Recherche quantitative originale – Le bien-être psychologique et ses associations avec les caractéristiques sociodémographiques, la santé physique, la consommation de substances et d’autres composantes de la santé mentale chez les adultes au Canada

Accueil Revue PSPMC
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Date de publication : octobre 2024
ISSN: 2368-7398
Soumettre un article
À propos du PSPMC
Naviguer
Page précedente | Table des matières | Page suivante
Melanie Varin, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Zahra M. Clayborne, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Melissa M. Baker, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Elia Palladino, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 4; Heather Orpana, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Colin A. Capaldi, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1
https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.10.03f
Cet article a fait l'objet d'une évaluation par les pairs.

Attribution suggérée
Article de recherche par Varin M et al. dans la Revue PSPMC mis à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0
Rattachement des auteurs
Correspondance
Mélanie Varin, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario) K1A 0K9; tél. : 343-543-5186; courriel : melanie.varin@phac-aspc.gc.ca
Citation proposée
Varin M, Clayborne ZM, Baker MM, Palladino E, Orpana H, Capaldi CA. Le bien-être psychologique et ses associations avec les caractéristiques sociodémographiques, la santé physique, la consommation de substances et d'autres composantes de la santé mentale chez les adultes au Canada. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2024;44(10):479-488. https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.10.03f
Résumé
Introduction. Le bien-être psychologique est une composante importante de la santé mentale positive et un atout qui favorise la santé de la population. Notre étude a permis d'analyser les corrélats du bien-être psychologique chez les adultes (18 ans et plus) vivant dans la collectivité dans les 10 provinces canadiennes.
Méthodologie. À l'aide des données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Composante de réponse rapide sur la santé mentale positive de 2019, nous avons effectué des analyses de régression linéaire dans lesquelles diverses variables relatives aux caractéristiques sociodémographiques, à la santé mentale, à la santé physique et à la consommation de substances ont été étudiées en tant que prédicteurs du bien-être psychologique. Le bien-être psychologique a été mesuré en fonction de six questions du Continuum de santé mentale – Questionnaire abrégé. Celles-ci évaluaient les perceptions des répondants, pour le mois précédant l'enquête, en lien avec l'acceptation de soi, l'épanouissement personnel, la maîtrise de l'environnement, l'autonomie, les rapports positifs avec les autres et le but dans la vie.
Résultats. Dans les analyses de régression linéaire simple et de régression linéaire multiple, un âge plus avancé, le fait d'être marié ou de vivre en union libre et le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids (25,00 à 29,99) ont été associés à un bien-être psychologique supérieur, tandis que les facteurs associés à un bien-être psychologique inférieur ont été la présence signalée d'un trouble de l'humeur ou d'un trouble d'anxiété, un haut degré de stress perçu dans la vie, une forte consommation épisodique d'alcool et une consommation fréquente de cannabis. Il n'y a eu aucune association significative entre le bien-être psychologique et le sexe, le fait d'avoir des enfants à la maison, le statut vis-à-vis de l'immigration, l'appartenance à un groupe racisé, le niveau de scolarité, le tertile de revenu du ménage, le fait d'avoir un IMC dans la catégorie de l'obésité (≥ 30,00), les maladies chroniques majeures et le tabagisme.
Conclusion. Cette recherche révèle les caractéristiques sociodémographiques et les facteurs relatifs à la santé mentale, à la santé physique et à la consommation de substances qui sont associés au bien-être psychologique chez les adultes au Canada. Les constats qu'elle a permis de dégager mettent en évidence les groupes et les caractéristiques qui pourraient faire l'objet de recherches futures dans l'objectif de promouvoir le bien-être psychologique.
Mots-clés : bien-être psychologique, santé mentale positive, maladie mentale, caractéristiques sociodémographiques, consommation de substances, santé physique, santé de la population
Points saillants
- Cette étude a porté sur le bien-être psychologique et sur ses associations avec des caractéristiques sociodémographiques et des facteurs relatifs à la santé mentale, à la santé physique et à la consommation de substances chez les personnes de 18 ans et plus au Canada.
- Un âge plus avancé, le fait d'être marié ou de vivre en union libre et le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids ont été associés à un bien-être psychologique supérieur.
- Les facteurs associés à un bien-être psychologique inférieur ont été la présence signalée d'un trouble de l'humeur ou d'un trouble d'anxiété, un haut degré de stress perçu dans la vie, une forte consommation épisodique d'alcool et une consommation fréquente de cannabis.
Introduction
La promotion du bien-être est une priorité en santé publique au Canada et dans le monde, comme en témoignent les stratégies nationales et internationales concernant la santé mentaleNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Alors que les chercheurs s'intéressent de plus en plus au bien-être et à ses concepts connexes à l'échelle internationaleNote de bas de page 3, certains ont fait valoir que la recherche axée sur les problèmes de santé et sur les facteurs de risque en épidémiologie et en santé publique devait s'accompagner de recherches sur les états psychologiques positifs et sur les ressources personnelles en santé pour que l'on acquière une compréhension exhaustive de la santé de la populationNote de bas de page 4.
