Emballage et transport efficaces des objets d’art – Bulletin technique 34

Paul Marcon

Bulletins techniques de l’ICC

L’Institut canadien de conservation (ICC), situé à Ottawa, publie périodiquement des Bulletins techniques afin que les conservateurs et les restaurateurs d’objets culturels canadiens ainsi que les spécialistes en soin des collections du monde entier soient informés des principes et des techniques de conservation actuels. L’auteur sera heureux de recevoir des commentaires.

Résumé

Le présent Bulletin technique traite des risques liés à l’expédition des objets d’art et de leurs effets sur ces objets, en plus de fournir des renseignements sur les caractéristiques qui rendent les emballages efficaces pour leur transport. Il porte également sur la sensibilité des objets de musée aux risques liés à l’expédition et fournit des mesures de gestion et des objectifs de conception pour aider les emballeurs d’objets de musée à expédier et à entreposer ces derniers en toute sécurité dans des emballages protecteurs. Son contenu est fondé sur des renseignements tirés de documents spécialisés traitant de l’emballage et sur des recherches et des expériences de l’ICC au sujet du transport des œuvres d’art. Il s’appuie également sur des services rendus à différents clients en ce qui touche une grande variété d’objets artistiques.

Auteur

Paul Marcon est titulaire d’un baccalauréat ès sciences appliquées en génie mécanique de l’Université d’Ottawa. Ses domaines de spécialisation à la Division des services de préservation de l’ICC comprennent la recherche sur les effets des chocs et des vibrations sur les objets de musée, les emballages protecteurs pour le transport d’objets d’art, le déplacement de monuments, de bas-reliefs et de statues, les moyens de conservation des installations et des bâtiments culturels et les systèmes de contrôle des conditions ambiantes dans les musées, les vitrines d’exposition et les contenants pour objets de musée. À l’ICC, il effectue des recherches appliquées dans le domaine de la conservation, en plus de conseiller des clients de musées au Canada et à l’étranger, de planifier et de surveiller les services dans le cadre de projets relatifs au patrimoine bâti et de présenter des séminaires et des ateliers de formation.

Avis de non-responsabilité : Les renseignements figurant dans la présente ressource s’appuient sur la compréhension actuelle des problèmes soulevés. Les lignes directrices énoncées ne garantissent pas nécessairement une protection complète dans toutes les situations ni une protection contre tous les effets néfastes possibles causés par l’emballage et le transport des objets d’art.

Table des matières

Liste des abréviations

ACIA
Agence canadienne d’inspection des aliments
ATA
Air Transport Association of America
ATSM
American Society for Testing and Materials
CIPV
Convention internationale pour la protection des végétaux
g
force de gravité
g/m2
gramme par mètre carré
g/po2
gramme par pouce carré
Hz
hertz
kg/cm2
kilogramme par centimètre carré
kg/m3
kilogramme par mètre cube
kPa
kilopascal
lb/pi3
livre par pied cube
lb/po2
livre par pouce carré
MTR
manutention-transport-mise en réserve
NIMP
Normes internationales pour les mesures phytosanitaires
ONPV
organisation nationale de la protection des végétaux
TPVE
taux de perméabilité à la vapeur d’eau

Introduction

Des objets culturels en tout genre sont expédiés d’un bout à l’autre de la ville ou du pays et à l’international, que ce soit dans le cadre d’un envoi unique ou d’expositions itinérantes exigeant plus d’un envoi. Dans nombre de cas, en raison de préoccupations liées aux risques de dommages ou de pertes, l’expéditeur peut devoir faire un choix difficile, à savoir expédier ou non ces objets. Lorsqu’on expédie des objets d’art, on les emballe souvent sans trop connaître leurs seuils d’endommagement et sans avoir eu l’occasion de bien concevoir l’emballage ou d’en évaluer le rendement.

L’utilisation de réseaux spécialisés de transport d’œuvres d’art et le suremballage peuvent aider à répondre à ces préoccupations et à faire face aux restrictions, mais tous les scénarios d’expédition présentent un certain degré de risques, quel que soit le transporteur. Prévoir ces risques et veiller à ce que de bons moyens de protection soient en place représente à la fois un défi et une grande responsabilité qui s’imposent aussi bien à l’expéditeur qu’à l’emballeur.

Lorsqu’il se prépare à expédier des objets d’art, l’emballeur peut se demander quels matériaux, caractéristiques et méthodes seront les plus avantageux. Ces questions sont d’autant plus importantes s’il manque de temps et de ressources ou lorsque l’objet a une importance ou une valeur toute particulière, ou encore s’il est fragile.

Dans cette perspective, le présent Bulletin technique énonce les principes qui régissent l’emballage et l’expédition efficaces des objets d’art en fonction de tous les risques liés à l’expédition. La partie 1 traite des différents risques liés à l’expédition, de leurs effets sur les objets d’art et de la façon d’évaluer leur gravité, puis fournit des renseignements et des consignes sur la façon de gérer ces effets. La partie 2 explique comment ces principes s’appliquent à sept méthodes de protection qui peuvent être utilisées seules ou en combinaison. Elle comporte également un survol des contenants de transport et d’autres aspects de l’emballage.

Partie 1 : Risques liés à l’expédition, effets et stratégies générales de gestion

Activités et risques liés à l’expédition

L’expédition comporte des activités de manutention et le recours à divers moyens de transport, et chaque réseau présente son propre profil de risques. Les différents risques sont énumérés et examinés dans les sections qui suivent. L’accent est mis sur les chocs et les vibrations, puisque tous deux posent problème dans tous les cas. L’attention prêtée aux autres risques variera selon la nature des objets expédiés, le moment et le lieu de l’envoi, ainsi que le réseau de transport utilisé.

Pertes subies pendant l’expédition, sur place et à l’extérieur

Les pertes déclarées aux compagnies d’assurance nous éclairent sur les problèmes d’expédition et leur importance relative. Dans une étude portant sur les pertes signalées par 126 musées d’art, les pertes subies pendant l’expédition étaient dues :

Remarque : Les disparitions mystérieuses renvoient à la dissociation ou à l’incapacité de repérer un objet ou d’en rendre compte. Le choix du transporteur, la communication, les documents et la planification du projet peuvent résoudre ce problème.

Selon la même étude, 34,9 % de toutes les pertes déclarées étaient dues à l’expédition, tandis que les pertes sur place représentaient 59,9 % des cas rapportés, et les pertes à l’extérieur, 14,2 % de ceux-ci. Dans chacune des deux dernières catégories, la mauvaise manutention était mentionnée comme cause principale des pertes dans des proportions respectives de 21,7 % et de 58,1 %Note en fin de texte 2.

Le présent Bulletin technique met l’accent sur l’expédition sécuritaire sous emballage, mais les activités connexes, comme l’emballage, le déballage et les mouvements à l’interne, sont d’importants facteurs à prendre en considération dans tout projet d’expédition. De même, il apparaît clairement que les supports et les accessoires de manutention bien faits peuvent apporter d’importants avantages à l’interne.

Étapes de l’expédition

Comment prend-on en compte tous les risques liés à l’expédition et leur degré de gravité? Il faut d’abord considérer que chaque expédition comporte au moins deux étapes de manutention et une étape de transport. Au stade de la manutention, il y a le ramassage et la livraison, ainsi que le chargement, le déchargement et le transfert des emballages à diverses étapes du déplacement. Au stade du transport, il y a le mouvement des marchandises par transport routier, ferroviaire, aérien ou maritime.

Étapes de manutention et de transport d’une expédition impliquant le transport aérien et le transport routier

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0037
Figure 1. L’expédition directe de porte en porte comprend deux étapes de manutention et une étape de transport; les expéditions commerciales comportent de nombreuses étapes de manutention et de transport. Sur la présente figure, le transport routier précède et suit le transport aérien. Le déplacement en question est constitué de six étapes de manutention et de trois étapes de transport.

Stade de manutention d’une expédition

Les activités de manutention imposent de grandes exigences à un système d’emballage, et la plupart des dommages aux biens commerciaux signalés surviennent en cours de manutention, comme nous l’avons déjà indiqué. Voici deux problèmes importants liés à la manutention :

Stade de transport d’une expédition

Les principales préoccupations liées au transport sont les chocs, les vibrations et l’exposition aux conditions ambiantes. Les niveaux de chocs et de vibrations dans les véhicules de transport ont fait l’objet de nombreuses études par des organismes commerciaux ou militaires parce que ce sont des forces impossibles à observer et que les emballages sont directement exposés aux forces qui s’exercent pendant chaque expédition. La documentation existante sur les emballages fournit beaucoup d’information sur les risques inhérents au transport, et une partie de cette information est résumée ci-après.

Transport routier

Le transport routier sert souvent à l’expédition d’objets d’art, puisqu’il offre un moyen efficace d’expédition de la source à la destination et qu’il permet d’éviter les risques liés au transfert de chargement entre véhicules dans le cas de longs déplacements.

De tous les moyens de transport, c’est le transport routier qui cause le plus de vibrations, mais on considère que celles-ci n’atteignant pas le seuil d’endommagement d’un grand nombre d’objets commerciaux. Le transport routier peut néanmoins présenter un risque pour les objets fragiles, soit directement ou encore indirectement, notamment par impact ou frottement entre les objets emballés ou d’autres interactions dans et entre ces objets. Les emballages mal assujettis peuvent aussi tomber d’une pile ou faire des bonds répétés.

Dans un camion, les vibrations sont surtout verticales, et les emballages disposés au-dessus des roues arrière ou près du porte-à-faux arrière peuvent subir des chocs et des vibrations plus intenses qu’en tout autre endroit dans le véhicule. Peu importe le type de véhicule, la disposition du chargement ou la charge portée, les chocs et les vibrations s’intensifient avec la vitesse.

4 sources de vibrations dans un camion: moteur et transmission; mouvement de la carrosserie; roues et suspension; et résonances structurelles

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0043
Figure 2. Les quatre sources de vibrations.

Tableau 1 : Les quatre sources de vibrations dans les camions et les méthodes pour les maîtriser
Source de vibrations Fréquences des vibrations Commentaires
Résonance structurale 100 Hz à 120 Hz Isolation à l’aide de nombreux matériaux et mousses d’emballage
Moteur et transmission 60 Hz à 80 Hz Peut être isolé à l’aide d’un certain nombre de matériaux de calage en mousse
Roues et suspension 15 Hz à 25 Hz Limité à une isolation minimale à l’aide de matériaux de calage en mousse
Mouvement général de la carrosserie du camion 3 Hz à 6 Hz La plupart des matériaux de calage en mousse n’offrent aucune isolation

Les camions à suspension pneumatique secouent bien moins leur chargement que les camions à suspension ordinaire, mais même le meilleur véhicule pneumatique transmet des vibrations à son chargement. Les vibrations seront plus fortes si le chargement est léger ou partiel. Les camions à suspension pneumatique neufs et bien entretenus assurent un transport plus sécuritaire que les camions vieux ou mal entretenus. Les transporteurs qui possèdent leur parc de véhicules et qui en assurent l’entretien exercent un meilleur contrôle sur l’état et les utilisateurs des véhicules. Ils connaissent aussi mieux les antécédents d’exploitation des véhicules que les transporteurs qui utilisent des véhicules appartenant à des tiers. Les entreprises de transport réputées imposent en outre des limites de vitesse (qui aident à éviter toute exposition inutile aux forces du transport) et restreignent les durées de conduite des chauffeurs, et donc la fatigue de ceux-ci, qui est la cause principale des graves accidents de camionnage.

Transport aérien

Le transport aérien est un moyen prisé d’acheminement d’objets commerciaux de grande valeur vers diverses destinations, et il sert fréquemment à l’expédition d’objets d’art. Habituellement, il expose les marchandises à beaucoup moins de chocs et de vibrations, pour une distance comparable, que le transport routier ou ferroviaire. Cependant, il demeure important d’offrir un emballage de base efficace et d’avoir un dispositif d’arrimage approprié pour retenir la cargaison. Les manœuvres de décollage et d’atterrissage n’exercent pas de grandes charges sur les marchandises, mais peuvent entraîner le déplacement ou la chute des colis non sécurisés. En vol, les turbulences peuvent agir en tous sens.

Le matériel aéroportuaire, comme les chargeurs à grande levée, peut assurer un déplacement sans heurt de la marchandise sur un plateau de roulement, mais le chariot à sellette utilisé sur l’aire de trafic peut n’avoir qu’une suspension rudimentaire et ainsi exposer les objets à des chocs et à des vibrations, surtout lorsqu’il est utilisé à une vitesse excessive sur une surface accidentée. Il peut être difficile, voire impossible, de superviser le mouvement du fret dans les aéroports sans avoir de privilèges sur le tarmac.

Compte tenu du coût élevé du transport aérien et des faibles risques qu’il présente, l’emballeur pourrait être tenté d’utiliser des emballages plus légers et moins durables pour économiser. Cette option devrait être envisagée avec prudence, car d’autres risques importants peuvent se présenter à d’autres étapes du déplacement, pendant le déplacement par camion à destination et en provenance de l’aéroport, par exemple (consulter la section Précautions applicables aux caisses légères pour en savoir davantage). Des caisses durables pourraient quand même être nécessaires pour assurer une bonne protection à ces étapes de l’expédition (consulter la section Caisses de bois).

Transport ferroviaire

Le transport ferroviaire se prête bien à un transport efficace en vrac, mais il a toujours été considéré comme dangereux pour les objets fragiles. Les chocs longitudinaux causés par le jeu des attelages sont la source d’importantes forces de compression. Les oscillations des wagons d’un côté à l’autre peuvent aussi causer plus d’impacts latéraux et de vibrations que les autres moyens de transport. Afin de réduire les risques pour la marchandise, il est d’usage de restreindre les mouvements dans les wagons en remplissant les vides entre les emballages et en utilisant des modes efficaces d’empilement de caisses et d’autres mesures pour immobiliser les objets lâches ou instables.

Le matériel ferroviaire moderne s’est grandement amélioré, car il sert maintenant au transport de conteneurs de marchandises fragiles. Le transport ferroviaire n’est pas couramment utilisé pour l’expédition d’objets d’art, mais la venue de matériel novateur pourrait aviver l’intérêt à l’égard de l’expédition de certains objets ou de certaines pièces d’exposition. Le transport ferroviaire a l’avantage, notamment, de pouvoir éviter la congestion routière et d’économiser du carburant.

Transport maritime

Le transport maritime représente une possibilité pour l’expédition de gros objets lourds lorsque leur transport par avion s’avère difficile ou trop cher. Par le passé, chaque élément de cargaison était chargé individuellement à bord au moyen de treuils ou de grues, puis était ensuite placé manuellement dans la cale. Le chargement d’un seul navire pouvait prendre jusqu’à deux semaines. Le transport maritime s’est transformé avec l’avènement de la conteneurisation vers la fin des années 1950. Toutes sortes de marchandises sont aujourd’hui expédiées par conteneurs intermodaux. Bien que le conteneur permette d’éviter le transport à la pièce, il peut être manutentionné de nombreuses fois entre son point d’origine et sa destination, et tout contenu mal assujetti peut alors être secoué. Ainsi, la manutention individuelle des marchandises et les risques connexes sont moindres, mais le déplacement des charges mal assujetties dans un conteneur peut mener à d’importantes demandes d’indemnisation.

Malgré tout le matériel utilisé pour retenir les conteneurs entre eux sur le pont, on signale toujours des pertes par passage par-dessus bord sur une mer démontée. Un transitaire peut faire le nécessaire pour que la cargaison soit arrimée dans un emplacement sous pont.

Les objets fragiles transportés par voie maritime doivent être protégés contre les risques notables associés aux conditions ambiantes. L’arrimage sous pont peut aider à réduire l’exposition aux conditions ambiantes; de même, les conteneurs peuvent être protégés par des matériaux isolants et des systèmes de chauffage-refroidissement et de déshumidification internes ou externes alimentés par des sources d’énergie à bord ou autres. Dans les conteneurs commerciaux, de gros sachets déshydratants permettent de garder le contenu bien au sec.

Le transport maritime est vu comme l’étape la plus difficile de tout déplacement. Les traversées sont longues, de 9 à 14 jours, et la distance parcourue peut être de 5 600 km à 9 600 km (3 480 mi à 5 965 mi). Les opérations de manutention des conteneurs et les conditions ambiantes extrêmes mettent à rude épreuve les conteneurs et la marchandise. Le parcours de la source à la destination, en comptant les transferts de chargement et les étapes de transport intermédiaires, peut durer de 30 à 45 jours, et les conteneurs peuvent être déplacés jusqu’à 12 fois, sinon plusNote en fin de texte 3. Il n’en demeure pas moins que des marchandises de toutes sortes empruntent la mer tous les jours. La gravité des risques du transport maritime n’en fait pas un moyen à éviter pour certains objets, dans la mesure où l’on comprend bien les risques et où l’on en tient bien compte aux étapes de la planification et de l’emballage.

Estimation des risques liés à l’expédition et stratégies générales de gestion

L’emballage est ce qui fait le pont entre le seuil d’endommagement d’un objet et les risques liés à l’expédition. Voici la liste complète des risques dont doit être conscient l’emballeur d’objets d’art :

Certains risques s’appliquent à presque tous les objets et d’autres commandent plus ou moins d’attention selon le type d’articles expédiés. En ce qui a trait aux risques comme les impacts directs, le frottement, les ravageurs ou l’eau, la conception de l’emballage doit viser à les éviter. En ce qui a trait aux chocs, aux vibrations et aux changements de conditions ambiantes, c’est la limite de sécurité qui est recherchée. Compte tenu du manque d’information détaillée sur la sensibilité des objets d’art à certains risques, il est difficile de définir des normes de conception précises, mais il est possible d’établir des objectifs de rendement raisonnables ainsi que des mesures générales de gestion qui, souvent, permettront d’assurer une grande protection.

Impacts

Les impacts peuvent se produire aux stades de la manutention et du transport. Ils peuvent avoir différentes causes :

Les effets d’un impact sur les objets comprennent les égratignures, les bosses, les déchirures, l’abrasion et les fissures ou des failles sur la surface touchée. Un impact peut aggraver des fissures ou des failles existantes et faire perdre par détachement une matière lâche ou abîmée.

Casser un œuf en le frappant sur un contenant dont le rebord est dur

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0049
Figure 3. Lorsqu’on frappe un œuf contre le bord solide d’un contenant, l’impact endommage sa coquille qui, normalement, est durable.

Stratégies générales de gestion des impacts

Chocs

Les chocs causant des dommages se produisent généralement au stade de la manutention, mais ils peuvent aussi se produire pendant le transport si les objets tombent de hautes piles ou font des bonds répétés parce qu’ils sont mal arrimés. La principale différence entre un impact et un choc est qu’un choc transfère une plus grande énergie qui peut causer une forte tension et déformer l’objet considérablement. Cette énergie vient :

Les effets d’un choc vont d’un mouvement sans effet destructeur au bris grave causé par un choc unique en passant par l’apparition de dommages et l’augmentation de ceux-ci.

