Tracer la voie vers la cible de réduction des émissions de 2035: la description de haut niveau du Canada

Introduction

Le Canada est confronté à des phénomènes météorologiques plus fréquents et plus violents qui ont un impact sur la vie quotidienne des Canadiens, en endommageant leurs maisons, en augmentant le prix des aliments, en affectant leur santé et en augmentant les coûts d’assurance. Construire une économie plus propre n’est pas seulement un impératif environnemental, mais aussi une opportunité économique de créer des bons emplois et d’économiser de l’argent pour les familles canadiennes.

Le Canada est engagé et déterminé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et à contribuer aux efforts mondiaux visant à limiter l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1.5°C. À cet effet, le gouvernement du Canada a l’honneur de présenter sa contribution déterminée au niveau national (CDN) de 2035 dans le cadre de l’Accord de Paris. La CDN du Canada pour 2035 consiste à réduire les émissions de 45 à 50 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2035, en s’appuyant sur la cible de 2030, qui est de 40 à 45 % de réduction par rapport aux niveaux de 2005.

L’engagement du Canada à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 est codifié dans la loi par le biais de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité (la Loi). La Loi exige que le gouvernement du Canada établisse des cibles nationales de réduction des émissions tous les cinq ans, dix ans à l’avance, afin de maintenir le Canada sur la bonne voie afin de parvenir à la carboneutralité d’ici 2050. La cible de 2035 est une étape clé dans le cheminement du Canada vers la carboneutralité d’ici 2050 et guidera la prochaine décennie d’action climatique au Canada.

Depuis 2015, le Canada a mis en œuvre des plans climatiques à l’échelle de l’économie qui ont permis de réduire les émissions nationales, tout en renforçant l’économie, le plus récent étant le Plan de réduction des émissions pour 2030 (PRÉ 2030). Dans le cadre de ces plans, le Canada a proposé des mesures fondées sur le marché, des réglementations, des crédits d’impôt à l’investissement et des programmes de financement. Les résultats de ces actions sont clairs et le plan climatique du Canada fonctionne. Le Canada a réussi à infléchir la courbe des émissions, il s’oriente vers des réductions d’émissions significatives d’ici à 2030 et a découplé la croissance économique de ses émissions. En 2015, la tendance indiquait qu’en 2030, le Canada dépasserait de 9 % les niveaux d’émissions de 2005. Aujourd’hui, le Canada est en passe d’atteindre 502 Mt en 2030, soit 34 % de moins que les niveaux de 2005. Ces résultats positifs jettent les bases qui permettront au Canada d’atteindre sa cible pour 2035 et la carboneutralité d’ici 2050. 

À l’avenir, le Canada reste déterminé à poursuivre la mise en œuvre des politiques existantes et à maintenir ses efforts de leadership pour stimuler l’action et la coopération internationales. Le gouvernement explorera de nouvelles voies pour réduire davantage les émissions, afin de positionner le Canada comme un leader mondial de l’économie propre du 21e siècle, de poursuivre la réconciliation avec les peuples autochtones et de collaborer avec tous les niveaux de gouvernement et les partenaires internationaux. La CDN de 2035 du Canada vise à accélérer la transition énergétique nationale et à aligner les marchés nationaux avec des trajectoires à faibles émissions et résilientes aux changements climatiques, tout en évitant les fuites de carbone.

La cible de 2035 : une étape importante vers l’objectif de carboneutralité du Canada

Lors de l’établissement de cibles de réduction d’émissions, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité exige que le gouvernement du Canada tienne compte des meilleures données scientifiques disponibles, des engagements internationaux du Canada en matière de changements climatiques, des connaissances autochtones et des conseils du Groupe consultatif pour la carboneutralité du Canada. Outre les exigences législatives, le gouvernement du Canada a également effectué une analyse quantitative et qualitative pour informer la cible, y compris une modélisation économique. Des détails supplémentaires sur la manière dont le gouvernement du Canada a répondu à chacune de ces exigences, ainsi que sur la modélisation économique, figurent à l’annexe.

Conformément à la Loi, le gouvernement du Canada a donné aux provinces et aux territoires, aux peuples autochtones, au Groupe consultatif pour la carboneutralité (GCPC) et aux Canadiens intéressés la possibilité de présenter une soumission dans le cadre du processus d’établissement de la cible pour 2035. Les soumissions écrites des provinces, des territoires, des partenaires autochtones et du GCPC sont disponibles sur le Portail du gouvernement ouvert.

La cible de 2035 a été soigneusement choisie pour faire progresser la transition du Canada vers la carboneutralité tout en maximisant l’abordabilité, la sécurité économique et le bien-être des Canadiens. Il est primordial de calibrer soigneusement le rythme du Canada vers la carboneutralité en fonction de ces facteurs et bien d’autres, en raison de la situation nationale unique du Canada et de son économie basée sur ses ressources. L’économie canadienne se caractérise par une population peu nombreuse couvrant une vaste zone géographique et soutenue par un niveau important d’exportations – 35 % des biens d’exportation du Canada proviennent de secteurs à forte intensité d’émissions et exposés au commerce. Réduire les émissions tout en maintenant une économie forte est essentiel pour réussir une transition durable vers un avenir carboneutre qui ne laisse aucun Canadien de côté.

Tirer parti des progrès réalisés à ce jour

Les stratégies et les mesures mises en place par le gouvernement du Canada parviennent à infléchir la trajectoire des émissions du pays et ont jeté des bases solides pour atteindre les cibles du Canada pour 2030 et 2050.

Depuis 2015, le gouvernement du Canada a mis en place plus de 140 mesures à travers le paysNote de bas de page 1, il a engagé plus de 160 milliards de dollars pour construire l’économie propre du Canada et réduire les émissionsNote de bas de page 2, et il a investi d’importantes ressources supplémentaires pour protéger l’environnement, améliorer la santé des Canadiens, et préserver la nature. Grâce aux plans climatiques mis en place depuis 2016, dont le plus récent est le PRÉ pour 2030, le Canada met déjà en œuvre de nombreuses mesures qui contribueront à la réduction des émissions en 2030, en 2035 et au-delà.