Le bien-être comprend une composante hédonique et une composante eudémoniqueNote de bas de page 5. Bien que les deux soient des composantes de la santé mentale positive et qu'elles soient liées, elles peuvent avoir des corrélats psychologiques, sociaux et biologiques distinctsNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8. L'hédonisme se rapporte généralement au fait de se sentir bien, ce qui inclut la présence d'émotions positives et la satisfaction à l'égard de la vieNote de bas de page 5. Pour sa part, l'eudémonisme peut être compris comme la capacité de bien fonctionnerNote de bas de page 5 : cela comprend, selon la conception du bien-être psychologique proposée par Ryff, l'acceptation de soi, l'épanouissement personnel, le fait d'avoir un but dans la vie, la maîtrise de l'environnement, l'autonomie et des rapports positifs avec les autresNote de bas de page 9.
Le bien-être psychologique a été associé à différentes composantes de la santé, par exemple une meilleure santé subjective, moins de problèmes de sommeil, de faibles niveaux d'inflammation et une réduction des événements cardiovasculaires comme les infarctus du myocardeNote de bas de page 8. Certains aspects du bien-être psychologique (comme le fait d'avoir un but dans la vie) ont aussi été associés à une réduction du risque de mortalité toutes causes confonduesNote de bas de page 8Note de bas de page 10. Au Canada, des recherches antérieures ont révélé que les personnes qui font état d'un bien-être psychologique élevé tendent à faire état d'un meilleur bien-être pour d'autres mesures de la santé mentale positive (dont la satisfaction à l'égard de la vie) ainsi qu'une détresse moindre et moins de limitations fonctionnellesNote de bas de page 11. De plus, des associations bivariées négatives ont été observées entre le bien-être psychologique et la consommation d'alcool, de cannabis et de cigarettes chez les jeunes au CanadaNote de bas de page 12Note de bas de page 13.
En 2016, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a publié le Cadre d'indicateurs de surveillance de la santé mentale positive, un outil destiné à la surveillance et à la communication des résultats relatifs à la santé mentale positive ainsi que des facteurs de risque et de protection connexes au sein de la population canadienneNote de bas de page 14Note de bas de page 15. Le bien-être psychologique figure au nombre des principaux résultats mentionnés dans le Cadre en lien avec la santé mentale positive. Vu l'importance de la promotion de la santé mentale au Canada et ailleurs dans le monde, il est essentiel de déterminer les facteurs associés au bien-être psychologique si l'on entend mettre à profit les constatations antérieures, orienter la surveillance continue et déterminer les groupes qui pourraient bénéficier d'interventions favorisant un bien-être psychologique plus élevé. Dans cette optique, notre étude visait à explorer les associations entre le bien-être psychologique et un ensemble de variables relatives aux caractéristiques sociodémographiques, à la santé mentale, à la santé physique et à la consommation de substances chez les adultes au Canada.
Méthodologie
Plan d'étude et population
Cette étude est une analyse de données secondaires fondée sur la Composante de réponse rapide sur la santé mentale positive comprise dans l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2019. L'ESCC est une enquête transversale à participation volontaire menée annuellement par Statistique Canada auprès de personnes de 12 ans et plus vivant dans toutes les provinces et tous les territoires du CanadaNote de bas de page 16. L'enquête excluait les personnes vivant en établissement ou dans des foyers d'accueil, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes, les personnes vivant dans une réserve des Premières Nations ou un autre établissement autochtone dans les provinces et la population de deux régions sanitaires au Québec, ces exclusions représentant moins de 3 % de la population canadienneNote de bas de page 16. Les données de la composante de réponse rapide ont été recueillies entre janvier et mars 2019 auprès de personnes répondant en leur nom dans les 10 provinces canadiennes. Le taux de réponse a été de 58,3 %. Nous avons limité nos analyses aux adultes de 18 ans et plus (N = 11 486).
Mesures
Bien-être psychologique
Le bien-être psychologique a été mesuré à l'aide de six questions du Continuum de la santé mentale – Questionnaire abrégéNote de bas de page 17. Ces questions portaient sur les sentiments d'acceptation de soi, d'épanouissement personnel, de maîtrise de l'environnement, d'autonomie, de rapports positifs avec les autres et de but dans la vie au cours du mois précédent. Conformément au Cadre d'indicateurs de surveillance de la santé mentale positiveNote de bas de page 15 et aux recherches antérieuresNote de bas de page 11Note de bas de page 18, les options de réponse pour chaque question ont été converties en nombre de jours au cours du mois précédent de la manière suivante : « tous les jours » = 28 jours (4 semaines x 7 jours par semaine); « presque tous les jours » = 20 jours (4 semaines x 5 jours par semaine); « environ 2 ou 3 fois par semaine » = 10 jours (4 semaines x 2,5 jours par semaine); « environ une fois par semaine » = 4 jours (4 semaines x 1 jour par semaine); « une fois ou deux » = 1,5 jour et « jamais » = 0 jour. Des scores moyens ont été calculés en divisant la somme des scores associés aux différents éléments par le nombre total d'éléments, ces scores variant entre 0 et 28. La sous-échelle du bien-être psychologique du Continuum de la santé mentale – Questionnaire abrégé a été validée au moyen d'enquêtes antérieures sur la santé de la population canadienneNote de bas de page 11 et sa cohérence interne est demeurée acceptable dans l'ensemble de données de la composante de réponse rapide (α de Cronbach = 0,79).
