Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada, 2017 – Concevoir un mode de vie sain
Message de l'administratrice en chef de la santé publique du Canada
Sans que l'on s'en rende compte, nos quartiers et la façon dont ils sont construits ont une incidence sur notre état de santé.
Si j'ai choisi la conception de modes de vie sains comme thème pour mon premier rapport en tant qu'administratrice en chef de la santé publique du Canada, c'est en raison de l'énorme potentiel que recèle le réaménagement de notre milieu bâti pour aider la population canadienne à vivre une vie plus saine.
Les maladies chroniques comme le diabète, le cancer et les maladies cardiovasculaires sont les principales causes de décès au Canada. Il est alarmant de constater qu'en 2011, près de 2,7 millions de Canadiens de 20 ans et plus, soit une personne sur 10, étaient aux prises avec le diabète. L'augmentation des taux de diabète de type II peut être considérée comme un signal d'alarme de mauvaise santé; c'est que cette hausse est associée à des taux plus élevés d'autres maladies et affections et qu'elle est liée à une mauvaise alimentation, au manque d'activité physique et à une incidence accrue du surpoids et de l'obésité. Il serait possible de réduire les taux de diabète de type II et d'autres maladies chroniques au Canada. Or, pour ce faire, il faudrait assurer l'intégration harmonieuse d'un mode de vie sain dans le quotidien de la population, en partie, par l'aménagement et le réaménagement de nos collectivités.L'amélioration de la santé publique et la prévention des maladies par la modification de notre milieu : voilà un principe solidement fondé. Par exemple, au cours du siècle dernier, les taux de maladies infectieuses ont été réduits non seulement grâce à l'innovation scientifique et à la vaccination, mais aussi par la planification et l'amélioration des systèmes sanitaires, de même que par la réduction du surpeuplement dans les quartiers résidentiels.
Le présent rapport répond à de nombreuses questions, mais il en soulève également d'autres. Il nous faut donc une information plus ciblée afin de mesurer les effets de l'aménagement des collectivités sur la santé ainsi que d'intégrer des stratégies fondées sur des données probantes en matière de planification communautaire. Il vise à sensibiliser les Canadiens à l'égard des caractéristiques particulières de leur collectivité respective dont ils pourraient profiter pour améliorer leur santé. Ce rapport vise également à favoriser davantage le dialogue entre les nombreuses disciplines appelées à participer à la planification communautaire et à la promotion de la santé, de façon à mieux intégrer l'activité physique, une saine alimentation et la santé mentale dans la conception de nos quartiers.
Dre Theresa Tam
Administratrice en chef de la santé publique du Canada
Table des matières
- Remerciements
- Message clés
- Section 1 : De quoi il est question
- Section 2 : Les collectivités canadiennes
- Section 3 : Les composantes de base d'un mode de vie sain
- Section 4 : Les caractéristiques de conception pour des populations particulières
- Section 5 : Concevoir des collectivités favorisant un mode de vie sain au Canada
- Section 6 : Un appel à l'action
- Références
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(Format PDF, 7 Mo, 74 pages)
Organisation : Agence de la santé publique du Canada
Date publiée : 2018-07-20
Remerciements
De nombreuses personnes et organismes ont collaboré à la préparation du Rapport de l’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada, 2017 : Concevoir un mode de vie sain.
J’aimerais d’abord exprimer ma gratitude aux experts-conseils qui nous ont donné de précieux conseils :
- Dr Cory Neudorf, médecin hygiéniste en chef, Saskatoon Health Region, Université de la Saskatchewan
- Dr David Mowat, Partenariat canadien contre le cancer
- Dr Daryl Pullman, Université Memorial
- Dre Elizabeth Saewyc, Université de la Colombie-Britannique
- Dr Jeff Reading, Université Simon Fraser
- Dr John Frank, Université d’Édimbourg
- Dre Margo Greenwood, Université du Nord de la Colombie-Britannique, Centre de collaboration nationale de la santé autochtone
- Dr Michael Routledge, médecin hygiéniste en chef, Manitoba
- Dr Peter Donnelly, président-directeur général de Santé publique Ontario
J’aimerais remercier tout spécialement Dr Mowat d’avoir partagé son expertise lors de l’examen de nombreuses ébauches. En outre, je voudrais également reconnaître les contributions des partenaires et intervenants qui ont été consultés dans des délais serrés, y compris Santé Canada, ainsi que Dr Steven Hoffman aux Instituts de recherche en santé du Canada, Dr Jim Dunn à l’Université McMaster, Dre Meghan Winters à l’Université Simon Fraser et Nathan Taylor à l’Université Memorial.
Je voudrais également remercier sincèrement les nombreuses personnes et les groupes au sein de l’Agence de la santé publique du Canada pour tous leurs efforts liés à l’élaboration de mon rapport, y compris John Cuningham et les représentants de la Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques : Simone Powell, Dawn Sheppard, Greg Butler, Ahalya Mahendra, Wendy Thompson, Dre Margaret de Groh et Christine Soon.
Enfin, un merci tout particulier pour le dévouement et l’excellence qu’ont manifestés mon personnel de soutien et l’unité du rapport de l’ACSP dans leurs travaux de recherche, de consultation et d’élaboration : Dre Stephanie Rees-Tregunno, Anne-Marie Robert, Dr Hong-Xing Wu, Michael Halucha, Judith O’Brien, Rhonda Fraser, Meheria Arya, Benjamin Jiaming Wang, Aimée Campeau, Stephanie Davies et Lori Engler-Todd.
Messages clés
Le présent rapport vise à sensibiliser les Canadiens sur la façon dont notre milieu bâti sert d’assise à un mode de vie sain et, en fin de compte, à notre santé.
Il est possible d’améliorer ou d’aggraver la santé des populations en changeant le milieu physique. Les affections et les maladies chroniques liées à un mode de vie malsain augmentent au Canada. Par exemple, plus de 7,8 millions de Canadiens de 18 ans et plus vivaient avec un problème d'obésité en 2015, soit plus d’un quart de la population. L’obésité augmente le risque de décès prématuré et de maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.
La relation entre le milieu bâti, un mode de vie sain, le comportement des personnes et l’état de santé est complexe. Les villes et les collectivités peuvent tout de même être conçues et construites de façon à ce que les choix sains soient les choix les plus faciles pour les citoyens.
La majorité des Canadiens – soit environ 80 % – vivent en milieu urbain ou suburbain. Au sein d’une même région géographique, il est possible de constater des variations dans la santé de la population, mais aussi certaines tendances. L’intensification de l’étalement urbain est un sujet de préoccupation, car ce phénomène est associé à toute une gamme de conséquences : mode de vie sédentaire, facilité d’accès à des aliments malsains, plus de temps passé au volant, moins d’activité physique et taux supérieurs d’obésité.
Bien que nous sachions que la modification du milieu bâti peut être un moyen rentable d’accroître l’activité physique, on en sait moins sur la façon d’améliorer les régimes sains et le bien-être mental par la conception d’un quartier, car il s’agit de nouveaux domaines d’études.
Améliorer l’occasion de faire du vélo, de marcher ou de prendre les transports en commun pour aller au travail ou à l’école en modifiant le milieu bâti est un domaine croissant d’intérêt pour la recherche. Cela pourrait ainsi contribuer largement à l’activité physique quotidienne. Les caractéristiques de conception des collectivités, telles que les rues reliées, un mélange de zones résidentielles, commerciales, éducatives et d’emploi, des pistes cyclables et un bon réseau de transport en commun peuvent favoriser l’activité physique pour se rendre au travail ou à d’autres endroits; alors que les espaces verts, les cours d’eau, les sentiers pédestres, les sentiers et les installations récréatives peuvent favoriser l’activité physique récréative.
Les quartiers qui offrent un accès facile à des options alimentaires plus saines semblent être liés à une meilleure alimentation et à une meilleure santé. Par contre, ceux qui ont un taux plus élevé d’aliments malsains par rapport aux aliments sains semblent être liés à des régimes alimentaires médiocres et à une mauvaise santé. Cependant, il existe des lacunes importantes dans nos connaissances et d’autres facteurs, comme l’abordabilité, pourraient avoir une plus grande influence sur l’alimentation que le milieu bâti.
Les quartiers pourraient ne pas être conçus pour remédier à l’isolement social et à la solitude. Les collectivités dont les maisons ont des cours à l’avant ou qui sont proches de la rue, qui ont des destinations où se rendre à pied et des lieux de rassemblement, pourraient encourager l’interaction sociale. Des études suggèrent que les espaces verts sont liés à une variété d’avantages pour la santé, y compris un risque plus faible de décès prématuré.Les liens avec la terre, l’eau, la famille, la communauté et l’identité, ainsi qu’une vision holistique et interreliée de la santé et du bien-être sont des éléments importants de la culture autochtone qui peuvent donner un aperçu de la conception saine des quartiers.
À l’avenir, les décideurs et planificateurs à tous les niveaux devraient adopter une approche multisectorielle et collaborative et considérer la santé comme un résultat important, le cas échéant, lors de la prise de décisions relatives à la planification d’infrastructures. Des recherches plus ciblées et axées sur des hypothèses, une collecte de données normalisée et des évaluations systématiques de l’impact sur la santé des caractéristiques de conception des collectivités sont nécessaires. Vu la diversité des collectivités et des villes au Canada, il est important de tenir compte du contexte et de mobiliser les citoyens pour s’assurer de répondre à des besoins uniques lorsque l’on conçoit le milieu pour un mode de vie sain.
Comprendre la complexité du lien entre le milieu bâti et la santé
Pour concevoir des collectivités en vue d’améliorer la santé des citoyens, il est essentiel de reconnaître les interactions complexes entre le milieu bâti, un mode de vie sain et le comportement des gens. En voici des exemples : Note de bas de page 1-10
Il est important de considérer où le quartier est situé et qui sont ses habitants. Les quartiers existent dans un environnement plus vaste et, outre le milieu bâti, de nombreux facteurs y jouent un rôle : les lois, les politiques, les facteurs socioéconomiques, la culture, les croyances et les mentalités. De plus, les quartiers sont dynamiques et changent au fil du temps. Par exemple, les gens déménagent dans un quartier et le quittent pour de nombreuses raisons, comme leur état de santé du moment. Les gens ont tendance à se regrouper dans des quartiers avec des personnes qui partagent souvent des caractéristiques semblables comme la culture, les valeurs ou la situation socioéconomique.
De nombreux facteurs ont des incidences sur la santé et le comportement des gens. L’endroit où nous vivons est un facteur parmi beaucoup d’autres qui influent sur le comportement et la santé. Les gens peuvent vivre, travailler, étudier, faire leurs achats, se divertir et faire de l’activité physique dans bon nombre de quartiers différents. Parce qu’il faut du temps pour qu’un quartier influe sur la santé de ses habitants, il est difficile de déterminer quelles caractéristiques ou quels quartiers ont une incidence sur la santé d’une population (p. ex., les effets sur la santé pourraient être dus à des caractéristiques qui n’existent plus ou à des quartiers où les gens ont habité lorsqu’ils étaient enfants).
Il peut être difficile d’appliquer les résultats de la recherche. La recherche dans le domaine de la santé et du milieu bâti évolue rapidement. Jusqu’à maintenant, la plupart des études ont été des études d’observation et des études transversales (comparaison de différents groupes de gens à un point précis dans le temps), ce qui limite notre capacité de déterminer quelles caractéristiques d’un quartier modifient l’état de santé des gens. Il y a donc lieu d’effectuer des recherches et des évaluations ciblées et axées sur des hypothèses pour déterminer à quel point les caractéristiques de conception des collectivités influent sur la santé des habitants.
De plus, comme les chercheurs utilisent diverses définitions, méthodes et mesures, les études donnent certains résultats contradictoires. Cet état de fait limite notre capacité de tirer des conclusions valables et de mettre en œuvre des initiatives efficaces basées sur des données probantes. Chaque collectivité est unique avec ses caractéristiques, ses normes de comportement et ses besoins qui lui sont propres. Il peut être difficile d’appliquer directement au contexte canadien les résultats obtenus dans une collectivité à une autre, y compris les observations faites aux États-Unis ou en Europe. La cueillette de données standardisées et ouvertes aurait pour avantage de favoriser le partage de connaissances et le repérage d’approches qui pourraient s’avérer efficaces à l’échelle de diverses collectivités. Au Canada, comme la plus grande partie de la recherche est menée dans de grandes villes, nos connaissances du rôle du milieu bâti dans les petites collectivités et les collectivités rurales, éloignées et autochtones, sont lacunaires.
