Infection invasive à méningocoque : Pour les professionnels de la santé

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Renseignements importants

L'infection à méningocoque est causée par la bactérie aérobie à Gram négatif Neisseria meningitidis (méningocoque). Lorsque N. meningitidis pénètre dans des sites normalement stériles de l'organisme, c'est là que l'infection devient invasive. L'infection invasive à méningocoque est une maladie à déclaration obligatoire à l'échelle nationale qui peut causer :

Il est possible que l'infection provoque les deux.

Les méningocoques peuvent occasionnellement causer des infections non invasives, comme la conjonctivite ou l'urétrite.

La bactérie se transmet d'une personne à l'autre par des gouttelettes respiratoires.

Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) recommande la vaccination systématique contre l'infection. Pour sa part, le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV) recommande de se faire vacciner avant de se rendre dans une région où le risque d'infection à méningocoque est élevé.

Pour en savoir plus :

Épidémiologie

Les méningocoques peuvent être classés en 12 sérogroupes différents selon leur capsule polysaccharides. Six de ces groupes (A, B, C, X, W et Y) sont le plus souvent associés à l'infection invasive à méningocoque au Canada et dans le monde. L'incidence varie en fonction du sérogroupe.

Pour en savoir plus :

Réservoir

Les humains sont le seul réservoir.

Période d'incubation

L'infection invasive à méningocoque est caractérisée par une brève période d'incubation de 2 à 10 jours (habituellement 3 ou 4 jours).

Transmission

L'infection invasive à méningocoque est transmise par des gouttelettes respiratoires et des sécrétions de la gorge.

Certaines personnes sont porteuses asymptomatiques de méningocoques, typables et non typables.

Pour en savoir plus :

Manifestations cliniques

L'infection invasive à méningocoque peut donner lieu à une méningite ou une septicémie, ou aux deux.

Les symptômes se manifestent de 2 à 10 jours (habituellement en 3 ou 4 jours) après l'exposition.

Les signes et symptômes courants de la méningite peuvent inclure l'apparition soudaine de :

Voici d'autres symptômes courants de la méningite :

Une éruption pétéchiale avec des macules roses (ou parfois des vésicules) peut être observée, de même que des pétéchies sur la conjonctive ou le palais.

L'éruption peut être plus difficile à voir chez les personnes à la peau plus foncée. Regardez les zones les plus pâles, comme :

La méningite peut se manifester différemment ou de façon plus subtile chez les nouveau-nés et les nourrissons. Les nouveau-nés et les nourrissons peuvent :

Les symptômes de la méningococcémie peuvent inclure l'apparition soudaine de :

On peut aussi observer une apparition soudaine des symptômes suivants :

Complications de l'infection invasive à méningocoque

De 2012 à 2021, il y a eu 738 cas d'infection invasive à méningocoque pour lesquels des données sur les résultats étaient disponibles. Parmi ces cas, 104 personnes sont décédées des suites associées à la maladie. Cela représente un taux de fatalité global de 14,1 %.

Le taux de fatalité était le plus élevé chez les personnes de moins de 1 an, suivies de près par celles âgées de :

Environ 15 à 20 % des personnes qui ont survécu auront des séquelles à long terme de l'infection. Parmi ces séquelles, citons les suivantes :

Images de manifestations cliniques d'infection invasive à méningocoque

Image 1 : Gangrène des mains et des membres inférieurs Image 2 : Membres inférieurs
nourrisson de 4 mois à la peau claire atteint de la gangrène des mains et des membres inférieurs causée par la méningococcémie
Source : Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.
membres inférieurs d'un enfant présentant des pétéchies ou du purpura sans blancheur à la pression causé par la méningococcémie
Avec l'aimable autorisation de l'American Academy of Pediatrics.

L'image 1, à gauche, montre un nourrisson de 4 mois à la peau claire atteint de la gangrène des mains et des membres inférieurs causée par la méningococcémie.

L'image 2, à droite, montre les membres inférieurs d'un enfant présentant des pétéchies ou du purpura sans blancheur à la pression causé par la méningococcémie.