Exemple de choc par impact : lorsqu’une cloche est heurtée par le battant, toute sa structure réagit, dissipant l’énergie ainsi produite

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0055
Figure 4. Une cloche est un bon exemple de choc par impact. Quand elle est heurtée par le battant, toute sa structure réagit, dissipant l’énergie ainsi produite.

L’unité de mesure la plus connue pour décrire une onde de choc est l’unité g (accélération), qui peut être considérée comme un multiple du poids de l’objet. Ainsi, un choc de 100 g soumet un objet à une force équivalente à 100 fois son poids pendant un court laps de temps.

De nombreux objets d’art et articles de tous les jours seront fortement endommagés par un choc de 100 g ou plus (consulter la sous-section qui suit). Un tel choc peut se produire quand un objet tombe en chute libre d’une hauteur d’à peine quelques centimètres et qu’il heurte une surface dure. On trouvera, dans le tableau 6, une estimation du choc pour différentes hauteurs de chute et différents emballages de base.

Cote de fragilité aux chocs

La cote de fragilité aux chocs s’exprime aussi en unités g. Elle correspond aux valeurs de g à ne pas dépasser pour éviter les dommages. Le tableau 2 donne des exemples de cote de fragilité pour des produits commerciaux et certains articles courants. Les objets d’art figurent dans le tableau 3. Il est à noter que, même si les impacts et les chocs peuvent s’exprimer en unités g, les événements d’une même valeur g peuvent ne pas causer des dommages comparables. Un impact de très courte durée pourrait ne pas transférer assez d’énergie pour que la structure de l’objet y réagisse, mais tout de même provoquer des dommages au point d’incidence.

Tableau 2 : Exemples de cote de fragilité d’articles courants et de produits commerciaux
Catégorie/Description Exemples d’objets courants
Extrêmement fragiles
15 g à 25 g
  • Systèmes de guidage de missiles
  • Instruments d’essai de précision
  • Appareils électroniques biomédicaux
  • Tubes hyperfréquences
Très délicats
25 g à 40 g
  • Instruments et appareils électroniques sur support mécanique antichoc
  • Matériel de navigation
Délicats
40 g à 60 g
  • Accessoires aéronautiques
  • Machines à écrire, tiroirs-caisses et autre matériel de bureau électronique
  • Matériel électromécanique
  • Imprimantes et photocopieurs
  • Œufs frais
Moyennement délicats
60 g à 85 g
  • Téléviseurs
  • Accessoires aéronautiques
  • Jeux électroniques, calculatrices et appareils électroniques transistorisés (jusqu’à 150 g)
Moyennement robustes
85 g à 115 g
  • Matériel de blanchisserie
  • Réfrigérateurs et appareils ménagers
Robustes
115 g et plus
  • Machinerie
  • Œufs frais sur support ajusté (alvéolé)

Remarque : La cote de fragilité dans le tableau 2 variera pour des objets de même description (consulter la section Facteurs influant sur la fragilité aux chocs).

Nous avons estimé la fragilité de peintures sur toile de taille moyenne à l’aide de simples essais avec des matériaux de calage en mousse permettant d’amortir les impulsions de choc. Ces essais visaient notamment à déceler les dommages visibles, comme les lacunes, les nouvelles fissures ou l’augmentation de fissures existantes. En comparant les résultats avec les prévisions de modélisation par ordinateur, nous avons constaté que, de façon générale, le tout concordaitNote en fin de texte 4. D’autres études seront nécessaires si nous voulons couvrir l’ensemble des types et tailles de peintures courants et établir avec plus de précision la façon dont apparaissent les dommages, mais des expériences comme celles que nous avons déjà évoquées, menées sur des couches très fragiles, peuvent nous guider en la matière.

Les résultats de ces essais indiquent que les mesures visant à limiter la déformation ou le mouvement en « ciseaux » des barres du châssis permettent d’accroître, parfois jusqu’à doubler, la durabilité d’une toile. Une enveloppe protectrice, un cadre robuste, un cadre MTR (manutention-transport-mise en réserve), un dos protecteur et un rentoilage sur barres sont autant de moyens permettant de renforcer la structure de soutien de la toile. La plupart de ces moyens restreindront aussi la torsion de la toile en fermant l’espace libre derrière celle-ci, ce qui augmente la rigidité et empêche le fléchissement de la toileNote en fin de texte 5.

Les peintures sur panneau peuvent être très sensibles aux chocs, plus particulièrement lorsqu’elles gagnent en taille et en masse et que, de ce fait, elles comportent des matériaux endommagés ou brisés. Il peut se révéler difficile d’établir des seuils d’endommagement pour des peintures sur panneau de moyenne ou de grande taille qui se sont détériorées. Des estimations calculées pour des panneaux neufs de pin ou de chêne de taille diverse sont données dans le tableau 3Note en fin de texte 6.

Les seuils d’endommagement des objets d’art fragiles en terre crue du tableau 3 proviennent de résultats d’essais de chute d’objets de petite et de moyenne taille et de forme variée. Les valeurs relatives aux objets de verre ont été tirées de documents spécialisés. Pour la fragilité des sculptures sur marbre du tableau 3, les valeurs ont été obtenues à la suite de calculs ainsi que de l’évaluation des propriétés et de l’état des matériaux.

Lorsqu’on ne connaît pas la cote de fragilité, il est possible d’effectuer des estimations en faisant des comparaisons avec des objets dont la fragilité est connue, des calculs et des simulations par ordinateur et en faisant appel à son jugement fondé sur l’expérience. Dans la pratique, on a déjà expédié de façon sécuritaire, par des réseaux aux conditions contrôlées, des articles fragiles en bon état qui se prêtaient au transport en les plaçant dans des emballages de moyenne (15 kg [33 lb] ou plus) ou de grande taille et en prévoyant un calage qui limitait les chocs à 45 g ou mieux pour ce qui est des risques types liés aux chutes. Les emballages qui limitent les chocs à une fourchette de 25 g à 40 g pour des hauteurs types de chute ont permis d’expédier en toute sécurité des objets d’art contemporain fragiles par différents réseaux de distribution.

Tableau 3 : Exemples de cote de fragilité d’objets de musée
Description de la catégorie Exemples d’objets de musée
Extrêmement fragiles
15 g à 25 g
  • Sculpture de plâtre creuse de 1 m (3 pi) de hauteur retenue à la base, fissure à mi-hauteur, impact latéral
  • Tête et cou d’une sculpture en marbre de Carrare d’une fois et demie la grandeur nature sans faille ni fissure, seuil calculé de fracture au cou pour une orientation horizontale
  • Panneau de pin : 127 cm de largeur, 1,25 cm de hauteur (50 po de largeur et 0,5 po de hauteur)
Très délicats
25 g à 40 g
  • Pièces crues coulées en barbotine de taille moyenne (par exemple, 30+ cm [12+ po] dans leur dimension la plus longue), formes plates, vases et pots à larges extrémités ouvertes et à grandes parties en saillie
  • Pièces en argile cuites à feu doux
  • Panneau de pin : 102 cm à 127 cm de largeur, 1,25 cm à 1,9 cm de hauteur (40 po à 50 po de largeur, 0,5 po à 0,75 po de hauteur)
  • Panneau de chêne : 127 cm de largeur, 1,25 cm de hauteur (50 po de largeur et 0,5 po de hauteur)
Délicats
40 g à 60 g
  • Pièces crues coulées en barbotine de petite ou de moyenne taille (par exemple, < 30 cm [12 po] dans leur dimension la plus longue), formes compactes et fermées
  • Verres à pied fragiles
  • Pièces de porcelaine cuites à feu doux de petite ou de moyenne taille, formes complexes
  • Panneau de chêne : 102 cm à 127 cm de largeur, 1,25 cm à 2,53 cm de hauteur (40 po à 50 po de largeur, 0,5 po à 1 po de hauteur)
  • Panneau de pin : 76 cm à 102 cm de largeur, 1,9 cm à 2,53 cm de hauteur (30 po à 40 po de largeur, 0,75 po à 1 po de hauteur)
Moyennement délicats
60 g à 85 g
  • Toile 1 : couche de peinture faible/abîmée/s’écaillant; pertes par impact sur les coins
  • Panneau de chêne : 76 cm à 102 cm de largeur, 1,9 cm de hauteur (30 po à 40 po de largeur, 0,75 po de hauteur)
  • Panneau de pin : 76 cm de largeur, 1,9 cm de hauteur (30 po de largeur, 0,75 po de hauteur)
  • Verrerie
Moyennement robustes
85 g à 115 g
  • Toile 1 : couche de peinture faible ou présentant de nombreuses pertes, abîmée ou s’écaillant, pertes par impact sur les coins
  • Toile 2 : apparition de fissures, augmentation des fissures existantes
  • Toile 2 : pertes visibles de peinture par impact sur les bords
  • Panneau de chêne : 102 cm de largeur, 2.53 cm de hauteur (40 po de largeur, 1 po de hauteur)
  • Panneau de pin : 76 cm de largeur, 2,53 cm de hauteur (30 po de largeur, 1 po de hauteur)
  • Verres et bouteilles
Robustes
115 g et plus
  • Toile 2 : dos protecteur, légères pertes visibles par impact sur les coins
  • Toile 2 : dos protecteur, légères pertes visibles par basculement
  • Toile 2 : dos protecteur, pertes légères par chute à plat
  • Panneau de chêne : 76 cm de largeur, 1,9 à 2,53 cm de hauteur (30 po de largeur, 0,75 à 1 po de hauteur)
  • Petits insectes épinglés sur planche, formes compactes

Remarques :

Facteurs influant sur la fragilité aux chocs

Comme nous ignorons les seuils d’endommagement par choc de la plupart des objets, voici quelques facteurs qui influent sur la sensibilité aux chocs :

Les particules de peinture ou d’autres matières légères peuvent résister au détachement par choc même si leur force d’adhérence est faible. À noter que cela ne vaudrait pas pour une application lâche et fraîche de pastel qui est légère, mais dont la masse est relativement élevée par rapport à une force d’adhérence très restreinte. La structure de soutien d’une couche de surface légère, lâche ou faible est également un facteur. Si la structure est sensible (par exemple, support en tambour ou soutien de toile comme dans les pastels plus anciens), cela pourrait influer sur une couche de surface légère ayant peu d’adhérence.

Chaque fois que la masse et la faiblesse du matériau se combinent, la sensibilité aux forces exercées s’accroît. Les pièces crues (creuses et coulées en barbotine) offrent un excellent exemple d’une telle combinaison; les objets creux coulés en barbotine sont très sensibles aux chocs et aux forces de manutention. Comme autre exemple de cette combinaison, mentionnons notamment une grande peinture sur panneau avec soutien de bois détérioré.

Bonnet très léger fait de porcelaine
© Sarah Saunders
Napperon très léger fait de porcelaine
© Sarah Saunders
Figures 5a et 5b. Les œuvres de Sarah Saunders ressemblent à des objets de textile, mais, en réalité, elles sont faites de porcelaine et sont très légères. Le risque que des bris se produisent est élevé en cours de manutention, mais une expédition sécuritaire est possible.

Les matériaux comme le verre et la céramique résistent peu aux bris et peuvent subir des cassures catastrophiques lorsque des forces s’exercent sur eux. Quand ces forces sont concentrées sur une fissure ou une faille minuscule, imperceptible à l’œil, les dommages peuvent s’aggraver jusqu’à causer un bris. Les articles d’emballage primaire qui permettent d’éviter les déformations par flexion ou les charges ponctuelles sur les objets peuvent rendre les objets plus résistants pendant la manutention et le transport. Les matériaux qui résistent bien aux bris peuvent réagir comme des matériaux cassants sous l’effet de raidisseur d’une charge de choc rapide ou d’une baisse de température.

Les variations des conditions ambiantes peuvent également influer sur la fragilité des objets. Une diminution du taux d’humidité peut augmenter la tension de la toile et provoquer une déformation dans les matériaux de peinture. Les peaux de tambour et les instruments de musique à cordes peuvent être touchés de la même façon.

Peu importe le matériau, la fragilité varie selon la forme. La forme la plus résistante est la sphère et une des moins résistantes est une bande longue et mince.

Un traitement de conservation qui accroît la durabilité d’un objet peut être utile dans une optique de transport, mais il peut aussi accroître la sensibilité d’un objet à d’autres facteurs, comme les variations des conditions ambiantes, en éliminant des points de mouvement et de réduction du stress.

Chocs et flexibilité

Les chocs peuvent s’amplifier dans les objets flexibles ou leurs parties. La courbe de la figure 6 est fondée sur la théorie de la réaction aux chocs de systèmes mécaniques simplesNote en fin de texte 7. On peut y constater dans quelle mesure un choc peut s’amplifier dans les parties flexibles d’un objet calé. On peut aussi constater que, si l’objet est rigide par rapport au matériau de calage, sa réaction se rapprochera de l’unité (1) et ne dépassera pas la valeur du choc appliqué, ce qui présente un intérêt pratique. Bien qu’il ne soit guère possible de mesurer des quantités permettant d’évaluer les réactions dans la pratique muséale, la théorie rend compte des avantages de recourir à des mesures pratiques, comme de faire flotter les pièces rigides sur un matériau de calage plus doux (consulter la section Protection des objets très fragiles contre les chocs).

Réaction aux chocs d’un élément flexible

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0057
Figure 6. Réaction aux chocs d’un élément flexible. Les chocs peuvent s’amplifier dans les éléments flexibles calés, mais cette amplification sera limitée si les éléments sont plus rigides que leur matériau de calage.

Protection des objets très fragiles contre les chocs

Les sections qui précèdent nous donnent des indications sur certains objets qui posent un défi particulier du fait de leur fragilité extrême, d’une surface hautement fragile, de parties en saillie délicates ou de dommages préexistants. Lorsque de tels objets doivent être déplacés, il faut prendre en considération ce qui suit :

En suivant les points ci-dessus, on peut créer des conditions où les objets calés se déplacent comme un tout contre le calage protecteur à mesure que l’énergie produite par les chocs et les vibrations se dissipe, et ce, sans effets multiplicateurs des forces ni mouvement dans ou entre les parties de l’objet calé. L’emballage à double caisse est un bon exemple de ce qui précède.

Illustration de la façon dont l'énergie produite à l’impact après la chute d’un emballage doit aller quelque part

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0058
Figure 7. L’énergie produite à l’impact après la chute d’un emballage doit aller quelque part. Avec les bons matériaux de calage (image de droite), l’objet ne résonne pas et l’emballage ne rebondit pas, ou à peine, après l’impact; l’énergie est dissipée par oscillation de l’objet entier sur son calage.

Effets des chocs répétés sur les objets et leurs parties

Une exposition répétée à des chocs sous les seuils d’endommagement pour un événement unique peut créer des dommages par fatigue (figure 17). Selon la théorie de la fatigue des matériaux, ces dommages se produisent normalement à environ 25 % à 50 % du stress causant un bris dans un événement unique. Les recherches effectuées sur les expéditions d’objets d’art à l’aide d’enregistreurs de chocs précisent qu’un objet d’art subit généralement peu de chocs, ou pas de choc du tout, même pour des seuils de détection bas, de près de 5 g (consulter la section Hauteur de chute et réseaux de distribution). Cela indique que, combinées, la qualité de l’emballage et celle du transport peuvent permettre d’éviter les dommages par fatigue aux objets qui y sont vulnérables. Cette simplification vaut peut-être pour beaucoup de scénarios, mais il est préférable d’évaluer les objets préoccupants au cas par cas.

Comment prévoir l’ampleur des chocs pendant la manutention

Il est possible de prévoir les chocs que peuvent subir les emballages pendant les opérations de manutention par leur taille ou leur poids, puisque ces propriétés déterminent la façon dont les emballages seront manutentionnés et la hauteur de laquelle ils pourraient tomber par accident. Les hauteurs probables de chute dans le tableau 4 sont des valeurs types fondées sur des observations, des expériences et des recherches menées sur une longue période dans le domaine des emballages. Exprimer l’intensité des chocs par hauteur de chute est pratique, car cela permet d’établir des exigences de calage et de les respecter en utilisant des matériaux dont les données de rendement connues correspondent à des valeurs de hauteur de chute semblables ou comparables. Il est à noter que, pour la manutention mécanique de gros emballages, les risques de chute ne comprennent normalement pas la chute libre de l’emballage entier; la hauteur de chute correspond à la hauteur d’où tombe un coin ou un bord élevé d’emballage de grande taille (figure 8).

Tableau 4 : Hauteurs types de chute et exemple de spécifications d’essai de chute d’emballages commerciaux manutentionnés à la main ou déplacés par des appareils mécaniques
Poids de l’emballage Chute probable Forme de chute Type de manutention
0 kg à 5 kg
(0 lb à 10 lb)
122 cm
(48 po)
N’importe quel bord ou coin Lancement par une seule personne
5 kg à 9 kg
(11 lb à 20 lb)
107 cm
(42 po)
N’importe quel bord ou coin Lancement par une seule personne
9 kg à 23 kg
(20 lb à 50 lb)
91 cm
(36 po)
N’importe quel bord ou coin Port par une seule personne
23 kg à 45 kg
(50 lb à 100 lb)
76 cm
(30 po)
N’importe quel bord ou coin Port par deux personnes
45 kg à 113 kg
(100 lb à 250 lb)
61 cm
(24 po)
Rotation avec roulement ou basculement d’extrémité Port par deux personne/Manutention mécanique
113 kg à 227 kg
(250 lb à 500 lb)
46 cm
(18 po)
Rotation avec roulement ou basculement d’extrémité Manutention mécanique
227 kg
(500+ lb)
30 cm
(12 po)
Rotation avec roulement ou basculement d’extrémité Manutention mécanique

Les généralisations qui suivent sur les risques de chute sont utiles pour la planification et la conceptionNote en fin de texte 8 :

Au moment de la planification, on doit concevoir l’emballage des objets de petite ou de moyenne taille en fonction des risques de chute libre sur l’ensemble des côtés, des bords ou des coins. Dans le cas des emballages pour objets de grande taille, ils devront pouvoir résister aux chutes avec rotation sur les bords, les coins ou les faces. Les emballages longs et étroits peuvent aussi être exposés à des risques de basculement (figure 8).

Illustration de la façon dont les caisses d'expédition peuvent chuter : chute sur le côté rotationnelle, chute à plat rotationnelle, basculement, chute sur un coin rotationnelle

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0060
Figure 8. Risques types pour les caisses, les boîtes ou les unités de chargement de grande taille manutentionnées par plusieurs personnes ou par des appareils mécaniques, comme des transpalettes et des chariots élévateurs à fourche.