Variables sociodémographiques
Nous avons analysé un certain nombre de caractéristiques sociodémographiques : sexe (homme, femme); âge (variable continue); état matrimonial (marié/en union libre, célibataire/séparé/divorcé/veuf); tertile de revenu du ménage (faible, moyen, élevé); plus haut niveau de scolarité atteint par le répondant (diplôme d'études secondaires ou niveau inférieur, diplôme d'études postsecondaires); statut vis-à-vis de l'immigration (oui [immigrant admis/résident non permanent], non [né au Canada]); appartenance à un groupe racisé (oui [identification comme Autochtone ou toute ascendance racisée], non [identification comme personne blanche seulement]); composition du ménage (enfant de tout âge vivant à la maison, aucun enfant vivant à la maison). Les données sur le revenu correspondent à une combinaison de données fiscales (~ 20 %), de données recueillies auprès des répondants (~ 15 %) et de revenu attribué (~ 65 %).
Variables relatives à la santé mentale
Le stress perçu dans la vie a été mesuré au moyen de la question « en pensant à la quantité de stress dans votre vie, diriez-vous que la plupart de vos journées sont...? ». Les options de réponse étaient « pas du tout stressantes », « pas tellement stressantes », « un peu stressantes », « assez stressantes » et « extrêmement stressantes ». Conformément au Cadre d'indicateurs de surveillance du suicide de l'ASPCNote de bas de page 19, les réponses « extrêmement stressantes » ou « assez stressantes » ont été interprétées comme un haut degré de stress perçu dans la vie.
La présence d'un trouble de l'humeur a été évaluée au moyen de la question « êtes-vous atteint d'un trouble de l'humeur tel que la dépression, le trouble bipolaire, la manie ou la dysthymie? ». La présence d'un trouble d'anxiété a été évaluée au moyen de la question « êtes-vous atteint d'un trouble d'anxiété tel qu'une phobie, un trouble obsessionnel-compulsif ou un trouble panique? ». Les personnes ayant répondu « oui » à la première question ont été catégorisées comme ayant un trouble de l'humeur et celles ayant répondu « oui » à la seconde comme ayant un trouble d'anxiété.
Variables relatives à la santé physique
Des modifications ont été apportées à la variable calculée (HWTDVBCC) créée par Statistique Canada aux fins de la présentation d'information sur l'indice de masse corporelle (IMC). Cette variable a été calculée en fonction de la taille et du poids déclarés par le répondant (à l'exclusion des femmes ayant déclaré être enceintes ou n'ayant pas répondu à la question sur la grossesse). Des corrections ont été appliquées en fonction du sexe pour tenir compte de la propension des individus à surestimer leur taille et à sous-estimer leur poidsNote de bas de page 20. Après ces ajustements, l'IMC des répondants a été réparti dans les catégories de poids normal ou insuffisant (≤ 24,99), d'excès de poids (25,00 à 29,99) ou d'obésité (≥ 30,00) en vue de l'analyseNote de bas de page 21. Les catégories de poids normal et de poids insuffisant ont été combinées en raison du faible pourcentage de personnes dont l'IMC correspondait à un poids insuffisant et l'interprétation des résultats s'est révélée la même lorsque les deux groupes ont été étudiés séparément dans les analyses de sensibilité.
Conformément au Cadre d'indicateurs de surveillance du suicideNote de bas de page 19, les répondants ont été considérés comme ayant au moins une maladie chronique majeure s'ils avaient fait état de l'un des problèmes de santé suivants : asthme; bronchite chronique, emphysème ou maladie pulmonaire obstructive chronique; maladie cardiaque; diabète; cancer ou diagnostic antérieur de cancer ou troubles dus à un accident vasculaire cérébral.
Variables relatives à la consommation de substances
Le tabagisme a été évalué à l'aide de la question « actuellement, fumez-vous des cigarettes tous les jours, à l'occasion ou jamais? ».
La définition de la forte consommation épisodique d'alcool est fondée sur les Directives de consommation d'alcool à faible risque du Canada de 2018Note de bas de page 22 et a été évaluée à l'aide de la question « au cours des 12 derniers mois, combien de fois avez-vous bu 4 [femmes] / 5 [hommes] verres d'alcool ou plus à une même occasion? ». Les options de réponse allaient de « jamais » à « plus d'une fois par semaine ». Les personnes qui ont répondu « jamais » ou qui ont déclaré ne pas avoir consommé de boissons alcoolisées au cours des 12 derniers mois ont été classées dans la catégorie « aucune forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année ». Les personnes qui ont déclaré avoir consommé 4 ou 5 verres « moins d'une fois par mois » ou plus souvent ont été classées dans la catégorie « forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année ».
La consommation de cannabis a été évaluée au moyen de la question « combien de fois avez-vous consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois? ». Sur la base des Recommandations canadiennes pour l'usage du cannabis à moindre risque en ce qui concerne la fréquence et l'intensité de la consommationNote de bas de page 23, la catégorie de consommation fréquente de cannabis a regroupé les répondants ayant affirmé consommer du cannabis « plus d'une fois par semaine » ou « tous les jours ou presque tous les jours », ceux ayant répondu « une fois par semaine » ou moins fréquemment n'ont pas été considérés comme ayant une consommation fréquente de cannabis.
