Recherche quantitative originale – Prédicteurs de l’utilisation de la cigarette électronique à capsule chez les jeunes et les jeunes adultes canadiens

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Safa Ahmad, M.S.P.; Tianru Wang, M.S.P.; Robert Schwartz, Ph. D.; Susan J. Bondy, Ph. D.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.1.03f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs

Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario, École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto (Ontario), Canada

Correspondance

Safa Ahmad, Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario, École de santé publique Dalla Lana, 155, rue Collège, Toronto (Ontario) M5T 3M7; tél. : 647-208-6100; courriel : safa.ahmad@mail.utoronto.ca

Citation proposée

Ahmad S, Wang T, Schwartz R, Bondy SJ. Prédicteurs de l’utilisation de la cigarette électronique à capsule chez les jeunes et les jeunes adultes canadiens. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(1):13-22. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.1.03f

Résumé

Introduction. Les modifications apportées à la législation fédérale ont permis la vente légale de cigarettes électroniques à base de nicotine sur le marché canadien en 2018. Parmi ces produits figurent les cigarettes électroniques à capsule, comme les dispositifs JUUL, qui ont par la suite été associées à une hausse marquée de la prévalence de l’utilisation des cigarettes électroniques et à un accroissement de la fréquence de leur utilisation chez les jeunes américains et canadiens. De nombreuses études ont été menées auprès de divers groupes de populations aux États-Unis sur les facteurs qui incitent à utiliser ou à commencer à utiliser les dispositifs JUUL, mais on dispose de peu de données probantes sur des facteurs de risque semblables liés à l’utilisation des cigarettes électroniques à capsule chez les jeunes et les jeunes adultes canadiens. La compréhension de ces facteurs de risque peut éclairer l’adoption de stratégies de prévention et d’intervention au Canada et dans d’autres pays.

Méthodologie. Au total, 668 jeunes et jeunes adultes canadiens ont été recrutés dans le cadre de l’Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes réalisée en 2018-2019. Ils ont été invités à répondre à une enquête initiale ayant eu lieu 3 mois avant l’assouplissement de la réglementation fédérale sur les cigarettes électroniques à base de nicotine et une enquête de suivi 9 mois après la modification de la réglementation. Nous avons utilisé une régression logistique multivariée pour comprendre les prédicteurs de référence de l’utilisation future des cigarettes électroniques à capsule chez les répondants et pour les classer en fonction de leur importance.

Résultats. Avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois (rapport de cotes [RC] = 2,66; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,66 à 4,21, < 0,001), fumer régulièrement la cigarette (RC = 3,42; 1,53 à 7,65, < 0,01), avoir expérimenté antérieurement la cigarette (RC = 2,40, 1,34 à 4,31, < 0,01), avoir de nombreux amis qui vapotent (RC = 2,15; 1,37 à 3,34, < 0,001), avoir moins de 18 ans comparativement à avoir plus de 22 ans (RC = 5,26; 2,63 à 10,00, < 0,001) et être de sexe masculin (RC = 1,69; 1,16 à 2,50, < 0,01) se sont révélés des prédicteurs significatifs et les plus influents de l’utilisation future de cigarettes électroniques à capsule.

Conclusion. Des facteurs similaires ont incité les jeunes et les jeunes adultes canadiens et américains à utiliser des cigarettes électroniques à capsule. L’examen de la polyconsommation de substances chez les jeunes du secondaire peut être utile pour mettre en place des stratégies préventives appropriées.

Mots‑clés : vapotage, nicotine, inhalateur électronique de nicotine, facteurs de risque, Canada, jeune adulte, adolescent, cannabis

Points saillants

  • Consommer du cannabis, fumer ou avoir déjà expérimenté la cigarette, être de sexe masculin, avoir moins à 18 ans et avoir des amis qui vapotent sont tous des facteurs qui ont augmenté considérablement la probabilité qu’un jeune ou un jeune adulte canadien de notre échantillon utilise des cigarettes électroniques à capsule contenant de la nicotine, comme celles de la marque JUUL, une fois que ces produits ont été offerts légalement sur le marché canadien au milieu de l’année 2018.
  • Dans plusieurs études américaines, ces facteurs ont également été recensés comme des prédicteurs de l’utilisation future de cigarette électronique à capsule ou comme associés aux caractéristiques des utilisateurs.

Introduction

En mai 2018, la Loi sur le tabac et les produits de vapotage a autorisé la vente de cigarettes électroniques à base de nicotine sur le marché canadien sans qu’une approbation préalable à la mise en marché ne soit requiseNote de bas de page 1. La libéralisation du marché s’est accompagnée d’une exposition accrue à la publicité sur les cigarettes électroniques chez les jeunes Canadiens entre 2017 et 2019Note de bas de page 2. Elle a également coïncidé avec le début d’une forte augmentation de la prévalence et de la fréquence de l’utilisation des cigarettes électroniques : en 2019, la proportion d’un échantillon national de jeunes Canadiens de 16 à 19 ans ayant indiqué avoir vapoté pendant 20 jours ou plus au cours du dernier mois était plus de trois fois plus élevée que celle de 2017Note de bas de page 3. La proportion de Canadiens de 15 à 19 ans, de 20 à 24 ans et de 25 ans et plus ayant déclaré avoir vapoté au cours du dernier mois est demeurée à peu près constante entre 2019 et 2020Note de bas de page 4Note de bas de page 5.