Section 1 : De quoi il est question
Le présent rapport vise à sensibiliser les Canadiens sur la façon dont notre milieu bâti sert d’assise à un mode de vie sain et, en fin de compte, à notre santé.
Il est possible soit d’améliorer, soit d’aggraver la santé des populations en changeant le milieu physique. Le pourcentage de Canadiens qui déclarent être obèses, atteints du diabète ou d’une affection de l’humeur a augmenté au CanadaNote de bas de page 11,Note de bas de page 12. Ces problèmes de santé ont des incidences graves sur la qualité de vie; ils sont en effet liés à certaines des principales causes de décès, dont le cancer et les maladies cardiovasculaires et respiratoiresNote de bas de page 13.
Des aspects du mode de vie, comme le manque d’activité physique, la sédentarité, une mauvaise alimentation et le manque de relations socialesNote de bas de page 14-18, peuvent accroître le risque de mauvais résultats pour la santé. Par exemple, selon des données probantes, environ 30 % des cancers peuvent être évités en adoptant un mode de vie sainNote de bas de page 19. Bien que les comportements sains dépendent de nombreux facteurs, ces aspects du mode de vie sont tous modulés par notre milieu bâti.
Qu’est-ce que le milieu bâti? Pour les besoins du présent rapport, il est l’environnement physique externe dans lequel on vit, travaille, étudie et se divertit. Il comprend les bâtiments, les routes, les réseaux de transport en commun, les parcs et les autres types d’infrastructure. Il est lié à la manière dont nous concevons, planifions et construisons nos collectivitésNote de bas de page 20.
Ce rapport est axé sur le milieu bâti et le mode de vie sain à plusieurs égards : activité physique, saine alimentation et mieux-être mental (y compris les relations sociales). Bien que ces sujets y soient traités dans des sections distinctes, on sait qu’ils interagissent et influent ensemble sur la santé. Par exemple, une saine alimentation et l’activité physique peuvent chacune entraîner une perte de poids et réduire le risque d’obésité, mais elles sont plus efficaces lorsqu’elles sont associéesNote de bas de page 21.
Le milieu bâti peut avoir des incidences sur la santé de bien d’autres manières, notamment par son rôle dans la pollution atmosphérique, la sécurité (p. ex., les blessures), l’habitation, le chauffage, l’exposition aux rayons UV, les changements climatiques et les catastrophes naturelles.
Or le milieu bâti n’est pas l’unique déterminant de la santé des collectivités et des villes. Parmi les autres facteurs à prendre en compte : l’iniquité en ce qui concerne la santé et la pauvreté, l’engagement communautaire, ainsi que les facteurs sociaux, culturels, économiques et liés au milieu naturel.
Modification du mode de vie des Canadiens
Dans les années 1940, la répartition des habitants vivant en milieu urbain ou en région rurale était à peu près égale; de nos jours environ 80 % des Canadiens vivent en milieu urbain ou en banlieueNote de bas de page 22. Nos collectivités changent et s’étendent souvent par l’étalement urbain, plutôt que par la construction de collectivités autonomes (site en anglais seulement) et compactesNote de bas de page 23-26. L’étalement urbain a été associé au mode de vie sédentaire, à l’accès facile à des aliments malsains, à la diminution de l’activité physique et à des taux d’obésité plus élevésNote de bas de page 27-36. Un des principaux effets de l’étalement urbain qui pourrait expliquer certaines de ces conséquences est que nous passons plus de temps au volantNote de bas de page 34-36. Entre 1999 et 2016, le nombre de véhicules automobiles légers, incluant les automobiles et les véhicules utilitaires sport (VUS), a augmenté au Canada à un rythme plus rapide que la population, soit de 36 % comparativement à 19 %. Ce qui donne à penser que les Canadiens comptent davantage sur leur automobile pour se déplacerNote de bas de page 37,Note de bas de page 38.
Qu’est-ce que l’étalement urbain? Cette expression renvoie aux zones urbaines qui s’étendent au‑delà de leur noyau central, souvent dans des régions rurales, pour former des banlieues. Il s’ensuit souvent des conceptions différentes d’utilisation des terres par rapport aux centres urbains, une absence de diversité dans l’utilisation des terres d’une banlieue à une autre et le besoin d’avoir plus de routes et d’éléments d’infrastructureNote de bas de page 27,Note de bas de page 39.
Activité physique et comportement sédentaire : S’ils semblent signifier la même chose, le manque d’activité physique et le comportement sédentaire sont deux notions distinctes. Le manque d’activité physique se définit comme n’étant pas assez actif pour satisfaire aux directives en matière d’activité physique. Le comportement sédentaire représente tout comportement qui nécessite une faible dépense énergétique, tel que s’asseoir ou se coucher. Par conséquent, un individu peut être à la fois actif et sédentaire.
Des quartiers qui favorisent un mode de vie sain
La Figure 1 explique comment certaines caractéristiques de quartier peuvent mener à une bonne santé en favorisant l’activité physique, une alimentation saine et un milieu convivial. Il peut s’agir de mesures simples et pratiques, comme avoir accès à des commerces de fruits et légumes frais à proximité du milieu de vie.
Figure 1 : Exemples de liens possibles entre le milieu bâti d’un quartier et le bon état de santé de ses habitants ex., Note de bas de page 42-59
Figure 1 - Équivalent textuel
Cette image illustre comment des caractéristiques d'un quartier pourraient favoriser la bonne santé par l'intermédiaire d'un mode de vie sain. Parmi les exemples de caractéristiques de conception de quartier qui pourraient faire la promotion de l'activité physique, il y a la densité de population et résidentielle élevées, les rues reliées, les endroits où se promener et faire du vélo, le fait de vivre à proximité des magasins, de l'école et du travail, les zones attrayantes, les parcs, les espaces verts et les installations récréatives, ainsi qu'un bon transport en commun. Parmi les exemples de caractéristiques de conception de quartier qui pourraient fournir des options d'aliments sains, il y a des magasins qui vendent des aliments sains à proximité, des marchés de producteurs et des jardins communautaires. Parmi les exemples de caractéristiques de conception de quartier qui pourraient favoriser un milieu positif, il y a les lieux de rassemblement, les galeries et les cours à l'avant, bien desservi en trottoirs, un accès à des espaces attrayants et verts, des espaces culturels, l'architecture et l'art public. Les caractéristiques qui font la promotion de l'activité physique pourraient réduire le risque d'obésité, de diabète et de mauvaise santé mentale, en plus d'améliorer le mieux-être mental. Les caractéristiques offrant des options d'aliments sains pourraient favoriser l'adoption d'une saine alimentation, ce qui pourrait réduire le risque d'obésité, de diabète et de mauvaise santé mentale, en plus d'améliorer le mieux-être mental. Les caractéristiques qui créent un milieu positif pourraient réduire le risque de mauvaise santé mentale, en plus d'améliorer le mieux-être mental.
Si nous ne savons pas encore quantifier dans quelle mesure le milieu bâti a une incidence sur un mode de vie sain, nous pouvons affirmer ceci : les quartiers que l’on bâtit avec le souci de la santé des habitants favorisent grandement des choix sains. Par exemple, cela pourrait se concrétiser par des quartiers conçus de façon à permettre à leurs habitants de se rendre au travail ou à l’école à pied ou en vélo.
L’incidence de l’activité physique est le domaine de recherche le plus avancé en ce qui concerne le milieu bâti et un mode de vie sain. Des données probantes ont montré en effet que modifier le milieu bâti est une façon rentable d’accroître l’activité physique dans de grandes populations. Une telle stratégie comporte, notamment, l’établissement de sentiers polyvalents sur l’assise d’anciennes voies ferrées, l’installation d’équipement dans les parcs, l’ouverture de nouveaux sentiers pédestres et cyclables et un accès facile à des installations récréativesNote de bas de page 40,Note de bas de page 41. Les rôles du milieu bâti dans une alimentation saine, et dans la santé mentale et le mieux-être général, sont encore des sujets d’étude relativement nouveaux, mais nos connaissances progressent dans ce domaine.
Bâtir des quartiers sains au Canada
De nombreuses villes canadiennes changent notre milieu bâti, et pour le mieux. L’idée de concevoir des villes saines en tant qu’enjeu mondial vient d’un atelier sur les villes en santé qui s’est tenu à Toronto en 1986Note de bas de page 60,Note de bas de page 61. De nos jours, il existe bon nombre d’approches prometteuses pour améliorer les collectivités, la plupart s’appliquant au milieu urbainNote de bas de page 62. Aussi de nombreux secteurs doivent-ils se concerter avec les planificateurs communautaires pour bâtir des collectivités saines et contribuer ainsi à la santé des CanadiensNote de bas de page 62,Note de bas de page 64.
Ce que font les plus grandes villes canadiennes :
- Vancouver : Stratégie pour une ville saine (site en anglais seulement)
- Toronto : Lignes directrices relatives aux rues complètes (site en anglais seulement)
- Montréal : Réseaux de transport structurants, efficaces et bien intégrés au tissu urbain
La Figure 2 illustre la complexité du lien qui unit le milieu bâti au comportement et aux résultats pour la santé. On y décrit comment ce milieu et d'autres facteurs médiateurs peuvent agir sur le comportement humain, ce qui peut donner lieu à différents résultats. Ce rapport complexe existe au sein d'un contexte multidimensionnel où jouent d'autres déterminants de la santé, tels que l'âge, l'hérédité, le genre, l'environnement social, la culture et les soins de santé.
Figure 2 : Aperçu de la façon dont le milieu bâti pourrait influer sur la santé (adapté de la référence Note de bas de page 72)
Figure 2 - Équivalent textuel
Cette image illustre dans quelle mesure le milieu bâti pourrait permettre d'obtenir différents résultats pour la santé en fonction des réponses de l'être humain face à l'environnement, ainsi que l'influence de divers facteurs médiateurs et d'autres déterminants de la santé. Parmi les exemples de caractéristiques du milieu bâti qui pourraient avoir une incidence sur la santé, mentionnons l'utilisation des terres, le transport, les bâtiments et autres éléments d'infrastructure, ainsi que les installations et aires publiques. Parmi les exemples de facteurs médiateurs, mentionnons les contaminants environnementaux, le temps et le climat, le bruit, la criminalité, la sécurité routière, les dangers et les catastrophes naturelles. Parmi les exemples de réponses de l'être humain au milieu bâti, il y a certains comportements, comme l'activité physique, l'alimentation et la consommation de substances, les réactions psychologiques, comme la satisfaction, la dépression, la détresse et la cohésion sociale, ainsi que les réactions physiologiques, comme les infections, le système immunitaire et les hormones. Parmi les exemples de résultats pour la santé éventuels qui sont influencés par des facteurs médiateurs et qui découlent de la réponse de l'être humain au milieu bâti, il y a les résultats à l'échelle individuelle, comme l'obésité, l'état de santé perçu et le bien-être, ainsi que les résultats à l'échelle des populations, comme les décès prématurés et les taux de maladie et d'autres affections. Cette interaction complexe entre le milieu bâti et les facteurs médiateurs qui ont une incidence sur les réponses de l'être humain et les résultats pour la santé est influencée par d'autres déterminants de la santé, comme l'âge, l'hérédité, le genre, le milieu social, le revenu, la scolarité, la culture et le système de soins de santé.
Histoire de la santé publique et de l’urbanisme : Les responsables de la santé publique et de l’urbanisme collaborent depuis longtemps pour s’attaquer à la maladie. Au début des années 1900, l’accent était mis sur l’amélioration de l’hygiène, la diminution du surpeuplement du logement afin de réduire les maladies infectieuses et le déménagement des gens loin des zones de pollution élevée. Toutefois, isoler les zones résidentielles des milieux de travail a probablement contribué à notre dépendance aux véhicules à moteur et à l’étalement urbainNote de bas de page 31,Note de bas de page 70,Note de bas de page 71.
Plus récemment, les responsables de la santé publique et de l’urbanisme se sont concertés pour résoudre les questions de santé liées à l’étalement urbain, comme le faible niveau d’activité physique et les taux élevés de maladies chroniques et d’affections telles que l’obésité et le diabèteNote de bas de page 70,Note de bas de page 71.
