Chapitre 4 : Incidence du cancer au Canada : tendances et projections (1983-2032) – Cancer du rein - PSPMC: Volume 35, supplément 1, Printemps 2015

Chapitre 4: Projections par siège de cancer

16. Cancer du rein

En 2003-2007, le cancer du rein se classait au sixième rang des cancers les plus répandus chez les hommes canadiens pour les nouveaux cas diagnostiqués, alors qu'il se classait au douzième rang chez les Canadiennes. Le nombre annuel moyen de cas de cancer du rein durant cette période s'établissait à 2 580 chez les hommes et à 1 665 chez les femmes, soit une proportion de 3,2 % de tous les cas chez les hommes et de 2,2 % chez les femmes (tableaux 4.16.1 et 4.16.2). Un homme sur 56 et 1 femme sur 82 sont susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer du rein au cours de leur vie, et 1 homme sur 149 et 1 femme sur 252 mourront de ce cancer.^{Note du fin du texte 1} Au Canada, en 2006-2008, le taux de survie relative à cinq ans lié au cancer du rein s'établissait à 68 % pour les deux sexes combinés.^{Note du fin du texte 1}

En 2003-2007, les TINA du cancer du rein augmentaient avec l'âge, jusqu'à 83,1 cas pour 100 000 chez les hommes de 85 ans et plus et à 43,4 cas pour 100 000 chez les femmes du même âge. Toutefois, chez les 55 ans et plus, la hausse était moins marquée chez les femmes que chez les hommes (tableaux 4.16.3 et 4.16.4). Dans l'ensemble, l'incidence du cancer du rein était près de deux fois supérieure chez les hommes. Pour chaque période d'observation, le rapport hommes/femmes s'accroissait avec l'âge jusqu'au groupe des 65 à 74 ans, pour se stabiliser à près de 2:1 chez les groupes plus âgés (figure 4.16.2). Les tableaux 4.16.1 et 4.16.2 montrent qu'environ 90 % des cas ont été diagnostiqués chez des personnes de 45 ans et plus en 2003-2007.

La figure 4.16.1 montre que les taux d'incidence se sont accrus de manière générale pour les deux sexes au cours des années 1980, pour se stabiliser entre 1988-1992 et 1993-1997 et connaître une nouvelle hausse par la suite. En 2003-2007, les TINA du cancer du rein se sont accrus de façon significative chez les hommes, soit de 2,6 % par année (un point de retournement de la tendance a été décelé à partir de 2003, figure 3.1). Entre 1998 et 2007, les TINA ont connu une hausse significative chez les femmes, de 1,9 % par année (figure 3.2).

La figure 4.16.2 indique que l'incidence du cancer du rein a augmenté au cours des périodes d'observation chez les hommes et les femmes de tous les groupes d'âge, les hausses étant plus fortes chez les hommes au cours des années 1980 dans tous les groupes d'âge (sauf chez les 75 à 84 ans) au cours des deux dernières périodes d'observation.

La tendance actuelle à la hausse des taux au Canada devrait se poursuivre dans tous les groupes d'âge (figure 4.16.2). La figure 4.16.1 montre que les taux de cancer du rein augmenteront chez les hommes et les femmes de toutes les régions, sauf en Colombie-Britannique, où on prévoit une baisse graduelle, et dans les Prairies chez les femmes, où on prévoit une stabilisation des taux. Les taux les plus élevés devraient être observés dans la région de l'Atlantique, alors qu'on devrait enregistrer des taux significativement moins élevés en Colombie-Britannique.

Au Canada, entre 2003-2007 et 2028-2032, on prévoit que les TINA du cancer du rein augmenteront d'environ 7 % chez les deux sexes, passant de 14,4 à 15,5 pour 100 000 chez les hommes et de 8,0 à 8,6 pour 100 000 chez les femmes (tableaux 4.16.3 et 4.16.4). Le nombre annuel de nouveaux cas devrait augmenter de 95 % chez les hommes, passant de 2 580 cas à 5 020, et de 84 % chez les femmes, passant de 1 665 cas à 3 070 (tableaux 4.16.1 et 4.16.2).

