Les Aînés au SCC – La pierre angulaire des services correctionnels pour Autochtones
21 juin 2024
« Un cheminement est tracé pour chacun d’entre nous. Tout au long de ce parcours, on apprend des choses au quotidien. Quand on fait une erreur, on en tire un enseignement », affirme Dalton Francis, Aîné à l’Établissement de l’Atlantique.
Le Service correctionnel du Canada (SCC) compte sur Dalton et de nombreux autres Aînés pour l’aider à mieux répondre aux besoins particuliers des personnes autochtones dont il a la garde.
Kathy Neil, sous-commissaire des services correctionnels pour Autochtones, considère les Aînés comme la pierre angulaire des services correctionnels pour Autochtones.
« Ils donnent des conseils culturels et spirituels en plus de favoriser la guérison et un sentiment d’appartenance et un sens de la communauté. Bref, ils cultivent des liens fraternels et communautaires dans les établissements », dit-elle.
Au Canada, la surreprésentation des personnes autochtones au sein du système carcéral découle du colonialisme et de la discrimination systémique.
Dalton Francis
Par conséquent, les jeunes Autochtones qui sont exposés à la violence ou à la pauvreté dans leur famille et dans leur communauté risquent plus de se faire entraîner dans un gang ou d’être conduit à des activités criminelles.
Les Autochtones adultes du Canada peuvent avoir des niveaux d’éducation et de revenu faible ainsi que des perspectives d’emploi et de logement limitées, ce qui influence leur santé physique et mentale.
Ces problèmes les amènent à avoir des démêlés avec le système de justice.
À titre de dirigeants communautaires, les services d’Aînés sont essentiels aux personnes autochtones incarcérées dans nos établissements. Ce sont des leaders culturels, et bien souvent, ils jouent le rôle de figures parentales et de guides spirituels.
Ils peuvent reconnaître les traumatismes et la souffrance intergénérationnels et offrent un service de counseling personnalisé, des enseignements culturels et des conseils pour les cérémonies.
Les Aînés travaillent de près avec les délinquants autochtones pour s’assurer qu’ils ont la possibilité de renouer avec leur culture et leur histoire en participant notamment à des cérémonies de feux sacrés, de purification par la fumée et de suerie.
Dan Ross
C’est le rôle de l’Aîné Dalton, un rôle qu’il exerce depuis sept ans.
« Plusieurs d’entre eux viennent à peine de commencer. Certains d’entre eux sont bien informés, mais n’ont jamais vraiment participé à des cérémonies. Leur attitude change complètement et soudainement, ils respectent la culture. Je leur dis sans cesse que nos traditions sont toujours en eux. »
En tant qu’intervenant en toxicomanie, l’Aîné Dalton s’identifie à certains défis auxquels les délinquants sont confrontés, notamment la dépendance.
Il se sert des sept enseignements sacrés, un ensemble de principes directeurs, pour les aider à guérir et à trouver une meilleure voie.
L’Aîné Dalton trouve gratifiant de savoir qu’il exerce une influence positive sur les délinquants dans leur cheminement.
« L’un des plus beaux cadeaux que je leur offre est celui de leur inspirer la fierté. »
Dan Ross, de son côté, préfère utiliser les termes gardien du savoir ou conseiller spirituel plutôt qu’Aîné pour décrire son travail.
Sur les 21 ans qu’il a passés au SCC, il en a consacré 18 à travailler auprès de délinquants autochtones à Kingston, en Ontario.
Voici comment il résume son expérience : il faut aider les délinquants à se libérer de leurs tensions et leur apprendre à s’aimer eux-mêmes. Selon lui, ils ne reçoivent pas assez de renforcement positif et ont subi trop de racisme.
Pendant ses séances individuelles avec les délinquants, Dan essaie de transmettre un message important :
« Le Créateur ne fait pas d’ordures, donc vous n’êtes pas une ordure. »
Le conseiller spirituel Dan trouve que le simple fait de dire aux délinquants qu’ils sont de bonnes personnes les aide à faire une introspection et à changer. Il a aussi recours aux sept enseignements sacrés, en particulier de l’amour, pour les aider.
« Ils doivent apprendre à s’aimer eux-mêmes. Sur dix hommes, neuf et demi se détestent, et c’est pour cette raison qu’ils se retrouvent en prison. »
À l’heure actuelle, Dan effectue un travail différent en s’occupant de la prise en charge et de la garde des personnes autochtones à partir de l’administration centrale du SCC.
Sa vaste expérience auprès des délinquants à l’intérieur des murs fait de lui un atout précieux au sein du personnel du SCC qui travaille sur de nouveaux programmes en ce qui concerne l’influence de ceux-ci sur les délinquants autochtones.
Il trouve que certains des changements qui ont récemment été mis en œuvre au SCC sont bénéfiques. Il donne comme exemple l’abolition de l’isolement préventif et la création des unités d’intervention structurée, dans lesquelles les délinquants peuvent participer à des programmes.
Bien qu’il ne travaille plus dans les établissements, Dan reçoit encore des appels provenant de personnes qu’il a aidées.
Il est fier du travail qu’il a accompli auprès de personnes autochtones pour les aider à apporter les changements nécessaires en vue de leur réhabilitation.
En repensant à son parcours professionnel, il constate qu’il a passé 42 ans dans le domaine du déménagement avant de se réorienter vers les services correctionnels pour Autochtones.
« Je change encore la vie des gens, mais d’une autre façon. »
Pour en savoir plus sur les sept enseignements sacrés, veuillez lire : Ajout important de sept enseignements sacrés aux programmes des unités d’intervention structurée.
Pour en savoir plus sur le travail des aînés au SCC, veuillez regarder : Le retour des petits-enfants : La présence des Aînés dans les établissements correctionnels fédéraux.
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