Les textiles et les conditions ambiantes – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 13/1
La Note de l'ICC 13/1 fait partie de la treizième série des Notes de l'ICC (Textiles et fibres)
Introduction
Dans une collection muséale, les textiles figurent parmi les objets les plus sensibles aux conditions ambiantes, en raison de leur nature organique. De nombreux agents de détérioration ont une incidence sur leur conservation à long terme, notamment la lumière, l'humidité relative (HR) et la température inadéquates, les organismes nuisibles, les forces physiques et les polluants. Des directives générales en la matière pour toutes les collections, y compris les textiles, se trouvent dans le site Web de l'Institut canadien de conservation (ICC) sous Prendre soin des collections - Les dix agents de détérioration et sous Directives en matière d'environnement pour les musées - Dommages causés par une température et une humidité relative contre-indiquées.
La présente note fait état des conditions idéales qu'un organisme peut viser à atteindre et énonce quelques lignes directrices pour améliorer les conditions ambiantes des aires d'exposition et des réserves où l'on trouve des textiles. Si minime soit-il, tout effort visant à réguler les agents de détérioration les plus destructeurs pour les textiles - notamment la lumière, l'humidité relative et la température inadéquates, les organismes nuisibles, les forces physiques et les polluants - aura des incidences positives à long terme sur les objets d'une collection.
La lumière, l'ultraviolet et l'infrarouge
Essentielle pour regarder et apprécier les textiles, la lumière en altère toutefois les couleurs et en affaiblit les fibres. La lumière - partie visible du rayonnement électromagnétique - est une forme d'énergie. Elle s'étend du violet au rouge. Les longueurs d'onde au-delà de l'extrémité violette du spectre visible - c.-à-d. ultraviolettes (UV) - dégagent plus d'énergie et sont plus nuisibles aux textiles que les longueurs d'onde au-delà du rouge - c.-à-d. infrarouges (IR) -, qui dégagent moins d'énergie. Le rayonnement UV et le rayonnement visible sont susceptibles de causer des dommages photochimiques, alors que le rayonnement IR produit seulement de la chaleur rayonnante. La dégradation des textiles dépend de l'intensité de la lumière, du taux de rayonnement ultraviolet et de la durée d'exposition. Le rayonnement ultraviolet de la lumière du jour, de la lumière du soleil et de certaines sources artificielles constitue une des principales causes du jaunissement et de l'affaiblissement des fibres, de même que de la décoloration et de la modification des couleurs d'un grand nombre de teintures pour textiles, qu'il s'agisse de colorants naturels ou artificiels.
Atténuer les effets nocifs de la lumière et du rayonnement ultraviolet
Les dommages que cause la lumière sont cumulatifs et irréversibles. C'est l'exposition totale à la lumière qui est importante. Elle s'entend de l'éclairement lumineux (lux) multiplié par la durée d'exposition (heures). On mesure l'éclairement lumineux, ou intensité de la lumière, en lux. Tout objet subit le même degré de détérioration, qu'il soit exposé à une lumière intense pendant une courte période ou à une faible lumière pendant une longue période. Par exemple, une exposition à 100 lux pendant 400 heures entraînera une détérioration égale à celle d'une exposition à 50 lux pendant 800 heures. Ainsi, en diminuant de moitié le niveau d'éclairage ou la durée d'exposition à la lumière (par exemple, de 100 lux à 50 lux), on réduira de moitié la détérioration due à la lumière.
Pour l'exposition de textiles, il faut choisir la plus faible intensité lumineuse qui assure une appréciation esthétique de l'œuvre. Au point de référence habituel de 50 lux, une personne de moins de 30 ans voit bien les détails des objets de couleur claire, tant qu'il n'y a pas d'éclairage très intense à proximité et qu'elle a le temps de s'habituer à la lumière ambiante. Selon la sensibilité des colorants textiles (consulter Michalski Bibliographie en fin de texte 1, Tableau 2, pour les degrés de solidité à la lumière des colorants naturels sur la laine, le coton et la soie), un niveau d'éclairage supérieur, utilisé avec prudence pendant de courtes périodes, permet aux personnes plus âgées et à quiconque examine les détails fins ou de faible contraste, ou encore des objets foncés ou présentant des motifs, de bien les percevoir pendant une durée limitée [~ 4000 lux; chacun des quatre facteurs susmentionnés — personne plus âgée, détails fins ou de faible contraste, objet foncé et temps limite d'observation d'un objet visuellement complexe — exige de multiplier le niveau d'éclairage de référence par 3; (50 lux) x 3 x 3 x 3 x 3 = 4050 lux] (Michalski ). En augmentant l'intensité lumineuse uniquement quand les circonstances l'exigent et en la réduisant par la suite, il est possible de limiter la détérioration cumulative causée par la lumière.
