Comment le Canada fait-il l'estimation des maladies d'origine alimentaire

Pourquoi estimons-nous les maladies d’origine alimentaire au Canada?

Les systèmes de surveillance de la santé publique n’enregistrent qu’une petite partie du nombre total de maladies d’origine alimentaire. Les raisons sont les suivantes :

  • de nombreuses personnes ne reçoivent jamais de diagnostic de maladie d’origine alimentaire, car :
    • elles ne vont pas de faire soigner et guérissent toutes seules
    • elles ne font pas tester un échantillon (selles, urine ou sang)
    • un test en laboratoire peut ne pas identifier la bactérie, le parasite ou le virus qui cause la maladie d’origine alimentaire
  • certaines maladies ne sont pas signalées aux divers systèmes de surveillance de la santé publique

Il est important de comprendre la véritable ampleur des maladies d’origine alimentaire au Canada. Pour nous aider à l’estimer avec une plus grande précision, nous utilisons un ensemble de formules.

Comment estimons-nous les maladies d’origine alimentaire au Canada?

Le Canada estime les maladies d’origine alimentaire causées par des bactéries, des parasites et des virus, ainsi que de cause inconnue. Pour des estimations récentes, nous avons utilisé les données de 2000 à 2010 de plusieurs systèmes de surveillance de la santé publique nationaux, provinciaux et territoriaux.

Estimation des maladies pour les bactéries, les parasites et les virus connus

Nous utilisons 2 méthodes pour estimer le nombre de maladies d’origine alimentaire pour :

  • les bactéries, les parasites et les virus connus pour lesquels il y a des données de surveillance
  • les virus et les bactéries qui ne font pas partie de la surveillance habituelle

Afin de compenser les sous-déclarations et les sous diagnostiques, nous avons mis au point une formule (illustrée  ci-dessous).

Formule 1 - Première approche : agents pathogènes pour lesquels le nombre de cas confirmés en laboratoire a été ajusté

Cas confirmés en laboratoire
× Proportion de cas endémiques
× Multiplicateurs pour la sous déclaration : Par les laboratoires aux autorités locales de la santé publique, Par les autorités locales de la santé publique aux autorités provinciales
× Multiplicateur pour le sous diagnostic : Proportion de cas sévères, Proportion de cas sévères ayant recherché des soins médicaux, Proportion de cas sévères ayant soumis des échantillons, Tests de laboratoire, Sensibilité des tests
× Proportion de cas d’origine alimentaire
= Nombre annuel estimé de cas d’origine alimentaire endémique par pathogène

La formule doit aussi être multipliée par la fraction :

  • de maladies contractées au Canada (non contractées pendant un voyage international)
  • de maladies contractées par la consommation d’aliments

Les bactéries, les parasites et les virus signalés par l’intermédiaire des systèmes de surveillance nationaux utilisant cette méthode sont les suivants :

  • Brucella
  • Campylobacter
  • Clostridium botulinum
  • Cryptosporidium
  • Cyclospora cayetanensis
  • ECPV O157
  • Giardia

Ainsi que les suivants :

  • virus de l’hépatite A
  • Salmonella, non typhique
  • Salmonella typhi
  • Shigella
  • Vibrio cholera
  • Vibrio, autre
  • Vibrio vulnificus

Les bactéries identifiées par l’intermédiaire de systèmes de surveillance provinciaux sont les suivantes :

  • Trichinella
  • Listeria monocytogenes
  • Vibrio parahaemolyticus
  • Yersinia enterocolitica

Pour les virus et les bactéries qui ne sont pas signalés par les systèmes de surveillance habituels, nous estimons le :

  • nombre de Canadiens qui peuvent avoir des symptômes (comme la diarrhée)
  • le pourcentage dont les symptômes sont causés par un virus ou une bactérie particulière

Nous multiplions cette estimation par :

  • le nombre de maladies contractées au Canada
  • la fraction contractée par la consommation d’aliments

Ce processus est illustré  ci-dessous.