Hauteur de chute et réseaux de distribution

Un réseau de distribution n’est autre que le ou les transporteurs qui déplacent les colis du point A au point B. Le choix d’un transporteur peut grandement influer sur les risques de chute, et ceux-ci peuvent approcher des estimations types du tableau 4, leur être supérieurs ou leur être bien inférieurs et moins fréquents. Ce sont les services de livraison de petits colis (services de colis postaux et de livraison express) qui présentent le profil de risques le plus élevé. Dans une étude ayant porté sur un emballage de 6,8 kg (15 lb) et de 0,38 m x 0,34 m x 0,34 m (1,25 pi x 1 pi x 1 pi) expédié par un service de livraison de petits colis, on a relevé des chutes maximales de l’ordre de 180 cm (71 po)Note en fin de texte 9. Un agent chargé des réclamations pour un service de livraison de petits colis a déclaré que « toutes les boîtes devraient pouvoir tomber d’une hauteur de 3 m (6 pi) sans que leur contenu subisse de dommages ». Dans un ensemble de données sur un emballage de 45 kg (100 lb) expédié comme bagage enregistré dans 34 vols commerciaux (figure 9), on a constaté deux chutes de 76 cm à 90 cm (30 po à 36 po). Ces données valident les estimations de chute probables du tableau 4 et les généralisations présentées sous celui-ci pour des réseaux d’expédition non définis ou courants.

Les recherches effectuées par l’ICC sur les réseaux contrôlés (manutentionnaires d’objets d’art), avec des emballages de moyenne et de grande taille et des enregistreurs de données, ont permis de constater que, dans l’ensemble, très peu d’emballages subissaient des impacts et que parfois, même, aucun emballage n’en subissait, et ce, même avec un seuil de détection aussi bas que 5 g d’accélération. Ces emballages d’essai étaient directement conçus pour les hauteurs de chute du tableau 4, avec des éléments de calage visant à limiter les chocs à environ 45 g ou mieux.

Caisse de transport

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Figure 9. Une caisse de transport de 45 kg (100 lb) mesurant 43 cm x 43 cm x 71 cm (17 po x 17 po x 28 po) a été expédiée comme bagage enregistré dans 34 vols commerciaux.

Tableau 5 : Plage de hauteurs de chute et nombre de chutes d’un emballage de 45 kg (100 lb) expédié comme bagage enregistré dans 34 vols commerciaux
Hauteur de chute dans une ligne aérienne commerciale Nombre de chutes
0 cm à 15 cm (0 po à 6 po) 799
15 cm à 30 cm (6 po à12 po) 27
30 cm à 46 cm (12 po à 18 po) 14
46 cm à 60 cm (18 po à 24 po) 1
60 cm à 76 cm (24 po à 30 po) 1
76 cm à 91 cm (30 po à 36 po) 1

Remarque : Ce tableau s’accorde avec les hauteurs de chute probables du tableau 4 et avec certaines généralisations présentées sous celui-ci pour un réseau de distribution courant à hauts risques.

Protection contre les chocs

Souvent, l’emballage des objets d’art commence par un article d’emballage primaire, comme une enveloppe, un support, une pièce de soutien ou un accessoire de manutention. Une telle pratique est essentielle pour palier l’incertitude quant à la durabilité de l’objet d’art, et elle présente d’importants avantages :

Les articles d’emballage primaire assurent une protection contre les chocs, mais la valeur de la protection n’est pas facile à chiffrer et peut ne pas être la même dans toutes les directions. Le tableau 6 fournit des indications de base sur la protection antichoc de nombreux articles d’emballage primaire. Ces articles peuvent garantir à eux seuls l’expédition sécuritaire de certains articles. Cependant, dans la plupart des cas, ils servent de base à un emballage plus poussé, plus particulièrement lorsqu’il faut expédier des objets hautement fragiles ou précieux sur de longues distances et vers des lieux multiples.

Tableau 6 : Exemples de choc maximal (en g) subi par un objet tombant de différentes hauteurs en fonction de l’emballage de baseNote en fin de texte 10
Hauteur
de chute
Contenant
de métal
Boîte
de bois
Carton Matériau
de calage
de 25 mm (1 po)
Matériau
de calage
de 76 mm (3 po)
183 cm
(72 po)
480 * 240 * 160 * 120 * 64 *
122 cm
(48 po)
392 * 196 * 131 * 98 * 52
107 cm
(42 po)
367 * 183 * 122 * 92 * 49
91 cm
(36 po)
339 * 170 * 113 * 85 * 45
76 cm
(30 po)
310 * 155 * 103 * 77 * 41
61 cm
(24 po)
277 * 139 * 92 * 69 * 37
46 cm
(18 po)
240 * 120 * 80 * 60 * 32
30 cm
(12 po)
196 * 98 * 65 * 49 26
15 cm
(6 po)
139 * 69 * 46 35 18

Remarque : Les valeurs suivies d’un astérisque (*) indiquent une possibilité de dommages sur des objets variant de moyennement délicats à délicats. À noter la grande amélioration obtenue en augmentant l’épaisseur du matériau de calage de 25 mm (1 po) à 76 mm (3 po). Un matériau de calage protecteur de 50 mm (2 po) d’épaisseur peut être efficace dans de nombreuses applications pratiques s’il est conçu à l’aide de données de rendement et de méthodes appropriées.

Quand on utilise des matériaux de calage comme soutien, emballage primaire ou protection contre les chocs légers, des spécifications de charge maximale aideront à éviter que l’objet emballé bouge ou devienne instable en raison d’une déformation progressive des matériaux soumis à une charge excessive. Le tableau 7 énumère les charges maximales de plusieurs matériaux couramment utilisés.

Tableau 7 : Exemples de charges statiques maximales pour plusieurs matériaux et exemples de produits
Matériau Exemples de produits Charge maximale
Éther de polyuréthane
24 kg/m3 (1,5 lb/pi3)
S.O. 0,07 kg/cm2 (1,0 lb/po2)
Ester de polyuréthane
33 kg/m3 (2,0 lb/pi3)
S.O. 0,14 kg/cm2 (2,0 lb/po2)
Polyéthylène
33 kg/m3 (2,0 lb à 2,2 lb/pi3)
Ethafoam 220
PolyPlank LAM220
PolyPlank EXT220
Plastazote LD33
0,18 kg/cm2 (2,5 lb/po2)
Polyéthylène
64 kg/m3 (4,0 lb/pi3)
Ethafoam HS 45
PolyPlank EXT400
0,35 kg/cm2 (5 lb/po2)
Polyéthylène
96 kg/m3 (6,0 lb/pi3)
Ethafoam HS 600
PolyPlank EXT600
0,70 kg/cm2 (10 lb/po2)
Polystyrène (isolant) Styrofoam Blue Insulation 1,76 kg/cm2 (25 lb/po2)
Polystyrène
(support de charge)
Styrofoam Highload 40
Styrofoam Highload 60
Styrofoam Highload 100
2,81 kg/cm2 (40 lb/po2)
4,22 kg/cm2 (60 lb/po2)
7,03 kg/cm2 (100 lb/po2)

Remarque : La charge statique peut être calculée au moyen de la formule S = P/Z, où P est le poids de l’objet en kg (lb) et Z, la superficie en cm2 (po2).

Calage protecteur

Quand un objet fragile nécessite une protection additionnelle, un calage protecteur peut être conçu en conséquence. La principale caractéristique d’un calage efficace est l’épaisseur. L’équation ci-après est utilisée pour calculer l’épaisseur adéquate. L’épaisseur totale à privilégier est la somme de la flexion requise pour limiter les chocs (2h/g) et de l’épaisseur à ajouter pour éviter l’aplatissement. On peut l’estimer en divisant la flexion requise par la contrainte optimale, s.

Cette contrainte correspond aux valeurs de flexion du calage avant qu’il commence à s’aplatir. Les valeurs optimales de contrainte pour les mousses de polyuréthane, de polyéthylène et de polystyrène sont respectivement de 70 %, de 50 % et de 30 %Note en fin de texte 11. Cela explique pourquoi la mousse de polyuréthane protège mieux, à épaisseur égale, que d’autres matériaux couramment utilisés. Elle peut assurer une flexion allant jusqu’à 70 % avant que son rendement ne diminue en raison de l’aplatissement (tableau 8). Faute de données sur la contrainte optimale, on peut utiliser une épaisseur offrant le double de la flexion requise.

t = (2h/g)/s

où :

t = épaisseur totale du calage requis en cm (ou en po);
h = hauteur de chute en cm (ou en po);
g = degré de décélération requis (g);
s = contrainte optimale (valeur décimale, par exemple 0,5 pour 50 %).

Schéma de la façon dont le calage de protection permet d’échanger l’accélération maximale contre la durée du choc

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0020
Figure 10. En cas de choc ou de chute, le calage de protection permet d’échanger l’accélération maximale contre la durée du choc en donnant plus de temps à un objet de ralentir au moment de pénétrer dans le calage.

Tableau 8 : Trois matériaux et estimations d’épaisseur de base permettant de limiter les chocs à 45 g en fonction de trois hauteurs de chute
Matériau de calage Contrainte optimale (s) en % Hauteur de chute : 46 cm (18 po) Hauteur de chute : 76 cm (30 po) Hauteur de chute : 122 cm (48 po)
Mousse d’ester de polyuréthane 70 2,9 cm
(1,1 po)
4,8 cm
(1,9 po)
7,7 cm
(3,0 po)
Mousse de polyéthylène 50 4,1 cm
(1,6 po)
6,8 cm
(2,7 po)
10,8 cm
(4,3 po)
Mousse de polystyrène 30 6,8 cm
(2,7 po)
11,3 cm
(4,4 po)
18,1 cm
(7,1 po)
Conception du calage

Les éléments de calage dans les emballages commerciaux sont conçus à l’aide de données de rendement diffusées par les fabricants de mousses, ou d’autres sources, sous forme de courbes dynamiques de calage. Ces courbes viennent d’essais réalisés dans les plages de valeurs de charge recommandées sur des échantillons de matériaux de calageNote en fin de texte 12. En limitant les charges aux valeurs figurant sous les courbes, on peut s’assurer de bien utiliser les matériaux et d’obtenir un degré de protection prévisible. Le document Military Standardization Handbook: Package Cushioning Design présente de nombreuses courbes de calage pour la plupart des matériaux courants. La procédure d’utilisation des courbes dynamiques de calage est résumée sur la figure 11.

Résumé de la méthode de conception du calage et des courbes de calage utilisées pour concevoir des emballages commerciaux

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0022
Figure 11. Résumé de la méthode de conception du calage et des courbes de calage utilisées pour concevoir des emballages commerciaux pouvant s’appliquer aux besoins de calage des musées.

Emballage à double caisse

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Figure 12. Emballage à double caisse utilisé dans les ateliers de l’ICC sur les emballages protecteurs. Grâce à des données de conception, les coussins protecteurs de coins réutilisables optimisent la protection, tout en réduisant au minimum l’utilisation de matériaux et la taille des emballages. Ces éléments de 50 mm (2 po) d’épaisseur, joint à un bon emballage primaire, ont permis de protéger des objets d’essai fragiles en argile contre les effets de chutes libres d’une hauteur de 76 cm (30 po) et plus.

Dans le cas de l’emballage à double caisse de la figure 12, le poids de la caisse intérieure (P) est d’environ 14 kg (30 lb) et le matelassage (Z) total de part et d’autre de cette caisse s’étend sur 645 cm2 (100 po2). La charge statique est P/Z = 0,02 kg/cm2 (0,3 lb/po2). Pour une hauteur de chute de 76 cm (30 po), l’application de la procédure résumée sur la figure 11 pour une mousse d’ester de polyuréthane d’une densité de 33 kg/m3 (2,0 lb au pied cube) permet de prévoir qu’une épaisseur protectrice de 50 mm (2 po) pourra limiter les chocs à 45 g.

Couvre coins pour l’emballage à double caisse. À gauche : couvre-coins obtenu grâce à la procédure de conception; à droite : couvre coins avec garnissage des vides

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Figure 13. Coussins protecteurs de coins pour l’emballage à double caisse de la figure 12. À gauche : coussins protecteurs obtenus grâce à la procédure de conception. À droite : coussins protecteurs avec garnissage des vides.

Les données des courbes dynamiques de calage ont été transposées dans des outils de manière à aider les emballeurs à tirer parti des méthodes courantes de conception, sans avoir à interpréter des graphiques ou à effectuer des calculs à répétition. Ces outils sont d’abord une règle à calcul circulaire comportant des données de rendement de protection pour sept matériauxNote en fin de texte 13, puis un programme informatique (PadCAD) pour la conception tridimensionnelle des calesNote en fin de texte 14 et, enfin, un guide de consultation rapide pour la fabrication de coussins protecteurs de coins (Note de l’ICC 20/2 Cornières de protection en mousse)Note en fin de texte 15. À la partie 2, les données de rendement de calage pour plusieurs matériaux sont résumées sous forme tabulaire (tableau 20).

Efficacité du calage

Lorsqu’on conçoit un système de protection par calage, il ne faut pas oublier que les méthodes de conception ne sont qu’un outil de prévision du rendement de l’emballage et que le rendement réel peut être différent. En revanche, si l’on sait choisir ses matériaux et bien concevoir son système, le rendement pourra se révéler meilleur que prévu grâce aux avantages supplémentaires qu’offre l’utilisation de contenants de transport ou d’emballages primaires. Des consignes d’ordre pratique pouvant aider à garantir l’efficacité d’une telle protection sont données à la partie 2 (consulter la section Calage protecteur (amortisseur)).

Calage épais

Quand on recherche un niveau de protection élevé, la procédure de conception suggère d’utiliser un calage épais. Il convient de noter dans ce cas que la flexibilité du calage augmentera avec l’épaisseur. Même si des éléments de calage flexibles sont nécessaires pour obtenir une protection efficace contre les chocs et les vibrations, il faut s’assurer que l’objet calé demeure un tout et qu’il ne subira pas de dommages en bougeant dans le calage destiné à le protéger.

Stratégies générales de gestion des chocs
Emballages individuels ayant été palettisés

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0025
Figure 14. La palettisation d’emballages peut aider à garder des objets ensemble et peut aussi grandement réduire la gravité des risques de chocs (consulter ce qui précède sur les trois étapes de la palettisation d’objets).

Chocs pendant le transport

Les chocs liés au transport représentent un faible risque dans tous les moyens de transport, sauf le transport ferroviaire. Il est à noter que, même s’il est faible, ce risque peut équivaloir à une chute de 15 cm (6 po) pour un emballage fermement assujetti dans le véhicule servant au transport (un camion). Si les objets ne sont pas retenus, les chocs peuvent être encore plus grands en raison des rebonds, des chutes et des collisions avec d’autres parties du chargement. Les chocs produits au décollage et à l’atterrissage d’un aéronef sont peu intenses, et il est rare que le degré d’intensité soit de plus de 1,1 gNote en fin de texte 17. Les chocs produits par l’attelage des wagons de chemin de fer peuvent exercer d’importantes charges sur les objets transportés, tant par l’ampleur des chocs que par leur capacité à faire bouger les éléments d’un chargement massif.

Stratégies générales de gestion des chocs liés au transport

Vibrations pendant le transport

Le transport expose le chargement à des vibrations et, à la différence des chutes, qui peuvent survenir ou non, les vibrations sont toujours présentes pendant le transport. Les véhicules courants de transport produisent des vibrations aléatoires de l’ordre de 1 Hz à 200 Hz. Ces vibrations sont assez faibles et ne causent généralement pas de réactions fortes ou soutenues (par résonance) dans les objets sensibles, mais elles restent un grand sujet d’inquiétude parce qu’elles peuvent faire bouger les objets et produire des effets connexes, comme des collisions, de l’abrasion et le desserrement des assemblages ou des attaches.

Par ordre décroissant d’intensité des vibrations produites, les véhicules courants de transport se classent comme suit : camions, trains, aéronefs et navires. La figure 15 compare le profil vibratoire de ces quatre types de véhicules sous forme de courbes sommairesNote en fin de texte 18. L’efficacité de la transmission des vibrations entre le contenu d’un emballage et le plancher des véhicules décroît à des fréquences de plus de 30 Hz, ce qui représente un avantage, mais les vibrations à basse fréquence peuvent être transmises sans aucune diminution par l’interface de l’emballage et du plancher et par les matériaux de mousse, ce qui a de l’importance dans le cas des objets d’art vulnérables. Les dommages causés pendant le transport des produits commerciaux seraient grandement attribuables aux vibrations à basse fréquence. Une description des mesures de protection applicables est donnée ci-après (consulter la section Méthodes de gestion des vibrations).

Courbes sommaires des vibrations liées au transport

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0027
Figure 15. Courbes sommaires des vibrations liées au transport avec pointe représentant des vibrations aléatoires. L’efficacité de la transmission des vibrations entre un emballage et le plancher d’un véhicule décroît à des fréquences de plus de 30 Hz.

Termes et notions de base au sujet des vibrations

Une vibration est un mouvement par rapport à un point fixe de référence. Les vibrations peuvent être périodiques, c’est-à-dire se répéter à intervalles réguliers, ou aléatoires, c’est-à-dire varier aléatoirement au fil du temps (comme dans le cas des vibrations des véhicules). Elles posent un problème particulièrement au moment du transport parce que la plupart des activités de manutention ne créent pas de vibrations intenses ni soutenues.

Tout ce qui est doué de masse et d’élasticité peut vibrer, ce qui amène deux problèmes. Le premier est tout simplement la capacité des vibrations à produire un mouvement dans les objets ou leurs parties et entre les éléments contenus dans un emballage, ce qui peut causer des frottements, des pertes (dans le cas de surfaces fragiles), des collisions entre objets ou parties d’objets et le desserrement de pièces à des forces faibles qui n’ont généralement aucun effet négatif sur les objets. Le second est la déformation et la contrainte qui peuvent être exercées dans les objets qui vibrent. Si la contrainte atteint un niveau critique, elle peut causer des dommages ou aggraver des dommages préexistants. C’est ce dont nous allons parler plus en détail ci-après.

Les objets ou parties d’objets capables de vibrer peuvent bouger à la même fréquence et à la même amplitude que les vibrations produites pendant le transport, mais également à des fréquences qui s’amplifient en raison des vibrations liées au transport. Un poids suspendu à un ressort (figure 16) est un exemple classique de système simple pouvant vibrer à une fréquence unique. Si le poids est déplacé sous sa position d’équilibre et relâché, le système vibrera à une fréquence de résonance. Si l’ensemble ressort et poids est exposé à des vibrations, trois résultats sont possibles, selon la fréquence de la source des vibrations.

Transmission : si la fréquence de la source est inférieure à la fréquence de résonance, le poids bougera à l’amplitude et à la fréquence de cette source.

Résonance : si la fréquence de la source est proche de la fréquence de résonance, l’amplitude du poids dépassera largement l’amplitude de la source.

Isolation : si la fréquence de la source est environ le double de la fréquence de résonance, l’amplitude du poids sera inférieure à l’amplitude de la source.

Ces trois conditions présentent un intérêt dans le domaine des emballages. La transmission explique la façon dont une vibration de transport à basse fréquence peut traverser la plupart des emballages sans aucune diminution. La résonance est importante en raison des effets multiplicateurs des forces dans les objets touchés et parce que les éléments de calage ont aussi une fréquence à laquelle il peut y avoir résonance. L’isolation illustre la propriété antivibratoire d’un calage.