Ces mesures permettent non seulement de réduire les émissions, mais aussi de diminuer les coûts économiques, environnementaux et sociaux à long terme de l’inaction en matière de climat. Ces dernières années, les Canadiens ont pu constater de première main l’impact dévastateur des incendies de forêt, des inondations, de la sécheresse et de la fonte du pergélisol sur les communautés de tout le pays. Les pertes assurées liées aux phénomènes météorologiques violents au Canada dépassent désormais régulièrement les 3 milliards de dollars par an, l’année 2024 établissant un record avec des pertes assurées atteignant 8,5 milliards de dollarsNote de bas de page 3. Les incidences économiques de l’augmentation des températures mondiales devraient continuer à s’accroître, les estimations suggérant que les pertes économiques atteindront environ 6 % du PIB du Canada d’ici la fin du siècleNote de bas de page 4. Le Canada met en œuvre la Stratégie nationale d’adaptation afin d’accroître la résilience des ménages et des communautés, mais une action soutenue de réduction des émissions est nécessaire dans le cadre de l’effort mondial visant à réduire l’ampleur des impacts climatiques.

Les efforts déployés jusqu’à présent ont démontré qu’il était possible de conjuguer la réduction des émissions et la croissance économique. Au Canada, les investissements nationaux dans la recherche et le développement de technologies énergétiques propres ont augmenté au cours des cinq dernières années. Les exportations de produits environnementaux et de technologies propres ont atteint 20,9 milliards de dollars en 2022Note de bas de page 5, soit une augmentation de 2,3 % par rapport à 2021. Investir dans une économie carboneutre, c’est aussi créer de bons emplois bien rémunérés. Selon les données du marché du travail de 2022, le secteur des produits environnementaux et de technologies propres comptait plus de 327 000 emplois en 2021, soit une hausse de 10,4 % par rapport à 2020Note de bas de page 6. Le développement d’une économie carboneutre continuera à créer des opportunités économiques pour le Canada. Les perspectives énergétiques mondiales de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indiquent que les investissements mondiaux dans les projets d’énergie propre augmentent à un rythme sans précédent et représentent déjà presque le double des investissements dans les nouvelles sources d’approvisionnement en pétrole, en gaz et en charbon. Pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050, l’AIE prévoit que les investissements dans les énergies propres devront augmenter pour atteindre environ 4,5 billions de dollars par an en 2030Note de bas de page 7. La Banque Royale du Canada estime que la mise en place d’une économie carboneutre permettrait de créer entre 235 000 et 400 000 nouveaux emplois au Canada d’ici la fin de la décennieNote de bas de page 8. Parmi les autres avantages de l’action climatique, citons l’amélioration de la sécurité énergétique des ménages, la réduction des impacts sur la biodiversité, l’amélioration de la qualité de l’air, l’amélioration des résultats en matière de santé physique et mentale, et lorsque des mesures d’adaptation sont ajoutées, des infrastructures, des communautés et des ménages plus résilients.

Les émissions du Canada sont désormais constamment inférieures aux niveaux de 2005 et se dirigent vers des réductions d’émissions significatives d’ici à 2030. En 2022, les émissions de GES du secteur économique canadien, qui exclut l’affectation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie (ATCATF), s’élevaient à 708 mégatonnes (Mt) d’équivalent en dioxyde de carbone, en baisse par rapport aux 761 Mt de 2005. La contribution comptable de l’ATCATF a ajouté 12 Mt supplémentaires en 2022, en grande partie en raison d’une sécheresse dans les prairies canadiennes en 2021, qui a entraîné une forte augmentation temporaire des émissions provenant des terres cultivées du Canada en 2022. La plupart du temps, la contribution comptable de l’ATCATF est un puits d’émissions – réduisant les émissions globales du Canada – plutôt qu’une source d’émissions.

En 2024, le gouvernement du Canada a publié son premier Rapport biennal de transparence (RBT) en vertu de l’Accord de Paris, fournissant des projections d’émissions actualisées, s’étendant pour la première fois jusqu’en 2040. D’après les données du dernier Rapport d’inventaire national (RIN) du Canada et les projections du RBT, les émissions du Canada ont atteint leur maximum en 2007, ont diminué depuis et devraient continuer à le faire.  Il s’agit d’une réalisation importante étant donné que les projections de 2015 indiquaient que ce pic serait temporaireNote de bas de page 1. Selon le RBT, les émissions du Canada devraient s’élever à 502 Mt en 2030, soit 34 % de moins que les niveaux de 2005. En 2015, on prévoyait que les émissions annuelles atteindraient 815 Mt en 2030, soit un niveau nettement supérieur aux projections actuellesNote de bas de page 1.

Les résultats historiques des émissions pour 2022, qui comprennent une augmentation notable des émissions due à un événement climatique (en l’occurrence, une sécheresse), soulignent non seulement l’importance de prendre des mesures de lutte contre les changements climatiques, mais aussi les risques qu’un climat changeant puisse à son tour entraîner une augmentation des émissions. Malgré cette situation, le Canada continue de réduire ses émissions et est en bonne voie pour dépasser la cible climatique précédente de 30 % de réduction par rapport au niveau de 2005 d’ici 2030, tout en reconnaissant que des efforts supplémentaires seront nécessaires pour atteindre ses cibles de 2030 et 2035.

Figure1 : Trajectoire projetée des émissions du Canada jusqu’en 2040. Extrait du Premier rapport biennal de transparence du Canada en vertu de l’Accord de Paris (2024).
Figure1 : Trajectoire projetée des émissions du Canada jusqu’en 2040. Extrait du Premier rapport biennal de transparence du Canada en vertu de l’Accord de Paris (2024)
Description longue

Ce graphique est un diagramme linéaire qui présente les émissions historiques et la trajectoire des émissions projetées du Canada, de 2005 à 2040. Les trois lignes de données représentent : les projections de 2015 du Deuxième rapport biennal, les projections de 2024 et les projections de 2024 avec les solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN) et les mesures agricoles. Le graphique indique également l'objectif provisoire du Canada pour 2026 (20 % sous les niveaux de 2005, ou 609 Mt), ainsi que la cible d'émissions précédente (30 % sous les niveaux de 2005) et la cible actuelle (40 à 45 % sous les niveaux de 2005) pour 2030. Les données de 1990 à 2022 sont historiques. Les données de 2023 à 2040 sont des projections.