En principe, les textiles ne doivent pas être exposés au rayonnement ultraviolet provenant de la lumière du jour ou de lampes sans filtre qui émettent des rayons ultraviolets. S'il n'est pas possible de bloquer ou d'éliminer la composante UV, le rayonnement ultraviolet ne doit pas dépasser 75 µW/lm (microwatts d'UV par lumen).
La vulnérabilité des colorants textiles à la lumière varie. Pour réduire les effets nocifs de cette dernière sur les textiles, éviter toute exposition à la lumière extrême. Couvrir les fenêtres dans les aires d'exposition et les réserves pour mettre les objets à l'abri de la lumière. Soulignons qu'en appliquant sur les vitres des pellicules transparentes absorbant le rayonnement ultraviolet, on réduit la quantité de ce rayonnement sans amoindrir la lumière visible. Il est important de vérifier le rendement des filtres et des pellicules UV avant d'en installer sur des lampes ou des fenêtres, et d'en faire des vérifications périodiques par la suite. On peut emprunter des instruments de mesure du rayonnement UV auprès de l'ICC. À cet effet, visiter Prêts d'équipement sur le site Web de l'ICC et les Notes de l'ICC 2/4 Trousse d'instruments de mesure des conditions ambiantes (retirée).
Éteindre les lumières dans les aires d'exposition pendant les heures de fermeture et limiter la durée de leur exposition, par exemple, trois mois au plus. Utiliser des interrupteurs actionnés par les visiteurs. Pour mieux régler l'intensité de la lumière, utiliser des ampoules à faible puissance, installer des gradateurs aux interrupteurs et augmenter la distance entre la source de lumière et le textile. Consigner la durée d'exposition du textile, l'intensité de la lumière et les conditions ambiantes, car ces données aideront à déterminer le niveau d'exposition annuelle.
Les lumières resteront éteintes dans les réserves. Au besoin, pour accéder aux collections ou pour s'assurer de l'absence d'organismes nuisibles, on utilisera le niveau d'éclairage habituel dans les bureaux. L'accès aux collections se fera ainsi rapidement et de manière sécuritaire. Les textiles mis en réserve dans des armoires ou des tiroirs fermés sont totalement protégés de la lumière et du rayonnement UV.
Il existe actuellement sur le marché toute une gamme de lampes, chacune dotée de caractéristiques qui peuvent convenir ou non à l'exposition dans un musée, ce qui rend le choix difficile. Comme l'éclairage des expositions est complexe, il faut examiner soigneusement toutes les options. Pour de plus amples renseignements sur les types de lampes couramment utilisés, leur indice de rendu des couleurs, leur rayonnement UV, leurs avantages et leurs désavantages, consulter les tableaux sur les sources de lumière (tableaux 2a et 2b) sous Prendre soin des collections - Les dix agents de détérioration - La lumière, l'ultraviolet et l'infrarouge dans le site Web de l'ICC.
L'humidité relative inadéquate
Les textiles résistent à un large éventail de conditions d'HR, mais craignent les extrêmes. Lorsque l'HR est élevée, les fibres gonflent en absorbant la vapeur d'eau; lorsqu'elle est faible, elles rétrécissent en la laissant s'échapper. Cette dilatation se manifeste essentiellement dans le diamètre des fibres. La plupart des textiles tissés réagissent dans le sens contraire : le gonflement des fibres les fait rétrécir, surtout le long des fils de chaîne. Les textiles faits à la machine au 19e siècle sont particulièrement sujets à ce type de rétrécissement dû à une HR élevée. Les vieux textiles fragiles sous tension, comme les broderies encadrées, les meubles rembourrés et les cartes géographiques en papier sur support textile, risquent de céder sous l'effet d'un tel rétrécissement.
De plus, l'HR élevée favorise l'apparition de moisissures sur les textiles. À 70 % d'HR, elles se développent en trois mois ou plus, mais à 90 % d'HR, elles ne mettent que quelques jours pour le faire. Les moisissures prennent souvent l'apparence d'une substance blanche et veloutée, qui dégage parfois une odeur de moisi. Tant les textiles cellulosiques que les textiles protéiniques sont à risque. Les saletés, les taches et les apprêts de tissu tels que l'amidon constituent une alimentation attrayante pour les microorganismes. La croissance de microorganismes forme des taches colorées qui sont souvent impossibles à enlever et qui affaiblissent les fibres des textiles, parfois au point d'entraîner leur désintégration.
