Rejets de benzène provenant des stations-service – répercussions sur la santé humaine : Incertitudes dans l’évaluation du risque
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- Incertitudes dans l'evaluation du risque pour la sante humaine
- Modèle de dispersion atmosphérique : autre analyse
- Excès de risque unitaire : autre analyse
Incertitudes dans l'evaluation du risque pour la sante humaine
Des concentrations récentes de benzène au Canada basées sur des données de surveillance dans les stations-service ou à proximité n'étaient pas disponibles. Les estimations des concentrations de benzène émises par des stations-service reposaient sur des valeurs modélisées des pertes totales par évaporation, qui ont ensuite été utilisées avec des modèles de dispersion atmosphérique pour estimer l'exposition au benzène des personnes vivant à proximité des stations-service. La modélisation comporte par nature des incertitudes liées aux hypothèses, aux données d'entrée et aux outils de modélisation utilisés. La validation des modèles par la surveillance des concentrations de benzène dans l'air à proximité des stations-service dans diverses conditions permettrait de mieux comprendre l'exposition potentielle au benzène à proximité des stations-service. Pour évaluer l'incidence du modèle choisi, on a réalisé une analyse distincte avec AERSCREEN, un autre modèle de dispersion atmosphérique (voir la section Modèle de dispersion atmosphérique : autre analyse).
On suppose qu'une personne est exposée en permanence et que la concentration de benzène dans l'air intérieur résultant des émissions de la station-service est égale à la concentration modélisée dans l'air extérieur.
La présente évaluation ne prend en compte que l'exposition au benzène associée aux émissions par évaporation générées par l'exploitation des stations-service et aux rejets de vapeurs provenant des réservoirs de stockage souterrains lors du déchargement des camions-citernes; elle ne tient pas compte de l'exposition au benzène attribuable à la contamination environnementale ou aux déversements causés par les stations-service. En outre, les autres sources d'exposition au benzène, par exemple le tabagisme ou la présence d'un garage attenant (Santé Canada, 2013), n'ont pas été examinées dans le rapport. Enfin, l'évaluation ne tient compte que de l'exposition découlant d'une seule station-service. Aux intersections urbaines très fréquentées, il n'est pas rare de trouver plusieurs stations-service à proximité les unes des autres. Dans ces cas, les émissions de ces stations-service peuvent atteindre les mêmes zones résidentielles, ce qui augmenterait l'exposition des personnes qui y vivent (Hsieh et coll., 2021).
La CT05 pour le benzène était fondée sur une exposition à vie, estimée à partir du rythme respiratoire et de la masse corporelle chez l'adulte. Les nourrissons et les enfants pourraient être davantage touchés par les concentrations de benzène estimées dans la présente analyse en raison des différences dans le rythme respiratoire et le poids corporel. De plus, Santé Canada (2013) a établi une plage de valeurs d'excès de risque unitaire associées à un niveau de risque de 1 pour 100 000 (0,6 à 4,5 µg/m3) pour le benzène en s'appuyant sur les données du Canada (1993), de l'OEHHA (2001) et de l'US EPA (1998). On a réalisé une autre analyse dans le but d'évaluer comment le fait de choisir, parmi cette plage, la valeur qui offre la meilleure protection pour la santé influe sur les risques pour la santé liés aux émissions de benzène provenant des stations-service (voir la section Excès de risque unitaire : autre analyse).
En juin 2021, le gouvernement du Canada a annoncé qu'il fixait une nouvelle cible obligatoire selon laquelle la totalité des voitures et des camions légers à passagers neufs vendus seront des véhicules zéro émission d'ici 2035, afin d'aider le Canada à atteindre son objectif à long terme de zéro émission nette d'ici 2050 (Transports Canada, 2021). La réduction du nombre de véhicules à essence sur le marché devrait entraîner une réduction correspondante des émissions de benzène provenant des stations-service et des risques liés pour la santé.
Modèle de dispersion atmosphérique : autre analyse
SCREEN3 est un modèle de dispersion atmosphérique gaussien au niveau de l'évaluation qui se fonde sur le modèle Industrial Source Complex (ISC) (pour évaluer les concentrations d'agents polluants provenant de diverses sources dans un complexe industriel). Il est conçu pour estimer les concentrations maximales de produits chimiques à des hauteurs de récepteur choisies et à différentes distances d'une source de rejet pour une source d'émission continue donnée. On a également utilisé le modèle AERSCREEN (US EPA, 2011) pour effectuer une analyse complémentaire afin d'évaluer l'influence du modèle de dispersion atmosphérique sur l'exposition prévue. AERSCREEN est un modèle d'évaluation fondé sur AERMOD (US EPA, 2011). AERSCREEN produit des estimations des concentrations sur une heure « dans le pire des scénarios », provenant d'une seule source, sans nécessiter de données météorologiques horaires propres au site, et comprend aussi des facteurs de conversion pour estimer les concentrations après 3 heures, 8 heures, 24 heures et un an « dans le pire des scénarios ». Le modèle AERSCREEN est conçu pour produire des estimations de concentrations qui sont égales ou supérieures aux estimations produites par AERMOD, sans nécessiter un ensemble complet de données météorologiques et de terrain (US EPA, 2011).