Grâce à sa conception légère et facile à transporter, la cigarette électronique de dernière génération, soit la cigarette électronique à capsule (« capsule » dans le reste du texte), est conçue pour être plus pratique d’utilisationNote de bas de page 6. Une formule combinée à base de nicotine libre et de sel de nicotine aide à accroître l’efficacité de l’administration de nicotine en réduisant la gravité de ses répercussions sur les voies respiratoires supérieures, ce qui est susceptible de contribuer à une consommation de nicotine répétée et accrue et de favoriser la dépendanceNote de bas de page 7Note de bas de page 8. La marque de capsules la plus connue, JUUL, comptait pour près de 80 % du marché des cigarettes électroniques vendues au détail aux États-Unis à la fin de l’année 2018Note de bas de page 9. Dans un échantillon longitudinal représentatif à l’échelle nationale de jeunes et de jeunes adultes américains, l’utilisation du dispositif JUUL et l’utilisation plus fréquente de cigarettes électroniques ont augmenté considérablement entre 2018 et 2019Note de bas de page 10. Des constatations semblables ont été tirées d’échantillonnages répétés d’adolescents canadiens, montrant que 17,7 % des jeunes ayant utilisé des cigarettes électroniques au cours des 30 derniers jours ont indiqué avoir utilisé le produit JUUL en 2019, comparativement à 10,3 % en 2018Note de bas de page 7.

Les tendances à la hausse de fréquence du vapotage ajoutent à la gravité des risques que posent les cigarettes électroniques pour les jeunes et les jeunes adultes. La consommation quotidienne de substances psychoactives ou à vertus gratifiantes pendant une forte proportion de jours est associée à la dépendance, à une diminution de la probabilité d’abandon et à un risque accru d’effet nocif sur la santé attribuable aux doses. Ces liens sont bien établis pour le tabagismeNote de bas de page 11Note de bas de page 12 et de plus en plus clairs pour les cigarettes électroniquesNote de bas de page 13.

La compréhension des prédicteurs de l’utilisation initiale de capsules peut aider à déterminer les groupes de jeunes qui sont davantage susceptibles d’être fréquemment exposés à la nicotine par l’entremise des cigarettes électroniques. Des études antérieures sur les corrélats de l’utilisation du produit JUUL chez les jeunes et certains sous-groupes de populations des États-Unis ont mis en évidence les facteurs suivants : l’utilisation de la cigaretteNote de bas de page 10Note de bas de page 14Note de bas de page 15, la perception d’un effet moins néfasteNote de bas de page 14Note de bas de page 16, la recherche de sensationsNote de bas de page 10Note de bas de page 14, le fait que les amis et les membres du ménage l’utilisentNote de bas de page 10Note de bas de page 14Note de bas de page 17, l’attrait de la saveurNote de bas de page 17, un statut socioéconomique plus élevéNote de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 18, un jeune âgeNote de bas de page 14Note de bas de page 15, être de sexe masculinNote de bas de page 15 et une origine ethnique blancheNote de bas de page 14Note de bas de page 18. Toutefois, les études transversales ne permettent pas d’évaluer la temporalité du facteur de risque et l’association avec les résultats lorsque c’est pertinent et compliquent la détermination des facteurs de risque d’une future utilisationNote de bas de page 19.

La consommation par les pairs de tabac et celle de cannabis ont été identifiées comme prédictrices du fait de commencer à utiliser le produit JUUL ou d’autres cigarettes électroniques chez une cohorte d’adolescents du Texas en 2017-2018Note de bas de page 20. L’exposition à des publicités, le tabagisme et la perception selon laquelle les effets du produit JUUL sont moins néfastes ont été identifiés comme prédicteurs d’une future utilisation du produit JUUL chez une cohorte de 2018 de jeunes adultes inscrits dans des établissements d’enseignement postsecondaire en Caroline du Nord et en VirginieNote de bas de page 21.

En mars 2018, l’Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes a recueilli des données auprès de jeunes et de jeunes adultes canadiens, certains utilisant la cigarette électronique et d’autres ne l’utilisant pas, puis de nouveau en mars 2019, dans le cadre d’une enquête de suivi. Le changement législatif a eu lieu en mai 2018, soit entre l’enquête de référence et l’enquête de suiviNote de bas de page 1. Nous avons ainsi eu une occasion exceptionnelle de cerner les facteurs de risque liés à l’utilisation des capsules dans une population relativement naïve à l’égard des capsules, et de les comparer aux résultats obtenus chez des groupes de population à risque élevé aux États-Unis.

Méthodologie

Cadre de l’enquête et participants

L’Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes, qui est décrite ailleursNote de bas de page 22, est une étude longitudinale dont l’objectif était de suivre les tendances sur 18 mois de l’utilisation de la cigarette électronique chez les résidents canadiens de 16 à 25 ans. La plupart des participants ont été recrutés au moyen des médias sociaux, notamment Instagram, Reddit et Google Ads, 4 % ayant été recrutés à partir d’une liste de contacts obtenue auprès du programme « Leave the Pack Behind », un programme financé à l’échelle provinciale offrant du soutien et des services aux fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer. 