Graphique de la réponse d’un ensemble ressort et poids à une source de vibrations périodiques ayant une amplitude de 1 sur une plage de fréquences

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Figure 16. Réponse d’un ensemble ressort et poids à une source de vibrations périodiques ayant une amplitude de 1 sur une plage de fréquences (à noter la forte amplitude de résonance d’un ressort métallique ordinaire en raison d’un faible amortissement).

Les objets de musée pourraient avoir des tendances aux vibrations à différentes fréquences. Chaque tendance à vibrer entraînera une réaction similaire à celle de l’ensemble ressort et poids présenté à la figure 16. Elle aura également une amplitude de résonance maximale qui lui est propre. Il est à noter que les réactions maximales des objets pourraient être intermittentes, puisque les vibrations sont aléatoires pendant le transport par véhicule.

Cycles de vibrations dans les objets ou leurs parties

Le principal dommage que causent les vibrations est la fatigue des matériaux. Un trombone qui se brise après plusieurs flexions en est un bon exemple. Pendant l’expédition, un objet ou ses parties peuvent subir du stress par vibrations à l’amplitude correspondant à celle des vibrations liées au transport ou à cette même amplitude augmentée par l’effet de résonance. Dans l’un ou l’autre cas, des dommages par fatigue sont possibles :

La figure 17 présente une courbe type de stress-défaillance (courbe S-N ou de Wöhler), qui indique le rapport entre le nombre moyen de cycles et les dommages au matériau d’après des essais sur des échantillons de matériaux. Cette courbe illustre ce qui suit :

La courbe S-N présente les seuils d’endommagement des matériaux par rapport à un stress cyclique

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0031
Figure 17. La courbe S-N présente les seuils d’endommagement des matériaux par rapport à un stress cyclique. Les caractéristiques générales d’une telle courbe sont présentées plus haut.

Une défaillance par vibrations peut également survenir :

Les fissures et les failles dans les objets sont des points où le stress peut se concentrer. Un trombone se brisera en bien moins de cycles de flexion si l’on pratique une petite encoche avant de commencer à le plier. Malheureusement, les dommages préexistants sont monnaie courante dans les objets de musée, et leur origine et leur augmentation peuvent être dues à diverses causes. La sécurité du transport d’objets abîmés ou défectueux peut présenter des défis, et beaucoup de transporteurs ont dans leurs contrats des listes d’exceptions qui limitent leur responsabilité dans le cas de certains matériaux ou de certains types de dommages préexistants. Si un envoi ne peut être évité, la méthode que nous avons exposée plus tôt (consulter la section Protection des objets très fragiles contre les chocs) peut aider à réduire le plus possible le stress sur les objets ou les assemblages vulnérables aux dommages.

Seuils d’endommagement dû aux vibrations et sensibilité aux vibrations

Il existe des données sur les seuils d’endommagement dû aux vibrations pour certains types de peintures sur toileNote en fin de texte 19. Des recherches théoriques et expérimentales indiquent que les contraintes, au cours d’une réaction hors plan, à la résonance des vibrations liées au transport n’atteignent pas les seuils d’endommagement pour certains matériaux types de peinture, bien que la déformation du châssis et les impacts entre la toile et le châssis, à cause des vibrations, demeurent des sujets d’inquiétude.

Quand les seuils d’endommagement dû aux vibrations sont inconnus, ce qui est le cas pour la plupart des objets d’art, la sensibilité aux vibrations est une notion utile. Cette sensibilité est révélée par la présence de fréquences de résonance dans la plage de fréquences de transport de 1 Hz à 200 Hz. Si l’on connaît ces fréquences, on peut prendre des mesures pour réduire les tendances aux vibrations, que l’on sache ou non si les conditions présentent un risque de dommages. En pareil cas, il faut avant tout tenir compte des tendances aux vibrations à basse fréquence qui produisent des contraintes et des déformations plus importantes; certaines d’entre elles peuvent être indiquées par des conditions évidentes de desserrement, de flexibilité ou de mouvement à la suite d’un tapotement, par exemple.

Méthodes de gestion des vibrations

Il existe trois façons de gérer les vibrations :

Réduire la source, c’est éviter toute exposition inutile aux vibrations (consulter la section Vibrations pendant le transport). Cette mesure est toujours bonne à prendre, puisque les traitements d’emballage varient sur le plan de l’efficacité antivibratoire et que la fragilité des objets ou de leurs parties peut ne pas être toujours évidente.

Il est possible d’isoler les objets à l’aide de matériaux de calage en mousse ou de dispositifs mécaniques, comme des élingues ou des ressorts. La mousse étant le matériau isolant le plus répandu dans les emballages muséaux, il en sera question plus précisément ici.

Un objet flottant sur un calage en mousse constitue un système mécanique simple ayant une fréquence de résonance unique. Son comportement est décrit par la courbe de la figure 18, qui ressemble à la courbe de réaction de la figure 16. La réaction d’un objet sur un calage à une source extérieure de vibrations aura aussi trois résultats :

Graphique des courbes de la réponse aux vibrations d’un objet sur calage protecteur

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0033
Figure 18. Courbes de la réponse aux vibrations d’un objet sur calage protecteur. Noter la similitude avec la courbe de réaction de la figure 16. Les propriétés amortissantes des matériaux en mousse limitent l’amplitude de résonance maximale à des valeurs entre 3 et 7.

Les matériaux de calage en mousse ont une fréquence de résonance, mais ils présentent aussi des propriétés amortissantes qui viennent limiter l’amplitude de résonanceNote en fin de texte 20. Les facteurs d’amplification d’un calage en mousse type vont de 3 à 7, comparativement à 40 et plus pour les ressorts métalliques ordinairesNote en fin de texte 21. Toutefois, il faut éviter que le calage d’un objet très sensible atteigne la fréquence de résonance. Les matériaux en mousse à alvéoles ouvertes (par exemple, mousse de polyuréthane) isolent mieux contre les vibrations que ceux à alvéoles fermées, comme le polyéthylène. Lorsqu’il est question de l’isolation assurée par un calage, on entend habituellement par « efficacité » une réduction de l’amplitude de la source de vibrations de 80 % et plus. Les données sur le rendement des matériaux de calage en ce qui a trait aux vibrations (courbes de transmissibilité) indiquent que les matériaux de calage en mousse peuvent offrir une protection adéquate à des fréquences aussi basses que de 25 Hz à 35 Hz. Les fréquences près de 45 Hz (ester de polyuréthane) et de 55 Hz (polyéthylène) sont courantes pour l’épaisseur des matériaux et les charges statiques utiliséesNote en fin de texte 22. Ces fréquences peuvent être abaissées au moyen de blocs effilés ou de nervuresNote en fin de texte 23.

Il est impossible d’assurer une bonne isolation contre les vibrations à toutes les fréquences en utilisant de la mousse parce qu’une isolation efficace aux basses fréquences exige des amortisseurs statiques à très grande flexion. Une solution plus pratique en cas de sensibilité aux basses fréquences consiste à modifier le comportement des objets sujets à vibrer (consulter ce qui suit sur la modification de réaction) pour éliminer ou réduire les tendances aux vibrations ou les rapprocher de la région d’isolation du calage.

Lorsqu’il s’agit de modifier la réaction, il faut modifier l’objet sujet aux vibrations de manière à diminuer sa tendance à vibrer ou à accroître la fréquence à laquelle les vibrations se produisent. Voici quelques exemples de modifications de réaction :

En décelant les réactions négatives ou les éléments vulnérables des objets et de leurs parties ou des combinaisons objet-support et en les corrigeant, on peut éliminer une importante source de dommages causés par les chocs et les vibrations. On peut ensuite concevoir des éléments efficaces de calage qui isolent des chocs et, par le fait même, offrent divers degrés d’isolation contre les vibrations.

Stratégies générales de gestion des vibrations liées au transport

Forces de compression

La compression peut écraser les emballages légers et déformer ou abîmer les caisses de grande taille. Elle peut poser un problème pendant le transport ou l’entreposage. Pendant le transport, le poids sur les contenants les plus bas dans une pile est multiplié par les forces liées au transport qui s’exercent verticalement. La charge peut également augmenter par effet de résonance dans des empilements lâches. Pendant l’entreposage, le contenant le plus bas d’une pile porte le poids cumulé de tous les contenants au-dessus. Comme autres sources de forces de compression, mentionnons l’assujettissement trop vigoureux, les chocs liés au transport ferroviaire et les charges imposées par les appareils de manutention.

Stratégies générales de gestion des forces de compression

Perforations et impacts contondants

Il y a perforation quand des charges concentrées s’exercent sur une région restreinte d’un emballage. Les causes normales de perforation sont notamment l’impact avec de petits objets solides, comme des tuyaux, des clous, des pièces de bois, les parties anguleuses d’un autre emballage ou les fourches d’un chariot élévateur. Les contenants de transport peuvent aussi subir des impacts contondants causés par la chute d’objets, d’autres contenants ou une application soudaine de charges.

Les documents sur les emballages donnent peu de renseignements sur la façon de prévoir les perforations et les impacts contondants, car ces risques sont difficiles à observer ou à mesurer. Au lieu de prévoir l’intensité de ces risques, les méthodes d’essai des emballages commerciaux évaluent la durabilité de ceux-ci par rapport à un éventail de risques de perforation et d’impacts contondants. On simule les risques de perforation par les fourches d’un chariot élévateur en chargeant des contenants de transport de façon à les immobiliser et en leur faisant subir l’impact des fourches dans un mouvement de rotation (test du pendule). La capacité des contenants à résister à des charges d’impact contondant est évaluée à l’aide de diverses méthodes, comme celle de la chute d’un sac de sable (figure 19).

Essais d’impact sur les caisses de transport

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0035
Figure 19. Essais d’impact sur les caisses de transport (Andreason) : essais d’impact de fourche de chariot élévateur (à gauche) et de chute de sac de sable ASTM E-72 (à droite). Pour l’essai avec fourche, on utilise une vraie fourche de chariot et pour l’essai avec sac de sable, on utilise un sac de sable de 27 kg (60 lb) et de 23 cm (9 po) de diamètre.

Stratégies générales de gestion des perforations et des impacts contondants

Variations de la température et extrêmes

Nous présentons ici, à titre indicatif, les pires scénarios de transport dans des conditions non contrôlées. On peut se reporter à des modèles de prévision fondés sur des données météorologiques à long terme pour estimer l’ordre de grandeur et la durée des extrêmes de température en cas de dérèglement du matériel pour divers lieux et diverses périodes de l’année. Des calculs simplifiés en fonction de la température ambiante sont également possiblesNote en fin de texte 25.

Dans un véhicule routier, la température du chargement ne dépasse pas le maximum et le minimum ambiants. Au cours d’une étude menée sur un fourgon de 2,5 tonnes se déplaçant dans des régions froides du Canada et de l’ouest des États-Unis, une température de chargement minimale de −19 °C (−2 °F) a été enregistrée, alors que la température extérieure atteignait un extrême de −29 °C (−20 °F)Note en fin de texte 26. La différence entre la température de l’air extérieur et la température de la cargaison sur tout le parcours de 6 600 km (4 000 mi) a varié de 0,5 °C à 10 °C (32,9 °F à 50 °F), et la température du chargement est demeurée, en tout temps, supérieure à la température minimale extérieure. Dans le cadre de cette étude, le même camion de 2,5 tonnes a effectué cinq déplacements par temps très chaud sur une distance de 700 km (420 mi) dans la Vallée de la Mort en Californie. Les températures prises à la surface du chargement indiquaient des valeurs inférieures de 6 °C à 8 °C (10 °F à 14 °F) à la température maximale extérieure de 54 °C (129 °F). La température dans la soute d’un véhicule routier est plus élevée quand le véhicule est stationnaire, et elle est modérée par le déplacement du véhicule. Cet effet est plus prononcé l’été quand la circulation de l’air dans le véhicule, et au-dessus de celui-ci, aide à compenser le gain thermique par le soleil.

Dans la soute d’un avion, la température se maintient dans une fourchette de −1 °C à 21 °C (30 °F à 70 °F) lorsque les systèmes de l’appareil fonctionnent. Les températures minimales sont rarement de moins de 5 °C (41 °F) et les valeurs de plus de 10 °C (50 °F) sont courantes. Certains aéronefs comportent des soutes multiples à réglage indépendant pour répondre aux différentes exigences en matière de température du fret. Le fret à bord d’un aéronef stationné par temps très froid ou très chaud finira par atteindre la température extérieure ambiante, sauf si l’on utilise des moyens supplémentaires de climatisation. Dans les pires scénarios, la température du chargement à l’intérieur d’un aéronef stationné pendant une période de 36 heures peut atteindre jusqu’à 49 °C (120 °F) dans des conditions désertiques et descendre jusqu’à −29 °C (−20 °F), voire encore plus bas, dans des conditions arctiques.

Dans le transport maritime, la température moyenne à l’extérieur et celle de la cargaison seront presque les mêmes. La cargaison en cale aura sensiblement la même température que l’eau de mer. La température de la cargaison sur le pont et directement sous celui-ci pourra être plus élevée, par exemple, de 53 °C à 75 °C (126 °F à 167 °F), à cause du rayonnement solaire.

Les températures maximales et minimales dans les wagons de chemin de fer sans réglage de température immobilisés seront, respectivement, de 49 °C (120 °F) après 2 heures et de -23 °C (-10 °F) après 36 heures. Ces données se comparent aux données de recherches récentes sur la température du chargement à l’intérieur de conteneurs de transport de 20 piNote en fin de texte 27.

Des recherches récentes effectuées à l’aide d’enregistreurs de données indiquent la plage de températures auxquelles un chargement commercial sensible à la température peut être exposé pendant le transport intermodalNote en fin de texte 28. Les extrêmes de température sont comparables à ceux susmentionnés pour des expéditions intérieures par camion en été et en hiver (maximum de 43 °C [109 °F] et minimum de près de -15 °C [5 °F] respectivement). Si l’on couvre un chargement sur palette avec des manteaux isolants, on peut ramener ces extrêmes à 32 °C (90 °F) et à −4 °C (25 °F) respectivement.

Dans le transport transocéanique, les conteneurs tant isolés que non réfrigérés atteignent rapidement une température de 30 °C (86 °F) pendant le transport initial par camion, avant même que ne commence le transport par mer. Dans des conteneurs réfrigérés, le chargement ne dépasse pas 19 °C (66 °F) à tout point du déplacement, mais les mesures de réglage de la température coûtent cher et les déplacements maritimes sont longs. On a signalé des pertes occasionnelles, dans des envois commerciaux, en raison de la défectuosité du matériel ou du mauvais réglage de la température.

Effets de la température sur les objets et les emballages

La protection contre les extrêmes de température peut être un élément important de l’expédition des objets, tant pour les emballages que pour les objets sensibles à ces extrêmes. Les températures au-dessus ou au-dessous des valeurs limites de sécurité peuvent influer sur les objets et les emballages, et accroître ainsi les risques.

Tableau 9 : Effets de la température sur les objets et les emballagesNote en fin de texte 29
Condition : Température inadéquate Effets sur les objets Effets sur les emballages
Minimum (< 15 °C [59 °F])
  • Transition vitreuse (durcissement de la peinture à l’acrylique à 7 °C [45 °F], à l’alkyde à 4 °C [40 °F] et à l’huile à 0 °C [32 °F]) qui augmente la sensibilité aux forces
  • Possibilité de fissuration importante dans les peintures sur toile ou sur panneau (rétrécissement des couches de peinture et de fond)
  • Risques pour les revêtements de plastique, les vernis, les laques et les peintures à l’huile, à l’alkyde et à l’acrylique
  • Rétrécissement et affaiblissement des colles dans les instruments de musique
  • Raidissement des matériaux de calage et réduction du rendement protecteur
  • Thermoplastiques (par exemple, polyéthylène) plus touchés que le polyuréthane
  • Accroissement des taux de fuite
Maximum (> 25 °C [77 °F])
  • Ramollissement de la peinture à l’acrylique
  • Ramollissement des matériaux de rentoilage à la cire
  • Ramollissement des cires (peintures à l’encaustique, sceaux de documents)
  • Importante libération d’humidité des matériaux hygroscopiques, dessiccants
  • Expansion des matériaux hygroscopiques et affaiblissement des colles dans les instruments de musique
  • Accroissement de la détérioration chimique
  • Durcissement par compression (déformation permanente ou décantation sous la charge) des matières thermoplastiques de calage (par exemple, Ethafoam), ce qui rend les matières lâches et diminue la protection
  • Détérioration accélérée des mousses d’ester de polyuréthane
  • Ramollissement ou affaiblissement des adhésifs thermofusibles servant à fabriquer les éléments de calage ou à les maintenir en place
  • Accroissement des taux de fuite des emballages

Remarque : L’exigence type est le réglage fiable de la température dans la plage de 15 °C à 25 °C (59 °F à 77 °F).

Tableau 10 : Effets de l’humidité sur les objets et les emballagesNote en fin de texte 30
Condition : Humidité inadéquate Effets sur les objets Effets sur les emballages
Minimum (< 25 %)
  • Durcissement des colles naturelles (par exemple, sur peaux)
  • Rétrécissement des matériaux hygroscopiques (par exemple, peaux de tambour)
  • Accroissement des taux de fuite
Maximum (> 65 %)
  • Perte de résistance des colles naturelles (sur peaux) et décollement des peintures (HR > 80 %)
  • Formation de moisissures (HR > 70 %)
  • Corrosion accélérée des métaux
  • Raidissement des toiles tendues
  • Corrosion rapide des métaux par des sels déliquescents, comme le NaCl
  • Détérioration accélérée des mousses d’ester de polyuréthane
  • Conditions de saturation et condensation possible
  • Formation de moisissures
  • Dégradation des étiquettes de marquage en surface
  • Accroissement des taux de fuite
Contrôle de la température pendant l’expédition

Les emballages et les soutes de véhicule peuvent retarder (effet tampon) les variations de température et limiter les extrêmes, mais il faut prévoir des moyens actifs de chauffage ou de refroidissement dans les véhicules de transport pour les déplacements moyens ou longs par temps froid ou chaud. Les paramètres de réglage de la température pour les expéditions d’objets d’art se situent normalement entre 15 °C (59 °F) et de 25 °C (77 °F). Les recherches effectuées à l’aide d’enregistreurs de données sur les envois d’objets d’art à température réglée n’ont pas permis de relever des températures intérieures de caisse de moins de 11 °C (52 °F)Note en fin de texte 31.

Effet tampon contre les variations de la température

Il s’agit d’une des caractéristiques des propriétés isolantes d’un emballage. L’effet tampon permet de contrôler le taux de variation de la température et le temps nécessaire pour que le contenu de l’emballage réagisse pleinement à une variation de la température extérieure. Il permet également de régulariser l’humidité (cela est abordé plus loin). L’effet tampon peut être défini comme la moitié du temps (en heures) nécessaire pour que le contenu atteigne une température médiane entre la température initiale de l’emballage et la nouvelle température à laquelle il est exposé. Le tableau 12 donne des exemples d’emballages et illustre le concept de moitié du temps.