Année Projections de 2015 (Deuxième rapport biennal) (Mt) Projections de 2024 (Mt) Projections de 2023 avec SCFN et les mesures agricoles (Mt)
2005 749 761  
2006 740 754  
2007 761 780  
2008 741 762  
2009 699 702  
2010 707 738  
2011 709 756  
2012 715 745  
2013 726 748  
2014 727 722  
2015 736 750  
2016 748 722  
2017 755 723  
2018 761 736  
2019 764 726  
2020 768 667  
2021 770 669  
2022 774 720  
2023 783 638  
2024 789 658  
2025 793 642  
2026 798 628  
2027 801 597  
2028 807 565  
2029 812 541  
2030 815 514 502
2031   505 492
2032   498 486
2033   492 480
2034   485 473
2035   470 458
2036   464 451
2037   458 446
2038   451 439
2039   446 434
2040   444 431

Le Canada parvient également à découpler ses émissions de la croissance du PIB, principalement grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique, à la décarbonation du réseau électrique et aux changements structurels de son économie. En conséquence, l’intensité des émissions pour l’ensemble de l’économie (GES par PIB) a diminué de 30 % depuis 2005Note de bas de page 1.

À l’avenir, la cible de 2035 constituera la prochaine étape importante après 2030 afin de guider l’action climatique au Canada. Toutefois, les mesures élaborées à court et moyen terme devront également tenir compte du fait que l’objectif ultime du Canada est de parvenir à la carboneutralité d’ici à 2050. Il sera de plus en plus important que le Canada se concentre sur la mise en place de fondations solides et sur l’établissement des conditions essentielles à un succès durable et à long terme au cours des prochaines décennies.

Réaliser la cible de 2035 et jeter les bases pour 2050

Les mesures prises par le Canada permettent déjà de réduire les émissions aujourd’hui et à l’avenir. Ces mesures fondamentales aideront le Canada à mettre en place les conditions essentielles nécessaires pour atteindre ses cibles pour 2035 et 2050. La section suivante fournit plus de détails sur les conditions clés du succès, qui comprennent :

  1. mesures nationales : optimiser et développer l’ensemble des mesures nationales existantes du Canada;
  2. mesures internationales : poursuivre la collaboration et le leadership au niveau international pour stimuler l’ambition mondiale en matière d’action climatique;
  3. domaines d’exploration: explorer de nouvelles possibilités de réduire les émissions tant au niveau national qu’international.

1. Mesures nationales

Au cours de la dernière décennie, depuis la signature de l’Accord de Paris, le Canada a réalisé d’importants progrès en exploitant la plupart des mesures à court terme et rentables visant des sources d’émissions spécifiques. En soumettant cette CDN, le gouvernement considère la prochaine décennie d’action climatique comme une occasion de calibrer l’approche d’atténuation du Canada en fonction de l’évolution des circonstances. Le renforcement et l’optimisation de ces mesures fondamentales de réduction des émissions sont une condition essentielle pour atteindre nos cibles de 2035 et 2050. Le succès nécessitera également un examen stratégique de l’écosystème politique au niveau national et international afin de s’assurer qu’il est propice à la décarbonation à long terme et à une prospérité économique continue.

Marchés du carbone

Le système canadien de tarification du carbone est un élément clé de notre stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques. Il permet de réduire les émissions tout en favorisant l’innovation et la résilience économique. Depuis 2019, le Canada a mis en place les éléments constitutifs d’une approche solide de la tarification du carbone qui intègre le coût de la pollution par le carbone dans l’économie, tout en stimulant le développement de nouvelles technologies et de nouveaux services. Un prix clair et prévisible sur la pollution par le carbone envoie un signal fort aux industries et aux investisseurs pour qu’ils allouent des capitaux à des occasions économiques qui s’alignent sur nos objectifs en matière de climat. L’approche du Canada en matière de tarification du carbone donne aux provinces et aux territoires la possibilité de concevoir leurs propres systèmes de tarification, à condition qu’ils s’alignent sur les normes nationales minimales de rigueur; dans le cas contraire, c’est le filet de sécurité fédéral de tarification du carbone qui s’applique. Le système fédéral se compose de deux parties : une taxe sur les combustibles fossiles tels que l’essence et le gaz naturel, et un système d’échange de quotas d’émission basé sur le rendement des industries, connu sous le nom de système de tarification fondé sur le rendement (STFR). Le prix minimum a été fixé à 80 dollars par tonne d’éq. CO2 en 2024 et augmente de 15 dollars par an pour atteindre 170 dollars en 2030, ce qui crée une certitude pour les investissements et les décisions du secteur privé. Le système fédéral de tarification de la pollution par le carbone est complété par le Règlement sur le régime canadien de crédits compensatoires concernant les gaz à effet de serre, qui permet aux municipalités, aux communautés autochtones, aux sylviculteurs, aux agriculteurs et à d’autres promoteurs de projets de générer des crédits compensatoires qui peuvent être vendus et utilisés pour la mise en conformité des installations couvertes par le système fédéral de tarification fondé sur le rendement, le Règlement sur l’électricité propre, ou par d’autres qui cherchent à respecter des engagements volontaires en matière de climat.

Actuellement, la plupart des industries canadiennes sont couvertes par les marchés du carbone provinciaux et territoriaux, le système fédéral STFR étant en place au Manitoba, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nunavut et au Yukon. La redevance fédérale sur les combustibles s’applique dans toutes les juridictions à l’exception de la Colombie-Britannique, du Québec et des Territoires du Nord-Ouest.

À l’avenir, le gouvernement du Canada continuera de veiller à ce que les systèmes de tarification de la pollution par le carbone continuent d’offrir une certitude à long terme et d’envoyer des signaux de décarbonation efficaces pour l’innovation et l’investissement.

Règlements de base

Grâce à des mesures réglementaires clés, le Canada parvient à réduire les émissions de GES tout en garantissant une prospérité économique et en stimulant l’innovation dans les secteurs de l’économie à forte intensité d’émissions. Grâce à des règlements de base, le Canada soutient les actions de transformation dans le secteur des transports. Par exemple, le Règlement sur les combustibles propres diminue l’intensité en carbone des combustibles liquides utilisés au Canada. La Norme sur la disponibilité des véhicules électriques permettra d’élargir le choix de véhicules pour les Canadiens et d’atteindre les objectifs annuels de vente de véhicules à zéro émission, dans le but de passer progressivement à un avenir où les émissions seront nulles à 100%. Cela permet de réduire la pollution de l’air dans nos rues et de protéger un environnement sain pour tous.

Les sources de production d’électricité du Canada sont parmi les plus propres au monde – plus de 80 % de l’électricité produite n’émet pas de gaz à effet de serre. Toutefois, le Canada s’oriente vers un réseau électrique encore plus propre grâce au Règlement sur l’électricité propre, tout en maintenant également la fiabilité du réseau et l’abordabilité pour les consommateurs. En 2016, le Canada est devenu le premier pays au monde à introduire des réglementations sur les centrales électriques au charbon et a annoncé l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon d’ici à 2030. En juin 2024, l’Alberta a mis fin à la production d’électricité à partir du charbon avec plus de cinq ans d’avance sur le calendrier prévu. Grâce au Règlement sur l’électricité propre, le Canada éliminera plus de 12 millions de tonnes (Mt) de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et près de 100 Mt d’ici à 2050.

