu attribuer six dettes qui allaient de 3 000 à 60 000 $ et dont les taux d’intérêt variaient entre 2,5 et 4 %; ils avaient 5 000 $ et devaient utiliser ce montant pour rembourser ces dettes. Le groupe qui avait reçu des encouragements était félicité chaque fois qu’il répondait correctement à une question financière; l’autre groupe ne recevait aucun message positif.
Résultat? « Ceux qui avaient été encouragés allouaient beaucoup plus d’argent à la dette la plus intimidante », a relevé M. Rick. Les individus qui avaient peu de confiance financière et qui n’ont pas reçu de messages positifs ont terminé l’exercice avec beaucoup plus de dettes à long terme que ceux qui avaient un bon niveau de confiance financière.
Une autre étude visait à établir s’il en allait de même pour les couples, compte tenu du fait que plusieurs dettes de taille, comme les prêts hypothécaires, sont conjointes. L’expérience comprenait le même jeu, cette fois avec plus de rondes, et la confiance financière a été mesurée avant l’expérience et à nouveau dix mois plus tard. Il en est ressorti qu’en cas de dettes conjointes, les couples s’en remettent au membre qui a le plus de confiance financière pour prendre les décisions.
« Les membres d’un couple n’ont pas le même niveau de confiance financière, mais il semble que celui qui en a le plus prenne la barre et mène le navire, et que cette stratégie profite à tous. Le plus souvent, les couples ont le profil d’un individu doté d’une grande confiance financière », a conclu M. Rick.
« En matière d’éducation financière, nous vous suggérons de cultiver à la fois la littératie et la confiance financière. Selon nos travaux de recherche, beaucoup ont un niveau élevé de littératie, mais un faible niveau de confiance. Nous devrions donc améliorer les deux à la fois pour aider les gens à jongler avec leurs dettes. »
Scott Rick, Ph. D.
Lisez le rapport de recherche de Mme Olson et M. Rick « Managing Debt and Managing Each Other: The Interpersonal Dynamics of Joint Financial Decisions ». (en anglais seulement)
Induire des comportements en clarifiant les attentes
Nicole Robitaille, Ph. D., Université Queen’s
Regarder la vidéo de la présentation « Gérer vos objectifs de remboursement de la dette ».
Voir les diapositives de la présentation « Gérer vos objectifs de remboursement de la dette ». [PDF] (en anglais seulement)
Nicole Robitaille, de l’Université Queen’s, a renchéri qu’il est indispensable de comprendre les processus décisionnels (les biais et processus psychologiques) pour élaborer des programmes et des interventions efficaces. Pour ce faire, elle a présenté les résultats d’expériences qu’elle a menées avec son équipe.
Dans le cadre d’une étude, son équipe a analysé 85 000 organisations dont le paiement de l’impôt était en retard. Pour vérifier si une « concrétisation des intentions » plus claire les inciterait à améliorer leurs habitudes de déclaration de revenus, les chercheurs ont rédigé une lettre expérimentale, différente de l’originale, qui contenait un « plan » spécifique décrivant comment, quand et où déclarer ses impôts – toutes des informations que les organisations connaissaient déjà. Chaque organisation a reçu une des deux lettres au hasard.
Les résultats ont montré que la simple inclusion d’information sous forme de plan a conduit les entreprises à déclarer leurs revenus beaucoup plus rapidement (5,3 jours plus tôt en moyenne; voir la figure 13). Ainsi, le fisc a perçu des centaines de milliers de dollars d’impôt plus tôt qu’autrement. L’expérience a été répétée pendant plusieurs années avec les mêmes résultats.
Figure 13 : Définir des « intentions de réalisation » plus claires pour améliorer la production des déclarations de revenus – Résultats
Version textuelle : Figure 13
Les résultats d'une étude pendant laquelle des « intentions de réalisation » plus claires ont été définies pour améliorer la production des déclarations de revenus sont illustrés. La proportion des organisations qui ont soumis une déclaration d'Impôt-santé des employeurs se trouve sur l'axe vertical et le nombre de jours suivant l'envoie de la notice de retard se trouve sur l'axe horizontal. Deux lignes de tendance sont affichées : l'une démontre la tendance des organisations qui ont reçu la lettre expérimental et l'autre démontre la tendance des organisations qui ont reçu la lettre témoin. Une comparaison de ces deux lignes démontrent qu'en moyenne les organisations qui ont reçu la lettre expérimental ont pris 5,3 journées en moins pour soumettre leur déclaration. De plus, les organisations qui ont reçu la lettre expérimentale ont démontré 16 semaines d’efforts additionnels vis-à-vis les collections en comparaison aux organisations qui ont reçu la lettre témoin, ce qui leur a permises d’amassés des centaines de milliers de dollars et d’épargnés des milliers.