Les données ont été recueillies au moyen d’un échantillonnage dirigé pour assurer une répartition selon un ratio de 60 %/40 % entre les utilisateurs réguliers d’une part et les utilisateurs irréguliers et ceux n’ayant jamais utilisé de cigarettes électroniques d’autre part, ainsi que pour obtenir un échantillon adéquat de jeunes appartenant à des tranches d’âge difficiles à rejoindre et de jeunes adultes. Pour s’assurer que ce critère de contingentement était respecté, on a demandé lors de la présélection : « Au cours des 4 dernières semaines, avez-vous vapoté des cigarettes électroniques chaque semaine ? » Ceux qui ont répondu « oui » ont été classés comme vapoteurs réguliers et ceux ayant répondu « non » ont été classés comme vapoteurs irréguliers. Les participants multilingues étaient admissibles s’ils pouvaient répondre à l’enquête en ligne en anglais.

Le panel comptait 1 048 participants au départ, dont 578 vapoteurs réguliers. Parmi les participants à l’enquête de référence, 18 ont abandonné et 65 % (668/1 030) de ceux qui restaient ont répondu à l’enquête de suivi 12 mois plus tard. Tous les participants admissibles ont reçu une carte‑cadeau électronique de 10 $ et ont pu participer au tirage de l’une des deux cartes-cadeaux de 250 $.

Variables

Mesures des résultats

Lors du suivi à 12 mois, on a demandé aux répondants s’ils avaient « utilisé un système à capsule ou un dispositif de vapotage à capsule qui utilise des capsules ou des cartouches et qui pourrait ressembler à une clé USB (par exemple marques JUUL, myblu, Vype, Logic, Breeze 2, etc.) » au cours des six derniers mois. Étant donné les dates d’introduction de ces produits, l’utilisation des capsules ou des cartouches au moment du suivi correspondait, dans le contexte de l’étude, à l’utilisation de ces dispositifs après leur introduction légale et générale sur le marché.

Définition des prédicteurs potentiels de l’utilisation des capsules

Les prédicteurs de référence qui ont été étudiés sont les suivants : l’importance déclarée de l’intention d’abandonner ou de réduire le tabagisme dans la décision de vapoter; l’importance déclarée des saveurs dans la décision de vapoter; la recherche de sensations; la perception du risque associé à l’utilisation régulière de produits de vapotage contenant de la nicotine; la consommation de cannabis au cours du dernier mois; la fréquence de l’utilisation de la cigarette électronique; le statut tabagique; la proportion d’amis qui vapotent; l’exposition au cours du dernier mois à des publicités sur le vapotage sur des panneaux d’affichage, dans des stations-service ou à l’extérieur; l’exposition au cours du dernier mois à des publicités sur le vapotage à la télévision, la radio ou en ligne; la tranche d’âge; le sexe; la province ou le territoire de résidence.

On a évalué la recherche de sensations en demandant aux participants s’ils étaient d’accord ou non avec l’énoncé suivant : « J’aime vivre des expériences nouvelles et excitantes, même si je dois enfreindre les règles ». Les réponses ont été réparties, pour l’analyse, en deux catégories (tout à fait d’accord/plutôt d’accord et fortement en désaccord/plutôt en désaccord/ni l’un ni l’autre). Les réponses des participants au sujet de la perception du risque associé à l’utilisation régulière de produits de vapotage contenant de la nicotine ont été réparties en deux catégories (risque élevé/risque modéré et aucun risque/risque léger/risque inconnu). Le statut tabagique a été divisé en cinq catégories. Ont été considérés comme fumeurs les participants se déclarant fumeurs au moment de l’enquête et qui avaient fumé au moins 100 cigarettes au cours de leur vie et comme expérimentateurs les fumeurs ayant fumé moins de 100 cigarettes. On a considéré comme anciens expérimentateurs les participants non-fumeurs au moment du suivi qui, dans le passé, avaient fumé moins de 100 cigarettes et comme anciens fumeurs ceux qui avaient fumé plus de 100 cigarettes. Les participants ont été considérés comme n’ayant jamais fumé s’ils n’avaient jamais essayé la cigarette.

Les réponses à la question « À quelle fréquence vapotez-vous ? » ont été réparties en trois catégories (quotidienne/quasi quotidienne, au moins une fois par semaine/au moins une fois par mois et moins d’une fois par mois/jamais). Les réponses à la question sur la « proportion d’amis qui vapotent » ont été réparties en deux catégories (aucun/quelques‑uns et plusieurs).

L’âge a été réparti, pour l’analyse, en trois catégories fondées sur les tranches d’âge correspondant habituellement au niveau secondaire, au niveau postsecondaire et à une catégorie plus âgée (15 à 17 ans, 18 à 21 ans, 22 à 26 ans). Les provinces et les territoires de résidence ont été classés en fonction de trois provinces (Ontario, Alberta et Colombie-Britannique) et une quatrième catégorie (« autre ») englobait les autres provinces et territoires.

Analyse des données

Nous avons ajusté un modèle prédictif multivarié pour déterminer quels prédicteurs avaient le plus d’influence sur la future utilisation de capsules chez les participants de notre échantillon. Les étapes ont été guidées par la stratégie de conception du modèle prédictif générique de HarrellNote de bas de page 23. Nous avons tenu compte de tous les prédicteurs a priori, puis nous avons obtenu des estimations de l’ampleur de l’effet standard pour les variables prédictives et nous avons validé le classement de l’influence de chaque prédicteur.