Incitatifs

S’il est vrai que les technologies propres peuvent s’accompagner de coûts initiaux plus élevés, elles offrent également une série d’avantages à long terme, notamment des économies pour les familles et les entreprises et une réduction des émissions. Pour encourager leur adoption, le Canada a mis en place une série d’incitatifs afin d’aider les entreprises et les ménages à bénéficier de technologies plus efficaces sur le plan énergétique et plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit par exemple d’initiatives visant à rendre les véhicules zéro émission plus abordables, comme le Programme d’incitatifs pour les véhicules zéro émission de poids moyen et lourd et la déduction pour amortissement accéléré pour les entreprises qui achètent des véhicules zéro émission. En outre, le Programme d’incitatifs pour les véhicules zéro émission (iVZE) a encouragé l’achat de plus de 546 000 véhicules entre 2019 et 2025, aidant le Canada à atteindre une nouvelle part de marché des véhicules à zéro émission de 11,7 % en 2023Note de bas de page 9L’Initiative canadienne pour des maisons plus vertes qui accorde des subventions et des prêts aux propriétaires pour des améliorations de l’efficacité énergétique, a également été couronnée de succès. En janvier 2025, plus de 360 000 ménages avaient reçu une subvention et réalisé des travaux de rénovation énergétique, ce qui a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’un montant équivalent à la suppression de 215 670 voitures sur les routesNote de bas de page 10. Le Canada aide également les producteurs agricoles et agroalimentaires à adopter des technologies et des pratiques propres grâce aux programmes Technologies propres en agriculture, Solutions agricoles pour le climat, au Partenariat canadien pour une agriculture durable (PCA durable)et au Régime de crédits compensatoires pour les gaz à effet de serre du Canada. En outre, le PCA durable a introduit le Programme de paysages agricoles résilients, un programme à frais partagés de 250 millions de dollars mis en œuvre par les provinces et les territoires pour aider les producteurs à conserver et améliorer la résilience des paysages agricoles.

Le Canada met également en œuvre un ensemble de programmes et de services fédéraux pour soutenir la recherche, le développement et la démonstration de technologies propres, et pour réduire les risques liés aux investissements dans le déploiement de technologies propres afin de guider la décarbonation dans l’ensemble des secteurs. Il s’agit par exemple du Fonds de croissance du Canada, de l’initiative Accélérateur net zéro (ANZ) du Fonds stratégique pour l’innovation, du Programme d’innovation énergétique et du Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone. En outre, l’ensemble des crédits d’impôt à l’investissement dans l’économie propre, qui représentent 93 milliards de dollars d’incitatifs fédéraux d’ici à 2035, aident les entreprises à saisir les opportunités économiques associées à un avenir carboneutre en offrant des incitatifs financiers pour les investissements dans les technologies propres telles que l’hydrogène propre, le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC), y compris le captage direct de l’air (CDA), la fabrication de technologies propres, la production d’énergie non émettrice et l’extraction et le traitement des minerais essentiels.

Mesures dans le secteur financier

Pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050, il faudra investir entre 125 et 140 milliards de dollars au Canada chaque annéeNote de bas de page 11. Le gouvernement du Canada ne peut y parvenir seul, et la transition vers la carboneutralité nécessitera des investissements et des compétences considérables de la part des secteurs public et privé. Le secteur financier, y compris les banques, les investisseurs institutionnels, les sociétés de capital-risque et autres, a une influence considérable sur la trajectoire du Canada vers une économie verte, car ses décisions d’investissement déterminent directement le rythme et l’ampleur de la transformation des technologies propres, la création d’emplois, le développement des compétences et l’innovation. Le Canada a mis en place plusieurs mesures pour soutenir le développement d’un écosystème financier durable qui mobilisera des capitaux et accélérera la transition vers une économie plus propre et plus verte. En 2023, le Canada a lancé son Programme d’obligations vertes et a depuis émis trois obligations vertes, investissant 11 milliards de dollars dans des projets qui soutiennent des objectifs environnementaux. Le Canada élabore également des lignes directrices pour l’investissement durable au Canada afin d’aider les investisseurs, les prêteurs et les autres parties prenantes à s’engager sur la voie de la carboneutralité en identifiant les activités « vertes » et les activités de « transition ». En outre, le Canada est en train de modifier la Loi canadienne sur les sociétés par actions (LCSA) afin d’obliger les grandes sociétés privées constituées sous le régime fédéral à divulguer des informations financières liées au climat. Pour améliorer encore l’accessibilité des données climatiques, le Canada publiera une Stratégie sur les données climatiques qui fournira des données climatiques pertinentes, améliorera l’accessibilité des données et coordonnera les efforts du gouvernement fédéral en matière de données. À l’avenir, le gouvernement du Canada continuera de veiller à ce que les décisions d’investissement s’appuient sur des données climatiques et tiennent compte des risques liés au climat.

Avec d’autres pays du G20, le Canada s’est engagé à supprimer progressivement les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles. En juillet 2023, le Canada est devenu le premier pays à élaborer un cadre global pour l’élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles. Le Canada s’est également engagé à élaborer un plan visant à supprimer progressivement le financement public national du secteur des combustibles fossiles. 

Soutien aux travailleurs et aux communautés

Pour construire une économie plus propre, plus forte et plus résiliente, il faut investir dans les Canadiens. Cela signifie qu’il faut soutenir les travailleurs et les communautés qui contribuent à l’économie du Canada dans tous les secteurs.  La transition vers une économie à faibles émissions de carbone comporte une myriade d’avantages et permet de créer des emplois bien rémunérés pour les Canadiens pour les générations à venir. Il sera essentiel de veiller à ce que les Canadiens disposent des outils et du soutien nécessaires pour prospérer dans une économie verte, alors que le Canada s’efforce d’atteindre sa cible pour 2035. Le gouvernement du Canada fait preuve de leadership au niveau mondial et a pris des mesures importantes pour aider les travailleurs et les communautés à s’adapter à l’évolution vers une économie carboneutre. Cela comprend l’adoption de la Loi canadienne sur les emplois durables (2024) qui va favoriser la création d’emplois durables, appuyer les industries et les communautés de toutes les régions du Canada et aider la main-d’œuvre à acquérir les compétences, la formation et les outils nécessaires pour occuper ces nouveaux emplois. Le Canada a investi plus de 99 millions de dollars dans le Fonds de formation pour les emplois durables (FFED) et 55 millions de dollars dans le Programme de développement de la main-d’œuvre des communautés pour aider les travailleurs et les communautés à acquérir de nouvelles compétences et à se préparer à l’économie à faibles émissions de carbone. À l’avenir, le gouvernement du Canada se concentrera à préparer la main-d’œuvre à fournir les compétences écologiques déjà très demandées et à se préparer aux emplois de demain, tout en saisissant les occasions économiques immédiates offertes par les industries en croissance prêtes pour la carboneutralité (par exemple, les batteries, les véhicules électriques, l’électricité propre).

