Rapport final pour l'examen du Réseau mondial d'information en santé publique (RMISP)

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Organisation : Agence de la santé publique du Canada

Publiée : 2021-07-12

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Lettre du comité d'examen à la ministre de la Santé

Le 28 mai 2021

L’honorable Patty Hajdu, C.P., députée
Ministre de la Santé
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
K1A 0A6

Madame la Ministre,

Veuillez trouver ci-joint le rapport final du Comité d’examen indépendant du Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP).

Les conclusions qu’il contient sont le fruit de six mois d’entretiens, de recherches et de délibérations du Comité. Il s’appuie sur les conclusions initiales de notre rapport intérimaire, daté du 26 février 2021, et présente des recommandations réalistes et réalisables qui, selon nous, permettront au RMISP de répondre aux besoins d’aujourd’hui et de demain.

Depuis le 26 novembre, le Comité s’est réuni virtuellement 55 fois. Nous avons mené des entretiens avec plus de 55 personnes, dont des analystes du RMISP, des employés anciens et actuels de l’ASPC, des fonctionnaires provinciaux, des partenaires internationaux et des experts techniques des secteurs publics et privés (voir la section « Remerciements »).

En plus des entretiens menés virtuellement, le Comité a examiné des renseignements et des documents de l’Agence de la santé publique du Canada et d’autres organisations relativement aux principaux domaines d’enquête. Il s’agit notamment de rapports, de contrats, de procédures et d’orientations internes, d’audits, de présentations et d’autres textes fondamentaux.

Nous espérons que les recommandations de ce rapport vous seront utiles et qu’elles constitueront une feuille de route pour positionner le RMISP, ainsi que le gouvernement du Canada, en tant que chefs de file dans la discipline en évolution rapide qu’est la surveillance de la santé publique fondée sur des événements en libre accès, et qu’elles contribueront à éclairer les décisions politiques futures concernant la surveillance de la santé publique mondiale.

Veuillez agréer, Madame la Ministre, nos salutations distinguées.

Margaret Bloodworth
Mylaine Breton
Dr Paul Gully

Introduction

Pour les citoyens comme pour le secteur public, la pandémie de COVID-19 a contribué à renforcer le rôle essentiel des gouvernements en matière de santé publique. Qu’il s’agisse des conseils publics sur les masques, l’hygiène personnelle et la distanciation physique ou de la surveillance de la santé publique, moins évidente, mais essentielle, qui guide les décisions et les actions, rares sont les Canadiens qui n’ont pas été directement touchés par les systèmes de santé publique au cours de l’année dernière.

Pourtant, la plupart des Canadiens ne savaient pas que le 30 décembre 2019, le Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP) a détecté un signal dans un article publié dans le South China Morning Post au sujet d’une épidémie de pneumonie. Le 1er janvier, grâce en partie à ce signal, le président et l’administratrice en chef de la santé publique (ACSP) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) ont communiqué ce signal aux groupes des échelons supérieurs à l’échelle du gouvernement. La réponse du Canada à ce qui allait devenir la COVID-19 avait commencé. Dans notre rapport intérimaire, nous avons constaté que le moment de la détection du signal correspondait à l’information provenant des systèmes de surveillance fondée sur les événements (SFE) semblables dans le monde; nous n’avons vu aucune preuve qu’une détection plus précoce par le RMISP aurait été possible.

Cependant, nous avons également conclu que le système ne fonctionne pas de manière aussi limpide et harmonieuse qu’il le devrait. À ce moment-là, nous avions mis en évidence trois domaines clés à examiner plus en profondeur : le mandat, la gouvernance ainsi que les flux d’informations et la technologie (consulter l’intégralité du Rapport intérimaire pour l’examen du Réseau mondial d’information en santé publique).

Depuis le rapport intérimaire de février, le Comité a continué de rencontrer des experts, des dirigeants et des membres du personnel de l’ASPC, afin de recueillir leurs points de vue sur ces domaines thématiques et de solliciter leurs perspectives sur la façon dont le RMISP devrait évoluer à l’avenir afin de demeurer pertinent et efficace.

Cet examen s’inscrit entièrement dans la réponse active et continue du gouvernement fédéral à la COVID-19. Nous pensons qu’il s’agit d’un contexte approprié pour que l’ASPC positionne le RMISP d’une manière qui reflète et saisisse la valeur qu’il fournit à la fois sur les plans national et international, et qui reconnaisse l’importance et le potentiel d’un système de SFE en libre accès.

Notre mandat nous oblige à considérer d’abord et avant tout le RMISP. Toutefois, pour assurer le succès du RMISP, celui-ci doit être situé dans un environnement qui utilise au mieux les renseignements qu’il produit. Par conséquent, nos recommandations cernent les conditions favorables au sein de l’ASPC qui sont, d’une part, nécessaires au fonctionnement efficace du RMISP en tant que partie d’un système intégré de surveillance de la santé publique et, d’autre part, nécessaires pour bien le relier à une fonction coordonnée d’évaluation des risques.

Le RMISP doit continuer à établir des partenariats, à collaborer et à évoluer afin de tirer parti des possibilités technologiques et des sources d’information en constante expansion. Un RMISP nouvellement ajusté aidera l’ASPC à continuer de servir et de protéger tous les Canadiens, tout en respectant les obligations internationales du Canada en tant qu’allié de confiance dans la communauté mondiale de surveillance de la santé publique. Nous espérons que les recommandations du présent rapport serviront de feuille de route vers un tel avenir.

Chapitre 1. Rôle et objectif du RMISP

Protéger les Canadiens en tout temps

Le RMISP est un système d’alerte rapide en ligne qui parcourt les sources médiatiques mondiales dans neuf langues afin de détecter les risques éventuels pour la santé publique partout dans le monde. Il s’agit d’un système tous risques qui détecte les menaces d’ordre chimique, biologique, radiologique et nucléaire pour la santé publique, tout en parcourant en continu les nouvelles de sources ouvertes publiques en temps réel. Il est considéré comme un système de surveillance fondée sur les événements (SFE) de santé publique, un type de système de surveillance qui cherche dans les rapports, les articles, les rumeurs et d’autres sources d’information pour détecter des événements susceptibles de présenter un risque grave pour la santé publique.

Lorsqu’il a été créé il y a 25 ans, le RMISP était révolutionnaire. À l’époque, la disponibilité soudaine de quantités massives de renseignements en libre accès sur Internet a rendu possible la SFE en temps réel à l’échelle mondiale et a permis aux praticiens de la santé publique d’avoir accès aux renseignements plus rapidement que jamais auparavant.

Si l’impulsion initiale du RMISP est née du désir de protéger les Canadiens, il est rapidement devenu un outil d’importance mondiale. Au fil des ans, il s’est forgé une solide réputation de confiance pour la détection rapide d’événements émergents, notamment le début de la pandémie de H1N1, le développement du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) et des cas de maladie à virus Ebola. Il est toujours considéré comme l’une des plus importantes sources d’information rapides concernant les éclosions.

Bien des choses ont changé depuis. Le volume de renseignements en libre accès a augmenté de façon exponentielle, et la discipline de la SFE a mûri. La technologie évolue rapidement, et les outils disponibles pour contrôler et filtrer des volumes massifs de renseignements s’améliorent. Et même si l’une des principales forces du RMISP doit continuer de faire appel au jugement humain exceptionnel intégré à son fonctionnement, il faut continuer d’améliorer le système lui-même pour qu’il demeure efficace. Ce chapitre examinera la structure et les fonctions du RMISP afin de fournir des recommandations claires sur son mandat au sein de l’ASPC.

Mandat de surveillance

La Loi sur l’Agence de la santé publique du Canada, dans son préambule, définit l’objectif fédéral d’entreprendre des mesures de santé publique, y compris la surveillance et la préparation et l’intervention en cas d’urgence. Le préambule intègre également l’objectif d’encourager la collaboration dans le domaine de la santé publique au pays et sur la scène internationale. Et il comprend la seule référence spécifique dans la Loi elle-même à la détection et à la réduction des facteurs de risque pour la santé publique.

Bien qu’il date d’avant la Loi, depuis ses premiers jours, le RMISP est en accord avec les responsabilités légales de son organisation. Pourtant, il est isolé de la fonction de surveillance plus large de l’ASPC. Contrairement à la plupart des activités de surveillance, il n’est pas directement lié à une maladie ou à un mode de transmission particulier, mais relève du Bureau de la connaissance de la situation au sein du Centre de mesures et d’interventions d’urgence de l’ASPC.

De plus, le Comité a constaté que le RMISP n’est pas adéquatement lié à la fonction essentielle d’évaluation des risques, une étape cruciale d’un signal précoce et de l’intervention rapide qui s’appuie sur la détection, le triage et la vérification initiale des sources par le RMISP. La fonction d’évaluation des risques est celle qui prend un signal initial et ajoute le contexte situationnel qui décrit comment un événement pourrait affecter une population et les mesures de santé publique correspondantes qui peuvent s’imposer. Si les signaux précoces du RMISP ne sont pas pleinement intégrés dans le continuum d’évaluation des risques, alors son renseignement n’est pas pleinement exploité.

Il s’agit là d’un problème pour l’ASPC, nommément pour le RMISP, qui fait écho aux préoccupations soulevées par la vérificatrice générale dans le Rapport 8 — Préparation en cas de pandémie, surveillance et mesures de contrôle aux frontières, qui a constaté que les évaluations initiales des risques n’ont pas pris en compte le risque de pandémie, ni ses répercussions potentielles. La vérificatrice générale a aussi constaté que l’évaluation des risques de l’ASPC n’était pas suffisamment prospective, et la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique (ACSP), a reconnu qu’il y avait matière à amélioration.

S’impose alors une réflexion approfondie sur la fonction d’évaluation des risques et sur les structures de gouvernance au sein de l’ASPC qui peuvent traduire un signal en action. Cette fonction s’avère un guide essentiel pour le mandat du RMISP. Une analyse plus approfondie de l’évaluation des risques, accompagnée de nos recommandations connexes, est présentée au chapitre 2.

Il s’agit d’un moment opportun pour repenser de façon critique ces fonctions importantes et la façon dont le RMISP devrait s’y intégrer. Tout comme les besoins et les approches en matière de surveillance et d’évaluation des risques ont évolué, la discipline de la SFE a également progressé.

Une nouvelle façon de servir la population

La fonction principale du RMISP en tant que système de signalement précoce n’est qu’un des avantages de la SFE. À mesure que la discipline a changé, de nouvelles utilisations de ces systèmes ont été déterminées, et le développement de ces autres forces offre une occasion considérable d’utiliser le renseignement en santé publique mondiale.

L’exploitation de ces forces viendra modifier les activités du RMISP et aura des répercussions sur la fonction de surveillance de l’ASPC dans son ensemble. Si le RMISP doit connaître du succès aujourd’hui et à l’avenir, la première étape consiste à reconnaître que la SFE est un élément clé du régime global de surveillance de l’ASPC, par l’élaboration d’un mandat de surveillance commun, coordonné et appliqué à l’échelle de l’Agence. Ce n’est qu’alors que l’ASPC pourra formuler un mandat renouvelé pour le RMISP qui consacre la fonction de signalement qu’il remplit déjà et prévoit la manière dont il contribuera à la concrétisation de la vision globale de la surveillance à l’avenir.

La section qui suit présente l’historique et le contexte de la surveillance de la santé publique à l’ASPC afin d’orienter ses travaux futurs dans l’établissement d’un mandat global de surveillance et de mieux situer nos recommandations pour le RMISP dans ce travail en cours.

Des statistiques essentielles au renseignement essentiel : un bref historique

La surveillance de la santé publique est définie comme l’utilisation continue et systémique de données sanitaires recueillies périodiquement pour orienter les mesures de santé publique en temps utile.Note de bas de page 1 La surveillance de la santé publique contribue à orienter les politiques, les programmes et les mesures de santé publique visant la promotion, la protection et l’amélioration de la santé des Canadiens.Note de bas de page 2

Cette fonction existe au Canada sous une forme ou une autre depuis plus d’un siècle. La responsabilité qui consiste à « recueillir et à publier de l’information statistique sur les activités sociales, économiques et générales de la population du Canada » a été initialement dévolue aux termes de la Loi sur la statistique du Canada en 1918. Le ministère fédéral de la Santé, établi un an plus tard, créera son premier laboratoire national de santé publique et de recherche en 1921. La première Division de l’épidémiologie du ministère a été créée en 1937.

En 1972, la Division de l’épidémiologie fusionne avec le Centre canadien des maladies transmissibles pour devenir le Laboratoire de lutte contre la maladie. En 2000, Santé Canada a combiné le Laboratoire de lutte contre la maladie avec la Direction générale de la promotion et des programmes de la santé pour créer la nouvelle Direction générale de la santé de la population et de la santé publique. L’ASPC a assumé la responsabilité de cette fonction dès sa création en 2004.

Définir la surveillance de la santé publique

Bien que la collecte et la publication de données sur la santé soient inscrites dans la législation fédérale depuis un certain temps, la définition de la surveillance de la santé publique est devenue plus fluide. En 1968, la 21e Assemblée mondiale de la santé a adopté le concept de surveillance de la population comme « la collecte et l’utilisation systématiques d’informations épidémiologiques pour la planification, la mise en œuvre et l’évaluation du contrôle des maladies » [traduction]. L’Assemblée a également codifié trois caractéristiques distinctes de la surveillance :

  • la collecte systématique de données pertinentes;
  • la consolidation et l’évaluation ordonnées de ces données; et
  • la diffusion rapide des résultats à ceux qui doivent être informés, en particulier ceux qui sont à même de prendre des mesures. Note de bas de page 3

Les définitions peuvent varier d’un territoire à l’autre, mais les façons passées et actuelles qu’utilise l’ASPC pour définir la surveillance sont largement inspirées de cette norme internationale. La définition de l’ASPC, qui est conforme à celles des Centers for Disease Control and Prevention américains et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), met l’accent sur « la mesure de santé publique ».Note de bas de page 3

Surveillance fondée sur les indicateurs et surveillance fondée sur les événements

La surveillance fondée sur les indicateurs (SFI) suppose la collecte, le suivi, l’analyse et l’interprétation systématiques de données structurées, telles que des indicateurs produits par un certain nombre de sources formelles bien identifiées, principalement fondées sur la santé, Note de bas de page 4 et exige un haut niveau de qualité des données pour être utile. La grande majorité des activités de l’ASPC sont axées sur ce qui se passe au Canada.

La surveillance fondée sur les événements (SFE) est un type de système de surveillance qui cherche dans les rapports, les articles, les rumeurs et d’autres sources d’information pour détecter des événements susceptibles de présenter un risque grave pour la santé publique.Note de bas de page 4 En tant qu’outil de surveillance, la SFI peut être plus lente à détecter les signaux, en particulier dans les pays qui pourraient manquer de capacités.

Le RMISP est le principal système de SFE de l’ASPC. Le Réseau canadien d’information sur la santé publique, qui relie les administrations fédérales, provinciales et territoriales, dispose d’une application de SFE, appelée « Intégration des connaissances à l'aide de l'information Web (ICIW) ». Des recherches récentes laissent entendre que la SFE pouvait être utilisée comme outil de surveillance propre à une discipline et comme outil de surveillance nationale.Note de bas de page 5

La SFE et la SFI sont complémentaires, et toutes deux sont considérées comme importantes pour la surveillance de la santé publique mondiale, ainsi que pour la détection précoce et la réponse.

Surveillance de la santé publique à l’ASPC

La fonction de surveillance de l’ASPC est une priorité essentielle depuis sa création en 2004 et a été guidée au fil des ans par des plans stratégiques successifs qui visaient à aborder la gouvernance, la responsabilisation, la coordination, les normes et l’évaluation.

Le premier plan stratégique de surveillance de l’ASPC (PSSA1) a été élaboré en 2007 à la demande de l’ACSP. Le PSSA1 a mené à l’établissement d’une structure officielle de gouvernance de la surveillance pour veiller à ce que des mécanismes et des processus soient en place pour analyser et communiquer l’information sur la surveillance, et pour appuyer l’élaboration de politiques et la prise de décisions en matière de santé publique.

Le PSSA1 a fourni une première vision globale de la surveillance qui reconnaissait la nécessité d’adopter des méthodes coordonnées et des structures de gouvernance appropriées pour guider la surveillance.

Le deuxième plan stratégique de surveillance de l’ASPC, publié en 2013 (PSSA2 2013-2016), a fait progresser le travail de l’ASPC dans quelques domaines clés. Ce plan met plutôt l’accent sur la nature pancanadienne de la surveillance et fait explicitement référence au renseignement sur la santé publique :

« […] le point de départ qui aboutit à la production de renseignements de santé publique exacts et opportuns sur la santé de la population et qui guide des interventions efficaces par rapport à des enjeux nouveaux et à des défis liés à la santé publique en plus de faciliter la planification et la prise de décisions en santé publique. Cette fonction est également le point central de nos relations avec les partenaires et les intervenants du domaine de la santé publique de partout au pays et à l’étranger. »Note de bas de page 6

Le PSSA2 reconnaît également la responsabilité partagée de la surveillance de la santé publique à l’échelle du Canada, en faisant référence au Plan directeur pour un système fédéré de surveillance de la santé publique. Ce rapport, préparé par le Réseau pancanadien de santé publique,Note de bas de page 7 présente une vision et un plan d’action destinés à guider l’élaboration et la mise en œuvre d’une infrastructure permettant une collaboration plus efficace.

Le Plan directeur reconnaît que les risques pour la santé « ne sont pas limités par les frontières politiques et géographiques » et souligne la nécessité de travailler sur le plan transnational. Le travail était principalement axé sur les systèmes de surveillance nationaux et sur la nécessité de normes et d’interopérabilité afin que les renseignements puissent circuler entre les pays.

Le deuxième plan stratégique de surveillance a mené à l’élaboration d’une structure de gouvernance de la surveillance de l’ASPC plus officielle, y compris la création du poste d’agent principal de la surveillance de la santé, qui relève du chef de la Direction générale de l’infrastructure de sûreté sanitaire (DGISS). L’agent principal de la surveillance de la santé était également chargé de rendre compte des activités de surveillance au Comité exécutif de l’ASPC et d’entreprendre des examens périodiques des systèmes et des activités de surveillance pour la prise de décisions organisationnelles.Note de bas de page 8

L’ASPC a élaboré son dernier plan stratégique de surveillance en 2016. Le Comité exécutif a approuvé le plan en principe en 2016, mais ce dernier n’a jamais reçu d’approbation officielle. Toutefois, une copie du plan reçue par le Comité indique une orientation initiale importante. Le PSSA3 définit la surveillance comme suit :

« le suivi et la prévision de tout problème sanitaire ou de tout déterminant de la santé en effectuant une collecte continue de données, qui sont intégrées, analysées et interprétées afin de créer des produits de surveillance, et en communiquant ces produits de surveillance à ceux qui en ont besoin pour entreprendre les mesures et les interventions nécessaires ».Note de bas de page 9

Le troisième plan est également le premier à reconnaître et à inclure la SFE et plus particulièrement le RMISP, et indique ceci :

« Promu par le renouvellement du Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP), le PSSA3 a élargi la portée de la fonction de surveillance pour y inclure la surveillance fondée sur les événements, ce que l’Organisation mondiale de la santé définit comme étant la collecte organisée et rapide d’information sur des événements qui représentent un risque pour la santé publique ».Note de bas de page 9

Ce plan, comme ceux qui l’ont précédé, a continué de souligner la nécessité d’une plus grande coordination, et a proposé de nouvelles étapes vers des modèles d’entreprise et des structures de gouvernance pour la surveillance. Les travaux ont été interrompus peu après l’approbation du plan en principe. Les dirigeants de l’ASPC, ainsi que les documents examinés par le Comité, ont confirmé qu’il n’y a pas eu d’évaluation globale des activités de surveillance au sein de l’ASPC depuis 2016, bien que des systèmes individuels aient pu être examinés, de manière isolée, par certains secteurs de programme.

Un audit de la surveillance interne réalisé en 2020 indique que l’une des raisons de cette situation pourrait être la disparition du poste d’agent principal de la surveillance de la santé, laissé vacant depuis 2017. L’audit révèle ce qui suit :

« Une structure de gouvernance a été mise en place pour la surveillance des activités de surveillance d’avril 2017 à mars 2019. Cependant, les principales responsabilités de leadership n’ont pas été redistribuées à la suite de la suppression du poste d’agent principal de la surveillance de la santé. En raison de l’absence de redistribution des responsabilités de leadership et de l’inefficacité de l’Équipe d’intégration de la surveillanceNote de bas de page 10 en tant qu’organe décisionnel relevant des comités de la haute direction, la mise en œuvre des mesures énoncées dans les plans stratégiques de surveillance de 2013 et de 2016 a été entravée ».Note de bas de page 8

Le RMISP lui-même est mentionné dans un audit interne de mars 2018 sur les activités de préparation et d’intervention en cas d’urgence.Note de bas de page 11 L’audit reconnaît la contribution du RMISP à la détection précoce et à l’intervention rapide, mais a noté que le Centre de mesures et d’interventions d’urgence manquait d’information sur la manière dont les renseignements sur les événements sont partagés, en particulier avec la haute direction. Ce rapport a aussi mis en lumière la nécessité de moderniser le modèle d’évaluation des risques de façon à ce qu’il reflète mieux les capacités de l’ASPC. Ces deux points seront abordés dans le chapitre suivant.

Surveillance à l’ASPC

Nombre de systèmes de surveillance distincts : 82

Ventilation des systèmes de surveillance

  • Direction de la gestion des urgences : 1 (RMISP)
  • Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses : 33
  • Force opérationnelle sur le déploiement des vaccinsNote de bas de page 12 : 2
  • Laboratoire national de microbiologie : 24
  • Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques : 22

Nombre de plans de surveillance stratégique depuis 2007 : 3

Dernière révision officielle de tous les systèmes de surveillance : 2016

Rajustement du rôle du RMISP en matière de surveillance

La détection par l’ASPC de ce qui allait devenir la COVID-19 est l’exemple le plus récent du fonctionnement du RMISP pour détecter les signaux précoces d’une menace pour la santé publique. Mais cela ne signifie pas qu’il fonctionne aussi bien qu’il le pourrait ni qu’il dispose actuellement de ce dont il a besoin pour que la SFE reste un élément clé du régime de surveillance de l’ASPC.

Actuellement, il n’y a pas de mandat clair et explicite pour la surveillance globale et le rôle des systèmes individuels, comme le RMISP, dans le cadre de ces mandats. Il n’est pas toujours évident de savoir qui est responsable de quoi dans le flux d’informations, l’évaluation des risques et la chaîne de décision.

La première tâche de l’organisation devrait donc être d’exposer une vision forte qui reconnaît pleinement toutes les activités de surveillance, y compris celles du RMISP, et la façon dont elles travaillent ensemble pour atteindre les objectifs généraux de surveillance de l’ASPC.

Recommandation

1.1 L’Agence de la santé publique du Canada devrait exposer le rôle et la mission du Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP) d’une manière qui tienne compte de ses fonctions et de sa contribution en matière de surveillance de la santé publique et qui le positionne dans l’éventail des activités de surveillance de l’Agence.

Ce mandat global doit respecter les propriétés et les besoins uniques d’un système de SFE, tout en offrant une marge de manœuvre suffisante pour permettre l’évolution éventuelle du RMISP, y compris sur le plan de sa contribution internationale.

Il devrait préciser comment le RMISP interagira avec la fonction d’évaluation des risques, en prenant soin de tenir compte des besoins spécifiques d’une SFE, par opposition à ceux d’une évaluation plus traditionnelle, propres à une maladie.

Le mandat devrait refléter le fait que les gouvernements ont besoin d’un moyen d’entreprendre une évaluation prospective des risques. Toutefois, il devrait aussi reconnaître que le gouvernement seul ne dispose peut-être pas de l’ensemble des meilleurs outils ou ressources, et que les partenariats et la collaboration sont un moyen de plus en plus précieux d’aborder des rôles et des fonctions complexes pour le bien commun.

Le mandat devrait également tenir compte des changements technologiques requis pour moderniser les méthodes de surveillance, y compris les stratégies de données et l’infrastructure technique, et fournir des avenues pour l’amélioration continue du RMISP, par opposition à une voie qui repose sur des corrections incrémentielles et non coordonnées du système, apportées uniquement en cas de besoin immédiat.

C’est dans l’optique de cet avenir que le Comité présente sa deuxième recommandation relative au mandat du RMISP.

Recommandation

1.2 Les activités du RMISP doivent s’aligner efficacement sur les méthodes globales de surveillance et d’évaluation des risques de l’Agence de la santé publique du Canada, et être étroitement liées à celles-ci, et tenir compte des objectifs de l’ensemble de l’Agence liés à ces fonctions.

Tout comme les besoins et les méthodes de surveillance et d’évaluation des risques ont évolué, la discipline de la surveillance fondée sur les événements a également progressé. Une prochaine étape essentielle pour déterminer l’avenir consiste à examiner en détail comment les changements dans la SFE, l’évolution de la technologie et les mandats mondiaux créent de nouvelles voies potentielles pour le RMISP qui s’appuient sur sa conception et son objectif originaux. Les questions essentielles de gouvernance liées à l’organisation de ces fonctions feront l’objet du chapitre 2.

Le RMISP : un pionnier de la surveillance fondée sur les événements

La création du RMISP à la fin des années 1990 est le fruit de multiples facteurs convergents, bien que l’idée ait germé en 1994, lorsque la peste pneumonique a été identifiée à Surat, au Gujarat, en Inde, grâce à la diffusion de messages télévisés dans le monde entier.

À l’époque, la disponibilité soudaine de quantités massives de renseignements de sources ouvertes sur Internet a rendu possible la SFE à l’échelle mondiale et a permis aux praticiens de la santé publique d’avoir accès aux renseignements plus rapidement que jamais auparavant. La mondialisation, le commerce international et les voyages se développaient rapidement, et les menaces microbiennes pouvaient désormais se propager plus rapidement et se disperser plus largement.