On a effectué des calculs à l'aide du modèle AERSCREEN pour déterminer l'exposition à long terme aux émissions de benzène provenant d'une station-service chez les personnes vivant à proximité de la station-service. Les variables d'entrée utilisées dans les calculs du modèle AERSCREEN figurent dans le tableau B-5 de l'annexe B. Pour une station-service à débit médian, la contribution moyenne annualisée aux concentrations de benzène modélisées a été estimée à 1,1 µg/m3 à une distance de 20 mètres de la limite de propriété de la station-service. Lorsqu'on compare cette valeur à la CT05 de 14 700 μg/m3 (Canada, 1993), on obtient une ME de 13 400 et un risque supplémentaire de cancer de 4 par million d'habitants, ce qui est inférieur au risque de 12 par million d'habitants estimé à l'aide du modèle SCREEN3. Les ME issues des modèles SCREEN3 et AERMOD sont présentées dans le tableau 5-1. La distance par rapport à la limite de propriété d'une station-service à laquelle la concentration supplémentaire de benzène provenant de la station-service correspond au niveau de risque de 1 sur 1 000 000 (0,29 µg/m3) est estimée à 75 mètres pour le scénario à débit médian selon le modèle AERSCREEN (tableau B-6 de l'annexe B), soit environ la moitié de la distance estimée à l'aide du modèle SCREEN3 de 160 mètres.
On a effectué des calculs à l'aide du modèle AERSCREEN pour déterminer l'exposition à court terme au benzène en fonction du taux de rejet de benzène et des facteurs d'exposition indiqués dans le tableau B-7 de l'annexe B. De plus, le tableau B-8 de l'annexe B présente les concentrations maximales supplémentaires de benzène pour une heure d'exposition à différentes distances de la tuyauterie d'évent sans système de récupération des vapeurs pendant le déchargement d'un camion-citerne de 35 000 litres, qui ont également été calculées au moyen du modèle AERSCREEN. Lorsqu'on compare une valeur estimée de 260 µg/m3 à une distance de 25 mètres de la limite de propriété de la station-service avec le niveau avec effet de 16 mg/m3 fondé sur l'hématotoxicité pour le développement chez la souris, on obtient une ME de 62. Cette valeur est légèrement plus élevée que la ME de 20 issue du modèle SCREEN3 (voir le tableau 3). Les concentrations supplémentaires de benzène provenant des rejets par les tuyaux d'évents modélisées à l'aide du modèle AERSCREEN sont inférieures à la valeur AREL de 27 μg/m3 à une distance de 150 mètres de la limite de propriété de la station-service pour les camions-citernes de 35 000 litres. Cette distance est semblable à la distance de 210 mètres estimée par le modèle SCREEN3.
Scénario | SCREEN3 | AERSCREEN | ||
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ME | Risque de cancer par million d'habitantsNote de bas de page a | ME | Risque de cancer par million d'habitantsNote de bas de page a | |
Exposition à long terme attribuable aux émissions d'une station-service à débit médian | 4 200 | 12 | 13 400Note de bas de page b | 4 |
Exposition à court terme attribuable au déchargement d'un camion-citerne de 35 000 litres | 20 | - | 62Note de bas de page c | - |
|
Les résultats des calculs effectués à l'aide du modèle AERSCREEN concordent avec les résultats obtenus avec le modèle SCREEN3 pour les scénarios d'exposition étudiés. Tant pour l'exposition à long terme que pour l'exposition à court terme, les estimations produites par les modèles SCREEN3 et AERSCREEN indiquent que l'exposition aux émissions de benzène provenant des stations-service peut présenter des risques inacceptables pour la santé de la population vivant à proximité des stations-service.
Excès de risque unitaire : autre analyse
On a réalisé une autre analyse dans laquelle un risque de cancer de 1 sur 100 000 était associé à une concentration de 0,6 µg/m3 pour l'exposition chronique au benzène, ce qui représente la valeur qui offre la meilleure protection pour la santé parmi la plage de valeurs estimées (0,6 µg/m3 à 4,5 µg/m3) établie par Santé Canada (2013); il s'agit également de la valeur calculée par l'OEHHA (2001). Cette valeur correspond à une concentration de 0,06 µg/m3 associée à un risque de cancer de 1 sur 1 000 000.
Selon le risque de cancer susmentionné et les concentrations de benzène générées par le modèle SCREEN3 (tableau B-2 de l'annexe B), les émissions de benzène provenant des stations-service feraient courir un risque de cancer supérieur à 1 sur 100 000 à des distances pouvant atteindre 30 mètres, 105 mètres et 190 mètres pour les stations-service à débit de base, à débit médian et à débit élevé, respectivement. Les distances correspondantes pour un risque de cancer supérieur à 1 sur 1 000 000 sont de 180 mètres, 400 mètres et 700 mètres (tableau 4).
Excès de risque unitaire | Débit de la station-service | Distance (m) par rapport à la limite de propriété à laquelle les concentrations sont associées à un risque de cancer de 1 sur 100 000 | Distance (m) par rapport à la limite de propriété à laquelle les concentrations sont associées à un risque de cancer de 1 sur 1 000 000 |
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Valeur calculée à partir de la CT05 (Canada, 1993) | De base | - | 70 |
Médian | 25 | 160 | |
Élevé | 70 | 290 | |
Valeur inférieure de la plage établie par Santé Canada (2013) | De base | 30 | 180 |
Médian | 105 | 400 | |
Élevé | 190 | 700 |
Selon les résultats obtenus, l'utilisation de la valeur inférieure de la plage établie par Santé Canada (2013) à titre de valeur d'excès de risque unitaire augmenterait la distance à l'intérieur de laquelle les émissions de benzène provenant des stations-service entraînent un risque de cancer accru pour les personnes vivant à proximité.
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