Collaboration avec les provinces, les territoires et les municipalités

L’atteinte des cibles climatiques du Canada nécessite une collaboration étroite entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et les municipalités. Les changements climatiques et les questions environnementales sont une compétence partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux au Canada. En outre, les provinces et les territoires sont en première ligne des programmes climatiques et chaque région joue un rôle essentiel dans l’élaboration des politiques et la mise en œuvre d’initiatives qui ont un impact direct sur la réduction des émissions, l’abordabilité et la compétitivité. Compte tenu de la diversité des contextes géographiques, économiques et sociaux du pays, les provinces, les territoires et les municipalités doivent adapter leurs approches pour relever les défis et saisir les occasions qui se présentent au niveau local.

Le gouvernement du Canada a déjà mis en œuvre plusieurs initiatives clés pour soutenir les efforts des provinces et des territoires, notamment une approche flexible de la tarification de la pollution par le carbone qui permet aux provinces et aux territoires de concevoir leurs propres systèmes de tarification du carbone, à condition qu’ils s’alignent sur les exigences nationales minimales en matière de rigueur (« modèle fédéral »). Le gouvernement du Canada collabore aussi régulièrement avec les provinces et les territoires par le biais de tables ministérielles fédérales-provinciales-territoriales (FPT) pour aborder des sujets d’intérêt mutuel, tels que l’exploration de la gestion du carbone et l’élaboration d’indicateurs pour l’adaptation et la résilience au climat. Le gouvernement du Canada collabore également avec des organisations tierces, telles que la Fédération canadienne des municipalités, pour aider les municipalités à créer des communautés résilientes et carboneutres, notamment par l’intermédiaire du Fonds municipal vert. À l’avenir, le gouvernement du Canada continuera à collaborer avec d’autres niveaux de gouvernement, y compris avec les peuples autochtones (tel que décrit dans la section suivante), afin d’atteindre ses objectifs en matière de climat. 

Le Canada a également été l’un des premiers membres fondateurs de la coalition CHAMP (Coalition for High Ambition Multilevel Partnerships for Climate Action), lancée lors de la COP28, qui vise à renforcer la coopération entre les pays et les gouvernements infranationaux afin de limiter l’augmentation de la température mondiale.

Leadership climatique autochtone

Les peuples autochtones du Canada sont des leaders, des partenaires et des moteurs essentiels de l’action climatique, aux niveaux local, régional, national et international. L’intendance territoriale des communautés, des eaux et des terres des Premières Nations, des Inuit et des Métis, l’exercice des droits ancestraux et des droits issus des traités protégés par la Constitution et la participation à des régimes de cogestion des ressources naturelles et des grands projets d’infrastructure font des peuples autochtones des acteurs indispensables de la politique et de l’action en matière de climat. Les gouvernements et les communautés autochtones savent où les mesures les plus urgentes et les plus efficaces doivent être prises dans leurs territoires de compétence. Les organisations, régions et gouvernements des Premières Nations, des Inuit et des Métis ont élaboré des stratégies et des plans d’action sur les changements climatiques pour définir leurs priorités. Ces stratégies visent à prévoir, surveiller et traiter les effets néfastes du climat, à fournir des solutions climatiques modulables dirigées par les Autochtones et à planifier des efforts d’atténuation au niveau local. Il est important de noter que ces stratégies prouvent que les priorités autochtones sont largement alignées sur les priorités fédérales en matière de climat, notamment la planification de l’adaptation, la gestion de l’environnement et de la biodiversité, la préparation aux situations d’urgence, la transition vers des énergies propres, la qualité de l’air et la sécurité alimentaire. Pour soutenir les priorités climatiques autochtones, le gouvernement du Canada a investi 29,6 millions de dollars depuis 2022 pour travailler en partenariat avec plus de 50 gouvernements nationaux et régionaux des Premières Nations, des Inuit et des Métis, ainsi qu’avec des organisations représentatives, afin d’œuvrer conjointement au renforcement des capacités régionales et nationales en matière de climat et de confier progressivement aux Premières Nations, aux Inuit et aux Métis les ressources nécessaires à la mise en œuvre d’actions climatiques. À l’avenir, le gouvernement du Canada continuera de s’attaquer aux obstacles à l’action climatique autochtone et s’efforcera de rationaliser l’octroi de fonds pour le climat aux partenaires autochtones afin de soutenir le leadership autochtone en matière de climat. Le Canada s’est également engagé à réduire au minimum les effets négatifs sur les communautés autochtones des projets industriels carboneutres essentiels, notamment dans les domaines de l’exploitation minière et de l’électricité propre.

Liens avec l’adaptation et la biodiversité

Le Canada prend également des mesures énergiques pour s’adapter afin d’accroître la résilience de la société dans son ensemble, y compris les communautés, les peuples autochtones, les ménages et les infrastructures. La première Stratégie nationale d’adaptation (SNA) du Canada a été publiée en 2023 et établit un cadre pour l’ensemble de la société afin de renforcer la résilience climatique au Canada, avec des buts, des objectifs et des cibles dans cinq domaines prioritaires pour concentrer les efforts : la résilience aux catastrophes, la santé et le bien-être de tous, la nature et la biodiversité, les infrastructures, et l’économie et les travailleurs. Le Plan d’action pour l’adaptation du gouvernement du Canada est la contribution du gouvernement fédéral à la mise en œuvre de la SNA et sera complété par des plans d’action avec les provinces et les territoires, ainsi que par des actions menées par les peuples autochtones. La SNA favorise la responsabilisation en travaillant avec des partenaires sur l’établissement de rapports et d’un cadre de suivi et d’évaluation, un élément essentiel du processus de la politique d’adaptation du Canada qui fournit les informations nécessaires pour apprendre de ce qui fonctionne et ajuster le cours de l’action. Le premier rapport d’étape de la SNA sera publié en 2026. Les chapitres 3 et 4 du RBT du Canada font office de deuxième communication sur l’adaptation du Canada en vertu de l’Accord de Paris. Cela démontre l’engagement continu du Canada en faveur de la transparence et de l’ambition en matière d’adaptation et fournit plus de détails sur les objectifs, les politiques et les plans mis en œuvre pour réduire les risques liés aux effets du climat.