Analyses statistiques
Nous avons mené les analyses à l'aide du logiciel SAS Enterprise Guide, version 7.1 (SAS Institute, Cary, Caroline du Nord, États-Unis). Pour les statistiques descriptives, les moyennes, les médianes et les pourcentages pondérés sont présentés avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Pour tenir compte de la complexité du plan d'enquête, nous avons calculé les IC à 95 % à l'aide de la méthode de rééchantillonnage bootstrap avec 1 000 répétitions. Les poids d'échantillonnage et les poids bootstrap ont été fournis par Statistique Canada. Nous avons effectué des analyses de régression linéaire simple afin d'étudier l'association bivariée entre chaque variable explicative potentielle et le bien-être psychologique. Nous avons ensuite effectué une analyse de régression linéaire multiple avec les variables qui étaient statistiquement significatives dans les analyses de régression simple afin d'étudier simultanément comment chaque variable était liée au bien-être psychologique après ajustement pour les autres variables. Pour que la composition de l'échantillon reste uniforme pour les résultats à la fois dans les régressions simples et dans la régression multiple, toutes ont porté sur les 87,0 % de répondants (N = 9993) dont les données étaient complètes pour toutes les variables concernées. Les coefficients de régression dont les valeurs p étaient inférieures à 0,05 ont été jugés statistiquement significatifs.
Il ne semble pas y avoir de problème de multicolinéarité, car aucun des coefficients de corrélation entre les variables explicatives n'a dépassé 0,60 et les facteurs d'inflation de la variance se sont tous révélés inférieurs ou égaux à 1,43 dans le modèle de régression multiple. Ces vérifications de la multicolinéarité ont été faites avec pondération, mais la méthode bootstrap n'a pas été appliquée pour l'estimation de la variance en raison des limites de SAS. Un graphique des résidus a permis de confirmer l'hypothèse d'homoscédasticité relativement au modèle de régression multiple.
Résultats
Statistiques descriptives
La majorité de la population était mariée ou vivait en union libre (63,2 %), avait fait des études postsecondaires (64,1 %), n'était pas immigrante (71,9 %) et n'appartenait pas à un groupe racisé (72,4 %). La moitié des répondants avaient des enfants à la maison (50,9 %) (tableau 1).
Caractéristiques | Valeur (n ou %) |
---|---|
Nombre moyen de jours de bien-être psychologique ressenti au cours du dernier mois (N = 10 658), n | 22,4 |
Variables sociodémographiques | |
Sexe (N = 11 486), en % | |
Hommes (n = 5335) | 49,2 |
Femmes (n = 6151) | 50,8 |
Âge moyen (N = 11 486), en années | 48,2 |
État matrimonial (N = 11 475), en % | |
Célibataire, séparé, divorcé ou veuf (n = 5180) | 36,8 |
Marié ou en union libre (n = 6295) | 63,2 |
Composition du ménage (N = 11 474), en % | |
Aucun enfant vivant à la maison (n = 7666) | 49,1 |
Enfant vivant à la maison (n = 3808) | 50,9 |
Statut vis-à-vis de l'immigration (N = 11 412), en % | |
Non-immigrant (n = 9406) | 71,9 |
Immigrant (n = 2006) | 28,1 |
Appartenance à un groupe racisé (N = 11 352), en % | |
Non (n = 9432) | 72,4 |
Oui (n = 1920) | 27,6 |
Plus haut niveau de scolarité du répondant (N = 11 336), en % | |
Études secondaires ou niveau inférieur (n = 4383) | 35,9 |
Études postsecondaires (n = 6953) | 64,1 |
Revenu médian du ménage (N = 11 486), en $ | 91 744,0 |
Variables relatives à la santé mentale | % |
Trouble de l'humeur (N = 11 467) | |
Non (n = 10 251) | 89,9 |
Oui (n = 1216) | 10,1 |
Trouble d'anxiété (N = 11 473) | |
Non (n = 10 334) | 89,9 |
Oui (n = 1139) | 10,1 |
Stress perçu dans la vie (N = 11 454) | |
Pas du tout, pas tellement ou un peu stressant (n = 9234) | 78,5 |
Extrêmement ou assez stressant (n = 2220) | 21,5 |
Variables relatives à la santé physique | % |
IMC (N = 10 900) | |
Poids normal ou insuffisant (< 25,00) (n = 3519) | 34,5 |
Excès de poids (25,00 à 29,99) (n = 3932) | 36,2 |
Obésité (≥ 30,00) (n = 3449) | 29,3 |
Maladies chroniques majeures (N = 11 384) | |
Non (n = 7881) | 74,5 |
Oui (n = 3503) | 25,5 |
Variables relatives à la consommation de substances | % |
Tabagisme (N = 11 483) | |
Fumeur quotidien (n = 1 549) | 10,9 |
Fumeur occasionnel (n = 456) | 4,3 |
Non-fumeur (n = 9478) | 84,8 |
Consommation d'alcool (N = 11 444) | |
Aucune forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année (n = 6691) | 56,6 |
Forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année (n = 4753) | 43,4 |
Consommation de cannabis (N = 11 205) | |
Consommation non fréquente au cours de la dernière année (n = 10 328) | 92,7 |
Consommation fréquente au cours de la dernière année (n = 877) | 7,3 |
Abréviations : ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; IMC, indice de masse corporelle. Remarque : Les estimations ont été pondérées pour être représentatives de la population cible. |
La plupart des répondants n'ont fait état d'aucun trouble de l'humeur (89,9 %) ou de trouble d'anxiété (89,9 %) et avaient un faible degré de stress perçu dans leur vie (78,5 %). La majorité n'a pas fait état de maladie chronique majeure (74,5 %) mais environ les deux tiers présentaient un IMC correspondant à un excès de poids ou à l'obésité (65,5 %). La plupart des répondants ne consommaient pas fréquemment de cannabis (92,7 %), étaient non-fumeurs (84,8 %) et n'avaient pas eu de forte consommation épisodique d'alcool (56,6 %) au cours de la dernière année.