Mme Robitaille a indiqué que cet incitatif « s’est montré extrêmement efficace, car il poussait les gens non seulement à agir, mais à agir immédiatement ».
Une deuxième étude s’est intéressée aux moyens de continuer sur sa lancée sans rechuter après avoir progressé vers ses buts. En effet, les consommateurs se laissent souvent aller, comme l’explique Mme Robitaille : « Beaucoup d’études indiquent qu’à la suite d’un progrès, par exemple le paiement d’une dette, il y a un “effet de licence” : le sentiment d’avoir bien agi donne lieu de croire qu’on peut se permettre une dépense. Comment peut-on atténuer cet effet? »
Selon Mme Robitaille, un sentiment de « conclusion » peut amener les gens à sentir qu’« une expérience est terminée et appartient au passé », et est donc moins susceptible d’influencer les comportements ultérieurs.
En effet, quand les participants d’une expérience pensaient à leurs bonnes actions, ils étaient beaucoup plus susceptibles de se comporter de manière égoïste et indulgente, mais cet effet disparaissait aussitôt qu’ils réalisaient un acte conclusif.
En résumé : si les consommateurs appliquent cette leçon au remboursement progressif de leurs dettes, ils en tireront un sentiment du devoir accompli qui les poussera à poursuivre leur lancée. De plus, le remboursement des dettes étant un objectif lointain et difficile à saisir, les sous-objectifs sont d’une grande aide; mais encore faut-il un plan personnalisé (quand et comment) pour les atteindre, sans quoi « les aléas de la vie prennent le dessus ».
« Les stratégies de remboursement ne suffisent pas en soi; il faut aussi prendre en compte les processus décisionnels, le moment des décisions et les sentiments nés des progrès accomplis pour élaborer de meilleures stratégies et ainsi aider les gens à rembourser les dettes de leur ménage. »
Nicole Robitaille, Ph. D.
Lisez le document de recherche « At Tax Time, A Little Nudge Goes a Long Way ». (en anglais seulement)
Lisez le rapport de recherche de M. House et Mme Robitaille et Mazar « Effectiveness of Repeated Implementation Intention-Interventions on Organizations’ Likelihood to File Their Overdue Taxes ». (en anglais seulement)
Lisez davantage sur la recherche de Nicole Robitaille. (en anglais seulement)
Jour 2, entretien 1 : Présentation - application de la recherche en littératie financière
Pour avoir une valeur optimale, la recherche doit orienter les mesures à prendre. Pour ce faire, il doit y avoir des liens significatifs avec les praticiens et les décideurs politiques. Cette connexion est absolument essentielle.
Au cours de cet entretien, les experts ont présenté des exemples concrets de découvertes intégrées dans leurs programmes et services, montrant ainsi comment la recherche et la pratique peuvent être inextricablement liées et se renforcer mutuellement pour produire de meilleurs résultats. C’est ce processus qui permet l’évolution interconnectée et constante de l’étude et de la pratique.
Les applications de la recherche en littératie financière de l’ACFC
Bruno Lévesque, Agence de la consommation en matière financière du Canada
Modérateur
« La recherche est la clé du savoir : elle permet de déceler et de combler les lacunes », a soutenu Bruno Lévesque, de l’ACFC. Il a également souligné l’importance de la recherche en ce qu’elle évalue l’effet des interventions sur les gens pour donner lieu à des améliorations, à des nouveautés ou même à d’autres études.
Ces dernières années, un nombre important de travaux ont porté sur la littératie et le bien-être financiers, et elles permettent aujourd’hui de mieux comprendre et d’améliorer la littératie financière de la population canadienne. Au cœur du mouvement pour la littératie financière au Canada, l’ACFC a été un levier et un catalyseur de ces travaux grâce à son Plan national de recherche du Canada sur la littératie financière 2016 2018. M. Lévesque a souligné le rôle central de la recherche dans le double mandat de l’Agence : la littératie financière et la protection des consommateurs.