Il manquait les réponses indiquant la fréquence de vapotage dans 21 % (140/668) des observations, celles de la proportion d’amis qui vapotent dans 13 % des observations, celles du statut tabagique dans 7 % des observations, celles de la recherche de sensations dans 2 % des observations et celles de la perception du risque dans 1 % des observations. Nous avons utilisé une imputation multiple pour obtenir des estimations valides moins biaisées malgré les données prédictives manquantesNote de bas de page 24 : nous avons appliqué l’approche de l’appariement de la moyenne prédictive semi-paramétrique et la méthode de l’autoamorçage pour créer un ensemble d’imputations comme celui décrit par HarrellNote de bas de page 25Note de bas de page 26. Nous avons utilisé toutes les variables du modèle final pour créer 23 imputations, étant donné que 22,8 % (152/668) des observations comportaient une ou plusieurs valeurs manquantesNote de bas de page 25. Nous avons créé cinq modèles de régression logistique à partir d’ensembles de données complets, et nous avons établi la moyenne des cinq ensembles de coefficients pour produire les estimations d’effetNote de bas de page 25.

Nous avons considéré l’âge comme une variable catégorielle en raison de l’intérêt de seuils non arbitraires et nous avons réparti les participants dans des tranches d’âge étroites correspondant au niveau secondaire habituel, au niveau postsecondaire habituel et à une catégorie plus âgée. Nous avons maintenu le nombre de prédicteurs à moins de m/15 où m = min (Nrésultat=1, Nrésultat=0)Note de bas de page 23. Nous avons utilisé les facteurs d’inflation de la variance pour évaluer la multicolinéarité. Nous avons classé l’influence prédictive en fonction de la différence entre les valeurs du chi carré de Wald et les degrés prédictifs de liberté. Nous avons effectué un autoamorçage (boostrap) du processus de classement pour obtenir des intervalles de confiance (IC) à 95 % contenant la mesure réelle du classementNote de bas de page 27. Nous avons effectué la validation du modèle au moyen de 1 000 nouveaux échantillons autoamorcés avec remplacement pour évaluer la surajustementNote de bas de page 28.

Nous avons présenté sous forme de rapports de cotes (RC) avec IC à 95 % l’ampleur de l’association entre les prédicteurs demeurant dans le modèle et la probabilité que les participants utilisent une capsule dans les six mois avant l’enquête de suivi. Nous avons effectué toutes les analyses avec la version 4.0.3 de R (R Foundation pour l’informatique statistique, Vienne, Autriche).

Résultats

Caractéristiques de l’échantillon

Le tableau 1 présente les caractéristiques des participants, les mesures de référence du vapotage et diverses caractéristiques sur la consommation de substances ainsi que les autres facteurs prédictifs potentiels pris en compte dans l’analyse. Parmi les 668 répondants ayant fourni des données à la fois lors de l’enquête initiale et de l’enquête de suivi à 12 mois, 59,3 % (396/668) ont indiqué avoir utilisé une capsule dans les six mois avant l’enquête de suivi. La composition du profil des 668 répondants à l’enquête de suivi par rapport aux 1 048 répondants de l’échantillon de départ était significativement différente en fonction du sexe (χ2 = 9,42; p < 0,01; df = 1), de la consommation de cannabis au cours du dernier mois (χ2 = 14,07; p < 0,001; df = 1) et de la proportion d’amis qui vapotent (χ2 = 12,83; p < 0,001; df = 1).

Tableau 1. Caractéristiques des participants à l’Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes de 2018-2019 
Variable Répondants – participation incomplète
(N = 380) (%)Note de bas de page a
Répondants – participation complète 
(N = 668) (%)Note de bas de page a
Utilisation de capsules dans les 6 mois précédant le suivi
Non s.o. 272 (41)
Oui  s.o. 396 (59)
Caractéristiques de départ
Sexe
Masculin 281 (74) 417 (62)
Féminin 99 (26) 251 (38)
Province/Territoire
Ontario 171 (45) 335 (50)
Alberta 63 (17) 115 (17)
Colombie-Britannique 67 (18) 111 (17)
AutreNote de bas de page b  79 (21) 107 (16)
Tranche d’âge (ans)
15 à 17 161 (42) 286 (43)
18 à 21 186 (49) 289 (43)
22 à 26 33 (9) 93 (14)
Consommation de substances au départ
Statut tabagique
Fumeur 62 (16) 90 (13)
Expérimentateur 36 (9) 42 (6)
Ancien fumeur 42 (11) 72 (11)
Ancien expérimentateur 68 (18) 104 (16)
Jamais fumé 171 (45) 353 (53)
Donnée manquante 1 (0,3) 7 (1)
Consommation de cannabis au cours du dernier mois
Non 204 (54) 452 (68)
Oui 176 (46) 216 (32)
Fréquence de vapotage
Quotidienne ou presque 162 (43) 244 (37)
Hebdomadaire ou mensuelle 120 (32) 165 (25)
Moins d’une fois par mois ou jamais 59 (16) 119 (18)
Donnée manquante 39 (10) 140 (21)
Autres caractéristiques liées au vapotage au départ
Facteurs ayant de l’importance dans la décision de vapoter
Saveurs
Non 191 (50) 357 (53)
Oui 189 (50) 311 (47)
Tentative d’arrêt ou de réduction du tabagisme
Non 294 (77) 554 (83)
Oui 86 (23) 114 (17)
Risque perçu du vapotage régulier avec nicotine
Risque modéré/élevé 223 (59) 438 (66)
Aucun risque/léger risque/ne sais pas 156 (41) 229 (34)
Donnée manquante 1 (0,3) 1 (0,1)
Facteurs psychosociaux/environnementaux au départ
Proportion d’amis qui vapotent
Aucun/quelques-uns 180 (47) 414 (62)
Plusieurs 196 (52) 241 (36)
Donnée manquante 4 (1) 13 (2)
Exposition à des publicités extérieures au cours du dernier mois
Non 175 (46) 273 (41)
Oui 205 (54) 395 (59)
Exposition à des publicités dans les médias au cours du dernier mois
Non 185 (49) 293 (44)
Oui 195 (51) 375 (56)
J’aime vivre des expériences nouvelles et excitantes, même si je dois enfreindre les règles
Tout à fait d’accord/plutôt d’accord 249 (66) 417 (62)
Pas d’accord/fortement en désaccord/plutôt en désaccord      129 (34) 249 (37)
Donnée manquante 2 (0,5) 2 (0,3)

