Méthode d’essai biologique servant à mesurer la survie de collemboles exposés à des contaminants dans le sol : chapitre 6


Section 6

Modes opératoires particuliers pour la mesure de la toxicité d’un sol enrichi avec une substance chimique

La présente section renferme des recommandations et des instructions sur la préparation et la mise à l’essai d’un sol témoin négatif enrichi en laboratoire avec une ou des substances chimiques. Ces recommandations et instructions s’appliquent à la méthode d’essai biologique décrite dans la section 4. Les conseils présentés dans EC (1995) pour enrichir (doper) un sédiment témoin négatif et réaliser des essais toxicologiques avec des mélanges de substances chimiques et de sédiment sont également pertinents dans le cas d’un sol enrichi avec une substance chimique. Il pourrait s’avérer nécessaire d’évaluer et de normaliser davantage les méthodes d’enrichissement (v. 6.2) avant d’exécuter des essais toxicologiques avec des collemboles ou d’autres organismes endogés pour évaluer des mélanges particuliers de sol et de substances chimiques à des fins réglementaires.

On peut examiner expérimentalement la ou les causes de la toxicité du sol et les interactions toxiques de substances chimiques en association avec un sol par ailleurs non contaminé en enrichissant un sol témoin négatif (v. 3.3) avec ces substances. L’enrichissementpeut être effectué à l’aide d’une ou de plus d’une substance chimique. Aux fins des essais toxicologiques avec des collemboles, effectués selon les modes opératoires décrits dans la présente méthode, on peut aussi enrichir un sol de référence (v. 3.5) ou un sol d’essai (v. 3.6). Les échantillons d’horizons pédologiques prélevés séparément doivent être traités comme des échantillons distincts (v. 4.1 et 5.3). Il faut aussi les caractériser et les préparer (c.-à-d. les hydrater et les enrichir) séparément avant de les soumettre à un essai (v. 6.2). On peut avoir recours à des essais toxicologiques sur un sol enrichi avec une ou des substances chimiques à diverses concentrations pour obtenir des estimations des CL50 (v. 4.8.1) et pour déterminer la valeur d’autres paramètres statistiques d’après les concentrations seuils ayant des effets sublétaux précis (v. 4.8.2).

La sous-section 6.2 décrit les modes de préparation des mélanges destinés aux essais sur un sol enrichi. La sous-section 6.3 traite des observations et des mesures à effectuer en cours d’essai et à la fin de l’essai. La sous-section 6.4 explique comment estimer les paramètres dans des essais à concentrations multiples (v. aussi 4.8). Les modes opératoires décrits ici s’appliquent également au mélange de concentrations multiples d’un sol d’essai prélevé sur le terrain (y compris des déchets particulaires tels que les boues ou d’autres déblais de dragage destinés à l’épandage sur le sol) avec un sol témoin négatif ou un sol de référence, à la réalisation d’essais à concentrations multiples et à la détermination des paramètres statistiques relatifs à ces mélanges (v. section 5, en particulier la sous- section 5.6). Les essais à concentrations multiples sur un sol témoin positif (v. 3.4) ou avec un ou des toxiques de référence ajoutés à un sol témoin négatif (v. 4.9) sont aussi exécutés selon les modes opératoires et les méthodes statistiques décrits dans la présente section, tout comme les essais toxicologiques exécutés sur des sols enrichis en vue de déterminer l’influence des caractéristiques physicochimiques d’un sol témoin négatif naturel ou artificiel sur la toxicité des substances chimiques.

6.1 Propriétés, étiquetage et entreposage des échantillons

On devrait se renseigner sur les propriétés de la ou des substances chimiques qui seront utilisées pour enrichir un sol témoin négatif en laboratoireNotes de bas de page110. On devrait également disposer d’information au sujet des caractéristiques suivantes de chaque substance chimique (p. ex., pesticides ou autres préparations  commerciales) : teneur en ingrédients « actifs » et impuretés d’importance, solubilité dans l’eau, pression de vapeur, stabilité chimique, constantes de dissociation, coefficients d’adsorption, toxicité pour les humains et pour les organismes terrestres, biodégradabilité. Lorsque la solubilité dans l’eau est douteuse ou problématique, on devrait faire des recherches sur les modes opératoires acceptables déjà utilisés pour préparer des solutions aqueuses de la ou des substances chimiques et consigner ces modes. En l’absence de méthode éprouvée pour dissoudre la ou les substances chimiques d’essai dans l’eau, on devrait procéder à des essais préliminaires de dissolution dans l’eau d’essai ou un solvant non aqueux et confirmer analytiquement la solubilité de la ou des substances. On devrait également obtenir et consigner tous les autres renseignements disponibles tels que la formule développée, la nature et le pourcentage des impuretés notables, la présence et la quantité d’additifs et le coefficient de partage n-octanol-eau. Enfin, on devrait se procurer et examiner toute fiche signalétique pertinente.