Le Canada reconnaît l’interconnexion des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la pollution, et adopte une approche holistique pour relever ces défis simultanément. En tirant parti de la puissance des écosystèmes, tels que les zones humides, les prairies, les littoraux et les forêts, des initiatives telles que le Fonds des solutions climatiques axées sur la nature et le programme des Gardiens autochtones contribuent à lutter contre les changements climatiques tout en faisant progresser les objectifs de résilience et de biodiversité. En outre, en 2024, le Canada a publié la Stratégie pour la nature 2030, qui vise à aligner les efforts en matière de climat et de biodiversité dans le cadre des accords internationaux, tels que la CCNUCC et la Convention sur la diversité biologique, et à minimiser les impacts de l’action climatique sur la biodiversité.

2. Mesures internationales

Le Canada reconnaît l’importance de la coopération internationale pour atteindre ses objectifs climatiques. L’économie canadienne repose largement sur les ressources naturelles, et les secteurs à forte intensité d’émissions représentent une part importante des exportations. Jusqu’à 40 % des émissions de gaz à effet de serre du Canada sont dues à la demande étrangèreNote de bas de page 12. Il existe également une demande mondiale importante pour les ressources naturelles du Canada afin de soutenir la transition énergétique, ce qui souligne l’importance de réduire les émissions sans compromettre la capacité du Canada à fournir des ressources essentielles. Pour parvenir à un niveau de réduction des émissions similaire à celui de nos pairs internationaux, y compris les autres pays du G7, sans entraîner une perte de compétitivité internationale, une fuite des capitaux et un risque de transfert d’émissions de carbone, nous devrons collaborer étroitement avec nos partenaires internationaux afin de nous assurer que nous sommes en phase avec la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

3. Domaines d’exploration

Le Canada reconnaît qu’une économie carboneutre présente des avantages considérables. La transformation de l’économie canadienne doit s’appuyer sur un solide corpus de recherches menées par des universitaires dans diverses disciplines, y compris les sciences physiques et sociales, ainsi que sur les systèmes de connaissances autochtones. Les domaines d’exploration pour soutenir ces efforts peuvent inclure le développement des énergies propres, le renforcement des capacités des Canadiens pour qu’ils puissent prospérer tout au long de la transition, la responsabilisation en matière d’émissions de GES et la préservation de la capacité de la nature à stabiliser le climat. Ces transformations ne sont pas propres qu’au Canada et sont révélatrices de changements plus larges qui sont nécessaires à l’échelle mondiale. 

Le Canada explorera également des domaines nouveaux et prometteurs qui présentent un fort potentiel et s’inscrivent dans un avenir carboneutre, tels que les crédits compensatoires internationaux et nationaux qui sont solides et représentent des réductions de GES et des absorptions de carbone vérifiables, supplémentaires et permanentes. Les résultats d’atténuation transférés à l’échelle internationale (RATI) dans le cadre de l’Accord de Paris permettent une ambition mondiale plus élevée et d’autres pays prévoient d’utiliser les RATI pour atteindre leurs objectifs climatiques. Les RATI facilitent le transfert des réductions d’émissions entre les pays, ce qui pourrait constituer une approche rentable et souple susceptible d’aider le Canada à atteindre ses objectifs tout en soutenant le développement durable à l’étranger et en renforçant la coopération internationale. Le Canada continuera d’étudier le transfert et l’utilisation des RATI et d’autres options susceptibles d’inciter à de nouvelles réductions d’émissions.

Les nouvelles connaissances scientifiques mettent en évidence l’importance des technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC) pour atteindre la carboneutralité. Toutefois, leur utilisation comporte des risques potentiels qui doivent être soigneusement gérés. Le Canada a déjà pris des mesures dans ce domaine en élaborant sa Stratégie de gestion du carbone, qui présente des initiatives clés pour faire progresser les technologies d’EDC. À l’avenir, le Canada continuera d’explorer le potentiel de l’EDC pour contribuer à la réduction des émissions tout en veillant à ce qu’elle ne décourage pas d’autres mesures d’atténuation essentielles ou n’exacerbe pas les compromis entre le climat et d’autres objectifs essentiels tels que la protection de la biodiversité, la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique. Dans le cadre de son engagement continu à aider les entreprises et l’industrie canadiennes à tirer parti des opportunités économiques liées à la construction d’une économie propre, le gouvernement du Canada a fait part de son intention de mobiliser un large éventail de partenaires et de parties prenantes pour examiner le rôle que les technologies qui éliminent de manière permanente le dioxyde de carbone peuvent jouer dans cette transition. Cela soutiendra les travaux en cours visant à évaluer la faisabilité des méthodes d’élimination du dioxyde de carbone au Canada et à étudier les avantages et les défis qui y sont associés, y compris la manière d’exploiter le plus efficacement possible leur potentiel économique.

Le Canada travaillera avec des partenaires internationaux pour harmoniser les ambitions et explorer des outils permettant d’uniformiser les règles du jeu au fur et à mesure que tous les pays décarbonisent. Plusieurs pays étudient des instruments liés au commerce, tels que les ajustements à la frontière pour le carbone et les normes d’émission, afin de soutenir l’équité et la compétitivité dans un monde carboneutre et d’atténuer les risques de transfert d'émissions de carbone et de compétitivité associés aux politiques d’atténuation unilatérales. Le Canada continuera de mettre à contribution des partenaires aux vues similaires et d’étudier les mesures possibles pour atténuer les risques de transfert d'émissions de carbone.

Les transformations de haut niveau et les domaines clés décrits ci-dessus serviront de base à l’élaboration du PRÉ pour 2035 du Canada, qui doit être présenté en décembre 2029, comme le prévoit la Loi. Ces domaines guideront le gouvernement du Canada dans l’examen et la mise en œuvre des mesures nécessaires pour atteindre sa cible climatique pour 2035. Le Canada vise à mettre en place une stratégie solide et efficace qui soutienne à la fois la durabilité environnementale et la prospérité économique sur la trajectoire vers un avenir carboneutre.