C’est en tenant compte de ces préoccupations que les fondateurs du RMISP ont mis au point un système de surveillance de la santé publique de portée mondiale. Bien que l’élan initial derrière la création du RMISP ait été de protéger les Canadiens, l’équipe du RMISP a rapidement réalisé que l’outil avait une valeur pour la communauté internationale de la santé publique. L’un des moyens les plus sûrs de protéger les Canadiens contre les pandémies est de soutenir la communauté internationale pour détecter les événements et prendre les mesures qui s’imposent avant qu’ils ne deviennent incontrôlables.

Le prototype est né d’un partenariat entre Santé Canada et l’OMS en 1997, et a été déployé pour la première fois en 1999. Il était limité aux articles en français et en anglais et utilisait des sites Web, des fils d’actualité et des journaux pour effectuer une surveillance des maladies infectieuses chez l’humain. Sans capacités de traduction automatique, les analystes du RMISP traduisaient manuellement les articles en langue étrangère vers l’anglais avant de les diffuser.

En 2002, le RMISP est passé à sa deuxième phase de prototype, en engageant l’entreprise technologique du secteur privé canadien Alis Technologies Inc.Note de bas de page 13 dans le cadre d’un accord de recherche concertée pour améliorer la capacité et les fonctions automatisées de la surveillance des nouvelles sur Internet. Le champ d’application du prototype a également été étendu à tous les risques. Outre les maladies infectieuses chez l’humain, il peut également rechercher les maladies animales, les menaces alimentaires, radiologiques, chimiques et nucléaires, ainsi que les menaces pour la santé publique liées aux catastrophes naturelles.

En 2004, le RMISP a évolué avec le lancement d’une plateforme multilingue actualisée capable d’apprentissage automatique et de traitement du langage naturel. Le nouveau système a été dévoilé aux Nations Unies le 17 novembre 2004 par le ministre de la Santé du Canada, Ujjal Dosanjh, et le premier ACSP, le Dr David Butler-Jones.

« Le RMISP représentait un changement de paradigme pour la surveillance des maladies infectieuses. [...] La clé d’une lutte efficace contre les éclosions était une détection et une intervention efficaces à la source ». (Dr Stephen J. Corber, Directeur régional de la prévention et du contrôle des maladies pour l’Organisation panaméricaine de la santé de l’OMS, 17 novembre 2004, Siège de l’ONU, New York.)

Le RMISP est considéré comme l’une des plus importantes sources d’informations précoces liées aux épidémies, dont les signaux sont souvent informels et publiés dans les bulletins d’information électroniques locaux. En particulier, la surveillance exercée par le RMISP pendant les épidémies du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003 a contribué à des changements structurels des règles internationales régissant les menaces pour la santé publique mondiale, connues sous le nom de Règlement sanitaire international (RSI).

Le RMISP et le Règlement sanitaire international (RSI)

Le RSI définit le cadre juridique international régissant la capacité des États en matière de santé publique et leur réponse aux événements et aux urgences de santé publique. Il est juridiquement contraignant pour 196 États parties, dont les 194 États membres de l’OMS.

Au moment de la création du RMISP, le RSI existant (1969) avait une portée limitée : la notification par les pays était limitée à trois maladies (choléra, peste et fièvre jaune), seules les notifications officielles des pays pouvaient être utilisées par l’OMS, et le document ne décrivait aucun mécanisme formel de coordination internationale.Note de bas de page 14 En 2003, au cœur de l’épidémie de SRAS, l’OMS a entrepris de réviser le RSI pour remédier à ces limites, ce qui a donné lieu au RSI actuel (2005).

Le nouveau RSI (2005) comprend des dispositions exigeant des États parties qu’ils « renforcent et maintiennent [...] la capacité de détecter, d’évaluer, d’informer et de signaler les événements ». Alors qu’auparavant, l’OMS ne pouvait utiliser que les rapports officiels pour entamer les efforts de vérification, le RSI (2005) lui permet d’utiliser les rapports non officiels d’événements de santé publique pour demander des informations ou une vérification à un État partie.

Le RMISP contribue directement aux obligations du CanadaNote de bas de page 15 en vertu du RSI (2005). En 2018, le Canada a obtenu la meilleure note possible pour la capacité de surveillance de la santé publique dans le cadre de l’évaluation externe mixte de l’OMS des capacités essentielles du RSI du Canada. Voici ce que le rapport de mission indique : « La pierre angulaire de la fonction nationale d’alerte précoce en matière de santé publique est la surveillance fondée sur les événements; elle s’appuie sur la plateforme du RMISP, qui constitue également le fondement de la fonction d’alerte précoce publique mondiale ».Note de bas de page 16

Les systèmes de surveillance fondée sur les événements dans le monde

Le RMISP a été l’un des premiers systèmes de SFE mis au point, et le premier à combiner des composantes analytiques automatisées et humaines.Note de bas de page 17 Il demeure un acteur clé dans la communauté internationale de systèmes de SFE et de mécanismes de détection.

Le Comité a appris comment ces systèmes se renforcent mutuellement et comment ils fonctionnent en tandem pour créer un écosystème international de surveillance de la santé publique avec des redondances et des filets de sécurité. Note de bas de page 18 En matière de surveillance, un système comportant un seul point de défaillance risque de passer outre un signal clé. Le RMISP n’est plus l’un des seuls systèmes, mais comme il permet de créer ces redondances nécessaires, son fonctionnement continu est précieux.

Les systèmes de SFE existants se classent en trois grandes catégories :

1. Les systèmes modérés reposent sur l’analyse humaine pour organiser et évaluer les sources.

ProMED (programme de surveillance des maladies émergentes) est l’un des systèmes modérés les plus connus. Lancée en 1994 par l’International Society for Infectious Diseases, une organisation à but non lucratif, l’équipe de bénévoles de ProMED est en activité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans 32 pays, et scrute les médias internationaux à la recherche de rapports sur les maladies infectieuses émergentes ou réémergentes, sans l’aide d’intelligence artificielle ou d’algorithmes. Une fois que les modérateurs et les experts de ProMED ont examiné un signal, ProMED diffuse l’information à près de 80 000 abonnés par l’intermédiaire de sa liste de diffusion, ainsi que par des plateformes de médias sociaux, des applications pour téléphones intelligents et un flux RSS.Note de bas de page 19

2. Les systèmes automatisés utilisent des algorithmes pour catégoriser et filtrer les entrées avant de les afficher pour les professionnels de la santé publique.

Le Medical Information System (MediSys), fondé en 2004 par l’Union européenne, et HealthMap, fondé en 2006 à l’hôpital pour enfants de Boston, sont tous deux des systèmes entièrement automatisés. Les deux systèmes intègrent une série d’entrées (MediSys est tributaire de l’Europe Media Monitor, mis au point par le Centre commun de recherche de l’UE; HealthMap s’appuie sur ProMED, les services d’agrégation d’information de Google et Baidu, et les sources officielles de santé publique, entre autres). Les entrées sont ensuite filtrées par des algorithmes de traitement automatique du texte et superposées sur une interface cartographique accessible à l’utilisateur.

3. Les systèmes partiellement modérés combinent les composantes automatisées et humaines. Les systèmes entièrement automatisés sont moins chers et plus rapides que les systèmes modérés, mais les chercheurs en SFE ont souligné le rapport signal/bruit élevé et le risque accru de faux positifs générés par ces systèmes.Note de bas de page 18

Le RMISP est un système partiellement modéré, qui combine les avantages de l’apprentissage automatique et des processus de filtrage algorithmique avec l’analyse et le jugement humains. Les analystes du RMISP travaillent collectivement dans neuf langues : l’arabe, le chinois (traditionnel et simplifié), l’anglais, le français, le russe et l’espagnol (le portugais et le farsi ont été ajoutés en 2008), ce qui est considéré comme un avantage important par la plupart des experts. Le Comité a entendu que le RMISP est l’un des meilleurs exemples de système partiellement modéré. Ce processus de filtrage en plusieurs étapes présente les avantages des deux méthodes susmentionnées, mais il est plus coûteux en raison de l’expertise humaine requise.

Externaliser le RMISP?

Le Comité a notamment examiné la question de l’externalisation de tout ou partie des activités ou de la plateforme du RMISP. Il y a des arguments en faveur de l’externalisation, ne serait-ce qu’en raison des résultats relativement médiocres du gouvernement en matière d’adoption de nouvelles technologies.

Toutefois, le Comité estime que la surveillance de la santé publique est une responsabilité fondamentale du gouvernement et que l’ASPC, en particulier, doit conserver la capacité de recueillir et d’utiliser tous les types de données de surveillance afin de protéger la santé des Canadiens. À ce titre, nous croyons que le RMISP ne devrait pas être externalisé dans son intégralité.

Alors que les systèmes de SFE continuent d’émerger pour répondre à la nouvelle demande, l’un des défis que doit relever l’ASPC est de savoir comment suivre le rythme. Il ne fait aucun doute que les entreprises du secteur privé utilisent et déploient des outils beaucoup plus puissants que jamais, et dans certains cas, le gouvernement fédéral n’est pas équipé pour faire de même.

Même les décisions d’externaliser une composante du RMISP, comme sa plateforme, doivent tenir compte de la façon dont l’ASPC maintiendra la surveillance et le contrôle des décisions touchant la fonction et l’évolution du RMISP. Il s’agit d’une leçon tirée des partenariats passés avec des entreprises technologiques du secteur privé avec lesquelles le RMISP a travaillé (voir le chapitre 3).

Le gouvernement ne peut espérer fonctionner entièrement seul, en particulier lorsque l’expertise et la technologie résident en dehors du secteur public. L’ASPC devrait envisager des partenariats potentiels si elle souhaite maintenir le RMISP à la fine pointe de la technologie et des méthodes. L’ASPC doit être prête à envisager de nouveaux modèles qui répondent aux objectifs du bien public tout en tirant parti des idées et des capacités des chercheurs et du secteur privé. Ce faisant, il sera important de veiller à ce que le degré approprié de contrôle et d’influence sur la plateforme du RMISP soit conservé pour que la capacité de l’ASPC reste solide.

Recommandations

1.3 En reconnaissance du besoin essentiel et du mandat de surveillance de la santé publique, la capacité de surveillance de la santé publique du RMISP devrait demeurer au sein de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).

1.4 L’ASPC devrait rechercher activement des partenariats et des possibilités de collaboration afin de tirer parti, pour la plateforme du RMISP, d’une technologie et d’une méthodologie plus sophistiquées utilisées par différents secteurs, y compris le milieu universitaire et le secteur privé, tout en assurant la conservation de la propriété intellectuelle clé et la capacité de modifier et d’améliorer le système en temps opportun.

Une pierre angulaire internationale

Depuis sa création, le RMISP a fait preuve d’une intendance internationale considérable; il bénéficie de la confiance des parties prenantes internationales qui attendent avec impatience de recevoir et d’utiliser ses produits chaque jour. À une époque où la méfiance à l’égard des services publics ne cesse de croître, cette valeur ne peut être sous-estimée.

Certaines de ces relations existent de façon informelle; après 25 ans, la mémoire institutionnelle du RMISP est longue, et ses analystes sont bien branchés sur leurs collègues du monde entier qui travaillent dans le domaine de la surveillance de la santé publique. Des échanges informels d’informations ont été entrepris par les analystes dans le passé, et ces relations ont aidé le RMISP à bâtir sa réputation internationale.

Le RMISP participe à des forums internationaux, comme l’Initiative de sécurité sanitaire mondiale, un projet du Groupe des Sept (G7) et du Mexique, lancé en 2001 à Ottawa. Le mandat de l’Initiative est d’entreprendre une action mondiale concertée pour renforcer la préparation et la réponse en matière de santé publique. L’une des contributions de cet important forum a été le projet d’alertes et d’informations précoces, destiné à évaluer la faisabilité et la possibilité de mettre en commun les données de renseignement sur les épidémies provenant de systèmes disparates, dont le RMISP. Cette collaboration a contribué à la mise en place du projet Epidemic Intelligence from Open Sources (EIOS) de l’OMS [renseignements en accès libre sur les épidémies] en 2017.

L’avenir des systèmes de surveillance fondée sur les événements

Alors que la communauté mondiale continue de développer et de perfectionner la méthodologie et les systèmes de SFE, il est essentiel que l’ASPC continue de s’impliquer et de suivre le rythme des innovations en matière de technologie, de gouvernance et de systèmes. Le système de surveillance de la santé publique en libre accès avec lequel le RMISP interagit le plus est le projet EIOS de l’OMS, auquel le RMISP contribue à hauteur de 20 % de tous les intrants. Mais le Comité a entendu dire que ce système comporte certaines limites en raison du cloisonnement qui existe entre les diverses collectivités participantes et de la façon dont certains bénéficiaires pourraient répondre à différents types de renseignements.

L’OMS en est aux premières étapes de la mise en place du réseau EPI-BRAIN [en anglais seulement] (Epidemic Big Data Resource and Analytics Innovation Network), une « plateforme mondiale innovante qui permet aux experts en données et en santé publique d’analyser de grands ensembles de données pour la préparation et la réponse aux urgences ».Note de bas de page 20 Le Comité a été informé que l’OMS est en train de planifier et de définir la portée du projet. L’ASPC et le RMISP devraient continuer d’explorer les possibilités de collaboration et de contribution aux efforts de recherche internationaux en cours : EPI-BRAIN n’en étant qu’à ses débuts, l’ASPC est bien placée pour apporter ses connaissances et son expertise à son développement et pour bénéficier de ses résultats à l’avenir.

La contribution potentielle du RMISP ne se limite pas aux conseils techniques ou aux processus qu’il pourrait fournir. Elle pourrait aussi comprendre ses algorithmes, qui dictent la façon dont la plateforme trie et hiérarchise les entrées. Ces algorithmes ont déjà été partagés avec l’OMS, et l’ASPC devrait examiner comment ils pourraient être utiles pour l’avancement de la surveillance de la santé publique mondiale après la COVID-19. Le chapitre 3 examine plus en détail l’application des algorithmes.

Collaboration internationale future

À cause de la COVID-19, le besoin d’un réseau mondial de renseignements épidémiologiques n’a jamais été aussi clair. Le Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie, mis sur pied par l’OMS, a indiqué dans son deuxième rapport d’étape que, bien que « le système mondial d’alerte à la pandémie ne soit pas adapté à son objectif », l’OMS s’appuie plus que jamais sur les nouvelles traditionnelles et les reportages sur les médias sociaux au sujet d’événements de santé publique d’intérêt international.Note de bas de page 21

Dans son rapport final publié le 14 mai 2021, le Groupe indépendant demande à l’OMS de créer un « nouveau système mondial de surveillance, fondé sur la transparence totale de toutes les parties, en utilisant des outils numériques de pointe pour connecter les centres d'information du monde entier ».Note de bas de page 22 Le rapport souligne également la nécessité d'une « application cohérente des outils numériques, y compris l'incorporation de l'apprentissage automatique, ainsi que des fonctions de vérification et d'audit à cadence rapide ».

Le 21 janvier 2021, les États-Unis ont publié une directive sur la sécurité nationale qui exige la création d’un « centre national de prévision des épidémies (National Center for Epidemic Forecasting Outbreak Analytics) ainsi que la modernisation des systèmes mondiaux d’alerte rapide et de déclenchement afin de mettre à l’échelle des mesures de prévention, de détection, d’intervention et de rétablissement des menaces biologiques émergentes ».

De plus, au début de mai, l’OMS et la République fédérale d’Allemagne ont annoncé leur intention d’« établir un nouveau centre mondial pour l'innovation en matière de renseignement, de données, de surveillance et d'analyse des pandémies et des épidémies ».Note de bas de page 23

Les liens étroits du Canada avec les États-Unis et l’OMS, en plus de ses forces existantes en matière de SFE, offrent une bonne occasion d’alignement et de collaboration futurs. Comme l’indique le Groupe indépendant créé par l’OMS, pour que la surveillance mondiale soit efficace, les différents systèmes de SFE devront interagir. Aucun système ne pourra à lui seul détecter tous les événements, mais collectivement, les systèmes bien intégrés ont beaucoup plus de chances d’échanger de l’information et du renseignement pour brosser un tableau plus clair d’un événement émergent. Le RMISP, en tant que chef de file établi dans ce domaine, devrait se positionner comme un collaborateur capable de partager ses connaissances et son expertise et d’en apprendre davantage sur les différentes approches et les nouvelles idées mises au point ailleurs.

S’appuyer sur le rôle international du RMISP

Il ne fait aucun doute que la contribution du RMISP à l’OMS et à la surveillance mondiale est précieuse. Mais la question de savoir si cette valeur a toujours été pleinement reconnue par l’ASPC est moins claire.

Le Comité estime que la contribution internationale du RMISP devrait demeurer une priorité. Le Cadre de sécurité sanitaire mondiale de l’ASPC souligne la nécessité d’un engagement coordonné dans les efforts internationaux dans les domaines du renforcement des capacités, de l’engagement et de la collaboration, et de la gestion des urgences. Le RMISP est dans une position idéale pour contribuer à l’atteinte de ces objectifs.

Les analystes du RMISP signalent qu’ils ne se sentent pas aussi libres qu’auparavant d’échanger de l’information de façon informelle avec leurs homologues du monde entier. Une première étape pourrait consister simplement à encourager les analystes du RMISP à établir des réseaux avec des professionnels et à échanger de l’information de façon plus informelle avec leurs homologues. La direction devrait appuyer cet effort de façon proactive. Bien que les signaux officiels et les collaborations doivent être gérés afin d’attribuer correctement la responsabilité et les ressources, les réseaux informels offrent des avantages considérables.

Le Comité estime que le RMISP a accompli un travail admirable en établissant des relations internationales positives, qui se renforcent mutuellement et reposent sur l’échange d’information, et qu’il devrait continuer de le faire. À l’avenir, les analystes et les dirigeants du RMISP devraient réfléchir à la façon de s’assurer que ces partenariats et collaborations peuvent contribuer à une solide communauté du renseignement en santé publique et à une harmonisation croissante entre les systèmes et les cadres, ainsi qu’au renforcement de l’apprentissage et de la capacité de l’équipe en tandem.

Recommandations

1.5 Le mandat du RMISP doit continuer de tenir compte des objectifs nationaux et internationaux de la surveillance de la santé publique, notamment de la contribution internationale du RMISP.

1.6 L’influence internationale de l’Agence de la santé publique du Canada devrait être accrue en renforçant les partenariats internationaux existants du RMISP, ainsi qu’en envisageant des rôles que le RMISP pourrait jouer ou des contributions supplémentaires qu’il pourrait apporter en tant que chef de file établi de la SFE.

Les recommandations proposées jusqu’à présent sont directement liées au mandat du RMISP et correspondent à ce que le Comité croit que son rôle actuel et futur pourrait être. Examinons maintenant le RMISP lui-même, ses produits, sa fonction et sa place au sein de l’ASPC.

Produits et activités du RMISP

Le RMISP recueille chaque jour des données provenant de plusieurs sources en libre accès. Le système recueille automatiquement environ 7 000 articles au départ, dont environ la moitié sont filtrés avant que les analystes examinent manuellement les 3 500 articles restants.

La principale source d’information recueillie par le RMISP provient d’un service mondial de nouvelles et de surveillance appartenant à Dow Jones & Company, appelé Factiva, qui représente 84 % de tous les intrants, au coût de 1,8 million de dollars tous les deux ans. D’autres sources, y compris les agrégateurs d’information, comme Google News, et les médias sociaux, sont également surveillées par les analystes, mais ne sont pas automatiquement saisies par la plateforme.

Figure 1 : Diagramme du développement des intrants, des composantes et des produits du RMISP
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

Les entrées dans le système du RMISP sont constituées de données de nouvelles Factiva qui représentent 84 pour cent de toutes les entrées, suivies des entrées de flux RSS qui représentent 11 pour cent, de Twitter, 2 pour cent, des agrégateurs d’information, 2 pour cent, et d’autres entrées manuelles, 1 pour cent.

Le système du RMISP est constitué d’une composante automatisée et d’une composante analytique. La composante automatisée comprend 5 phases : suppression des doublons, métadonnées, catégorisation, traduction et les notes de pertinence.

La composante analytique évalue ensuite le travail automatisé et détermine s’il faut ou non envoyer une alerte ou ajouter un élément à la base de données ou au rapport quotidien.

Les alertes suivent un processus d’approbation qui comprend une justification verbale au directeur du Bureau de la connaissance de la situation, après quoi elles sont envoyées aux experts nationaux et internationaux en matière de santé publique.

Les rapports quotidiens sont envoyés aux experts nationaux. Outre les experts internationaux et nationaux, les chercheurs canadiens peuvent également accéder à la base de données.

Le RMISP s’est toujours appuyé sur une structure en deux étapes comprenant des processus automatisés et une analyse humaine. Une équipe d’analystes multilingues chevronnés ayant des antécédents variés et des connaissances géopolitiques prend les résultats initiaux automatisés, les filtre manuellement et sélectionne des reportages pertinents pour la santé publique. Les analystes continuent de rajuster et de peaufiner les algorithmes de recherche et la taxonomie pour améliorer la surveillance du RMISP au fil du temps.

Le Comité a examiné les données historiques sur les dépenses du RMISP. Le financement du RMISP fait partie d’un centre de coûts plus important au sein du Centre de mesures et d’interventions d’urgence, ce qui a nécessité un examen manuel des dépenses afin d’en établir un lien avec les activités du RMISP. La direction de l’ASPC, y compris son dirigeant principal des finances, a séparé le financement du RMISP au sein du budget global afin d’estimer les dépenses et le nombre d’équivalents temps pleinNote de bas de page 24 du RMISP depuis 2009-2010. Le tableau 1 présente ces dépenses.

Tableau 1 : Estimation des dépenses totales du RMISP, de 2009-2010 à 2020-2021
Exercice Équivalents temps plein Salaires Fonctionnement et entretien (F et E) Estimation des dépenses totales
2009-2010 15,1 1 291 073 $ 1 007 095 $  2 298 168 $
2010-2011 16,4 1 300 849 $ 1 783 643 $ 3 084 492 $
2011-2012 16,3 1 248 081 $ 1 393 077 $ 2 641 158 $
2012-2013 14,4 1 418 036 $ 1 479 592 $ 2 897 628 $
2013-2014 15,1 1 357 937 $ 1 232 544 $ 2 590 481 $
2014-2015 14,7 1 391 618 $ 725 013 $ 2 116 631 $
2015-2016 12,8 1 114 407 $ 2 944 232 $ 4 058 639 $
2016-2017 12,3 1 033 085 $ 2 272 780 $ 3 305 865 $
2017-2018 11,5 1 086 272 $ 2 018 983 $ 3 105 255 $
2018-2019 12,3 1 095 169 $ 1 387 824 $ 2 482 993 $
2019-2020 10,9 1 066 122 $ 1 730 278 $ 2 796 400 $
2020-2021 12,2 1 174 127 $ 1 540 895 $ 2 715 022 $

Fait important, l’exercice 2012-2013 s’est soldé par la perte de deux employés dans le cadre de l’initiative du Plan d’action pour la réduction du déficit. L’ASPC a informé le Comité que depuis cette réduction, la dotation en personnel a fluctué au fil du temps en raison de l’évolution des demandes opérationnelles et des congés des employés. En 2014 et 2016, des postes temporaires ont été ajoutés pour aider à répondre à la vague de la maladie à virus Ebola. Les congés des employés peuvent être compensés par l’embauche de personnel temporaire, bien que ces coûts soient considérés comme des dépenses de fonctionnement.

Autre fait important, le budget de F et E pour 2014-2015 ne comprend pas les dépenses liées aux fils de presse et à l’hébergement de la plateforme RMISP (qui sont comprises dans d’autres années), probablement en raison de l’absence d’un centre de coûts dédié au RMISP. Les coûts liés aux fils de presse et à l’hébergement se situent généralement entre 600 000 $ et 800 000 $ par année.

Les coûts directement liés aux salaires et à l’abonnement au compte Factiva constituent la majorité des dépenses annuelles du RMISP. Le RMISP a également reçu, en 2016, un financement ponctuel de 7,9 millions de dollars pour le projet de renouvellement du RMISP, en plus de son budget de fonctionnement (voir le chapitre 3 pour plus d’informations sur le renouvellement).

En 2016, la plateforme du RMISP a été transférée des serveurs privés de NStein à ceux du Conseil national de recherches du Canada, en partie en raison des coûts élevés des frais d’hébergement annuels, ce qui a entraîné une augmentation ponctuelle des coûts de F et E de 2015-2016 et 2016-2017.

Le Comité a également été informé que le RMISP a reçu un montant supplémentaire de 830 000 $ dans le cadre de l’Énoncé économique de l’automne 2020 pour la recherche, le soutien continu de la plateforme, l’embauche d’autres membres du personnel et le financement réservé aux subventions internationales au projet EIOS de l’OMS, ce qui sera pris en considération dans les dépenses des années à venir.

Dans les sections suivantes, les recommandations comprendront certaines fonctions et certains produits ou outils nouveaux qui nécessiteront des investissements supplémentaires, dont quelques-uns pourraient être importants. Toute nouvelle tâche ou fonction nécessitera le soutien de ressources et du temps, et les analystes du RMISP pourraient avoir besoin d’accéder à de nouvelles compétences et à de la formation. Fondamentalement, les analystes auront besoin de plus de temps à consacrer à toute nouvelle tâche qui leur sera confiée. Le Comité reviendra sur les besoins des analystes dans le chapitre suivant.

Le rapport quotidien du RMISP

Auparavant connu sous le nom de Rapport quotidien sur la connaissance de la situation, le Rapport quotidien du RMISP présente les meilleurs articles d’intérêt, classés en sections.Note de bas de page 25 Les articles contenant des liens vers des sources sont résumés brièvement dans un courriel. Les rapports quotidiens ne sont pas envoyés aux destinataires internationaux; ils ne sont envoyés qu’aux responsables nationaux de la santé publique et du gouvernement (un peu moins de 500 destinataires), dont 91 % font partie du gouvernement fédéral (449 abonnés). Environ 9 % des abonnés proviennent des gouvernements provinciaux ou territoriaux (40 abonnés) ou des administrations régionalesNote de bas de page 26 (4 abonnés).