La substance chimique (il peut y en avoir plus d’une) à soumettre aux essais devrait au moins être de qualité réactif, sauf si un essai sur une préparation commerciale ou une substance chimique de qualité technique est exigé. Les récipients contenant la substance doivent être fermés hermétiquement et codés ou étiquetés dès leur arrivée au laboratoire. L’information exigée (nom de la substance, fournisseur, date de réception, personne chargée des essais, etc.) devrait figurer sur l’étiquette ou être consignée sur une feuille de données réservée à l’échantillon, selon ce qui convient le mieux. Les conditions d’entreposage (p. ex., température, protection contre la lumière) sont souvent dictées par la nature de la substance.

6.2 Préparation des mélanges d’essai

La veille de la mise en route de l’essai (jour -1), le ou les mélanges de substances chimiques et de sol témoin négatif devraient être préparés, transférés dans les récipients d’essai et conservés en l’état avant l’ajout des organismes expérimentaux le lendemain (jour 0) (v. 4.1). On devrait préparer une quantité suffisante de chaque lot de sol d’essai représentant un traitement (concentration) donné, et ce, pour obtenir toutes les répétitions d’essai de ce traitement (concentration) et toutes les répétitions ou quantités additionnelles requises aux fins d’analyses physicochimiques (v. 4.6 et 6.3) ou d’autres essais de toxicité d’un sol avec des collemboles ou d’autres organismes pédofauniques (p. ex., essais effectués conformément à EC, 2004a, 2005a ou 2013a).

Le fait d’utiliser un sol artificiel (v. 3.3.2) pour préparer chaque mélange d’essai constitue une approche uniforme et normalisée permettant de comparer les résultats obtenus avec d’autres substances chimiques soumises à des essais semblables dans le même laboratoire ou dans d’autres laboratoires (p. ex., selon USEPA, 1989; Wiles et Krogh, 1998; ISO, 1999; OCDE, 2009). Si on se sert d’un sol artificiel, on devrait suivre le mode de préparation décrit en 3.3.2. La quantité de sol artificiel requise pour les essais devrait être préparée, hydratée jusqu’à obtention d’une teneur en humidité de ~20 %, traitée au besoin afin que son pH se situe dans la plage de 6,0-7,5Notes de bas de page111, laissée à vieillir pendant ≥3 jours et entreposée jusqu’à ce qu’on en ait besoin (v. 3.3.2). La teneur en humidité finale (y compris l’humidité due à l’ajout d’une aliquote mesurée d’une substance chimique d’essai dissoute dans l’eau d’essai, avec ou sans solvant organique) de tout sol enrichi avec une substance chimique préparé à l’aide d’un sol artificiel devrait correspondre à ~70 % de la CRE du mélange final (v. 3.3.2), pour chaque traitement (concentration)Notes de bas de page112.

Tous les mélanges (traitements) inclus dans un essai devraient présenter des teneurs en humidité finales aussi semblables que possible.

Les expérimentateurs peuvent choisir d’utiliser un sol témoin naturel (v. 3.3.1) plutôt qu’artificiel (v. 3.3.2) comme sol témoin négatif qui sera enrichi avec une ou des substances chimiques, de même que pour la préparation des répétitions correspondantes de sol témoin qui seront incluses dans l’essai. Les procédures décrites ici s’appliquent tout autant à un sol naturel, sauf que la teneur en humidité finale de chaque lot de sol enrichi avec une substance chimique (y compris les lots témoins) préparé à l’aide d’un sol prélevé sur le terrain devrait être ajustée, conformément aux indications fournies en 5.3, afin qu’elle corresponde au pourcentage optimal de sa CRE (pour ce faire, on hydrate ou déshydrate l’échantillon, selon le cas). S’il s’agit d’un sol naturel, le volume de sol dans chaque récipient d’essai pourrait également être différent en raison des écarts dans la masse volumique apparente de chacun des sols susceptible d’être utilisé.