Remarques : Les prédicteurs similaires ont été regroupés pour faciliter la compréhension. Au total, 668 jeunes et jeunes adultes canadiens ont répondu à la fois à l’enquête initiale et à l’enquête de suivi à 12 mois et 380 ont répondu seulement à l’enquête initiale.

Note de bas de page a

Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme ne correspond pas nécessairement à 100.

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Note de bas de page b

Cette catégorie comprend les répondants à l’enquête de suivi provenant de l’ensemble des autres provinces et territoires, soit 5,8 % des 668 répondants dans le cas des provinces de l’Atlantique, 4,2 % dans le cas de la Saskatchewan, 3,0 % dans le cas du Québec, 2,7 % dans le cas du Manitoba et 0,3 % dans le cas du Yukon.

Retour à la référence de la note de bas de page b

Modèle complet

Le tableau 2 présente les résultats du modèle de régression logistique multivariée permettant de prédire la probabilité qu’un individu utilise une capsule entre 6 et 12  mois après avoir rempli l’enquête initiale. Tous les facteurs d’inflation de la variance étaient inférieurs à 10 et n’indiquaient pas de multicolinéarité. Avec une statistique de concordance de 0,81 et, après correction pour le surajustement, de 0,79, la discrimination prédictive du modèle montre une certaine utilité pour prédire les réponses individuelles des sujetsNote de bas de page 27 et seulement un faible degré de surajustement (indice C corrigé avec IC à 95 % : 0,76 à 0,83).

Tableau 2. Modèle de régression logistique multivariée permettant de prédire l’utilisation de cigarettes électroniques à capsule, Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes de 2018-2019
Prédicteurs Rapport de cotes
(IC à 95 %)
Valeur p
Point d’intersection 0,75 (0,55 à 1,02) 0,3782
Tranche d’âge (ans)
15 à 17 1,00 (réf.) s.o.
18 à 21 0,63 (0,41 à 0,98)Note de bas de page * 0,0391
22 à 26 0,19 (0,10 à 0,38)Note de bas de page *** < 0,0001
Sexe
Masculin 1,00 (réf.) s.o.
Féminin 0,59 (0,40 à 0,86)Note de bas de page ** 0,0061
Province/Territoire
Ontario 1,00 (réf.) s.o.
Alberta 1,42 (0,85 à 2,39) 0,1813
Colombie-Britannique 0,86 (0,51 à 1,45) 0,5833
AutreNote de bas de page a 0,85 (0,50 à 1,46) 0,5633
Caractéristiques liées au vapotage
Importance des saveurs dans la décision de vapoter
Non 1,00 (réf.) s.o.
Oui 1,38 (0,90 à 2,10) 0,1407
Importance de l’intention d’arrêter ou de réduire le tabagisme dans la décision de vapoter
Non 1,00 (réf.) s.o.
Oui 1,05 (0,52 à 2,09) 0,8969
Perception du risque associé au vapotage régulier avec nicotine
Aucun risque/léger risque/ne sais pas 1,00 (réf.) s.o.
Risque modéré/élevé 0,80 (0,51 à 1,24) 0,3114
Fréquence du vapotage au départ
Moins d’une fois par mois ou jamais 1,00 (réf.) s.o.
Hebdomadaire ou mensuelle  1,47 (0,83 à 2,60) 0,1823
Quotidienne ou presque 2,25 (1,14 à 4,44)Note de bas de page * 0,0189
Polyconsommation de substances
Consommation de cannabis au cours du dernier mois
Non 1,00 (réf.) s.o.
Oui 2,66 (1,66 à 4,21)Note de bas de page *** < 0,0001
Statut tabagique
Jamais fumé 1,00 (réf.) s.o.
Expérimentateur 2,20 (0,86 à 5,57) 0,0983
Ancien fumeur 0,83 (0,37 à 1,86) 0,6479
Ancien expérimentateur 2,40 (1,34 à 4,31)Note de bas de page ** 0,0034
Fumeur 3,42 (1,53 à 7,65)Note de bas de page ** 0,0027
Facteurs psychosociaux et environnementaux
Exposition à des publicités extérieures au cours du dernier mois
Non 1,00 (réf.) s.o.
Oui 1,35 (0,88 à 2,00) 0,1706
Exposition à des publicités dans les médias au cours du dernier mois
Non 1,00 (réf.) s.o.
Oui 0,93 (0,61 à 1,43) 0,7319
Proportion d’amis qui vapotent
Aucun/quelques-uns 1,00 (réf.) s.o.
Plusieurs 2,15 (1,37 à 3,34)Note de bas de page *** 0,0009
Recherche de sensations (« j’aime vivre des expériences nouvelles et excitantes, même si je dois enfreindre les règles »)
Pas d’accord/fortement en désaccord/plutôt en désaccord 1,00 (réf.) s.o.
Tout à fait d’accord/plutôt d’accord 1,47 (1,00 à 2,17) 0,0527

