Commémoration de la Grande évasion

Article de nouvelles / Le 24 mars 2021

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Le 24 mars 2021 marque le 77e anniversaire de l’évasion audacieuse qu’ont tentée des soldats et des aviateurs canadiens et britanniques afin de s’échapper du camp de prisonniers Stalag Luft III pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1943, le bombardier Halifax du 419e Escadron à bord duquel le commandant d’aviation Gerorge Sweanor était viseur de lance-bombe s’est fait abattre en territoire ennemi. L’aviateur a dû passer 800 jours au camp de prisonniers de guerre Stalag Luft III avant d’être libéré. Pendant son incarcération, il a participé à l’exécution d’un plan d’évasion audacieux qui a inspiré le film hollywoodien The Great Escape. Le commandant d’aviation Sweanor, qui était originaire de Port Hope, en Ontario, a servi 25 ans dans l’Aviation royale canadienne (ARC).

Le dimanche 3 janvier 2021, l’ARC a perdu l’un des grands protagonistes de ce récit empreint d’audace et une personnalité de son histoire lorsque le commandant d’aviation (retraité) George Sweanor a rendu l’âme à l’âge de 101 ans à Colorado Springs, au Colorado.

Par Joanna Calder, aidée de dossiers de Sara Keddy

Vous avez sans doute entendu parler de la Grande évasion et vous avez peut-être vu le film hollywoodien de 1963 mettant en vedette Steve McQueen dans le rôle d’un officier de la force aérienne américaine appelé Virgil Hilts, le « Roi du frigo » (The Cooler King). Si vous avez bel et bien vu le film, vous pensez sans doute qu’il raconte une histoire britannique et américaine.

Or, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une histoire britannique et canadienne. Il n’y avait aucun américain dans le complexe nord du Stalag Luft III près de Sagan (aujourd’hui Zagan), en Pologne, quand l’évasion massive a eu lieu. En fait, la plupart des officiers emprisonnés là faisaient partie de la Royal Air Force (RAF), de l’Aviation royale canadienne (ARC), de la Royal Australian Air Force (RAAF), de la Royal New Zealand Air Force (RNZAF) et de la South African Air Force (SAAF). D’autres venaient de pays tels que la Grèce, la Norvège, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie, la Lituanie, la Pologne, la Belgique et la France.

Dans la nuit du 24 au 25 mars 1944, 76 hommes ont réussi à sortir de l’enceinte en empruntant un tunnel dont le nom de code était « Harry ». Après la Grande évasion, la Gestapo, suivant l’ordre d’Hitler, a assassiné illégalement et clandestinement 50 des fugitifs. Six d’entre eux étaient Canadiens. Seulement trois des évadés ont pu s’en tirer et retourner dans leur pays natal; les autres ont tous été capturés et renvoyés au camp de prisonniers.

C’est le commandant d’aviation Roger Bushell, de la RAF, qui, au printemps de 1943, a eu l’idée de construire des tunnels pour s’échapper du Stalag Luft III. Un de ses plus importants co-conspirateurs était le capitaine d’aviation Wally Floody, de l’ARC, originaire de Chatham, en Ontario, à qui on a ensuite attribué le titre d’architecte de la Grande évasion.

Avant de s’enrôler, le capitaine d’aviation Floody avait travaillé dans l’industrie des mines à Kirkland Lake, en Ontario, ce qui lui avait permis d’acquérir les compétences et les connaissances techniques voulues pour faire les levés et les dessins nécessaires au creusage des tunnels dans le camp de prisonniers. Selon l’article nécrologique rédigé à son sujet, son rôle dans le projet était tellement précieux que les officiers alliés qui dirigeaient le camp lui ont interdit de participer à une tentative d’évasion antérieure avec l’équipe d’épouillage.

« Nous avons besoin de toi pour la construction des tunnels », lui avait-on dit.

Peu avant l’évasion, on l’a transféré dans un camp voisin, soit celui de Belaria, avec plusieurs autres membres importants du comité d’évasion, y compris le commandant d’aviation Bushell. Les gardiens allemands devenaient méfiants, mais ils n’ont pas pu trouver « Harry ». Le capitaine d’aviation Floody a donc survécu à la guerre; il a témoigné aux procès de Nuremberg, il a fondé l’Association des prisonniers de guerre de l’Aviation royale canadienne et il est plus tard devenu conseiller sur le plateau de tournage du film La Grande évasion. Le roi George VI l’a aussi fait officier de l’Ordre de l’Empire britannique pour souligner « son courage et son dévouement au devoir ».

