Chapitre 4 : Incidence du cancer au Canada : tendances et projections (1983-2032) – Cancer de la vessie - PSPMC: Volume 35, supplément 1, Printemps 2015

Chapitre 4: Projections par siège de cancer

17. Cancer de la vessie

Le cancer de la vessie est le seul siège pour lequel les cas de tumeur maligne et de tumeur in situ sont colligés ensemble. Les registres provinciaux et territoriaux du cancer, exceptés ceux de l'Ontario, fournissent seulement le total combiné des cas de cancer de la vessie in situ et invasifs pour le Registre canadien du cancer (RCC). Cette situation est attribuable, notamment, au fait qu'il est difficile de déterminer à partir des rapports de pathologie s'il y a ou non une invasion précoce, et au fait que les taux de récidive et de progression des tumeurs in situ sont élevés.^{Note du fin du texte 241, Note du fin du texte 242, Note du fin du texte 243}

En 2003-2007, le cancer de la vessie se classait au quatrième rang des cancers les plus répandus chez les hommes canadiens pour les nouveaux cas diagnostiqués, et au onzième rang chez les Canadiennes. Un homme sur 28 et 1 femme sur 78 sont susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la vessie au cours de leur vie, et 1 homme sur 89 et 1 femme sur 213 mourront de ce cancer.^{Note du fin du texte 1} Le nombre annuel moyen de nouveaux cas de cancer de la vessie s'établissait, en 2003-2007, à 4 815 chez les hommes et à 1 705 chez les femmes, soit 6,0 % de tous les cas de cancer chez les hommes et 2,3 % chez les femmes (tableaux 4.17.1 et 4.17.2).

Au cours de la dernière période d'observation (2003-2007), l'incidence augmentait de façon exponentielle avec l'âge chez les hommes et de façon linéaire chez les femmes (tableaux 4.17.3 et 4.17.4).

Ainsi, le rapport hommes/femmes des taux augmentait avec l'âge, passant de 2,0:1 chez les jeunes adultes (< 45 ans) à 3,9:1 dans le groupe le plus âgé (85 ans et plus) (figure 4.17.2). Au cours de la même période, environ 71 % de tous les cas de cancer de la vessie étaient diagnostiqués chez les 65 ans et plus. Le taux de survie relative à cinq ans lié au cancer de la vessie s'établissait à 74 % en 2006-2008.^{Note du fin du texte 1}

Toutes les régions affichaient des TINA relativement stables chez les hommes entre 1988 et 2002, mais une tendance à la baisse a été observée au cours des dix dernières années (figure 4.17.1). Chez les femmes, les taux affichés dans toutes les régions sont demeurés stables. Toutefois, au cours de la dernière décennie d'observation, on a observé une hausse modérée des taux enregistrés pour les femmes au Québec et dans la région de l'Atlantique, de même qu'une baisse marquée de ces taux en Colombie-Britannique. Entre 1998 et 2007, les TINA du cancer de la vessie ont connu une baisse significative de 0,7 % par année chez les hommes, alors qu'ils sont demeurés stables chez les femmes, une légère baisse de seulement 0,1 % par année ayant été observée (figures 3.1 et 3.2).

On prévoit que les taux diminueront chez les hommes dans toutes les régions (figure 4.17.1), mais à des degrés divers. Quant aux femmes, les taux devraient augmenter légèrement au Québec et se stabiliser dans les autres régions. Le classement régional interne des TINA devrait être semblable pour les hommes et les femmes : les taux les plus élevés seraient enregistrés au Québec et les plus bas, en Colombie-Britannique. Au Canada, entre 2003-2007 et 2028-2032, on prévoit que les TINA du cancer de la vessie chuteront de 14 % chez les hommes, passant de 27,9 à 24,0 pour 100 000, et de 6 % chez les femmes, passant de 7,7 à 7,3 pour 100 000 (tableaux 4.17.3 et 4.17.4). Toutefois, compte tenu de la croissance et du vieillissement de la population, le nombre annuel de nouveaux cas décelés chez les hommes connaîtra une hausse de 83 %, passant de 4 815 à 8 825 cas, alors que chez les femmes, il augmentera de 78 %, passant de 1 705 à 3 030 cas (tableaux 4.17.1 et 4.17.2).