Soutien du Canada à la coopération internationale

Depuis qu’elles ont ratifié l’Accord de Paris, les économies avancées, dont le Canada, ont ouvert la voie en établissant des cibles absolues de réduction des émissions à l’échelle de l’économie, couvrant tous les gaz à effet de serre. Le Canada continuera à faire preuve de leadership et de coopération dans le cadre des efforts déployés à l’échelle mondiale pour aider les pays à s’aligner sur une trajectoire de 1.5°C. Parmi les exemples, on peut citer le rôle du Canada en tant que co-dirigeant de l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon, qui s’efforce de mettre fin rapidement à la production d’électricité à partir du charbon dans le monde entier, et son adhésion à l’Engagement mondial sur le méthane, qui vise à réduire les émissions mondiales de méthane d’au moins 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici à 2030. Le Canada est également un partenaire fondateur de la Coalition pour le climat et l’air pur qui s’efforce de réduire les émissions de polluants climatiques de courte durée de vie (PCCDV) responsables d’importants changements climatiques à court terme.

L’octroi de financement climatique aux pays en développement, dont beaucoup subissent de manière disproportionnée les effets des changements climatiques alors qu’ils produisent moins d’émissions, est également essentiel pour que le Canada contribue à la réduction des émissions au-delà de ses frontières. C’est pourquoi le Canada investit jusqu’à 60 % de son enveloppe de 5,3 milliards de dollars de financement international de la lutte contre les changements climatiques (de 2021 à 2026) dans le soutien aux mesures d’atténuation dans les pays en développement, en soutenant les transitions propres dans un grand nombre des économies les plus émettrices aujourd’hui.

Le Canada reste également déterminé à mettre en œuvre les résultats en matière d’atténuation du Bilan mondial, convenus lors de la COP28. Le premier Bilan mondial a affirmé que la communauté internationale a fait des progrès significatifs vers l’objectif de température de l’Accord de Paris, mais a également reconnu que le monde n’est pas sur la bonne voie pour limiter le réchauffement à 1.5°C et que la fenêtre pour atteindre cet objectif se referme. La décision fournit des repères et des orientations que les pays doivent prendre en compte dans la prochaine série de CDN prévue pour 2025, y compris des appels à l’action pour la transition énergétique mondiale. En 2024, le G7 a pris les premières mesures pour réaffirmer et développer ces engagements, notamment en s’efforçant de tripler la capacité renouvelable mondiale et de doubler les améliorations en matière d’efficacité énergétique, en abandonnant les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, en parvenant à un système électrique entièrement décarboné en 2035, en accélérant la décarbonation des secteurs industriels et en s’efforçant de réduire les émissions de méthane de 35 % à l’échelle mondiale en 2035. Le Canada a déjà accompli des progrès décisifs dans des domaines à fort impact qui sont importants pour nos objectifs collectifs dans le cadre du Bilan mondial.

Annexe : La cible de 2035 : Exigences législatives et mobilisation

Exigences législatives

La section suivante explique comment le gouvernement du Canada a respecté les exigences législatives de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité (la Loi) lors de l’établissement de la cible de réduction des émissions de 2035. La Loi exige que le gouvernement du Canada tienne compte des meilleures données scientifiques disponibles, des engagements internationaux du Canada en matière de changements climatiques, des connaissances autochtones et des conseils du Groupe consultatif pour la carboneutralité. Outre les exigences législatives, le gouvernement du Canada a également effectué une analyse quantitative et qualitative pour informer la cible, y compris une modélisation économique.

Meilleures données scientifiques disponibles

En évaluant les meilleures données scientifiques disponibles afin d’informer le développement de la cible, le gouvernement du Canada a pris en compte les recherches examinées par des pairs, les principaux documents d’évaluation et de synthèse nationaux et internationaux, ainsi que les observations et les données scientifiques, y compris l’inventaire des gaz à effet de serre du Canada. Il en ressort notamment que le fait de limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 °C réduira considérablement les risques, les effets néfastes et les pertes et dommages liés aux changements climatiques. Pour pouvoir maintenir ce réchauffement à moins de 1,5 °C, les émissions mondiales de CO2 doivent être réduites de moitié d’ici à 2030 et atteindre la carboneutralité vers 2050. La transition vers la carboneutralité nécessitera des réductions importantes des émissions dans tous les secteurs au cours de cette décennie, ainsi qu’un passage à une énergie à faible teneur en carbone et à une efficacité accrue. L’analyse a également montré que, si l’élimination du dioxyde de carbone (EDC) sera nécessaire pour contrebalancer les émissions de GES encore difficiles à réduire au Canada afin de parvenir à la carboneutralité au niveau national, ainsi que pour faire face au dépassement des objectifs de température au niveau mondial, il est nécessaire de clarifier la faisabilité de ces approches afin d’éviter une dépendance excessive et de réduire le risque qu’elles retardent les réductions d’émissions par le biais d’efforts d’atténuation directs. Une approche holistique de la décarbonation peut maximiser les bienfaits tout en atténuant les impacts négatifs. Le gouvernement reconnaît que la science est en constante évolution et s’efforcera d’améliorer le processus afin de prendre en compte les meilleures données scientifiques disponibles à l’avenir, y compris la science autochtone.

Connaissances autochtones

Le processus de prise en compte des connaissances autochtones dans l’établissement de la cible de réduction des émissions du Canada de 2035 visait à s’appuyer sur les relations de longue date entre le Canada et les peuples autochtones en matière de changements climatiques et à les respecter, à faire progresser la réconciliation et à soutenir les priorités et les actions autodéterminées des peuples autochtones en matière de climat. Tout d’abord, un cadre concernant les connaissances autochtones a été établi sur la manière d’interagir de manière éthique et équitable avec les systèmes de connaissances autochtones et d’en tenir compte dans l’établissement de la cible. Ce cadre comprend quatre catégories axées sur les valeurs et les droits, les considérations socioéconomiques et en matière d’équité, les effets des changements climatiques et les expériences vécues, et les mesures d’atténuation des changements climatiques. Trois processus de mobilisation ont ensuite été lancés : une invitation à présenter des soumissions écrites ou orales; un examen approfondi des plans climatiques autodéterminés et des recommandations; et des séances de mobilisation régionale fondées sur les distinctions avec les communautés et les organisations des Premières Nations, des Inuit et des Métis. Sur la base des résultats de ces processus de mobilisation, le gouvernement du Canada a synthétisé six recommandations essentielles sur la manière de prendre en compte de manière éthique et équitable les connaissances autochtones lors de l’établissement de la cible du Canada de2035. Ces recommandations comprennent :