Des dizaines d’hommes ont peiné pour construire trois tunnels d’évasion. C’était un travail dangereux et difficile, et les structures étaient extrêmement complexes tout comme les systèmes électriques et de ventilation dont elles étaient munies. Les prisonniers sont devenus experts dans l’art de trouver puis de réutiliser divers matériaux : par exemple, les cannettes de lait en poudre ont été transformées en canalisations d’aération. D’autres ont contrefait de faux papiers d’identité et confectionné des vêtements civils à partir d’uniformes et de couvertures. D’autres encore ont soudoyé des gardiens allemands et obtenu ainsi des matériaux illégaux. Des dizaines ont monté la garde pendant l’exécution des travaux et des dizaines d’autres ont joué le rôle des « pingouins » qui répandaient le sable extrait du tunnel dans tout le camp en utilisant des sacs spéciaux qu’ils dissimulaient dans leur pantalon et qu’ils ouvraient ensuite grâce à un cordonnet coulissant pour laisser le sable couler doucement sur le sol.

Un des tunnels, appelé « Dick », a été jugé dangereux, et l’on en a abandonné la construction. Celui dont le nom de code était « Tom » a été découvert par les gardiens du camp en septembre 1943. Tous les efforts ont dès lors été concentrés sur l’achèvement de « Harry », qui devait aboutir dans les bois, à l’extérieur de l’enceinte du camp.

Cependant, le tunnel n’a pas tout à fait abouti dans les bois, de sorte que la tentative d’évasion a été découverte après que seulement 76 des 200 hommes désignés pour y participer eurent réussi à sortir.

Après la découverte de Harry et le meurtre de 50 des évadés, les prisonniers du Stalag Luft III ont recommencé à creuser, mais le quatrième tunnel, appelé « George » avait un but différent. Les prisonniers craignaient que, si leur camp était envahi par les forces soviétiques, les gardiens allemands ou les soldats de l’Armée rouge « donneraient libre cours à leur colère en s’en prenant aux "kriegies" [prisonniers] », selon l’auteur Ted Barris.

« Nous avons décidé de stocker [des armes et du matériel] dans le tunnel George afin d’en faire notre réserve, notre dernière porte de secours, en quelque sorte, après l’occupation soviétique », dit le lieutenant d’aviation George Sweanor dans l’ouvrage de Ted Barris.

On ne s’est toutefois jamais servi de George, car les Allemands ont évacué le camp avant l’arrivée des forces soviétiques, emmenant du coup les prisonniers dans la brutale et meurtrière « Longue marche » avant de les réinstaller dans d’autres camps. En 2011, des archéologues ont excavé le tunnel George et ils y ont trouvé des objets tels qu’une radio construite par des prisonniers, une lampe, des outils de creusage et une canalisation d’aération intacte fabriquée au moyen de cannettes de lait en poudre vides.

LES ÉVADÉS

Ceux qui ont retrouvé leur terre natale

Le sergent Per Bergsland, RAF (Norvège)

Le sous-lieutenant Jens Müller, RAF (Norvège)

Le capitaine d’aviation Bram « Bob » van der Stok, RAF (Hollande)

Ceux qui ont été exécutés

Le lieutenant d’aviation Henry « Hank » Birkland, ARC

Le capitaine d’aviation Edward Gordon Brettell, RAF

Le capitaine d’aviation Leslie George « Johnny » Bull, RAF

Le commandant d’aviation Roger Joyce Bushell, RAF

Le capitaine d’aviation Michael James Casey, RAF

Le commandant d’aviation James Catanach, RAAF

Le capitaine d’aviation Arnold George Christensen, RNZAF

Le lieutenant d’aviation Dennis Herbert Cochran, RAF

Le commandant d’aviation Ian Kingston Pembroke Cross, RAF

Le sergent Haldor Espelid, Aviation royale norvégienne

Le capitaine d’aviation Brian Herbert Evans, RAF

Le lieutenant Nils Fuglesang, Aviation royale norvégienne

Le lieutenant Johannes Gouws, SAAF

Le capitaine d’aviation William Jack Grisman, RAF

Le capitaine d’aviation Alistair Donald Mackintosh Gunn, RAF

L’adjudant Albert Horace Hake, RAAF

Le capitaine d’aviation Charles Piers Hall, RAF

Le capitaine d’aviation Anthony Ross Henzell Hayter, RAF

Le capitaine d’aviation Edgar Spottiswoode Humphreys, RAF

Le lieutenant d’aviation Gordon Arthur Kidder, ARC

Le capitaine d’aviation Reginald « Rusty » Kierath, RAAF

Le capitaine d’aviation Antoni Kiewnarski, RAF (Pologne)