Pour plus de précisions sur les conditions propices aux moisissures, consulter : Prendre soin des collections - Les dix agents de détérioration - Taux d'humidité relative (HR) contre-indiqués dans le site Web de l'ICC; Bulletin technique de l'ICC nº 23, Directives concernant l'humidité et la température dans les archives du CanadaBibliographie en fin de texte 2; Bulletin technique nº 26 de l'ICC, Prévention des moisissures et récupération des collections : Lignes directrices pour les collections du patrimoineBibliographie en fin de texte 3; Bulletin technique nº 29 de l'ICC, La lutte contre les ravageurs des biens culturelsBibliographie en fin de texte 4; Bulletin technique nº 12 de l'ICC, Le contrôle des moisissures dans les muséesBibliographie en fin de texte 5; Notes de l'ICC 13/15 : Les moisissures et les textiles.
Les conditions d'HR élevée accélèrent énormément la corrosion des métaux usuels, particulièrement les composés de cuivre et de fer. Les boutons de laiton, crochets d'acier, œillets, fermetures à glissière, etc., spécialement quand ils sont en présence de sel découlant de contacts humains ou d'un milieu maritime, peuvent perdre la stabilité qu'ils ont gardée pendant des décennies pour se corroder activement en quelques jours si l'HR dépasse les 75 %.
En hiver, le chauffage sans humidification entraîne un faible taux d'HR. À un taux d'HR situé entre 40 % et 5 %, les textiles se dessèchent de plus en plus; ils deviennent donc plus fragiles et supportent moins bien la manipulation. Par ailleurs, une faible HR présente de nombreux avantages pour les textiles. La décoloration due à la lumière s'en trouve ralentie, diminuant presque de moitié pour certaines teintures quand le taux d'HR se situe entre 60 % et 10 %. Les infestations d'insectes sont beaucoup moins fréquentes quand l'HR est inférieure à 40 %. Dans le cas de la laine, il s'agit là d'une réduction du risque particulièrement importante. Dans la mesure où l'on s'abstient de manipuler les textiles fragiles (comme les soies dégradées), une faible HR est globalement propice à leur préservation, comme en témoignent les textiles anciens qui survivent depuis des siècles dans les régions arides de la planète.
Bref, tout ce qu'il faut éviter sur le plan de l'HR est l'humidité excessive (taux supérieur à 70 %). Sans humidité excessive, les textiles ne développent pas de moisissures, les tissages ne rétrécissent pas (ils ne se déchirent donc pas sous tension), les éléments métalliques présents ne sont pas susceptibles de corrosion rapide, et la poussière a moins tendance à se souder aux fibres. Un faible taux d'HR est très avantageux puisqu'il est moins propice aux organismes nuisibles et aux dommages dus à la lumière, mais c'est au prix de risques mécaniques, qu'on peut toutefois atténuer par les soins apportés à la manipulation. Il faut éviter une faible HR seulement quand, aux textiles, sont greffés d'autres objets susceptibles de se déformer ou de se briser dans des conditions plutôt sèches.
La seule façon de bien connaître les conditions ambiantes dans une aire d'exposition ou une réserve est de les mesurer à l'aide d'instruments. Nous recommandons l'utilisation d'un thermohygrographe enregistreur ou d'un enregistreur de données pour vérifier continuellement les variations d'HR et de température au cours des cycles saisonniers. On peut emprunter à l'ICC des instruments de mesure de la lumière, de la température et de l'HR. Visiter Prêts d'équipement dans le site Web de l'ICC.
La température inadéquate
Les températures élevées augmentent la vitesse de dégradation chimique de tout matériau. En fait, chaque augmentation de 5 °C double la vitesse de dégradation et raccourcit la vie de l'objet de moitié. Ce phénomène n'a d'incidence pratique que pour les textiles chimiquement instables. Les soies chargées du 19e siècle en sont l'exemple classique puisé dans les collections textiles du Canada : elles se sont déjà presque totalement autodétruites (bien qu'on en trouve des échantillons en bon état, qui ont probablement été conservés au froid presque toute leur existence). Moins vulnérables mais peut-être plus courants, les textiles cellulosiques (coton, lin, jute) se sont acidifiés sous l'effet de la pollution (et n'ont pas été lavés), de même que tous les textiles synthétiques du 20e siècle (rayonne, nylon), qui peuvent souffrir d'acidité interne. Bien que ces matériaux puissent conserver une résistance adéquate pendant peut-être un siècle à 20 °C, ils ne dureront qu'une vingtaine d'années à 30 °C.