Le mode opératoire à employer pour enrichir un sol en laboratoire dépend des objectifs de l’étude et de la nature de la substance d’essai qui est mélangée au sol témoin négatif ou à un autre sol. Très souvent, pour obtenir un mélange de sol et de substance chimique, on prépare une solution mère de ladite substance et on en ajoute un ou des volumes mesurés à l’eau d’hydratation du sol témoin négatif artificiel ou naturel (v. 3.3)Notes de bas de page113. Le solvant à privilégier pour la préparation des solutions mères est l’eau d’essai (eau désionisée ou distillée) pure à 100 %; à moins de nécessité absolue, on devrait éviter l’usage de tout autre solvant. Dans le cas de substances chimiques peu solubles dans l’eau d’essai, on peut utiliser une petite quantité d’un solvant organique miscible avec l’eau et peu toxique (p. ex., acétone, méthanol ou éthanol) pour faciliter leur dispersion dans l’eau (OCDE, 2009). On ne devrait pas employer de surfactifs.

Si on a recours à un solvant organique, l’essai doit comprendre deux séries de récipients d’essai de répétition, dont une ne renfermant que du sol témoin négatif (c.-à-d. un sol artificiel ou naturel non contaminé uniquement) et une autre, qu’un témoin sol-solvant (ISO, 1999; OCDE, 2009). À cette fin, on doit préparer un lot de témoin sol-solvant contenant la même concentration d’agent solubilisant que l’échantillon de sol enrichi contenant la plus forte concentration de la ou des substances chimiques d’essai. Le solvant doit provenir du lot qui a servi à préparer la solution mère de la ou des substances d’essai. Cela dit, on devrait utiliser les solvants avec parcimonie, car ils pourraient contribuer à la toxicité du sol d’essai ainsi préparé. La concentration maximale de solvant dans le sol ne devrait pas influer sur la survie ou la reproduction des collemboles pendant l’essai. Si on ne connaît pas cette concentration, on devrait effectuer un essai préliminaire, avec solvant seulement, à diverses concentrations dans un sol témoin négatif, afin de déterminer la concentration avec effet de seuil du solvant qu’on prévoit utiliser dans l’essai définitif.

Lorsqu’il faut préparer des concentrations d’une substance chimique pour enrichir un sol artificiel et que cette substance est insoluble dans l’eau mais soluble dans un solvant organique, la quantité de substance d’essai requise pour préparer un volume donné d’une concentration d’essai particulière devrait être dissoute dans un petit volume d’un solvant organique approprié (p. ex., l’acétone). Ce mélange de substance chimique et de solvant devrait ensuite être pulvérisé sur une petite portion -- ou mélangé avec cette petite portion -- de la quantité finale de sable quartzeux fin dont on a besoin pour préparer chaque concentration d’essai constituée d’une quantité mesurée d’un mélange particulier de substance chimique et de solvant ajouté à un sol artificiel (v. 3.3.2). On élimine ensuite le solvant par évaporation en plaçant le contenant sous une hotte pendant ≥1 h, jusqu’à ce qu’aucune odeur résiduelle de solvant ne puisse plus être détectée. Une fois le solvant évaporé, on combine soigneusement le mélange de substance chimique et de sable avec la quantité restante du sable préhumidifié et des autres ingrédients nécessaires pour préparer le sol artificiel (v. 3.3.2). On ajoute alors au mélange sol-sable-tourbe la quantité d’eau d’essai requise pour obtenir une teneur en humidité finale équivalant à ~70 % de la CRE maximale de ce sol artificiel et on mélange. Le sol enrichi avec une substance chimique peut maintenant être ajouté au récipient d’essai.