Le commandant d’aviation Thomas Gresham Kirby-Green, RAF

Le lieutenant d’aviation Wlodzimierz A. Kolanowski, Aviation militaire polonaise

Le lieutenant d’aviation Stanislaw Z. « Danny » Krol, RAF (Pologne)

Le capitaine d’aviation Patrick Wilson Langford, ARC

Le capitaine d’aviation Thomas Barker Leigh, RAF

Le capitaine d’aviation James Leslie Robert « Cookie » Long, RAF

Le capitaine d’aviation Romas « René » Marcinkus, RAF

Le lieutenant Clement Aldwyn Neville McGarr, SAAF

Le capitaine d’aviation George Edward McGill, ARC

Le capitaine d’aviation Harold John Milford, RAF

Le lieutenant d’aviation Jerzy T. Mondschein, RAF (Pologne)

Le lieutenant d’aviation Kazimierz Pawluk, RAF (Pologne)

Le lieutenant d’aviation Porokoru Patapu « Johnny » Pohe, RNZAF

Le sous-lieutenant d’aviation Sotiris « Nick » Skanzikas, Aviation royale grecque

Le lieutenant Rupert J. Stevens, SAAF

Le lieutenant d’aviation Robert Campbell Stewart, RAF

Le lieutenant d’aviation John Gifford Stower, RAF

Le lieutenant d’aviation Denys Oliver Street, RAF

Le capitaine d’aviation Cyril Douglas Swain, RAF

Le capitaine d’aviation Henri Albert Picard, RAF (Belgique)

Le lieutenant Bernard W. M. Scheidhauer, Armée de l’air de la France libre

Le lieutenant d’aviation Pawel « Peter » Tobolski, Aviation militaire polonaise

Le capitaine d’aviation Arnost « Wally » Valenta, RAF (Tchécoslovaquie)

Le capitaine d’aviation Gilbert William « Tim » Walenn, RAF

Le capitaine d’aviation James Chrystall Wernham, ARC

Le capitaine d’aviation George William Wiley, ARC

Le commandant d’aviation John Edwin Ashley Williams, RAAF

Le capitaine d’aviation John Francis Williams, RAF

Ceux qui ont été renvoyés au Stalag Luft III

Le lieutenant d’aviation George Sweanor, ARC

Le capitaine d’aviation R. Anthony Bethell, RAF

Le capitaine d’aviation Bill Cameron, ARC

Le capitaine d’aviation Richard S. A. « Dick » Churchill, RAF

Le lieutenant-colonel d’aviation Harry Melville Arbuthnot « Wings » Day, RAF

Le major Johnnie Dodge, Armée britannique

Le capitaine d’aviation Sydney Dowse, RAF

Le capitaine d’aviation Bedrich « Freddie » Dvorak, RAF

Le capitaine d’aviation Bernard « Pop » Green, RAF

Le sous-lieutenant d’aviation Bertram « Jimmy » James, RAF

Le capitaine d’aviation Roy B. Langlois, RAF

Le capitaine d’aviation H. C. « Johnny » Marshall, RAF

Le capitaine d’aviation Alistair T. McDonald, RAF

Le lieutenant Alastair D. Neely, Royal Navy

Le capitaine d’aviation T.R. Nelson, RAF

Le capitaine d’aviation A. Keith Ogilvie, RAF

Le capitaine d’aviation Desmond Lancelot Plunkett, RAF

Le lieutenant Douglas A. Poynter, Royal Navy

Le sous-lieutenant d’aviation Paul G. Royle, RAF

Le capitaine d’aviation Michael Shand, RAF (le dernier à sortir de « Harry »)

Le capitaine d’aviation Alfred B. Thompson, ARC

Le capitaine d’aviation Ivo P. Tonder, RAF

Le commandant d’aviation Leonard Henry Trent, RNZAF

Le capitaine d’aviation Raymond L. N. van Wymeersch, RAF (France)

Article rédigé à l’aide de dossiers de Sara Keddy, rédactrice au journal The Aurora, à la 14e Escadre Greenwood, en Nouvelle-Écosse. Lecture recommandée : The Great Escape: A Canadian Story, par Ted Barris.

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