Grâce à sa structure intégrée, l’Agence peut mener à la fois des études et des interventions et voir ces deux volets s’enrichir mutuellement, comme en témoigne la Stratégie nationale pour la littératie financière – Compte sur moi, Canada.
Cette stratégie est fondée sur des recherches approfondies comprenant des consultations de la population et d’experts ainsi qu’une analyse de l’Enquête canadienne sur les capacités financières. L’ACFC a exhaustivement épluché des données empiriques pour repérer les sujets et les groupes sur lesquels centrer sa stratégie, puis en a déterminé les thèmes principaux, comme l’établissement d’un budget. À l’époque, moins de 50 % des ménages canadiens avaient un budget, et ceux qui en avaient un le respectaient.
« Quand nous sommes passés de la recherche aux interventions en littératie financière, nous nous sommes demandé comment inciter la population à budgéter d’une manière qui lui parle », a expliqué M. Lévesque. En se fondant sur ses travaux, l’Agence a conçu des outils de littératie financière à l’intention des Canadiens et a lancé une application mobile pilote par laquelle elle envoie des messages éducatifs. Jusqu’à maintenant, ces initiatives se sont avérées très efficaces, et l’ACFC continue de polir et d’élargir le matériel d’éducation et les outils à l’usage des consommateurs en fonction de ses découvertes au chapitre comportemental.
« Les évaluations sont nécessaires parce que nous devons comprendre les effets de nos études et interventions sur la population, pour nous servir des données recueillies en vue de les alimenter. »
Bruno Lévesque
Inciter les contribuables à mettre de côté leur remboursement d’impôt
Dean Estrella, Momentum
Regarder la vidéo de la présentation « Tirer profit des économies d’impôt ».
Voir les diapositives de la présentation « Tirer profit des économies d’impôt ». [PDF] (en anglais seulement)
Dean Estrella, de Momentum, a présenté le programme pilote que son organisation a lancé en 2018 en collaboration avec ATB Financial et Aspire Calgary Collaborative, Tax Time Savings. Le programme a été conçu pour inciter les personnes à faible revenu, dont la plupart manquent de fonds d’urgence, à mettre de côté une partie de leur remboursement d’impôt. L’organisme sans but lucratif de Calgary œuvre auprès d’individus à faible revenu dans le but d’améliorer leur littératie et leur bien-être financiers, en particulier grâce à l’épargne.
Comment le programme fonctionne-t-il? L’équipe de Momentum s’est inspirée de Save USA, un programme similaire qui a été lancé dans quatre villes des États-Unis dans le but d’inciter les contribuables à épargner, et qui a obtenu d’excellents résultats. Tax Time Savings est offert dans trois agences locales : les participants se présentent à un comptoir d’impôts gratuit et produisent leur déclaration de revenus. Ils sont alors encouragés à verser de 200 à 1 000 $ dans un compte d’épargne en fonction de leur revenu, et ceux qui y laissent la totalité pendant 12 mois gagnent un montant égal à 50 % du montant original, jusqu’à concurrence de 500 $.
« Il y a deux points distincts dans le temps parce que nous voulions pousser les gens à continuer d’épargner, a expliqué M. Estrella. Les gens ont accès à leur argent, mais s’ils la retirent, ils risquent de perdre le montant de contrepartie. » De plus, ceux qui assistent à cinq cours d’éducation financière reçoivent 100 $. Les participants ont accès à leurs épargnes en tout temps, sans risque de pénalité, pour payer quoi que ce soit.
« C’est un programme assez simple de contribution à l’épargne. Nous incitons beaucoup les gens à conserver leur épargne, que ce soit par courriel, par texto et lors de rencontres individuelles, en leur parlant de ce qu’ils pourraient faire de cet argent après un an, alors ils s’en servent avec parcimonie. »
Les résultats préliminaires du programme pilote sont prometteurs. Des 173 participants, 72 % ne touchent pas à leur épargne, pour un total de plus de 130 000 $ (voir la figure 14).
Figure 14 : Programme pilote Tax Time Savings – Résultats jusqu’à maintenant
Version textuelle : Figure 14
Les résultats jusqu'à date du programme Tax Time Savings sont illustrés. Il y a 173 inscriptions et un taux de suivi de 72%. De plus, 97% des participants ont épargné au moins 200 $, 125 des participants ont épargnés 130 872 $ et la totalité des épargnes a augmenté de 46 % entre les mois de juin et octobre.