Les tailles d’objets présentées à l’échelle sont utilisées pour les exemples d’effets tampon contre les variations de température et d’humidité

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0038
Figure 20. Les tailles d’objets présentées à l’échelle sont utilisées pour les exemples d’effets tampon contre les variations de température et d’humidité dans les tableaux 12, 13 et 15. Les dimensions et les volumes des objets sont présentés dans le tableau 11.

Tableau 11 : Taille et volume de chacun des objets de la figure 20
Objet Dimensions (cm) Volume (m3) Dimensions (po) Volume (pi3)
CB1 10 x 10 x 10 0,001 4 x 4 x 4 0,04
CB2 20 x 20 x 20 0,008 8 x 8 x 8 0,30
CB3 30 x 30 x 30 0,027 12 x 12 x 12 1,00
CB4 51 x 51 x 51 0,133 20 x 20 x 20 4,63
CB5 76 x 76 x 76 0,439 30 x 30 x 30 15,63
PL1 28 x 36 x 5 0,005 11 x 14 x 2 0,18
PL2 41 x 51 x 5 0,010 16 x 20 x 2 0,37
PL3 61 x 76 x 5 0,023 24 x 30 x 2 0,83
PL4 76 x 102 x 10 0,078 30 x 40 x 4 2,78
PL5 122 x 183 x 10 0,223 48 x 72 x 4 8,00
PL6 188 x 244 x 10 0,459 74 x 96 x 4 16,44
CL1 81 x 41 x 41 0,136 32 x 16 x 16 4,74
CL2 178 x 61 x 61 0,662 70 x 24 x 24 23,33
Propriétés isolantes des emballages

Les propriétés isolantes d’un emballage sont liées à divers facteurs, dont les principaux sont la forme et l’épaisseur de la paroi. Cette épaisseur contrôle le taux de transfert thermique par conduction, et la surface détermine ce même taux par convection et rayonnement. La meilleure forme que peut avoir un emballage pour retenir la chaleur est le cube, car celui-ci présente le plus petit rapport entre surface et volume. Outre la forme et l’épaisseur de la paroi, les facteurs suivants contribuent aux propriétés isolantes d’un emballageNote en fin de texte 32 :

Les propriétés isolantes de la plupart des emballages muséaux sont souvent limitées par :

C’est pourquoi l’effet tampon contre les variations de la température de l’emballage muséal type est souvent d’une à trois heures, comme il est illustré dans le tableau 12. Quand on a besoin d’un meilleur rendement, l’utilisation d’un matériau isolant (de 25 mm à 50 mm [1 po à 2 po]) ou d’un calage plus épais (les matériaux de calage sont de bons isolants) peut accroître l’effet et le faire passer de deux à six heures, voire plusNote en fin de texte 33.

Le tableau 12 donne des exemples d’effet tampon contre les variations de la température pour l’éventail de tailles d’emballage de la figure 20Note en fin de texte 34. Ces données indiquent un possible risque dans certains scénarios d’emballage en quelques heures ou moins en cas de défaillance du système de réglage de la température des véhicules de transport dans des conditions extrêmes. Des parcs de véhicules bien entretenus, des systèmes auxiliaires de réglage de la température et des mesures planifiées en cas d’urgence peuvent contribuer à la sécurité des expéditions.

Tableau 12 : Exemples d’effet tampon contre les variations de la température calculé selon trois scénarios d’emballage pour les différentes tailles d’emballage de la figure 20
Objet Mousse de polyuréthane flexible de 50 mm (2 po) sur tous les côtés (heures) Matériau de calage en polyuréthane flexible de 50 mm (2 po) et matériau isolant en polystyrène rigide de 25 mm (1 po) à l’intérieur de la caisse (heures) Matériau de calage en polyuréthane flexible de 50 mm (2 po) et matériau isolant en polystyrène rigide de 50 mm (2 po) à l’intérieur de la caisse (heures)
CB1 1,4 1,7 2,1
CB2 3,0 3,8 4,6
CB3 4,7 5,9 7,2
CB4 8,0 10,2 12,4
CB5 12,1 15,5 18,8
PL1 1,7 2,2 2,6
PL2 1,9 2,4 2,9
PL3 2,1 2,6 3,2
PL4 3,9 5,0 6,0
PL5 4,3 5,4 6,6
PL6 4,5 5,7 6,9
CL1 7,7 9,8 11,9
CL2 12,5 15,9 19,3

Remarque : On suppose que le contenu est constitué de matériaux hygroscopiques en vrac occupant 25 % du volume intérieur et ayant une masse volumique de 500 kg/m3 (31 lb/pi3). Les temps indiqués sont des exemples du temps nécessaire pour que le contenu de l’emballage atteigne la température médiane entre une température donnée et une nouvelle température à laquelle l’emballage est soudainement exposé. On peut voir l’effet de la forme de l’emballage sur les propriétés isolantes en comparant des emballages de même poids mais de forme différente. La plupart des emballages types expédiés dans un musée en provenance d’un autre environnement atteindront la température ambiante en 12 à 24 heures.

On peut améliorer les propriétés isolantes en prenant les moyens suivants :

Couvertures isolantes. À gauche : couverture réfléchissante à bulles légère. À droite : nylon et garniture isolante épaisse

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0039
Figure 21. Couvertures isolantes. À gauche : couverture réfléchissante à bulles légère. À droite : nylon et garniture isolante épaisse.

Transport assurant la chaîne de froid

Pour le transport d’articles tels que des collections de cultures vivantes exigeant un conditionnement qui assure une chaîne de froid, comme pour les vaccins (2 °C à 8 °C [36 °F à 46 °F]), on peut se procurer des glacières de polystyrène à paroi épaisse (30 mm à 80 mm [1,2 po à 3,2 po]) et à couvercle hermétique auprès de fournisseurs de matériaux d’emballage. Grâce à ces glacières et à une quantité suffisante de matériaux à changement de phase (par exemple, blocs réfrigérants avec liquide ou gel), on peut maintenir une température froide pendant 30 à 48 heures, voire plus.

La température des blocs réfrigérants venant d’une chambre frigorifique (après 12 heures) ou d’un congélateur de réfrigérateur domestique (après 24 heures) peut atteindre -18 °C (-0,4 °F) et peut même causer du gel dans les deux heures suivant la mise en glacière. Dans les consignes pour l’expédition en toute sécurité de produits aux exigences semblables à celles que demandent les vaccins, on recommande une procédure de conditionnement pour les blocs réfrigérants avant l’emballage. On recommande aussi d’inclure un tampon entre les blocs réfrigérants et les articles sensibles à la températureNote en fin de texte 37.

Stratégies générales de gestion de la température

Variations de l’humidité et extrêmes

L’humidité peut varier grandement pendant le transport et dans les installations d’entreposage et les entrepôts. Le transport aérien se trouve à l’extrémité inférieure de la plage d’extrêmes d’humidité liés au transport, avec une HR de 10 % à 20 %. Le transport maritime se situe à l’autre extrémité, avec des conditions proches de la saturation, soit 100 % d’HR, qui peuvent causer de la condensation et des dommages par l’eau (suintement des conteneurs), tant sur les emballages que sur leur contenu.

Effet tampon contre les variations de l’humidité

Il s’agit d’une caractéristique passive (sans intervention d’un système mécanique) qui protège les matériaux hygroscopiques contre les augmentations ou les diminutions du taux d’humidité pendant le transport. De nombreux objets emballés comportant environ 25 % ou plus (en volume) de matériaux hygroscopiques, comme le bois (non peint ni enduit), le carton à passe-partout, le papier ou le cuir, peuvent être bien protégés au moyen de mécanismes autotampons et d’un réglage de la température pendant des périodes types de transport et d’entreposage. Cela est rendu possible grâce aux caractéristiques suivantes propres à l’emballage :

Effet tampon contre les variations de l’humidité dans un emballage

Les conditions ambiantes, en particulier l’HR, influent sur la teneur en humidité des objets hygroscopiques exposés à l’air libre. En revanche, les matériaux hygroscopiques emballés ont souvent une teneur en humidité beaucoup plus élevée que le petit volume d’air les entourant. Une variation de température peut, au départ, modifier l’humidité relative de ce volume d’air (consulter Enregistreurs de température et d’humidité), mais les conditions d’équilibre à la nouvelle température se rétabliront avec très peu de transfert d’humidité entre l’objet et l’air environnantNote en fin de texte 38. Par conséquent, les modifications de la teneur en humidité de l’objet et les changements dimensionnels connexes sont limités.

Exemple :

Une peinture sur toile encadrée mesurant 72 cm x 72 cm x 5 cm (28 po x 28 po x 2 po) et pesant 5 kg (11 lb) contient environ 0,51 kg (1,12 lb) d’eau, soit près de 10 200 gouttes, à 20 °C (68 °F) et à 50 % d’HR. Lorsque la peinture est étroitement emballée dans du polyéthylène, le volume d’air dans l’emballage (espace libre) contient environ quatre gouttes d’eau. Si la température augmente à 30 °C (86 °F), la peinture libérera trois gouttes d’eau et l’HR d’équilibre dans l’espace libre augmentera à 52,4 %. Si la température baisse à 10 °C (50 °F), la peinture absorbera environ quatre gouttes d’eau et l’humidité relative d’équilibre dans l’espace libre baissera à 48,3 %. Dans les deux cas, la teneur en humidité de la peinture restera presque la même, soit environ 9,3 %Note en fin de texte 39.

Effet tampon contre les variations de l’humidité et fuites des emballages

Les objets emballés subiront progressivement des variations de l’humidité et leur contenu subira des variations quant à leur teneur en eau en raison des trois mécanismes de fuite énumérés ci-après par ordre décroissant d’importanceNote en fin de texte 40 :

  1. infiltration d’air par des interstices, des trous ou des joints;
  2. perméation de l’humidité à travers les matériaux d’emballage;
  3. libération d’humidité par des interstices et des trous.

L’effet de ces mécanismes combinés donne lieu à une fuite, qui peut être définie comme le nombre de changements d’air par jour. Suivant le tableau 13, le taux de fuite des contenants de contreplaqué bien conçus est bien supérieur à celui des emballages constitués de feuilles de polyéthylène. Les contenants de transport en plastique offerts sur le marché présentent des taux de fuite très bas, et certains fabricants fournissent des données sur les taux de perméabilité à la vapeur d’eau (TPVE) avec leurs produits. L’ICC a conçu des outils de calcul de fuite et d’humidité pour les espaces clos qui peuvent servir à évaluer le rendement de divers emballages dans différentes conditions extérieuresNote en fin de texte 41. Ces outils sont utiles pour prévoir le rendement des emballages pendant le transport et l’entreposage. Ils ont servi à évaluer le rendement des emballages quant à leur capacité tampon dans les tableaux 13 et 15.

3 mécanismes de fuite d’un emballage : infiltration, exfiltration et libération par des fissures ou des trous et perméation à travers les matériaux

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0041
Figure 22. Les trois mécanismes de fuite d’un emballage : infiltration, exfiltration et libération par des fissures ou des trous et perméation à travers les matériaux. La taille des flèches illustre l’importance relative de chacun de ces mécanismes.

Objets non enveloppés dans une caisse de transport en bois

Le tableau 13 donne des exemples de l’effet tampon contre les variations de l’humidité de différentes caisses de transport bien conçues en contreplaqué (sans prise en compte de l’effet tampon du matériau de ces caisses). Il indique le temps nécessaire avant qu’une variation d’HR de 2,5 % puisse se produire pour trois pourcentages de contenu tampon.

Tableau 13 : Exemples de la capacité tampon prévue contre les variations de l’humidité, en jours, d’un objet non enveloppé se trouvant à l’intérieur d’une caisse d’expédition faite de bois selon trois pourcentages de contenu tampon naturel par volume*
Description de l’objet (figure 20) Fuite dans la caisse (changements d’air par jour) 10 % de contenu tampon 25 % de contenu tampon 50 % de contenu tampon
CB1 16,8 3 7 14
CB2 10,3 4 11 22
CB3 7,5 6 15 30
CB4 4,8 9 23 47
CB5 3,3 14 35 68
PL1 12,6 4 9 17
PL2 10,9 4 10 20
PL3 9,4 5 12 24
PL4 7,0 6 16 31
PL5 6,0 7 19 37
PL6 5,9 8 20 38
CL1 5,0 9 23 45
CL2 3,2 14 35 68

* Le taux d’HR initial de l’objet à l’intérieur d’une caisse en contreplaqué de 12 mm (peinte à l’intérieur et à l’extérieur) est de 50 %. Le temps indiqué correspond au temps prévu, en jours, pour que le taux d’HR de l’objet atteigne 52,5 % ou 47,5 % dans des conditions d’HR élevée (85 %) ou faible (15 %). Pour en savoir davantage, consulter les notes en fin de texteNote en fin de texte 42.

Bien qu’elles ne soient pas prises en compte dans le tableau 14, les surfaces intérieures non revêtues des caisses de bois peuvent contribuer à l’effet tampon, mais plusieurs aspects doivent être pris en considération au moment d’exploiter cette caractéristique.

Si l’emballeur ne souhaite pas conditionner les objets, l’intérieur de la caisse peut être revêtu d’un pare-vapeur. On pourra alors améliorer l’effet tampon en ajoutant un matériau hygroscopique en vrac ou du gel de silice à l’intérieur de la caisse (consulter la section Gel de silice).

Enveloppage, matériaux barrières et taux de perméabilité à la vapeur d’eau

Le TPVE est une mesure que l’on emploie couramment pour évaluer l’efficacité des pare-humidité utilisés en emballage. Plusieurs exemples sont donnés dans le tableau 14. Le rendement des matériaux barrières peut se caractériser comme suit :

Les pellicules de polyéthylène sont souvent utilisées comme pare-vapeur. Elles sont faciles à trouver et leur performance convient bien aux durées de transport moyennes et à un taux d’humidité moyen (par exemple, 45 % à 50 %). Dans le cas d’un transport ou d’un entreposage de longue durée ou d’un taux d’humidité faible, on peut envisager l’utilisation de matériaux barrières à haut rendement, comme le Marvelseal ou l’Escal. Pour choisir entre ces deux matériaux, il faut déterminer s’il est nécessaire ou avantageux que le contenu protégé soit visible (Escal) ou non (Marvelseal) (par exemple, en cas d’inspection douanière).

Les matériaux de conditionnement, en plus d’avoir un effet tampon contre les variations de l’humidité, peuvent notamment servir de protection de base, de pare-poussière et d’écran pour empêcher un contact direct avec des surfaces fragiles. Des matériaux comme le Mylar, le Dartek ou le Tyvek peuvent servir à ces fins, mais ne sont pas considérés comme des pare-vapeur efficaces (tableau 16).

Tableau 14 : TPVE pour les matériaux barrières flexibles
Matériau barrière flexible TPVE g/m2/24 h TPVE g/100 po2/24 h
Marvelseal 360 5,2 mils 0,01 0,0005
Escal 4,5 mils 0,01 0,0006
Polypropylène (orienté) 1 mil 2,50 à 6,20 0,16 à 0,40
Polyéthylène (haute densité) 1 mil 4,65 à 7,75 0,30 à 0,50
Polypropylène (non orienté) 1 mil 4,90 à 8,70 0,31 à 0,56
Polyéthylène (basse densité) 1 mil 15,50 à 23,25 1,00 à 1,50
Mylar (PET, polyester) 1 mil 27,90 1,80
Dartek (nylon 6/6) 1 mil 295 19

Remarques :

Objets enveloppés dans une caisse de transport en bois

Le tableau 15 présente les valeurs d’effet tampon contre les variations de l’humidité pour une augmentation ou une diminution de 2,5 % du taux d’HR à l’intérieur de caisses de bois contenant des objets enveloppés. On peut voir une nette amélioration par rapport aux données du tableau 13, à condition que l’emballage de polyéthylène soit hermétique et exempt de défauts. L’effet tampon à l’intérieur d’une caisse de transport non revêtue n’est pas pris en considération dans les exemples ci-dessous.

Tableau 15 : Exemples de la capacité tampon prévue contre les variations de l’humidité, en jours, pour un objet enveloppé dans du polyéthylène de 4 mils selon trois pourcentages de contenu tampon naturel par volume*
Description de l’objet (figure 20) Fuite (changements d’air par jour) 10 % de contenu tampon 25 % de contenu tampon 50 % de contenu tampon
CB1 3,1 15 35 73
CB2 1,6 27 70 145
CB3 1,0 42 104 208
CB4 0,6 70 173 348
CB5 0,4 105 254 523
PL1 2,7 16 42 83
PL2 2,5 18 43 90
PL3 2,4 19 47 95
PL4 1,3 34 89 175
PL5 1,2 38 94 189
PL6 1,2 38 96 191
CL1 0,7 67 168 336
CL2 0,4 104 268 542

* Le taux d’HR initial de l’objet enveloppé dans du polyéthylène de 4 mils est de 50 %. Le temps indiqué correspond au temps prévu, en jours, pour que le taux d’HR de l’objet atteigne 52,5 % ou 47,5 % dans des conditions d’HR élevée (85 %) ou faible (15 %). La capacité tampon peut varier en fonction des méthodes d'emballage et des propriétés du matériau. Le matériau tampon utilisé dans les calculs est du papier en vrac. Pour obtenir de plus amples renseignements, consulter les notes en fin de texteNote en fin de texte 44.

Tampons à action rapide

Les taux de transfert d’humidité de différents matériaux hygroscopiques peuvent varier pour un changement d’humidité donné, ce qui amène certaines préoccupations quant à la possibilité qu’un matériau massif comme le bois détermine les variations de l’humidité au détriment d’un élément secondaire ayant une réaction différenteNote en fin de texte 45. Bien que les recherches indiquent que ce phénomène demeure improbable, la solution pour tous les objets préoccupants serait de les envelopper dans une couche de papier mince ou de coton sans acide avant de les envelopper d’un pare-humidité pour fournir un effet tampon à action rapideNote en fin de texte 46.

Gel de silice

Le gel de silice peut servir à créer un emballage à faible taux d’humidité ou à augmenter le contenu hygroscopique des objets emballés. On peut se procurer des blocs déshydratants de gel de silice emballés dans du papier kraft ou du Tyvek auprès des fournisseurs de matériaux d’emballageNote en fin de texte 47. Le Tyvek est préférable pour sa résistance élevée aux déchirures et sa capacité à retenir la poussière du matériau déshydratant. Des blocs de quelques grammes sont offerts pour les emballages d’un volume de 950 mL (32 oz) ou moins. Les blocs déshydratants permettent de régénérer facilement le matériau déshydratant (par application de chaleur) sans qu’il soit nécessaire de le retirer de son emballage.

Le TPVE requis pour l’entreposage de longue durée d’un emballage à faible taux d’humidité est de 0,075 g/m2/24 h (0,005 g/100 po2/24 h) ou mieux. Ce taux, combiné aux quantités de déshydratant du tableau 15, peut maintenir des conditions d’humidité faible pendant une période de 18 mois à 2 ansNote en fin de texte 48. Les contenants rigides capables d’assurer un tel taux sont habituellement en métal. Les matériaux barrières flexibles devraient être à haut rendement (par exemple, Escal ou Marvelseal).