Le revenu médian du ménage avant impôt était de 91 744 $ et l'âge moyen était de 48,2 ans. En moyenne, un bien-être psychologique a été ressenti pendant 22,4 jours au cours du mois précédent.
Résultats de la régression linéaire
Dans les analyses de régression simple, un âge plus avancé (B = 0,03; IC à 95 % : 0,02 à 0,04), le fait d'être marié ou de vivre en union libre (B = 1,12; IC à 95 % : 0,76 à 1,48) et le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids (B = 0,69; IC à 95 % : 0,28 à 1,10) ont été associés de façon significative à un bien-être psychologique supérieur. En revanche, la présence d'un trouble de l'humeur (B = −4,54; IC à 95 % : −5,25 à −3,83) ou d'un trouble d'anxiété (B = −3,45; IC à 95 % : −4,19 à −2,71), un haut degré de stress perçu dans la vie (B = −1,53; IC à 95 % : −2,01 à −1,04), une forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année (B = −0,69; IC à 95 % : −1,03 à −0,34) et une consommation fréquente de cannabis au cours de la dernière année (B = −1,93; IC à 95 % : −2,61 à −1,24) ont été associés de façon significative à un bien-être psychologique inférieur dans les analyses de régression simple. Dans les analyses de régression simple, il n'y a pas eu d'association significative entre le bien-être psychologique et le sexe, le fait d'avoir des enfants à la maison, le statut vis-à-vis de l'immigration, l'appartenance à un groupe racisé, le niveau de scolarité, le tertile de revenu du ménage, le fait d'avoir un IMC correspondant à l'obésité (par rapport à la catégorie du poids normal ou insuffisant), le fait d'avoir une maladie chronique majeure et le tabagisme (tableau 2).
Variables explicatives | Coefficient de régression non standardisé, B (IC à 95 %) | |
---|---|---|
Simple | Multiple | |
Sexe | ||
Hommes | Référence | – |
Femmes | −0,21 (−0,56 à 0,13) | – |
Âge (variable continue) | 0,03 (0,02 à 0,04)Note de bas de page *** | 0,01 (0,005 à 0,02)Note de bas de page ** |
État matrimonial | ||
Célibataire, séparé, divorcé ou veuf | Référence | Référence |
Marié ou en union libre | 1,12 (0,76 à 1,48)Note de bas de page *** | 0,58 (0,22 à 0,94)Note de bas de page ** |
Composition du ménage | ||
Aucun enfant vivant à la maison | Référence | – |
Enfant vivant à la maison | 0,21 (−0,16 à 0,57) | – |
Statut vis-à-vis de l'immigration | ||
Non-immigrant | Référence | – |
Immigrant | −0,15 (−0,60 à 0,31) | – |
Appartenance à un groupe racisé | ||
Non | Référence | – |
Oui | −0,42 (−0,91 à 0,06) | – |
Plus haut niveau de scolarité du répondant | ||
Secondaire ou niveau inférieur | Référence | – |
Postsecondaire | −0,11 (−0,45 à 0,24) | – |
Tertile de revenu du ménage | ||
Faible | Référence | – |
Moyen | 0,32 (−0,07 à 0,71) | – |
Élevé | 0,37 (−0,05 à 0,78) | – |
Trouble de l'humeur | ||
Non | Référence | Référence |
Oui | −4,54 (−5,25 à −3,83)Note de bas de page *** | −3,55 (−4,22 à −2,87)Note de bas de page *** |
Trouble d'anxiété | ||
Non | Référence | Référence |
Oui | −3,45 (−4,19 à −2,71)Note de bas de page *** | −1,10 (−1,81 à −0,38)Note de bas de page ** |
Stress perçu dans la vie | ||
Pas du tout, pas tellement ou un peu stressant | Référence | Référence |
Extrêmement ou assez stressant | −1,53 (−2,01 à −1,04)Note de bas de page *** | −0,89 (−1,35 à −0,43)Note de bas de page *** |
Catégorie d'IMC | ||
Poids normal ou insuffisant (< 25,0) | Référence | Référence |
Excès de poids (25,0 à 29,9) | 0,69 (0,28 à 1,10)Note de bas de page ** | 0,58 (0,16 à 0,99)Note de bas de page ** |
Obésité (≥ 30) | 0,33 (−0,13 à 0,79) | 0,44 (−0,03 à 0,90) |
Maladie chronique majeure | ||
Non | Référence | – |
Oui | 0,04 (−0,36 à 0,44) | – |
Tabagisme | ||
Fumeur quotidien | Référence | – |
Fumeur occasionnel | 0,65 (−0,36 à 1,65) | – |
Non-fumeur | 0,50 (−0,03 à 1,02) | – |
Consommation d'alcool | ||
Aucune forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année | Référence | Référence |
Forte consommation épisodique d'alcool au cours de la dernière année | −0,69 (−1,03 à −0,34)Note de bas de page *** | −0,42 (−0,77 à −0,08)Note de bas de page * |
Consommation de cannabis | ||
Non fréquente au cours de la dernière année | Référence | Référence |
Fréquente au cours de la dernière année | −1,93 (−2,61 à −1,24)Note de bas de page *** | −0,84 (−1,49 à −0,19)Note de bas de page * |
R2 ajusté | – | 0,09 |
Abréviations : ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; IMC, indice de masse corporelle; R2, coefficient de détermination. Remarque : Toutes les estimations sont pondérées. – : sans objet. |
Dans les analyses de régression multiple, un âge plus avancé (B = 0,01; IC à 95 % : 0,005 à 0,02), le fait d'être marié ou de vivre en union libre (B = 0,58; IC à 95 % : 0,22 à 0,94) et le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids (B = 0,58; IC à 95 % : 0,16 à 0,99) étaient associés de façon significative à un bien-être psychologique supérieur, tandis que les facteurs associés à un bien-être psychologique inférieur étaient la présence d'un trouble de l'humeur (B = −3,55; IC à 95 % : −4,22 à −2,87) ou d'un trouble d'anxiété (B = −1,10; IC à 95 % : −1,81 à −0,38), un haut degré de stress perçu dans la vie (B = −0,89; IC à 95 % : −1,35 à −0,43), une forte consommation épisodique d'alcool (B = −0,42; IC à 95 % : −0,77 à −0,08) et une consommation fréquente de cannabis (B = −0,84; IC à 95 % : −1,49 à −0,19).
