Section 1 : Des cadres sains pour les jeunes du Canada – Introduction
1 Introduction
Préambule
Pour être efficaces, la politique, les programmes et les pratiques d’éducation en matière de santé et de promotion de la santé en milieu scolaire doivent reposer sur des connaissances au sujet des comportements des jeunes liés à la santé, des effets de ces comportements sur la santé et des facteurs ayant une incidence sur ces comportements. Il faut reconnaître avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) que la santé est une ressource pour la vie quotidienne et qu’elle ne consiste pas seulement en une absence de maladie. De plus, il faut étudier la santé des jeunes comme un état de complet bien-être physique, mental et social.Note de bas de page 1 Les chercheurs se doivent d’étudier à la fois les facteurs positifs et préventifs favorisant le maintien et l’amélioration de la santé des jeunes et les facteurs de risque susceptibles de provoquer une dégradation de leur santé et de les exposer à la maladie dans le futur. Sachant que les comportements adoptés par les jeunes peuvent avoir un effet bénéfique ou néfaste sur leur santé à court et à long terme, nous nous devons d’évaluer le plus large éventail possible de comportements, tant positifs ou favorables à la santé que négatifs ou nocifs (y compris les comportements pouvant nuire à la santé). Certains de ces comportements, tels que les modèles de fréquentation et la consommation d’alcool, sont adoptés à l’adolescence, tandis que d’autres, telles les habitudes alimentaires, peuvent dater de la petite enfance.L’adoption d’une perspective sociale plutôt que purement biomédicale nous amène à étudier les facteurs psychosociaux et environnementaux qui ont une incidence sur la santé et les comportements de santé de l’enfant et de l’adolescent. Pour bien comprendre les tendances concernant la santé des jeunes d’âge scolaire et leurs comportements, il faut tenir compte d’indicateurs tels que les milieux familial et scolaire, les relations avec les camarades et les conditions socioéconomiques.
L’étude de la santé des jeunes doit reposer sur un certain nombre de principes fondamentaux. Il nous faut d’abord étudier les adolescents dans la perspective du parcours de vie, selon laquelle ils se trouvent à l’étape charnière entre l’enfance et l’âge adulte plutôt que de les considérer comme un groupe à part. Deuxièmement, nous devons étudier les liens entre divers vecteurs d’inégalités sociales (c.-à-d., sexe, origine ethnique, incapacité, orientation sexuelle) et les facteurs comportementaux et psychosociaux de risque/résilience, puis entre ces mêmes vecteurs et la santé physique et mentale des adolescents. Enfin, il est essentiel d’étudier le contexte dans lequel les jeunes évoluent (milieux familial et scolaire, groupes de camarades et conditions socioéconomiques) afin de déterminer des points possibles d’intervention ou de prise de mesures correctives.
Le système scolaire du Canada
Structure scolaire. Au Canada, l’éducation relève de la compétence des provinces et des territoires, chaque province et territoire établissant son propre programme d’enseignement, sa structure générale et son organisation. Le modèle le plus répandu au Canada va de la maternelle à la 12e année et se divise en deux cycles, le primaire et le secondaire, bien qu’on trouve des écoles intermédiaires dans certaines provinces ou certains territoires.
Nombre d’enseignants. Au primaire, les élèves ont essentiellement un seul enseignant pour toutes leurs matières pendant toute l’année. Dans les écoles intermédiaires, les élèves ont souvent un instituteur et des enseignants spécialistes dans certaines matières (p. ex., anglais). Au secondaire, les élèves suivent des cours distincts sous la supervision d’enseignants spécialistes d’une discipline. Les élèves ont donc plusieurs enseignants au cours de l’année et il est possible que cette situation ait une incidence sur certaines constats de l’Enquête HBSC.
Services de soutien. En ce qui concerne les services de soutien aux élèves, les écoles primaires partagent souvent les services d’orientation avec des écoles primaires voisines. Des services limités d’aide à l’apprentissage sont habituellement accessibles dans les écoles, mais bon nombre de ces services sont offerts par du personnel itinérant. Des services d’orientation et des services plus complets d’aide à l’apprentissage sont plus communément offerts dans les écoles secondaires, mais là aussi ces services sont parfois fournis par des spécialistes itinérants. Le niveau d’aide offert dépend souvent de la taille de l’école ou du district.
Développement professionnel des élèves. Dans la plupart des provinces et territoires, les élèves peuvent aussi s’inscrire à des programmes généraux ou plus spécialisés de préparation à des études supérieures (le plus souvent dans les domaines des arts du langage, des mathématiques et des sciences). On mise aussi de plus en plus sur les programmes d’exploration de carrières et d’expérience pratique de travail pour initier les élèves du secondaire au monde du travail.