Les grands enjeux du présent rapport
Ce rapport réunit des données probantes dans le but d’examiner les façons de concevoir les collectivités canadiennes de manière à favoriser un mode de vie sain. On y trouve les sections suivantes :
- Les collectivités canadiennes – esquisse le contexte canadien avec un aperçu des tendances en matière de santé, ainsi que des données sur la population, et en particulier sur la santé des habitants en milieu urbain, suburbain et rural.
- Les composantes de base d’un mode de vie sain – examine la façon dont le milieu bâti peut créer des quartiers actifs, favoriser une saine alimentation et mener à des milieux conviviaux.
- Les caractéristiques de conception pour des populations particulières – présente les incidences du milieu bâti sur la santé dans différentes populations en mettant l’accent sur les enfants, les jeunes et les aînés, ainsi que les populations subissant des iniquités en matière de santé.
- Concevoir des collectivités favorisant un mode de vie sain au Canada – examine comment différents secteurs travaillent ensemble pour concevoir des collectivités en santé. S’y trouvent des exemples d’initiatives et d’approches en cours dans certaines villes canadiennes.
- Un appel à l’action – vise à fournir une orientation pour tirer un meilleur parti des caractéristiques du milieu bâti en vue d’améliorer la santé et le bien-être des Canadiens.
Section 2 : Les collectivités canadiennes
La présente section donne un aperçu des grands facteurs qui varient dans l’ensemble du Canada et qui sont également liés au milieu bâti.
Bien que la plupart des Canadiens, soit environ 80 %, vivent en milieu urbain, l’étendue géographique considérable du pays donne lieu à des collectivités ayant des besoins et des caractéristiques uniques. Aussi est-il important de tenir compte de cette diversité et de son évolution lorsqu’on examine le milieu bâti et ses effets sur la santé.
Tendances en matière de santé au Canada
De façon générale, les Canadiens sont en santé, mais certains le sont davantageNote de bas de page 11. Or, les maladies et les affections liées à un mode de vie malsain augmentent au Canada. Par exemple, le pourcentage des Canadiens :
- de 20 ans et plus qui sont atteints du diabète a augmenté, passant de 6 % en 2000 à 10 % en 2011 (selon les données d’hospitalisation et les réclamations des médecins)Note de bas de page 11;
- qui étaient obèses est passé de 21 % en 2003 à 25 % en 2012Note de bas de page 12. Selon les données d’un sondage révisé sur les Canadiens âgés de 18 ans et plus, les taux d’obésité ont augmenté, passant de 23 % en 2004 à 27 % en 2015Note de bas de page 73; L’obésité chez les jeunes enfants semble avoir diminué de 14 % en 2004 à 10 % en 2015Note de bas de page 74;
- déclarant avoir eu un diagnostic de trouble de l’humeur est passé de 5 % en 2003 à 8 % en 2014Note de bas de page 11.
Les enjeux du diabète, de l’obésité et de la maladie mentale sont liés à toute une gamme de maladies et d’affections – autant de pistes d’alerte pour mieux aborder la santé en généralNote de bas de page 11,Note de bas de page 19,Note de bas de page 690-692.
La population du Canada vieillit : Selon le recensement de 2016, pour la première fois, le nombre d’adultes de plus de 65 ans (5,9 millions) est plus élevé que celui des enfants de moins de 15 ans (5,8 millions). Le nombre de Canadiens de plus de 85 ans s’accroît quatre fois plus vite que l’ensemble de la population canadienneNote de bas de page 75,Note de bas de page 76.
Toutefois, les populations des Prairies, des territoires et des communautés autochtones ont proportionnellement plus d’enfants que d’aînés. En Ontario, la proportion est similaire pour chaque groupe d’âgeNote de bas de page 75.
La population des grands centres urbains vieillit moins vite que celle des régions rurales. La population des banlieues est encore plus jeune que celle des centres urbainsNote de bas de page 75.
Lieux de résidence des Canadiens en 2016
En 2016, la population du Canada était de plus de 35 millions de personnes. Le Canada a l’une des plus faibles densités de population au monde, soit quatre personnes par kilomètre carré (km2); cependant, sa population est largement concentrée dans une petite région, surtout dans des centres urbains et le long de la frontière méridionale avec les États-UnisNote de bas de page 23,Note de bas de page 77.
On estime qu’en 2016 :
- 27 millions, soit 76 %, de Canadiens vivaient dans des régions de plus de 100 000 habitantsNote de bas de page 24;
- 86 % de la population habitait dans quatre provinces : l’Ontario (38 %), le Québec (23 %), la Colombie-Britannique (13 %) et l’Alberta (12 %)Note de bas de page 23;
- 12,5 millions de Canadiens, soit près de 36 % de la population, vivaient dans l’un des trois plus grands centres urbains du Canada, à savoir Toronto, Montréal et VancouverNote de bas de page 23;
- la population des trois territoires nordiques du Canada équivalait à 2 % de la population de TorontoNote de bas de page 78.
Définir les régions urbaines et les régions rurales : De nombreuses définitions sont utilisées pour distinguer les régions rurales des régions urbaines. De façon générale, les régions urbaines comptent une forte population sur une superficie relativement petite. Les régions rurales ont une petite population et sont définies comme étant tout établissement situé en dehors des milieux urbains ou suburbainsNote de bas de page 25,Note de bas de page 39,Note de bas de page 80-82.
Selon Statistique Canada, une région urbaine ou centre de population compte au moins 1 000 habitants et sa densité est d’au moins 400 personnes par km2. Les régions rurales sont celles qui se trouvent en dehors d’une région urbaineNote de bas de page 82.
Dans les régions rurales, il peut y avoir de petites villes, des villages et d’autres agglomérations de moins de 1 000 personnes ainsi que des zones qui renferment des lots immobiliers, des terres agricoles, des zones non aménagées et des zones éloignées et de nature sauvageNote de bas de page 82.
En ce qui concerne les communautés des Premières Nations, Affaires autochtones et du Nord Canada définit diverses régions par la proximité du centre de service le plus près et son accèsNote de bas de page 83:
- Région urbaine – accès à moins de 50 km et par la route; tout juste un peu plus de 34 % des communautés.
- Région rurale – accès entre 50 à 350 km et par la route; 44 % des communautés.
- Région éloignée – accès à plus de 350 km et par la route; près de 4 % des communautés.
- Région à accès difficile – pas d’accès par la route à l’année; 17 % des communautés.
Vivre en banlieue
Dans les années 1960, bon nombre de Canadiens vivaient dans ce qu’on appelle maintenant les banlieuesNote de bas de page 63. En fait, les banlieues ne sont pas une réalité nouvelle – selon des données probantes, il en existe depuis au moins l’époque médiévale. Or, leur forme et leur fonction, ainsi que les caractéristiques de leurs habitants, ont changé au fil du temps, sous la pression de divers événements comme la Grande Crise et les guerres mondialesNote de bas de page 63. En regard des régions urbaines qui possèdent des quartiers compacts et piétonniers, la vie en banlieue est souvent perçue comme non favorable à la marche et subordonnée à la conduite au volant, ce qui peut entraîner une diminution de l’activité physique et accentuer la vie sédentaireNote de bas de page 27-32,Note de bas de page 34-36.
Il n’y a pas de définition universelle de ce qu’est une banlieue. Il est donc possible de la définir de bien des façons : par des limites administratives ou politiques, les limites du centre-ville, la distance par rapport au centre-ville, la densité de la populationNote de bas de page 39. Le nombre de Canadiens qui vivent en banlieue dépend de la définition utilisée. Voici ce que nous révèlent les données canadiennes :
- Lorsque les banlieues sont définies selon des limites administratives ou politiques, une plus grande proportion de gens vivaient dans la banlieue de Toronto (51 %), de Montréal (55 %) et de Vancouver (73 %) que dans ces villes mêmes, en 2006. Une plus petite proportion de gens vivaient dans la banlieue d’Ottawa (28 %), de Calgary (8 %), d’Edmonton (29 %), de Québec (31 %) et de Winnipeg (9 %) que dans ces villesNote de bas de page 39.
- En 2016, la population des municipalités qui étaient situées à proximité de grands centres urbains a continué de croître à un rythme plus rapide (7 %) que celle des grands centres urbains (6 %). C’est notamment le cas de Whistler, en Colombie-Britannique, municipalité située près de Vancouver. Les municipalités plus éloignées d’un centre urbain, quelle que soit la taille de celui-ci, étaient moins susceptibles d’avoir une population en croissanceNote de bas de page 25.
- La croissance de la population de 31 municipalités se trouvant dans une grande région urbaine était plus de trois fois plus rapide que la moyenne canadienne de 5 %. Près de 26 % de ces municipalités se trouvaient à Montréal. Exemples de municipalités se trouvant dans une grande région urbaine : Mirabel par rapport à Montréal et Cochrane par rapport à CalgaryNote de bas de page 25.
- La proportion des Canadiens habitant une maison unifamiliale (caractéristique commune à la banlieue) a diminué au cours des 30 dernières années. Cela dit, plus de la moitié des Canadiens habitaient toujours une maison unifamiliale en 2016. Dans les dix villes les plus peuplées du pays, les résidences multifamiliales (p. ex., immeubles d’appartements) étaient plus courantes à Toronto, Montréal, Vancouver et Québec. Or les maisons unifamiliales étaient plus courantes à Calgary, Edmonton, Gatineau-Ottawa, Winnipeg, Hamilton et Kitchener-Cambridge-WaterlooNote de bas de page 79.
Les collectivités urbaines et rurales diffèrent en ce qui a trait à leurs caractéristiques, à leurs besoins et à leurs milieux bâtis. Même si la plupart des Canadiens vivent dans des régions urbaines ou à proximité, 20 % des habitants du pays demeurent dans des régions rurales. La plupart des recherches sur le milieu bâti et son incidence sur la santé ont porté sur les régions urbaines. Quant aux recherches portant sur les régions rurales, elles auraient intérêt, semble-t-il, à adopter une approche ciblée p. ex., Note de bas de page 84,Note de bas de page 85.
La santé dans les régions urbaines, suburbaines et rurales
L’état de santé peut varier au sein d’une région donnée et d’un type de région à l’autre (urbaine, suburbaine ou rurale)Note de bas de page 86. Nombre de facteurs peuvent jouer à cet égard : l’âge, le genre, le revenu, l’éducation, l’emploi, la mobilité de la population, l’accès aux soins de santéNote de bas de page 86-91,Note de bas de page 98-100. Aussi est-il difficile de déterminer quels types de régions sont plus saines et pourquoi, en raison de nombre d’obstacles :
- Diverses définitions établies pour décrire ce qu’est une région urbaine, suburbaine ou rurale;
- Grande variation dans l’état de santé des habitants tant dans les régions urbaines que suburbaines et rurales. Par exemple, en région urbaine, une santé déficiente peut se cristalliser dans les quartiers désavantagés p. ex., Note de bas de page 94,Note de bas de page 101-104;
- Différences dans la conception des collectivités dans chacun des trois types de régions;
- Variations dans les facteurs sociodémographiques qui pèsent sur la santé, tels que l’âge et le revenu – d’une collectivité à l’autre;
- Mobilité des populations, notamment des ruraux qui déménagent en ville;
- Déterminants de la santé qui changent au fil du temps à l’échelle des collectivités.
De façon générale, les données sur les variations entre régions urbaines, suburbaines et rurales ne font que saisir l’état de santé des habitants à un moment donné. Selon des données en provenance des États-Unis, il est important de repérer les changements qui surviennent au fil du temps. Par exemple, les régions urbaines dans ce pays ont connu une plus forte baisse des taux de mortalité due à bon nombre de maladies et d’affections que les régions rurales, ce qui engendre des iniquités accrues en matière de santéNote de bas de page 89.
Selon d’anciennes données canadiennes, déterminer quelle région est la plus en santé dépend du résultat mesuré. Les gens qui habitent en région urbaine tendent à afficher des taux de mortalité inférieurs due aux blessures, à l’empoisonnement, au suicide et aux accidents de voiture, des taux inférieurs de tabagisme, d’arthrite, de surpoids ou d’obésité, de même que des taux supérieurs de résidents consommant les portions recommandées de fruits et de légumes par rapport aux régions rurales et suburbainesNote de bas de page 86. Par contre, les régions urbaines affichent généralement des taux supérieurs de cancer, de maladies infectieuses, de stress et un sentiment moindre d’appartenance communautaire. Les urbains sont également plus susceptibles d’être exposés à une piètre qualité de l’airNote de bas de page 86,Note de bas de page 93-97.