Parmi ces destinataires du gouvernement fédéral, la majorité d’entre eux font partie de l’ASPC et du portefeuille de la Santé, représentant 87 % des abonnés.Note de bas de page 27 Les 13 % restants proviennent d’autres ministères. Le Rapport quotidien est publié tous les matins à 8 h 30, heure de l’Est.

Figure 2 : Répartition des abonnés du Rapport quotidien du RMISP
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Équivalent textuel

Parmi les abonnés au rapport quotidien :

  • 449, soit 91 pour cent, viennent du gouvernement fédéral
  • 40, ou 8 pour cent, viennent de gouvernements provinciaux et territoriaux
  • 4, ou 1 pour cent, viennent de gouvernements régionaux

Parmi les 449 abonnés fédéraux au rapport quotidien :

  • 359, ou 80 pour cent, font partie de l’Agence de la santé publique du Canada
  • 31, ou 7 pour cent, proviennent du portefeuille de la Santé
  • 31, ou 7 pour cent, font partie d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
  • 14, ou 3 pour cent, font partie d’Affaires mondiales Canada
  • 14, ou 3 pour cent, font partie d’autres ministères du gouvernement

Les chiffres sont ceux de novembre 2020.

Le rapport quotidien offre un moyen régulier de mettre à jour et de signaler les alertes qui auraient pu être signalées auparavant. Par exemple, si une alerte est émise le lundi, mais que l’on constate qu’il s’agit d’un faux positif avant le jeudi, le rapport quotidien comprendra probablement des articles qui traitent de ce résultat.

Toutefois, comme les abonnés internationaux ne reçoivent pas de rapports quotidiens, ils ne recevraient pas non plus d’avis supplémentaires du RMISP directement sur le résultat d’une alerte qui se révélerait ultérieurement être un faux positif. Les abonnés internationaux devraient soit ouvrir une session sur la plateforme du RMISP de façon indépendante, à condition d’avoir les ressources et les connaissances nécessaires, soit consulter d’autres sources d’information pour confirmer la nouvelle. Les rapports quotidiens n’ont probablement jamais été envisagés pour les destinataires internationaux. Toutefois, ces derniers peuvent bénéficier d’un produit quotidien plus accessible que la plateforme du RMISP et peuvent envoyer des mises à jour concernant les alertes directement dans leur boîte de réception.

Le Comité a appris que le RMISP est en train de mettre la dernière main aux procédures normales d’exploitation propres aux rapports quotidiens. Il est tout aussi important d’examiner et d’évaluer régulièrement les produits et les procédures qui les guident, afin qu’ils continuent de répondre aux besoins des destinataires. Cette approche s’appuie sur un précédent : en 2019, une évaluation de la satisfaction des utilisateurs à l’égard des rapports quotidiens, entreprise par l’équipe du RMISP, a révélé qu’ils sont largement et régulièrement lus par les destinataires. Les répondants ont déclaré utiliser les rapports quotidiens pour connaître le contexte, comme point de départ d’une enquête plus approfondie et comme composante de leur évaluation des risques. Ils ont également noté un certain nombre d’ajustements qui amélioreraient les rapports quotidiens. À la suite de cette évaluation, des améliorations ont été apportées au produit afin de mieux répondre aux besoins des destinataires.

À l’avenir, une évaluation régulière et périodique des résultats du RMISP devrait être intégrée aux activités du RMISP, en phase avec les plans à l’échelle de l’ASPC. Cet examen régulier deviendra encore plus essentiel à mesure que la fonction de surveillance au sein de l’ASPC sera mieux définie et que les méthodes d’évaluation des risques seront élaborées.

Comme il a été mentionné précédemment, l’ASPC n’a pas entrepris d’examen complet de ses systèmes de surveillance depuis 2016, bien qu’elle ait indiqué qu’elle avait l’intention de le faire une fois la crise actuelle de la COVID-19 terminée. Le Comité soulignerait l’importance de cette évaluation à la fois comme fonction du RMISP et comme élément d’un objectif ministériel fondamental.

Recommandations

1.7 Le RMISP devrait évaluer régulièrement le contenu, le format, l’incidence et la portée de tous ses processus et produits, et devrait utiliser ces évaluations pour ajuster ses services en fonction de son mandat.

1.8 Des activités de sensibilisation régulières auprès des abonnés devraient être intégrées aux activités du RMISP, et les commentaires devraient orienter la création et l’évaluation régulière des procédures normales d’exploitation pour tous les produits.

1.9 L’Agence de la santé publique du Canada devrait déterminer si le rapport quotidien ou un produit semblable devrait être envoyé aux abonnés internationaux.

Alertes du RMISP

Comme nous l’avons indiqué dans le rapport intérimaire, il y a eu beaucoup de renseignements contradictoires et un manque de clarté au sujet de l’objet et de l’application des alertes par le passé. Nous avons remarqué que la définition du terme « alerte » ne semble pas conforme à la définition énoncée dans le document d’orientation de l’OMS, intitulé Détection précoce, évaluation et réponse lors d’une urgence de santé publique : Mise en œuvre de l’alerte précoce et réponse notamment la surveillance fondée sur les événements. La définition plus rigoureuse du terme « alerte », selon ce document d’orientation, serait un événement de santé publique a) qui a été vérifié, b) qui a été évalué sur le plan des risques et c) qui nécessite une intervention, y compris une enquête, une réponse officielle ou une communication. Les alertes du RMISP ne sont vérifiées qu’en partie et, selon ce document d’orientation, sont plus précisément appelées « signaux ».

L’utilisation du mot « alerte » par le RMISP a débuté avant la publication de toute définition internationale par l’OMS en 2014. Le document d’orientation sur les alertes précoces et réponses a été élaboré bien après que le RMISP a envoyé ses premières alertes à la fin des années 1990. L’utilisation du mot « alerte » par le RMISP pourrait simplement être fondée sur des précédents. En fait, un examen des produits publiés par d’autres systèmes de SFE révèle un degré élevé d’écart dans la terminologie utilisée pour décrire une alerte ou un signal, y compris d’autres termes comme « notification » et « publication », et même « rapport ».

Le Comité estime que le moment est venu de réexaminer l’utilisation de termes et de mots précis, y compris le mot « alerte », qui, selon les définitions énoncées dans le document d’orientation de l’OMS, suppose un degré d’évaluation qui dépasse les fonctions du RMISP, ou l’intention sous-jacente de ces signaux d’alerte précoce.

La ligne d’interrogation initiale sur les alertes était le résultat direct de la réflexion de certains hauts dirigeants supervisant directement le RMISP, qui ne pouvaient pas décrire l’objet des alertes ni définir le public auquel elles étaient destinées, et qui n’avait peut-être pas une compréhension complète de leur but. Par exemple, le Comité a entendu à plusieurs reprises que certains hauts dirigeants étaient préoccupés par le fait que les alertes soient interprétées comme des positions officielles du gouvernement du Canada sur des événements internationaux, ou que certaines alertes aient été prématurées ou inutiles.

Ce sont des préoccupations valables qui méritent d’être soulevées. Toutefois, en soi, cette confusion ne devrait pas être la prémisse sur laquelle l’ASPC modifie sa méthode de surveillance internationale. Le Comité croit plutôt que cet exemple aide à souligner l’importance d’un examen régulier de la terminologie, des normes et des protocoles pour tous les produits.

À l’avenir, la capacité de collaborer à l’échelle internationale pourrait bénéficier de l’utilisation et de l’application uniformes de la terminologie. L’ASPC et le RMISP ont l’occasion de contribuer à une certaine intendance internationale en montrant leur volonté de changer leur terminologie de façon proactive, conformément au document d’orientation de l’OMS. Le Comité note également que les lignes directrices de l’OMS sont considérées comme provisoires; si l’ère post-COVID-19 amène de nouveaux systèmes de SFE en ligne, le moment est peut-être bien choisi pour travailler de nouveau avec des partenaires internationaux sur la terminologie et les attributs communs de la SFE internationale.

Recommandation

1.10 L’Agence de la santé publique du Canada et le RMISP devraient revoir la terminologie existante et travailler avec les partenaires et les abonnés à la mise en œuvre de normes, de définitions et de documents d’orientation utiles pour la SFE internationale à l’avenir.

Le but des alertes : des signaux d’avertissement précoce

Les alertes du RMISP sont destinées à aviser un destinataire qu’il existe un signal qu’il pourrait vouloir prendre en compte ou suivre, en fonction des critères de risque énoncés à l’annexe 2 du RSI (2005). Une alerte consiste en un courriel contenant un lien vers un article sur un événement survenu à l’extérieur du Canada. Les alertes se veulent un outil de diffusion rapide de l’information sur d’éventuels événements préoccupants pour la santé publique, tant au pays qu’à l’étranger. En date de novembre 2020, il y avait 982 personnes qui recevaient des alertes, et plus de la moitié d’entre elles sont des destinataires internationaux. Parmi ces derniers, 10 % sont membres de l’OMS dans une certaine mesure.

Figure 3 : Répartition des utilisateurs du RMISP

Remarque : six personnes ont choisi de ne pas recevoir d’alertes.

Figure 3. La version textuelle suit.
Figure 3 - Équivalent textuel

Parmi les 994 abonnés ayant accès à la plateforme :

  • 537, soit 54 pour cent, sont d’origines internationales
  • 390, soit 39 pour cent, viennent du gouvernement fédéral canadien
  • 49, soit 5 pour cent, viennent de gouvernements provinciaux, territoriaux ou régionaux canadiens.
  • 9, soit 1 pour cent, sont du milieu universitaire
  • 9, soit 1 pour cent, sont du domaine privé ou d’un autre domaine

Parmi les 537 abonnées d’origines internationales :

  • 467, soit 87 pour cent, sont des États ou des gouvernements régionaux
  • 54, soit 10 pour cent, font partie de l’OMS
  • 11, soit 2 pour cent, font partie d’autres organisations internationales
  • 5, soit 1 pour cent, font partie d’autres catégories

Les chiffres sont ceux de novembre 2020.

Cette détection rapide est très utile pour les destinataires internationaux et nationaux, car elle permet de repérer rapidement les articles d’intérêt particulier par courriel, plutôt que d’obliger un abonné à ouvrir une session de façon proactive sur la plateforme du RMISP. C’est particulièrement le cas pour les abonnés internationaux qui ne reçoivent pas de rapport quotidien. Un tel signal peut faire en sorte que ces événements d’intérêt soient traités rapidement par ceux qui sont les mieux placés pour les examiner plus à fond. Ce produit doit demeurer au cœur des activités du RMISP.

Le RMISP ne transmet pas d’alertes pour des événements nationaux. Les provinces et les territoires sont responsables de signaler à l’ASPC les événements qui surviennent à l’intérieur des frontières du Canada, en s’appuyant principalement sur la SFI. À titre de point de contact national du RSI pour le Canada, l’ASPC agit comme point central pour faire connaître les événements nationaux au sein de la communauté internationale. Toutefois, le RMISP peut assurer une surveillance accrue des problèmes nationaux une fois qu’ils sont cernés, comme il l’a fait pour le SRAS et comme il continue de le faire pour la COVID-19.

 À l’heure actuelle, la transmission des alertes est guidée par les procédures normales d’exploitation (PNE), mises en œuvre en octobre 2020. Selon les PNE, la décision de transmettre une alerte commence par une discussion entre les analystes du RMISP en service, en consultation avec l’épidémiologiste principal, en fonction d’une version adaptée du RSI (2005), ainsi que d’autres facteurs internes à prendre en considération, par exemple la crédibilité de la source et la taille de la population touchée. Une brève justification verbale est ensuite soumise à l’approbation du directeur du Bureau de la connaissance de la situation avant que l’alerte ne soit transmise électroniquement aux abonnés nationaux et internationaux.

La mise en place de ces PNE a aidé à remédier au manque de clarté observé au départ par le Comité quant à savoir qui est responsable de quoi une fois que la décision de transmettre une alerte est prise. Les PNE sont utiles sur le plan de la procédure, faciles à comprendre et présentent en détail qui, au sein de la chaîne de commandement, est responsable de quoi. Ces PNE devraient établir la norme pour toutes les PNE à venir.

L’existence de PNE claires peut également aider à éviter un autre scénario semblable à celui du début de 2019, où les changements apportés aux approbations ont été mal communiqués en plus d’être imprécis. Bien que le Comité ait vu de la correspondance entre des analystes et leur directeur faisant référence à ce changement à cette époque, aucune directive écrite n’a été fournie concernant les étapes appropriées pour approuver une alerte, ou la date à laquelle les nouveaux changements devaient entrer en vigueur.

En dehors de l’examen futur de la façon dont la terminologie pourrait être rajustée, le Comité croit que la fonction sous-jacente des alertes est appropriée, et les procédures nouvellement créées offrent un niveau beaucoup plus élevé de transparence sur la façon dont cette fonction est exécutée. Maintenant que ces PNE ont clairement établi le but et les procédures entourant les alertes et qu’elles existent depuis près d’un an, il faut se demander si le poste de gestionnaire du RMISP constituerait le niveau d’approbation approprié.

Recommandation

1.11 Les signaux d’avertissement précoce (alertes) doivent demeurer une fonction essentielle des activités du RMISP.

Le RMISP et la détection précoce de la COVID‑19

Le RMISP a d’abord détecté des signaux de ce qui allait devenir la pandémie de COVID‑19 le 30 décembre 2019, à 22 h 30, heure de l’Est. Ces signaux ont été observés par l’analyste du RMISP en service. Le signal a été diffusé le lendemain matin dans le rapport quotidien du 31 décembre 2019, qui citait un article publié par l’Agence France Presse et un article publié par le South China Morning Post.

La présidente de l’ASPC, Tina Namiesniowski, et l’administratrice en chef de la santé publique (ACSP), la Dre Theresa Tam, ont pris des mesures à la réception du rapport spécial du 1er janvier de la direction du RMISP peu après 9 h. La présidente a communiqué de l’information au cabinet de la ministre de la Santé, ainsi qu’à ses homologues du Bureau du Conseil privé (BCP), d’Affaires mondiales Canada (AMC) et de Sécurité publique Canada (SPC).

La réponse du Canada à la COVID-19 a effectivement commencé le premier jour de 2020, en partie en raison de l’identification de l’événement et de la notification du signal initial par le personnel du RMISP. Le Comité n’a vu aucun élément de preuve laissant entendre que le RMISP aurait pu identifier plus tôt l’éclosion, bien que d’autres systèmes, comme BlueDot et ProMED, aient identifié l’éclosion le même jour.

Les analystes du RMISP ont dit au Comité qu’à la suite des premiers rapports à la fin de décembre, ils ont entrepris un examen rétroactif des données des mois précédents afin de déterminer s’ils avaient omis de détecter un événement. Leur évaluation interne a permis de conclure qu’il n’y avait pas d’information antérieure qui aurait pu donner un signal plus tôt. Le Comité félicite les analystes pour cette pratique, ainsi que pour leur diligence.

La base de données du RMISP

Bien que la base de données du RMISP ne soit pas un produit, elle est néanmoins accessible à tous les abonnés et constitue une ressource de valeur importante. Sur les 3 500 dossiers examinés par les analystes au cours d’une journée donnée, de 1 000 à 1 500 seront publiés dans la base de données du RMISP, à laquelle les abonnés pourront ensuite accéder pour effectuer des recherches et des contrôles indépendants. (Pendant la pandémie de COVID-19, les volumes ont été plus élevés, soit entre 2 500 et 3 000 enregistrements par jour.)

Il y a un peu moins de 1 000 abonnés à la base de données : 54 % sont des experts internationaux, et les 46 % restants sont des experts fédéraux, provinciaux, territoriaux, régionaux, du milieu universitaire et du secteur privé au Canada. Bien que l’accès à la base de données soit limité aux partenaires en santé publique qui « ont la responsabilité de surveiller ou d’atténuer les menaces émergentes en matière de santé publique ou d’intervenir à leur égard »Note de bas de page 28, il n’y a pas de frais d’utilisation.

La base de données est également un outil important pour des publics internationaux particuliers, comme l’Organisation panaméricaine de la santé, qui ne reçoivent pas de rapports quotidiens. En gardant ces abonnés à l’esprit, le RMISP catégorise les articles importants pour ces publics particuliers au moyen de métabalises (par exemple, Organisation panaméricaine de la santé, effets indésirables du vapotage). Cette catégorisation permet aux abonnés internationaux d’accéder directement à une collection d’articles d’intérêt organisée dans la base de données, même s’ils ne reçoivent pas les rapports quotidiens par courriel.

Le Comité a entendu dire qu’il y a un certain intérêt dans le milieu universitaire à pouvoir utiliser les données filtrées du RMISP, mais que des défis persistent en ce qui concerne l’interopérabilité entre les plateformes, l’accès ainsi que la stabilité de la plateforme elle-même (voir le chapitre 3).

La valeur du code sous-jacent du RMISP

En plus des données contenues dans sa base de données, le RMISP dispose d’une base de codes qui présente également un potentiel important. On a dit au Comité que cette source d’information est bien adaptée pour appuyer le développement de meilleurs algorithmes d’intelligence artificielle nécessaires pour gérer efficacement un volume sans cesse croissant d’information. Il s’agit d’une contribution que le RMISP a apportée par le passé, en particulier aux travaux internationaux menés par l’OMS. Les politiques fédérales globales, y compris la Directive sur la prise de décisions automatisée du Conseil du Trésor, aident maintenant à préparer le terrain pour l’utilisation de l’intelligence artificielle par le gouvernement fédéral, et la capacité de gestion et d’évaluation des algorithmes d’intelligence artificielle augmente. Le RMISP peut à la fois contribuer à ce processus et en tirer des enseignements.

Pour gérer et évaluer les algorithmes d’intelligence artificielle, il faudra d’abord améliorer considérablement l’accès à la base de codes du RMISP. De plus, les secteurs de programme de l’ASPC peuvent ne pas être à l’aise ou au courant des capacités du RMISP, ou de la façon dont elles pourraient être adaptées pour mieux saisir des événements particuliers. Le travail lié aux algorithmes d’intelligence artificielle pourrait aussi consister à apprendre auprès d’autres experts à l’intérieur ou à l’extérieur du gouvernement qui travaillent beaucoup avec des algorithmes d’intelligence artificielle, et à déterminer qui peut apporter une contribution importante à leur développement et à leur évolution continus. Les recommandations relatives à la base de données et au code sont détaillées au chapitre 3.

Faire un meilleur usage du RMISP et de la surveillance fondée sur les événements

Au sein de l’ASPC

L’ASPC a eu de la difficulté par le passé en raison du cloisonnement qui limite l’interaction entre les équipes et les fonctions. L’une des principales possibilités de renforcement des liens au sein des organismes est la reconnaissance croissante de l’application de la SFE dans les secteurs de programme qui ont habituellement ou traditionnellement compté sur la SFI.

La base de données du RMISP est une ressource utile pour les spécialistes de l’ASPC. Bien qu’elle n’ait jamais été conçue pour être une base de données épidémiologiques, le fait qu’elle a recueilli, organisé et filtré des décennies d’articles en santé publique en fait effectivement une ressource potentielle de recherche et d’étude historiques.

De plus, à mesure que la discipline de la SFE évolue, on reconnaît de plus en plus qu’au fil du temps, l’organisation structurée et systématique des données par les analystes peut être convertie en une surveillance fondée sur des indicateurs. Note de bas de page 29 En fait, le Comité a pris connaissance du fait que les secteurs de programme envisagent de plus en plus l’utilisation d’outils de surveillance fondée sur les événements à petite échelle pour compléter leur travail de surveillance actuel, et, même, qu’ils en construisent.

Le système du RMISP peut également être adapté pour saisir une nouvelle terminologie. En réponse à un événement nouveau ou en évolution, les analystes du RMISP travaillent avec leurs homologues du programme de façon ponctuelle pour élaborer et appliquer de nouveaux termes de recherche à la base de données afin que les secteurs de programme puissent compléter leur SFI continue par une surveillance en temps réel supplémentaire du RMISP. Certains secteurs de programme ne sont peut-être pas au courant de la capacité du RMISP d’intégrer des termes clés et des termes de recherche qui permettraient au système de saisir du contenu propre à leur domaine d’intérêt.

Il s’agit d’un domaine où les analystes du RMISP ont beaucoup à apporter, et qui pourrait être utilisé en consultation pour guider les méthodes et les approches. Le Comité croit que les secteurs de programme ont beaucoup à gagner du RMISP et qu’il faut demander de l’aide aux analystes et faire appel à leur savoir-faire. De façon plus formelle, les programmes pourraient tirer davantage parti du système RMISP, en travaillant avec les analystes sur une nouvelle terminologie pour guider les algorithmes du RMISP. En retour, le système peut aider ces secteurs de programme à intégrer la SFE dans la surveillance locale et nationale.

Au fil du temps, il pourrait être avantageux d’établir un examen régulier et cyclique de la terminologie en consultation avec les secteurs de programme. Cet examen pourrait permettre d’élargir considérablement l’utilisation de la SFE dans l’ensemble de l’ASPC et venir compléter la surveillance de la SFI en cours dans les secteurs de programme. Ce changement ne peut être dicté uniquement par le RMISP et nécessitera l’appui total et actif du leadership de l’ASPC.

La réforme structurelle au sein de l’ASPC est en cours, y compris l’élaboration d’une nouvelle fonction de surveillance transversale. Dans ce contexte, il est possible de réexaminer et de rétablir les liens informels entre les directions générales existantes et nouvelles.

Provinces et territoires

Le RMISP n’est pas très utilisé par les provinces ou les territoires. Les abonnés provinciaux et territoriaux représentent 5 % de tous les utilisateurs, bien que l’intérêt ait augmenté depuis le début de la pandémie de COVID-19. Environ 40 abonnés provinciaux et territoriaux reçoivent le rapport quotidien du RMISP. Bien que l’ASPC travaille beaucoup avec les provinces et les territoires, par l’entremise de nombreux bureaux et canaux, les interactions directes du RMISP avec ces administrations sont informelles.

Malgré cela, la plupart des experts consultés provenant d’administrations provinciales ont reconnu le rôle et les avantages du RMISP, et se souviennent avoir vu ou utilisé des parties de son renseignement dans le passé. Plusieurs hauts dirigeants étaient convaincus que l’analyse fournie par leurs propres équipes comprenait probablement les commentaires du RMISP.

Le Comité a constaté que les provinces et les territoires pourraient tirer davantage parti des produits et de la base de données du RMISP, selon leurs besoins et leur capacité.

Accroître la sensibilisation et l’utilisation

À la fin janvier, une présentation au sujet du RMISP a été faite à l’intention des membres du Comité consultatif de logistique fédéral, provincial et territorial. Ce type de mobilisation est une façon de sensibiliser davantage les provinces et les territoires aux produits et à la base de données du RMISP et de s’assurer que les autres administrations savent qu’elles peuvent choisir de recevoir ses produits. Il s’agit d’un exemple où l’amélioration de l’évaluation et de la sensibilisation pourrait orienter l’élaboration de tout nouveau produit potentiel qui répond aux besoins uniques d’autres administrations.

Pour que le RMISP soit utile à l’échelle provinciale et territoriale, il faudra un soutien adapté et un renforcement des capacités, une constatation qui s’appuie sur des observations antérieures selon lesquelles les analystes du RMISP sont bien placés pour offrir de la formation aux autres sur la façon d’utiliser la plateforme et d’appliquer les données de la SFE dans leur travail.

Les besoins varient d’une province et d’un territoire à l’autre, et les plus grandes administrations dotées d’une solide capacité de surveillance n’ont peut-être pas besoin de la capacité RMISP, et les plus petites administrations n’ont peut-être pas les ressources nécessaires pour entreprendre une surveillance régulière à l’échelle mondiale. Il n’y a pas d’approche universelle, et l’accès au RMISP ne devrait pas représenter un fardeau supplémentaire.

Recommandation

1.12 Les provinces et les territoires du Canada devraient être invités de façon proactive à accéder aux produits du RMISP et à les utiliser. Les analystes du RMISP devraient continuer à fournir un apprentissage sur mesure pour aider les provinces à utiliser la base de données et à interpréter la surveillance fondée sur les événements, selon les besoins.

Chapitre 2. Organisation et flux d’informations du RMISP

Pour être plus efficaces, les produits du RMISP doivent être intégrés à un processus d’évaluation des risques qui fait appel à l’expertise d’autres équipes de l’ASPC, fournit à l’ACSP des renseignements opportuns et à valeur ajoutée et lui permet de conseiller la ministre de la Santé en conséquence.

Le Comité a évalué si la détection rapide des signaux mène à une vérification et à une évaluation rapide des risques pouvant servir à une prise de décision. Il a constaté que les structures et le processus actuels ne sont pas clairs.

Afin de s’acquitter de son mandat, l’ASPC devrait mettre en place des structures de gouvernance qui favorisent la coordination entre les fonctions de surveillance et attribuent clairement la responsabilité de l’évaluation des risques. Le rôle et la fonction du RMISP doivent s’inscrire dans un contexte qui le relie au cycle plus large d’évaluation des risques.

Notre examen des structures de gouvernance comprenait une évaluation de la place actuelle du RMISP au sein de l’organisation, à savoir si cette place lui permet de s’intégrer plus harmonieusement à l’évaluation des risques. L’ASPC s’est déjà réorganisée dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et son aspect de même que son fonctionnement pourraient être différents dans un avenir rapproché. De ce fait, les recommandations toucheront les conditions requises afin d’optimiser le rôle et la fonction du RMISP.