Image 3 : Purpura du pied Image 4 : Purpura du pied
pied d'une adolescente atteinte de purpura au pied gauche
Avec l'aimable autorisation de l'American Academy of Pediatrics.
éruption cutanée sur la jambe d'un enfant à la peau foncée, illustrant le fait qu'elle est moins évidente sur la peau plus foncée
Avec l'aimable autorisation du National Health Service du Royaume-Uni

L'image 3, à gauche, montre le pied d'une adolescente atteinte de purpura au pied gauche.

L'image 4, à droite, montre une éruption cutanée sur la jambe d'un enfant à la peau foncée, illustrant le fait qu'elle est moins évidente sur la peau plus foncée.

Facteurs de risque

Les personnes les plus à risque d'infections à méningocoque en raison de causes sous-jacentes comprennent celles qui présentent :

Les personnes dont le risque d'exposition à l'infection invasive à méningocoque est accru comprennent les :

L'âge est un facteur de prédiction du risque. De 2012 à 2022 au Canada, les taux d'incidence annuels étaient les plus élevés chez les :

Dans les études épidémiologiques, une incidence accrue des infections a également été observée chez les personnes qui :

Diagnostics et analyses en laboratoire

Un fournisseur de soins de santé qui soupçonne une infection invasive à méningocoque en fonction des antécédents d'une personne et de la présentation de l'infection doit confirmer le diagnostic en prélevant un échantillon pour analyse en laboratoire.

Une culture ou un échantillonnage pour analyse par réaction en chaîne de la polymérase (PCR) de N. meningitidis prélevé d'un site stérile confirme le diagnostic. Le Laboratoire national de microbiologie au Canada analyse les échantillons de N. meningitidis pour identifier le sérogroupe et effectue des tests bactériologiques plus poussés, notamment :

Un fournisseur de soins de santé doit prélever et envoyer un échantillon de :

Les échantillons par grattage de lésions purpuriques et pétéchiales, les échantillons de liquide synovial et des échantillons prélevés d'autres sites stériles peuvent aussi parfois s'avérer positifs.

L'analyse PCR et la détection des antigènes sont d'autres méthodes utilisées pour poser un diagnostic.

Les fournisseurs de soins de santé doivent déclarer les cas soupçonnés d'infection invasive à méningocoque à leur service local de santé publique, étant donné qu'il s'agit d'une maladie à déclaration obligatoire partout au pays.

Seuls les cas qui répondent à la définition de cas nationale sont signalés au Système national de surveillance améliorée de la méningococcie invasive.

Pour en savoir plus :

Traitement

Le traitement empirique des cas soupçonnés d'infection invasive à méningocoque doit être entamé le plus rapidement possible. Des cas d'infection invasive à méningocoque résistante à la pénicilline ont été signalés. Veuillez consulter les lignes directrices en vigueur ou adressez-vous à un spécialiste des maladies infectieuses.

Des soins médicaux de soutien en milieu hospitalier sont généralement nécessaires. De nombreux patients doivent être hospitalisés aux soins intensifs ou ont besoin de soins chirurgicaux.

Pour en savoir plus :

Prévention

La vaccination peut réduire les infections invasives à méningocoque causées par les sérogroupes A, B, C, W et Y. L'utilisation des préparations vaccinales antiméningococciques suivantes est autorisée au Canada :

L'efficacité du vaccin dépend du sérogroupe et du moment où la dernière vaccination a eu lieu. Des doses supplémentaires pourraient être recommandées pour les personnes appartenant à certains groupes.

L'utilisation du vaccin Men-C-C est recommandée par le CCNI dans le cadre du calendrier de vaccination systématique des enfants.

La recommandation du CCNI est que les adolescents et les jeunes adultes, en fonction des considérations locales relatives à l'épidémiologie et aux programmes, reçoivent systématiquement une dose de vaccin conjugué monovalent (Men-C-C) ou une dose de vaccin conjugué quadrivalent (Men-C-ACYW) à l'âge de 12 ans, et ce, même s'ils ont été vaccinés dans leur enfance.