Quant aux habitants des régions rurales, ils sont plus susceptibles de déclarer un état de santé médiocre ou acceptable, un niveau de stress moindre et un plus fort sentiment d’appartenance communautaire que leurs vis-à-vis des milieux urbains et suburbains. Également, ils affichent généralement les taux les plus élevés de mortalité, toutes causes confondues; ainsi que les taux les plus élevés de mortalité due à une maladie respiratoire, ce qui pourrait être lié au tabagisme. De façon générale, les régions les plus fortement rurales affichent les résultats pour la santé les plus médiocres eu égard à ces mesures, mais possèdent un sentiment d’appartenance communautaire d’autant plus fortNote de bas de page 86.
Il n’est guère facile de déterminer l’état de santé des habitants des régions suburbaines – entreprise compliquée et se prêtant à des contradictions. L’étalement urbain a été associé à des facteurs comme le mode de vie sédentaire, un accès facile à des aliments malsains, une activité physique moindre et des taux supérieurs de surpoids ou d’obésitéNote de bas de page 27-36,Note de bas de page 86. Par contre, lorsque les régions suburbaines sont définies en fonction de la proportion d’habitants qui se rendent travailler dans un vaste centre urbain, ce sont les régions possédant les proportions les plus élevées à ce chapitre qui affichent les taux les moins élevés de personnes aux prises avec une maladie chronique ou subissant un décès toutes causes confondues, d’une maladie du système circulatoire, d’une maladie respiratoire, de cancer ou de diabète. Également, les hommes habitant ces régions affichaient une plus longue espérance de vie comparativement à leurs vis-à-vis de toutes autres régionsNote de bas de page 86. De plus, la banlieue fortement associée à un centre urbain serait plus susceptible de profiter d’une gamme de possibilités d’emploi et de services.
Le lieu qui a vu grandir une personne peut agir sur sa santé de façon différente du lieu de résidence une fois adulte. Par exemple, selon certaines données probantes, les gens qui ont grandi dans une région urbaine réagissent plus fortement à des situations sociales stressantes comparativement à ceux qui ont grandi dans un autre type de régionNote de bas de page 113,Note de bas de page 114. Un autre facteur qui peut jouer est la durée de résidence dans une région donnée. Par exemple, pour certains habitants, vivre ou grandir dans une région urbaine a été associé à un risque plus élevé de trouble de santé mentale; cette différence ne peut être entièrement expliquée par des facteurs sociodémographiques tels que l’âge, le genre, l’état matrimonial, le statut socioéconomique ou l’ethnicitéNote de bas de page 105-112. Ce risque pourrait varier en « fonction de la dose », puisque certaines données probantes ont montré que plus une personne vit longtemps en milieu urbain, ou « plus le milieu est urbain » (c.-à-d. plus la densité de la population est forte), plus le risque est grandNote de bas de page 110-112.
Section 3 : Les composantes de base d’un mode de vie sain
3A : Des quartiers actifs
Comment pouvons-nous bâtir des collectivités actives de façon à améliorer la santé? Voilà sous quel angle la présente section examine la recherche.
La majorité des Canadiens ne font pas assez d’exerciceNote de bas de page 115. Il est essentiel de faire de l’exercice physique pour être en bonne santé, et pourtant les Canadiens ne sont en général pas assez actifs pour obtenir des bénéfices optimaux. Comment pouvons-nous augmenter l’activité physique? Une mesure importante consiste à bâtir des collectivités où il est facile de choisir d’être actif. La Figure 3 illustre comment la complexité des caractéristiques d’un quartier est probablement associée à une meilleure santé grâce à une augmentation de l’activité physique.
Figure 3 : Aperçu de l'influence du milieu bâti sur l'activité physique et, par ricochet, sur la santé (adapté de la référence Note de bas de page 72)
Figure 3 - Équivalent textuel
Cette image illustre dans quelle mesure le milieu bâti peut permettre d'obtenir différents résultats pour la santé en raison d'une hausse de l'activité physique et l'influence de différents facteurs médiateurs et d'autres déterminants de la santé. Parmi les exemples de caractéristiques du milieu bâti qui peuvent entraîner une hausse de l'activité physique, il y a l'utilisation mixte des terres, la densité de population, les rues reliées, les destinations à proximité, le transport en commun, les pistes et sentiers, les trottoirs, les installations et aires récréatives, les espaces verts et les éléments attrayants. Parmi les exemples de facteurs médiateurs, il y a la pollution de l'air, le temps et le climat, la criminalité, la sécurité routière et les dangers. Parmi les exemples de résultats éventuels en santé, mentionnons une réduction du risque de décès prématuré, d'obésité, de diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancer et de mauvaise santé mentale. Ces interactions complexes entre le milieu bâti et les facteurs médiateurs qui ont une incidence sur les réponses de l'être humain et les résultats pour la santé sont influencées par d'autres déterminants de la santé, comme l'âge, l'hérédité, le genre, le milieu social, le revenu, la scolarité, la culture et le système de soins de santé.
L’activité physique et la santé
On croit que, dans l’ensemble, l’inactivité physique cause de 6 à 10 % des maladies non transmissiblesNote de bas de page 117. Faire au moins 30 minutes d’activité physique modérée par jour peut réduire le risque de décès prématuré d’au moins 19 %Note de bas de page 118. Être physiquement actif est fortement associé aux facteurs suivantsNote de bas de page 119-145 :
- une meilleure force musculaire, fonction cardiovasculaire et santé mentale;
- un bon développement des enfants et des jeunes;
- un vieillissement en santé;
- une réduction du risque de décès prématuré, même s’il ne s’agit que d’une petite augmentation de l’activité physique;
- une réduction du risque de maladies et d’affections comme l’obésité, les cardiopathies, certains types de cancers, le diabète, la démence, l’ostéoporose et les problèmes cardiovasculaires;
- une meilleure santé pour les personnes atteintes de diverses maladies et d’affections (p. ex., cancer, diabète, troubles de l’humeur).
Le saviez-vous? En 2013, seulement 10 % des enfants et des jeunes Canadiens et 20 % des Canadiens adultes satisfaisaient aux Directives canadiennes en matière d’activité physique, leur niveau d’activité étant mesuré à l’aide d’accéléromètresNote de bas de page 115.
Ces lignes directrices recommandent ce qui suit :
Les tout-petits devraient faire au moins trois heures d’activité physique chaque jour, quelle qu’en soit l’intensité.
Les enfants et les jeunes devraient :
- faire des activités aérobiques, modérées ou vigoureuses, au moins une heure par jour;
- faire des exercices de musculation et de renforcement des os au moins trois fois par semaine;
- faire plusieurs heures d’activité légère par jour.
Les adultes devraient :
- faire au moins 150 minutes d’activité aérobique modérée ou vigoureuse par semaine;
- faire des exercices de musculation et de renforcement des os au moins deux fois par semaine.
Il s’agit là des niveaux recommandés, mais les gens peuvent tout de même profiter de niveaux d’activité moins élevés. Ceux qui sont inactifs peuvent retirer des avantages plus grands pour la santé d’une augmentation de leur niveau d’activitéNote de bas de page 116.
Bâtir des quartiers qui favorisent l’activité physique
Il est possible de concevoir des quartiers qui favorisent des activités physiques utilitaires (ayant pour objectif de se déplacer ou de faire quelque chose) ou des activités physiques récréatives (réalisées pendant les loisirs), ou les deux à la fois. Chacun de ces types peut être un facteur contribuant grandement à satisfaire aux directives en matière d’activité physique et est associé soit à des types similaires, soit à des types différents de caractéristiques de quartier.
À l’échelle de la population, on s’est concentré sur la façon de tirer parti du milieu bâti pour construire des collectivités qui favorisent l’utilisation de moyens de transport actif, comme la marche, le vélo et le transport en commun, ainsi que l’activité physique récréative. Dans certaines situations, la relation entre le milieu bâti et l’activité physique a été associée à un meilleur état de santé. Cet avantage se décline sous différentes formes : diminution de l’indice de masse corporelle et de la masse adipeuse; amélioration des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires; diminution du risque de cancer; diminution du risque de décès prématuré (toutes causes confondues); meilleure santé mentale; et sentiment plus fort d’appartenance à la communautéNote de bas de page 146-168.
Encourager le transport actif : La marche et le vélo sont des formes courantes d’activité physique et de transport actif.
- Beaucoup de gens aiment la marche – elle est considérée comme une excellente façon d’être physiquement actif à tout âge. C’est souvent un meilleur choix dans les zones denses et achalandéesNote de bas de page 169-170.
- Le vélo est une façon efficace d'être modérément ou vigoureusement actif; il permet de parcourir de plus grandes distances que la marche; or, il bénéficie souvent moins d'éléments d'infrastructure que la marcheNote de bas de page 169,Note de bas de page 177.
Qu’est-ce que le transport actif? Le transport actif est l’utilisation de l’énergie fournie par l’être humain pour aller quelque part, par exemple se rendre au travail en vélo ou à piedNote de bas de page 171. Le transport en commun est aussi une forme de transport actif, puisque les gens marchent pour y avoir accès ou se rendre à leur destination finaleNote de bas de page 172-176.
Le transport actif peut contribuer à une activité physique quotidienneNote de bas de page 178. À l’heure actuelle, ce mode de transport est sous-utiliséNote de bas de page 167. À l’échelle de la population, le transport actif a le potentiel d’augmenter les niveaux d’activité des gens et d’améliorer leur santéNote de bas de page 168. C’est une façon :
- de résoudre le problème du manque de temps pour être physiquement actif;
- de réduire le temps que les Canadiens passent au volant;
- d’aider les gens à atteindre les niveaux recommandés d’activité physique.
Le milieu bâti peut jouer un rôle important dans le transport actif. De façon générale, les régions à forte densité de population, présentant des aspects variés (mélange de zones résidentielles, commerciales, scolaires et professionnelles, rues reliées, bon accès aux destinations, bon réseau de transport en commun et éléments attrayants), ont été associées au transport actif ou à la réduction du temps passé au volant; il reste que la force de ce lien n’est pas netteNote de bas de page 179-187. Au Canada, le transport actif a été associé à l’existence d’un certain nombre d’élémentsNote de bas de page 179,Note de bas de page 188,Note de bas de page 189-192 :
- arrêt du transport en commun à proximité;
- choix de destination à distance raisonnable;
- trottoirs bien entretenus;
- zones réservées aux cyclistes;
- installations récréatives à coût abordable;
- routes sécuritaires.
En ce qui concerne le vélo, une gamme d’éléments ont été associés au transport actif : pistes cyclables à proximité des habitations, pistes cyclables fournissant un accès à une variété de destinations à courte distance, bons liens entre les routes et les pistes, pistes cyclables sécuritaires, endroits sécuritaires pour ranger son vélo y compris près des gares d’autobus ou de chemin de fer, disponibilité de vélos à louer à court terme, signalisation et feux de circulation pour cyclistes, et trajets comptant peu de dénivellation et permettant une circulation peu dangereuseNote de bas de page 49,Note de bas de page 169,Note de bas de page 177,Note de bas de page 193-205.
Voir le site Web de l’Agence de la santé publique du Canada pour des exemples d’initiatives liées au transport actif au Canada.
Le saviez-vous? En 2011Note de bas de page 188,
- 62 % des Canadiens ont déclaré fréquenter des magasins à distance de marche de chez eux;
- 78 % avaient accès gratuitement, ou à faible coût, à des installations et à des zones récréatives près de chez eux;
- 72 % disposaient d’un arrêt du transport en commun à moins de 15 minutes de marche de chez eux;
- 70 % ont déclaré vivre dans un quartier attrayant.
Les Canadiens étaient plus enclins à être actifs s’il y avait dans leur quartier des destinations accessibles à pied (p. ex., des magasins), des zones ou des installations récréatives à accès gratuit ou à faible coût, des zones consacrées au vélo, de bons trottoirs, des caractéristiques intéressantes et un haut degré de sécuritéNote de bas de page 188.
D’autres facteurs doivent être pris en compte en ce qui concerne le transport actif. Par exemple, offrir des possibilités d’emploi plus près du domicile des gens et rendre le transport en automobile moins attrayant que le transport actifNote de bas de page 180,Note de bas de page 181,Note de bas de page 200. Entre autres stratégies qui ont permis de réduire la circulation routière : les journées ou les zones sans automobile, l’augmentation du coût de la conduite et le transport en commun gratuit ou à faible coûtNote de bas de page 209-216. Il reste que la mise en œuvre de certaines de ces stratégies peut présenter un défi particulier dans les endroits où il y a de grandes distances à parcourir et qui dépendent fortement des véhicules à moteur, comme au Canada.