Abréviations : IC, intervalle de confiance; s.o., sans objet.
Remarque : Modèle fondé sur les 668 participants ayant répondu à l’enquête initiale et à l’enquête de suivi à 12 mois.

Note de bas de page a

Cette catégorie comprend les répondants à l’enquête de suivi provenant de l’ensemble des autres provinces et territoires, soit 5,8 % des 668 répondants dans le cas des provinces de l’Atlantique, 4,2 % dans le cas de la Saskatchewan, 3,0 % dans le cas du Québec, 2,7 % dans le cas du Manitoba et 0,3 % dans le cas du Yukon.

Retour à la référence de la note de bas de page a

Note de bas de page *

p ≤ 0,05.

Retour à la référence de la note de bas de page *

Note de bas de page **

p ≤ 0,01.

Retour à la référence de la note de bas de page **

Note de bas de page ***

p ≤ 0,001.

Retour à la référence de la note de bas de page ***

Les répondants ayant indiqué lors de l’enquête initiale avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois étaient beaucoup plus susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que ceux n’en ayant pas consommé; ceux ayant indiqué un vapotage quotidien ou quasi quotidien étaient beaucoup plus susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que ceux ayant indiqué ne pas vapoter ou vapoter moins d’une fois par mois; ceux ayant indiqué avoir « plusieurs » amis qui vapotent étaient plus susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que ceux ayant indiqué n’en avoir « aucun » ou en avoir « quelques‑uns »; ceux ayant dit aimer vivre de nouvelles expériences même s’ils devaient enfreindre les règles étaient plus susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que les autres. En règle générale, les participants d’âge postsecondaire et les participants plus âgés étaient moins susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que les moins de 18 ans.

Le sexe masculin s’est révélé un facteur prédictif associé à une probabilité d’utilisation future de capsules beaucoup plus élevée. Les fumeurs et les anciens expérimentateurs étaient plus susceptibles d’utiliser plus tard une capsule que les répondants n’ayant jamais fumé.

Les cinq premiers prédicteurs de référence en importance, par ordre décroissant, sont la tranche d’âge, le statut tabagique, la consommation de cannabis au cours du dernier mois, la proportion d’amis qui vapotent et le sexe masculin (figure 1). Les IC à 95 % des classements du statut tabagique et de la tranche d’âge ne chevauchent pas les IC du classement de l’exposition à la publicité extérieure ni celui du vapotage pour abandonner ou réduire le tabagisme. Les IC à 95 % des cinq prédicteurs importants chevauchent tous les prédicteurs restants (figure 1).

Figure 1. Mesures du classementNote de bas de page a et IC à 95 % autoamorcés associés pour les facteurs du modèle prédisant l’utilisation des cigarettes électroniques à capsule, Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes de 2018-2019
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel
Figure 1. Mesures du classement et IC à 95 % autoamorcés associés pour les facteurs du modèle prédisant l’utilisation des cigarettes électroniques à capsule, Étude par panel auprès des jeunes et des jeunes adultes de 2018-2019
Prédicteurs Mesure du classement IC à 95 % autoamorcé de la mesure du classement
Tranche d’âge 1 (1 à 5)
Statut tabagique 2 (1 à 6)
Consommation de cannabis au cours du dernier mois 3 (1 à 7)
Proportion d’amis qui vapotent 4 (1 à 9)
Sexe 5 (2 à 10)
Fréquence du vapotage 6 (3 à 13)
Recherche de sensations 7 (3 à 13)
Vapotage en raison des saveurs 8 (4 à 13)
Exposition à la publicité dans les médias 9 (5 à 13)
Province/Territoire 10 (4 à 13)
Risque perçu du vapotage avec nicotine 11 (5 à 13)
Exposition à la publicité extérieure 12 (7 à 13)
Vapotage pour abandonner ou réduire le tabagisme 13 (7 à 13)

Abréviation : IC, intervalle de confiance.
Remarque : Modèle fondé sur les 668 participants ayant répondu à l’enquête initiale et à l’enquête de suivi à 12 mois.

Note de bas de page a

Les mesures du classement sont calculées en fonction de la différence entre la statistique du chi carré de Wald et les degrés prédictifs de liberté. Elles sont présentées par ordre décroissant, 1 étant le classement le plus élevé et 13 le plus bas.

