Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada - Indicateurs de contamination fécale : Autres indicateurs

Aucun microorganisme ne peut à lui seul remplir l'ensemble des conditions qui en feraient un indicateur parfait de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives (à savoir, réunir les caractéristiques de l'ensemble des agents pathogènes connus, fournir de l'information sur le degré et la source de la pollution fécale et renseigner sur les risques de maladies pour les usagers des eaux utilisées à des fins récréatives). Bien qu'E. coli et les entérocoques soient les indicateurs couramment utilisés pour la surveillance des plages à vocation récréative, l'information que fournissent ces microorganismes est limitée (voir Interprétation de la présence d'E. coli et d'entérocoques dans les eaux utilisées à des fins récréatives). D'autres microorganismes ont fait l'objet de vastes analyses, soit comme solutions de rechange à la surveillance d'E. coli et des entérocoques, soit comme indicateurs supplémentaires en vue d'une meilleure caractérisation des risques. Il s'agit des Bacteroides spp., des spores de Clostridium perfringens, des coliphages mâles spécifiques et somatiques (bactériophages infectant E. coli) et des bactériophages infectant Bacteroides fragilis. Le tableau 3 présente un résumé des caractéristiques des microorganismes indicateurs recommandés et potentiels.

Les rôles potentiels de ces autres indicateurs varient. Par exemple, les virus entériques représentent le risque pour la santé le plus important dans bon nombre de plan d'eaux utilisés à des fins récréatives qui sont contaminés par des sources de matières fécales humaines. Aussi, bien qu'E. coli et les entérocoques constituent de bons indicateurs de contamination fécale, il ne s'agit peut-être pas d'indicateurs adéquats des virus entériques humains. D'autres indicateurs, comme les coliphages, les bactériophages des Bacteroides spp. ou les marqueurs des eaux usées domestiques, peuvent fournir des renseignements supplémentaires sur les risques pour la santé humaine associés à une plage (Nelson et coll., 2018; Boehm et coll., 2020). En outre, les sources de contamination fécale peuvent ne pas être connues pour bon nombre de plages, ce qui empêche une analyse complète des risques potentiels pour la santé humaine. Comme il a été suggéré à la section Application des recommandations, l'utilisation de marqueurs de dépistage des sources de pollution microbienne, liés à des microorganismes comme les Bacteroides spp., peut fournir des renseignements précieux sur les sources de contamination fécale (Boehm et coll., 2018). Cela pourrait aussi aider à déterminer l'utilité de recommander des valeurs propres au site. Des seuils fondés sur les risques ont été proposés pour les marqueurs de contamination fécale (par exemple HF183) qui visent les Bacteroides spp. (Boehm et coll., 2018; Boehm et Soller, 2020). D'autres renseignements sur le dépistage des sources de pollution microbienne et la compréhension et la gestion des risques dans les zones récréatives se trouvent dans le document technique Comprendre et gérer les risques dans les eaux récréatives (Santé Canada, en cours de publication-b).

Tableau 3. Caractéristiques des microorganismes indicateurs recommandés et potentiels

Caractéristiques

Microorganisme indicateur

Recommandé

Potentiel

E. coli Entérocoques C. perfringens Bacteroides spp. Coliphages Bactériophages des Bacteroides spp.
Brève description Bactérie à Gram négatif asporulée Bactérie à Gram positif asporulée; > 30 espèces, dont E. faecalis et E. faecium, qui sont plus fréquentes dans les milieux aquatiques Bactérie à Gram positif sporulée et anaérobie Bactérie à Gram négatif asporulée et anaérobie; espèces dominantes : B. fragilis, B. vulgatus, B. distasonis et B. thetaiotaomicron Deux types principaux : 1) coliphages somatiques – groupe diversifié qui peut infecter divers membres de la famille des Enterobacteriaceae, et 2) coliphages mâles spécifiques (F+) Les souches hôtes des bactériophages les plus souvent utilisés sont B. fragilis et B. thetaiotaomicron; crAssphage fait partie de ce groupe de bactériophages
Comprend des membres qui ne sont pas des agents pathogènes humains Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Comprend des membres qui constituent des agents pathogènes humains Oui Oui Oui Non Non Non

Présent dans le

tractus intestinal

des humains et

des animaux à

sang chaud

De 107 à 109 ufc/g d'excréments humains; de 103 à 109 ufc/g d'excréments animaux Les excréments humains et animaux contiennent de 103 à 107 ufc/g Chez les humains : de 103 à 108 cellules/g d'excréments; chez les chiens, les chats et les moutons : de 105 à 108 cellules/g d'excréments; toujours présent dans les réseaux de collecte des eaux usées domestiques 1011 cellules/g d'excréments (sauf chez certains oiseaux) Chez les humains : de 101 à 104 ufp/g d'excréments; chez les animaux : < 10 à 107 ufp/g d'excréments; eaux usées non traitées : 106 ufp/g Chez les humains : de 10 à 102 ufp/g d'excréments, taux d'isolation variable; eaux usées : < 10 à 105 phages/100 mL; non détecté chez les animaux
Présent en plus grand nombre que les agents pathogènes entériques dans les eaux récemment contaminées par des matières fécales Oui Oui Concentration tributaire de la source de contamination Données insuffisantes Concentration tributaire de la source de contamination Concentration tributaire de la source de contamination