Favoriser l’activité physique récréative : L’activité physique durant les heures de loisir n’est pas toujours associée aux mêmes caractéristiques de quartier que le transport actifNote de bas de page 166,Note de bas de page 191,Note de bas de page 217. Certaines données probantes indiquent aussi que les gens qui vivent dans des quartiers où il est possible de se déplacer à pied et qui sont plus enclins à utiliser des moyens de transport actif sont peut-être moins enclins à être actifs pendant leurs heures de loisirNote de bas de page 185,Note de bas de page 190.
Plus particulièrement, la marche récréative est associée à un certain nombre de caractéristiques de quartier, comme la destination (p. ex., lacs, voies navigables, destinations culturelles et sportives), des éléments attrayants, des rues bien éclairées, de bons trottoirs, pistes et sentiers, la présence d’installations et d‘aires récréatives à proximité, et les espaces vertsNote de bas de page 54,Note de bas de page 217-223. Les Canadiens qui vivent dans des quartiers possédant ces atouts sont plus enclins à être actifs pendant leurs moments de loisir. La circulation et la sécurité peuvent aussi influer sur les loisirsNote de bas de page 188.
Un rôle pour la sensibilisation : Croire qu’un quartier a un potentiel piétonnier, que ce soit le cas ou non, est associé à une augmentation de la marche et à une meilleure santéNote de bas de page 206-208. Ce qui semble indiquer que mieux faire connaître le potentiel piétonnier d’un quartier pourrait être important pour accroître l’activité physique.
Facteurs médiateurs qui agissent sur le lien entre le milieu bâti, l’activité physique et la santé
Le milieu bâti peut avoir une incidence sur l’activité physique et la santé des gens. Certains facteurs peuvent toutefois agir sur ce lien et devraient être pris en compte dans la conception des collectivités. Parmi ces facteurs à considérer au Canada : la sécurité routière, la pollution atmosphérique, les conditions météorologiques, le climat et la durée de la lumière du jour.
Densité de la population : D’après des estimations provenant des États-Unis, les quartiers avec une densité de la population d’environ 360 à 1 540 personnes par km2 sont associés à une augmentation de la marche. Une diminution de la conduite au volant est associée aux quartiers ayant une densité de la population de 1 160 habitants par km2 ou plusNote de bas de page 229. En 2016, il y avait 32 régions urbaines au Canada dont la densité était d’au moins 360 habitants par km2, et une dont la densité était d’au moins 1 160 personnes. Quelque 43 % de la population canadienne y vivaitNote de bas de page 230. Dans les régions urbaines du Canada, la densité de la population varie selon les quartiers, ceux qui sont plus près du centre-ville étant souvent les plus densément peuplés (p. ex., TorontoNote de bas de page 231).
Sécurité routière : Des données probantes semblent indiquer que les avantages de la marche ou du vélo pour la santé sont plus grands que le risque de blessures causées par la circulationNote de bas de page 232. Les gens sont plus enclins à choisir le transport actif lorsqu’ils sentent que c’est un choix sécuritaire. Il y a de nombreuses façons de bâtir l’infrastructure pour rendre les routes plus sécuritaires pour automobilistes, piétons et cyclistes. Au nombre de telles mesures : réduction de la vitesse (p. ex., dos-d’âne, limites de vitesse, rétrécissement des voies), réduction des points de conflit avec piétons et cyclistes, augmentation de la visibilité des piétons (p. ex., avancées de trottoir) et éloignement des grandes voies de circulation des quartiers résidentielsNote de bas de page 45,Note de bas de page 56,Note de bas de page 233,Note de bas de page 234.
La sécurité des piétons peut aussi être augmentée de multiples façons : signalisation pour piétons, feux de circulation, panneaux indiquant aux piétons de faire attention à la présence de véhicules, refuges piétonniers, viaducs, passages inférieurs, obstacles, clôtures, trottoirs et rues bien éclairéesNote de bas de page 236,Note de bas de page 237. Quant aux collisions entre piétons et véhicules, elles risquent davantage de se produire près des écoles et dans les zones commerciales; elles sont d’ailleurs associées à une plus forte densité de la population, au débit routier, au nombre de piétons, à la densité routière et au nombre d’intersectionsNote de bas de page 237. Des recherches canadiennes ont montré que les gens optent plutôt pour la marche ou le vélo s’ils estiment leur trajet sécuritaire et attrayant. Aussi, certaines données probantes semblent indiquer que les cyclistes préféreront un trajet sécuritaire et attrayant plutôt qu’un trajet plus court et directNote de bas de page 232,Note de bas de page 238-242.
La sécurité en vélo joue pour beaucoup dans le choix de ce moyen de déplacement. Les gens font davantage de vélo lorsqu’ils se sentent en sécurité et qu’ils disposent d’une infrastructure réservée. Cela peut être particulièrement important pour ceux qui se sentent peu en confiance sur un véloNote de bas de page 55,Note de bas de page 243. On recense un certain nombre de mesures associées à l’augmentation de la pratique du vélo : avoir des routes, des voies et des pistes réservées aux cyclistes, réduire les limites de vitesse des véhicules à moteur, avoir des destinations où se rendre à vélo, avoir accès au transport en commun et de bons liens entre les pistes et les rues. En contraste, plus de circulation, de voies rapides et de congestion sont associées à moins de transport actif, incluant le vélo. Certaines façons de réduire le nombre de véhicules à moteur sur les routes pourraient aussi contribuer à accroître la marche et le cyclisme, comme accroître les coûts de possession d’un véhicule, limiter le nombre de places de stationnement et établir des zones d’exclusion des automobilesNote de bas de page 243.
Cyclisme – comparaisons mondiales : Dans plusieurs pays européens, en particulier les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, la Finlande, la Suède et la Belgique, les gens font régulièrement du vélo. Ce moyen de transport y est aussi plus sécuritaireNote de bas de page 224. Il est soutenu grâce à une gamme de moyens : infrastructure réservée largement répandue, mesures de ralentissement de la circulation dans les quartiers résidentiels, stationnements pour vélos, intégration au transport en commun, des mesures éducatives pour conducteurs et cyclistes et activités visant à promouvoir le cyclisme et à accroître le soutien du public. Dans les villes, l’utilisation mixte des terrains et la forte densité de la population font que de nombreux endroits sont accessibles en vélo. De plus, posséder une auto coûte cher et il est difficile de se rendre à certains endroits de cette façon, bien que, dans certains pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne, le nombre de propriétaires de voitures et de vélos soit élevéNote de bas de page 200,Note de bas de page 225.
Se déplacer régulièrement à vélo est loin d’être aussi apprécié en Amérique du Nord. Au Canada, en 2013-2014, environ 12 millions d’habitants, soit 41 % de la population, ont déclaré avoir fait du vélo au moins une fois au cours de l’année précédente, les jeunes y étant plus enclins que les plus âgés. Les hommes étaient plus susceptibles d’utiliser leur vélo que les femmes. Les hommes vivant en milieu urbain étaient plus enclins à faire du vélo que les hommes des régions rurales, mais c’est l’inverse qui a été observé pour les femmes. Les Canadiens sont moins enclins à se servir de leur vélo que par le passé, une tendance qui n’est probablement pas due au vieillissement de la population, mais qui pourrait être causée en partie par l’augmentation de la pratique d’autres activités, comme la courseNote de bas de page 226.
Les Canadiens sont plus enclins à faire du vélo que les Américains. Cette différence vient peut-être du fait que le milieu bâti est plus favorable au cyclisme au Canada (p. ex., utilisation mixte des terres, courtes distances à parcourir pour arriver à destination, coûts plus élevés de la conduite au volant, cyclisme plus sécuritaire, plus d’infrastructures réservées au cyclisme et plus de formation associée à cette activité)Note de bas de page 227,Note de bas de page 228.
Pollution atmosphérique : Être actif (courir, faire du vélo) dans des zones à forte circulation peut accroître le risque d’exposition à la pollution atmosphériqueNote de bas de page 244. L’exercice pourrait accroître la quantité de pollution qui pénètre dans les poumons. Les polluants atmosphériques peuvent irriter les poumons, modifiant la respiration et le rythme cardiaque pendant l’exerciceNote de bas de page 247. La présence de particules peut faire augmenter la pression sanguine et le rythme cardiaque et activer le système immunitaireNote de bas de page 248. Au Canada, ce problème est moins aigu que dans d’autres pays parce que, en général, la qualité de l’air y est relativement bonneNote de bas de page 245,Note de bas de page 246.
Le saviez-vous? En 2014, 90 % des gens dans le monde vivaient dans des endroits où la qualité de l’air ne respectait pas les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé (en ce qui concerne les particules fines)Note de bas de page 263. Dans l’ensemble, la qualité de l’air au Canada répond à ces normes, bien qu’elle varie selon les endroitsNote de bas de page 263,Note de bas de page 264.
Quels sont les risquesNote de bas de page 168,Note de bas de page 249-254 ?
- L’exercice physique comporte plus d’avantages pour la santé que l’exposition n’a de répercussions sur la santé, sauf dans les régions à forte pollution atmosphérique.
- Il y a beaucoup de polluants nocifs à l’intérieur des véhicules à moteur, parfois plus qu’à l’extérieur.
Tout en étant actifs à l’extérieur, les gens peuvent réduire leur exposition par différents moyens : en utilisant des routes moins passantes ou des parcours sans circulation de véhicules à moteur; ou encore en évitant l’exercice, ou en faisant de l’exercice moins intense, les jours où la qualité de l’air est mauvaiseNote de bas de page 271,Note de bas de page 272.
Voir le site Web de la Cote air santé pour la qualité quotidienne de l’air au Canada.
L’exposition à la pollution atmosphérique est liée à un risque accruNote de bas de page 254-270 :
- de décès prématuré par suite de maladies et d’affections comme les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies respiratoires, le cancer du poumon, le diabète et les infections des voies respiratoires chez les enfants;
- de mauvaise santé respiratoire et cardiovasculaire, en particulier chez les personnes à risque (p. ex., celles qui ont de l’asthme ou d’autres affections pulmonaires, les enfants et les aînés), même à de faibles niveaux d’exposition;
- de maladies respiratoires, d’asthme, de pneumonie et d’otite moyenne chez les enfants, de syndrome de mort subite du nourrisson, d’issues défavorables de la grossesse (en particulier chez les mères qui présentent un problème médical préexistant), d’athérosclérose, d’hypertension, de diabète et d’affections neurologiques, comme la démence.
Conditions météorologiques, climat et durée de la lumière du jour : Il n’est pas surprenant que le mauvais temps, les dangers causés par le temps, les températures extrêmes et le manque de lumière du jour réduisent la probabilité que les gens pratiquent une activité physique à l’extérieurNote de bas de page 273-292. Même dans les pays nordiques, comme la Finlande, où de nombreuses personnes utilisent le transport actif, cette pratique est plus faible en hiver que pendant les mois chaudsNote de bas de page 293.
Ce sont là des éléments importants au Canada, compte tenu de notre climat diversifié. Toutefois, ce type de climat offre aussi l’occasion d’innover dans le milieu bâti pour favoriser l’activité physique en toutes saisons et en tout temps. Par exemple, voici des suggestions pour augmenter l’activité physique pendant les mois d’hiver : un meilleur accès à des installations récréatives intérieures de bonne qualité (p. ex., piscines, gymnases) et la promotion d’installations pour les activités hivernales extérieures (p. ex., patin, raquette, ski)Note de bas de page 281. Des quartiers bien éclairés et l’accès à des installations récréatives intérieures pourraient aussi encourager la pratique d’activités physiques pendant les périodes où la durée de la lumière du jour est réduiteNote de bas de page 291-295.
3B : L’accès à des aliments sains
La présente section porte sur la recherche qui explore les façons de concevoir des collectivités favorables à une saine alimentation.
Une saine alimentation est une composante importante d’un bon état de santé, ce qui signifie à la fois manger des aliments sains et éviter les aliments malsains. De nombreux facteurs influent sur ce que nous choisissons de manger, dont l’accessibilité des aliments et l’offre d’aliments dans notre collectivité et à l’extérieur. La Figure 4 illustre comment la complexité des caractéristiques d’un quartier est probablement associée à une meilleure santé découlant d’une saine alimentation.