M. Estrella a aussi souligné quelques découvertures intéressantes d’un autre projet aux États-Unis, Refund to Savings, qui pourraient profiter au Canada. À l’aide de suggestions et d’options d’épargne, le projet incite les ménages à revenu faible ou modeste à mettre de côté une plus grande part de leur remboursement d’impôt.
Lisez davantage sur le programme Tax Time Savings. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur SaveUSA. (en anglais seulement)
Lisez davantage sur Refund to Savings (R2S). (en anglais seulement)
Faire tomber les obstacles qui se dressent devant les personnes à faible revenu
Steve Vanderherberg, WoodGreen
Voir les diapositives de la présentation « Réaliser notre potentiel : L’avenir de WoodGreen en matière d’autonomisation financière. » [PDF] (en anglais seulement)
Steve Vanderherberg, de WoodGreen, a présenté quelques exemples de la façon dont son organisation, un des plus grands comptoirs d’information fiscale de Toronto à l’usage des personnes à faible revenu, applique les résultats de la recherche sur le comportement pour augmenter l’efficacité et l’étendue de son travail d’éducation financière. En particulier, il a mentionné les travaux d’Ideas42 comme grande source d’inspiration; il s’agit d’un organisme sans but lucratif qui a analysé et expérimenté des comportements pour mieux comprendre et résoudre des problèmes sociaux complexes tels que le manque chronique. Parmi ses conclusions, il propose de faire tomber les obstacles qui se dressent devant les personnes à faible revenu, d’offrir des services opportuns et efficaces, et de donner lieu à des interactions sociales positives qui permettent aux gens de se sentir soutenus.
M. Vanderherberg a mis de l’avant la nouvelle étude de faisabilité technologique de WoodGreen (publiée quelques jours après le symposium) dont le but est d’explorer comment fournir des services financiers aux communautés marginales et aux personnes dans l’incapacité de se déplacer, isolées ou autrement entravées (voir la figure 15).
Figure 15 : Étude de faisabilité technologique récemment publiée par WoodGreen
Il en est ressorti que la technologie d’accès à distance et la coordination des services pourraient améliorer l’accessibilité, l’efficacité et, somme toute, les retombées pour la clientèle. M. Vanderherberg a ajouté que « ces clients sont très intéressés à un accès technologique aux services, et il existe plusieurs bonnes options pour bonifier l’accessibilité et notre manière de travailler avec les gens. Quand nous nous sommes lancés, nous n’avions pas tout à fait conscience de tout cela ni de ce dont ces personnes avaient besoin pour progresser dans leur vie financière. »
WoodGreen utilise d’ailleurs d’autres découvertes en réponse à l’un de ses défis opérationnels : un taux d’absentéisme élevé aux rendez-vous aux comptoirs. Des tests effectués aux États-Unis dans le cadre d’un programme bénévole de déclaration de revenus ont révélé que l’envoi de textos ou de plusieurs rappels augmente le taux de présence aux rendez-vous. WoodGreen a répété l’expérience en 2018 selon le même modèle pour voir si l’envoi de textos pouvait diminuer le taux d’absences. Les résultats ont été positifs, et une deuxième phase expérimentale aura lieu en 2019.
La personnalisation et la ludification peuvent améliorer les habitudes de placement
Douglas Sarro, Commission des valeurs mobilières de l’Ontario
Voir les diapositives de la présentation « Quelle est votre personnalité d’investisseur? Offrir de l’encadrement ludique à l’aide de l’introspection comportementale ». [PDF] (en anglais seulement)
Douglas Sarro, de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), a décrit comment l’organisation fonde sur la recherche ses activités de participation et de sensibilisation des investisseurs. Entre autres moyens, il y a Gerez mieux votre argent, un des sites Web de littératie financière les plus consultés du pays : en gardant constamment un œil sur l’utilisation du site et le trafic, l’organisation peut en améliorer le contenu en l’adaptant aux réalités et besoins changeants des utilisateurs.
M. Sarro affirme que la CVMO expérimente constamment avec de nouveaux moyens de fournir du contenu à son lectorat. L’année dernière, elle a mené deux projets de recherche sur le comportement : le premier s’intéressait aux moyens d’aider les Ontariens à planifier leur retraite, et le deuxième, aux moyens d’amener les milléniaux à investir.
