Vidéo : The Canadian Financial Diaries

Transcription

Jerry Buckland : Merci beaucoup Brenda. Je suis du même avis que David. Merci beaucoup à l’ACFC pour cette occasion formidable. Quelle belle conférence ! Je voudrais parler d’un projet de recherche auquel je participe, appelé le projet des journaux financiers canadiens, en raison de l’état actuel du projet qui n’en est vraiment qu’à ses débuts.

Je vais surtout parler de ses objectifs et de quelques renseignements qualitatifs très préliminaires. Nous pourrons en partager bien davantage, mais pour le moment, nous en sommes aux stades initiaux. Je veux parler du plan des journaux, puis pour partager des idées qualitatives, j’ai choisi deux participantes et je vous ferai part de leurs histoires.

Bien sûr, nous en avons plus que deux, mais je voulais m’en tenir à deux. Qu’est-ce que le projet du journal financier? Les objectifs sont d’utiliser cette méthode pour comprendre les finances et la vie financière de Canadiens vulnérables dans un contexte socio-économique en évolution rapide. Nous visons les personnes à faible revenu et celles à revenu modeste.

Certains de nos participants ont un revenu très faible, notamment les personnes qui travaillent occasionnellement et celles qui dépendent de l’aide sociale. Nous avons ces deux types de personnes dans notre projet. Deuxièmement, nous souhaitons adapter la méthodologie de recherche des journaux financiers pour qu’elle comprenne une dimension qualitative et quantitative.

Dans le passé, de nombreux projets se sont concentrés plus exclusivement sur le côté quantitatif, capturant les finances des personnes. C’est excellent. C’est ce que nous allons faire. De plus, nous souhaitons avoir un aperçu qualitatif de la vie des gens. Par ailleurs, ce projet est séparé en trois volets. L’un est la collecte des données de nos participants, mais nous avons également deux autres composantes.

L’une est dirigée par Jennifer Robson, qui a été mentionnée par David. Elle dirige notre projet en collaboration avec des praticiens, parce que nous voulons nous assurer que nos résultats correspondent au travail des praticiens. Gail Henderson dirige notre lien au réseau de décideurs. C’est pour nous assurer que les résultats sont en lien avec ce que font les décideurs.

Dans notre deuxième phase, nous avons également prévu de faire un travail novateur avec un programme d’études ou une application quelconque. Pourquoi est-ce nécessaire? Les données que nous allons générer à partir des journaux financiers sont nécessaires, car nous avons besoin de données désagrégées basées sur des éléments comme le revenu, l’âge, l’origine ethnique, la géographie.

De plus, les statistiques agrégées nationales n’apportent que peu d’éclaircissements sur les causes de l’instabilité financière et la recherche qualitative est vraiment bien placée pour cerner les questions causales pouvant être testées ultérieurement. Les statistiques globales nationales n’apportent que peu d’éclaircissements sur les finances des personnes vulnérables et une meilleure connaissance est nécessaire pour conseiller de meilleures pratiques et politiques.

À quoi ressemblent les journaux? Il s’agit d’une exploration approfondie de 12 mois avec les participants. Nous leur demandons de recueillir des renseignements sur leurs finances, leurs entrées, leurs sorties, leurs dépenses, leurs revenus, tout cela quotidiennement, et de nous rencontrer une fois par semaine ou une fois aux deux semaines pour nous faire part de ces renseignements.

C’est à cette rencontre, qui est aussi interactive, que nous obtenons ces renseignements. Dans toutes ces rencontres, nous interagissons avec nos participants. Nous parlons de leurs finances. Quelles difficultés ont-ils rencontrées? Nous réalisons également des enquêtes supplémentaires sur la manière dont les gens utilisent leur remboursement d’impôt sur le revenu, sur leur bien-être financier et sur leur niveau d’alphabétisation, ce qui permet d’entretenir des conversations vraiment intéressantes.

J’ai mentionné que nos participants sont encouragés à faire le suivi de leurs finances tous les jours et à nous rencontrer toutes les semaines – oui, j’en ai déjà parlé. C’est une approche à méthodes mixtes que nous utilisons et nous avons choisi cette approche à méthodes mixtes depuis le début. Nous avons des méthodes quantitatives, des méthodes qualitatives, qui se présentent sous la forme de journaux financiers des ménages et de discussions hebdomadaires.

Le but de ceci est de mieux comprendre les finances et la vie financière des gens. Pour la première phase, nous avons 25 participants et nous en sommes à la semaine 23 en moyenne. Les gens sont entrés dans le projet à différents moments. Nous finirons donc avec nos premiers participants en mars prochain, mais les derniers d’entre eux termineront en septembre, avec plus de 6 000 transactions environ maintenant. Nous avons 18 participants à faible revenu et 7 participants à revenu modeste, et la moyenne d’âge est de 42 ans.

88 % de nos participants sont des femmes. 12 % s’identifient comme Autochtones et 48 % sont nés à l’extérieur du Canada. 72 % utilisent Internet à la maison et 96 % ont un téléphone intelligent. John Creswell, qui est l’un des pionniers à l’origine de méthodes mixtes, a déclaré qu’il était important de comprendre de manière instructive et profonde un phénomène social, à savoir qu’il nous fallait à la fois des données et des récits.

C’est la beauté des méthodes mixtes, dont nous obtenons à la fois des données et des récits sur le phénomène. Ce que je veux partager dans les quelques minutes qui me restent, c’est quelques histoires de deux de nos participantes. Nous aurons éventuellement les deux, des données et des récits. Avant de le faire, je voudrais expliquer un point qui est très important, en particulier lorsque nous travaillons avec des personnes à faible revenu.