À mesure que les fonctions du RMISP se développent, l’équipe devrait avoir accès à une formation et à un soutien supplémentaires. Pour les analystes actuels et potentiels, les possibilités d’enrichissement des compétences, d’échange et d’apprentissage devraient être remises en valeur; les connaissances et l’expérience organisationnelles forment le point de départ sur lequel il sera possible de s’appuyer.

En ce qui concerne ce dernier point, notre champ d’action ne se limite pas à l’équipe du RMISP, mais s’étend également aux compétences requises par ses dirigeants, y compris les cadres supérieurs.

Enfin, tout comme la COVID-19 a mis au défi l’ASPC de tenir compte de la surveillance et du renseignement en matière de santé publique, la communauté de la sécurité et du renseignement s’est aussi engagée davantage dans les objectifs de santé publique. En ce qui concerne la gouvernance, ce changement exigera que l’ASPC clarifie la façon dont elle entend gérer les nouveaux types de renseignement et comment cela pourrait influencer la prise de décision, en particulier dans les scénarios d’urgence à venir où les mandats de sécurité publique et de santé publique se recoupent.

Calculer le risque : comment l’alerte rapide donne lieu à des actions

Dans le cadre de la SFI et de la SFE, une étape essentielle dans l’utilisation efficace des moyens de surveillance repose sur la capacité à entreprendre une évaluation des risques en temps voulu. L’évaluation des risques est un processus systématique de collecte, d’évaluation et de documentation des informations permettant de déterminer un niveau de risqueNote de bas de page 30 afin que les décideurs publics puissent prendre des mesures et atténuer les conséquences des événements en santé publique.

L’évaluation des risques est entreprise dans plusieurs parties de l’ASPC et de plusieurs façons différentes. Il n’existe pas de méthode unique dans l’évaluation des risques à l’ASPC; les méthodes et les normes ont évolué en fonction du secteur et de la discipline.Note de bas de page 30 Le Comité a appris que certains secteurs de programme ont des procédures d’évaluation des risques rigoureuses et enquêtent régulièrement sur les événements de la santé publique, alors que d’autres ont moins de ressources et de visibilité.

Ce dernier point a été confirmé par le vérificateur général du Canada, qui a formulé la recommandation suivante : « L’Agence de la santé publique du Canada devrait renforcer son processus en vue de favoriser des évaluations des risques crédibles et réalisées en temps opportun pour orienter les interventions de santé publique visant à limiter la propagation de maladies infectieuses qui peuvent causer une pandémie, conformément à ses plans d’intervention et à ses orientations en cas de pandémie. »Note de bas de page 31

L’ASPC a pris acte de cette recommandation et s’est engagée à revoir le processus d’évaluation des risques en tenant compte des leçons tirées de la COVID-19. Elle a également l’intention de faire participer des partenaires et des intervenants nationaux et internationaux à cet examen pour que celui‑ci soit cohérent et qu’il s’inspire d’autres examens internationaux du processus d’évaluation des risques.Note de bas de page 31

Un examen est également conforme aux obligations internationales du Canada en vertu du RSI (2005) qui stipule que la capacité à évaluer le risque est partie intégrante du système de surveillance, de prévention et d’intervention. Les États membres sont en outre encouragés à appliquer une approche constante et structurée à l’évaluation des risques liés aux événements de santé publique.Note de bas de page 30

Il s’agit là d’une entreprise essentielle. Les renseignements présentés au Comité ont démontré que les structures de l’ASPC pour l’évaluation des risques se sont affaiblies avec le temps en raison de la confusion quant à la responsabilisation et à des changements internes qui ont affecté la coordination générale de la surveillance.

Dans son rapport intérimaire, le Comité décrit l’évaluation des risques comme étant un domaine à approfondir, en se basant sur les impressions initiales selon lesquelles il y avait une possibilité pour le RMISP de mieux intégrer l’évaluation des risques afin que la détection rapide des signaux puisse mener à des décisions d’action et d’intervention.

Dans le cadre de cet examen, et avec le RMISP comme point central, le Comité a formulé des recommandations qui traitent de l’évaluation des risques en général. À cette fin, nous réexaminons certaines leçons tirées de la surveillance au fil des ans et étudions les conséquences évidentes de l’affaiblissement des outils de coordination et de gouvernance. Nous espérons que ces recommandations fourniront des paramètres utiles pour réfléchir à cet exercice.

La nécessité d’un bureau central de coordination de l’évaluation des risques

Alors que l’ASPC entame la révision de sa fonction d’évaluation des risques, le Comité l’invite vivement à tenir compte de certaines forces des méthodes adoptées précédemment qui pourraient encore être appropriées.

Les bases de ces recommandations sont guidées par les besoins du RMISP et la nature de la SFE. Elles s’inspirent également de ce que nous ont dit directement les experts de l’ASPC qui ont noté une confusion constante quant à la façon dont les risques sont évalués, ainsi qu’à la façon dont ils sont transmis aux échelons supérieurs et à la personne responsable de cette tâche.

Le Comité est convaincu que l’évaluation des risques de l’ASPC nécessite des structures responsables et que cette responsabilité ne s’établira pas d’elle-même. Actuellement, la responsabilité de l’évaluation des risques semble incomber à l’ACSP, bien que la législation ne soit pas claire à ce sujet. De même, il n’existe pas d’équipe qui se consacre à aider à coordonner les évaluations effectuées dans de nombreux secteurs de programme.

Recommandations

2.1 La responsabilité générale de l’administrateur en chef de la santé publique quant à l’évaluation des risques devrait être mieux encadrée par un bureau d’évaluation des risques spécialisé ayant pour mandat de demander, de coordonner et de fournir les renseignements nécessaires pour assumer ce rôle.

2.2 Il faudrait envisager d’attribuer officiellement la responsabilité de l’évaluation des risques à l’administrateur en chef de la santé publique dans la Loi sur l’Agence de la santé publique du Canada.

Le RMISP et son rôle dans l’évaluation des risques

Le RMISP n’entreprend pas d’évaluation des risques : il n’élabore ni ne recommande d’interventions spécifiques ou de réponses politiques. Il assure la détection rapide, la vérification initiale d’un événement potentiel qui pourrait avoir des conséquences sur la santé publique. Bien qu’il constitue une partie essentielle du continuum des risques, sa fonction principale est de signaler les événements qui pourraient devenir importants.

Le RMISP, en tant que système fondé sur les événements tous risques, s’alignerait avec les méthodes recommandées dans les contextes d’intervention en cas d’urgence et de gestion de catastrophes comme les plans de préparation à une pandémie. À ce titre, l’évaluation des risques dans ce rapport s’inspire du guide de l’OMS intitulé Rapid Risk Assessment of Acute Public Health Events, qui est spécifique aux risques pour la santé publique de tout type de danger. Selon ce guide, la fonction principale du RMISP réside dans la détection d’un événement de santé publique potentiellement important – c’est une fonction de surveillance.

Les analystes du RMISP évaluent chaque élément qu’ils signalent, qu’il s’agisse de signaux isolés ou d’éléments inclus dans les rapports quotidiens, en fonction des critères établis par le RSI (2005). Ils valident la source : dans un système de la surveillance en libre accès, tous les articles ne se valent pas, et la prise en considération de la réputation des sources ainsi que les perspectives historiques sur les sources fiables de rapports fait partie des compétences des analystes. De plus, les procédures normales d’exploitation (PNE), mises en place en octobre 2020, précisent les processus d’approbation internes, les rôles et la responsabilité liés à la transmission des alertes.

Figure 4 : Facteurs à prendre en considération dans les procédures normales d’exploitation (PNE) en ce qui trait aux alertes du RMISP (signaux)
Figure 4. La version textuelle suit.
Figure 4 - Équivalent textuel

Procédures normales d’exploitation sur les alertes :

Facteurs à prendre en considération selon le Règlement sanitaire international :

  • S’agit-il d’un événement inhabituel ou inattendu?
  • Les répercussions sur la santé publique sont-elles graves?
  • Y a-t-il un risque important de propagation internationale?
  • Y a-t-il un risque important de restrictions empêchant les voyages ou les échanges internationaux?

Facteurs à prendre en considération liés à l’Agence de la santé publique du Canada et au RMISP :

  • Le rapport provient-il d’une source crédible ou est-il étayé par d’autres informations?
  • L’événement est-il causé par un agent inconnu ou un agent à fort potentiel épidémique?
  • Une grande partie de la population du pays d’origine est-elle susceptible d’être touchée?
  • Existe-t-il des mesures de prévention et de contrôle efficaces et peuvent-elles être mises en œuvre?
  • D’autres considérations peuvent être prises en compte.

Autres considérations :

  • Quels secteurs du programme de l’Agence de la santé publique du Canada ou du portefeuille de la Santé devraient être avisés directement?
  • Faut-il informer une organisation ou un pays en particulier autrement que par des alertes?
  • Quels renseignements supplémentaires sont nécessaires pour lever l’alerte?

Cette évaluation initiale est indispensable, même dans les cas où les événements peuvent être résolus rapidement ou sont signalés trop rapidement; les faux positifs sont un résultat accepté de la surveillance fondée sur les événements où il est important de pouvoir anticiper, prévoir et réagir rapidement. La grande majorité des experts confirment qu’un certain degré de redondance est nécessaire et qu’il vaut mieux recevoir quelques signaux qui ne mènent à rien que de manquer le signal qui mène à la prochaine pandémie.

Le renseignement doit être relié de façon appropriée aux équipes et aux fonctions qui peuvent en maximiser l’utilisation et les avantages. L’approche ultérieure de l’ASPC en matière d’évaluation des risques doit tenir compte de la façon dont l’évaluation initiale du RMISP devrait être reliée au cycle plus large du continuum des risques, et particulièrement s’assurer que les signaux du RMISP sont en mesure de lancer une évaluation des risques dont les décideurs publics ont besoin.

La réflexion sur le RMISP dans le contexte d’un continuum s’inspire des directives de l’OMS sur les alertes précoces et les réponses, mais elle n’est pas nouvelle. Le rapport de 2008 de la vérificatrice générale du Canada sur la surveillance des maladies infectieuses avait déjà souligné la nécessité d’une évaluation intégrée des risques. La réponse à cette vérification prévoyait notamment l’élaboration d’un cadre d’évaluation des risques avant 2009.

Recommandation

2.3 Les produits du RMISP devraient faire partie d’un continuum d’évaluation intégrée des risques qui relie le renseignement aux personnes qui peuvent entreprendre la vérification, l’évaluation des risques, la coordination et la mise en place de mesures appropriées.

Les prochains paragraphes font état des lignes directrices du Comité sur la meilleure façon d’établir ce continuum d’évaluation des risques et les structures à l’appui au sein de l’ASPC qui permettront au RMISP de s’y intégrer.

Le RMISP et le bureau d’évaluation des risques

Un défi constant noté par le Comité est que le RMISP est quelque peu isolé en tant qu’équipe et système. Puisqu’il s’agit d’un système de détection rapide tous risques, il réside dans le Centre de mesures et d’interventions de l’ASPC, plutôt que dans un secteur de programme précis, par exemple d’autres équipes de surveillance.

Les analystes du RMISP effectuent une détection initiale de signaux ainsi qu’une vérification de la source de ses produits, mais ces mesures ne constituent pas une véritable évaluation des risques. Pour que ce soit le cas, les signaux doivent être rapidement validés par les experts en la matière provenant d’autres secteurs de programme. Idéalement, les signaux sont également liés à l’expertise en modélisation et en prévision requise pour ajouter le contexte nécessaire à un signal potentiel. En général, ce genre de collaboration se produit et les relations entre les experts du programme et les analystes sont renforcées mutuellement.Note de bas de page 32

Cependant, un des défis de la SFE est que les signaux demandent parfois une évaluation par un certain nombre d’experts de différents domaines et différentes disciplines. Cette situation peut être aggravée par les cloisonnements de l’ASPC. Sans cycle quotidien et régulier de surveillance et d’évaluation des risques coordonné par une unité capable d’affecter la capacité d’évaluation, l’utilisation du RMISP comme outil d’alerte rapide peut être limitée, car l’information circule seulement dans une direction et une vérification précoce n’est pas aussi rapide et coordonnée qu’il le faudrait.

Des liens clairs doivent exister entre les analystes du RMISP et ceux qui peuvent évaluer et effectuer des vérifications si nécessaire. Le RMISP doit être intégré à un continuum d’évaluation quotidienne des risques, de sorte que les signaux ne sont pas évalués isolément et qu’ils forment un apport continu à l’évolution potentielle des événements de santé publique.

Un bureau d’évaluation des risques pourrait fournir un service d’une grande importance. Le travail de ce nouveau bureau serait principalement axé sur la fonction et la nécessité d’adopter une approche globale de l’ASPC en matière d’évaluation des risques. Cette démarche s’inscrirait dans le cadre du rôle de l’ASPC dans la prévention des maladies et des blessures et soutiendrait le Canada dans sa préparation face aux menaces éventuelles pour la santé.

Bien qu’il existe plusieurs façons de structurer les activités de ce bureau, il faut regrouper un nombre de compétences, de niveaux d’expertise et de perspectives pour que celui-ci fonctionne efficacement.

Figure 5 : Exemple d’interaction entre le RMISP et un nouveau bureau d’évaluation des risques
Figure 5. La version textuelle suit.
Figure 5 - Équivalent textuel

Les systèmes de surveillance, y compris le RMISP, sont rattachés au système du nouveau Bureau d’évaluation des risques, qui sert de centre de coordination de l’évaluation des risques.

Le Bureau d’évaluation des risques travaille avec la communauté de la sécurité et du renseignement à l’intégration du renseignement classifié aux processus d’évaluation des risques de l’Agence de la santé publique.

Le Bureau d’évaluation des risques travaille également avec la Direction générale des données organisationnelles et de la surveillance, qui comprend le Bureau du dirigeant principal des données, ainsi que le nouveau poste de Directeur général de la surveillance.

Le Bureau d’évaluation des risques exerce une fonction coordonnée d’évaluation des risques et soutient les secteurs de programme à l’Agence de la santé publique. Ces derniers peuvent, de leur côté, demander des renseignements supplémentaires directement à partir du système du RMISP.

Le Bureau d’évaluation des risques aide l’administratrice en chef de la santé publique à prendre des décisions et à faire des déterminations liées aux risques. Pour sa part, l’administratrice en chef de la santé publique soutient et conseille le ministre et le président.

Le bureau d’évaluation des risques devrait également être responsable d’anticiper les besoins futurs, d’établir des normes et des protocoles pour l’évaluation des risques et de négocier et gérer la façon dont l’évaluation des risques devrait évoluer. Ces activités comprennent l’établissement de liens entre les experts de l’ASPC, qui ont de l’expérience en matière de visualisation de données, de modélisation, de prévision, et d’autres compétences auxquelles il serait possible de faire appel dès qu’un signal du RMISP entre dans le continuum des risques. Le bureau veillera également à entretenir des liens étroits avec le bureau de l’ACSP ainsi qu’avec celui du président de l’ASPC.

Recommandations

2.4 Le bureau d’évaluation des risques devrait coordonner et superviser l’évaluation des risques en se basant sur tous les éléments nécessaires à une évaluation des risques cohérente dans l’ensemble de l’Agence de la santé publique du Canada dont le RMISP fait partie.

2.5 Le bureau d’évaluation des risques serait responsable de la coordination horizontale de la transmission des signaux, de la vérification, de l’évaluation des risques et de l’intervention requise.

Établir des liens avec la sécurité nationale

L’amélioration de l’intégration de l’ASPC dans la communauté de la sécurité et du renseignement a été envisagée avant la pandémie de COVID-19. Les priorités en matière de santé publique et de sécurité se sont chevauchées par le passé, particulièrement en temps de crise, et l’ASPC maintient sa place dans les groupes décisionnels de haut niveau en matière de sécurité nationale.

Le nouveau bureau d’évaluation des risques serait bien placé pour renforcer la capacité de l’ASPC à s’engager auprès de la communauté de la sécurité et du renseignement et à intégrer un flux d’informations classifiées dans son processus décisionnel, au besoin. Ce bureau devrait s’assurer de disposer d’un nombre suffisant d’employés qui possèdent une cote de sécurité de niveau « Très secret » afin de pouvoir accéder à l’information classifiée nécessaire.

Le bureau d’évaluation des risques pourrait également établir des liens plus forts en général avec la communauté de la sécurité nationale qui pourraient dépasser le strict échange de renseignements. L’ASPC, le RMISP en particulier, pourrait tirer profit de la façon dont cette communauté met en place sa propre capacité de surveillance en libre accès.

Une intégration plus rigoureuse de la santé publique dans les politiques de sécurité nationale est une entreprise importante. Historiquement et culturellement, ces deux sphères n’interagissent entre elles que par nécessité, pour répondre à un événement ou une crise imminente. Pour cette raison, le bureau d’évaluation des risques devrait diriger l’établissement de cette relation à long terme, au nom de l’ASPC.

Les leçons tirées de la COVID-19 ouvriront la voie à des objectifs dont la priorité a été redéfinie et qui relient la santé publique et la sécurité publique, mais l’intégration est déjà en cours. Les organisations du renseignement ont développé des liens plus étroits avec les activités du Centre des opérations du portefeuille de la Santé de l’ASPC tout au long de l’intervention, et le Comité a appris que de multiples parties ont exprimé le désir de continuer à travailler plus étroitement ensemble.

À un niveau plus élevé, le gouvernement fédéral doit décider de la façon d’intégrer le renseignement sur la santé publique aux priorités de la sécurité nationale, et de ce que cela signifiera pour les ministres. La responsabilité, l’interopérabilité, et des rôles et un mandat clair seront de nouveau essentiels pour préparer le terrain à une approche pangouvernementale efficace.

Combler les lacunes

Une fonction centralisée et mandatée pour superviser tout le continuum d’évaluation des risques peut contribuer à soutenir des objectifs de surveillance plus ambitieux, mais elle représente également une avancée importante. Comme les leçons tirées de la réponse à la COVID-19 soulignent l’importance de planifier la prochaine pandémie ou la prochaine épidémie généralisée, une lacune importante qui sera comblée par ce nouveau bureau d’évaluation des risques est liée spécifiquement aux maladies d’origines inconnues.

À l’heure actuelle, la responsabilité de l’évaluation des risques est attribuée aux secteurs de programme en fonction de la maladie ou du mode de transmission d’une menace donnée. Si la nature de la maladie ou du mode de transmission n’est pas connue, il est possible que la tâche ne soit pas attribuée correctement et que l’on perde un temps précieux à transmettre l’information aux niveaux appropriés.

Recommandation

2.6 Le bureau d’évaluation des risques devrait pouvoir combler les lacunes existantes dans l’évaluation des risques liée aux événements pour lesquels il y a peu d’information et l’origine et le mode de transmission sont inconnus.

Cette lacune a déjà été abordée. Dans l’Évaluation des activités de préparation et d’intervention en cas d’urgence de 2018 préparée par le Bureau de l’audit et de l’évaluationNote de bas de page 11, le RMISP est reconnu pour sa contribution à la détection et à l’intervention rapides, mais le rapport soulève que le Centre de mesures et d’interventions d’urgence était mal informé quant à la manière dont les informations sur la détection sur les événements sont transmises, particulièrement à la haute direction. Ce rapport a aussi mis en lumière la nécessité de moderniser le modèle d’évaluation des risques de façon à ce qu’il reflète mieux les capacités de l’ASPC.

Médecin de garde (MdG)

Le programme Médecin de garde (MdG) est un programme instructif des dernières années qui procurait une évaluation rapide des risques émergents, particulièrement lorsqu’ils survenaient en dehors des heures de travail, ou dans plusieurs secteurs de programme, où un responsable désigné peut ne pas être assigné ou disponible, car la nature de l’événement ou de la maladie est inconnue.

Lorsqu’il existait, le programme MdG pouvait élever le niveau des événements en fonction de facteurs à considérer et de déclencheurs d’intervention définis. Ce type d’évaluation rapide sur demande pourrait tirer profit de la conception de RMISP comme système d’alerte rapide et comblerait la lacune existante entre la détection initiale et l’évaluation des risques complète.

Une fonction de renforcement réciproque

Si un bureau d’évaluation des risques peut être structuré et mis sur pied de manière à relier les signaux du RMISP au continuum complet d’évaluation des risques, il semble pertinent et possible d’étendre les fonctions du RMISP en conséquence afin que les abonnés de ses produits tirent profit directement de cette nouvelle méthode de gouvernance.

Précédemment, le rapport a décrit des mesures spécifiques que pourrait prendre dès maintenant le RMISP pour orienter sa série actuelle de données en vue de fournir à l’abonné des renseignements clairs, basés sur des PNE établis. Nous avons fait valoir qu’une sensibilisation et une évaluation plus régulière par le RMISP contribueraient à clarifier les besoins de divers abonnés.

Ici nous étayons cette recommandation en proposant au RMISP, avec l’appui d’une fonction coordonnée et centrale d’évaluation des risques, de commencer à intégrer des communications et des mises à jour supplémentaires à ses produits ou dans sa base de données.

La nature de ce renseignement ne serait pas de fournir une évaluation formelle des risques ou des conseils. Des précisions supplémentaires en lien avec les étapes et l’état de l’événement potentiel seraient utiles, particulièrement si elles sont fournies en temps opportun.

Par exemple, les destinataires savent qu’une alerte est censée signaler un événement potentiel. Cependant, le RMISP ne fournit actuellement pas de mises à jour directement aux destinataires. Puisque la vérification des événements relève de l’OMS dans un contexte international, et des secteurs de programme dans un contexte national, le RMISP n’est actuellement pas en position de fournir plus de contexte quant à savoir si la vérification s’est produite en lien avec l’alerte, et quel pourrait en être le résultat après qu’elle a été transmise.

Il incomberait au bureau d’évaluation des risques de fournir des mises à jour pertinentes et de relayer cette information au RMISP de façon qu’elle puisse être utilisée à la fois pour la base de données et les produits. Par conséquent, si cette fonction à valeur ajoutée est exercée, le RMISP devra décider de la façon dont le produit pourrait être utilisé pour parvenir aux abonnés. À l’échelle nationale, les abonnés ont accès à des rapports quotidiens, et l’inclusion d’un niveau d’évaluation des risques ou de l’évolution d’un événement pourrait en faire partie.

À l’échelle internationale, l’option actuelle consiste à inclure cette information dans la base de données en utilisant des métabalises pour les abonnés. Le Comité a déjà recommandé que le RMISP évalue si les abonnés internationaux pourraient tirer profit d’un genre de rapport quotidien.

Recommandation

2.7 En tenant compte de l’apport du nouveau bureau d’évaluation des risques, le RMISP devrait, dans la mesure du possible, énoncer clairement le degré d’analyse appliqué à ses produits, particulièrement dans le cas d’un événement en constante évolution.

Un nouveau foyer pour le RMISP?

Si le champ d’application du RMISP doit être élargi de la manière décrite plus tôt, le Comité croit qu’il y a assez de raisons pour rétablir le RMISP dans un contexte qui soutient mieux ses fonctions actuelles et futures. Le Comité n’est pas convaincu que le RMISP soit à la meilleure place dans la structure de gestion organisationnelle de l’ASPC pour utiliser ses produits ou pour décider de la façon dont ils devraient être utilisés.

Plusieurs raisons expliquent cette situation, y compris le fait que le Centre de mesures et d’interventions d’urgence de l’ASPC est principalement une section opérationnelle et qu’il ne dispose pas d’une expertise en matière de surveillance à la hauteur d’autres secteurs de programme. De plus, il a été observé qu’il n’y a peut-être pas toujours eu de ratio assez élevé d’expertise en santé publique dans ses rôles de gestion.

L’ASPC a déjà entrepris un changement significatif de l’organisation interne reflétant l’effort considérable requis pour diriger l’intervention en réponse à la pandémie de COVID-19 et l’augmentation du nombre d’employés pour combler les besoins de capacité. Comme il a été souligné, les changements organisationnels comprennent la création d’une nouvelle équipe de surveillance au sein de l’Agence, qui donnera au moins au RMISP et à l’ASPC un point commun de référence pour la fonction de surveillance. Cependant, l’ASPC continuera sans aucun doute d’évoluer à mesure que les exercices liés aux leçons tirées de la COVID-19 feront l’objet de rapports et que de nouvelles priorités en santé publique seront établies. Par conséquent, le Comité ne sera pas prescriptif quant à la meilleure solution pour le RMISP à l’heure actuelle.

Où que se trouve le RMISP, il est essentiel de tenir compte du contexte opérationnel. En se fondant sur son examen, le Comité formule les recommandations indiquées ci-dessous.

Recommandations

2.8 Il devrait exister suffisamment d’expertise en santé publique au sein de la direction du RMISP pour comprendre pleinement la surveillance fondée sur les événements.

2.9 Il devrait y avoir un lien étroit entre le RMISP et l’évaluation des risques, et l’information devrait circuler dans les deux sens entre le RMISP et le bureau d’évaluation des risques.

2.10 Il devrait aussi y avoir un lien plus étroit entre le RMISP et la capacité de surveillance générale, en particulier les systèmes de surveillance fondée sur les indicateurs, afin que les avantages de la surveillance fondée sur les événements puissent être explorés et exploités.

L’analyste du RMISP : des compétences pour aujourd’hui et demain

Les analystes du RMISP sont de talentueux experts multidisciplinaires. Plusieurs d’entre eux détiennent des diplômes de médecine de leur pays d’origine. Ensemble, ils forment une expertise en biologie, en informatique, en médecine, en soins infirmiers, en ingénierie, en chimie, en botanique et en toxicologie. Les membres de l’équipe peuvent activement faire de la surveillance dans neuf langues différentes (anglais, français, arabe, chinois [traditionnel et simplifié], espagnol, portugais, russe et farsi). L’équipe travaille du lundi au vendredi de 6 h à minuit et le dimanche de 14 h à minuit.