Analyse
Dans cette étude, nous avons analysé les associations entre le bien-être psychologique et les caractéristiques sociodémographiques, la santé mentale, la santé physique et la consommation de substances à l'aide des données provenant d'environ 10 000 adultes au Canada. Nous avons constaté que le bien-être psychologique était associé positivement à deux facteurs sociodémographiques (l'âge et le fait d'être marié ou de vivre en union libre) et à une caractéristique de la santé physique (le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids) et qu'il était associé négativement à plusieurs variables relatives à la santé mentale (présence d'un trouble de l'humeur ou d'un trouble d'anxiété, haut degré de stress perçu dans la vie) et à la consommation de substances (forte consommation épisodique d'alcool, consommation fréquente de cannabis au cours de la dernière année). Ces associations avec le bien-être psychologique sont solides, dans la mesure où elles sont toutes demeurées statistiquement significatives malgré la correction simultanée de leurs effets respectifs dans l'analyse de régression multiple.
Notre étude a révélé une association entre un âge plus avancé et un bien-être psychologique supérieur, ce qui rejoint les conclusions d'études canadiennes antérieures selon lesquelles, en général, les manifestations d'une santé mentale positive s'observent le plus souvent chez les aînésNote de bas de page 15Note de bas de page 18Note de bas de page 24. Nous avons analysé le bien-être psychologique de façon globale, alors que la prise en compte de dimensions particulières du bien-être psychologique fournit des résultats plus nuancés : certaines caractéristiques du bien-être psychologique augmentent avec l'âge (comme la maîtrise de l'environnement), tandis que d'autres diminuent (comme le but dans la vie)Note de bas de page 25. Les recherches canadiennes à venir pourraient élargir cette étude en explorant différentes dimensions du bien-être psychologique ou en étudiant les corrélats du bien-être psychologique par tranche d'âge (début de l'âge adulte, milieu de l'âge adulte, âge adulte avancé) pour voir si elles évoluent au cours de la vie.
L'état matrimonial a aussi été associé de façon robuste au bien-être psychologique. Une recherche longitudinale a révélé que les six dimensions du bien-être psychologique augmentent globalement chez les personnes mariées pour la première fois, tandis que certaines dimensions diminuent chez les personnes qui sont séparées/divorcées (acceptation de soi et rapports positifs avec les autres) ou veuves (but dans la vie)Note de bas de page 26. D'autres travaux de recherche longitudinale ont conclu que le fait de commencer à vivre en cohabitation ou de se marier est généralement associé à une augmentation du bonheurNote de bas de page 27. Les relations amoureuses durables peuvent contribuer à la santé mentale positive de nombreuses façons : par exemple, les partenaires amoureux peuvent être une source d'amitié, de soutien social et de régulation émotionnelleNote de bas de page 28Note de bas de page 29.
Le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids mais non à l'obésité a systématiquement été associé à un score accru de bien-être psychologique, ce qui était inattendu, mais n'est pas spécifique à notre étude. Par exemple, une méta-analyse a révélé que la qualité de vie liée à la santé mentale était plus élevée chez les personnes ayant un IMC correspondant à un excès de poids (par rapport au poids normal), en dépit d'une moindre qualité de vie liée à la santé physiqueNote de bas de page 30. Les publications concernant l'IMC et la santé mentale en général ne sont pas consistantes et sont nuancées, avec des associations qui peuvent dépendre du sexe, de l'âge, de la stigmatisation ou de la mesure de la santé mentaleNote de bas de page 31Note de bas de page 32. Des études sont nécessaires pour déterminer si les adultes avec un IMC correspondant à un excès de poids au Canada tendent à déclarer un bien-être plus élevé pour d'autres mesures de la santé mentale positive, et si cette tendance varie après stratification pour des facteurs comme le sexe, afin de mieux comprendre la relation observée dans notre étude entre un IMC correspondant à un excès de poids et un score élevé de bien-être psychologique.