Pour les essais dans lesquels le sol naturel est enrichi avec une substance chimique insoluble dans l’eau, on peut avoir recours au mode opératoire suivant (R. Kuperman, US Army Edgewood Chemical Biological Center, MD, États-Unis, comm. pers., 2004). Après dissolution de la substance chimique dans un solvant (comme l’acétone), on verse cette solution sur une couche de sol de 2,5 cm d’épaisseur à l’aide d’une pipette afin d’obtenir la concentration voulue de chaque substance chimique dans le sol; il faut s’assurer que le volume ajouté n’excède jamais 15 % (ratio volume/poids) du poids sec du sol. Ce même volume de solution (substance chimique- solvant) à des concentrations différentes est ajouté à chaque traitement; il doit correspondre au volume dont on a besoin pour dissoudre la substance chimique à la concentration d’essai la plus élevée. On laisse le solvant se volatiliser (pendant ≥18 h, généralement) sous une hotte dépourvue d’éclairage afin d’empêcher la photolyse. Chaque échantillon de sol enrichi est mélangé jusqu’à ce qu’il soit homogène (p. ex., chaque échantillon est transféré dans un récipient en polyéthylène haute densité à revêtement fluorocarbone, puis mélangé pendant 18 h dans un agitateur rotatif tridimensionnel).

L’échantillon de témoin sol-solvant à inclure dans l’essai doit être préparé de la même manière, mais sans l’ajout de la substance chimique d’essai. En outre, le témoin sol-solvant doit contenir une concentration de solvant aussi élevée que celle présente dans n’importe laquelle des concentrations de sol enrichi avec une substance chimique incluses dans l’essai.

Si la substance chimique qui doit être ajoutée au sol artificiel est insoluble à la fois dans l’eau et dans un quelconque solvant organique approprié (non toxique), on devrait préparer un mélange comprenant 2,5 g de sable quartzeux industriel finement broyé et la quantité de substance chimique d’essai nécessaire pour obtenir la concentration d’essai souhaitée dans le sol. Les constituants restants du sol artificiel préhumidifié devraient ensuite être incorporés soigneusement dans le mélange. On ajoute enfin la quantité d’eau désionisée nécessaire pour obtenir une teneur en humidité finale de ~70 % de la CRE maximale, et on mélange soigneusement. Le mélange ainsi obtenu de sol enrichi avec une substance chimique peut alors être ajouté aux récipients d’essai.

Les concentrations de la ou des substances chimiques dans le sol sont habituellement calculées, mesurées et exprimées en milligrammes de substance d’essai par kilogramme de sol (poids sec) (ou en microgrammes par gramme) (ISO, 1999; OCDE, 2009). Les paramètres (p. ex., les CIp) sont également exprimés en fonction du poids sec (v. 4.8 et 6.4).

Les conditions de mélange, y compris le ratio solution/sol, de même que les durées et les températures de brassage et de conservation, doivent être uniformes d’un traitement à un autre dans un essai donné. La durée de mélange d’un sol enrichi devrait être suffisante pour assurer une répartition homogène de la substance chimique, ce qui pourrait prendre de quelques minutes à 24 h. Pendant le mélange, on devrait maintenir la température assez basse pour réduire au minimum l’activité microbienne et l’altération des caractéristiques physicochimiques du mélange. Il est conseillé d’analyser des sous-échantillons afin de déterminer le degré de mélange et d’homogénéité obtenu.

Certaines études pourraient n’exiger qu’une concentration d’un mélange de sol témoin négatif (ou autre) et de substance chimique, ou encore une seule concentration de sol contaminé ou de déchet particulaire dans un sol témoin négatif ou autre. Par exemple, un essai à concentration unique pourrait avoir pour objet de déterminer si une concentration donnée de substance chimique dans un sol non contaminé est toxique pour les organismes expérimentaux. Un tel essai pourrait servir à la recherche ou à des fins réglementaires (p. ex., « essai limite »).

On devrait exécuter, dans des conditions normalisées, un essai à concentrations multiples sur un sol témoin négatif (ou autre) enrichi afin de déterminer le ou les paramètres souhaités (p. ex., la CL50 et la CIp; v. 4.8 et 6.4). Un essai à concentrations multiples sur un sol témoin négatif enrichi avec un déchet particulaire donné pourrait aussi convenir. Il faut alors prévoir ≥7 concentrations d’essai plus le ou les traitements témoins appropriés; on recommande toutefois d’en préparer un plus grand nombre (≥10 plus des témoins) (v. 4.1 et 4.8). Pour choisir les concentrations d’essai, on peut se servir d’une série de dilutions géométriques où chaque concentration de substance chimique dans le sol correspond au moins à la moitié de la précédente dans la série (p. ex., 40, 20, 10, 5, 2,5, 1,25, 0,63 mg/kg). On peut aussi employer des dilutions logarithmiques (v. annexe H), ou encore se fonder sur les résultats d’essais toxicologiques préliminaires. On trouvera en 4.1 d’autres conseils au sujet du choix des concentrations d’essai.