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Analyse

Nous avons constaté que la consommation de cannabis, l’influence des pairs sur le vapotage, l’âge, le sexe et le statut tabagique figuraient parmi les prédicteurs les plus significatifs de l’utilisation future de capsules chez les répondants de notre échantillon. Cette constatation correspond aux recherches antérieures sur les corrélats de l’utilisation des capsules, qui sont le sexe masculin, la consommation conjointe de cigarettes, un jeune âge et l’utilisation par les pairs, ainsi qu’aux recherches antérieures sur les prédicteurs d’une future utilisation de capsules, à savoir la consommation conjointe de cigarettes, l’utilisation par les pairs et la consommation de cannabis.

Bien que cette étude n’ait pas permis d’évaluer la prévalence de la polyconsommation de substances dans le groupe de participants, il est important de noter que cette prévalence a augmenté chez les jeunes Canadiens. La proportion d’étudiants consommant des substances ayant indiqué avoir consommé de multiples substances a augmenté, passant de 40 % en 2013 à plus de 50 % entre 2017 et 2018Note de bas de page 29. L’utilisation de la cigarette électronique a joué un rôle important dans cette augmentation entre 2017 et 2018Note de bas de page 29. Dans un échantillon de plus de 74 000 élèves canadiens du secondaire, la cigarette électronique était ainsi la substance la plus souvent combinée à d’autresNote de bas de page 30. Ces résultats sont importants, compte tenu des données probantes établissant un lien entre la polyconsommation de substances chez les adolescents et une myriade d’effets négatifs sur la santé et les résultats scolairesNote de bas de page 30, et dans le contexte de la légalisation du cannabis chez les adultes canadiens en 2018Note de bas de page 31.

Le cannabis a été légalisé au cours de la période à l’étude, ce qui pourrait avoir influencé le lien entre consommation de cannabis et consommation future de capsules. Cependant, des études menées dans divers cadres juridiques dans de nombreux pays occidentaux ont prouvé l’existence d’une association entre la consommation de cannabis et l’utilisation de la cigarette électroniqueNote de bas de page 32. Bien que bon nombre de ces études longitudinales aient révélé une association dans la direction opposée (l’utilisation de la cigarette électronique prédisant la consommation future de cannabis), des effets bidirectionnels ont également été observés dans un échantillon d’étudiants d’établissements d’enseignement postsecondaire américainsNote de bas de page 33.

Nos résultats sont également importants parce qu’ils favorisent une approche holistique des problèmes de consommation de substances chez les jeunes plutôt que de viser une substance en particulier lors de la mise en place des mesures de contrôle et de prévention. On sait par la littérature que les approches préventives qui s’appuient sur le soutien scolaire et les bonnes relations avec les parents sont des interventions utiles pour lutter contre la polyconsommation de substancesNote de bas de page 30. Les jeunes du secondaire se sont révélés plus susceptibles d’utiliser des capsules que les participants plus âgés, ce qui révèle l’attrait de ces produits dans ce groupe d’âgeNote de bas de page 7. Conformément aux conclusions antérieures d’études réalisées aux États-UnisNote de bas de page 20, nous avons constaté que l’utilisation par les pairs prédisait également une future utilisation de capsules, ce qui montre que les interventions en matière de consommation de substances doivent cibler des groupes spécifiques, comme celles des écoles.

Nous avons constaté que les fumeurs et les anciens expérimentateurs étaient plus susceptibles que ceux qui n’ayant jamais fumé de commencer à utiliser les capsules une fois que ces produits ont eu une place prédominante sur le marché. Savoir si les répondants avaient tenté ou non d’abandonner ou de réduire le tabagisme était un prédicteur beaucoup moins influent, ce qui va dans le sens de recherches qui ont révélé que les capsules attiraient plus particulièrement les jeunes Canadiens, qui sont peu susceptibles d’essayer d’arrêter de fumerNote de bas de page 3Note de bas de page 7.

Une étude de cohorte longitudinale antérieure, réalisée auprès d’un échantillon d’élèves du secondaire de l’Alberta et de l’Ontario, a révélé une augmentation de 655 % de la prévalence des élèves qui utilisaient à la fois les cigarettes traditionnelles et les cigarettes électroniquesNote de bas de page 34. Ce résultat est important, compte tenu du risque plus élevé associé à une fréquence d’utilisation accrue des cigarettes et des cigarettes électroniques chez les élèves qui consomment les deux par rapport à ceux qui consomment exclusivement des cigarettes électroniques ou des cigarettes traditionnelles, et il s’ajoute aux préoccupations concernant la dépendance à la nicotine chez les jeunesNote de bas de page 34. Cette constatation est également importante parce qu’une étude menée auprès d’un autre échantillon d’élèves canadiens du secondaire a révélé que les élèves qui consomment à la fois des cigarettes traditionnelles et des cigarettes électroniques étaient plus susceptibles de consommer plus fréquemment du cannabis, de l’alcool et d’autres droguesNote de bas de page 35, ce qui s’ajoute aux préoccupations concernant une possible polyconsommationNote de bas de page 30.