Tableau 16 : Sachets déshydratants requis par volume d’objets emballés
Sachets déshydratants offerts sur le marché* cm2 m2 po2 pi2
1/6 98 0,01 15 0,10
1/3 196 0,02 30 0,21
1/2 293 0,03 45 0,31
1 587 0,06 91 0,63
2 1 173 0,12 182 1,25
4 2 346 0,23 364 2,50
8 4 692 0,47 727 5,00
10 5 865 0,59 909 6,25
16 9 384 0,94 1 455 10,00
80 46 921 4,69 7 273 50,00

* 1 sachet = 28 grammes

Tableau 17 : Sachets déshydratants requis par volume de contenants rigides
Sachets déshydratants offerts sur le marché* cm3 m3 po3 pi3
1/6 3 902 0,003 238 0,14
1/3 7 804 0,01 476 0,28
1/2 11 705 0,01 714 0,42
1 23 411 0,02 1 429 0,83
2 46 822 0,05 2 857 1,67
4 93 643 0,09 5 714 3,33
8 187 287 0,19 11 429 6,67
10 234 109 0,23 14 286 8,33
16 374 574 0,37 22 857 13,33
80 1 872 869 1,87 114 286 66,67

* 1 sachet = 28 grammes

Précautions applicables aux objets enveloppés

Il faut éviter de conditionner des objets dont le taux d’HR est stable à 70 % et plus pour ne pas accroître les risques de condensationNote en fin de texte 49. Près de ce taux d’HR, l’insertion d’un tampon à action rapide, comme un papier mince sans acide, entre l’objet et son emballage peut réduire ce risque.

La plupart des emballages muséaux atteignent un équilibre thermique avec les conditions ambiantes en 12 à 24 heures (tableau 12). Si l’on doit déballer des objets rapidement, il faut s’assurer d’éviter toute condensation sur un objet froid dont la température est égale ou inférieure à la température du point de rosée de l’air du musée.

Le tableau 18 peut servir à prévoir le risque de condensation si l’on connaît la température de l’objet ainsi que la température ambiante et l’humidité à l’intérieurNote en fin de texte 50. Il est également possible d’estimer la température du point de rosée pour d’autres conditions à l’aide d’une équation simpleNote en fin de texte 51. Les objets enveloppés peuvent être déballés plus tôt que les objets non enveloppés, mais on ne devrait pas le faire tant que leur température n’excède pas la température du point de rosée et que l’humidité ambiante n’est pas adéquate. Pour prendre des mesures rapides et faciles de la température d’un objet, on peut se servir d’un thermomètre à infrarouges.

Tableau 18 : Températures du point de rosée en pour un ensemble de valeurs de température et d’humidité ambiantes (on s’assure que la température de l’objet est supérieure à ces valeurs pour prévenir toute condensation)
Température intérieure HR intérieure de 25 % HR intérieure de 30 % HR intérieure de 35 % HR intérieure de 40 % HR intérieure de 45 % HR intérieure de 50 % HR intérieure de 55 % HR intérieure de 60 %
16 °C
(61 °F)
-4 °C
(25 °F)
-2 °C
(29 °F)
1 °C
(33 °F)
2 °C
(36 °F)
4 °C
(39 °F)
6 °C
(42 °F)
7 °C
(45 °F)
8 °C
(47 °F)
17 °C
(63 °F)
-3 °C
(26 °F)
-1 °C
(31 °F)
1 °C
(35 °F)
3 °C
(38 °F)
5 °C
(41 °F)
7 °C
(44 °F)
8 °C
(46 °F)
9 °C
(49 °F)
18 °C
(64 °F)
-2 °C
(28 °F)
0 °C
(32 °F)
2 °C
(36 °F)
4 °C
(40 °F)
6 °C
(43 °F)
7 °C
(45 °F)
9 °C
(48 °F)
10 °C
(50 °F)
19 °C
(66 °F)
-2 °C
(29 °F)
1 °C
(34 °F)
3 °C
(38 °F)
5 °C
(41 °F)
7 °C
(44 °F)
8 °C
(47 °F)
10 °C
(50 °F)
11 °C
(52 °F)
20 °C
(68 °F)
-1 °C
(31 °F)
2 °C
(35 °F)
4 °C
(39 °F)
6 °C
(43 °F)
8 °C
(46 °F)
9 °C
(49 °F)
11 °C
(51 °F)
12 °C
(54 °F)
21 °C
(70 °F)
0 °C
(32 °F)
3 °C
(37 °F)
5 °C
(41 °F)
7 °C
(44 °F)
9 °C
(48 °F)
10 °C
(50 °F)
12 °C
(53 °F)
13 °C
(55 °F)
22 °C
(72 °F)
1 °C
(34 °F)
4 °C
(39 °F)
6 °C
(43 °F)
8 °C
(46 °F)
10 °C
(49 °F)
11 °C
(52 °F)
13 °C
(55 °F)
14 °C
(57 °F)
23 °C
(73 °F)
2 °C
(35 °F)
5 °C
(40 °F)
7 °C
(44 °F)
9 °C
(48 °F)
10 °C
(51 °F)
12 °C
(54 °F)
14 °C
(56 °F)
15 °C
(59 °F)
24 °C
(75 °F)
3 °C
(37 °F)
5 °C
(42 °F)
8 °C
(46 °F)
10 °C
(49 °F)
11 °C
(52 °F)
13 °C
(55 °F)
14 °C
(58 °F)
16 °C
(60 °F)
25 °C
(77 °F)
4 °C
(39 °F)
6 °C
(43 °F)
9 °C
(47 °F)
11 °C
(51 °F)
12 °C
(54 °F)
14 °C
(57 °F)
15 °C
(60 °F)
17 °C
(62 °F)
26 °C
(79 °F)
4 °C
(40 °F)
7 °C
(45 °F)
9 °C
(49 °F)
11 °C
(53 °F)
13 °C
(56 °F)
15 °C
(59 °F)
16 °C
(61 °F)
18 °C
(64 °F)
27 °C
(81 °F)
5 °C
(42 °F)
8 °C
(46 °F)
10 °C
(51 °F)
12 °C
(54 °F)
14 °C
(57 °F)
16 °C
(60 °F)
17 °C
(63 °F)
19 °C
(65 °F)

Remarque : Il faut éviter de retirer les objets de leur emballage tant qu’ils ne dépassent pas ces températures afin de réduire le risque de condensation sur leurs surfaces froides. On peut estimer, à l’aide d’une équation simple, les valeurs se situant hors des fourchettes présentées (consulter la note en fin de texte 38).

Stratégies générales de gestion de l’humidité

Eau

Les risques liés à l’eau sont la pluie, la neige, l’eau stagnante aux points de transfert, les véhicules ou les contenants endommagés qui laissent pénétrer l’eau de pluie ou la neige fondante, les conditions de condensation (suintement des conteneurs) pendant le transport maritime, les projections d’eau des gicleurs et l’exposition à de forts volumes d’eau en cas de lutte contre un incendie.

Stratégies générales de gestion de l’eau

Polluants

Les polluants comprennent les gaz et composés volatils, les composés visqueux, comme les plastifiants et les graisses, ainsi que les matières solides, comme les poussières et les sels. La saleté provenant des zones de travail, des aires d’entreposage de matériaux et même des salles d’exposition peut se frayer un chemin jusque dans les emballages. La poussière sur la surface des objets métalliques peut contenir des sels déliquescents qui haussent le taux d’humidité local et accélèrent la corrosion du métal. Elle peut également être abrasive et longue à enlever.

Les matériaux d’emballage qui entrent en contact avec les objets doivent être soigneusement choisis si l’on veut prévenir les réactions chimiques nocives, la formation de taches et d’autres effets sur les surfaces. La présence de plastifiants ou de composés antiadhérents (utilisés en fabrication) sur des matériaux comme certains types de revêtements de plastique peut avoir pour effet de transférer des substances chimiques sur la surface des objets au fil du temps. Les matériaux d’emballage en bois et les peintures et enduits déconseillés pour les emballages peuvent libérer (ou dégager à l’état gazeux) des composés volatils (par exemple, acide acétique) susceptibles de s’accumuler dans le milieu clos d’un contenant de transport, et dont les concentrations peuvent atteindre un niveau qui présente un risque pour des objets sensibles entreposés pendant de longues périodes.

Stratégies générales de gestion des polluants

Variations de la pression et extrêmes

Des baisses de pression d’air peuvent se produire pendant le transport aérien ou le transport par camion dans de hautes chaînes de montagnes. C’est le transport aérien qui présente les variations de la pression et les extrêmes les plus marqués. Les variations de la pression peuvent causer le bris d’objets scellés hermétiquement et influer sur le point d’ébullition des liquides, et ainsi causer des fuites. Les caisses de pièces d’exposition scellées hermétiquement et sans caractéristiques d’équilibrage de pression (par exemple, sous forme de soufflets) peuvent se briser en raison des variations de pression pendant l’expédition. Les variations de pression peuvent accroître le taux d’échange d’air (fuite) des caisses d’emballage, ce qui peut nuire à leur capacité à contrôler la température et l’humidité. L’évacuation de l’air des caisses de plastique très hermétiques à haute altitude peut faire en sorte qu’elles soient difficiles à ouvrir après le retour à la pression atmosphérique normale. Ces caisses peuvent être dotées de joints d’étanchéité avec vide technique ou de soupapes d’équilibrage de pression manuelles ou automatiques.

Les variations de la pression peuvent modifier le volume de certains matériaux d’emballage et les forces que ces derniers exercent sur les objets. En théorie, elles peuvent aussi agir sur la teneur en humidité des matériaux, mais l’effet est si léger qu’il en devient négligeable, même dans le transport aérien. La pression atmosphérique normale – une atmosphère – à laquelle les récipients et autres formes d’emballage sont remplis est de 100 kPa (14,7 lb/po2). Pendant le transport aérien, la pression peut tomber à 0,55 atmosphère, soit 55,7 kPa (8,1 lb/po2), ce qui équivaut à la pression dans un aéronef dépressurisé volant à une altitude de 4,88 km (16 000 pi). La plupart des avions commerciaux peuvent maintenir la pression en cabine à son équivalent barométrique à 3,05 km (10 000 pi), soit à 0,7 atmosphère ou 70,9 kPa (10,2 lb/po2). Les avions-cargos modernes dont les soutes ne sont pas pressurisées peuvent monter jusqu’à 10 km (32 800 pi), et la pression dans la soute peut alors tomber à 0,24 atmosphère ou 24 kPa (3,5 lb/po2).

Stratégies générales de gestion des effets liés à la pression

Ravageurs

Les risques liés aux ravageurs comprennent les questions relatives aux bâtiments et aux installations des musées, de même que les aspects de la réglementation internationale relative aux expéditions, comme les Normes internationales pour les mesures phytosanitaires 15 (NIMP 15), qui visent à empêcher le transport d’organismes nuisibles entre pays dans les matériaux d’emballage en bois (consulter la section Normes internationales pour les mesures phytosanitaires).

Stratégies générales de gestion des ravageurs

Gestion générale des ravageurs

Réglementation sur les emballages

Consignes générales d’emballage

Outre les mesures d’atténuation de risques particuliers, il faut prendre en considération les lignes directrices générales suivantes :

Risques extrêmes et pertes catastrophiques

Quels que soient les efforts déployés pour prévoir les risques et concevoir les emballages en conséquence, un risque extrême (ou catastrophique) est toujours possible, comme une chute d’une hauteur imprévue ou un grave accident de véhicule. Malheureusement, on ne pourra jamais se prémunir contre tous les événements catastrophiques, que les objets soient expédiés à l’extérieur ou déplacés à l’interne. La meilleure chose que peut faire un expéditeur pour se prémunir contre les pertes catastrophiques est de recourir à des transporteurs réputés ayant une bonne feuille de route et de bonnes pratiques opérationnelles (plus particulièrement dans le cas du transport routier), de planifier des expéditions simples (en réduisant au minimum le nombre de points de transfert) et d’employer des manutentionnaires qualifiés qui mettent tout leur soin et toute leur attention dans les procédures de manutention, surtout lorsqu’il s’agit d’installer et de remballer des pièces d’exposition. Une communication efficace qui fait bien voir les besoins particuliers ou les précautions, des participants qui manifestent un souci et un intérêt pour le projet et une bonne collaboration tiennent une grande place dans le succès d’une expédition.

Quand on choisit des transporteurs, entrer en contact avec des clients des fournisseurs de services peut aider à juger des meilleures possibilités de transport. Le registre des détenteurs d’un certificat d’immatriculation d’utilisateur de véhicule utilitaire de l’Ontario et les services semblables dans d’autres régions du Canada ou aux États-Unis nous renseignent sur le rendement général en matière de sécurité d’un transporteur. Les données sont accessibles au public, aux expéditeurs, à l’industrie des transports, aux institutions financières de prêt, aux compagnies d’assurances et aux autres intéressésNote en fin de texte 55.

Partie 2 : Emballage

Sept méthodes de protection

Nous allons traiter de sept méthodes courantes de protection des objets illustrant l’éventail des mesures de protection à la disposition de l’emballeur et indiquant la façon d’appliquer certains des principes énoncés dans la partie 1. L’emballage final retenu pourrait faire appel à une ou à plusieurs de ces méthodes.

1. Conditionnement

Le conditionnement est couramment utilisé dans les musées. Les matériaux de conditionnement types sont, notamment, le papier mince sans acide, le papier cristal, le papier kraft, le Tyvek, le Mylar, le carton ondulé simple face, la mousse chimiquement stable et les pellicules de polyéthylèneNote en fin de texte 56.

Le conditionnement peut offrir les formes de protection suivantes :

Consignes de conditionnement
Peinture encadrée, posée sur un carton et enveloppée dans du Mylar et un film à bulles d’air

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120554-0001
Figure 23. Peinture encadrée, posée sur un carton et enveloppée dans du Mylar ou du polyéthylène que l’on fixe avec du ruban adhésif. Un film à bulles d’air peut être ajouté comme calage de base.

2. Remplissage des vides

Le remplissage des vides a plusieurs fonctions dans l’emballage d’objets d’art. Il peut :

Souliers remplis de papier mince, ce qui les aide à conserver leur forme

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124703-0041
Figure 24. Un remplissage à l’aide de papier mince aide les objets à conserver leur forme.

3. Supports ajustés

Les supports peuvent offrir une bonne protection en eux-mêmes, mais on peut aussi les utiliser comme base à une protection additionnelle. Les supports peuvent être sculptés dans des blocs de mousse ou comporter des nervures de soutien comme sur la figure 27Note en fin de texte 58. On peut fabriquer des jauges ou des calibres de profil simples pour faciliter la fabrication à la mainNote en fin de texte 59. Consulter la section Travail des matériaux de calage pour connaître d’autres ressources.

Lorsqu’on utilise des supports pour soutenir des objets de petite ou de moyenne taille dans de la mousse, les points suivants doivent être pris en considération :

Le support de la figure 25 sert à soutenir deux pots et s’insère dans une caisse avec calage (emballage à double caisse). Il est à noter que :

Pot fragile dans un support sculpté en mousse de polyéthylène

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0004
Figure 25. Pot fragile dans un support sculpté en mousse de polyéthylène.

La licorne de la figure 26 est un objet creux et fragile en terre crue qui comporte une base ouverte creuse et des parties en saillies fragiles. Il est à noter que :

Un objet creux en argile d’une forme complexe comportant des parties en saillie fragiles est inséré dans un support sculpté en polyéthylène

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0002
Figure 26. Un objet creux en argile d’une forme complexe comportant des parties en saillie fragiles est inséré dans un support sculpté en polyéthylène. (Consulter la section Travail des matériaux de calage.)

Un plateau d’argilite lourd et fragile comportant de nombreuses failles et fissures internes est bien soutenu sur un support sculpté en polyéthylène posé sur un accessoire en bois

© Musée canadien de l’histoire
Figure 27. Un plateau d’argilite lourd et fragile comportant de nombreuses failles et fissures internes est bien soutenu sur un support sculpté en polyéthylène posé sur un accessoire en bois (consulter la section Travail des matériaux de calage).

Un gros objet ayant une surface durable est protégé grâce à un support avec calage dans une caisse de grande taille

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124848-0002
Figure 28. Il est possible de bien protéger les gros objets aux surfaces durables grâce à un support avec calage dans une caisse de grande taille. À noter qu’on peut s’attendre à un certain mouvement entre l’objet et le support.

Supports pour grands objets

Les grands objets peuvent aussi être fixés solidement dans un support ajusté. Le dos de la statue de marbre de la figure 29 est placé contre une feuille de mousse de polyéthylène haute densité profilée sur un panneau de fond en contreplaqué, lui-même fixé au cadre en acier. Des sangles matelassées tiennent la sculpture en place. Les parties en saillie de la sculpture, qui représentent une faible proportion de la masse totale de l’objet, flottent librement. Le cadre en acier est rigide et résiste à la déformation. Il est conçu pour être changé de position et soulevé par un chariot élévateur à fourches et une grue en position horizontale en vue du transport. Le cadre de levage est une structure technique, et ses éléments doivent faire l’objet d’un contrôle de qualité (par exemple, qualité des soudures pendant la fabrication) pour assurer la sécurité de l’objet et des manutentionnaires.

Grande statue de marbre dans un cadre de déménagement en acier

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 80164-0357
Figure 29. Grande statue de marbre (reine Victoria, Bibliothèque du Parlement) dans un cadre de déménagement en acier.

4. Structures, cadres et accessoires de manutention

On utilise généralement les structures de manutention, auxquelles sont fermement fixés les objets à des points d’attache accessibles, pour des objets durables ou comme emballage intermédiaire pour des objets fragiles nécessitant un calage. Les structures de manutention bien conçues assurent une protection contre la déformation et aident à éviter les impacts ou l’abrasion pendant la manutention, mais elles protègent peu contre les chocs et les vibrations. Une couverture de déménagement ou une couche de mousse mince placée entre la structure de manutention et le plancher et la paroi d’un camion peut aider à absorber les vibrations à haute fréquence qui peuvent nuire à certaines attaches, à certains assemblages mécaniques ou à certains finis fragiles en surface pendant les déplacements courts. Il faut penser à ajouter un calage à la structure lorsqu’on transporte des objets fragiles ou que l’on prévoit des expéditions routières plus longues.

Points à considérer :

Illustration d’un cadre de type manutention-transport-mise en réserve conçu par le Musée des beaux-arts du Canada

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0044
Figure 30. Cadre MTR conçu par le Musée des beaux-arts du Canada. Les cadres MTR sont des structures simples souvent utilisées pour les peintures. Ils sont généralement faits de contreplaqué d’une épaisseur de 19 mm (3/4 po) et sont assemblés à l’aide de colle et de vis à bois.

Cadre profond de type manutention-transport-mise en réserve pour les anneaux de lustre en laiton

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122650-0001
Figure 31. Cadre MTR profond pour les anneaux de lustre en laiton (édifice de l’Ouest, Colline du Parlement). Les anneaux sont durables et ont été transportés à la main à l’intérieur et localement par camion uniquement dans le cadre MTR.