Engagements internationaux

Lors de l’établissement de la cible de 2035, le Canada a passé en revue ses engagements internationaux en matière de climat. L’examen a mis en évidence les nombreuses possibilités qui s’offrent au Canada en tant que participant actif et chef de file de l’atténuation des changements climatiques au niveau international, ainsi que les obligations qui lui incombent en vertu d’ententes, de forums et d’initiatives tant contraignants que volontaires. La réalisation de progrès réels dans le cadre de ces engagements démontre la volonté du Canada d’agir, de faire preuve de transparence et de collaboration, de promouvoir une action climatique mondiale inclusive et de renforcer les partenariats et la coopération mondiale. Les engagements communs pris par le Canada et d’autres pays peuvent également servir à créer des conditions de concurrence plus équitables sur le plan commercial et économique, ce qui profite directement aux Canadiens. Ces engagements s’appuient sur la reconnaissance de la responsabilité mondiale du Canada et de sa capacité à jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques, notamment en tant que l’un des quinze principaux émetteurs mondiaux et pays du G20.

Conseils du Groupe consultatif pour la carboneutralité

Le Groupe consultatif pour la carboneutralité (GCPC), qui consiste en un groupe consultatif d’experts, s’efforce de recommander des trajectoires permettant au Canada d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. À l’automne 2023, le ministre a demandé au GCPC des conseils qualitatifs sur l’établissement de la cible de 2035, notamment sur les éléments clés que le gouvernement devrait prendre en compte lors de l’établissement de la cible, ainsi que sur les hypothèses, la justification et le niveau d’effort qui seraient nécessaires si le GCPC choisissait de recommander une cible spécifique pour 2035. Finalement, le GCPC a présenté ses conseils, Des résultats pour le climat : budget carbone et cible du Canada pour 2035, et a recommandé que le gouvernement du Canada adopte un budget carbone canadien, une cible de réduction des émissions de GES pour 2035 de 50 à 55 % par rapport aux niveaux de 2005, et qu’il réduise les émissions excédentaires du Canada. Le GCPC note que sa recommandation de 50 à 55 % de réduction par rapport aux niveaux de 2005 nécessiterait une plus grande ambition non seulement de la part du gouvernement fédéral, mais aussi des provinces, des territoires, des municipalités et du secteur privé. Conformément à la Loi, le gouvernement du Canada est tenu de répondre publiquement aux conseils du GCPC ; la réponse est attendue et sera publiée en 2025.

Modélisation économique

Le Canada s’est appuyé sur une analyse de modélisation économique pour mieux comprendre le niveau d’effort qu’il devrait déployer pour atteindre la cible de 2035. L’utilisation de modèles d’économie de l’énergie permet de comprendre l’effort politique supplémentaire qui serait nécessaire pour atteindre une cible compte tenu de la structure économique actuelle du Canada, ainsi que les incidences socio-économiques qui en découlent. La modélisation économique n’est qu’un des éléments d’analyse qui ont permis d’établir la cible pour 2035.

Mobilisation concernant la cible de 2035

Conformément à la Loi, le gouvernement du Canada a donné aux provinces et aux territoires, aux peuples autochtones, au Groupe consultatif pour la carboneutralité et aux Canadiens intéressés la possibilité de présenter des soumissions dans le cadre du processus d’établissement de la cible de 2035, résumées ci-dessous.

Provinces et territoires

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique a envoyé des lettres aux ministres des provinces et des territoires au début de l’année 2024, les invitant à participer à l’exercice d’établissement de la cible de 2035 et leur donnant l’occasion de mettre en avant toute considération qu’ils pourraient avoir concernant l’établissement de la cible. Un certain nombre de provinces et de territoires ont partagé une soumission. Ces documents ont mis l’accent sur diverses priorités en matière d’établissement de cibles, notamment la nécessité d’assurer la sécurité économique et l’abordabilité tout en renforçant l’ambition.

Peuples autochtones

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada et des hauts fonctionnaires ont envoyé des lettres au début de l’année 2024 pour inviter les gouvernements et les organisations représentatives des Premières Nations, des Inuit et des Métis à partager des soumissions écrites ou orales. Les partenaires ont été invités à prendre en compte une variété de sujets dans leurs soumissions, tels que les connaissances autochtones, y compris les connaissances et la science fondés sur les distinctions ; la justice, l’équité, l’intersectionnalité et les considérations basées sur le genre; et les instruments juridiques soutenant les droits des autochtones, tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Le gouvernement a également organisé des sessions virtuelles et en personne pour offrir des occasions aux gouvernements des Premières Nations, des Inuit et des Métis, ainsi qu’aux organisations et individus représentatifs, y compris les aînés, les détenteurs de savoir, les utilisateurs des terres, les représentants du leadership et les jeunes. Huit soumissions écrites ont été reçues, ainsi que de nombreuses observations orales dans le cadre des séances de mobilisation basées sur les distinctions et axées sur les régions. Parmi les messages clés issus de ce processus de mobilisation, on peut citer l’adoption d’une vision holistique de la manière dont la science occidentale et les systèmes de savoir autochtones déterminent et traitent les causes profondes des changements climatiques, y compris le déséquilibre des systèmes humains et naturels, et le soutien à une transformation plus profonde des systèmes et structures sociaux, politiques et économiques, ainsi que la minimisation des impacts socio-économiques des mesures sur les peuples autochtones.

Canadiens intéressés

Le Canada a également sollicité l’avis des Canadiens : environ 11 000 participants ont fait part de leur point de vue via un questionnaire en ligne, où plus de 23 000 commentaires ont été partagés, et le gouvernement a reçu une centaine de soumissions écrites de la part de parties prenantes et de Canadiens. Les résultats ont mis en évidence la polarisation des opinions sur les changements climatiques au Canada, la majorité des répondants (environ 2/3) étant favorables à des mesures renforcées et une minorité y étant fortement opposée. D’une manière générale, les soumissions écrites des parties prenantes expriment le point de vue selon lequel le Canada n’est pas sur la bonne voie pour atteindre sa cible pour 2030 et demandent la mise en œuvre de toutes les mesures annoncées, le renforcement de la certitude et de la cohérence des politiques, ainsi qu’une cible ambitieuse, alignée sur la carboneutralité, équitable et réaliste.

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