Cependant, contrairement à d’autres résultats de recherche, ni la perception selon laquelle les produits de vapotage contenant de la nicotine représentent un risque léger ou inconnuNote de bas de page 14Note de bas de page 16, ni l’exposition aux publicitésNote de bas de page 2Note de bas de page 21 n’ont été prédictives d’une future utilisation de capsules. Ce dernier facteur est sans doute attribuable au fait que l’exposition des répondants au marketing a été évaluée lors de l’enquête de référence, soit trois mois avant l’assouplissement de la réglementation sur la commercialisation des cigarettes électroniques à base de nicotine par suite de la modification de la Loi sur le tabac et les produits de vapotageNote de bas de page 1Note de bas de page 2. En effet, même si notre étude n’a pas révélé d’effet lié à l’exposition à la publicité, certaines constatations antérieures concernant l’effet probable du marketing des cigarettes électroniques sur la prévalence de leur utilisation chez les jeunes Canadiens ont été suffisamment crédibles pour avoir entraîné une interdiction fédérale de la publicité susceptible d’être vue par les jeunes à compter de juillet 2020Note de bas de page 2Note de bas de page 36.

De nombreuses autres interdictions ont été mises en œuvre dans diverses provinces, que ce soit des interdictions sur les saveursNote de bas de page 37Note de bas de page 38, sur la vente au détail autre que dans les magasins de vapotage spécialisésNote de bas de page 39Note de bas de page 40, sur les liquides dont la concentration en nicotine dépasse 20 mg/mlNote de bas de page 37Note de bas de page 40 ou sur la publicité dans les points de vente. Parmi les autres changements réglementaires, mentionnons l’augmentation des taxesNote de bas de page 41Note de bas de page 42Note de bas de page 43, la hausse de l’âge minimum pour pouvoir acheter ces produitsNote de bas de page 44 et les restrictions sur l’emballageNote de bas de page 40. Ces changements ont vraisemblablement contribué au plafonnement des taux d’utilisation des cigarettes électroniques à l’échelle nationale en 2020Note de bas de page 4 et continueront probablement d’avoir une incidence à l’avenir. Toutefois, la réglementation est très variable entre provinces, et seulement certains changements ont été mis en œuvre dans chaque administration, de sorte qu’il est important pour la santé publique de poursuivre les efforts de promotion de la santé afin de limiter l’utilisation chez les jeunes.

Points forts et limites

Notre étude par panel et le moment où elle a été réalisée nous ont permis de tirer des conclusions plus solides sur les différences entre les jeunes qui ont choisi d’utiliser des capsules après la modification de la réglementation fédérale et les autres. Notre étude s’est appuyée sur un vaste échantillon de jeunes et de jeunes adultes canadiens à l’échelle du pays et sur des enquêtes exhaustives qui ont permis d’examiner plusieurs facteurs de risque potentiels. Ces enquêtes ont porté sur divers facteurs de risque psychosociaux, motivationnels et liés à la consommation de substances et, contrairement à la plupart des enquêtes de grande envergure axées sur la population, elles ont été conçues spécifiquement pour étudier l’utilisation de la cigarette électronique.

Les limites concernent l’utilisation d’un échantillon de jeunes et de jeunes adultes n’étant pas représentatif de la population nationale, ce qui a restreint la généralisation des résultats à l’échelle du pays. Plus de 35 % des répondants à l’enquête initiale n’ont pas répondu à l’enquête de suivi à 12 mois, ce qui pourrait introduire un biais de sélection et limiter la généralisation au-delà de notre échantillon. L’obtention de participants à partir d’une liste de contacts d’un service destiné aux fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer aurait pu donner lieu à un suréchantillonnage du sous-groupe de jeunes qui sont fumeurs ou anciens fumeurs et aurait pu introduire un biais. Toutefois, seulement 4 % de l’ensemble des répondants à l’enquête initiale ont été recrutés à l’aide de cette liste.

Conclusion

À l’instar des études antérieures, notre étude confirme que les dispositifs de cigarettes électroniques à capsule à forte concentration en nicotine sont populaires chez les adolescents ayant déjà consommé du cannabis et dont l’objectif premier n’est pas de tenter d’arrêter de fumer ou de réduire leur consommation de cigarettes. Nos constatations vont dans le sens des recommandations antérieures, selon lesquelles les efforts de prévention devraient cibler des sous-groupes précis de population, en particulier les élèves des écoles, ainsi que la polyconsommation de substances et la consommation de cannabis chez les jeunes et les jeunes adultes. Étant donné que nos constatations sont similaires à celles obtenues auprès de certaines populations des États-Unis, la santé publique d’autres administrations pourrait bénéficier de ces considérations, en particulier là où la polyconsommation de substances ou la consommation de cannabis chez les jeunes est importante et où les cigarettes électroniques à forte teneur en nicotine sont légales ou seront bientôt introduites sur le marché.

Remerciements

Cette étude a été appuyée par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario (Fonds de recherche sur le système de santé numéro 422) et l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto.

Conflits d’intérêts

Aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs, déclaration et avis

SA et SB ont conçu l’étude. SA et TW ont effectué les analyses logicielles et ont rédigé la première version du manuscrit. SB a assuré la supervision et les ressources et a participé à l’administration du projet, à l’analyse logicielle ainsi qu’à la rédaction, à la révision et à la relecture. SR a assuré la supervision et a participé à l’acquisition de fonds, à l’enquête ainsi qu’à la révision et à la relecture.

Toutes les lignes directrices pertinentes en matière d’éthique ont été suivies et toutes les approbations nécessaires ont été obtenues auprès du comité d’examen de l’établissement ou du comité d’éthique. L’approbation déontologique a été obtenue auprès du Comité d’éthique de la recherche de l’Université de Toronto, numéro de protocole de recherche en santé humaine 34887 du Système d’information sur la recherche.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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