Squelette de globicéphale commun manutentionné à l’aide d’une structure de manutention

© Courtoisie de The Rooms Corporation of Newfoundland and Labardor et Randy Batten
Figure 32. Squelette de globicéphale commun manutentionné à l’aide d’une structure de manutention.

Carriole dans une structure simple avec calage prête pour son transport de retour

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 74463-0065
Figure 33. Carriole dans une structure simple avec calage qui sera mise en caisse par un manutentionnaire d’objets d’art pour son transport de retour après avoir reçu un traitement. Comme la structure est légèrement flexible, les attaches servant à fixer la carriole partent toutes du panneau rigide de la base. Les points d’attache sur la carriole sont légèrement matelassés.

5. Calage protecteur (amortisseur)

Un calage amortisseur peut être conçu pour fournir un degré déterminé de protection contre les chocs de tous les côtés d’un objet ainsi qu’une protection contre les vibrations. Il convient particulièrement dans les cas suivants :

De la mousse résiliente, des élingues, des ressorts et des membranes peuvent servir d’amortisseur. Le calage en mousse est un choix courant dans les applications muséales parce qu’il est peu coûteux, facile à obtenir et à travailler et qu’il est très efficace lorsqu’il est bien utilisé. Les coussinets en mousse peuvent être réutilisés à maintes reprises, et l’on peut les interchanger entre les applications s’ils ne sont pas collés à l’emballage. Cette manœuvre est possible avec les pièces pour encapsulation, les coussins protecteurs de coins ou les embouts illustrés dans le tableau 19.

Pour tirer le meilleur parti possible d’un calage amortisseur, il faut faire en sorte que l’objet calé ne soit pas trop lâche et qu’il ne tende pas à vibrer. Les fondements techniques de cette consigne et des mesures pratiques sont donnés à la partie 1.

Le tableau 19 présente différentes façons classiques de disposer les coussinets de calage pour quatre formes courantes d’objet, mais il en existe bien d’autres. Le calage peut être placé directement sur les objets de formes simples et à surfaces durables. En ce qui a trait aux objets de formes irrégulières, ou encore aux surfaces délicates ou comportant des parties en saillie fragiles, on peut les placer dans un support ou un accessoire de manière à créer un objet de forme simple sur lequel le calage pourra être placé.

Points à prendre en considération pour la disposition du calage :

Tableau 19 : Exemples de dispositions classiques du calage pour quatre formes courantes d’objet
Encapsulation
Le calage intégral assure une protection matérielle et une isolation thermique; la plupart des matériaux de calage sont aussi de bons isolants. Il faut s’assurer que l’ajustement n’est pas trop étroit, car l’objet sera immobilisé et l’efficacité du calage diminuera. Un conditionnement en polyéthylène peut aider l’objet à glisser facilement sur le calage protecteur.
Coussins protecteurs de coins
Les coussins protecteurs de coins assurent une très bonne protection à peu de frais.
Embouts
Les embouts peuvent être monobloc pour les objets de petite ou de moyenne taille. Les embouts en deux pièces permettent d’accéder plus facilement, par le haut, au contenu des caisses intérieures lourdes à chargement sans avoir à retirer les caisses des contenants de transport.
Calage pour peintures
On peut doter de coussins protecteurs de coins les peintures de petite ou de moyenne taille se trouvant dans un cadre durable, un cadre de transport ou un cadre MTR de façon qu’elles puissent flotter librement. On peut couvrir tout le périmètre en ajoutant des cales intermédiaires; une couverture intégrale peut également être appliquée si l’objet est lourd.

Remarque : L’objet calé peut être un objet d’art, une combinaison objet-support, un cadre ou un coffrage de transport ou la caisse intérieure d’un emballage à double caisse. Il existe de nombreuses autres possibilités de disposition du calage.

Une fois qu’on a déterminé la disposition et la couverture du calage, il faut choisir (ou vérifier) le type de matériau et l’épaisseur qui conviennent, en fonction des risques de chute, en utilisant les courbes dynamiques de calage. Des outils de conception fondés sur ces courbes sont également offertsNote en fin de texte 60. Si l’emballeur souhaite utiliser un matériau précis, il peut apporter des modifications à la couverture pouvant faire en sorte que ce matériau atteigne les valeurs de rendement requises. Si ces valeurs ne peuvent pas être atteintes avec une couverture raisonnable, il devra songer à utiliser un autre matériau.

Le tableau 20 présente un guide d’application rapide pour deux matériaux de conditionnement et plusieurs matériaux en mousse. Il indique la combinaison de l’épaisseur minimale et de la plage de valeurs de charge qui permet de limiter les chocs à la catégorie des objets délicats, de 40 g à 60 g, pour une hauteur de chute de 76 cm (30 po).

Tableau 20 : Épaisseur du calage et charge statique (P/Z) pouvant limiter les chocs à la catégorie des objets délicats (de 40 g à 60 g) ou mieux pour une hauteur de chute de 76 cm (30 po)
Matériau Épaisseur : 50 mm (2 po) Épaisseur : 76 mm (3 po) Épaisseur : 100 mm (4 po)
Film à bulles d’air
(SD-240 à grosses bulles de 12,7 mm [1/2 po])
Plus de 60 g 0,002 à 0,033 kg/cm2
(0,035 à 0,464 lb/po2)
0,002 à 0,033 kg/cm2
(0,035 à 0,464 lb/po2)

Consulter la remarque 2
Ouate de cellulose
(matériau recyclé à base de papier)
Plus de 60 g 0,002 à 0,004 kg/cm2
(0,033 à 0,062 lb/po2)
0,002 à 0,009 kg/cm2
(0,033 à 0,126 lb/po2)
Mousse de polyéthylène
(Ethafoam 220)
33 kg/m3 (2,0 lb/pi3)
0,025 à 0,050 kg/cm2
(0,356 à 0,717 lb/po2)
0,011 à 0,135 kg/cm2
(0,151 à 1,916 lb/po2)
0,008 à 0,124 kg/cm2
(0,115 à 1,769 lb/po2)
Mousse de polyéthylène
(Ethafoam HS-45, 400)
64 kg/m3 (4,0 lb/pi3)
0,048 à 0,061 kg/cm2
(0,677 à 0,868 lb/po2)
0,020 à 0,131 kg/cm2
(0,289 à 1,867 lb/po2)
0,020 à 0,131 kg/cm2
(0,291 à 1,867 lb/po2)
Polyéthylène réticulé chimiquement
33 kg/m3 (2,0 lb/pi3)
0,003 à 0,041 kg/cm2
(0,042 à 0,580 lb/po2)
0,013 à 0,123 kg/cm2
(0,188 à 1,800 lb/po2)
0,011 à 0,123 kg/cm2
(0,160 à 1,830 lb/po2)
Ester de polyuréthane
(mousse « grise » à alvéoles ouvertes)
24 kg/m3 (1,5 lb/pi3)
Plus de 60 g 0,003 à 0,049 kg/cm2
(0,044 à 0,701 lb/po2)
0,002 à 0,080 kg/cm2
(0,029 à 1,140 lb/po2)
Ester de polyuréthane
(mousse « grise » à alvéoles ouvertes)
33 kg/m3 (2,0 lb/pi3)
0,006 à 0,039 kg/cm2
(0,079 à 0,550 lb/po2)
0,003 à 0,066 kg/cm2
(0,053 à 0,933 lb/po2)
0,004 à 0,102 kg/cm2
(0,050 à 1,453 lb/po2)
Éther de polyuréthane
(mousse de rembourrage/d’emballage)
24 kg/m3 (1,5 lb/pi3)
0,002 à 0,011 kg/cm2
(0,029 à 0,150 lb/po2)
0,002 à 0,012 kg/cm2
(0,029 à 0,229 lb/po2)
0,002 à 0,020 kg/cm2
(0,029 à 0,280 lb/po2)
Éther de polyuréthane
(mousse de rembourrage/d’emballage)
33 kg/m3 (2,0 lb/pi3)
0,002 à 0,016 kg/cm2
(0,032 à 0,227 lb/po2)
0,002 à 0,020 kg/cm2
(0,032 à 0,289 lb/po2)
0,002 à 0,030 kg/cm2
(0,032 à 0,440 lb/po2)

Remarques :

  1. Source des données : MIL-HDBK-304B.
  2. Plage de valeurs de charge pour 76 mm (3 po) faute de données pour 100 mm (4 po).

Pour obtenir un rendement optimal du calage :

Travail des matériaux de calage

La plupart des matériaux de calage en mousse peuvent être découpés à la scie à ruban, et les différents composants du calage peuvent être collés à l’aide de colle thermofusible (veiller à assurer une bonne ventilation). Pour obtenir une belle apparence, on peut tailler le calage à la scie à ruban après le collage, mais il faut éviter de tailler les faces larges, sauf s’il est nécessaire de réduire l’épaisseur du calage. Les longs couteaux à filets, les couteaux à découper électriques et les couteaux universels sont aussi très utiles pour découper les matériaux en mousse. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les matériaux, les outils et le travail de la mousse et du plastique, consulter le Bulletin technique 14 Travail de la mousse de polyéthylène et des feuilles de plastique cannelées ainsi que Supports pour objets de muséeNote en fin de texte 61.

6. Calage de la base

On peut protéger les gros objets lourds en calant leur base uniquement, ce qui peut aider à les isoler des vibrations verticales et des chocs verticaux, de même qu’à prévenir tout desserrement des attaches et des assemblages mécaniques.

Les figures 35a et 35b présentent un exemple de calage de la base pour un appareil industriel. Il est à noter que :

Quand on se sert d’un calage de la base, il faut :

Calage de la base d’objets comme de gros appareils lourds

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0046
Figure 34. Calage de la base d’objets comme de gros appareils lourds; utiliser un couvercle ou des protecteurs d’angle au haut pour protéger l’objet contre les charges d’élingage. Le matériau de calage est collé à la base sur patins et au-dessous de la plateforme de soutien. Les ressorts stockent l’énergie de rebond dans cet exemple.

7. Bloquer, arrimer et retenir

On utilise des éléments de blocage, d’arrimage et de retenue dans les grands conteneurs intermodaux ou pour assujettir les parties fragiles d’objets ou d’assemblages également fragiles. Les pièces de retenue que les fabricants de machines à laver installent pour assujettir et immobiliser la cuve sur ressorts et que le client doit retirer après la livraison sont un bon exemple de ce type d’élément. L’immobilisation du pendule d’une horloge de parquet avant son transport en est un autre exemple.

Dynamique des emballages

Lorsqu’on applique des mesures de protection, il faut tenir compte des effets dynamiques. Il est important de bien comprendre le comportement dynamique de l’emballage et de ses éléments pour prévenir les dommages matériels. Par exemple, il faut laisser bouger les objets fragiles sur leur calage protecteur pour les protéger contre les chocs et les vibrations, mais les mouvements à l’intérieur de l’emballage et entre les parties de celui-ci peuvent être un problème s’ils se produisent au mauvais endroit, concentrent les forces sur des points vulnérables ou produisent des effets secondaires. Les considérations suivantes permettront de tirer le maximum du temps consacré à l’emballage, des matériaux d’emballage et des services de transport de qualité, et d’éviter les dommages causés par des forces faibles qui n’ont généralement aucun effet négatif sur les objets.

Emballage à double caisse

L’emballage à double caisse combine plusieurs des méthodes qui précèdent et peut assurer un haut niveau de protection aux objets qui posent un défi particulier et qui présentent des surfaces fragiles, des dommages existants, des pièces en saillie fragiles ou des formes irrégulières. Il peut servir à expédier des objets d’art contemporain hautement fragiles, des bustes en marbre, des pièces en argilite, etc.

Emballage à double caisse à chargement par le côté pour sept pièces en argilite, présenté sans le panneau de dessus et de devant de la caisse extérieure
© Musée canadien de l’histoire
Emballage à double caisse à chargement par le côté pour sept pièces en argilite, présenté sans le panneau de dessus et de devant de la caisse extérieure
© Musée canadien de l’histoire
Figures 35a et 35b. Emballage à double caisse à chargement par le côté pour sept pièces en argilite, présenté sans le panneau de dessus et de devant de la caisse extérieure. On peut voir le support complet et la fixation du plateau de la figure 27 emballés près du bas de la caisse intérieure. À noter que les coussins protecteurs de coins ne sont pas collés à la caisse intérieure ni au contenant de transport.

L’objet calé dans un emballage à double caisse est la caisse intérieure, le support ou l’accessoire de manutention. Il peut contenir un ou plusieurs articles et l’on peut l’emballer fermement, avec soin, pour garantir de bonnes conditions de soutien et de retenue, tout en prévenant les collisions ou les effets négatifs (consulter la section Dynamique des emballages). Les emballages à double caisse peuvent être réutilisés souvent. Il existe un guide pratique sur la fabrication des coussins protecteurs de coins pour les emballages à double caisseNote en fin de texte 63.

Les avantages de ce type d’emballage sont les suivants :

Contenants de transport

Les contenants de transport constituent la première ligne de défense contre les impacts, les perforations, les bosses, l’abrasion et les effets des conditions ambiantes. Ils vont du simple contenant en carton ondulé au grand conteneur en acier pour expédition à l’étranger.

Contenants de carton ondulé

Les contenants de carton ondulé servent aux expéditions locales et aux expéditions de la source à la destination par des réseaux à faible risque (manutentionnaires d’objets d’art). Ils sont légers et peu coûteux et peuvent être réutilisés ou recyclés. Ils comprennent les simples boîtes de carton, les cartons à miroirs (pour les peintures) et les contenants durables faits de carton ondulé triple cannelure capables de supporter de grandes charges. Les contenants de carton ondulé triple cannelure peuvent servir de caisses extérieures ou de caisses intérieures dans un emballage à double caisse (Note de l’ICC 1/4 Fabrication d’une caisse de carton ondulé triple cannelure)Note en fin de texte 64.

Contenant robuste, peu coûteux et facile à fabriquer fait de carton ondulé triple cannelure très résistant

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0063
Figure 36. Contenants robustes, peu coûteux et faciles à fabriquer faits de carton ondulé triple cannelure très résistant (Note de l’ICC 1/4 Fabrication d’une caisse de carton ondulé triple cannelure).

Contenant de carton ondulé et calage protecteur ajouté à un emballage existant

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 98010-0062
Figure 37. Les contenants de carton ondulé permettent d’ajouter facilement du calage protecteur à un emballage existant. La caisse de transport d’origine à l’intérieur continue d’assurer une protection durable contre les perforations. Cette méthode a été utilisée pour retourner à un client du Grand Nord canadien un emballage intérieur contenant un objet placé sur un support sculpté ferme. Les coussins protecteurs de coins sont identiques à ceux de la figure 12.

Lorsqu’on utilise des contenants de carton ondulé, il faut tenir compte de leurs limites, notamment de leur vulnérabilité aux perforations, à l’écrasement, aux déformations ainsi qu’à l’eau et à un taux d’humidité élevé. Une exposition prolongée à un taux d’humidité élevé peut réduire au moins de moitié la résistance de certains cartons ondulés. Des cannelures ouvertes peuvent aussi abriter des insectes parasites. Les cannelures du carton ondulé triple cannelure sur les figures 36 et 37 ont été recouvertes de ruban kraft autocollant renforcé.

Les feuilles ondulées sont composées de cannelures sur un cartonnage de papier (figure 38). Les cannelures peuvent être faites de papier recyclé ou d’un autre matériau et peuvent comporter des adhésifs à base d’amidon ou de polymère qui résistent mieux aux conditions humides. Les tailles de cannelures les plus répandues pour les contenants de transport en carton ondulé sont A, B et C.

Le cartonnage peut être fait de différents types de papier (par exemple, papier kraft ou autre) de poids varié. Des adhésifs imperméables peuvent également être utilisés avec du carton ondulé traité à la cire ou par d’autres moyens en vue d’une utilisation dans des conditions d’humidité élevée ou d’un contact possible avec l’eau.

Le carton ondulé se présente sous plusieurs formes : simple face (une couche de papier), simple cannelure (deux couches de papier), double cannelure (trois couches de papier), triple cannelure (quatre couches de papier). Le carton ondulé simple face sert de matériau de conditionnement protecteur et de calage de base. Il s’agit d’un matériau flexible d’emballage primaire qui peut servir à la fabrication de coussinets et de tubes. Le carton ondulé simple cannelure est le plus répandu dans le domaine industriel. On s’en sert pour fabriquer des contenants et des cloisons intérieures de caisse. Le carton ondulé double cannelure est utilisé lorsqu’une résistance et une rigidité accrues sont requises. Il sert à la fabrication de contenants pour produits volumineux (machines, vaisselle, meubles, etc.). Le carton ondulé triple cannelure est utilisé avec des objets gros et lourds qui nécessitent une grande résistance. Il sert à la fabrication de contenants très durables. Il remplace le bois pour la fabrication de bacs et de caisses de vrac. Le carton ondulé à cannelures multiples peut comporter un ou plusieurs types de cannelures.

Types de cannelures du carton ondulé : simple face, simple cannelure, double cannelure et triple cannelure

© Gouvernement du Canada. Institut canadien de conservation. ICC 120714-0047
Figure 38. Simple face, simple cannelure, double cannelure et triple cannelure.

Les valeurs de résistance courantes du carton s’appliquent lorsque des contenants de carton ondulé doivent être empilés ou palettisés. Il existe maintenant des directives en matière de résistance pour le transport de boîtes individuelles par des services de messagerie. Il est à noter que la protection qu’offrent les boîtes de carton diminue avec l’usage. Avant de réutiliser une boîte de carton, il faut s’assurer qu’elle est en bon état, exempte de déchirures et de perforations, que ses coins ne sont pas endommagés et que ses rabats ne sont pas déchirés.

Caisses de transport (caisses ATA, de vol et de route)

Les caisses de transport sont des contenants durables et légers faits de panneaux de contreplaqué stratifié maintenus ensemble par des profilés en aluminium rivetés. Elles ont été conçues au début des années 1960 par des spécialistes des emballages pour le transport aérien. Elles peuvent être de toute taille requise, et l’on peut trouver des fabricants locaux dans la plupart des grandes villes. Les panneaux de caisse sont faits de plastique ou de contreplaqué recouvert de plastique ABS ou d’aluminium et ont généralement 6,35 mm ou 12,7 mm (1/4 po et 1/2 po) d’épaisseur. Il existe deux catégories de caisses ATA : la catégorie 1, caisses régulières réutilisables pour au moins 100 déplacements aller-retour, et la catégorie 2, caisses réutilisables pour 10 déplacements.

Caisse de transport avec panneaux en aluminium ou en contreplaqué stratifié maintenus ensemble par des profilés en aluminium rivetés

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0048
Figure 39. Caisse de transport avec panneaux en aluminium ou en contreplaqué stratifié maintenus ensemble par des profilés en aluminium rivetés. Cette caisse comporte également des coins arrondis robustes ainsi que des poignées et des loquets encastrés.