Cette capacité a permis aux analystes du RMISP d’effectuer une évaluation initiale d’anciens signaux et dans leur inclusion d’articles du rapport quotidien. Ils sont en mesure de déterminer la valeur des sources d’information et de les classer par ordre de priorité pour les publics clés dans une optique de santé publique. Le RMISP a déjà formé et maintenu en poste une équipe très compétente.

Une journée dans la vie d’un analyste (aujourd’hui)

Au RMISP, la première équipe de la journée se connecte à 6 h et reprend le travail de ses collègues de la soirée précédente. Les analystes achèvent le rapport quotidien, qui est revu par l’agent de service à 7 h et par l’épidémiologiste principal à 7 h 30, avant d’être envoyé aux abonnés à 8 h 30.

Les informations pertinentes sont examinées à la réunion préparatoire de l’Unité de la gestion des interventions d’urgence avant la réunion quotidienne de la direction à 9 h 30; ensuite les analystes se consacrent à la préparation du prochain rapport quotidien.

Les membres de l’équipe du matin remettent leurs travaux à leurs collègues à 14 h; l’équipe du soir continue de collecter les données et de préparer le rapport quotidien de la journée suivante jusqu’à minuit. Pendant ce temps, la plateforme du RMISP continue de traiter des données pendant la nuit, en attendant que les analystes reviennent le matin et recommencent.

La production d’un rapport quotidien est un processus qui demande beaucoup de temps et ne laisse que peu de place aux tâches supplémentaires. Au cours la journée, les analystes observent, trient et rassemblent les signaux filtrés par la plateforme du RMISP, en vérifiant, au besoin, l’exactitude des traductions automatiques.

La lenteur du traitement des données et l’instabilité du système compliquent le travail. L’automatisation de certaines parties de la production du rapport quotidien pourrait épargner aux analystes les tâches les plus redondantes et leur laisser du temps libre pour mettre à profit leurs compétences langagières et leurs spécialisations dans des analyses plus détaillées. Auparavant, un conseiller technique aurait fourni assistance et dépannage; actuellement, les analystes doivent faire de leur mieux avec les outils dont ils disposent (voir le chapitre 3).

Si un analyste détecte un signal inquiétant, l’équipe discute brièvement pour vérifier le signal en suivant le protocole; s’il est légitime, le signal est transmis au directeur du Bureau de la connaissance de la situation, accompagné d’une justification verbale et une alerte est lancée. L’équipe effectue une surveillance étroite des alertes lancées, mais n’est actuellement pas en mesure d’envoyer des mises à jour, des corrections ou des précisions ultérieures à mesure qu’un événement évolue, au-delà des rapports quotidiens nationaux.

Forces reconnues

Le point de départ du développement des compétences futures se trouve dans le passé : deux analystes du RMISP font partie de l’équipe depuis avant son lancement aux Nations Unies en 2004. Trouver des moyens d’élaborer une stratégie de développement des compétences qui englobe les connaissances institutionnelles sera fondamental pour le succès à venir.

Par exemple, le Comité a appris que les analystes du RMISP sont devenus des experts des outils de recherche Factiva, perfectionnés au fil des années d’expérience directe. Non seulement les analystes du RMISP peuvent travailler efficacement avec cette source, mais ils sont également les mieux placés pour prendre des décisions sur ce qui doit être diffusé, ce qui constitue une force comparative.

De nombreuses personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’ASPC, ont indiqué au Comité que l’étendue de la capacité linguistique des analystes constitue un grand avantage, particulièrement dans les systèmes de SFE. L’intelligence artificielle et le traitement du langage naturel évoluent rapidement, mais rien ne peut remplacer le jugement humain, et la capacité de rechercher dans la langue d’origine pour valider des sources d’information et comprendre la culture du contexte dans lequel un événement se produit est une compétence qui ne doit pas être sous-estimée, particulièrement dans un avenir proche.

De plus, la capacité linguistique est l’une des raisons pour lesquelles les algorithmes du RMISP sont efficaces. La capacité continue des analystes à contribuer à une nouvelle taxonomie au code base du RMISP signifie que le système peut évoluer à mesure que de nouveaux termes comme « COVID » font surface.

Le rôle du conseiller technique

Une idée du passé qui mérite d’être revue est celle d’avoir un conseiller technique dédié à l’équipe du RMISP. Ce rôle a été supprimé progressivement en 2017. Auparavant, cette personne était intégrée à l’équipe du RMISP et agissait en tant que facilitateur entre les analystes du RMISP et le système lui‑même, procurant une assistance quotidienne pour toute lacune de la plateforme.

De façon plus générale, le conseiller technique a également assuré un certain degré de gestion technologique du système, et il pouvait agir en tant qu’interface entre l’équipe du RMISP et les partenaires technologiques qui abritent, soutiennent ou développent le système au fil du temps.

Ce rapport a déjà mis en lumière le potentiel de la base de données du RMIPS et la façon dont elle pourrait être ajustée pour soutenir davantage les secteurs de programme et les universitaires de l’ASPC. Le RMISP bénéficierait d’un expert désigné qui aiderait à superviser les nouvelles applications de la base de données et pourrait s’assurer que la plateforme du RMISP n’est pas compromise ou ralentie par toute nouvelle utilisation. Le Comité fournit ses recommandations formelles à ce sujet dans le chapitre 3.

L’avis des analystes du RMISP

Dans le cadre de cet examen, le Comité a consulté les analystes et les directeurs du RMISP, anciens et actuels. L’équipe élargie du RMISP (analystes en plus de l’épidémiologiste principal et des étudiants) a été invitée à faire part de ses pensées au moyen de multiples entrevues dirigées et à fournir des commentaires écrits au Comité.

Les points de vue de l’équipe étaient essentiels à cet examen, particulièrement en raison de l’ancienneté de nombreux analystes et de l’importante contribution de plusieurs d’entre eux à la taxonomie et aux algorithmes intégrés dans le code du RMISP. Ceux qui ont choisi de participer ont été interrogés à propos de la valeur du RMISP, dans leurs propres mots, et sur la façon dont se déroule une journée de travail normale ainsi que sur ce à quoi ils aimeraient consacrer plus de temps. Ils ont également été invités à indiquer les compétences et les expériences qu’ils aimeraient acquérir.

Le Comité a appris que le système du RMISP n’est pas totalement fiable et que des lacunes dans la plateforme leur enlèvent du temps qu’ils doivent consacrer à la recherche et à l’analyse, ce qui est un véritable problème. Il est également clair qu’ils ont le sentiment de ne pas avoir été entendus ou reconnus lors des évaluations antérieures de la direction et que leur autonomie et leurs besoins ont été compromis. Ils se demandent également dans une certaine mesure, quelle priorité a été accordée à la plateforme du RMISP dans le contexte de la migration continue du serveur et de certaines mises à niveau du système qui n’ont pas encore été effectuées (voir le chapitre 3 pour consulter une analyse plus détaillée).

Le Comité tient à souligner la contribution de l’équipe du RMISP à cet examen et à exprimer sa gratitude pour avoir accepté de communiquer avec lui. En ce qui concerne les domaines que les analystes ont indiqués pour une formation ultérieure, le Comité est tout à fait d’accord pour dire que des cours liés à la santé publique et l’épidémiologie, ainsi que des occasions de travailler avec les communautés du renseignement sur la santé publique et de la SFE seraient avantageux.

Le Comité appuie également le désir d’accéder à des affectations dans d’autres programmes de santé et voit une valeur supplémentaire aux micro-affectations au sein de l’ASPC afin d’accroître les connaissances des analystes du travail accompli ailleurs à l’ASPC et d’étendre les relations et les réseaux personnels au sein de celle-ci.

Le maintien en poste des employés compétents devrait être une priorité. Toutefois, il faudra aussi avoir comme objectif essentiel d’examiner comment l’isolement du RMISP a peut-être favorisé un sentiment de rupture entre les analystes et le travail de l’ASPC. C’est là que le potentiel d’affectation dans l’ASPC peut permettre un renforcement mutuel. Les analystes du RMISP ont beaucoup à apporter à d’autres secteurs de programme, particulièrement en ce qui a trait aux utilisations et aux applications de la SFE.

Recommandations

2.11 Les analystes du RMISP devraient être soutenus dans l’élaboration de plans de développement professionnel individuels aidant à définir les compétences et la formation nécessaires pour faire leur travail au mieux de leurs capacités, aujourd’hui et demain.

2.12 Le développement professionnel des analystes actuels du RMISP devrait faire partie des priorités en vue d’élargir les compétences des analystes et de les sensibiliser au travail d’autres parties de l’organisation ou d’autres organisations pertinentes.

Avant tout, le Comité aimerait souligner que plusieurs des recommandations liées aux nouveaux rôles et aux nouvelles fonctions du RMISP auront un effet immédiat sur la façon de travailler des analystes. Étant donné la structure actuelle du travail, les analystes n’ont pas le temps ni les ressources requises pour s’engager dans plusieurs des nouvelles fonctions décrites jusqu’à présent. Certaines choses devront changer afin de permettre aux analystes du RMISP d’assumer ces nouveaux rôles.

Renforcer le RMISP

Le mandat du Comité nécessite une vision globale du rôle que jouera le RMISP dans le contexte de la SFE. Il est clair que la SFE doit être une des fonctions centrales qui perdure et qui sera renforcée dans le monde de l’après-pandémie de COVID-19.

Le RMISP a été créé quand Internet était encore relativement nouveau et que la SFE en était encore à ses débuts. Il a admirablement bien fonctionné pendant 25 ans. Mais pour répondre aux besoins futurs en renseignements sur la santé publique, le RMISP doit évoluer, tant sur le plan opérationnel que sur le plan technologique.

Les recommandations du Comité sur le mandat, l’évaluation des risques et les compétences sont interdépendantes et peuvent avoir des conséquences sur l’ensemble de l’organisation. Il y aura un besoin important de gestion du changement pour orienter le RMISP vers l’avenir.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. La direction du RMISP a connu un fort taux de roulement dans les cinq dernières années. Par des discussions avec certains anciens gestionnaires, le Comité a observé des incohérences quant à la description des produits et de la fonction principale du RMISP.

Même lorsque certains changements proposés étaient justifiés, les analystes du RMISP eux-mêmes se sont parfois montrés réfractaires au changement. Les analystes du RMISP ont déclaré que leur contexte de travail est mal compris, mais que cette dynamique constitue plus qu’un malentendu.

En particulier, la décision, au début de l’année 2019, d’attribuer l’approbation des alertes au vice-président a causé une grande détresse au sein de l’équipe, notamment parce que la direction, à l’époque, n’a fourni aucune autre instruction sur la façon dont cette fonction centrale devrait être exercée.Note de bas de page 33 Bien que les PNE aient finalement été élaborées pour abaisser par la suite les approbations à un niveau approprié et mettre par écrit les méthodes et les protocoles qui causaient de grandes inquiétudes, l’effet corrosif de cette décision et la manière dont elle a été exécutée laissent encore des traces.

Le Comité a déjà indiqué que l’environnement opérationnel actuel du RMISP ne serait peut-être pas idéal pour plusieurs raisons. Mais les leçons tirées des changements passés et des approches de la direction devraient également être prises en compte par les gestionnaires et dirigeants futurs qui hériteront du talent considérable du RMISP. La confiance et le respect mutuel doivent être encouragés de manière proactive, et c’est à la direction de créer et d’établir un consensus autour d’un objectif commun.

Dans un avenir proche, la gouvernance du RMISP comprendra le rétablissement de la confiance. Il s’agira notamment d’aider les analystes à se considérer comme étant des participants au travail à plus grande échelle de l’ASPC, plutôt que d’être seulement à la périphérie et tournés vers l’extérieur. Il s’agira également d’assumer la responsabilité de certaines des façons dont les analystes du RMISP ont vécu des changements jusqu’à maintenant, de prendre conscience des difficultés passées et d’assumer la responsabilité de choses qui pourraient être faites différemment.

Ailleurs au gouvernement, la montée de l’information en libre accès, de pair avec des changements radicaux dans les interactions entre les humains et Internet, a nécessité que certaines disciplines réagissent rapidement aux nouvelles sources d’information et trouvent de nouvelles façons d’exploiter la technologie à grande et à petite échelle afin d’atteindre leurs objectifs. L’adaptation et l’apprentissage continu sont essentiels. Le RMISP devrait être rajusté de façon similaire. Mais la solution ne sera pas la technologie prise isolément. Dans un système modéré de SFE, la plus grande force est l’analyse humaine; au RMISP, ce sont ses analystes.

Planifier pour l’avenir

L’avenir du RMISP et les compétences requises de ses analystes dépendront en grande partie de la plateforme et des outils technologiques qu’il pourra exploiter. Alors que quelques activités du RMISP continueront vraisemblablement d’avoir lieu, la prochaine génération de SFE, ou le besoin de nouveaux abonnés potentiels, pourrait précipiter le besoin de compétences qui ne sont pas encore anticipées.

Attirer la prochaine génération

Le RMISP soutient les recherches universitaires et y contribue depuis longtemps; il recrute régulièrement des étudiants ayant de l’expérience en santé publique, en données et en épidémiologie. Cet échange régulier de connaissances est extrêmement important, à la fois pour que les méthodes et les approches restent modernes et aussi pour aider à fournir de l’expérience de première main à une nouvelle génération de professionnels de la santé publique.

Le fait de mettre davantage l’accent sur l’accueil des jeunes étudiants pour qu’ils se forment et apprennent directement auprès des analystes existants peut également servir d’outil de recrutement et permettre d’évaluer les compétences et les aptitudes qui correspondent bien aux opérations et aux besoins fonctionnels du RMISP.

Le Comité a appris qu’en ce moment en Ontario, la communauté universitaire contribue à l’infrastructure provinciale de la santé publique, particulièrement en ce qui a trait à la modélisation. La même chose s’est produite pendant la pandémie de H1N1 en 2009, alors que les étudiants de l’Université de Toronto étaient en mesure d’entreprendre des examens scientifiques pour appuyer les analyses de niveau supérieur effectuées par Santé publique Ontario.

C’est une idée astucieuse pouvant s’avérer utile pour la capacité de mobilisation quand la prochaine pandémie surviendra. Toutefois, la facilité avec laquelle le secteur public interagit avec le milieu universitaire pourrait être améliorée, et donner aux étudiants l’accès et l’exposition à de la véritable surveillance devrait rester une priorité.

Formateurs en matière de base de données

Si la capacité de SFE est améliorée, il est également possible que les experts actuels du RMISP soient bien placés pour offrir de la formation à d’autres, tant dans l’ASPC que dans les provinces et territoires du Canada et à l’étranger. Une telle formation est particulièrement pertinente pour la base de données du RMISP, où le potentiel inexploité réside dans la recherche catégorisée recueillie au cours d’années de surveillance du RMISP. L’utilisation de cette base de données tirerait profit d’une orientation et d’une instruction qui s’appuient sur l’expertise et l’expérience des analystes.

Sensibilisation et mobilisation

Un autre domaine qui mérite d’être mentionné est la capacité d’entreprendre des activités de mobilisation proactives et fructueuses auprès des personnes qui lisent et utilisent les produits du RMISP et de rechercher de nouveaux abonnés de façon proactive.

En ce moment, les rôles des analystes ne permettent peut-être pas à ces derniers de disposer du temps et de l’espace nécessaires pour travailler avec des chercheurs ou des secteurs de politiques sur des projets à plus long terme. Il semble toutefois exister un intérêt et une demande chez les experts de l’ASPC et du milieu universitaire.

Bien que la capacité à collaborer nécessite des arrangements ou des accords sous-jacents dans certains cas, le développement de la capacité à sensibiliser et à mobiliser est un rôle approprié pour le gestionnaire du RMISP. En mettant davantage l’accent sur la gestion de projet et les compétences de mobilisation attribuées à ce rôle, le RMISP multiplierait le nombre de partenaires avec lesquels il peut travailler.

Une partie de cet exercice devrait également permettre au RMISP de reconnaître que des membres du personnel de l’ASPC autres que les analystes peuvent posséder certaines compétences qu’il recherche. L’ASPC prend des mesures qui amélioreront la capacité d’analyse des données sous la bannière du dirigeant principal des données. Lorsque des services de collaboration comme celui-ci sont accessibles, le RMISP devrait être en mesure de faire appel à ces compétences au besoin.

Les fonctions élargies proposées dans le présent rapport devraient également inciter à revoir les responsabilités existantes et les niveaux actuels de l’équipe. Le Comité a appris que les niveaux officiels de classification détenus par la plupart des analystes sont restés inchangés pendant plus de dix ans. À mesure que le rôle et la fonction évoluent, les dirigeants de l’ASPC devraient réévaluer les niveaux actuels pour s’assurer qu’ils tiennent toujours compte de l’expérience et des responsabilités des analystes.

Recommandations

2.13 Les gestionnaires et les analystes de l’Agence de la santé publique du Canada et du RMISP devraient travailler de concert afin de déterminer les aptitudes et les compétences qui permettront de répondre aux besoins futurs du RMISP.

2.14 Le RMISP devrait établir une stratégie de recrutement qui définit clairement les compétences pouvant être requises à mesure que de nouvelles technologies et techniques deviennent disponibles et qui prévoit le transfert de connaissances entre les analystes chevronnés et les nouveaux venus.

Vision d’une journée dans la vie d’un analyste (demain)

Au RMISP, la première équipe de la journée se connecte à 6 h et reprend le travail de ses collègues de la soirée précédente. Les analystes achèvent le rapport quotidien, qui est revu par l’agent de service à 7 h et par l’épidémiologiste principal à 7 h 30, avant d’être envoyé aux abonnés à 8 h 30. Le rapport quotidien est maintenant envoyé à des destinataires internationaux qui anticipent chaque jour l’arrivée de ces produits utiles du Canada.

Mais les nouvelles de la journée comprennent déjà un article intéressant, et l’épidémiologiste principal discute dès lors avec le Bureau d’évaluation des risques afin d’obtenir du soutien. Les analystes vérifient l’article en consultant d’autres sources locales dans la langue d’origine. La décision est de transmettre l’information aux échelons supérieurs.

À mesure que le Bureau d’évaluation des risques assure rapidement la coordination avec les secteurs de programme et les experts pour vérifier si des données supplémentaires sur l’évaluation des risques sont disponibles, le RMISP envoie un signal à tous les intervenants de la liste. Ce signal comprendra une note qui clarifie que la source a été validée et que le continuum des risques de l’ASPC est établi. Les destinataires seront avisés que les mises à jour ultérieures feront partie du rapport quotidien et qu’ils pourront se connecter à la base de données du RMISP de façon indépendante s’ils veulent un examen plus approfondi.

Un autre analyste se penchera sur une histoire qui nécessitera une évaluation plus approfondie et une collecte de données de renseignement. Des courriels seront envoyés au sein de l’ASPC, au Centre des opérations du gouvernement et à l’échelle internationale afin d’évaluer si d’autres informations en libre accès sont disponibles pour confirmer ou infirmer l’importance de l’histoire.

Pendant ce temps, d’autres analystes du RMISP se concentrent sur le rapport quotidien. Il s’agit toujours d’une partie importante du travail quotidien, mais grâce à l’évaluation et à la discussion, ainsi qu’à certaines mises à jour utiles de la gestion de l’information et de la technologie de l’information (GI-TI), le système fonctionne plus rondement et les analystes ont pu réduire le temps nécessaire à sa création.

Dans une autre partie de l’équipe, un analyste passe la journée dans un secteur de programme de l’ASPC qui s’intéresse à la façon dont la SFE pourrait l’aider dans un projet de surveillance à l’échelle nationale. L’analyste a beaucoup à apporter en ce qui concerne le fonctionnement de la SFE, et il aide également les experts à apprendre à se servir de la plateforme du RMISP afin qu’ils puissent entreprendre leurs propres recherches de façon indépendante.

Le gestionnaire du RMISP aide le nouvel étudiant au doctorat à se joindre à l’équipe. L’étudiant vient d’un établissement d’enseignement postsecondaire dans le cadre d’un nouveau partenariat visant à partager les connaissances au sujet de l’intelligence artificielle et à travailler avec les algorithmes du RMISP afin de voir si ceux-ci peuvent améliorer l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas d’une simple affectation de courte durée; la relation avec l’établissement d’enseignement a été développée à plus long terme afin de s’aligner sur le programme de recherche de l’ASPC et de faciliter l’apprentissage continu des deux parties.

En milieu d’après-midi, le Bureau d’évaluation des risques communique de nouveau avec le RMISP afin de rendre compte de la façon dont le signal initial a été examiné et interprété. Cette fois-ci, l’événement suscite suffisamment d’inquiétude pour contacter l’ACSP, qui est maintenant au courant et sera bien placée pour réagir rapidement si l’événement évolue. Les analystes du RMISP intègrent cette information à la section de divulgation de leur rapport quotidien de façon proactive; la recherche indépendante d’articles supplémentaires qui pourraient éclairer sur l’évolution de l’événement se poursuit.

Quelques bonnes nouvelles pendant la nuit : des articles indiquant que l’événement est considéré comme un faux positif. Les analystes du RMISP ajoutent ces articles à leur rapport quotidien afin que les destinataires nationaux et internationaux soient immédiatement prévenus de ce qui est advenu du signal de la veille. Dès son arrivée le matin, l’épidémiologiste principal appelle le Bureau d’évaluation des risques pour rapporter l’évolution de la situation et ce dernier s’assure que cette information importante soit transmise à l’ACSP.

Chapitre 3. Le RMISP et la technologie

Le RMISP est le fruit du travail de fonctionnaires visionnaires qui ont su comprendre et exploiter un accès sans précédent à l’information offerte par Internet. Bien que, à ses débuts, le RMISP était en avance sur son temps, il est essentiel de le renouveler régulièrement afin de s’assurer qu’il puisse suivre le rythme de l’innovation technologique; tout comme l’ensemble des compétences des analystes nécessite une réévaluation et un soutien régulier, il en va de même pour le système du RMISP lui-même.

L’augmentation rapide du volume et de l’instantanéité des rapports médiatiques, l’omniprésence des médias sociaux et les questions émergentes de confiance et de désinformation soulèvent des questions pressantes, dont le RMISP ainsi que la surveillance des médias et de la santé publique dans l’ensemble du gouvernement doivent tenir compte afin de s’adapter aux changements accélérés dans la technologie de l’information.

Au cours de l’examen du Comité, deux points sont ressortis clairement :

  1. à une ère de dynamisme technologique, le RMISP ne peut pas se permettre de ne rien changer;
  2. l’ASPC n’est actuellement pas en mesure d’entreprendre seule ce travail.

L’utilisation des nouvelles technologies n’est pas une fin en soi; les technologies devraient être exploitées afin de résoudre des problèmes existants et de combler des lacunes. À elle seule, la technologie ne surmontera pas les obstacles liés à l’autorité ou au mandat ou aux questions de gouvernance et ne renforcera pas les partenariats. Les prochaines mises à niveau du RMISP devraient inclure une définition claire des problèmes en collaboration avec les abonnés à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement et l’équipe du RMISP, des efforts adéquats dans l’application des connaissances, un sens aigu de la gestion de projet et une excellente communication entre les analystes et les experts techniques.

En tant que système qui emploie déjà une technologie appuyant une prise de décision rapide, le RMISP pourrait être bien placé comme une réussite technologique clé quant à la façon dont la fonction publique s’adapte au paysage de l’information et de la technologie de l’avenir.

Le RMISP et la technologie : guidés par des partenariats

Depuis ses débuts en 1997, le RMISP a évolué en partenariat avec d’autres organisations.

Le prototype initial a été élaboré par Santé Canada en partenariat avec l’OMS. La mise au point du RMISP II a été financée par Santé Canada, la Nuclear Threat Initiative (dirigée par le philanthrope Ted Turner) et l’OMS. Lors du lancement officiel aux Nations Unies en 2004, Ujjal Dosanjh, qui était alors ministre de la Santé, a fait valoir que le RMISP soutenait un réseau renforcé de coopération et de communication internationales.

De 2002 à 2016, le système du RMISP reposait sur les partenariats du secteur public ainsi que sur l’expertise et le développement du secteur privé. L’accord de recherche concertée initial, établi avec Alis Technologies Inc., une entreprise canadienne de technologie de traduction automatique, a soutenu le développement continu des capacités de traduction automatique du RMISP. En échange d’un appui en nature d’environ un million de dollars, Alis Technologies a obtenu un contrat de licence pour autoriser l’usage commercial de la plateforme du RMISP dans des domaines autres que la santé publique. Lorsque Alis Technologies a déclaré faillite vers la fin de l’année 2003, l’accord de recherche concertée a été transféré à NStein Technologies Inc., une autre entreprise canadienne connaissant bien le système du RMISP. NStein Technologies a obtenu des droits similaires afin de commercialiser le système du RMISP dans d’autres domaines au moyen d’un accord de licence de la technologie en 2004.

Les partenariats avec le secteur privé ont été motivés par la reconnaissance que les défis que l’innovation technologique au sein du gouvernement représente étaient, à l’époque, difficiles à surmonter. Ils étaient également motivés par le besoin. En 2009, une proposition visant à ce que la Direction de la gestion de l’information et de la technologie de l’information de l’ASPC assume la gestion du système du RMISP a été refusée puisque la direction a déclaré ne pas avoir l’expertise et la capacité nécessaires pour prendre la responsabilité du RMISP à ce moment-là.

Si les partenariats dans le secteur privé ouvrent la porte à de nouvelles possibilités d’innovation technologique, ils ne sont pas exempts d’obstacles. En 2010, NStein Technologies Inc. et sa société mère Open Text Corporation possédaient tout le système du RMISP – la technologie et sa propriété intellectuelle sous-jacente. Résultat : il est devenu de plus en plus difficile et coûteux d’améliorer le système du RMISP.

Grâce au projet de renouvellement du RMISP, entrepris en collaboration avec le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) de 2015 à 2019, l’ASPC a repris possession du système du RMISP et est maintenant en mesure de jouer un rôle plus actif dans le développement technologique et l’intendance du RMISP.