Figure 4 : Aperçu de l'influence du milieu bâti sur l'alimentation et, par ricochet, sur la santé (adapté de la référence Note de bas de page 72)
Figure 4 - Équivalent textuel
Cette image illustre dans quelle mesure le milieu bâti peut permettre d'obtenir différents résultats pour la santé en faisant la promotion d'une saine alimentation, et l'influence de différents facteurs médiateurs et d'autres déterminants de la santé. Parmi les exemples de caractéristiques du milieu bâti qui peuvent favoriser l'adoption d'une saine alimentation, il y a le fait de vivre à proximité de sources d'aliments sains, comme des supermarchés, le fait de vivre loin des sources d'aliments malsains, comme les dépanneurs et les restaurants-minute, le zonage pour les sources d'aliments malsains, les marchés de producteurs et les jardins communautaires. Parmi les exemples de facteurs médiateurs, il y a les prix faibles, les heures d'ouverture des magasins pratiques, la longue saison de végétation et la sécurité alimentaire. Parmi les exemples de résultats éventuels pour la santé, mentionnons une réduction du risque de décès prématuré, d'obésité, de diabète et de mauvaise santé mentale. Ces interactions complexes entre le milieu bâti et les facteurs médiateurs qui ont une incidence sur les réponses de l'être humain et les résultats pour la santé sont influencées par d'autres déterminants de la santé, comme l'âge, l'hérédité, le genre, le milieu social, le revenu, la scolarité, la culture et le système de soins de santé.
Le saviez-vous? L’alimentation de nombreux Canadiens n’est pas saineNote de bas de page 296. L’alimentation au Canada a subi des changements : le pourcentage des apports énergétiques quotidiens provenant des glucides a diminué pour les Canadiens adultes de 2004 à 2015, alors que les apports en graisses et en protéines ont augmentéNote de bas de page 297. Les sucres représentent juste un peu plus de 20 % du régime alimentaireNote de bas de page 298,Note de bas de page 299. De nombreux Canadiens n’atteignent pas les doses recommandées de vitamines et de minérauxNote de bas de page 297.
Alimentation et santé
Une saine alimentation, sans nul doute, est associée à un meilleur état de santé. En règle générale, certains aliments sont considérés comme sains et, ensemble, forment une alimentation saine et équilibrée. Il s’agit entre autres des légumes, des fruits, des produits céréaliers, du lait faible en gras, du poisson et de la viande maigre, ainsi que des aliments prélevés dans la nature ou selon la tradition des populations autochtones. Avoir une alimentation saine et équilibrée, c’est aussi manger à des intervalles réguliers, consommer des portions appropriées et réduire la quantité d’aliments à teneur élevée en graisses saturées, en sel et en sucreNote de bas de page 300.
L’accès à des aliments sains au travail : Bon nombre de Canadiens passent la plus grande partie de leurs heures de veille au travail. Certaines recherches indiquent que manger des aliments apportés de la maison est associé à une alimentation plus saine que manger des aliments achetés au travail ou à proximitéNote de bas de page 301. L’accès à des choix alimentaires santé sur les lieux de travail ou dans les environs est également associé à une alimentation plus saine, mais pas nécessairement à une perte de poidsNote de bas de page 302-304. Par ailleurs, les travailleurs des régions rurales pourraient faire face à des choix alimentaires limitésNote de bas de page 305.
De nombreux facteurs influent sur ce que les gens choisissent de manger. À l’heure actuelle, de nombreux commerces offrent un large éventail de choix comprenant des aliments riches en calories, en graisses, en sel et en sucre. Devant une telle offre, est-il vraiment facile de manger sainement? L’information alimentaire et nutritionnelle évolue constamment et présente souvent des messages contradictoires sur les aliments à manger et à éviterNote de bas de page 306. Par ailleurs, au niveau individuel, les aliments qui constituent une saine alimentation et déterminent comment celle-ci contribue à une meilleure santé peuvent varier. La digestion et la métabolisation des aliments varient d’une personne à l’autre, ce qui signifie que tout le monde ne réagit pas aux aliments de la même manièreNote de bas de page 307,Note de bas de page 308. Les régimes personnalisés sont un nouveau domaine de recherche qui pourrait mener à des conseils nutritionnels basés sur les différences individuellesNote de bas de page 309,Note de bas de page 310.
Bâtir des quartiers qui favorisent une saine alimentation
Nous choisissons les aliments à consommer en fonction de nombreux facteurs interreliés, dont l’accès à des aliments sains dans notre quartier. Le milieu bâti peut y jouer un rôle, bien que les résultats de la recherche soient variés et parfois contradictoiresNote de bas de page 311-313. Pour leur part, les spécialistes croient que l’environnement alimentaire actuel est tel qu’il est facile de choisir des aliments malsainsNote de bas de page 314
Les milieux nutritionnels ou alimentaires comprennent un large éventail de facteurs qui influent sur l’alimentation. Voici, au nombre de ces facteurs : les politiques des gouvernements et de l’industrie, le milieu communautaire (p. ex., l’accessibilité à des magasins d’alimentation et à des restaurants, ainsi que leur type et emplacement), le milieu organisationnel (p. ex., la maison, l’école, le travail), le milieu de la consommation (p. ex., les choix d’aliments, les prix, les promotions, l’emplacement, l’information nutritionnelle), les médias, la publicité et les caractéristiques individuelles (p. ex., les caractéristiques sociodémographiques, les facteurs psychosociaux, la perception du milieu nutritionnel)Note de bas de page 324. Le milieu bâti fait partie de ce tableau d’ensemble, centré sur l’accès à des aliments sains et malsains. En ce qui concerne le rôle du milieu bâti dans une saine alimentation au Canada, nos connaissances sont lacunaires, en particulier pour les collectivités rurales et éloignéesNote de bas de page 325
Facteurs médiateurs qui influent sur les choix alimentairesNote de bas de page 58,Note de bas de page 102,Note de bas de page 148,Note de bas de page 306,Note de bas de page 315-323 :
- Le prix des aliments peut agir davantage sur l’alimentation et la santé que la distance à parcourir pour arriver à une source d’aliments, en particulier pour les familles à faible revenu.
- De nombreuses personnes ne se procurent pas toujours leurs aliments dans leur propre quartier et elles ont accès à un moyen de transport, donc peuvent les acheter ailleurs.
- Les gens prennent généralement l’habitude de faire leurs achats la plupart du temps dans les mêmes commerces.
- De nombreux commerces vendent à la fois des aliments sains et des aliments malsains. Leurs heures d’ouverture peuvent peser sur l’accès aux aliments sains.
- L’accès à des aliments sains varie selon les pays et les municipalités. Il varie aussi selon qu’il s’agisse d’une région urbaine, suburbaine ou rurale.
Accès à des aliments sains et malsains : Les quartiers qui encouragent une saine alimentation auraient intérêt à accroître l’offre d’aliments sains et l’accessibilité de ces aliments pour tous les habitants. Un prix abordable et la qualité des aliments sont aussi des facteurs importantsNote de bas de page 325. On ne sait pas clairement si le fait de vivre ou non près de commerces qui offrent des aliments sains et malsains a une incidence sur la santé. Mais certaines données probantes semblent indiquer que, lorsque les gens ont accès plus facilement à des aliments sains qu’à des aliments malsains, ils sont plus enclins à avoir une alimentation saine, ils risquent moins d’être obèses, et leur risque de décès précoce est réduit. Ce ne sont pas toutes les études, toutefois, qui ont montré l’existence d’un lien entre l’accès et la santéNote de bas de page 58,Note de bas de page 316,Note de bas de page 326-338.
Accès à l’alcool : Avoir facilement accès à de l’alcool est un facteur associé à l’augmentation de sa consommation et à ses effets négatifs sur la santé. Par exemple, les actes criminels violents, y compris la violence familiale et les accidents d’automobile, sont plus susceptibles de survenir dans les quartiers à forte densité de points de venteNote de bas de page 91,Note de bas de page 340-345. Une telle concentration est aussi associée au faible prix de l’alcool, aux problèmes de consommation et à de plus grandes incidences sur la santé (p. ex., hospitalisation liée à la consommation d’alcool et problèmes de santé mentale)Note de bas de page 346-351.
L’accès est aussi un facteur important à prendre en compte pour d’autres drogues, dont les incidences sur la santé publique de la légalisation du cannabis.
Déserts alimentaires et marais alimentaires : Les déserts alimentaires sont les zones où l’accès à des aliments sains et nutritifs à prix abordable est limité. Selon des recherches, il existe un lien entre les déserts alimentaires et la mauvaise santé, même si cet effet n’a pas été constaté partoutNote de bas de page 148,Note de bas de page 315,Note de bas de page 327,Note de bas de page 338,Note de bas de page 339. Les marais alimentaires sont les zones qui offrent de nombreuses options alimentaires malsaines. D’après les recherches, il existe un lien entre les marais alimentaires et la mauvaise santé (p. ex., alimentation malsaine, IMC élevé, obésité, diabète)Note de bas de page 323,Note de bas de page 339,Note de bas de page 352-361.
L’une et l’autre zone peuvent coexister au sein d’une même collectivité. Toutefois, les recherches semblent indiquer qu’au Canada, et particulièrement en milieu urbain, les marais alimentaires sont plus fréquents que les déserts alimentairesNote de bas de page 362-364. Les commerces qui vendent des aliments dans les régions rurales peuvent différer de ceux des régions urbaines. Il semble que les déserts alimentaires soient plus fréquents dans les régions ruralesNote de bas de page 320. Ils sont également fréquents dans les collectivités éloignées, en particulier celles dépourvues d’épicerieNote de bas de page 325.
Une stratégie qui a été envisagée pour lutter contre les régimes malsains et l’obésité consiste à élaborer des politiques et des lois qui limitent l’accès au prêt-à-manger en circonscrivant les zones de restaurants-minute et en limitant les sources d’aliments malsains (p. ex., les dépanneurs) près des écolesNote de bas de page 363-365. Également, le recours au zonage pourrait favoriser une saine alimentation (p. ex., le zonage favorisant l’accès aux commerces de fruits et légumes dans les collectivités rurales)Note de bas de page 363,Note de bas de page 366.
Marchés agricoles et jardins communautaires : Les villes et les collectivités utilisent diverses façons d’offrir des options d’aliments sains à leurs habitants. Les marchés agricoles et les jardins communautaires en sont deux exemples. À l’heure actuelle, on connaît peu leur efficacité.
Marchés agricoles : Pour améliorer l’accès de leurs résidents à des aliments sains, certaines municipalités soutiennent des marchés agricoles, ou y songent. L’influence de ces marchés semble être localisée, ce qui favorise l’accès à des options santé et, dans certains cas, améliore l’alimentation de ceux qui vivent à proximitéNote de bas de page 367-378. Or la variété des aliments n’est pas toujours plus grande dans les marchés agricoles que dans les supermarchés, et certains aliments peuvent coûter plus cherNote de bas de page 379.
Jardins communautaires : Comme les marchés agricoles, les jardins communautaires sont une autre approche soutenue ou envisagée. Selon certaines études, les jardins communautaires sont associés à une meilleure alimentation, à une bonne santé mentale, au bien-être mental, ainsi qu’à un IMC faibleNote de bas de page 380-387. Comme les jardins communautaires sont situés, en général, dans des zones de supermarchés, les gens y ont déjà des choix d’aliments sainsNote de bas de page 371; il peut donc être difficile d’évaluer les effets des jardins communautaires séparément de ceux des supermarchés. Les jardins communautaires sont également associés à l’appartenance à la communauté et, dans certains cas, au soutien socialNote de bas de page 388,Note de bas de page 389.
Facteurs médiateurs ayant une incidence sur le lien entre le milieu bâti et l’alimentation
Les effets des caractéristiques d’un quartier donné sur l’alimentation sont souvent associés à l’accès à des aliments sains ou malsains. De nombreux facteurs peuvent influer sur l’accès à des aliments, ou être liés à cet accès, dont les saisons et l’insécurité alimentaire.