Les vaccins 4CMenB ou MenB-fHBP peuvent être envisagés au cas par cas, selon les critères suivants :

De plus, les vaccins antiméningococciques sont recommandés chez certaines personnes :

Pour connaître les recommandations précises quant aux vaccins antiméningococciques et leurs indications, veuillez consulter :

Pour en savoir plus :

Doses de rappel et revaccination

Des doses supplémentaires du vaccin Men-C-ACYW aux fins de protection contre les infections invasives à méningocoque pourraient être recommandées :

Les vaccins Men-C-C ou Men-C-ACYW peuvent également être recommandés :

Pour en savoir plus :

Évènements indésirables et contre-indications

Les évènements indésirables suivant la vaccination sont habituellement bénins et disparaissent d'eux-mêmes, y compris les réactions au site d'injection qui se produisent peu après la vaccination. Certains effets secondaires peuvent se manifester après la vaccination, comme la fièvre et une sensation de malaise.

Très peu de personnes ne peuvent pas recevoir de vaccins antiméningococciques. Des antécédents d'anaphylaxie suivant la vaccination sont une contre-indication. L'administration du vaccin contre le méningocoque devrait être retardée chez les personnes atteintes d'une maladie aiguë modérée ou grave.

Dans le cas d'une maladie aiguë mineure (avec ou sans fièvre), la personne peut être vaccinée.

Obligatoire dans toutes les provinces et tous les territoires, la déclaration des évènements indésirables suivant la vaccination est importante pour orienter les mesures de surveillance de la sécurité des vaccins. Pour permettre la détection des problèmes d'innocuité, les déclarations provenant de partout au pays sont compilées et analysées, de même que les :

Les fournisseurs de soins de santé doivent déclarer les effets secondaires graves suivant l'immunisation aux services locaux de santé publique.

Pour en savoir plus :

Prise en charge post-exposition et gestion des éclosions

Prise en charge post-exposition

Les contacts étroits des personnes infectées par le méningocoque courent un risque accru d'infection invasive à méningocoque. Une chimioprophylaxie au moyen d'antibiotiques est recommandée pour toutes les personnes en contact étroit avec un cas d'infection invasive à méningocoque au cours des 7 jours précédant l'apparition des symptômes chez le cas et jusqu'à 24 heures après, et ce, quel que soit l'état vaccinal.

La vaccination ou revaccination de certains contacts étroits, en plus d'une chimioprophylaxie, devrait être envisagée lorsque l'infection par le sérogroupe en cause est évitable par la vaccination, car elle pourrait diminuer davantage le risque de méningococcie ultérieure.

Pour en savoir plus :

Gestion des éclosions

Pendant une éclosion d'infections invasives à méningocoque, il est important de consulter les responsables de la santé publique et des spécialistes en maladies transmissibles.

Les éclosions peuvent être gérées grâce à un vaccin conjugué contre le méningocoque, selon le sérogroupe à l'origine de l'éclosion et l'âge des personnes qui se font vacciner. On peut procéder à une revaccination des personnes qui ont déjà reçu le vaccin.

Pour en savoir plus :

Surveillance et contrôle

L'infection invasive à méningocoque est endémique au Canada, mais les cas sont rares.

Systèmes de surveillance au Canada

Depuis 1924, année à laquelle l'infection invasive à méningocoque est devenue une maladie à déclaration obligatoire à l'échelle nationale, plus de 23 000 personnes l'ont contractée au Canada.

Les fournisseurs de soins de santé sont tenus de signaler à leur service local de santé publique les cas qui répondent à la définition nationale de cas. Cette information est ensuite transmise aux responsables provinciaux et territoriaux de la santé publique puis à l'Agence de la santé publique du Canada.

Le Système national de surveillance améliorée de la méningococcie invasive fait partie du système sur lequel s'appuie l'Agence de la santé publique pour assurer la surveillance nationale. Il a été créé dans le but de regrouper des données épidémiologiques et de laboratoire améliorées sur les cas d'infection invasive à méningocoque pour pouvoir décrire les tendances annuelles, en particulier celles se rapportant aux sérogroupes. Le système a été établi en 1992 et recueille des données anonymes depuis 1985 (les données de 1985 à 1991 ont été recueillies rétrospectivement).

Programmes de vaccination au Canada

La mise en place au Canada de programmes de vaccination systématique contre l'infection invasive à méningocoque au moyen du vaccin conjugué contre le méningocoque de type C (Men-C-C) a commencé en 2002. Dès 2007, des vaccins conjugués monovalents (ciblant le sérogroupe C) et quadrivalents (ciblant les sérogroupes A, C, W et Y) étaient utilisés partout au Canada. Le vaccin multicomposant contre le méningocoque de type B (4CMenB) est utilisé pour contrôler les éclosions.