Les basses températures (5 °C et moins) présentent nombre d'avantages pour les textiles. Non seulement réduisent-elles la dégradation chimique, mais elles diminuent aussi beaucoup la fréquence des ravageurs. Même les froids extrêmes des hivers canadiens ne présentent aucun danger connu. En fait, l'exposition à -30 °C est la méthode non toxique privilégiée pour désinfester les collections textiles, et plusieurs études n'ont montré aucun effet nuisible en découlant. Pour de plus amples détails sur le traitement par exposition au froid, consulter le Bulletin technique nº 29 de l'ICC, La lutte contre les ravageurs des biens culturelsBibliographie en fin de texte 4.
En pratique, les basses températures ne deviennent un problème que lorsqu'elles causent une humidité élevée ou excessive. C'est ce qui se passe habituellement quand les textiles sont rangés dans un endroit mal ventilé (sans être ensachés hermétiquement) et que l'une ou l'autre de ces deux situations se produisent :
- tout l'espace subit une soudaine chute de température, par exemple, dans le cas d'une construction mal isolée où la chaleur humide de l'après-midi est suivie d'un coup de froid la nuit;
- les textiles sont entreposés dans des armoires placées tout contre un mur extérieur froid, comme au sous-sol en été ou au premier étage en hiver.
En résumé, par ordre d'importance, on veillera à ce que les basses températures ne provoquent pas d'humidité excessive et on évitera les températures élevées pour tous les textiles chimiquement instables (par exemple, les soies chargées, de nombreux textiles synthétiques et toutes les fibres naturelles non lavées ayant longtemps été exposées à la pollution de l'air).
Les organismes nuisibles
Par organisme nuisible, on entend tout organisme vivant - insecte, rongeur, moisissure - qui peut causer des dégâts matériels. On met souvent en réserve les collections de textiles et de costumes dans des endroits tranquilles et obscurs qui peuvent constituer un habitat idéal pour les insectes. Les larves de la mite et de l'anthrène des tapis sont particulièrement néfastes, puisqu'elles perforent et consomment les fibres kératiniques telles que la laine. Elles s'attaquent à la soie, au coton et aux synthétiques, s'ils sont sales ou si l'étoffe empêche l'accès à une autre source de nourriture. On repère les insectes à leurs larves mêmes, leurs toiles et leurs cocons (contenant souvent des boulettes fécales, qui ont parfois la même couleur que l'étoffe), leurs œufs et à la présence d'insectes adultes. Les lépismes argentés (poissons d'argent) en quête d'aliments peuvent abîmer l'étoffe en s'en prenant par exemple à l'encollage à l'amidon de certains cotons. Les rongeurs et autres animaux peuvent ronger, déchiqueter et souiller les textiles.
Parmi les stratégies de lutte contre les organismes nuisibles dans les musées, mentionnons les mesures préventives comme l'entretien des locaux et de l'immeuble. Éviter de consommer, de ranger et de laisser des boissons ou des denrées alimentaires dans les salles d'exposition et les réserves. Avant de les intégrer à une collection, il faut mettre en quarantaine, examiner et surveiller tous les objets empruntés et nouvelles acquisitions. Le personnel peut ainsi déceler la présence de moisissures et d'insectes.
Pour en savoir plus sur la formation des moisissures, visiter plus haut : L'humidité relative inadéquate.
On empêchera la propagation des moisissures et des insectes par des mesures d'intervention rapide. Il est recommandé de mettre en œuvre un programme de lutte intégrée. Pour en savoir plus sur la prévention des infestations, consulter les Notes de l'ICC 3/1 Stratégies de lutte préventive contre les infestations et méthodes de détection, 3/2 Détection des infestations : inspection des installations et liste de contrôle, 3/3 Lutte contre les insectes par exposition au froid, Pinniger ()Bibliographie en fin de texte 6, et Pinniger et Winsor ()Bibliographie en fin de texte 7. Bulletin technique nº 29 de l'ICC, La lutte contre les ravageurs des biens culturelsBibliographie en fin de texte 4.
Les forces physiques
L'utilisation antérieure de l'objet, les contraintes internes qui lui sont inhérentes et sa manipulation peuvent entraîner des déchirures, des pertes, des fentes et de l'usure. Les pliures très marquées sont susceptibles de se fendre parce que les fibres à ces endroits sont soumises à une forte tension.