Formule 2 - Deuxième approche : agents pathogènes pour lesquels la population canadienne a été ajustée

Population canadienne
× Taux annuel de symptômes par personne
× Proportion des symptômes attribués au pathogène
= Nombre total estimé de cas liés au pathogène
× Proportion de cas endémiques
× Proportion de cas d’origine alimentaire
= Nombre annuel estimé de cas d’origine alimentaire endémique par pathogène

Les bactéries, les parasites et les virus compris dans cette catégorie sont les suivants :

  • adénovirus
  • astrovirus
  • norovirus
  • rotavirus
  • sapovirus
  • Toxoplasma gondii
  • Clostridium perfringens

Les estimations de bactéries qui sont calculées au moyen d’autres méthodes sont les suivantes :

  • Escherichia coli, autre diarrhéogène
  • ECET
  • ECPV non-O157
  • Bacillus cereus
  • Staphylococcus aureus

Les estimations pour chaque bactérie, parasite et virus sont additionnées. Cela nous donne une estimation globale totale des maladies d’origine alimentaire causées par des pathogènes connus.

Estimation des maladies de cause inconnue

Nous estimons le nombre de personnes atteintes de maladies d’origine alimentaire de cause inconnue. Pour ce faire, nous recueillons des données sur les symptômes provenant de différentes études pour estimer le nombre total d’épisodes de maladie gastro-intestinale aiguë.

Nous soustrayons le nombre de maladies de cause connue du nombre total de maladie gastro-intestinale aiguë. Puis, nous multiplions ce nombre par la fraction :

  • de maladies contractées au Canada
  • de maladies contractées par la consommation d’aliments

La formule est illustréeci-dessous.

Formule 3 - Approche pour les agents non spécifiés

Maladies gastro-intestinales aigües (MGA)
− 25 pathogènes connus pour causer des MGA
= Ensemble des cas liés à des agents indéterminés
× Proportion des cas liés aux 25 pathogènes identifiés sont endémiques
× Proportion des cas liés aux 25 pathogènes identifiés sont d’origine alimentaire
= Nombre annuel estimé de cas d’origine alimentaire endémiques liés à des agents indéterminés

Remarque : Les proportions estimées ont été établies à partir de 25 pathogènes connus qui causent des maladies gastro-intestinales aiguës. Cinq pathogènes dont le principal symptôme n’est pas une maladie gastro-intestinale aiguë ne sont pas compris dans ces estimations.

Estimation des hospitalisations et des décès

Nous utilisons 2 méthodes pour estimer les hospitalisations et les décès de cause connue d’origine alimentaire.

  1. Pour chaque bactérie, parasite et virus dont on retrouve des données d’hospitalisation dans la Base de données sur la morbidité hospitalière de l’Institut canadien d’information sur la santé, nous déterminons le nombre annuel d’hospitalisations et de décès. Nous ajustons le nombre annuel d’hospitalisations et de décès pour tenir compte du sous-diagnostic et de la sous-déclaration. Voir la figure ci-dessous.

Formule 4 - Première approche : estimé  d’hospitalisation et de décès

Nombre annuel d’hospitalisation et de décès Base de données sur la morbidité hospitalière - Institut canadien d'information sur la santé (BDMH-ICIS)
× BDMH-ICIS  de sous déclaration
× Facteur de sous diagnostic (analyse et fiabilité des tests en laboratoire)
× Proportion de cas contractés au Canada
× Proportion des infections d’origine alimentaire
= Nombre estimé d’hospitalisation et de décès causé par des empoisonnements alimentaires contractés au Canada

  1. Pour les bactéries et les virus non compris dans cette base de données, nous regardons le nombre de cas rapportés aux systèmes de surveillance nationaux. Puis, nous appliquons une fraction de ces cas qui ont entraîné une hospitalisation ou un décès. Nous ajustons ce nombre pour tenir compte du sous-diagnostic. Voir la figure ci-dessous.