Saisons : Au Canada, les saisons sont distinctes et la durée de la saison de végétation varie, ce qui a une incidence sur la croissance et la production des aliments ainsi que sur la disponibilité d’aliments traditionnels ou prélevés dans la nature. Bien qu’un vaste éventail d’aliments soit offert toute l’année en de nombreux endroits au pays grâce à l’importation, l’offre et le prix des fruits et légumes dans les commerces fluctuent selon les saisonsNote de bas de page 390. Les marchés agricoles et les jardins communautaires sont également saisonniers et fournissent des produits frais en fonction de la durée de la saison de végétation. Malgré la brève saison de végétation, le Canada produit une bonne quantité de fruits et légumes, et la production a généralement augmentéNote de bas de page 391,Note de bas de page 392.
Insécurité alimentaire : Il peut être difficile pour les familles qui vivent dans l’insécurité alimentaire d’avoir accès à des aliments qui leur permettraient d’avoir une alimentation saineNote de bas de page 393. En 2014, environ 12 % des ménages canadiens ont connu une période d’insécurité alimentaire à un moment quelconque au cours de l’année précédente. Ce ne sont pas toutes les provinces et tous les territoires qui recueillent des renseignements sur l’insécurité alimentaire, de sorte qu’il ne s’agit pas d’une estimation exhaustive du problèmeNote de bas de page 394.
Qu’est-ce que la sécurité alimentaire? La sécurité alimentaire, c’est lorsque les gens ont accès à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour que leur alimentation et leur vie soient saines, et qu’ils ont les moyens de les acheter. L’absence de sécurité alimentaire (l’insécurité alimentaire) est associée à une mauvaise santé physique et mentale et à l’absence de bien-êtreNote de bas de page 394,Note de bas de page 395.
La sécurité alimentaire ne semble pas être fortement corrélée à la proximité de commerces d’aliments ou à des programmes communautaires d’aide alimentaireNote de bas de page 396,Note de bas de page 397. Certaines recherches indiquent que l’insécurité alimentaire est plus faible dans les régions rurales, en particulier là où il y a de nombreuses exploitations agricolesNote de bas de page 394,Note de bas de page 396.
L’insécurité alimentaire et le prix des aliments sont beaucoup plus élevés dans les territoires nordiques. En 2014, au Nunavut, c’est près de 47 % des ménages qui ont connu une période d’insécurité alimentaire au cours de l’année précédente; et aux Territoires du Nord-Ouest, c’est juste un peu plus de 24 %Note de bas de page 394. Au Nunavut, l’insécurité alimentaire était plus élevée dans les petites collectivités que dans la capitale, IqaluitNote de bas de page 398. Parmi les stratégies qui pourraient réduire l’insécurité alimentaire dans le Nord, il y a les réseaux de partage d’aliments, un meilleur accès aux aliments prélevés dans la nature et les serres communautairesNote de bas de page 399,Note de bas de page 400.
3C : Des milieux positifs
La présente section examine la recherche portant sur les caractéristiques favorisant le mieux-être mental lorsque nous bâtissons des collectivités.
Le mieux-être mental est une composante importante du bien-être quotidien et d’une vie saine. De nombreux facteurs ont une incidence sur le risque d’une mauvaise santé mentale, tel que l’endroit où nous vivons, travaillons, étudions et nous divertissons. La Figure 5 illustre les liens complexes entre les caractéristiques des quartiers qui sont probablement liées à une meilleure santé grâce au soutien social, à la réduction du stress et au sentiment d’appartenance à la communauté.
Figure 5 : Aperçu de l'influence du milieu bâti sur le soutien social, le stress et le sentiment d'appartenance à la communauté et, par ricochet, sur la santé (adapté de la référence Note de bas de page 72)
Figure 5 - Équivalent textuel
Cette image illustre dans quelle mesure le milieu bâti peut permettre d'obtenir différents résultats pour la santé en créant des milieux positifs, qui augmentent le soutien social et le sentiment d'appartenance à la communauté et réduisent le stress, et l'influence de différents facteurs médiateurs et d'autres déterminants de la santé. Parmi les exemples de caractéristiques du milieu bâti qui peuvent entraîner la création de milieux positifs, il y a une forte densité de population, les maisons proches de la rue, les galeries, les jardins ou cours à l'avant, les espaces verts, les destinations à proximité, le transport en commun, les lieux de rassemblement, les installations et services communautaires, les pistes et sentiers, les trottoirs, l'art public et les éléments attrayants. Parmi les exemples de facteurs médiateurs, il y a le faible taux de criminalité, la sécurité routière, peu de dangers, peu de bruit, le logement abordable, ainsi que peu de déchets, d'ordures, de graffitis, de vandalisme ou de bâtiments abandonnés. Parmi les exemples de résultats éventuels pour la santé, mentionnons une réduction du risque de mauvaise santé mentale, de décès prématuré, de mauvaise fonction immunitaire et de nombreuses autres maladies et affections chroniques. Ces interactions complexes entre le milieu bâti et les facteurs médiateurs qui ont une incidence sur les réponses de l'être humain et les résultats pour la santé sont influencées par d'autres déterminants de la santé, comme l'âge, l'hérédité, le genre, le milieu social, le revenu, la scolarité, la culture et le système de soins de santé.
Soutien social, stress et santé
Le soutien social et un faible niveau de stress ont fortement été associés à une bonne santé.
Soutien social : Le soutien social peut diminuer le risque de décès prématuré et de mauvais état de santé prenant diverses formes : maladies cardiovasculaires, stress, troubles de santé mentale et d’autres problèmes de santé, comme le cancer et les maladies infectieuses, sans doute liés à des facteurs tels qu’une fonction immunitaire détériorée ou un accès différé à des soins de santéNote de bas de page 401-403. Les Canadiens de tous âges ayant un plus grand nombre d’amis et de parents étaient plus enclins que les autres à se déclarer en très bonne ou en excellente santéNote de bas de page 404. On pense que le soutien social est associé à une meilleure santé parce qu’il favorise les comportements sains et qu’il aide les gens à surmonter les situations difficilesNote de bas de page 403.
Isolement social et solitude : Se sentir seul ou isolé socialement peut accroître le risque de décès prématuré et de mauvais état de santé prenant la forme de risque accru de dépression, de sommeil de mauvaise qualité, de problèmes d’attention, de détérioration de fonctions multiples (prise de décisions, résolution de problèmes et mémoire), de déclin cognitif, de mauvaise santé cardiovasculaire, de faiblesse de la fonction immunitaire et de stressNote de bas de page 406-409.
Le saviez-vous? En 2013, en ce qui concerneNote de bas de page 404 Note de bas de page 405
les amis et les voisins :
- 6 % des Canadiens ont déclaré ne pas avoir d’amis proches. Ce pourcentage est plus élevé chez les Canadiens de 75 ans et plus (15 %);
- 75 % des Canadiens ont déclaré avoir au moins trois amis proches, ce qui représente une augmentation par rapport aux 70 % de 2003. Ce pourcentage est plus élevé pour les Canadiens ayant de 15 à 24 ans (88 %);
- Environ 40 % des Canadiens ont déclaré connaître bon nombre ou la plupart de leurs voisins;
- 44 % des Canadiens voient leurs amis au moins quelques fois par semaine; il s’agit d’une proportion inférieure à celle de 2003 (56 %);
la famille :
- 55 % des Canadiens ont déclaré se sentir près d’au moins cinq membres de leur famille;
- 26 % des Canadiens voient les membres de leur famille au moins à quelques reprises chaque semaine; cette proportion est inférieure à celle de 2003 (38 %);
- 86 % des Canadiens ayant des liens étroits avec au moins cinq membres de leur famille étaient satisfaits de leur vie, comparativement à 75 % de ceux qui avaient un ou deux parents proches et à 69 % de ceux qui n’avaient pas de parent proche.
Pourquoi nous sentons-nous seuls? La solitude est souvent temporaire et on croit qu’elle motive les gens à chercher du soutien socialNote de bas de page 407. Lorsque la solitude devient une situation à long terme, il y a un risque pour la santéNote de bas de page 407,Note de bas de page 417. La solitude peut survenir à tout âge, mais les facteurs qui la déclenchent varient au fil de la vieNote de bas de page 417. La solitude semble être maximale à l’adolescence, lorsque les jeunes cherchent à établir leur propre identité, et au troisième âge, lorsque les gens commencent à perdre des personnes chères et que leur santé se détérioreNote de bas de page 417.
Sentiment d’appartenance à la communauté : Au Canada, les gens qui ont un fort sentiment d’appartenance à la communauté sont plus enclins que les autres à se déclarer en excellente ou en très bonne santé physique et mentaleNote de bas de page 410,Note de bas de page 411. En 2014, près de 19,4 millions de Canadiens âgés de 12 ans et plus, soit 66 % de la population, avaient un sentiment d’appartenance à la communauté très fort ou plutôt fortNote de bas de page 412.
Stress : Le stress chronique a un grand éventail d’effets sur la santé, augmentant le risque de décès prématuré et de mauvaise santé physique et mentalep. ex.,Note de bas de page 413-416. En 2014, près de 6,7 millions de Canadiens de plus de 15 ans, soit 23 % de la population, ont déclaré avoir eu une vie assez stressante durant l’année précédenteNote de bas de page 412.
Bâtir des quartiers qui favorisent le mieux-être mental
Il est possible de construire des quartiers de manière à accroître les interactions sociales et à réduire le stress.
Interactions sociales : Les quartiers peuvent avoir une incidence sur les interactions sociales en augmentant la probabilité que les gens se rencontrent et en fournissant des lieux de rassemblementNote de bas de page 418,Note de bas de page 419. Les quartiers qui sont associés à des niveaux élevés de convivialité entre voisins, de capital social (c’est-à-dire d’interactions et de réseaux sociaux qui augmentent la confiance et le soutien entre voisins) ou de sentiment d’appartenance à la communautéNote de bas de page 419-433 :
- Ont des maisons qui sont proches de la rue et qui ont une galerie, un jardin ou une cour à l’avant;
- Ont des espaces verts;
- Sont conçus pour les piétons;
- Ont des destinations à distance de marche et facilitent le transport en commun;
- Sont propres;
- Ont peu de circulation et d’aires de stationnement;
- Ont des lieux de rassemblement (p. ex., lieux de culte, tavernes locales, cafés-restaurants, restaurants, parcs, aires et installations récréatives, centres communautaires, bibliothèques)
- Sont des endroits où les gens marchent pour le plaisir et se voient les uns les autres s’adonner à leurs activités;
- Créent un sentiment de sécurité.
Les zones qui possèdent ces caractéristiques peuvent connaître des inconvénients à prendre en compte lorsqu’on bâtit des collectivités visant à favoriser le mieux-être mental des habitants. Par exemple, les quartiers qui sont liés à des niveaux élevés de sentiment d’appartenance à la communauté et de capital social pourraient ne pas être abordables pour tout le monde, ne sont pas nécessairement diversifiés et pourraient ne pas représenter ce que certaines personnes préfèrentNote de bas de page 435-440. Les zones où il y a beaucoup de commerces et de restaurants pourraient attirer des gens d’autres quartiers, d’où l’affaiblissement du sentiment d’appartenance à la communauté de leurs habitantsNote de bas de page 419.
Stress et mauvaise santé mentale : Les caractéristiques de quartier qui sont associées à un risque accru de stress et de mauvaise santé mentale sont les suivantesNote de bas de page 441-450 :
- Les dangers (p. ex., trottoirs inégaux, nids-de-poule dans les rues, détritus)
- Le bruit
- Les déchets
- Les habitations de mauvaise qualité
- L’absence de lieux de rassemblement
- L’absence de services
- Le faible potentiel piétonnier
- Le peu d’éléments attrayants
- L’absence d’accès à des espaces verts et à des installations communautaires
- Des caractéristiques négatives comme des bâtiments abandonnés
- Des quartiers non sécuritaires
Pour de nombreux Canadiens, se rendre au travail ou à l’école est un geste quotidien. Au Canada, la majorité des gens travaillent dans la municipalité dans laquelle ils habitent. Par exemple, 55 % des travailleurs qui vivent à Mississauga y travaillent et 81 % de ceux qui vivent à Toronto y travaillent. On observe le même phénomène à Montréal et à Vancouver, et près de ces villesNote de bas de page 451.