Capable de croître dans le milieu

aquatique

Oui, dans des conditions précises Oui, dans des conditions précises Non Non Les coliphages somatiques peuvent proliférer si la bactérie hôte croît dans le milieu; les coliphages F+ sont peu susceptibles de croître; aucune croissance appréciable n'est attendue dans les deux cas. Non

Capable de

survivre plus

longtemps que les agents pathogènes

Semblable aux agents pathogènes bactériens Semblable aux agents pathogènes bactériens Oui Données insuffisantes Semblable aux virus entériques Semblable aux virus entériques
Utilisable dans les eaux douces, estuariennes et marines OuiNote de bas de page 1 Oui Oui Oui Oui Oui

Associé

exclusivement à

la présence de

matières fécales

d'origine animale

et humaine

Non Non Non Données insuffisantes Oui Oui
Association entre les maladies gastro-intestinales et l'indicateur Oui Oui Oui, quoique l'association soit ténue dans certaines études Faibles associations; plus grand nombre d'études requises concernant le marqueur propre à l'humain (HF183) Oui Non
Caractéristiques propres à l'hôte pour le dépistage des sources de pollution microbienne Non Non Non Oui Peut-être (pour les coliphages F+) Peut-être (observation d'une certaine réactivité croisée)
Disponibilité d'une méthode fondée sur la culture rapide, facile et peu coûteuse Oui Oui Oui Non Oui Non
Disponibilité d'une méthode moléculaire bien établie NonNote de bas de page 2 Oui Oui Oui Non Oui

Rôle proposé

pour l'instant

Indicateur primaire Indicateur primaire Indicateur secondaire (par exemple eaux usées) Dépistage des sources de pollution microbienne; indicateur secondaire Indicateur secondaire (excréments humains); dépistage des sources de pollution microbienne Indicateur secondaire (excréments humains)
Documents de référence
  • Dufour, 1984;
  • Edberg et coll., 2000;
  • Solo-Gabriele et coll., 2000;
  • Ashbolt et coll., 2001;
  • Leclerc et coll., 2001;
  • Wade et coll., 2003;
  • Marion et coll., 2010;
  • Byappanahalli et coll., 2012b;
  • Ervin et coll., 2013
  • Bartram et Rees, 2000;
  • Edberg et coll., 2000;
  • Ashbolt et coll., 2001;
  • Wade et coll., 2003;
  • Wade et coll., 2006;
  • Wade et coll., 2008;
  • Verhougstraete et coll., 2010;
  • Byappanahalli et coll., 2012a;
  • Ervin et coll., 2013;
  • Staley, et coll., 2014
  • Fujioka et Shizumura, 1985;
  • Ashbolt et coll., 2001;
  • Lipp et coll., 2001;
  • Hörman et coll., 2004;
  • Fernandez-Miyakawa et coll., 2005;
  • Wiedenmann et coll., 2006;
  • Carman et coll., 2008;
  • Mueller-Spitz et coll., 2010;
  • Wade et coll., 2010;
  • Viau et coll., 2011;
  • Vierheilig et coll., 2013;
  • Jacob et coll., 2015
  • Bernhard et Field, 2000a, 2000 b;
  • Wade et coll., 2006;
  • Hong et coll., 2008;
  • Ballesté et Blanch, 2010;
  • Wade et coll., 2010;
  • McQuaig et coll., 2012;
  • Cao et coll., 2016;
  • Lloyd-Price et coll., 2016;
  • Hughes et coll., 2017;
  • Napier et coll., 2017
  • Cole et coll., 2003;
  • Muniesa et coll., 2003;
  • Luther et Fujioka, 2004;
  • Nappier et coll., 2006;
  • Colford et coll., 2007;
  • Wade et coll., 2010;
  • Lee et Sobsey, 2011;
  • Wu et coll., 2011;
  • Haramoto et coll., 2012;
  • Plummer et coll., 2014;
  • U.S. EPA, 2015;
  • Griffith et coll., 2016;
  • Jofre et coll., 2016;
  • Benjamin-Chung et coll., 2017;
  • Jebri et coll., 2017;
  • Nappier et coll., 2019
  • Puig et coll., 1999;
  • Mocé-Llivina et coll., 2005;
  • Payan et coll., 2005;
  • McLaughlin et Rose, 2006;
  • Ebdon et coll., 2012;
  • Harwood et coll., 2013;
  • McMinn et coll., 2014;
  • Sirikanchana et coll., 2014;
  • Stachler et Bibby, 2014;
  • Diston et Wicki, 2015;
  • McMinn et coll., 2017;
  • Dias et coll., 2018;
  • Korajkic et coll., 2020
Note de bas de page 1

E. coli devrait seulement servir d'indicateur dans le cas des eaux estuariennes et marines s'il a été démontré les résultats sont comparables à ceux des entérocoques

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Note de bas de page 2

Une méthode moléculaire est en cours d'élaboration

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ufp
unités formant plages

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