Formule 5 - Deuxième approche : estimé  d’hospitalisation et de décès

Cas confirmé en laboratoire
× Facteur de sous déclaration
× Proportions des hospitalisations et décès
× Facteur de sous diagnostic (analyse et fiabilité des tests en laboratoire)
× Proportion de cas contractés au Canada
× Proportion des infections d’origine alimentaire
= Nombre estimé d’hospitalisation et de décès causé par des empoisonnements alimentaires contractés au Canada

Les deux méthodes exigent de multiplier le nombre ajusté par la fraction :

  • de maladies contractées au Canada (non contractées pendant un voyage international)
  • de maladies contractées par la consommation d’aliments

Les hospitalisations et les décès associés à des causes inconnues ont aussi été estimés. Une approche semblable à celle utilisée pour estimer les maladies d’origine alimentaire a été utilisée.

Tenir compte de l’incertitude des estimations

Toutes les formules utilisent :

  • un modèle d’incertitude pour tenir compte de la variabilité et de l’incertitude des données
  • cela génère une estimation ponctuelle et un intervalle de probabilité de 90 % afin d’arriver aux limites supérieures et inférieures

Quelles améliorations ont été apportées à la façon dont le Canada estime les maladies d’origine alimentaire?

Les récentes estimations du Canada de 4 millions de maladies d’origine alimentaire par années sont plus précises que les estimations de 11 millions publiées en 2008. Il y a un certain nombre de raisons à cela.

  • Les estimations antérieures étaient fondées sur les données et les méthodologies utilisées par les Centres for Disease Contrl and Prevention (CDC) des É.-U. en 1999.
  • Des améliorations à notre méthodologie et à nos données signifient des estimations plus précises.
  • L’estimation comprend maintenant des estimations propres aux agents pathogènes. Nous pouvons maintenant identifier et classifier les agents pathogènes à l’origine du plus grand nombre de maladies d’origine alimentaire.
  • Les estimations sont maintenant limitées aux maladies contractées uniquement au Canada.
  • Une définition plus précise d’une maladie gastro-intestinale aiguë essaie d’exclure :
    • les maladies chroniques telles que la maladie de Crohn
    • les symptômes liés à une infection respiratoire
  • Une portion plus petite de maladies d’origine alimentaire est appliquée à des causes inconnues de maladie gastro-intestinale aiguë.
  • Nous tenons compte des incertitudes.

Comment le Canada se compare-t-il aux États-Unis?

Au Canada, l’estimation annuelle globale de maladies causées par des aliments est légèrement inférieure à l’estimation des Centers for Disease Control and Prevention des É.-U. (disponible en anglais seulement):

  • 1 Canadien sur 8 est touché par une maladie d’origine alimentaire
  • 1 Américain  sur 6 est touché par une maladie d’origine alimentaire

Les 4 mêmes agents pathogènes causent le plus grand nombre de maladies dans les deux pays. Cependant, les principales maladies aux É.-U. sont classées dans un ordre différent de celui du Canada :

  1. Norovirus
  2. Clostridium perfringens
  3. Campylobacter spp.
  4. Salmonella spp., non typhique (classé deuxième aux É.-U.)

Aux États-Unis, on a également constaté que le norovirus, la Salmonella spp. et la Campylobacter spp. sont les principales bactéries causant des hospitalisations d’origine alimentaire.

La Listeria monocytogenes et la Salmonella spp.occupaient un rang élevé parmi les agents pathogènes causant des décès dans les deux pays.

Même si les méthodes utilisées au Canada et aux É.-U. sont très semblables, il y a des différences clés. 

  • Au Canada, nous avons développé des estimations pour l’adenovirus et exclu la Mycobacterium bovis et le Streptococcus du groupe A de nos estimations. Les É.-U. ont inclus ces agents dans leurs estimations. 
  • Pour notre définition de symptômes graves, nous avons inclus la diarrhée sanglante et la durée (symptômes durant plus de 7 jours). Les É.-U. n’ont considéré que la diarrhée sanglante.
  • Pour le rotavirus, l’astrovirus et le sapovirus, nous avons formulé une estimation fondée sur la population totale. Les estimations des É.-U. étaient pour les personnes de moins de 5 ans.
  • Pour les hospitalisations et les décès, différents calculs ont été utilisés pour tenir compte des sous-déclarations et des sous-diagnostics.

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