Comment les élèves canadiens se classent-ils par rapport à leurs pairs? Bien que les programmes d’enseignement des provinces et des territoires aient des points en commun, il n’existe pas de programme d’enseignement national unique au Canada. Les évaluations nationales et internationales ont bien permis de déceler des différences régionales au titre du rendement des élèves canadiens, mais les jeunes Canadiens qui participent à des programmes d’évaluation internationaux tels que l’Enquête internationale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences (EIEMS) et le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) se classent généralement très bien par rapport à leurs pairs des autres pays. Lors du cycle le plus récent du PISA, dans le cadre duquel les jeunes de 15 ans de 41 pays ont été soumis à un test écrit, les élèves canadiens ont obtenus de très bons résultats, se classant globalement au deuxième rang en lecture, au troisième rang en mathématiques et au cinquième rang en sciences.Note de bas de page 2
Différences de rendement entre garçons et filles. Les études nationales et internationales constatent systématiquement qu’au second cycle du primaire ainsi qu’au secondaire, les filles surclassent les garçons en lecture et en écriture, tandis que les garçons réussissent généralement mieux que les filles en sciences. En mathématiques, les écarts entre garçons et filles sont moins marqués.Note de bas de page 3 Note de bas de page 4
L’Enquête HBSC au Canada
L’Enquête sur les comportements liés à la santé chez les enfants d’âge scolaire est une enquête permanente multinationale menée en collaboration avec le Bureau régional Europe de l’OMS. Par cette enquête, on vise à mieux comprendre la santé et le bien-être des jeunes (âgés de 11 à 15 ans), leurs comportements de santé ainsi que le contexte social dans lequel ils évoluent, particulièrement leur milieu scolaire.
Amorcée en 1982 par les chercheurs de trois pays, peu après cette date, l’Enquête HBSC a commencé à être réalisée en partenariat avec l’OMS et pas moins de 41 pays et régions de l’Europe-OMS et d’Amérique du Nord y participent maintenant (tableau 1.1). Elle repose sur le travail de chercheurs issus de diverses disciplines et s’appuient sur différents cadres théoriques. Ainsi, l’équipe canadienne ayant pour port d’attache l’Université Queen’s est formée de chercheurs issus des domaines de la santé communautaire, de l’éducation physique, de l’épidémiologie, de l’éducation et de la psychologie. Le gouvernement fédéral appuie le volet canadien de l’Enquête HBSC depuis 1988.
Pays participant à l'Enquête HBSC
- Allemagne
- Angleterre
- Autriche
- Belgique (flamande)
- Belgique (francophone)
- Bulgarie
- Canada
- Croatie
- Danemark
- Écosse
- ERY Macédoine
- Espagne
- Estonie
- États-Unis
- Finlande
- France
- Grèce
- Groenland
- Hongrie
- Irlande
- Islande
- Israél
- Italie
- Latvie
- Lithuanie
- Luxembourg
- Malte
- Norvège
- Pays de Galles
- Pays-Bas
- Pologne
- Portugal
- République tchèque
- Roumanie
- Russie
- Slovaquie
- Slovénie
- Suède
- Suisse
- Turquie
- Ukraine
Le cadre théorique du volet canadien de l’Enquête HBSC se fonde sur les trois principes énoncés au début du chapitre. Premièrement, conformément à la perspective consistant à considérer l’adolescence comme un processus de développement, trois groupes d’âge (11, 13 et 15 ans, soit les élèves canadiens de la 6e à la 10e année) ont été retenus pour examiner les changements qui surviennent dans les attitudes et les comportements liés à la santé, depuis la puberté jusqu’au milieu de l’adolescence. Deuxièmement, dans une perspective sociale, on tient compte de l’importance du sexe, de l’invalidité, de la diversité culturelle et des conditions socioéconomiques pour expliquer les données. Troisièmement, dans une perspective contextuelle, on tient compte de facteurs comme le cadre familial, l’école et le groupe de camarades pouvant modeler les comportements adoptés par les jeunes en matière de santé ou influer sur ces comportements (p. ex., usage du tabac, consommation d’alcool, activité physique, états psychosociaux comme le bonheur et la solitude, problèmes physiques comme les maux de tête, et relations interpersonnelles).
Les objectifs du volet canadien de l’Enquête HBSC de 2006 sont les suivants.
- Recueillir des données sur les jeunes d’âge scolaire pour : a) mieux comprendre leurs habitudes de vie et leurs attitudes et comportements liés à la santé; b) relever les changements et dégager les tendances; c) examiner les liens entre les facteurs contextuels et les comportements liés à la santé; enfin d) établir des comparaisons à l’échelle internationale.
- Contribuer : a) à l’enrichissement théorique, conceptuel et méthodologique; b) à enrichir les connaissances dans le domaine de la recherche sur les comportements liés à la santé et le contexte social dans lequel évoluent les jeunes d’âge scolaire; c) à établir un savoir-faire international dans le domaine; enfin d) à établir un système national d’information sur la santé et les habitudes de vie des jeunes du Canada.
- Diffuser les résultats de l’Enquête aux publics intéressés, notamment les chercheurs, les législateurs oeuvrant dans les domaines de la santé et l’éducation, les promoteurs de la santé, les enseignants, les parents et les jeunes.
- Promouvoir et renforcer les travaux de recherche menés à l’échelle nationale et internationale sur les comportements liés à la santé et le contexte social dans lequel évoluent les jeunes ainsi que le réseau d’experts du domaine.
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