Outre ces associations positives, nous avons constaté que les personnes qui avaient fait état d'un trouble de l'humeur ou d'un trouble d'anxiété avaient généralement un bien-être psychologique plus faible que celles n'ayant pas fait état de ces maladies mentales. Des symptômes comme la tristesse, le désespoir, la fatigue, le manque d'intérêt, les perceptions négatives de soi, l'inquiétude excessive, les troubles du sommeil, l'agitation et la difficulté à se concentrer peuvent rendre le bien-être psychologique plus difficile à ressentir chez les personnes atteintes de troubles intériorisésNote de bas de page 33. De fait, les troubles d'anxiété et de l'humeur sont associés à des limitations du fonctionnement et du bien-êtreNote de bas de page 33Note de bas de page 34. De plus, des scores inférieurs ont été observés pour les six composantes du bien-être psychologique chez les personnes atteintes de dépression (par rapport à celles sans dépression)Note de bas de page 35 et l'évolution des symptômes dépressifs a prédit les variations du bien-être psychologique (et vice versa) sur une période de 16 ans chez des aînésNote de bas de page 36. Malgré les associations robustes entre la présence d'un trouble d'anxiété ou de l'humeur et l'atteinte d'un bien-être psychologique dans notre étude, il est important de noter que la variance du bien-être psychologique reste en grande partie inexpliquée. Ces résultats cadrent avec le modèle de double continuum de la santé mentale, selon lequel la santé mentale positive (dont relève le bien-être psychologique) et la maladie mentale sont des concepts connexes mais distincts, qui contribuent chacun à la santé mentale globaleNote de bas de page 37Note de bas de page 38.
Les répondants qui ont indiqué que la plupart de leurs journées étaient extrêmement stressantes ou assez stressantes avaient tendance à faire état d'un bien-être psychologique plus faible que ceux qui percevaient moins de stress dans leur vie. L'appréciation cognitive des interactions stressantes fréquentes et intenses avec l'environnement pourrait nuire à certaines composantes du bien-être psychologique, comme le sentiment d'autonomie ou de maîtrise de l'environnement, mais nous n'avons pas vérifié dans quelle mesure ces répondants croyaient pouvoir composer avec le degré de stress vécuNote de bas de page 39. Il demeure que cette constatation élargit les connaissances canadiennes sur le lien entre le stress perçu et d'autres dimensions de la santé mentale positive, dont le sentiment d'appartenance à la communauté dans la population adulte généraleNote de bas de page 40 et l'auto-évaluation de la santé mentale et de la satisfaction à l'égard de la vie chez les adultes qui ont un trouble d'anxiété ou de l'humeurNote de bas de page 41. La promotion continue de la santé mentale positive chez les personnes qui déclarent des degrés élevés de stress ou qui ont des troubles d'anxiété ou de l'humeur pourrait favoriser le bien-être psychologique à l'échelle de la populationNote de bas de page 42.
En ce qui a trait à la consommation de substances, une forte consommation épisodique d'alcool et une consommation fréquente de cannabis ont été associées de façon significative à un moindre bien-être psychologique. Des recherches antérieures menées auprès de jeunes au Canada ont révélé que la forte consommation épisodique d'alcool et la consommation fréquente de cannabis étaient plus répandues chez les individus ayant un faible bien-être psychologique et social (et même si l'autonomie présentait une association positive avec la consommation de substances lorsque les caractéristiques sociodémographiques et d'autres dimensions du bien-être étaient pris en compte)Note de bas de page 13. Il est intéressant de noter que notre étude n'a pas établi de lien entre le tabagisme et le bien-être psychologique, alors que des recherches antérieures avaient révélé que le fait de fumer des cigarettes de façon récente était associé à un bien-être psychologique et social plus faible chez les jeunes au CanadaNote de bas de page 12. Des éléments de preuve variables ont été relevés précédemment en ce qui concerne la relation entre le tabagisme et certaines composantes du bien-être psychologique (notamment le but dans la vie)Note de bas de page 43. Il faudra mener d'autres recherches pour mieux comprendre la relation entre la consommation de substances et la santé mentale positive, avec comme objectifs d'évaluer les motivations associées à la consommation, d'étudier la consommation de plusieurs substances et l'utilisation d'autres substances non mesurées dans cette enquête, de tenir compte de la dynamique de groupe, de faire la distinction entre l'abstinence et la consommation à faible risque, d'analyser les associations avec d'autres composantes de la santé mentale positive et d'étudier la fréquence de la forte consommation épisodique d'alcool.
Même si nous avons pu identifier différents corrélats du bien-être psychologique, nous avons observé que certaines variables n'étaient pas associées de façon significative au bien-être psychologique. Par exemple, notre étude, tout comme les analyses de l'ESCC de 2015Note de bas de page 18, n'a pas révélé de variation du bien-être psychologique selon le sexe, le niveau de scolarité ou le statut vis-à-vis de l'immigration. Le bien-être psychologique ne différait pas non plus entre les membres de groupes racisés et ceux de groupes non racisés ni entre les personnes qui avaient des enfants à la maison et celles qui n'en avaient pas. Des différences concernant d'autres dimensions de la santé mentale positive ont été rapportées en lien avec ces caractéristiques sociodémographiques chez les adultes au CanadaNote de bas de page 24, ce qui dénote l'importance de surveiller de nombreux indicateurs de la santé mentale positive. L'absence de résultats significatifs pour le revenu du ménage et les maladies chroniques majeures était inattendue. Selon des analyses antérieures de l'ESCC de 2015, la probabilité de bénéficier d'un bien-être psychologique élevé augmentait chez les adultes des trois premiers quintiles de revenu du ménage par rapport aux adultes du quintile le plus basNote de bas de page 18. Différentes particularités des analyses précédentes – dont l'utilisation d'un groupe de référence plus extrême, la taille supérieure de l'échantillon et certaines différences méthodologiques ou analytiques – peuvent expliquer cette absence de concordance des résultats relatifs au revenu du ménage. Des recherches canadiennes antérieures ont révélé que la probabilité d'avoir une santé mentale florissante était réduite chez les adultes ayant des problèmes physiques chroniques (mais pas après ajustement pour diverses caractéristiques sociodémographiques, certains comportements positifs en matière de santé et la douleur chronique)Note de bas de page 44. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour expliquer ce manque d'uniformité dans les résultats.