Malgré leurs différents sujets, les travaux ont révélé quelques éléments communs. Par exemple, la personnalisation rehausserait la participation : « Les gens ne veulent pas qu’on leur offre des ressources génériques, a expliqué M. Sarro. Ils veulent des ressources conçues sur mesure qui leur font se dire : “Ça, c’est pour moi.” » Les études montrent aussi l’efficacité de la ludification.
Les données sur le trafic du site Web de la CVMO confirment ces conclusions : les outils interactifs et les calculateurs, mettant à profit la personnalisation et la ludification, figurent parmi les ressources les plus utilisées.
En vue de stimuler la participation des gens et d’adapter les concepts financiers à mesure qu’ils investissent, la CVMO a créé un questionnaire par lequel ils peuvent déterminer leur « personnalité d’investisseur » (voir la figure 16). Fondé sur différentes études, cet outil est pensé « pour faire réfléchir, pas pour poser un diagnostic scientifique ». Après avoir répondu aux questions, les participants se voient attribuer une personnalité parmi les quatre possibles, et peuvent ainsi mieux comprendre leur approche de l’investissement et leur tolérance au risque. Ils reçoivent aussi une liste de ressources potentiellement utiles en fonction de leur profil.
Figure 16 : Questionnaire de la CVMO sur la personnalité de l’investisseur
« Les gens sont inondés d’informations financières, et à cause de la réalité d’aujourd’hui, ils sont plus responsables que jamais de leur avenir financier. Alors comment la personnalisation et la ludification peuvent-elles les aider à trouver facilement les ressources dont ils ont besoin pour assurer leur avenir financier? »
Douglas Sarro
Lisez davantage sur le questionnaire de personnalité pour investisseur de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario. (en anglais seulement)
Investir sa petite monnaie
Philip Barrar, Mylo
Voir les diapositives de la présentation « Utiliser les données pour aider les Canadiens à atteindre leurs objectifs financiers ». [PDF] (en anglais seulement)
En guise d’introduction, Philip Barrar, de Mylo, a avancé que l’épargne et le placement font partie des plus grands défis des Canadiens. Ceux-ci sont de ce fait la raison d’être de Mylo, une application financière lancée en juillet 2017. Fondée sur des études approfondies, elle fournit un service automatisé d’épargne et de placement au bénéfice des utilisateurs.
M. Barrar a expliqué comment Mylo fonctionne : les utilisateurs téléchargent l’application, la lient à leur compte bancaire et dépensent selon leurs habitudes. Lors de chaque achat, Mylo arrondit le coût au dollar supérieur et place la différence dans un compte d’épargne entièrement géré au nom de l’utilisateur, le tout pour seulement 1 $ par mois (frais technologiques).
Selon M. Barrar, les milléniaux se sont montrés très satisfaits de l’application en ce qu’elle les aide à épargner et à investir sans grand effort ni changement d’habitude. Au moment de la présentation, plus de 90 000 Canadiens étaient inscrits à la plateforme.
La technologie a le grand avantage de donner « l’occasion d’améliorer sa vie financière. Nous avons parfois vu la situation financière d’un utilisateur s’améliorer très peu de temps après le téléchargement de Mylo. Après tout, c’est plus de 1 000 $ par année que l’utilisateur moyen réussit à mettre de côté grâce à l’arrondissement supérieur des coûts et aux dépôts périodiques. »
En novembre 2018, Mylo contenait plus de 70 millions de données transactionnelles, des paiements d’assurance aux achats de café. « Et cette banque de données grandit exponentiellement chaque jour », a affirmé monsieur Barrar. L’entreprise est donc en mesure de dresser un portrait détaillé de chaque utilisateur, de ses objectifs d’épargne, de ses autres buts, etc.
Figure 17 : Connaissance des utilisateurs de Mylo en matière de placements
Version textuelle : Figure 17
Novice | Rien | Bien informé | Expert | |
---|---|---|---|---|
Proportion des femmes | 42 % | 50 % | 7 % | 1 % |
Proportion des hommes | 49 % | 28 % | 19 % | 4 % |
« Les utilisateurs de Mylo ont besoin d’aide pour améliorer leur littératie financière : nos données sur la clientèle indiquent que 82 % n’ont aucune connaissance en placement. Comment changer la donne? En basant nos décisions éditoriales sur nos données » (voir la figure 17).
Par exemple, M. Barrar a indiqué que 28 % des utilisateurs ont un objectif de voyage; l’entreprise leur envoie donc des « astuces » pour épargner quand ils planifient de prendre des vacances. Elle publie aussi d’autres conseils en fonction des données, comme le rapport qu’elle a rédigé l’an dernier sur les habitudes de placement en fonction du sexe.