On peut éviter certains dommages aux textiles. Malgré leur apparence robuste et résistante qui fait illusion, les textiles anciens sont vulnérables, non seulement en raison de leur histoire - âge, fragilité ou composition, notamment les mélanges de matériaux lourds et légers -, mais aussi parce que ce sont des objets d'usage courant. La manipulation augmente les risques d'endommager les costumes et textiles. Il vaut mieux la limiter et, dans la mesure du possible, manipuler le support au lieu de l'objet lui-même. Pour en savoir plus, consulter Robinson et Pardoe ()Bibliographie en fin de texte 8.
Les textiles et costumes exposés ou en réserve sans support convenable peuvent se déformer sous l'effet de la gravité. L'utilisation de mannequins sur mesure pour l'exposition de costumes, ou de supports matelassés pour leur mise en réserve, contribue à éviter les dommages liés aux forces physiques. Pour en savoir plus, consulter Barclay et coll. ()Bibliographie en fin de texte 9, ainsi que Brunn et White ()Bibliographie en fin de texte 10. S'assurer de la stabilité des mannequins en utilisant une base convenable ou une base que l'on peut arrimer à la surface d'exposition. Pour l'exposition et la mise en réserve des textiles de grande taille tels que des tapisseries, il faut parfois des supports sur mesure, ainsi qu'au moins deux personnes pour leur transport ou leur installation.
Pendant le transport, des forces physiques telles que les vibrations, les impacts, les pressions, l'usure ou les chocs peuvent entraîner des dommages. S'assurer de bien matelasser les textiles, de les fixer solidement à leurs supports et de choisir un emballage convenable. Pour en savoir plus, consulter Robinson et Pardoe ()Bibliographie en fin de texte 8.
Les polluants
Les gaz provenant d'émissions industrielles, automobiles et autres provoquent des réactions chimiques de dégradation, lesquelles ont des incidences sur les propriétés des fibres. Certains matériaux présents dans les musées, tels que bois, revêtements, papier de soie acide et d'autres objets anciens peuvent émettre des gaz nocifs. Pour en savoir plus, consulter Tétreault ()Bibliographie en fin de texte 11. Il arrive aussi que l'acidité provienne de la détérioration des fibres mêmes, tout comme des processus de fabrication et de finition.
Les particules solides - telles que la poussière provenant de vêtements et les saletés présentes dans l'environnement immédiat - sont nuisibles parce qu'elles risquent de se loger dans les fils et entre eux, de même qu'à la surface irrégulière des fibres. Souvent présentes dans la poussière, les particules effilées et granuleuses de silice peuvent trancher les fibres au cours de la manipulation pendant la mise en réserve, l'exposition ou le transport. Dans un milieu où la température et le taux d'humidité relative sont élevés, la poussière fine se soudera en peu de temps aux fibres et deviendra très difficile à enlever. Certaines particules absorbent les polluants de l'environnement; si le taux d'humidité est élevé, elles risquent d'entraîner une réaction chimique qui nuit aux fibres ou aux colorants. Certaines saletés alimentent les moisissures, insectes et autres activités biologiques nuisibles. Avec le temps, les dépôts huileux résultant d'une mauvaise manipulation, les taches d'eau et de nourriture, ainsi que les saletés provenant de l'utilisation, s'oxydent et s'incrustent, ce qui provoque la dégradation, l'affaiblissement et la rupture des fibres.
Il est recommandé de garder les portes et fenêtres fermées en tout temps afin de réduire les problèmes liés aux polluants atmosphériques. Toute ouverture vers l'extérieur doit être bien scellée. On peut, dans une certaine mesure, lutter contre les polluants atmosphériques à l'intérieur d'un musée en utilisant des produits recommandés (par exemple, de la peinture stable aux murs et de la moquette exempte d'émanation de gaz nocifs), ainsi qu'en appliquant une politique antitabac. Les produits chimiques tels que la peinture et les agents nettoyants doivent être rangés dans un local éloigné des aires d'exposition et des réserves.
Conclusion
Dans tous les musées, il convient de procéder régulièrement à une inspection approfondie et méthodique ainsi qu'au nettoyage méticuleux des aires d'exposition et des réserves. Plus les locaux sont propres, moins les textiles risquent d'être abîmés sous l'effet des moisissures, des insectes, des réactions chimiques et de l'abrasion. Les supports des objets mis en réserve et exposés doivent être fabriqués de matériaux stables. On peut protéger les objets de la lumière et de la poussière en les couvrant temporairement lorsqu'ils ne sont pas utilisés.
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Par le personnel du Laboratoire de textiles de l'ICC.
Première date de publication :
Révision : ,
Also available in English.
Également publié en anglais.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation,
ISSN : 1191-7237
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