Si l'on tient compte du nombre prévu de cas in situ en Ontario, le nombre de cas pour l'ensemble du Canada augmenterait entre 2003-2007 et 2028-2032, passant approximativement de 5 510 à 10 135 cas annuellement chez les hommes, et de 2 005 à 3 560 cas chez les femmes. Le nombre annuel de nouveaux cas prévus en Ontario ajusté pour tenir compte des cas in situ connaîtrait une hausse, passant d'environ 2 045 à 3 825 cas chez les hommes et de 785 à 1 385 cas chez les femmes. La prédiction correspondante concernant les TINA ajustés en fonction des données de l'Ontario sera une baisse, soit de 31,1 à 26,4 pour 100 000 chez les hommes et de 9,4 à 8,8 pour 100 000 chez les femmes.

Observations

Comme l'Ontario n'a pas déclaré les cas de cancer in situ, les taux de cancer de la vessie enregistrés dans les données utilisées pour cette monographie étaient plus faibles dans cette province. L'Ontario commencera à inclure ces cas dans les registres de données à venir. D'après les données recueillies pour 2000-2002 (mais qui ne figurent pas dans le registre de l'Ontario),^{Note du fin du texte 1} on prévoit que ce changement dans la déclaration des cas en Ontario entraînera un rapprochement de ses taux de cancer de la vessie observés avec ceux enregistrés dans les Prairies et en Colombie-Britannique, soit une augmentation du nombre cas en Ontario de l'ordre de 52 % chez les hommes et de 62 % chez les femmes et une hausse similaire des taux.

Le tabagisme constitue le principal facteur de risque évitable associé au cancer de la vessie.^{Note du fin du texte 47, Note du fin du texte 86} En Europe, le tabagisme compte pour environ 50 % des cas de cancer de la vessie chez les hommes et 30 % des cas observés chez les femmes.^{Note du fin du texte 244, Note du fin du texte 245} Le risque de cancer de la vessie auquel s'exposent les fumeurs est jusqu'à quatre fois plus élevé que celui des non-fumeurs,^{Note du fin du texte 246, Note du fin du texte 247} et il existe des relations dose-réponse en fonction de la fréquence et de la durée du tabagisme.^{Note du fin du texte 86, Note du fin du texte 248} Comme nous l'avons déjà mentionné, on a observé des baisses de la prévalence du tabagisme 20 ans plus tôt chez les hommes que chez les femmes au Canada.^{Note du fin du texte 42, Note du fin du texte 43} La diminution du tabagisme a eu des répercussions sur les données d'incidence observées chez les hommes et, par le fait même, ces répercussions ont contribué à la baisse prévue des tendances de l'incidence, ce qui n'est pas encore le cas concernant les tendances chez les femmes en raison du décalage de 20 à 30 ans entre le déclin des taux de tabagisme et la baisse subséquente des taux d'incidence du cancer.^{Note du fin du texte 249} Par conséquent, les taux d'incidence du cancer de la vessie chez les femmes devraient commencer à diminuer sur le long terme.

Des études épidémiologiques associent depuis plus de 100 ans le cancer de la vessie à des expositions professionnelles .^{Note du fin du texte 248} Une étude cas-témoins réalisée dans la région de Montréal a révélé que 6,5% des cas de cancer de la vessie étaient attribuables à des expositions professionnelles (notamment chez les conducteurs de véhicules motorisés en raison du transport routier et chez les teinturiers de textiles en raison des amines aromatiques).^{Note du fin du texte 250} Une autre étude menée au Canada a révélé une augmentation statistiquement significative des risques de cancer de la vessie chez les hommes travaillant dans l'industrie des métaux de première transformation et dans la mécanique automobile, de même que chez les femmes travaillant comme commis de bureau, ainsi qu'un effet durée-réponse.^{Note du fin du texte 251}

Deux analyses de données groupées tirées d'études épidémiologiques, réalisées au Canada, aux É.-U., en Finlande, en France et en Italie, ont montré l'existence d'une association significative entre la consommation d'eau du robinet et le risque de cancer de la vessie, plus particulièrement chez les hommes.^{Note du fin du texte 252, Note du fin du texte 253} Des données sommaires sur la relation dose-réponse portent à croire que des substances chimiques cancérogènes (comme le chloroforme et d'autres trihalométhanes) contenues dans l'eau du robinet sont responsables de ce risque accru.