M. Barrar a insisté sur l’importance de fonder sa pratique sur la recherche en précisant que des travaux en cours contribuent à l’évolution de Mylo. L’entreprise puise ses données dans différentes sources (données financières et transactionnelles, renseignements démographiques, sondages auprès de la clientèle et études externes) afin de concevoir ses produits et stratégies.
« Les données retournent toujours dans l’engrenage... Ce cycle donne lieu à une amélioration continue ».
Philip Barrar
Lisez davantage sur l’appli Mylo.
Lisez l’article « The Investing Habits of Canadian Women and Men: A Data Analysis of Mylo Users ». (en anglais seulement)
Jour 2, entretien 2 : Débat - les innovations dans le domaine des services financiers favorisent l’inclusion financière
Des cryptomonnaies aux paiements numériques en passant par le prêt entre pairs, les innovations en services financiers prolifèrent depuis quelque temps. Toutefois, pour les consommateurs financiers, sont-elles un as ou un deux de pique dans leur jeu? En particulier, aident-elles les personnes vulnérables ou désavantagées à profiter tout autant de ces services? Les deux côtés de la médaille ont été présentés lors de ce débat amical.
Comprendre les nuances
Dilip Soman, Ph. D., Université de Toronto
Modérateur
D’entrée de jeu, Dilip Soman a ouvert ce qui est selon lui le « tout premier débat sur la littératie financière » en marge d’un congrès au Canada en citant le philosophe français Joseph Joubert : « Il vaut mieux débattre d’une question sans la régler que la régler sans en avoir débattu. »
M. Soman a affirmé que les gens prennent souvent position « sans comprendre les nuances, d’où notre objectif : discuter de ces nuances ». Il a ensuite expliqué le déroulement du débat : tous les participants, soit deux pour et deux contre, allaient présenter leurs arguments et réfuter ceux du camp adverse. À noter qu’ils devaient défendre la position qui leur avait été assignée pour les besoins de la discussion; les arguments présentés ne devaient donc pas être considérés comme le reflet de leur opinion personnelle, mais bien comme celui du rôle qu’ils devaient représenter.
L’innovation favorise l’inclusion financière : pour
Nicole Robitaille, Ph. D., Université Queen’s
Preet Banerjee, Consultant indépendant et chroniqueur
Nicole Robitaille a joué la première carte des « pour » avec l’argument selon lequel l’innovation est la clé pour rendre les produits et services financiers utiles et abordables plus facilement accessibles aux personnes qui y ont peu ou pas accès.
L’innovation favorise aussi l’inclusion en simplifiant les tâches financières : « Plus les tâches sont compliquées, moins les gens vont avoir tendance à s’y adonner. L’innovation est l’occasion de simplifier le tout, et ce ne sont pas les manières de le faire qui manquent », a-t-elle défendu.
Mme Robitaille a donné comme exemples l’architecture du choix et les choix par défaut, comme la participation automatique à un régime de retraite, deux innovations aux résultats extrêmement concluants qui ont fait gonfler l’épargne-retraite, avant d’ajouter : « Les incitatifs et le fait de fournir l’information au moment d’une prise d’une décision, par exemple sous forme de courtes vidéos, encouragent les gens à prendre de meilleures décisions. »
L’innovation a aussi l’avantage de pouvoir mettre à profit les connaissances sur les comportements en contexte décisionnel en « personnalisant les produits aux personnes dans le besoin »; les offres s’en trouvent meilleures et plus inclusives.
Pour sa part, Preet Banerjee a parlé des avancées continues qui, de son point de vue, montrent que l’innovation financière a augmenté l’inclusion. Par exemple, l’avènement des « tontines » en Inde il y a plus de 200 ans a aidé les individus et petites entreprises en milieu rural : les participants déposent de l’argent dans un fonds commun, et chaque mois, l’un d’eux en retire un montant déterminé jusqu’à ce que tout le monde ait reçu son dû. Ce genre d’outils créatifs d’épargne et de crédit existent encore aujourd’hui et permettent aux gens d’obtenir de l’argent qu’ils n’auraient pas autrement.