Il s’agit de comprendre que différentes personnes fonctionnent dans différents contextes. Une façon de remettre en contexte l’endroit d’où opèrent les individus est de tenir compte de leur contexte de vulnérabilité. Le contexte de vulnérabilité correspond aux caractéristiques qui rendent la personne plus susceptible aux chocs économiques ou face à des chocs économiques, qui la rend moins apte à se rétablir. Des questions comme l’éducation, l’emploi, le capital social, le revenu et les compétences en anglais sont parmi les plus importantes.

Il y a deux côtés à la vulnérabilité. Il y a la prise de décision de la personne et ce qu’elle choisit de faire et le contexte dans lequel elle fait ses choix. Si vous êtes dans un quartier à faible revenu où il n’y a pas beaucoup de banques, vous aurez un contexte différent pour prendre vos décisions, par rapport à une personne dans une situation différente.

Face à un contexte de vulnérabilité, les gens choisissent certains comportements. Ces comportements que nous observons chez nos participants permettent aux personnes de mieux s’en sortir dans certains cas ou, dans d’autres, de moins bien s’en sortir. Nous voyons des choses comme du capital social. Ils recherchent ou non du travail, acquièrent de nouvelles compétences, adoptent de nouvelles habitudes de consommation et envisagent l’avenir.

C’est le genre de choses que nous voyons chez nos participants, le genre de comportement qu’ils adoptent. J’aimerais parler brièvement de Diane et de Marina. Ce sont des noms fictifs de deux de nos participantes. Elles sont à peu près rendues à mi-chemin du processus de tenue du journal et je suis leur intervieweur. Ce sont deux femmes célibataires. Elles sont dans la cinquantaine.

Elles occupent toutes deux un emploi occasionnel. Leur revenu annuel est faible, entre 9 000 et 10 000 dollars. Auparavant, Diane dépendait de l’aide sociale, mais elle tient beaucoup à ne pas y retourner; elle utilise des mots comme « je serais à leur merci » et dit qu’elle « était libre » une fois qu’elle n’en dépendait plus.

Dans les deux cas, elles reçoivent une forme d’appui familial ou communautaire. Diane a l’appui de son père et Marina a quelques appuis de la communauté, ce qui est compliqué et je vais en parler dans quelques instants. Le logement est une source d’incertitude pour Diane, car elle loue un appartement. Les taux de location sont donc en hausse, ce qui la stresse un peu.

Face à ce contexte de vulnérabilité, je vois que Diane et Marina ont différentes façons de s’adapter à la situation. Certaines façons semblent être plus résilientes et d’autres moins. Voici quelques exemples de comportements plus résilients. Les deux travaillent fort pour maintenir des relations familiales ou communautaires. Que ce soit avec le père ou avec la communauté, les deux travaillent très fort pour maintenir ces relations sociales.

J’ai déjà mentionné la situation communautaire complexe de Marina. Je n’entrerai pas dans les détails, mais c’est assez difficile pour elle de la maintenir et pourtant c’est un élément important de sa résilience. Diane obtient également de l’appui d’un organisme social, ce qui est très important pour elle. Elles sont toutes deux très consciencieuses dans leurs journaux. Nous avons observé divers types de comportements avec le journal. Elles sont toutes deux très minutieuses.

Elles travaillent très fort dans leur travail. Elles ont toutes deux des habitudes de consommation qui sont très modestes. Leurs horizons temporels varient : Diane est moins disposée à penser à l’avenir, Marina un peu plus. Il existe également des preuves de comportements moins résilients. Diane, par exemple, a du mal à affirmer son intérêt pour cette relation axée sur la communauté. Elle travaille pour une entreprise où elle est payée en fonction du moment où elle demande le salaire plutôt que dans le cadre d’un salaire horaire.

Naturellement, c’est une relation très compliquée et elle a du mal à y faire valoir ses intérêts. J’ai parlé de l’horizon temporel à court terme. Marina, d’autre part, ne se sent pas à l’aise d’explorer de nouvelles options, comme l’emploi. J’ai essayé de lui poser des questions à ce sujet et c’est quelque chose dont elle n’est tout simplement pas à l’aise de discuter.

Ce sont des résultats très préliminaires. Nous sommes seulement à mi-chemin des journaux. Ce ne sont que quelques idées qualitatives. Une dernière chose, cependant, qui me semble pouvoir aider les gens jusqu’à présent, en fait deux choses : un revenu annuel garanti est un aspect sur lequel nous devrons réfléchir très attentivement.

Cela semble être un élément qui s’harmoniserait bien, qui aiderait également les personnes à intégrer le marché du travail. Je suis stupéfait de voir à quel point ces aides sont limitées lorsque je discute directement avec les participants. Enfin, les options bancaires : le compte bancaire à frais modiques ne fonctionne pas pour beaucoup de personnes qui essaient de contrôler leurs dépenses, parce qu’elles veulent utiliser leur carte de débit.

Pour utiliser la carte de débit, elles ont besoin d’effectuer plus de 12 à 15 transactions, ce qui est la limite du compte à frais modiques. Merci, Brenda. Brenda et moi avons eu une conversation à ce sujet et nous avons donc besoin d’un nouvel outil pour les personnes à faible revenu et les banques. Je vous remercie beaucoup.

(Applaudissements)

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