Épidémiologie au Canada

Le taux moyen d'incidence de l'infection invasive à méningocoque était de :

Cela correspond à une diminution du taux d'incidence globale de 66 % (figure 1).

Plus précisément, grâce à la vaccination systématique, l'incidence du sérogroupe C a diminué de 96 % (figure 2). Le Canada est en voie d'atteindre sa cible de réduction fixée à moins de 5 cas d'infection au sérogroupe C par année chez les enfants de moins de 19 ans d'ici 2025.

De 2017 à 2021, le sérogroupe B était à l'origine de 33 % des cas signalés au Canada. Ce sérogroupe était également responsable de la majorité des décès signalés. Le sérogroupe B touche surtout les jeunes (les enfants de moins de 1 an et les enfants âgés de 1 à 4 ans).

La majorité des cas sont attribuables au sérogroupe B, qui est globalement en recul depuis le pic atteint en 2007. Cependant, les taux d'incidence du sérogroupe W sont en augmentation. Les autres sérogroupes sont restés relativement stables (figure 2).

De 2017 à 2021, les sérogroupes W, Y et C étaient responsables de 32 %, 17 % et 4 % des cas, respectivement.

Pendant cette même période, le taux de létalité associé à l'infection invasive à méningocoque était de 5,2 %.

Figure 1. Nombre de cas d'infection invasive à méningocoque signalés et taux d'incidence globaux au Canada, de 1997 à 2021
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel
Nombre de cas d'infection invasive à méningocoque signalés et taux d'incidence globaux au Canada, de 1997 à 2021
Année Nombre de cas Taux d'incidence
(pour 100 000 habitants)
1997 265 0,89
1998 174 0,58
1999 214 0,7
2000 242 0,79
2001 366 1,18
2002 234 0,75
2003 195 0,62
2004 196 0,61
2005 182 0,56
2006 212 0,65
2007 233 0,71
2008 195 0,59
2009 212 0,63
2010 154 0,45
2011 175 0,51
2012 154 0,44
2013 121 0,34
2014 101 0,29
2015 108 0,3
2016 98 0,27
2017 119 0,33
2018 141 0,38
2019 139 0,37
2020 86 0,23
2021 49 0,13
Figure 2. Taux d'incidence de l'infection invasive à méningocoque par sérogroupe au Canada, de 1997 à 2021
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Équivalent textuel
Incidence de l'infection invasive à méningocoque (pour 100 000 habitants) au Canada, par sérogroupe et par année, de 1997 à 2021
Année Taux d'incidence par sérogroupe (pour 100 000 habitants)
B C Y W Autre
1997 0,36 0,23 0,11 0,03 0,14
1998 0,22 0,13 0,06 0,02 0,16
1999 0,30 0,21 0,06 0,04 0,10
2000 0,22 0,34 0,08 0,03 0,12
2001 0,28 0,60 0,10 0,03 0,17
2002 0,29 0,25 0,12 0,02 0,05
2003 0,26 0,15 0,13 0,05 0,02
2004 0,27 0,17 0,08 0,04 0,04
2005 0,30 0,12 0,07 0,05 0,02
2006 0,35 0,13 0,08 0,02 0,07
2007 0,40 0,09 0,11 0,04 0,06
2008 0,29 0,09 0,11 0,04 0,04
2009 0,38 0,06 0,10 0,04 0,05
2010 0,27 0,03 0,08 0,02 0,04
2011 0,31 0,01 0,10 0,03 0,05
2012 0,32 0,04 0,05 0,01 0,03
2013 0,23 0,02 0,07 0,01 0,02
2014 0,15 0,03 0,08 0,02 0,01
2015 0,18 0,01 0,07 0,03 0,02
2016 0,13 0,01 0,07 0,04 0,02
2017 0,13 0,02 0,06 0,08 0,03
2018 0,07 0,02 0,05 0,12 0,03
2019 0,11 0,01 0,07 0,12 0,05
2020 0,08 0,003 0,05 0,07 0
2021 0,06 0 0,005 0,05 0

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