Observations

Des hausses de l'incidence du cancer du rein ont été observées aux États-Unis, dans certains pays européens, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans certains pays asiatiques.^{Note du fin du texte 224, Note du fin du texte 225, Note du fin du texte 226, Note du fin du texte 227, Note du fin du texte 228, Note du fin du texte 229, Note du fin du texte 230} Bien que l'utilisation accrue de systèmes d'imagerie diagnostique de pointe ait pu mener à la détection fortuite de cas de cancer du rein asymptomatiques,^{Note du fin du texte 231} l'incidence des cas de cancer détectés à un stade plus avancé n'a pas diminué.^{Note du fin du texte 232} Cette observation donne à penser que les cas de cancer du rein ont connu une hausse réelle, laquelle ne peut pas être attribuable seulement à des changements au niveau des pratiques diagnostiques.^{Note du fin du texte 225}

La tendance à la hausse des cas de cancer du rein au Canada peut s'expliquer en partie par des changements au niveau des facteurs de risque. Les principaux facteurs de risque liés au cancer du rein sont le tabagisme, l'obésité et certaines affections médicales et génétiques. Le risque est 50% plus élevé chez les fumeurs86. Le tabagisme cause environ de 20 à 30 % des cas de cancer du rein chez les hommes et entre 10 % et 24 % des cas chez les femmes.^{Note du fin du texte 111, Note du fin du texte 233, Note du fin du texte 234, Note du fin du texte 235} La prévalence du tabagisme a commencé à décroître au milieu des années 1960 chez les hommes et au milieu des années 1980 chez les femmes.^{Note du fin du texte 42, Note du fin du texte 43} Celle qui a été observée auparavant peut avoir contribué aux hausses des taux du cancer du rein survenues autour de ces périodes et immédiatement après. Les baisses de cette prévalence devraient freiner toute hausse future de l'incidence du cancer du rein.

L'obésité est un facteur de risque important pour les deux sexes : elle est responsable d'environ 20 % des cas de néphrocarcinome, soit la principale forme de cancer du rein.^{Note du fin du texte 233, Note du fin du texte 235} Les taux de prévalence de l'obésité ont presque doublé chez les adultes entre 1978-1979 et 2012.^{Note du fin du texte 51, Note du fin du texte 72, Note du fin du texte 73} Au Canada, les taux d'obésité et de cancer du rein ont connu une hausse comparable au cours des dernières décennies.

Les taux d'embon point ou d'obésité et les taux de tabagisme standardisés pour l'âge ont été plus bas en Colombie-Britannique que dans les autres provinces.^{Note du fin du texte 51, Note du fin du texte 73} Cela explique en partie les faibles taux d'incidence du cancer du rein en Colombie-Britannique.

L'hypertension a été associée à un risque excédentaire de 20 à 300 %,^{Note du fin du texte 233, Note du fin du texte 234} et une relation dose-réponse est possible.^{Note du fin du texte 86} La prévention et le contrôle de l'hypertension peuvent réduire l'incidence du cancer du rein.^{Note du fin du texte 236} Une méta-analyse de 24 études laisse penser que le diabète est associé à un risque accru de cancer du rein, indépendamment de la consommation d'alcool, de l'obésité et du tabagisme.^{Note du fin du texte 237} Elle laisse également penser la présence d'un risque accru de cancer du rein chez les patients atteints d'une maladie kystique rénale acquise.^{Note du fin du texte 238} Les prédispositions héréditaires, qui se manifestent dès la naissance, sont responsables de moins de 5 % des cas de cancer du rein.^{Note du fin du texte 224, Note du fin du texte 239} Selon le CIRC, il existe suffisamment de données attestant que le trichloroéthylène (utilisé principalement pour le dégraissage des pièces métalliques, surtout dans l'industrie aéronautique et l'aérospatiale) cause le cancer du rein.^{Note du fin du texte 47} Selon une métaanalyse d'études publiées de 1950 à 2011 menée récemment par le National Cancer Institute des États-Unis, un risque accru de 32 % est associé à une exposition professionnelle au trichloroéthylène.^{Note du fin du texte 240}