Figure 6 : Développement du RMISP de 1997 à 2019
Figure 6. La version textuelle suit.
Figure 6 - Équivalent textuel

Évolution du RMISP

1997 à 1998 : Le RMISP est conceptualisé et mis sur pied par Santé Canada en partenariat avec l’OMS. Les premiers modèles de serveurs étaient gardés par Statistique Canada; le centre de coordination de la surveillance de Santé Canada (qui n’existe plus) a fourni un soutien en technologie de l’information. Le prototype de « preuve de concept » est un succès.

1er septembre 2000 : Mise en service RMISP. Le système peut numériser et filtrer les flux de nouvelles en anglais et en français.

6 décembre 2002 : Santé Canada signe un accord de recherche concertée (ARC) avec Alis Technologies Inc., une entreprise de technologie de traduction automatique, afin de concevoir la prochaine itération du RMISP.

2002 : Mise en service du RMISP II. Le système remanié comprend des stratégies de recherche raffinées, l’expansion des sources de données grâce à la technologie d’« exploration du Web » et la capacité de numériser et de filtrer des flux de nouvelles dans les six langues officielles de l’OMS (anglais, français, espagnol, russe, arabe et chinois [simplifié]).

juillet à décembre 2003 : Alis Technologies Inc. déclare faillite. L’ARC conclu avec Alis Technologies est annulé. En décembre, l’ARC est conclu avec NStein Technologies Inc. qui a acheté Alis Technologies et qui a aussi travaillé sur les composants du nouveau système multilingue du RMISP.

2004 : Statut TI. Nstein Technologies Inc. continue à fournir un soutien technologique en raison de l’expertise interne limitée. La conservation du serveur du RMISP est confiée à Telus, car la sécurité informatique du gouvernement ne correspond pas aux exigences de sécurité du système du RMISP. Le financement du RMISP est stable, mais n’inclut pas de fonds pour l’entretien ou les développements futurs.

17 novembre 2004 : Le RMISP est officiellement lancé aux Nations Unies.

2004 à 2008 : L’ASPC recrute dix analystes multilingues du RMISP pour améliorer le fonctionnement du RMISP. En 2008, le RMISP ajoute le portugais et le farsi à son complément linguistique existant.

mars 2009 : L’ARC avec NStein Technologies Inc. expire sans être renouvelé. La Direction de la gestion de l’information et de la technologie de l’information (GITI) de l’ASPC est censée assumer la responsabilité de la gestion du système du RMISP dès le 1er avril 2009 afin de réduire les coûts, mais elle n’est pas en mesure de le faire en raison du manque de ressources et du manque d’infrastructures en TI. NStein Technologies Inc. est engagée par contrat pour continuer le soutien et l’entretien jusqu’à la fin de l’exercice 2009 à 2010.

2010 : Open Text Corporation prend possession de NStein Technologies Inc. et ainsi tout le système du RMISP, incluant la propriété intellectuelle associée. Tout changement au système du RMISP doit passer par Open Text Corporation.

2012 : La version bêta du RMISP III est officiellement lancée et inclut, entre autres, des améliorations à l’algorithme de pertinence, une base de données, des appareils de traduction automatique et l’utilisation de catégories et de mots-clés.

juin 2014 : Le comité exécutif de l’ASPC examine une recommandation visant à mettre sur pied une nouvelle plateforme conservée à l’interne par la Direction de la gestion de l’information et Services partagés Canada.

2015 à 2019 : L’ASPC s’associe au Conseil national de recherches (CNR) afin de concevoir la prochaine itération du système du RMISP au moyen du Projet de renouvellement du RMISP (PRR).

27 octobre 2018 : Le RMISP IV est lancé en conclusion au Projet de renouvellement du RMISP.

Le projet de renouvellement du RMISP

Le projet de renouvellement du RMISP (PRR), la dernière mise à jour du RMISP effectuée pour un coût de 7,9 millions de dollars, comprenait deux phases. Après avoir étudié différentes options, l’ASPC s’est associée au CNRC en raison de l’ensemble des capacités de ce dernier et parce que l’ASPC ne possédait pas de ressources en TI ni la capacité d’entreprendre la mise à jour seule.

La première phase, qui a commencé en janvier 2016, était motivée par un besoin financier. En raison des Jeux olympiques de Rio de 2016, qui approchaient à grands pas, et du calendrier de paiement de l’ancien système du RMISP, qui exigeait que les frais annuels d’hébergement à NStein soient payés chaque mois de juin, l’ASPC avait besoin d’un système de remplacement qui devait être produit rapidement et à un coût raisonnable. Cette première phase devait également ramener le système du RMISP sous le contrôle de l’ASPC et permettre un accès plus facile au code base sous-jacent, car à cette époque les changements au système du RMISP devaient être effectués par l’entremise de l’entrepreneur privé, ce qui était un processus long et coûteux. Le Comité a appris que le CNRC a conçu et livré ce système de remplacement dans les délais et que sa version 1 a été un succès.

La deuxième phase du PRR, qui a débuté en janvier 2017, comprenait le développement et l’implantation de fonctions supplémentaires au système du RMISP. Si certains analystes du RMISP ont exprimé leur déception quant au résultat de la deuxième phase, le Comité a discuté avec plusieurs gestionnaires de l’ASPC et du CNRC, ainsi qu’avec des experts techniques, qui ont déclaré que les analystes avaient des attentes pour le RMISP qui dépassaient le budget disponible pour le projet.

Tout au long des discussions du Comité, peu de questions ont suscité autant de désaccord chez les participants que la question du processus et du résultat pour le PRR. Si l’on considère chacun des aspects du projet, celui-ci a été une réussite. Comme le Comité l’a noté dans son rapport intérimaire, le PRR a été achevé dans les délais et sans dépasser le budget. De plus, le système du RMISP a été ramené avec succès sous le contrôle de l’ASPC et rendu conforme aux politiques et aux normes de TI du gouvernement du Canada.

Toutefois, comme le Comité l’a noté dans son rapport intérimaire, le PRR a nécessité un recadrage et une gouvernance supplémentaire au milieu du projet afin d’améliorer la capacité de gestion de projet. Le Comité a également appris que l’utilisation d’une entente financière interministérielle comme méthode de réalisation ne permettait pas de modifier la voie de développement et offrait à l’ASPC peu de recours pour refuser la livraison ou retenir le paiement.

L’ASPC a déjà effectué des examens du processus et des résultats du PRR. Selon le document de mai 2018 intitulé Consulting Engagement of the GPHIN Renewal Project, préparé pour le vice-président de la Direction générale de l’infrastructure de sûreté sanitaire :

« […] les contrôles du projet en place étaient insuffisants pour superviser le PRR en ce qui concerne la gouvernance, la gestion des risques et les contrôles internes […] La version 1 du projet était relativement simple et son niveau de complexité était faible. La version 2, qui nécessitait un niveau de complexité bien plus élevé du projet, a été mise en marche en mars 2017 […] le projet continuait à être géré de la même façon que la version 1 et n’a pas suffisamment intégré les pratiques de changement et de gestion du projet pour s’ajuster à la complexité beaucoup plus élevée de la version 2. » [traduction]

Dans le même ordre d’idées, le rapport définitif du PRR note que, même si les objectifs du PRR ont été atteints :

« Il y avait certains défis liés à l’innovation en contexte gouvernemental, à la communication entre les disciplines et les départements, à la gouvernance et à la résolution des conflits […] certaines ambitieuses fonctionnalités de pointe envisagées à l’origine pour le système n’ont pas été réalisées d’une façon qui aurait satisfait les attentes de certains usagers de l’ASPC. De plus, les caractéristiques les plus récentes et les plus novatrices du système, comme la construction narrative, étaient difficiles à évaluer parce qu’il n’y avait aucune base de comparaison et aucune norme de l’industrie pour déterminer ce qui était techniquement possible. » [traduction]

Ce que le Comité a appris des analystes du RMISP, des gestionnaires de l’ASPC, du CNR et des experts techniques qui travaillaient sur ce projet à l’époque concorde avec les conclusions de ces examens, et le Comité est satisfait de savoir que l’ASPC ainsi que les personnes impliquées dans le projet ont été en mesure de déterminer les points de pression et les obstacles. Les leçons tirées de ce projet devraient être soigneusement intégrées dans les renouvellements du RMISP à venir.

Le PRR est une leçon pour l’innovation technologique dans le contexte du service public. Il montre la nécessité d’une compréhension claire de la SFE, de solides lignes de communication entre l’équipe du RMISP et les développeurs et les experts techniques ainsi que d’une bonne gestion de projet afin de guider les mises à niveau et les renouvellements du RMISP à venir.

Technologie : les prochaines étapes

Comme le Comité l’a souligné dans les chapitres précédents, le rôle des systèmes de SFE dans la détection précoce de la COVID-19 met en évidence le rôle précieux que le RMISP et les systèmes similaires jouent dans l’écosystème mondial de surveillance de la santé publique. La détection rapide des signaux ouvre la voie à la vérification et à l’évaluation des risques, à la mobilisation des experts et à des ressources nécessaires pour répondre à un événement de santé publique, ainsi qu’aux efforts de coordination et d’atténuation à l’échelle nationale et internationale

À l’avenir, le Comité estime qu’il est essentiel que l’ASPC s’assure que sa capacité de SFE demeure à jour, efficace et tournée vers l’avenir, tant sur le plan de sa capacité technologique que sur celui de l’analyse humaine (voir le chapitre 2). Cela exigera des efforts concertés et de l’expertise, des compétences en gestion de projet, une capacité de mise en œuvre des connaissances et une compréhension claire de la façon dont le RMISP s’inscrit dans le continuum d’évaluation des risques de l’ASPC, ainsi qu’un examen attentif de la façon dont le partenariat et la collaboration avec le milieu universitaire et le secteur privé peuvent contribuer à assurer une capacité future de SFE qui soit robuste.

Intrants

La plateforme du RMISP s’appuie actuellement sur un certain nombre de sources. La majorité (84 %) des intrants du système proviennent de Factiva, un service mondial de nouvelles et de surveillance offert par Dow Jones & Company. Les analystes ont créé (et continuent de peaufiner) des ensembles de requêtes logiques complexes qui alimentent le système avec plus de 7 000 articles par jour. Les 16 % restants proviennent de flux RSS (Really Simple Syndication) produits par des entités de santé publique nationales et internationales, ainsi que d’organismes d’information qui ne font pas partie de Factiva (11 %), de comptes Twitter de particuliers et d’organisations clés (2 %), de services d’agrégation d’information comme Google News (2 %) et d’autres sources pertinentes déterminées manuellement par les analystes (1 %).

Les analystes jouent un rôle essentiel dans la conservation des intrants, tant par l’identification manuelle de sources d’intrants supplémentaires que par leur grande expérience de Factiva. Le Comité a appris que les analystes du RMISP sont des experts de la navigation dans le système de Factiva et peuvent s’ajuster et réagir aux flux changeants d’information, et que cette expertise est un atout majeur. De plus, le travail effectué par les analystes et la plateforme pour filtrer les données brutes provenant de Factiva est l’une des contributions les plus précieuses du RMISP au système EIOS de l’OMS, et il est peu probable qu’à l’heure actuelle, une autre organisation soit en mesure de remplacer l’expertise existante des analystes à cet égard.

Un thème récurrent dans les conversations du Comité était la montée des médias sociaux comme source d’information sur la santé publique. L’intégration d’un plus grand nombre de données provenant des médias sociaux comme intrants pour le RMISP devrait être une considération importante à l’avenir. Un responsable de la santé publique a fait remarquer qu’il se fie aux médias sociaux pour obtenir de l’information en plus des principaux systèmes de SFE. Un autre a expliqué au Comité que les organisations internationales utilisent de plus en plus Twitter et d’autres plateformes comme méthode de transmission des informations officielles, même avant de passer aux canaux plus formels comme le système d’information sur les événements de l’OMS. Par exemple, la première déclaration officielle sur la transmissibilité interhumaine de la COVID-19 a été un message sur Twitter du compte officiel du Bureau régional du Pacifique occidental de l’OMS.

Les analystes du RMISP ont indiqué la nécessité d’exploiter les médias sociaux dans les futures itérations du RMISP, d’autant plus que les premiers rapports se trouvent de plus en plus sur les plateformes de médias sociaux. Par exemple, les téléphones intelligents et les données Twitter ont aidé les professionnels de la santé publique à déceler une épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest trois jours avant l’annonce officielle de l’OMS.Note de bas de page 28 On a également indiqué au Comité qu’à l’heure actuelle, le RMISP n’a pas la capacité technologique de surveiller de façon exhaustive les données des médias sociaux de sources ouvertes. Pour ce faire, il faut relever deux grands défis.

Premièrement, il y a la question de la capacité. À l’heure actuelle, les analystes du RMISP conservent manuellement les flux et les rapports des médias sociaux, ce qui exige beaucoup de travail et de temps. Comme les analystes travaillent déjà au maximum de leur capacité, la gestion des médias sociaux devra être soutenue soit par des ressources supplémentaires, soit par l’automatisation. Auparavant, on avait retenu les services d’un sous-traitant pour mettre au point un outil de dépouillement des médias sociaux; toutefois, le Comité a appris que ces efforts n’avaient pas abouti, en partie à cause des limites imposées par la politique et les exigences de Services partagés Canada, notamment l’accès limité aux sites Internet protégés par des pare-feu.

Le deuxième défi concerne la question des sources de médias sociaux elles-mêmes. Un rapport signal sur bruit élevé augmente les risques de faux positifs et de faux négatifs. Souvent, le contexte que contiennent les messages brefs n'est pas suffisant pour procéder à l’analyse et à l’évaluation, et l’analyse générale du sentiment ou des tendances du public basée sur les médias sociaux doit être effectuée de manière judicieuse puisque la représentativité des utilisateurs des médias sociaux pose certaines difficultés.Note de bas de page 28

Les questions de vérification deviennent encore plus essentielles lorsqu’il s’agit d’évaluer un média dont les propres structures de gouvernance ont du mal à traiter les questions d’authenticité, d’activité des robots et de technologies émergentes comme l’hypertrucage, c’est-à-dire des données audio ou vidéo générées par une intelligence artificielle qui imitent de façon convaincante des séquences enregistrées. Pour être abordées, ces tendances complexes et en constante évolution nécessitent une analyse et un engagement réfléchis et soutenus, et le Comité encourage l’équipe du RMISP à travailler avec les équipes de surveillance des médias sociaux existantes au sein du gouvernement pour développer leurs compétences à cet égard et contribuer aux pratiques exemplaires.

L’ASPC explore actuellement d’autres méthodes pour intégrer les données des médias sociaux au RMISP et améliorer sa fonctionnalité en tant que système de surveillance de l’information sur la santé dans le cadre d’un partenariat de projet de recherche intitulé « Incorporating Advanced Data Analytics into a Health Intelligence Surveillance System ». Pour ce projet, l’ASPC a établi un partenariat avec Ressources naturelles Canada, l’Université McGill et l’Université du Québec à Montréal, ainsi qu’avec le Programme canadien de sûreté et de sécuritéNote de bas de page 34. Le projet est financé à la fois par le Programme canadien de sûreté et de sécurité et par des contributions en nature des autres partenaires. Ce projet développe trois algorithmes pour mieux intégrer les médias sociaux dans les systèmes de SFE :

  1. un algorithme qui utilise les données des médias sociaux et des médias de sources ouvertes pour étayer les prévisions relatives à la COVID-19 au Canada;
  2. un algorithme qui effectue une analyse des sentiments, ou l’utilisation de l’analyse de texte pour déduire des sentiments sociaux ou émotionnels à partir d’un échantillon donné, sur les interventions non pharmaceutiques relatives à la COVID-19 dans les données Twitter;
  3. un algorithme de réseau neuronal qui peut prévoir l’activité hebdomadaire de la grippe saisonnière au Canada.

Le Comité est favorable à la poursuite des recherches et à l’intégration des fonctions des médias sociaux dans le RMISP d’une façon qui respecte les lignes directrices en matière d’éthique et de vie privée des Canadiens, comme le prévoit la politique gouvernementale. Il espère que les futurs efforts de R&D liés aux systèmes de surveillance et à l’intégration de nouvelles sources de données tiendront compte des besoins du RMISP, ainsi que de la composante de SFE du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique, et il continuera de collaborer avec l’équipe du RMISP. En outre, lorsque les résultats de la recherche s’avéreront utiles, ils devront être pris en compte dans les budgets futurs et dans la définition de la portée du RMISP.

Le Comité a également appris comment d’autres processus de surveillance de la santé publique et d’évaluation des risques intègrent d’autres flux de données, comme les données sur les vols et les habitudes de voyage de l’Association internationale du transport aérien. La Direction générale des données organisationnelles et de la surveillance de l’ASPC et le Bureau du dirigeant principal des données ont indiqué au Comité qu’ils travaillent à l’élaboration d’une approche coordonnée en ce qui concerne les ententes et les procédures d’acquisition et d’utilisation de sources de données supplémentaires. À l’avenir, l’ASPC devrait examiner la façon dont ces flux de données pourraient être complémentaires au travail actuel des analystes du RMISP, dans quelle mesure ils pourraient l’être.

Recommandations

3.1 L’équipe du RMISP devrait continuer à explorer l’intégration d’autres médias sociaux à ses activités.

3.2 Au fur et à mesure que l’équipe du RMISP envisage d’incorporer d’autres médias sociaux, elle devrait collaborer avec d’autres équipes engagées dans un travail similaire afin de bénéficier de pratiques exemplaires et de leçons tirées.

3.3 L’Agence de la santé publique du Canada devrait examiner, sur une base régulière, quelles autres nouvelles sources de données pourraient être utilement intégrées aux activités du RMISP.

Dans le système

Une fois dans le système, les intrants passent par les algorithmes sophistiqués du RMISP. Un algorithme de détection des doublons regroupe et signale les articles presque identiques afin d’éviter la génération de multiples signaux provenant d’un seul rapport. Ensuite, le système génère des métadonnées, ou des données décrivant l’intrant en question, classe l’intrant selon la taxonomie du RMISP, produit une traduction automatique des articles qui ne sont pas en anglais, et attribue à chaque article une note de pertinence basée sur des mots clés et la taxonomie du RMISP qui tient compte de la flexibilité de l’utilisation du langage (par exemple, les rapports d’épidémies de « Bieber Fever » [fièvre Justin Bieber] survenant dans le cadre d’une tournée du chanteur seraient détectés et supprimés). Les articles ayant obtenu une note élevée sont automatiquement publiés dans le système du RMISP, les articles ayant obtenu une note peu élevée sont automatiquement mis à la corbeille, et les autres sont transmis aux analystes pour un examen manuel. Grâce à ce processus, le système réduit les quelque 7 000 intrants par jour à environ 3 500 extrants que les analystes peuvent examiner.

Le Comité a constaté des divergences d’opinions quant à l’état actuel et à la réactivité du système. Alors que des personnes ont laissé entendre que le PRR a considérablement réduit la charge de travail des analystes, d’autres qui travaillent plus étroitement avec le système ont déclaré que le système actuel est instable, souvent lent ou peu réactif et, à l’occasion, sujet à des pannes. Le Comité a appris au sujet des difficultés que pose l’inconstance de la fonction de recherche dont la reproduction des résultats est problématique, et d’une fonction de distribution collective (push), utilisée pour sauvegarder les progrès ou publier des articles, qui se bloque souvent et entrave le travail des analystes. Certains analystes ont également estimé que la fonction de suppression des doublons est actuellement insuffisante et nécessite une vérification manuelle pour éviter les lacunes dans la couverture, bien que ce point de vue ne soit pas partagé par tous.

Dans le cadre de ses discussions avec le CNRC, le Comité a appris que celui-ci a continué d’apporter des centaines de correctifs de bogue et d’améliorations. Le comité a également appris du CNRC que, depuis l’automne 2018, l’ASPC n’a transféré aucune de ces améliorations du serveur de développement au serveur de production.

L’ASPC a confirmé que la version actuelle de la plateforme du RMISP est utilisée depuis l’automne 2018 et qu’aucun changement pour le RMISP n’a été transféré en raison des plans de migration de la plateforme du RMISP à partir du serveur du CNRC.

Bien qu’une migration du serveur du CNRC vers le Centre de données centralisé de Services partagés Canada faisait initialement partie du PRR, elle a été écartée à l’époque en raison de sa complexité, notamment des problèmes liés aux différences entre les environnements logiciels d’essai et de production, ainsi que des préoccupations en matière de sécurité exprimées par Services partagés Canada. Par conséquent, l’ASPC a choisi de migrer du CNRC vers un environnement en nuage.

La migration vers la technologie en nuage prévue en mars 2020 a été retardée en raison de la pandémie de COVID-19. L’ASPC a indiqué au comité que la migration nécessiterait que le RMISP soit hors ligne pendant environ cinq jours ouvrables, ce qui aurait entravé la contribution du RMISP à la réponse à la pandémie. L’ASPC a assuré au comité que la migration complète et les mises à niveau seront terminées avant la fin de mars 2022, et que 400 000 $ ont été accordés dans l’Énoncé économique de l’automne 2020 pour terminer la migration.

Le comité reconnaît les défis posés par les projets complexes de TI, surtout en ce qui concerne les systèmes essentiels qui appuient les activités prioritaires. Toutefois, étant donné que ces problèmes sont antérieurs à la pandémie actuelle, le Comité remet en question la raison pour laquelle on a retardé la mise en œuvre de toutes les améliorations pendant plus de deux ans. Le fait que ces changements n’aient pas encore été mis en œuvre sur le serveur de production a rendu difficile l’évaluation de l’état exact du système actuel du RMISP. Par conséquent, le Comité formule la recommandation ci-dessous.

Recommandation

3.4 L’Agence de la santé publique du Canada devrait collaborer avec le Conseil national de recherches du Canada pour accélérer l’application des correctifs de bogue existants à la plateforme du RMISP, et devrait s’assurer qu’à l’avenir, tous les correctifs de bogue sont appliqués à la plateforme du RMISP en temps opportun.

Le Comité reconnaît également que la fonction de GI-TI de l’ASPC est un service partagé qui réside officiellement à Santé Canada. Si l’ASPC souhaite devenir une organisation véritablement axée sur la technologie, capable d’exploiter les nouvelles technologies et de doter son personnel des outils et des logiciels appropriés, la direction de l’ASPC et Santé Canada devraient améliorer la collaboration horizontale et les efforts d’établissement des priorités en ce qui concerne le RMISP.

Le Comité est encouragé par le fait que le Bureau du dirigeant principal des données comprend ces défis à l’échelle de l’ASPC et s’est engagé à les relever, et il souhaite que la haute direction appuie ce travail au fur et à mesure qu’il progressera. Cette question devrait également être abordée par la fourniture d’un soutien technique supplémentaire dédié au RMISP, en particulier par le rétablissement du rôle du conseiller technique, comme indiqué ci-dessous.

Données

Grâce au processus décrit ci-dessus, le système du RMISP génère une grande quantité de données filtrées que les analystes peuvent examiner, cataloguer et évaluer. Une fois que cela se produit, les données sont incorporées dans la base de données du RMISP, qui est accessible à tous les abonnés du RMISP. La base de données revêt une importance particulière pour les abonnés internationaux, qui ont accès à des collections d’articles créés grâce aux métadonnées et aux fonctions de catégorisation : comme les abonnés internationaux ne reçoivent pas actuellement de rapports quotidiens, la base de données est leur principal point de contact avec le système du RMISP.

Outre ses utilisations immédiates dans le domaine de la surveillance de la santé publique, la base de données du RMISP peut être exploitée par les chercheurs pour orienter à la fois les politiques fondées sur les données et les recherches futures en apprentissage automatique, en traitement du langage naturel et en analyse textuelle. Les données du RMISP ont déjà été utilisées pour évaluer les répercussions des politiques : par exemple, l’Organisation mondiale du commerce a travaillé avec le RMISP pendant la grippe H1N1 pour surveiller l’effet des restrictions commerciales.Note de bas de page 28

Bien que ce travail ait souvent pris la forme d’une connaissance situationnelle des événements de santé publique en cours, le Comité estime que l’utilisation de la base de données du RMISP pour comprendre les événements passés pourrait à l’avenir appuyer les efforts de modélisation et une prise de décisions plus éclairée et fondée sur des données. De plus, les experts ont indiqué au Comité que le précieux jeu de données du RMISP pourrait être utilisé par les chercheurs pour stimuler l’innovation dans les processus d’apprentissage automatique. Par exemple, le projet de l’ASPC intitulé « Incorporating Advanced Data Analytics into a Health Intelligence Surveillance System », décrit ci-dessus, testera ses algorithmes avec des données provenant directement du RMISP.

Un expert a souligné que, dans son état actuel, il est difficile pour les chercheurs d’utiliser le RMISP. Les chercheurs canadiens ne peuvent pas accéder directement au système du RMISP pour extraire les données requises, et l’accès frontal pour les utilisateurs est insuffisant pour les besoins de la recherche, car l’extraction de grandes quantités de données paralyse l’ensemble du système du RMISP.

Le Comité reconnaît la valeur potentielle du jeu de données filtrées et cataloguées du RMISP pour la recherche. En même temps, le comité reconnaît également que le RMISP dépend des données provenant de Dow Jones, qui vend également l’accès à la base de données aux établissements universitaires. L’ouverture de la base de données du RMISP aux chercheurs canadiens exigera, au minimum, ce qui suit :

  1. la confirmation auprès des sources des intrants que le RMISP est effectivement capable de fournir à des tiers un accès à sa base de données;
  2. une évaluation des ressources nécessaires pour réoutiller le programme dorsal du RMISP afin de faciliter l’extraction des données, et de la mesure dans laquelle les avantages d’une base de données ouverte en valent le coût;
  3. l’élaboration de lignes directrices claires pour les chercheurs sur la façon de naviguer dans l’infrastructure bureaucratique et technologique du RMISP et de l’ASPC.
Recommandation

3.5 L’Agence de la santé publique du Canada devrait examiner ce qui serait nécessaire pour mettre le jeu de données du RMISP à la disposition des chercheurs, et explorer les avantages de cet arrangement pour elle-même et pour les établissements universitaires.