Il a aussi mentionné une innovation numérique à l’intention des 45 millions de bénéficiaires du programme de bons alimentaires aux États-Unis : une entreprise nommée Propel leur permet d’obtenir leur allocation en ligne et leur offre des outils de planification en fonction des prestations de bons alimentaires. Selon une récente étude, les utilisateurs de Propel souffraient « un jour de moins de faim extrême, parce qu’ils arrivaient à mieux gérer leurs bons alimentaires ».
M. Banerjee a aussi souligné le succès d’une initiative technologique inventée au Kenya il y a plus de 10 ans pour aider les personnes sans compte bancaire. Le service, M-Pesa, permet de déposer, retirer et virer des fonds au moyen d’un appareil mobile et même de payer ses achats. Depuis, le service s’est répandu dans d’autres pays en développement, et on fait l’éloge de sa contribution à l’inclusion financière : grâce à lui, des millions de personnes ont accès à des services financiers de base et voient leur qualité de vie améliorée.
« L’inclusion financière prend donc différentes formes. Quant à l’innovation financière, si on considère ses répercussions et le nombre de personnes qu’elle a tirées de la pauvreté extrême, oui, elle favorise absolument l’inclusion », a conclu M. Banerjee.
L’innovation favorise l’inclusion financière : contre
Avni Shah, Ph. D., Université de Toronto
Doug Steiner, Evree
Avni Shah, dans le camp du contre, a demandé à l’auditoire de prendre la définition de l’inclusion financière : celle-ci vise l’intérêt de tous, « pas juste celui des 2 % les plus riches ». De ce fait, Mme Shah remet en question le succès discutable de certaines innovations : ont-elles vraiment agi dans l’intérêt de tous, ou plutôt à leur détriment? Selon l’éclairage sous lequel elle les a dépeintes, l’effet aurait été négatif, ce qu’elle a illustré par une liste de produits et services qui se sont montrés à l’avantage exclusif des plus nantis.
Mme Shah a avancé que beaucoup d’options d’investissement modernes, comme les couvertures de défaillanceNote de bas de page 2 , étaient conçues au profit des investisseurs fortunés qui cherchaient à atténuer les risques financiers. Elle a soutenu que ce genre d’instruments compliqués et risqués a participé à la crise financière de 2008 2009. « Gardez en tête qu’une grande partie de ces investisseurs s’en sont bien sortis. Qu’en a-t-il été de ceux qui ont mordu la poussière? »
Elle a aussi avancé que certaines innovations, telles que les comptes-chèques, n’ont aucunement servi tous ces gens ayant peu ou pas accès aux services bancaires; au contraire, elles sont derrière l’avènement des prêts sur salaire et d’autres pratiques usuraires.
« L’innovation aboutit plutôt à “l’exclusion financière”. Ce que l’on constate de ces exemples, c’est qu’elle profite vraiment aux personnes rusées qui s’y connaissent en finance et qui savent comment se remplir les poches. »
Doug Steiner, également contre, a affirmé que dans ses 30 années d’expérience dans le domaine, l’innovation financière n’a pas été profitable à « tous les acteurs de l’économie financière ». Il a ensuite poursuivi dans la même veine que Mme Shah et sa notion d’exclusion financière en soulignant que l’innovation ne profite qu’aux consommateurs les plus fortunés et résilients du Canada : « Si vous vous y connaissez en finance, certaines innovations vous ont enrichi… Mais ce sont les autres qui en ont payé le gros prix. »
M. Steiner a donné l’exemple des cartes de crédit; pour les personnes fortunées, elles sont un atout qui permet d’obtenir du crédit. Mais au Canada, 10 millions de cartes de crédit ont un solde en souffrance, ce qui montre que l’accès facile à du crédit coûte très cher si on additionne l’ensemble des frais et intérêts de cette dette.
En conclusion, les participants ont convenu que a) l’innovation qui s’intéresse au plus grand nombre et qui cherche à régler un vrai problème est en mesure de favoriser l’inclusion financière, mais que b) il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l’innovation en vienne à contribuer au bien-être financier et à l’inclusion de toute la population canadienne.