Points forts et limites
L'un des principaux points forts de cette étude est l'utilisation des données d'une enquête sur la santé de la population, ce qui nous a permis d'analyser un éventail de corrélats possibles du bien-être psychologique chez les adultes vivant dans la collectivité dans les 10 provinces canadiennes. Pour ce qui est des limites, le bien-être psychologique a de multiples facettes et plusieurs de ses corrélats potentiels n'ont pas été mesurés ou contrôlés (comme la personnalité)Note de bas de page 7, ce qui fait qu'une confusion résiduelle ne peut pas être exclue. Les données autodéclarées sont sujettes à des biais de désirabilité sociale ou de rappel, en particulier pour un contenu sensible comme la consommation de substancesNote de bas de page 45. Bien que l'IMC ait été ajusté à l'aide de corrections liées au sexe pour tenir compte des biais de déclaration courants, des erreurs de classification restent possibles en raison des limites de l'IMC dans certaines populations (personnes très musclées, aînés, membres de certains groupes racisés)Note de bas de page 21. Certaines variables explicatives de notre étude (comme l'état matrimonial ou l'appartenance à un groupe racisé) ont été conçues en fonction de catégories larges, ce qui fait que des différences de bien-être psychologique entre ces populations regroupées ont pu passer inaperçues. De plus, il se peut que les conclusions de l'étude ne soient pas généralisables aux personnes exclues de la population cible (dont les personnes vivant en établissement ou dans les réserves et autres établissements autochtones et les membres à temps plein des Forces armées canadiennes) ou exclues des analyses (personnes de moins de 18 ans, femmes ayant déclaré être enceintes, etc.). Enfin, étant donné la nature transversale des données analysées, il est impossible d'établir une causalité ou une direction dans les associations observées.
Conclusion
Selon RyffNote de bas de page 9, le bien-être psychologique tient au fait que les gens se sentent compétents, autonomes et reliés aux autres, qu'ils acceptent qui ils sont et qu'ils ont l'impression de s'épanouir et d'avoir un but et un sens dans leur vie. Nous avons constaté que la présence d'un trouble de l'humeur ou d'un trouble d'anxiété, un haut degré de stress perçu dans la vie, une forte consommation épisodique d'alcool ou une consommation fréquente de cannabis étaient uniformément associés à un bien-être psychologique inférieur, tandis qu'un âge plus avancé, le fait d'être marié ou de vivre en union libre et le fait d'avoir un IMC correspondant à un excès de poids ont été uniformément associés à un bien-être psychologique supérieur. Nos résultats font ressortir les facteurs de risque et de protection potentiels du bien-être psychologique et montrent la nécessité de poursuivre les recherches au sujet des interventions susceptibles d'accroître le bien-être psychologique. Le contexte justifie que l'on s'intéresse à ces questions, dans la mesure où l'on a constaté une baisse de la prévalence d'autres composantes de la santé mentale positive (par exemple une baisse de la proportion d'adultes ayant déclaré une très bonne ou une excellente santé mentale)Note de bas de page 46, la progression de certains facteurs de risque potentiels (dont une hausse des résultats positifs au dépistage du trouble dépressif majeur chez les adultes et une hausse de la proportion d'adultes déclarant une augmentation plutôt qu'une diminution de leur consommation d'alcool et de cannabis)Note de bas de page 47Note de bas de page 48 et une hausse des inégalités relatives à la santé mentale positive dans certains groupes (entre les groupes d'adultes plus jeunes et plus âgés)Note de bas de page 25 pendant la pandémie de COVID-19 au Canada. Il sera important d'explorer la mesure dans laquelle le bien-être psychologique a aussi été touché.
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier Statistique Canada pour son apport à la conception de l'Enquête, ainsi qu'à la collecte et à la diffusion des données. Nous remercions le personnel du Programme d'accès et de coordination des données (PACD) de l'ASPC pour son aide en ce qui concerne la diffusion des données. Les auteurs remercient Karen C. Roberts (ASPC) et Natalie Gabora (ASPC) d'avoir revu le manuscrit. Enfin, nous remercions toutes les personnes qui ont participé à la composante de réponse rapide sur la santé mentale positive de l'ESCC de 2019.
Conflits d'intérêts
Heather Orpana fait partie des rédacteurs scientifiques adjoints de la revue PSPMC, mais elle s'est retirée du processus d'évaluation de cet article.
Les auteurs n'ont aucun conflit d'intérêts à déclarer.
Contribution des auteurs et avis
- MV : conception, analyse formelle, méthodologie, administration du projet, visualisation, rédaction de version initiale du manuscrit, relectures et révisions.
- ZMC : analyse formelle, méthodologie, validation, relectures et révisions.
- MMB : conception, relectures et révisions.
- EP : conception, relectures et révisions.
- HO : conception, relectures et révisions.
- CAC : analyse formelle, méthodologie, validation, relectures et révisions.
Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.
Détails de la page
- Date de modification :