Les caisses de transport peuvent être utilisées seules comme contenants de transport ou encore comme caisses intérieures d’emballages à double caisse. Il existe toutes sortes de pièces et d’accessoires permettant de personnaliser les caisses de transport : dispositifs de fermeture variés, cloisons intérieures, roulettes, poignées rétractables et coins arrondis robustes, pour n’en citer que quelques-uns.

Il existe aussi des caisses de plastique et d’aluminium qui respectent les catégories de l’ATA. Les caisses de plastique offrent une grande résistance à l’humidité et aux produits chimiques. Les plastiques utilisés actuellement pour la fabrication des caisses constituent une nette amélioration par rapport aux matériaux antérieurs, comme la fibre de verre, qui a tendance à se briser à basse température. Les caisses de plastique ont également un TPVE faible et offrent une bonne étanchéité à l’eau. Les caisses d’aluminium sont offertes dans différentes tailles, et certains fabricants peuvent en fabriquer sur mesure. De très grosses caisses d’aluminium ont été utilisées à la place de caisses de bois pour de grands objets afin de réduire le poids de l’emballage, mais ces caisses sont très coûteuses.

Caisses de bois

Les caisses de bois offrent une excellente protection aux objets de valeur et sont prisées comme emballages muséaux. Il est possible d’en fabriquer de presque toutes les tailles avec des outils et du matériel d’atelier courants. De plus, une caisse de bois bien faite peut être réutilisée à maintes reprises.

Caisses types pour le transport d’objets au pays ou à l’étranger auxquelles on a ajouté des patins et des poignées

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0050
Figure 40. Caisses types pour le transport d’objets au pays ou à l’étranger. Il s’agit de caisses de conception standard (par exemple, ASTM D6251) auxquelles on a ajouté des patins et des poignées.

Les normes publiées sur la fabrication des caisses peuvent guider les ébénistes qui n’ont pas d’expérience dans le domaine. Si une caisse a été conçue selon les normes (ou l’équivalent), cela peut aider en cas de demande d’indemnisation. En plus des spécifications précisées dans les normes, les caisses qu’utilisent les musées doivent présenter les caractéristiques spéciales décrites ci-après (consulter la section Caractéristiques d’une bonne caisse).

De nombreux organismes ont conçu des modèles de caisses pour répondre à leurs besoins et les ont améliorés au fil des ans. Il n’est pas rare que ces modèles présentent des caractéristiques communes avec certaines normes existantes.

Ces normes sont publiées par des organismes comme l’ASTM et les établissements militaires. Certaines se retrouvent en ligneNote en fin de texte 65. Les publications d’organismes commerciaux, comme l’Engineered Wood Association, fournissent des détails de fabrication résumés sous forme de tableauxNote en fin de texte 66. Il existe également des logiciels portant sur la fabrication de caisses types (Crate Pro)Note en fin de texte 67. La norme ASTM D6251 est un exemple de norme sur la fabrication de caisses pour le transport au pays ou à l’étranger de produits commerciaux qui convient à de nombreuses applications muséales.

Tableau 21 : Catégories de caisses et normes pour les applications légères, intermédiaires et robustes
Catégorie Normes
Application légère
(jusqu’à 454 kg [1 000 lb])
ASTM D6251
PPP-B-601
Application intermédiaire
(jusqu’à 1 134 kg [2 500 lb])
ASTM D6256
MIL-B-26195
Application robuste
(jusqu’à 13 608 kg [30 000 lb])
ASTM D7478
MIL-C-104

Le contreplaqué est couramment utilisé pour la fabrication de caisses. Même si les musées privilégient généralement le contreplaqué de 12,5 mm (1/2 po) d’épaisseur, le contreplaqué le plus mince offert assure une bonne protection, d’après les données suivantes sur une caisse fabriquée avec du contreplaqué de 9,53 mm (3/8 po)Note en fin de texte 68 :

Certains musées possèdent des installations de fabrication de caisses. D’autres se procurent leurs caisses auprès de fournisseurs extérieurs qui peuvent garantir la qualité du confinement et de l’emballage, ce qui peut aider en cas de demande d’indemnisation. Dans les expéditions commerciales, les caisses conformes aux normes peuvent aussi faire baisser les tarifs d’assurance.

Bâti d’une caisse assurant la rigidité (à gauche) et la résistance à l’empilement (à droite)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0051
Figure 41. Bâti d’une caisse assurant la rigidité (à gauche) et la résistance à l’empilement (à droite).

Caractéristiques d’une bonne caisse

Une bonne caisse doit avoir les caractéristiques suivantes :

Shéma des dimensions courantes des transpalettes

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0053
Figure 42. Dimensions courantes des transpalettes.

Dispositifs de fermeture des caisses de bois

Les trois dispositifs de fermeture les plus courants sont les loquets, les plaques et les vis (figure 43). Les vis à rondelle assujettissent fermement les couvercles de caisse. Les loquets et les plaques représentent un bon choix s’il faut ouvrir et fermer la caisse à plusieurs reprises; ils évitent la perte de résistance des vis dans le bois après un usage répété.

Dispositifs courants de fermeture de caisse : loquets encastrés (à gauche), plaques (au milieu) et vis (à droite)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120714-0054
Figure 43. Dispositifs courants de fermeture de caisse. Loquets encastrés (à gauche), plaques (au milieu) et vis (à droite).

Caisses démontables

On entend deux choses par caisse démontable :

Il est possible de se procurer des attaches pour fabriquer des caisses démontables commerciales en bois auprès d’entreprises comme Hardy-Built Systems, Nefab et Klimp IndustriesNote en fin de texte 69. Les figures 44a à 44d illustrent un modèle de caisse démontable conçu à l’ICC pour l’expédition de peintures dans des réseaux à faible risque. Cette caisse a été utilisée à maintes reprises pour retourner des articles à des clients après un traitement en faisant appel à un manutentionnaire d’objet d’art réputé qui offre un transport par camion de la source à la destination avec surveillance constante. Avec ce type de caisse, le client n’a qu’à assumer les coûts du cadre MTR (qui peut être utilisé pour l’entreposage ou réutilisé) et des panneaux en carton ondulé, ainsi que les coûts pour le renvoi des composants de la caisse réutilisable (pièces du cadre profilé et coussins protecteurs de coins) par un transporteur public.

Caisse à cadre profilé avec carton ondulé triple cannelure
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124851-0141
Caisse à cadre profilé dont la caisse intérieure est calée
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124851-0143
Éléments d’une caisse à cadre profilé qui sont démontés pour l’expédition
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124851-0149
Éléments d’une caisse à cadre profilé qui sont emballés pour l’expédition
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124851-0150
Figures 44a, 44b, 44c et 44d. La caisse à cadre profilé de l’ICC est une solution de rechange légère et durable à la caisse classique pour l’expédition par un réseau de transport à faible risque. La boîte de carton contenant les coussins protecteurs de coins est comprise dans l’envoi.
Précautions applicables aux caisses légères

Il est possible d’utiliser des caisses légères pour expédier des objets dans des conditions de transport contrôlées, mais il faut alors faire appel aux services d’un transporteur réputé qui assurera une surveillance constante, comme un manutentionnaire d’objet d’art offrant un transport de la source à la destination. Il faut également bien comprendre les limites d’un tel emballage, sinon, les risques de dommages pourraient être élevés, même pour un simple transport de la source à la destination.

Peinture à l’extérieur et à l’intérieur des caisses de bois

Une caisse dont l’extérieur a été peint peut être plus facile à trouver dans un entrepôt encombré. Des marques sur la peinture extérieure peuvent également indiquer au destinataire que la caisse a été manipulée rudement et qu’il devrait en inspecter rapidement le contenu à la livraison pour constater tout dommage. De même, une couche de peinture à l’extérieur de la caisse peut limiter le taux de perméation de l’humidité à travers les parois.

Le type de peinture utilisé pour l’extérieur des caisses n’a pas vraiment d’importance, et l’emballeur peut choisir celui qui lui convient. Certains fabricants de caisses préfèrent une peinture à fini transparent pour que l’estampillage du traitement thermique soit visible (consulter la section Normes internationales pour les mesures phytosanitaires).

L’intérieur de la caisse peut être laissé sans revêtement ou non peint si le contenu est enveloppé ou s’il n’est pas destiné à y rester longtemps. Il peut être bon de revêtir la surface intérieure d’une caisse dans les cas suivants :

Les peintures suivantes conviennent à la finition intérieure des caissesNote en fin de texte 70 :

Il est à noter qu’elles devront sécher à fond (on recommande quatre semaines) avant que les caisses puissent être utilisées.

Il y a des peintures et des enduits qui ne devraient jamais être utilisés à l’intérieur des caisses de transport, car ils dégagent des composés susceptibles de réagir avec les matériaux des objets. Il faut éviter tout revêtement qui se forme par polymérisation oxydative, notamment :

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires

Les normes et réglementations phytosanitaires internationales s’appliquent à la fois aux matériaux d’emballage en bois et au contenu de l’emballage. La norme NIMP 15 est résumée ici, mais le lecteur devrait consulter la norme même pour obtenir des informations détailléesNote en fin de texte 71. Il est également recommandé au lecteur de consulter l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) pour connaître les exigences les plus récentes et les catégories d'objets de musée et d'œuvres d’art applicablesNote en fin de texte 72.

Les matériaux d’emballage en bois utilisés pour l’expédition internationale sont soumis à la réglementation décrite dans la norme NIMP 15. Cette norme a été émise par la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) afin d’harmoniser la réglementation en matière d’importations à l’échelle mondiale et de prévenir ainsi la propagation des insectes nuisibles. Au Canada, le programme de la CIPV est géré par la Division de la biosécurité des végétaux et de la foresterie de l’ACIA. Le gouvernement du Canada, par l’intermédiaire de l’ACIA, exige que tous les produits en bois massif qui quittent le Canada soient certifiés en vertu de la CIPV.

La norme NIMP 15 s’applique à tous les emballages de bois massif de plus de 6 mm (0,24 po) d’épaisseur expédiés à l’étranger, y compris les caisses, leurs composants (patins, éléments de bâti, etc.), les palettes et même le bois de calage (utilisé à l’intérieur des emballages notamment pour bloquer ou arrimer; par exemple, cadres MTR).

Il existe trois façons pour l’emballeur de répondre aux exigences de la norme NIMP 15.

Les emballages en bois conformes aux exigences de la norme NIMP 15 portent des marques permanentes qui sont lisibles et visibles lorsque l’emballage est utilisé. La figure 45 illustre le marquage type, qui comprend le symbole de la CIPV à gauche, un code ISO de pays suivi du logo de l’organisation nationale de la protection des végétaux (ONPV) chargée de contrôler le bon usage du bois (l’ACIA au Canada) et la méthode de traitement (par exemple, HT 56/30 pour le traitement thermique à une température interne de 56 °C pendant 30 minutes, MB pour le traitement au bromure de méthyle ou DH pour le chauffage diélectrique). Les caisses peuvent être recouvertes d’un revêtement transparent qui ne dissimule pas ces marques.

Tampon de traitement thermique indiquant le code du pays, le code du fabricant ou du fournisseur de traitement et le code de traitement

Droit d'auteur du domaine public Domaine public
Figure 45. Un tampon de traitement thermique indiquant le code du pays (XX), le code du fabricant ou du fournisseur de traitement (un code constitué de chiffres et de lettres qu’assigne l’ACIA à chaque entreprise) et le code de traitement (YY).

Rendement des emballages

De simples essais de chute de caisses contenant des charges simulées sur un plancher de béton peuvent fournir de précieux renseignements sur l’intégrité et le rendement des caisses, surtout si celles-ci sont de conception irrégulière. La norme ASTM D4169, entre autres, fournit des procédures détaillées d’essai de rendement des emballagesNote en fin de texte 73. Il est possible de mesurer l’effet tampon contre les variations de la température des emballages au moyen d’essais très simples et à l’aide de matériel de base si des données de rendement précises sont requisesNote en fin de texte 74.

Indicateurs et enregistreurs de données d’expédition

On trouve, sur le marché, nombre d’indicateurs et d’enregistreurs de données sur les chocs et les vibrations, dont certains permettent également de relever la température, l’humidité et la pression. Ils peuvent :

Indicateurs

Les indicateurs sont des moyens simples et peu coûteux d’obtenir des données sur les extrêmes de température, les épisodes de gel, les extrêmes d’humidité, les changements de position (inclinaison), les chocs excédant les limites prescrites, etc. La principale lacune des indicateurs est qu’ils ne donnent pas de relevé chronologique de leur activation. De nos jours, plusieurs indicateurs de chocs comportent un simple compteur qui est actionné au début d’une expédition et qui s’arrête quand un niveau de choc préétabli (par exemple, de 25 g ou de 50 g selon le modèle) est dépassé une première fois. Comme les événements d’importance sont peu fréquents, cela permet de déterminer le moment où un événement pouvant causer des dommages s’est produit.

Enregistreurs d’événements

Les enregistreurs d’événements sont plus performants que les indicateurs, car ils peuvent recueillir des données sur les chocs, la température, l’humidité, etc., dans des intervalles de temps définis par l’utilisateur. Des enregistreurs de chocs peu coûteux permettent d’enregistrer les chocs dans une direction (uniaxial) ou trois directions (triaxial). Ces enregistreurs, et leur logiciel (s’il y a lieu), sont généralement assez conviviaux.

Enregistreurs de formes d’onde

Les enregistreurs de formes d’onde permettent de recueillir diverses données en fonction du temps, notamment sur les chocs et les vibrations. Ces données peuvent aussi être recueillies dans une direction (uniaxial) ou trois directions (triaxial). Un logiciel d’analyse peut servir à établir la cause des impacts et les dommages que ceux-ci peuvent provoquer. Certains outils logiciels peuvent également fournir une représentation visuelle de la trajectoire d’un emballage qui a mené à l’impact. Il est aussi possible de coordonner les enregistreurs avec des données de géolocalisation pour obtenir des précisions sur le déplacement (par exemple, emplacement et vitesse du véhicule, points d’arrêt). Ces dispositifs, et leur logiciel, sont plus spécialisés et destinés à des utilisateurs connaissant les concepts, les termes, les quantités et les mesures liés aux vibrations.

Enregistreurs de température et d’humidité

Il existe de nombreux enregistreurs commerciaux permettant d’obtenir des données sur la température et l’humidité. À noter que, pendant la surveillance de l’HR, un enregistreur placé dans le volume d’air (espace libre) entourant un objet emballé peut indiquer des fluctuations importantes d’HR. Pour un espace libre dont la température est initialement de 20 °C (68 °F) et dont l’HR est de 50 %, une augmentation ou une baisse de température de 5 °C (9 °F) fera passer l’HR de 50 % à 37 % ou à 68 %, selon le cas. Si le pare-humidité est efficace et que suffisamment de matériaux hygroscopiques sont placés dans l’emballage, le taux d’HR retournera à une valeur proche de la valeur initiale avec très peu de transfert d’humidité entre le volume d’air de l’espace libre et l’objet.

Conclusion

Les principales préoccupations liées à l’expédition sont les risques matériels, le contrôle permanent des objets ou de leurs parties et les effets des conditions ambiantes. Bien qu’il soit important de se soucier des aspects matériels, les activités liées au transport, comme l’emballage, le déballage ainsi que l’installation des objets en salle d’exposition et leur retrait peuvent aussi présenter des risques importants pouvant être atténués, en partie, par une bonne conception des emballages.

Dans l’optique d’une expédition, il est important de tenir compte de l’interaction entre les objets et l’emballage pour s’assurer que la rigidité de l’emballage convient au moyen de distribution choisi et que l’emballage peut limiter efficacement les risques prévisibles. Dans le cas des objets de valeur qui se prêtent au transport, les exigences en matière d’emballage peuvent être réduites et la marge de sécurité peut être augmentée si l’on restreint l’exposition inutile aux risques en choisissant bien le transporteur et en planifiant l’expédition, ce qui peut se révéler grandement bénéfique, surtout si la vulnérabilité d’un objet aux dommages n’est pas déterminée et que les possibilités de vérifier le rendement de l’emballage sont limitées.

Quel que soit le réseau de transport choisi, un certain degré d’exposition aux risques demeure inévitable. Même s’il est important de tenir compte des risques, comme les chocs, et de les limiter, les données sur la fragilité des objets, qui permettent d’établir les exigences en matière de calage, sont souvent absentes ou approximatives, et ce n’est là qu’une partie du défi auquel on doit faire face pour protéger les objets d’art contre les dommages matériels. Les caractéristiques dynamiques dont nous avons parlé permettront de tirer le maximum des services de transport et des emballages de qualité, que les articles expédiés soient fragiles ou durables. Au moment de concevoir un emballage, si l’on tient compte de tous les éléments qui peuvent entrer en jeu, on augmente ses chances de créer un emballage efficace contre les effets combinés de tous ces éléments. De plus, l’application de mesures de gestion des risques individuelles peut présenter de nombreux avantages.

En portant une attention particulière aux questions fondamentales, comme l’emballage primaire et les éléments d’interaction dynamique, il est possible de tirer grandement parti des ressources en emballage. Dans les applications muséales, l’emballage primaire est un bon moyen de parer à la fragilité incertaine ou cachée d’un objet et d’accroître sa durabilité en vue de son transport. De nombreux effets liés aux conditions ambiantes peuvent être gérés à cette étape de l’emballage. De même, le domaine de l’emballage nous renseigne sur l’évaluation des risques, les méthodes de conception et le rendement des matériaux, et cette information peut facilement être transposée au domaine de l’expédition des objets d’art. Nous avons proposé des objectifs de rendement pour les objets d’art, ainsi que des moyens de gestion pour atténuer l’exposition aux risques.

Bien qu’il y ait des limites à ce qui peut être expédié en toute sécurité dans des emballages à prix abordable, les diverses options d’emballage dont on a discuté ici peuvent aider à réduire les risques dans un large éventail d’applications. Les musées qui utilisent des réseaux de transport à conditions contrôlées peuvent atteindre un bon niveau de sécurité en plaçant les objets dans des emballages qui offrent un bon rapport efficacité-coût et qui gardent le niveau de risque bien au-dessous du seuil d’endommagement des objets. On peut offrir un très haut niveau de protection aux objets particulièrement fragiles en concevant des emballages spécialisés. Les artistes qui utilisent des réseaux de transport commerciaux présentant des risques élevés peuvent appliquer, à peu de frais, les principes que nous avons décrits, de la conception des objets jusqu’à celle des emballages, pour augmenter de manière significative la garantie d’une expédition sécuritaire.

Remerciements

L’auteur remercie ses collègues à l’ICC, au pays et à l’étranger pour leur collaboration aux différents projets sur les emballages d’objets d’art menés au fil des ans. Il désire également remercier les clients des organismes culturels, les artistes, les participants aux ateliers sur les emballages, les manutentionnaires d’objets d’art, les étudiants des programmes de conservation et les autres intéressés dont les projets, les questions et les champs d’intérêt ont permis l’avancement de la recherche à l’ICC dans le domaine et aidé à enrichir une base de connaissances et d’expériences à diffuser dans la communauté culturelle.

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No de catalogue : CH57-3/1-34-2020F-PDF
ISSN 2562-0290
ISBN 978-0-660-33902-3

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