Pour choisir la plage de concentrations qui convient, il pourrait être utile de réaliser un essai préliminaire englobant une plage de concentrations plus étendue. Dans un tel essai, on pourrait réduire le nombre de répétitions par traitement (v. 4.1) ou n’utiliser aucune répétition. Selon la variance prévue ou démontrée (dans des études antérieures sur une substance d’essai identique ou semblable) entre les récipients d’essai d’un traitement, cette réduction pourrait s’appliquer aux tests biologiques préalables exécutés à des fins non réglementaires ou de recherche.

Selon les objectifs de l’essai, il pourrait être souhaitable de déterminer l’influence des caractéristiques du substrat (p. ex., granulométrie ou TMO) sur la toxicité des mélanges de sol et de substance chimique. Par exemple, on pourrait mesurer l’influence de la granulométrie du sol sur la toxicité de la substance par des essais parallèles à concentrations multiples sur une série de mélanges de la substance chimique dans différentes fractions (c.-à-d. des grains de diverses tailles) ou dans divers types de sol témoin négatif naturel ou artificiel (v. 3.3). De même, on pourrait déterminer dans quelle mesure la teneur en COT ou la TMO du sol ou des horizons pédologiques peut modifier la toxicité de la substance chimique en exécutant des essais parallèles à concentrations multiples sur différents mélanges de substance chimique et de sol préparés avec une série de sols témoins négatifs enrichis avec une matière organique. On devrait intégrer dans l’essai, en tant que témoin distinct, chaque fraction ou préparation de sol témoin négatif naturel ou artificiel utilisée pour préparer ces mélanges.

Selon les objectifs et le plan de l’étude, certains essais de toxicité d’un sol avec des collemboles pourraient être effectués avec des échantillons de sol témoin négatif ou de référence dans lesquels la ou les substances chimiques sont pulvérisées sur la surface du sol plutôt que mélangées au sol. La pulvérisation en surface peut se faire sur le terrain ou au laboratoire. Une des méthodes possibles consiste à utiliser un pulvérisateur calibré à rampe ou monté sur rails afin de répartir uniformément la substance chimique sur une surface donnée. La concentration de la substance chimique dans le sol peut être déterminée en fonction de la profondeur de pénétration, de l’aire pulvérisée ou de la largeur des bandes, de la taille des buses, de la pression et de la vitesse à laquelle le pulvérisateur couvre la surface (Stephenson, comm. pers., 2001). On trouvera dans OCDE (2009) des indications au sujet de la pulvérisation de substances d’essai sur la surface du sol en vue d’essais sur la reproduction de collemboles.

6.3 Observations et mesures

Au moment du démarrage de l’essai, il faudrait procéder à une description qualitative de chaque mélange de sol enrichi avec une substance chimique. Cette description pourrait inclure des observations relatives à la couleur, à la texture et à l’homogénéité apparente du mélange. Toute modification de l’aspect du mélange observée au cours de l’essai ou à la fin devrait être consignée.

On trouvera en 4.6 les marches à suivre et les exigences connexes aux observations et mesures à effectuer au début, au cours et à la fin de l’essai. Ces observations et mesures s’appliquent aux essais sur un sol enrichi avec une substance chimique, tels qu’ils sont décrits ici, et sont donc obligatoires. Dans le cas de sols échantillonnés par horizon, les mesures doivent porter sur chaque horizon.

Selon le schéma expérimental et les objectifs de l’essai, on pourrait préparer des récipients d’essai supplémentaires le jour -1 de l’essai (v. 4.1) dans le but de surveiller la composition chimique du sol. Ces récipients feraient l’objet d’un échantillonnage destructif au cours de l’essai (c.-à-d. le jour 0 et, dans certains cas, d’autres jours à mesure que l’essai se déroule) ou à la fin de l’essai (c.-à-d. le jour 21 ou 28, suivant l’espèce de collembole utilisée). On pourrait ajouter ou non des organismes expérimentaux dans ces récipients supplémentaires, selon les objectifs de l’étude. Pour mesurer les concentrations de la ou des substances chimiques dans le sol de ces récipients d’essai, on pourrait en prélever des aliquotes aux fins des différentes analyses au début, au cours ou à la fin de l’essai, selon la nature du toxique et les objectifs de l’essai.