Le Comité a également entendu des experts qui ont souligné le rôle précieux de la base de données du RMISP dans la formation et le perfectionnement des algorithmes de la plateforme du RMISP. Le Comité comprend que les algorithmes du RMISP sont formés et perfectionnés grâce à un processus d’apprentissage supervisé, qui repose sur une énorme quantité d’exemples catalogués utilisés pour construire un modèle capable d’identifier des modèles et de prédire les étiquettes qu’un analyste expert du RMISP attribuerait à un intrant donné.

Le Comité a appris que l’élément le plus important dans la création de systèmes axés sur l’apprentissage automatique est la qualité des données utilisées pour former le système lui-même, car la précision du système dépend de la précision et de la qualité des données à partir desquelles il apprend. Un expert a indiqué au Comité que l’approche actuelle des analystes du RMISP en matière de catalogage des données pourrait profiter d’une documentation claire; l’amélioration de la qualité des données sous-jacentes par un processus structuré et normalisé facilitera la formation future des algorithmes du RMISP.

Des experts ont indiqué au Comité que, bien que le catalogage des données soit coûteux et difficile, il s’agit d’une étape essentielle pour améliorer le système du RMISP afin de filtrer rapidement et efficacement les données. En outre, cette étape n’a peut-être pas été pleinement appréciée dans le passé : un expert a fait remarquer que le plan du PRR ne prévoyait pas suffisamment de temps pour l’annotation des données. Le Comité est d’avis que des données formatées de façon cohérente seront essentielles aux renouvellements futurs, et qu’à ce titre, l’assurance d’une qualité constante des données cataloguées devrait être l’une des responsabilités des analystes du RMISP et qu’elle devrait être prise en considération à mesure que les compétences et le flux de travail des analystes du RMISP sont passés en revue. Le temps consacré au catalogage des données devrait être pris en compte dans la détermination de l’emploi du temps des analystes.

Recommandation

3.6 L’équipe du RMISP devrait poursuivre le développement et la documentation d’un processus de catalogage normalisé et structuré des données afin de faciliter la future formation sur les algorithmes et d’assurer la clarté du processus.

La base de données du RMISP, une ressource précieuse en soi, nécessitera une maintenance régulière. De plus, les efforts actuels et futurs de gérance des données à l’échelle de l’ASPC, en particulier la stratégie de données de l’ASPC, devraient tenir compte de la base de données du RMISP et de ses besoins. Le jeu de données du RMISP est différent de celui de la plupart des systèmes de SFI, qui s’appuient principalement sur les données relatives aux maladies, aux blessures et au système de santé plutôt que sur les rapports des médias; néanmoins, il est important que les besoins, les utilisations et le rôle du RMISP soient reconnus par l’ASPC dans sa transition vers une organisation axée sur les données.

La stratégie de données de l’ASPC, lancée à l’automne 2019, schématise les améliorations apportées à l’infrastructure de données, aux analyses scientifiques et aux outils pour le personnel, entre autres éléments de mise en œuvre. Étant donné que tous les systèmes de surveillance auront leurs propres exigences particulières en matière de GI-TI et que le système du RMISP a, jusqu’à présent, existé un peu à l’écart des programmes plus larges de l’ASPC en matière de surveillance et de données, la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie de données de l’ASPC devrait tenir compte des besoins du RMISP, en particulier pour l’acquisition de nouveaux outils d’analyse et de visualisation des données.

Le volet humain

La technologie du RMISP ne représente que la moitié du RMISP lui-même. Les données nécessitent une contextualisation, une évaluation et le jugement d’analystes humains pour déterminer si, ultimement, un signal est préoccupant ou non.

Le Comité a appris que les analystes du RMISP constituent le cœur du système. Les experts ont expliqué que la valeur du RMISP réside dans ses analystes : bien que l’avenir des systèmes de surveillance en libre accès réside dans l’intelligence artificielle et le traitement du langage naturel, même la meilleure intelligence artificielle continuera de nécessiter des humains, tant pour former le système que pour entreprendre l’agrégation et l’analyse des résultats que fournit ledit système. Les analystes sont également capables de mettre à profit leur connaissance du langage, du contexte et de la culture dans leur travail; ce couplage de connaissances spécialisées et de jugement humain ne peut être automatisé.

Le Comité a déjà exposé sa position sur les compétences requises pour les analystes au chapitre 2. Il existe toutefois des considérations supplémentaires dans le cadre de la capacité technologique du RMISP.

Premièrement, il y a la question de l’interaction des analystes du RMISP avec le système lui-même. Auparavant, l’équipe du RMISP comprenait le poste de conseiller technique expert, qui connaissait bien le système du RMISP. Les analystes du RMISP ne sont pas eux-mêmes des experts techniques. En tant que tel, le conseiller technique fournissait un soutien et des conseils aux analystes et aux abonnés internationaux du RMISP, abordait les questions techniques et jouait un rôle crucial dans la mise en œuvre des connaissances.

Le dernier conseiller technique du RMISP a quitté l’ASPC pendant le projet de renouvellement du RMISP en 2017, et il n’a pas été remplacé. Cette lacune a été particulièrement ressentie par les analystes du RMISP; ceux-ci ont indiqué au Comité qu’ils n’ont plus la capacité interne de régler et de communiquer les problèmes liés à la plateforme, et qu’ils devaient également fournir des services ponctuels de dépannage technique aux abonnés internationaux, ce pour quoi ils ne sont pas qualifiés.

Les mises à niveau futures exigeront un équilibre minutieux entre les besoins du système et les ressources disponibles. Le Comité estime que, dans la mesure du possible, le prochain conseiller technique devrait être une personne qui connaît à la fois les fondements technologiques du RMISP et les efforts organisationnels plus généraux visant à mettre à jour et à maintenir l’infrastructure de TI de l’ASPC.

Recommandation

3.7 L’Agence de la santé publique du Canada devrait rétablir dès que possible le poste de conseiller technique dédié au RMISP afin de s’assurer que celui-ci reçoit en temps opportun le soutien et les conseils techniques dont il a besoin.

Deuxièmement, il sera important que les compétences des analystes du RMISP soient perfectionnées en même temps que les mises à jour technologiques. Les besoins des analystes du RMISP et des abonnés aux produits du RMISP indiqueront les domaines dans lesquels il faut renforcer les compétences. Les outils technologiques sont des moyens pour arriver aux fins souhaitées; à mesure que le RMISP intègre de nouveaux flux d’information et de nouvelles caractéristiques, les analystes devraient également être appuyés dans le développement d’une expertise et de compétences supplémentaires essentielles au travail moderne en matière de renseignement et de surveillance. Une telle expertise englobe notamment des compétences en analyse et en visualisation des données pour appuyer à la fois une sophistication accrue de l’analyse et la conception de produits clairs pour soutenir les décideurs.

Recommandation

3.8 Les changements technologiques apportés au système du RMISP ne devraient pas simplement tenir compte des nouveaux outils comme l’intelligence artificielle, mais aussi du volet humain du système du RMISP. Ces outils peuvent comprendre la formation et le perfectionnement pour s’assurer que les analystes ont les connaissances et les compétences nécessaires pour interagir avec des experts en la matière dans les domaines de l’analyse et de la visualisation des données, de la désinformation et de la connaissance des comportements.

Comme nous l’avons vu au chapitre 2, il sera important d’explorer le rôle que jouent les étudiants dans l’évolution continue des compétences du RMISP. Le fait d’intégrer régulièrement des étudiants à l’équipe du RMISP contribuera non seulement au recrutement et au renouvellement continus, mais il s’agira aussi d’une méthode essentielle pour apporter de nouvelles recherches et des innovations au système. Les étudiants diplômés peuvent souhaiter travailler directement avec le système et les analystes du RMISP dans le cadre d’une recherche continue. Le RMISP accueille déjà quelques étudiants. Ce mouvement devrait se poursuivre et s’améliorer, tout en étant appuyé et défendu par l’ASPC. L’expertise et l’énergie des étudiants constituent souvent un atout négligé de la fonction publique, et le comité appuie les efforts supplémentaires visant à les intégrer au travail du RMISP.

Extrants

Actuellement, les extrants du RMISP sont envoyés soit dans le corps d’un courriel, soit comme document Microsoft Word en pièce jointe. Bien qu’il s’agisse d’une méthode adéquate pour envoyer des informations aux abonnés, les analystes et les experts ont suggéré au Comité qu’il existe de meilleures méthodes pour préparer et transmettre les produits du RMISP.

Le Comité a été informé que les systèmes actuels de SFE peinent à regrouper les informations destinées aux décideurs. Pendant la pandémie de COVID-19, les professionnels de la santé publique ont dû faire face à des demandes écrasantes en temps, énergie et ressources. Par exemple, le rapport de septembre 2020 intitulé Leçons tirées de l’intervention de I'Agence de la santé publique du Canada contre la COVID‑19 a souligné la charge de travail extraordinaire de l’ACSP, qui a dû travailler jusqu’à 20 heures par jour, sept jours par semaine. Le rapport indique ce qui suit :

« Pour combler l’écart et s’assurer que l’ACSP obtenait l’information nécessaire pour l’aider à s’acquitter de son mandat, de ses rôles et de ses responsabilités, elle (et son bureau) a dû assumer une charge de travail additionnelle pour intégrer l’information provenant de l’ensemble de l’Agence afin de développer des produits spécifiques à l’ACSP.

C’était souvent un cercle vicieux. Plus elle adaptait elle-même le travail à son style de communication et aux renseignements techniques requis pour la situation, moins elle disposait de temps pour fournir de la rétroaction sur ce dont elle avait besoin. »

Bien que l’ACSP soit peut-être l’exemple le plus visible d’un décideur essentiel pressé par le temps, elle est loin d’être la seule. Les extrants du RMISP ne doivent pas seulement être sensibles aux besoins des décideurs et des autres professionnels de la santé publique; ils doivent également être adaptés au contexte dans lequel ils sont reçus.

Le médium est le message

Le Comité a entendu des décideurs et des experts qui ont insisté sur le fait que la façon dont les informations sont présentées est aussi importante que les informations elles-mêmes. Un participant a déclaré que les outils les plus efficaces sont inutiles s’ils ne peuvent pas être facilement compris ou s’ils ne fournissent pas de conseils clairs et utiles aux décideurs.

Dans l’ensemble du gouvernement, un vaste mouvement est en cours pour replacer le consommateur, plutôt que le producteur, au centre de la conception des produits. Ce changement demande non seulement une réflexion approfondie sur le contexte, la pertinence et la brièveté, mais aussi l’utilisation de nouveaux outils et formats permettant de présenter les informations et les analyses de façon intuitive et favorisant la mobilisation. En particulier, la visualisation des données est une méthode essentielle pour traduire les données en vue de la prise de décision, car elle facilite la compréhension d’informations abstraites et leur mise en forme dans un récit.

Le Comité a appris comment d’autres organisations productrices de renseignements ont commencé à renouveler les outils de leurs propres produits afin de mieux soutenir les décideurs grâce à l’utilisation de marque-places, de tableaux de bord et d’autres formes de visualisation des données, ainsi que des directives claires et cohérentes sur 1) l’objectif ciblé par le produit et 2) ce que les consommateurs doivent faire après réception.

L’ASPC renforce actuellement ses capacités à cet égard : la Direction générale des données organisationnelles et de la surveillance a recruté des experts en visualisation de données qui sont maintenant actifs dans l’ensemble de l’ASPC. Le Comité est d’avis qu’il s’agit d’une capacité essentielle pour le RMISP et l’ASPC, et qu’elle devrait être défendue et appuyée dans l’ensemble de l’organisation.

Ces efforts exigent une coopération entre les décideurs et les analystes. Les premiers doivent exprimer clairement leurs besoins en matière d’information; les seconds doivent s’efforcer d’y répondre et de présenter l’information de façon claire et facilement compréhensible. Ainsi, le RMISP peut mieux appuyer une prise de décision efficace et opportune.

Comme nous l’avons mentionné au chapitre 1, l’équipe du RMISP effectue déjà des sondages sur la satisfaction des utilisateurs et elle a apporté des modifications à ses produits en conséquence. Afin d’améliorer davantage ses produits, l’ASPC devrait appuyer l’utilisation de la visualisation des données par le RMISP, soit en ayant recours à un scientifique spécialisé en données résidant au RMISP, soit par une collaboration avec le Bureau du dirigeant principal des données. La visualisation des données devrait soutenir le mandat du RMISP ainsi que les besoins particuliers des abonnés du RMISP; il est important que l’ASPC réévalue régulièrement les besoins de ses abonnés afin de mieux répondre aux exigences changeantes des contextes décisionnels. Cette réévaluation pourrait comprendre d’autres formats pour les produits du RMISP eux-mêmes, par exemple, par l’intégration d’un flux de rapports pertinents définis par le RMISP dans une interface de programmation d’applications, un ensemble de fonctions qui permettent aux applications d’accéder aux jeux de données et aux bases de données d’autres applications ou systèmes.

Le Comité n’est pas prêt à recommander des changements ou des améliorations propres au format des produits eux-mêmes. Toutefois, le Comité croit qu’il s’agit d’une avenue qui mérite d’être explorée à mesure que la technologie qui sous-tend le RMISP continue d’être développée.

Mises à niveau éventuelles

Comme le Comité l’a souligné au début de ce chapitre, l’ASPC n’est pas en mesure de développer ni de déployer une technologie complexe axée sur l’intelligence artificielle entièrement en interne. Des partenariats continus entre le gouvernement, le milieu universitaire et le secteur privé joueront un rôle important dans le développement technologique futur du RMISP.

On a indiqué au Comité que le gouvernement dans son ensemble améliore sa capacité d’acquérir et de déployer des technologies de pointe. La Directive sur la prise de décisions automatisée du Conseil du Trésor est un pas dans la bonne direction pour s’assurer que les décisions sont fondées sur des données et qu’elles sont prises de façon responsable et en conformité avec les exigences d’équité et de procédure établie. L’ASPC devrait se tenir au courant de l’évolution continue de cette directive.

Il n’existe actuellement que trois organisations gouvernementales capables de vérifier les algorithmes d’intelligence artificielle : le Centre de la sécurité des télécommunications, le CNRC et Statistique Canada. Le Comité encourage l’ASPC à collaborer avec les centres d’expertise existants au sein du gouvernement afin de comprendre l’état actuel de la technologie de surveillance, ainsi que les possibilités futures.

Lorsque la collaboration au sein du gouvernement est irréalisable ou difficile, l’ASPC devrait être prête à travailler avec des partenaires universitaires et le secteur privé selon les besoins. Les établissements universitaires sont en mesure de fournir des connaissances et des recherches approfondies; l’innovation du secteur privé peut s’adapter rapidement à l’évolution de la technologie. Compte tenu des conditions émergentes de la nouvelle économie immatérielle, dans laquelle les données et la propriété intellectuelle jouent un rôle de plus en plus important dans la prospérité du Canada, tous les efforts devraient être déployés pour établir des partenariats avec les universités et les entreprises canadiennes afin de soutenir les efforts d’innovation nationaux.

Le Comité fait remarquer que l’ASPC a une longue tradition de recherche et que l’intégration scientifique est une responsabilité fondamentale confiée à la conseillère scientifique en chef. Les projets de recherche tels que ceux mentionnés ci-dessus fournissent la portée et les budgets de l’activité de recherche, mais ils ne comprennent généralement pas les ressources nécessaires pour rendre une méthodologie opérationnelle. À l’avenir, il pourrait s’avérer nécessaire de renforcer un aspect de l’intégration qui consiste à établir des liens clairs entre les résultats de la recherche et les changements futurs du système.

Qui plus est, des liens avec le secteur privé deviendront également nécessaires pour la simple raison que de puissants systèmes privés basés sur les événements de santé publique sont désormais en concurrence sur le marché, ce qui pourrait modifier considérablement la façon dont la SFE est utilisée dans les secteurs public et privé.

L’ASPC s’est associée à plusieurs reprises avec l’un de ces principaux acteurs du secteur privé, BlueDotNote de bas de page 35, et ces divers projets pilotes ont nécessité la participation du RMISP. Le RMISP a participé à un projet pilote axé sur les données de vol de l’Association internationale du transport aérien, qui peuvent être utiles pour évaluer la propagation potentielle d’un virus en observant les vols de passagers à l’arrivée et au départ des lieux de l’événement.

L’ASPC a également pris des mesures positives pour établir le type de mécanismes qui permettent à ses équipes d’établir plus facilement des partenariats, afin de tirer parti de l’expertise du secteur privé. Par exemple, à la suite des travaux entrepris par le dirigeant principal des données, l’ASPC dispose maintenant d’un point central pour les licences et la distribution des produits de BlueDot.

Bien que l’ASPC n’ait peut-être pas la capacité de réaliser seule des projets informatiques complexes, il est absolument essentiel qu’elle prenne des mesures pour renforcer sa capacité interne à collaborer avec des experts techniques. Ces mesures demandent à la fois la capacité d’évaluer les besoins en technologie et les résultats des projets, ainsi que de solides fonctions de littératie technologique et de mise en œuvre des connaissances pour établir des liens entre les praticiens et les chercheurs, et pour fournir aux décideurs de haut niveau et aux non-experts des descriptions claires des processus et des projets.

Le Comité est encouragé par les premiers travaux de la nouvelle Direction générale des données organisationnelles et de la surveillance de l’ASPC à cet égard, mais il souligne que cette amélioration des compétences nécessite le déploiement d’un effort concerté à l’échelle de l’organisation, et ne doit pas se limiter à un seul secteur de programme ou à une seule direction.

Système et capacité

Le rythme rapide des progrès technologiques exigera que le RMISP réévalue sa capacité technologique à intervalles réguliers pour s’assurer qu’elle demeure adaptée à l’objectif. Les considérations ci-dessus portent sur certains éléments du système du RMISP, mais pas sur son ensemble. Ce qui est clair pour le Comité, c’est que le système actuel du RMISP n’est pas aussi facilement modifiable qu’il pourrait l’être.

Au cours du PRR, le conseiller technique a plaidé en faveur d’un système modulaire pour le RMISP, ce qui permet d’échanger des composantes individuelles selon les ressources et l’innovation technologique, au lieu d’exiger une reconstruction complète pour répondre à des caractéristiques particulières. Un tel système facilite également la collaboration avec des experts en la matière sur des modules particuliers, fonction par fonction, ce qui permettrait d’apporter des améliorations ciblées au système du RMISP selon les besoins. Ces améliorations ciblées pourraient être entreprises soit avec des établissements universitaires, soit avec des organisations du secteur privé ayant une expertise démontrée. En outre, elles pourraient être appuyées par des programmes fédéraux existants, comme Solutions innovatrices Canada, un programme d’approvisionnement en solutions innovatrices qui lance des défis axés sur les résultats afin de trouver de nouvelles solutions dans le secteur privé.

Il ne s’agit pas d’une technologie non éprouvée : le système EIOS de l’OMS est un exemple de système modulaire de SFE. Le système EIOS est également appuyé par une collaboration ciblée avec des parties prenantes et des experts. Par exemple, l’équipe du système EIOS collabore actuellement avec le centre de recherche pour l’intelligence artificielle de Hong Kong sur un module de résumé abstractif (les résumés abstractifs utilisent un algorithme qui essaie de comprendre et de générer son propre résumé d’un texte donné, par opposition aux résumés extractifs, qui utilisent un algorithme déterminant des phrases pertinentes dans un texte donné et les rassemblent dans un résumé).

Bien que ce modèle puisse être plus coûteux à court terme, un système modulaire pour le RMISP sera agile, flexible et mieux équipé pour tirer parti de l’expertise afin de répondre aux écosystèmes d’information changeants et aux plafonds technologiques.

Recommandation

3.9 La prochaine mise à niveau importante du RMISP devrait avoir pour but de développer pour le RMISP un système agile et modulaire qui favorise l’innovation rapide et la collaboration.

De plus, à mesure que la demande de systèmes de SFE augmentera et que des partenaires internationaux comme les États-Unis et le Royaume-Uni consacreront des ressources au développement d’autres systèmes de SFE et de systèmes de surveillance en libre accès, l’interopérabilité des systèmes deviendra un élément essentiel de la coopération multilatérale du Canada. Les prochains projets de mise à niveau du RMISP devraient tenir compte des systèmes de SFE existants et émergents et, dans la mesure du possible, viser à harmoniser la terminologie, les exigences des systèmes et les pratiques de partage de l’information. La surveillance de la santé publique relève d’un effort mondial, et le Comité croit que le RMISP devrait continuer à être un chef de file international en matière de SFE.

Leçons apprises

Le processus de mise à niveau lui-même est tout aussi important. Comme indiqué précédemment, le PRR a été confronté à des problèmes de communication interorganisationnelle, à l’absence de structures de gouvernance et de mécanismes de résolution des conflits appropriés, ainsi qu’à des attentes et à des paramètres de réussite peu clairs. Les responsables des prochains projets de mise à niveau devraient se reporter au Rapport de clôture du renouvellement de la plateforme du réseau mondial d’information en santé publique et au Rapport final du projet de renouvellement du réseau mondial d’information en santé publique à l’attention du VP de la DGISS du Bureau de l’audit et de l’évaluation afin d’en examiner les leçons apprises.

Leçons apprises des mises à niveau passées

À l’avenir, le Comité suggère que les mises à niveau et les renouvellements tiennent compte des éléments ci-dessous.

Les mises à niveau ne devraient pas être entreprises pour le plaisir d’être « à la fine pointe », mais plutôt pour répondre à un problème ou à une lacune qui seraient clairement définis dans le système existant du RMISP. Il est essentiel que la définition du problème précède toutes les mises à niveau technologiques, car, sans explication du besoin à combler, les mises à niveau techniques sont peu susceptibles de satisfaire les besoins des abonnés et elles n’auront probablement pas de paramètres clairs de réussite.

Au moment d’aborder les renouvellements futurs, les parties prenantes peuvent souhaiter utiliser les questions ci-dessous comme point de départ.

  • Quels sont les rôles et responsabilités actuels des analystes?
  • Que peut-on faire pour améliorer ou simplifier ces rôles et responsabilités?
  • Quelle expertise ne peut actuellement pas être imitée par les ordinateurs?

La définition du problème doit également être clairement partagée avec toutes les parties prenantes concernées, y compris les analystes.

  • La définition du problème établie et convenue doit ensuite être transformée en une vision claire qui correspond aux ressources existantes et qui est bien documentée, en justifiant la façon dont chaque composante supplémentaire améliorera le RMISP ou ses extrants, et qui est accompagnée de paramètres de réussite définis qui sont acceptés par toutes les parties, avant le début du projet.
  • Les futures mises à niveau devraient, dès le départ, comporter une structure de gouvernance formelle qui clarifie les responsabilités, l’obligation de rendre des comptes et les mécanismes de résolution des différends qui décrivent la façon dont les niveaux de gestion appropriés seront sollicités tout au long du projet.
  • Une fois le projet lancé, il devrait exister une ligne de communication ouverte entre l’équipe du RMISP et les experts techniques qui travaillent sur le système, surtout en ce qui concerne les essais et la formation relatifs au système du RMISP.
  • La direction et les analystes du RMISP doivent bien comprendre les dispositions de suivi pour la correction des bogues et les ajustements entre les itérations majeures. La navigation de cette fonction serait également une responsabilité essentielle du conseiller technique, s’il est réintégré.

Pour les mises à niveau futures, il sera important que l’équipe du RMISP et la direction de l’ASPC comprennent la façon dont les mises à niveau sont effectuées ainsi que leur but.

Enfin, les conversations du Comité avec les gestionnaires et les experts de l’ASPC lui ont permis de constater le manque d’évaluation des systèmes de surveillance disparates de l’ASPC. Les tentatives précédentes d’évaluation de la performance des systèmes de SFE et de SFI semblent avoir reposé principalement sur des auto-évaluations. Au lendemain de la pandémie de COVID-19, les fonctions de santé publique à tous les paliers de gouvernement seront probablement confrontées à la meilleure façon de déployer des ressources limitées pour combler les lacunes les plus importantes et les besoins les plus pressants qui sont apparus au cours des derniers mois. Il sera donc essentiel de comprendre où, comment et dans quel but les interventions ciblées peuvent le plus améliorer les fonctions essentielles de la santé publique. Le Comité comprend que le futur directeur général de la surveillance s’efforcera de clarifier et de superviser les diverses fonctions de surveillance au sein de l’ASPC. Par conséquent, le Comité formule la recommandation ci-après.

Recommandation

3.10 Dans le cadre de l’engagement de l’Agence de la santé publique du Canada à améliorer et à harmoniser ses divers systèmes de surveillance complémentaires, le futur directeur général de la surveillance devrait concevoir un cadre d’évaluation solide pour les systèmes de surveillance de la santé publique afin d’appuyer l’établissement continu des priorités et l’application des corrections qui s’imposent.

L’innovation technologique au sein du gouvernement exige du dévouement, de la persévérance et une conscience aiguë des priorités et des limites organisationnelles. Bien que l’ASPC n’ait pas la capacité de réaliser seule des projets technologiques complexes, elle est bien placée pour utiliser l’expertise existante et travailler avec des partenaires à cette fin. Ce travail sera difficile, mais il est essentiel à la santé à long terme du système du RMISP.

Le RMISP est un système composite : sa composante opérationnelle fournit un renseignement opportun et pertinent aux décideurs et aux professionnels de la santé publique, et elle est appuyée par sa composante technique sous-jacente, qui permet les fonctions d’alerte rapide et d’analyse. Toute vision future du RMISP et toutes les mises à niveau futures doivent tenir compte des interactions entre ces deux composantes essentielles. Sans soutien technologique, les analystes ne peuvent réussir; sans l’expertise des analystes, la technologie est floue et non dirigée.