Discours de clôture des hôtes du symposium
« Le défi vient du fait que nous avons érigé une industrie financière si inhumaine que même les humains les plus habiles ont du mal; même les plus intelligents s’y empêtrent. Tout comme les gens ont besoin de littératie financière, l’industrie a peut-être besoin d’un peu de littératie humaine. Les organisations allouent une quantité inouïe de temps, d’énergie et d’efforts pour assurer leur conformité à la loi : et la conformité aux comportements humains, dans tout ça? Nous devons donc réfléchir à l’industrie de long en large, et non nous contenter d’enseigner à prendre de meilleures décisions. »
Dilip Soman, Ph. D., Président, Économie comportementale en action à Rotman, Université de Toronto
« J’ai la conviction que cet événement a contribué à l’avancement de notre littératie financière en bâtissant des ponts entre les chercheurs, les experts, les décideurs politiques et les intervenants de première ligne. Mettre nos connaissances en commun, c’est la clé. Je retiens deux choses de l’événement : premièrement, la qualité et la quantité des travaux en littératie financière ne cessent de croître; deuxièmement, le travail des chercheurs influence la pratique en fournissant des informations cruciales qui nous aident à pousser les limites de la littératie financière. »
Jane Rooney, Chef du développement de la littératie financière, ACFC
Remerciements
L’ACFC aimerait reconnaître l’excellent travail des employés de l’Agence qui ont contribué au développement et à la mise en œuvre du symposium national de recherche. Notamment, nous aimerions remercier les membres suivants de l’équipe de recherche et de politique : Rebecca Kong, Marcie McLean-McKay, Nicole Rivest, Chris Poole, Emilyn Shojaei, Fabia Rahman, Mathieu Saindon et Steve Trites. L’ACFC aimerait aussi reconnaître les contributions de Holly Bridges, Carolle Beaubien et Richard Gélinas. De plus, ce symposium n’aurait pas pris place sans le support constant du Chef du développement de la littératie financière Jane Rooney et de la commissaire de l’ACFC Lucie Tedesco.
L’ACFC aimerait aussi reconnaître M. Dilip Soman et ses collègues à Behavioural Economics in Action at Rotman (BEAR) pour leur appui extraordinaire vis-à-vis la coorganisation de cet évènement. Notamment, nous aimerions remercier Liz Kang pour tout son travail dans les coulisses. Nous aimerions aussi remercier les membres du sous-comité national de recherche pour leurs contributions vis-à-vis la sélection des sujets abordé pendant le symposium et pour leur rôle en tant que modérateur lors des groupes de discussions. Le sous-comité de recherche comprend Bruno Lévesque à titre de chaire, Jerry Buckland, Karen Duncan, Andrea Hasler, Jodi Letkiewicz, Allison Meserve, Pierre-Carl Michaud, Nicole Robitaille, David Rothwell, Bettina Schneider, Dilip Soman, Brenda Spotton Visano et Jiaying Zhao.
En dernier lieu, l’ACFC aimerait reconnaître les contributions importantes de Kelley Keehn, qui a facilité le symposium en tant que maître de cérémonie, et Ralph Frustaglio, pour son expertise en communication et son aide vis-à-vis la production du compte-rendu du symposium.
Annexe
Présentations par affiches
Les participants ont eu l’occasion de consulter 11 présentations par affiches lors du symposium, par lesquelles elles pouvaient en apprendre un peu plus sur certaines recherches. Des représentants des organisations participantes étaient sur place pour présenter leurs travaux et répondre aux questions.
Titre de l’affiche et présentateur
Comparaison à long terme des options d’allègement de dette offertes aux consommateurs au Canada
Patricia White et Jodi Letkiewicz, Ph. D., Conseil en crédit du Canada
Évaluation du défi « ma santé financière » : connaissances, attitude et changement de comportements en matière de finances
Karene Nettel, Best Life Rewarded inc.
Autonomisation financière : finances personnelles des Autochtones
Bettina Schneider, Ph. D., Université des Premières Nations
La paie : une solution pour le bien-être financier
Janice MacLellan, Association canadienne de la paie
Point de mire : la santé financière et la résilience des Canadiens
Eloise Duncan, Seymour Consulting
Feuille de route financière de Carotte points santé
Lauren White, M. Sc., et Megan Nobrega, Carotte points santé
Le lien entre l’établissement d’un budget et le bien-être financier
Nicole Rivest, ACFC
Les éléments de base de la capacité financière au R.-U.
Nick Watkins, Money Advice Service
L’impact des dons directs pour les sans-abri
Ryan Dwyer, Université de la Colombie-Britannique
Comment les Canadiens se sentent par rapport à leur argent
Doretta Thompson, CPA Canada
Marges de crédit hypothécaires : connaissances et comportement des consommateurs
Christopher Poole, ACFC
Détails de la page
- Date de modification :