Des mesures de la qualité (c.-à-d. le pH et la teneur en humidité du sol) de chaque mélange de sol enrichi soumis à l’essai (y compris le sol témoin négatif) doivent être effectuées et consignées au début et à la fin de l’essai, comme il est expliqué en 4.6. Si on dispose de la capacité d’analyse voulue, il est recommandé d’analyser la ou les solutions mères en parallèle avec un ou des sous-échantillons de chaque mélange de sol enrichi afin de mesurer les concentrations de la ou des substances chimiques et de déterminer si le sol a été enrichi de manière satisfaisante. Ces échantillons devraient être conservés, entreposés et analysés selon des méthodes convenables et éprouvées.

Pour tout essai toxicologique dans lequel on a dosé les substances chimiques dans chaque mélange de sol enrichi, on devrait calculer et exprimer les résultats en fonction de ces dosages, à moins d’avoir de bonnes raisons de croire qu’ils ne sont pas exacts. On devrait au moins prélever des aliquotes des échantillons représentatifs des concentrations élevée, moyenne et faible au début et à la fin de l’essaiNotes de bas de page114; les valeurs des paramètres seraient alors calculées en fonction des valeurs nominales (v. 4.8 et 6.4). Tous les dosages devraient être comparés, consignés et analysés sous l’angle de leur degré d’écart par rapport aux valeurs nominales. Si on se sert de ces valeurs pour exprimer les résultats d’un essai toxicologique, on doit l’indiquer explicitement dans le rapport d’essai (v. 7.1.6).

6.4 Paramètres et calculs

Les essais à concentrations multiples sur des mélanges de sol enrichi sont caractérisés par des paramètres statistiques qui leur sont propres (v. 4.8). Des conseils relatifs au calcul de la CL50 et de la CIp (à partir de données montrant une inhibition de la reproduction dans ce dernier cas) sont fournis en 4.8.1 et 4.8.2, respectivement. Les indications présentées en 5,6 au sujet du calcul et de la comparaison des paramètres pour les essais à concentration unique sur des échantillons de sol prélevés sur le terrain s’appliquent également aux essais à concentration unique sur des mélanges de sol enrichi. Pour en savoir plus au sujet des méthodes statistiques paramétriques (ou non paramétriques) applicables aux paramètres de l’essai, les expérimentateurs sont invités à consulter EC (2005b).

Dans tout essai incluant un témoin sol-solvant (v. 6.2), il faut examiner les résultats obtenus pour les collemboles élevés dans ce témoin et dans le sol témoin négatif afin de déterminer s’ils sont respectivement conformes aux critères de validité de l’essai (v. 4.4). Si ces critères ne sont pas satisfaits pour l’un ou l’autre témoin, on doit considérer que les résultats de l’essai sont invalides. S’ils sont satisfaits dans les deux cas, il faut comparer les résultats obtenus à l’aide du test t. Lorsque les résultats pour les deux témoins ne sont pas statistiquement différents, on devrait utiliser seulement les données relatives au sol témoin négatif pour le calcul des résultats de l’essaiNotes de bas de page115. Toutefois, si le taux de survie ou de reproduction diffère grandement entre les deux témoins, cela pourrait indiquer l’existence d’une interférence possible du solvant, et on devrait alors procéder à une évaluation supplémentaire pour en mesurer l’incidence sur la validité de l’essai. On trouvera dans USEPA (2008) des indications sur ce que pourrait inclure une telle évaluation : 1) degré de pertinence de la réponse dans le témoin sol- solvant (à savoir le pourcentage de changement par rapport à la réponse dans le sol témoin); 2) degré de signification statistique connexe à la différence entre les deux témoins (c.-à-d. écart hautement ou très peu significatif); 3) ampleur de l’interférence (réponses différentes pour les deux paramètres ou pour un seul); 4) examen de toute autre cause potentielle de l’interférence observée dans le témoin sol-solvant; 5) incidence de cette interférence possible sur l’incertitude de l’estimation du risque. Si on détecte une interférence attribuable au solvant, le témoin sol-solvant devrait servir de base au calcul des résultats.

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