Le RMISP est un atout important de l’ASPC, et il continuera de jouer un rôle essentiel dans la surveillance de la santé publique. Le rythme désorientant des changements technologiques ne fera qu’augmenter dans les années à venir. L’évolution des technologies de l’information et des communications, de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, ainsi que de l’écosystème médiatique national et international doit être abordée de front par un RMISP capable de détecter les menaces pour les Canadiens, quelle que soit la forme qu’elles prennent, et capable de s’adapter et d’intégrer de nouveaux contextes, sources d’information et progrès technologiques. Le Comité croit fermement que ce RMISP est possible.

Chapitre 4. L’avenir du RMISP

S’il y a une leçon importante à tirer à ce stade critique de la réponse du Canada à une pandémie, c’est celle que le Comité a entendue à maintes reprises de la part des experts eux-mêmes : le meilleur moment pour discuter de la préparation à une pandémie est celui où cette dernière est la plus présente dans l’esprit des Canadiens et des gouvernements qui les servent. Nous incitons fortement l’ASPC et sa ministre à profiter de l’alignement actuel de la volonté politique et de l’opinion publique pour bâtir le système de surveillance de la santé publique interconnecté et résilient nécessaire pour protéger les Canadiens à l’avenir.

Le présent rapport fournit un plan initial sur la façon dont le RMISP, et l’importante discipline de la SFE, devraient contribuer au mandat global de l’ASPC. Il souligne la nécessité d’une vision claire de la surveillance et de la façon dont les renseignements comme ceux du RMISP s’insèrent dans un continuum central et coordonné d’évaluation des risques. L’orientation réussie de ces deux fonctions essentielles est la première étape vers le développement d’une plus grande capacité d’évaluation des risques, afin que les signaux puissent se traduire par des actions aussi rapidement que possible.

La question n’est pas celle de savoir si une autre pandémie va frapper, mais quand elle frappera. Chaque jour, la capacité du Canada à réagir et à gérer une pandémie est testée et remaniée. Cela dit, la mesure de ce que les Canadiens ont appris ne sera pas seulement notre réponse à la prochaine pandémie, mais aussi la façon dont nous atténuerons les menaces futures par une détection plus précoce et une action internationale coordonnée.

La COVID-19 a prouvé que la santé publique mondiale est une responsabilité partagée. Aucune entité, y compris le RMISP, ne peut ou ne doit entreprendre seule l’importante tâche de surveillance de la santé publique mondiale. La voie à suivre doit plutôt tenir compte du fait que les multiples systèmes de surveillance qui travaillent ensemble ont la plus grande chance de ratisser assez large, et assez bien, pour déceler le prochain événement de santé publique d’intérêt international.

Les gouvernements, les secteurs universitaire et privé, ainsi que les groupes d’intérêt et les organisations de santé publique devront trouver de nouvelles façons de s’associer et de collaborer. Les systèmes de surveillance, nouveaux et anciens, doivent être reliés et des voies doivent être dégagées pour permettre l’échange de renseignements ou d’informations entre les organisations et les pays.

En nous appuyant sur les recommandations et les idées présentées dans les chapitres précédents, notre conclusion réitère comment l’évolution du RMISP, guidée jusqu’à présent par les partenariats et la collaboration, continuera de dépendre de ces relations solides. À partir des conseils pratiques fournis à ce jour, nous offrons notre vision finale de ce que le RMISP peut devenir. Et nous exhortons l’ASPC et sa ministre à concrétiser cette vision.

Apprendre à s’adapter

Le Comité croit que l’avenir du RMISP dépendra des partenaires qui aideront à accroître l’incidence et la portée de leurs produits et de leur renseignement. La nécessité de travailler avec d’autres doit être intégrée à la base même d’un régime moderne de surveillance de la santé publique du 21e siècle axé sur la technologie, non seulement au Canada, mais à l’échelle internationale. Comme le recommande le Groupe indépendant mis en place par l’OMS dans son rapport,Note de bas de page 22 les systèmes de surveillance du monde entier doivent être repensés, « en réunissant leurs fonctions de détection – captant les signaux d’épidémies potentielles – et leurs fonctions de relais – garantissant que les signaux sont vérifiés et que des mesures sont prises » [traduction]. Le rapport du Groupe indépendant précise également que ces deux fonctions doivent être assurées « à une vitesse quasi instantanée » [traduction].

Le modèle de cet avenir réside dans le passé : le RMISP s’est construit grâce à des partenariats et à la collaboration depuis ses premiers jours. Grâce à sa capacité de partenariat et de collaboration, cette petite équipe a contribué à remodeler la surveillance de la santé publique à l’échelle mondiale, se taillant ainsi une réputation bien méritée. Mais maintenant, il faut non seulement s’appuyer sur un passé réussi, mais il faut aussi construire et façonner un présent pour que nous soyons prêts à relever les défis de l’avenir.

Parmi ces collaborations et partenariats, certains ont également été motivés par la nécessité, notamment en ce qui concerne la technologie. Dans ces cas, le RMISP a parfois été en mesure de contourner le rythme plus lent de l’adaptation technologique du gouvernement. Par la suite, le partenariat du RMISP avec le CNRC a préparé le terrain pour l’adaptation et l’évolution des systèmes créés par le RMISP, et ces systèmes sont maintenant utilisés dans d’autres ministères, comme l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

En outre, les partenariats et la collaboration sont également des approches utiles pour accéder aux connaissances et aux idées d’autres secteurs et acteurs afin que le RMISP lui-même puisse accroître sa capacité et sa portée. Le RMISP doit être calibré pour apprendre et découvrir les voies à suivre dans la discipline de la SFE, et pour tirer parti des forces qu’il possède déjà.

Ce rapport a présenté des recommandations qui abordent certains des problèmes systémiques limitant le fonctionnement et l’exploitation du RMISP. Mais le RMISP de demain ne devrait pas non plus aspirer à simplement régler les problèmes en suspens. Le RMISP a été un pionnier dans la SFE et peut continuer à apporter une contribution importante à la surveillance internationale de la santé publique. La tâche de l’ASPC dans les années à venir consistera à décider du type de contribution que le RMISP peut apporter, et de la façon dont il doit apprendre et évoluer pour ce faire.

Recommandations liées aux partenariats et à la collaboration

1.4 L’Agence de la santé publique du Canada devrait rechercher activement des partenariats et des possibilités de collaboration afin de tirer parti, pour la plateforme du RMISP, d’une technologie et d’une méthodologie plus sophistiquées utilisées par différents secteurs, y compris le milieu universitaire et le secteur privé, tout en assurant la conservation de la propriété intellectuelle clé et la capacité de modifier et d’améliorer le système en temps opportun.

1.6 L’influence internationale de l’Agence de la santé publique du Canada devrait être accrue en renforçant les partenariats internationaux existants du RMISP, ainsi qu’en envisageant des rôles que le RMISP pourrait jouer ou des contributions supplémentaires qu’il pourrait apporter en tant que chef de file établi de la SFE.

L’avenir du RMISP

Une façon d’organiser les partenariats et la collaboration futurs est de fonder ces possibilités sur la fonction sous-jacente du RMISP : la surveillance et la contribution à l’évaluation des risques. Comme l’a recommandé le Comité, l’un des éléments les plus importants de la fonction de surveillance est la technologie et la capacité de l’améliorer continuellement. Il s’agit là d’un défi pour les gouvernements, dont les processus d’approvisionnement et la gestion des systèmes existants peuvent prendre des années avant la réalisation des améliorations, même mineures, du point de vue du travail quotidien de l’analyste individuel.

Ainsi, la décision de rechercher de manière proactive l’accès aux outils technologiques et aux partenaires est conforme au mandat et au rôle du RMISP. Et même si tous les partenariats et toutes les collaborations n’aboutissent pas nécessairement à des changements majeurs dans le système du RMISP, ce réseau d’expertise devient néanmoins une nouvelle brique dans la fondation du RMISP, et une base plus solide sur laquelle construire.

En ce qui concerne son rôle dans l’évaluation des risques, le Comité a souligné l’importance d’une intégration plus profonde et plus significative des produits du RMISP dans les fonctions d’évaluation des risques. S’appuyant sur ce fondement, le Comité croit que le RMISP pourrait continuer à évoluer et à effectuer un travail complémentaire et essentiel en fournissant une meilleure connaissance de la situation et en intégrant les signaux précoces de préoccupations potentielles de façon plus transparente dans la modélisation et les prévisions qui soutiennent la capacité d’évaluation des risques.

Conclusion

Le Comité croit que le fait d’aborder les partenariats et la collaboration en gardant à l’esprit la fonction de surveillance et l’évaluation des risques fournira des paramètres utiles pour décider lesquels poursuivre et où concentrer les ressources. Mais le succès de cette approche dépend de la capacité de l’ASPC et du RMISP à remanier leur mandat et leur vision en fonction du 21e siècle, de la façon décrite dans le présent rapport.

Il y a vingt-cinq ans, le monde avait besoin d’une sentinelle pour surveiller les nouvelles d’Internet, afin de pouvoir capter le tout premier signal d’une menace mortelle potentielle. Le RMISP n’a jamais été seul dans ces efforts. Cela dit, la complexité et l’ampleur des défis de la surveillance de la santé publique mondiale exigent des systèmes capables de travailler ensemble de façon transparente afin de former la toile de connexion qui peut filtrer et capter les événements potentiels, avant qu’ils ne deviennent la prochaine crise mondiale.

Le succès du RMISP ne consiste pas à revenir à l’état antérieur, mais à revenir à la vision qui a inspiré sa création. Le RMISP, par son rôle de surveillant d’événements, a le potentiel de contribuer à la capacité de surveillance qui mène à des réponses proactives. C’est l’avenir que nous voyons pour la discipline de la SFE. En prenant les mesures nécessaires pour activer le RMISP et s’assurer qu’il est bien relié à l’écosystème de la surveillance globale et de l’évaluation des risques, les Canadiens pourront dormir sur leurs deux oreilles en sachant que des outils de classe mondiale sont en place pour scruter l’horizon et détecter les nouvelles menaces pour la santé publique.

Remerciements

Le Comité est reconnaissant du soutien reçu d’un secrétariat dévoué composé de Brian Pagan, John Ryan et Kym Shumsky. Leur contribution inestimable a consisté à organiser les réunions du Comité, à mener des recherches et à faciliter l’élaboration du présent rapport.

Le Comité tient à remercier les personnes dont la contribution et les idées ont aidé à façonner les délibérations et le rapport final du Comité. Les personnes qui nous ont accordé leur autorisation sont énumérées ci-dessous.

Dre Kahina Abdesselam
Épidémiologiste principale/biostatisticienne
Agence de la santé publique du Canada

Dr Horacio Arruda
Directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint
Direction générale de la santé publique
Ministère de la Santé et des Services sociaux
Gouvernement du Québec

Ray Arthur
Directeur du Global Disease Detection Operations Center
Center for Global Health
Centers for Disease Control and Prevention des États‑Unis

Abasse Asgaraly
Consultant en stratégie commerciale
KMB Consulting Inc.

Dre Christina Bancej
Gestionnaire, Centre de l’immunisation et des maladies respiratoires infectieuses
Agence de la santé publique du Canada

Dre Sylvie Briand
Directrice de la préparation mondiale aux risques infectieux
Préparations aux situations d’urgence de l’OMS

John Brownstein
Dirigeant principal de l'innovation
Boston Children’s Hospital

Shelly Bruce
Chef
Centre de la sécurité des télécommunications

Dr David Buckeridge
Professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada en informatique de la santé et science des données
Université McGill

Alixanderia Clymans
Directrice, Bureau de la connaissance de la situation
Agence de la santé publique du Canada

Dre Natasha Crowcroft
Conseillère technique principale – Lutte contre la rougeole et la rubéole
Organisation mondiale de la santé

Alex Demarsh
Directeur principal de la science des épidémies
BlueDot Inc

Jean-François Duperré
Centre des opérations du gouvernement
Sécurité publique Canada

Roger Ermuth
Contrôleur général adjoint
Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada

Cindy Evans
Vice-présidente par intérim, Gestion des urgences
Agence de la santé publique du Canada

Greg Fyffe
Président
Association canadienne pour les études de renseignement et de sécurité

Rév. Michael Garner
Prêtre et épidémiologiste
Église anglicane du Canada

Homeira Ghiasbeglou
Analyste en surveillance, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Tracy Gibbons
Gestionnaire, ONU et Sécurité sanitaire mondiale
Agence de la santé publique du Canada

Vivek Goel
Professeur
Institut de politique, de gestion et d’évaluation de la santé
École de santé publique Dalla Lana,
Université de Toronto

Gerardo Guerrero
Analyste en surveillance
Agence de la santé publique du Canada

Dre Réka Gustafson
Vice-administratrice de santé provinciale
British Columbia Centre for Disease Control

Jim Harris
Directeur général, Direction générale de l'engagement stratégique
Services partagés Canada

Laurie Hunter
Directrice générale, Centre de mesures et d’interventions d’urgence
Agence de la santé publique du Canada

Thomas Juneau
Professeur associé
Université d'Ottawa

Dr Kamran Khan
Fondateur et PDG
BlueDot Inc.

Dr Perry Kendall
Ancien agent de santé provincial, 1999-2018
Province de la Colombie-Britannique

James Knox
Knox Software Corporation

Patricia Huston
Vice-présidente, Direction générale des données organisationnelles et de la surveillance
Agence de la santé publique du Canada

Dre Joanne Liu
Membre du Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie

Dre Valerie Mann
Épidémiologiste en chef, Santé de la population
Direction générale de la santé de la population
Ministère de la Santé
Gouvernement de la Saskatchewan

Dr Joel Martin
Directeur général par intérim du Centre de recherche en technologies numériques
Conseil national de recherches du Canada

Abla Mawudeku
Ancienne chef, Section de la connaissance de la situation

Marlène Mercier
Directrice, Direction de la vigie sanitaire
Direction générale adjointe de la protection de la santé publique
Ministère de la Santé et des Services sociaux
Gouvernement du Québec

Dr Pascal Michel
Conseiller scientifique en chef
Agence de la santé publique du Canada

Shamir Mukhi
Ingénieur en chef
Réseau canadien de renseignements sur la santé publique
Agence de la santé publique du Canada

Tina Namiesniowski
Ancienne présidente
Agence de la santé publique du Canada

Dr Howard Njoo, M.D., M.Sc.S., FRCPC
Sous-administrateur en chef de la santé publique et vice-président par intérim
Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses
Agence de la santé publique du Canada

Tenzin Norzin
Épidémiologiste et biostatisticienne
Agence de la santé publique du Canada

Marcia Patricio
Analyste en surveillance, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Dre Barbara Raymond,
Conseillère médicale exécutive
Agence de la santé publique du Canada

Svetlana Romanova
Analyste en surveillance, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Dr Ronald St. John
Cofondateur, Sitata.com

Iain Stewart
Président
Agence de la santé publique du Canada

Dre Theresa Tam, BMBS (R.-U.), FRCPC
Administratrice en chef de la santé publique
Agence de la santé publique du Canada

Florence Tanguay
Gestionnaire, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Patricia Thaine
Cofondatrice et PDG
Private AI

Sally Thornton
Consultante

John Topping
Directeur principal
Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada

Francisco Ucan-Marin
Analyste en surveillance, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Anne-Marie Ugnat
Directrice générale, Direction générale de l’immunisation
Agence de la santé publique du Canada

Dr Peter Uhthoff
Conseiller médical principal et ancien directeur, RMISP

David Vigneault
Directeur
Service canadien du renseignement de sécurité

Dre Denise Werker
Consultante en santé publique et médecine préventive

Artur Wilczynski
Chef adjoint associé SIGINT
Centre de la sécurité des télécommunications

Dr David Williams et
Médecin hygiéniste en chef
Province de l’Ontario

Abdelhamid Zaghlool
Analyste en surveillance, RMISP
Agence de la santé publique du Canada

Abréviations

ACSP
Administratrice en chef de la santé publique
ASPC
Agence de la santé publique du Canada
CMHC
Conseil des médecins hygiénistes en chef
CNRC
Conseil national de recherches du Canada
COVID‑19
maladie à coronavirus 2019
EIOS
Epidemic Intelligence from Open Sources
F et E
fonctionnement et entretien
GI-TI
gestion de l’information- technologie de l’information
GPS
système mondial de localisation
KIWI
Knowledge Integration using Web-based Intelligence
MdG
Médecin de garde
MediSys
Medical Information System
OMS
Organisation mondiale de la santé
PNE
procédure normale d’exploitation
ProMED
Program for Monitoring Emerging Diseases
PRR
projet de renouvellement du RMISP
PSSA
plan stratégique de surveillance de l’ASPC
R&D
recherche et développement
RMISP
Réseau mondial d’information en santé publique
RSI
Règlement sanitaire international
RSS
Really Simple Syndication
SFE
surveillance fondée sur les événements
SFI
surveillance fondée sur les indicateurs
SRAS
syndrome respiratoire aigu sévère
SRMO
syndrome respiratoire du Moyen-Orient

Références

La liste qui suit vise à appuyer les futurs travaux d’un groupe d’experts ou d’un examen du RMISP, de l’ASPC et de la surveillance de la santé publique. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des références consultées par le Comité. Dans la mesure du possible, des liens ont été fournis.

RMISP

PRR

  • Rapport de fin de projet – Renouvellement de la plateforme du Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP) (mars 2019)
  • Projet de renouvellement du Réseau mondial d’information en santé publique : mission de consultation – Rapport final à l’intention du v.-p., DGISS (mai 2018)
  • Projet de renouvellement du RMISP – Rapport final de l’autorité technique (septembre 2017)
  • Projet de renouvellement du RMISP - Charte du projet (mars 2015)

Procédures normales d’exploitation et mandats

  • Mandat provisoire du groupe de prévoyance lié à la COVID-19 (août 2020)
  • Agence de la santé publique du Canada – Mandat du Comité du rapport quotidien (sans date)
  • Réunion quotidienne sur le renseignement et l’évaluation du risque : mandat (ébauche) (juillet 2013)
  • Procédures normales d’exploitation (PNE) : alertes du RMISP (septembre 2020)

ASPC et Surveillance de la santé publique

Scène internationale

Annexe : Rapport intérimaire pour l'examen du Réseau mondial d'information en santé publique

Accédez au rapport provisoire à l’intention de la ministre de la Santé sur l’examen indépendant du RMISP.

Notes en fin d'ouvrage

Note de bas de page 1

Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada, « Historique des débuts de la surveillance nationale des maladies chroniques au Canada et rôle majeur du Laboratoire de lutte contre la maladie (LLCM) de 1972 à 2000 », vol. 35, no. 2, avril 2015.

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Note de bas de page 2

Troisième Plan stratégique de surveillance de l’ASPC (2016-2019).

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Note de bas de page 3

Choi, Bernard C. K., « The Past, Present, and Future of Public Health Surveillance », Scientifica, vol. 2012, 23 octobre 2012.

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Note de bas de page 4

OMS, Détection précoce, évaluation et réponse lors d’une urgence de santé publique : Mise en œuvre de l’alerte précoce et réponse, notamment la surveillance fondée sur les événements, 2014.

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Note de bas de page 5

Mukhi, Shamir N., « KIWI: A technology for public health event monitoring and early warning signal detection », Online Journal of Public Health Informatics, 8(3), 28 décembre 2016.

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Note de bas de page 6

Réseau pancanadien de santé publique, Plan directeur pour un système fédéré de surveillance de la santé publique au Canada : vision et plan d’action, 2016, p. 7.

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Note de bas de page 7

Le Réseau pancanadien de santé publique est un réseau rassemblant des personnes de multiples secteurs et échelons de gouvernement de toutes les régions du Canada qui travaillent en collaboration pour renforcer la santé publique au pays. Il a été créé en 2005.

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Note de bas de page 8

Bureau de l’audit et de l’évaluation de Santé Canada et Agence de la santé publique du Canada, Audit des activités de surveillance, septembre 2020.

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Note de bas de page 9

Troisième Plan stratégique de surveillance de l’ASPC, p. 1.

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Note de bas de page 10

L’équipe d’intégration de la surveillance, composée d’experts en surveillance de l’ensemble de l’ASPC, représentait autrefois la tribune où l’on procédait à l’échange horizontal de renseignements entre les programmes et à la gestion des problèmes.

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Note de bas de page 11

Bureau de l’audit et de l’évaluation de Santé Canada et Agence de la santé publique du Canada, Évaluation des activités de préparation et d’intervention en cas d’urgence pour la période de 2012-2013 à 2016-2017, mars 2018.

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Note de bas de page 12

La Force opérationnelle sur le déploiement des vaccins est un mécanisme de réponse à la COVID-19 qui ne fait pas partie des opérations régulières de l’ASPC.

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Note de bas de page 13

Alis Technologies Inc. a déclaré faillite en 2003, mais une autre entreprise canadienne, Nstein Technologies Inc. qui avait participé à une partie du prototypage, a pu poursuivre le travail de développement dans l’intervalle et a conclu un nouvel accord de recherche concertée avec le RMISP en 2004.

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Note de bas de page 14

OMS, Questions fréquentes sur le Règlement sanitaire international (2005).

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Note de bas de page 15

Règlement sanitaire international (2005), Vue d’ensemble.

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Note de bas de page 16

OMS, Joint External Evaluation of IHR Core Capacities of Canada: Mission report, 2019.

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Note de bas de page 17

ProMED est antérieur au RMISP (1994) et il s’agit d’un système modéré sans composante algorithmique.

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Note de bas de page 18

Rees E. E., Ng V., Gachon P., Mawudeku A., McKenney D., Pedlar J., Yemshanov D., Parmely J., Knox J., « Risk assessment strategies for early detection and prediction of infectious disease outbreaks associated with climate change », Canada Communicable Disease Report, 45(5), 2 mai 2019.

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Note de bas de page 19

Really Simple Syndication (RSS) (flux de dépêches) est un flux Web qui permet aux utilisateurs et aux applications d’avoir accès à des mises à jour des sites Web.

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Note de bas de page 20

OMS, page d’accueil d’EPI-BRAIN.

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Note de bas de page 21

Le Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie, Deuxième rapport de situation (PDF), janvier 2021.

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Note de bas de page 22

Le Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie, COVID-19 : Agissons pour que cette pandémie soit la dernière (PDF), 2021.

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Note de bas de page 23

OMS, « L’OMS et l’Allemagne créent un nouveau centre consacré à la prévention des épidémies », Communiqué de presse : « Ce centre, qui sera basé à Berlin et collaborera avec des partenaires du monde entier, sera à la pointe de l’innovation en matière d’analyse des données sur le plus grand réseau de données mondiales afin de prévoir, de prévenir, de détecter les risques de pandémie et d’épidémie dans le monde entier, de s’y préparer et d’y riposter. », 5 mai 2021.

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Note de bas de page 24

L’équivalent temps plein est une mesure utilisée pour représenter une année-personne complète d’un employé dans un budget ministériel.

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Note de bas de page 25

Voici les sections : les faits saillants de la journée, une section consacrée à des mises à jour sur la COVID-19, événements nationaux, événements internationaux, et recherche, politiques et lignes directrices.

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Note de bas de page 26

Les abonnés du RMISP régionaux sont des personnes qui travaillent au sein des unités régionales de la santé publique. Ces unités peuvent être, par contre, intégrées dans les ministères de la santé provinciaux et territoriaux.

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Note de bas de page 27

Le portefeuille de la Santé se compose de Santé Canada, l’ASPC, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés et l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

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Note de bas de page 28

Dion, M., AbdelMalik, P., Mawudeku, A., « Les données massives et le Réseau mondial d’information en santé publique (RMISP) », Relevé des maladies transmissibles au Canada, vol. 41-9, 3 septembre 2015.

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Note de bas de page 29

OMS, Détection précoce, évaluation et réponse lors d’une urgence de santé publique - Mise en œuvre de l’alerte précoce et réponse notamment la surveillance fondée sur les événements, 2014 : « Par exemple, la détection par SFE ponctuelle d’événements climatiques (p. ex. vagues de chaleur ou de froid) pourrait avec le temps se transformer en une collecte et une analyse systématiques des données météorologiques assorties d’une définition de seuils liés à la santé humaine qui dès lors appartiendront à la SFI. »

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Note de bas de page 30

OMS, Rapid Risk Assessment of Acute Public Health Events, 2012.

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Note de bas de page 31

Bureau du vérificateur général, Rapport 8 – Préparation en cas de pandémie, surveillance et mesures de contrôle aux frontières, 2021.

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Note de bas de page 32

Les secteurs de programme peuvent contribuer non seulement à valider les signaux, mais aussi à raffiner les algorithmes du RMISP afin que le système puisse mieux saisir les articles d’intérêt pour les secteurs de programme.

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Note de bas de page 33

Le Comité n’a pas trouvé de documentation pouvant être considérée comme des directives formelles sur le changement du processus d’approbation des alertes. Cependant, il a étudié des courriels échangés entre les analystes et les gestionnaires du RMISP, datant du début du mois d’avril 2019, qui font référence au changement et qui traitent de la façon dont il pourrait être mis en œuvre.

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Note de bas de page 34

Le Programme canadien de sûreté et de sécurité est un programme financé par le gouvernement fédéral dirigé par le Centre des sciences pour la sécurité, Recherche et développement pour la défense Canada, en partenariat avec Sécurité publique Canada.

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Note de bas de page 35

BlueDot est un système composite 1) qui organise et structure les intrants au moyen d’un système de SFE, 2) qui évalue les données recueillies et les intègre à d’autres jeux de données disponibles (par exemple, des données GPS et de téléphonie cellulaire, des données de migration et de vol, des relevés climatiques) pour déterminer les risques, et 3) qui génère des produits d’information sur mesure pour les clients. Grâce à ses flux de données composites, BlueDot est également en mesure d’incorporer les données de SFI et les données de SFE dans ses évaluations de risques et ses communications. Contrairement aux systèmes susmentionnés, BlueDot est une entreprise privée à but lucratif.

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