Les longues périodes de déplacement peuvent être une source de stress, surtout lorsque les travailleurs ont le sentiment qu’ils n’ont pas la maîtrise des conditions, de la circulation et du tempsNote de bas de page 452-461. Cela peut être vrai également des déplacements par transport en commun. Des améliorations de l’infrastructure (p. ex., moins d’arrêts pour arriver à destination) peuvent parfois réduire le stressNote de bas de page 454,Note de bas de page 462-465. Certains conducteurs aiment faire la navette et considèrent que c’est un moment tampon entre le travail et la maisonNote de bas de page 466,Note de bas de page 467. À long terme, un trajet stressant ou long a été associé à une mauvaise santé dans certaines situations, mais non dans d’autresNote de bas de page 485,Note de bas de page 500-502.
Le saviez-vous? Les déplacements pour le travail varient beaucoup au CanadaNote de bas de page 451, vraisemblablement en raison de facteurs tels que les différences dans les infrastructures permettant les navettes, la distance à parcourir et le climat.
En 2011, plus de 15 millions de Canadiens se rendaient au travail. Quelque 80 % d’entre eux utilisaient un véhicule privé, alors que 12 % utilisaient un transport en commun et que 7 % y allaient à pied ou à véloNote de bas de page 451. En 2011, environ 27 % des Canadiens ont déclaré avoir utilisé un moyen de transport actif au cours des trois mois précédentsNote de bas de page 188.
En 2011, il fallait à peu près 25 minutes aux Canadiens qui avaient à se déplacer pour se rendre au travail. Environ 17 % des Canadiens passaient au moins 45 minutes à faire la navetteNote de bas de page 451.
Pour aller au travail, il fallait plus de temps en moyenne par transport public qu’en auto : 24 minutes environ en auto, 40 minutes en autobus, 45 minutes en métro et près de 53 minutes en train léger, tramway ou train de banlieue. Pour le transport en commun, ces chiffres incluent le temps nécessaire pour marcher jusqu’à l’arrêt et le temps d’attenteNote de bas de page 451.
Les Canadiens qui font le trajet à pied ou à vélo y consacraient moins de temps : 13 minutes environ pour les premiers et à peu près 20 minutes pour les secondsNote de bas de page 451. Cela peut s’expliquer du fait que les gens qui optent pour le transport actif demeurent plus près de leur travail.
Facteurs médiateurs ayant un effet sur le lien entre le milieu bâti et le mieux-être mental
À l’heure actuelle, les experts ne s’entendent pas sur la façon de construire des collectivités à criminalité faible ou nulle, mais la sécurité est considérée comme un élément important des collectivités en santéNote de bas de page 500.
Criminalité : Être victime d’un acte criminel ou craindre le crime peut avoir des effets durables sur la santé et le bien-être mentauxNote de bas de page 501-505. Cette crainte peut amener les gens à changer leur comportement. Des résultats malsains, comme l’inactivité physique et la méfiance, peuvent s’ensuivreNote de bas de page 502,Note de bas de page 506,Note de bas de page 507.
Le saviez-vous? En 2014, 20 % des Canadiens de plus de 15 ans ont déclaré avoir été victimes d’au moins un acte criminel (p. ex., voies de fait, vol qualifié, introduction par effraction, vol de biens personnels, vandalisme) au cours de l’année précédenteNote de bas de page 509.
Pour réduire le crime, il semble important de comprendre les habitudes des criminels locaux et les caractéristiques de quartier qui favoriseraient la criminalitéNote de bas de page 508. Voici deux exemples de stratégies prometteuses pour que le milieu bâti prévienne la criminalité :
- La prévention du crime par l’aménagement du milieu (PCAM) : Appuyée par les Nations Unies et des pays partout dans le monde, la PCAM vise à réduire la criminalité en en réduisant les occasions. Elle soutient l’identification claire des zones publiques et privées (p. ex., par des affiches et des clôtures), l’enlèvement des déchets et des graffitis, la réduction des espaces inutilisés ou sous-utilisés, l’amélioration de la surveillance (p. ex., amélioration de la visibilité, emplacement stratégique des fenêtres, bon éclairage des rues) et le contrôle de l’accèsNote de bas de page 510.
- La prévention situationnelle de la criminalité (PSC) : Cette approche vise à comprendre où, pourquoi et quand les actes criminels se produisent dans un quartier et à en réduire les occasions en augmentant les risques qui lui sont associés et en diminuant les profits qui peuvent en découler. Il faut pour cela des solutions adaptées, entre autres modifier les caractéristiques de quartier de manière à réduire la criminalitéNote de bas de page 508,Note de bas de page 512.
Ces solutions semblent efficaces dans certaines situations, mais elles ne s’attaquent peut-être qu’aux symptômes de la criminalité, non à ses causes et peuvent, dans certains cas, potentiellement accroître ou déplacer la criminalitéNote de bas de page 508,Note de bas de page 510,Note de bas de page 512,Note de bas de page 518. Certaines données probantes laissent à penser que des interventions dans les quartiers pourraient réduire la crainte du crime. Diminuer le désordre physique (p. ex., déchets, graffitis, vandalisme) et améliorer l’entretien des propriétés et des espaces publics semblent, dans une certaine mesure, augmenter le sentiment de sécuritéNote de bas de page 519.
Amélioration du mieux-être mental – La recherche sur les façons de tirer parti du milieu bâti pour améliorer le mieux-être mental est limitée et peu concluante, mais elle avance. Voici des exemples de mesures qui pourraient être ciblées :
Augmentation du nombre d’espaces verts – L’examen de l’influence des espaces verts sur la santé est un domaine de recherche relativement nouveau. Les espaces verts ont été associés à une meilleure santé physique et mentaleNote de bas de page 44,Note de bas de page 51,Note de bas de page 52,Note de bas de page 468-481. On croit qu’ils pourraient entraîner une amélioration de la santé parce qu’ils augmentent la pratique de l’activité physique, réduisent l’exposition à la pollution atmosphérique, permettent un plus grand nombre d’interactions sociales et diminuent le stressNote de bas de page 471,Note de bas de page 482,Note de bas de page 483. Le lien entre les espaces verts et le mieux-être mental peut changer au cours de la vie et varie selon le genreNote de bas de page 470,Note de bas de page 484.
Réduction du bruit – Le bruit dans les quartiers peut provenir de diverses sources, comme des véhicules à moteur, des avions, des trains, des zones industrielles, de la construction et des voisins bruyants. L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’en Europe, parmi les facteurs environnementaux qui influent sur la santé, la pollution par le bruit arrive en deuxième lieu, derrière la pollution atmosphériqueNote de bas de page 485. La vie dans un quartier bruyant est associée à un risque accru de problèmes de santé tels queNote de bas de page 486-491 :
- La perte d’audition;
- Le stress, ainsi qu’une mauvaise qualité de vie, une mauvaise santé mentale et un sommeil de mauvaise qualité;
- L’hypertension, les maladies cardiovasculaires, le diabète et les maladies respiratoires;
- Une mauvaise mémoire et de mauvaises compétences en lecture chez les enfants.
Création d’art public – L’attrait d’un espace peut avoir une incidence sur la façon dont les gens se sentent, pensent et se comportent. Par exemple, il a été établi que les œuvres d’art dans les lieux publics ont un effet calmantNote de bas de page 492-494. L’art peut être le reflet de la culture et aussi une façon de tisser des liens sociaux et communautairesNote de bas de page 495. D’après certaines recherches, les projets artistiques d’une collectivité peuvent améliorer la santé et le bien-être de ses habitants ainsi que leur sentiment d’appartenance à la communautéNote de bas de page 496-499.
Section 4 : Les caractéristiques de conception pour des populations particulières
La présente section examine les incidences des caractéristiques de conception du milieu bâti sur les modes de vie sains des enfants, des jeunes et des aînés, ainsi que le rôle qu’elles jouent dans les iniquités en santé.
La plupart des recherches concernant l’incidence du milieu bâti sur un mode de vie sain et la santé en général ont porté sur les adultes. Les recherches sur les enfants, les jeunes, les aînés et les groupes marginaux sont limitées, en dépit des iniquités et des risques pour la santé flagrants que subissent ces populations. Également, on possède peu de données probantes concernant la façon dont le milieu bâti peut se répercuter différemment sur les genres. Certaines recherches donnent à penser que des écarts pourraient survenir en ce qui a trait aux genres, mais les conclusions sont mitigées et dans l’ensemble, demeurent incertainesNote de bas de page 520.
Enfants et jeunes
Activité physique : En 2014, les données canadiennes ont montré que 31 % des garçons et 22 % des filles en 6e année étaient actifs physiquement chaque jour pendant au moins 60 minutes. En 10e année, cette proportion chute à 22 % des garçons et à 10 % des filles. Les élèves de la 6e à la 10e année sont plus enclins à participer à des sports d’équipe qu’à des sports individuelsNote de bas de page 521. Il semble qu’une plus grande proportion des élèves canadiens de la 6e à la 10e année passent une plus grande partie de leur temps de loisirs à jouer à des jeux vidéo et à naviguer sur l’ordinateur que par le passéNote de bas de page 521,Note de bas de page 522.
La présence de parcs et d’espaces verts pourrait jouer un rôle important dans l’augmentation de l’activité physique chez les enfants vivant en milieu urbain; par contre, selon certaines données probantes, les quartiers dotés notamment d’installations récréatives, de parcs, de terrains de jeu et d’aménagements liés à la marche sont associés à des niveaux inférieurs d’activité physique chez les enfantsNote de bas de page 523,Note de bas de page 524. Un facteur de premier ordre pour promouvoir l’activité physique chez les enfants serait peut-être la mise à disposition de zones non aménagées permettant des jeux non structurésNote de bas de page 525.
Le besoin de jeu stimulant : Le jeu stimulant est important pour le développement des enfants et leur santé physique et mentale. Il consiste à se mesurer à son environnement, à évaluer les obstacles avant de faire quelque chose. Cela aide aussi l’enfant à apprendre à jauger les risques, à être plus autonome et à améliorer sa capacité de jugement et d’apprentissageNote de bas de page 526,Note de bas de page 527.
La vie en banlieue ou dans de petites villes a été associée aux niveaux les plus élevés d’activité physique chez les enfants, alors que c’était l’inverse dans les zones urbaines. Les enfants vivant en milieu rural étaient plus susceptibles de passer du temps à l’extérieur et de s’adonner à des jeux non structurés que leurs vis-à-vis des zones urbainesNote de bas de page 528. Ce phénomène pourrait être associé à la façon dont est perçue la sécurité dans les quartiers ruraux, tant pour ce qui est de la circulation que du crime.
Les craintes des parents au sujet de la sécurité de leurs enfants sont associées à leur consentement de les laisser jouer à l’extérieurNote de bas de page 529-534. Comme pour les autres groupes d’âge, les enfants qui se déplacent à pied ou à vélo risquent davantage d’être blessés que ceux qui se déplacent dans un véhicule à moteurNote de bas de page 535. Les mesures visant à augmenter la sécurité, comme la modération de la circulation et la présence de zones récréatives à proximité, ont été associées à l’augmentation de l’activité physique et à la diminution des blessures chez les enfants. Des mesures telles que la densité routière élevée, les écoles et les autres services à proximité et les passages pour piétons ont été associées à l’augmentation de la marche, mais non à l’augmentation de la sécuritéNote de bas de page 536-539. La criminalité est également un élément important. Les enfants qui vivent dans un quartier où le crime est faible sont plus enclins que les autres à être physiquement actifsNote de bas de page 540.
Marcher, faire du vélo ou utiliser les transports en commun pour aller à l’école, cela peut accroître le niveau d’activité physique des enfants et adolescents, mais bon nombre d’élèves au pays n’ont pas recours au transport actifNote de bas de page 541-544. En effet, l’utilisation du transport actif semble régresser au Canada. Chez les élèves des 6e-10e années, les taux décroissent selon toute apparence, notamment pour les plus jeunes (voir le Tableau 1)Note de bas de page 521,Note de bas de page 522. Une enquête menée auprès des parents canadiens en 2012 a montré que si 58 % d’entre eux se rendaient à l’école à pied lorsqu’ils étaient enfants, ce n’est le cas que pour 28 % de leurs propres enfants de nos joursNote de bas de page 545.
6e année | 7e année | 8e année | 9e année | 10e année | |
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2014 | |||||
Garçons | 31 % | 25 % | 27 % | 28 % | 26 % |
Filles | 29 % | 25 % | 26 % | 24 % | 19 % |
2011 | |||||
Garçons | 41 % | 36 % | 39 % | 27 % | 31 % |
Filles | 36 % | 32 % | 36 % | 25 % | 22 % |
Distance et sécurité : deux facteurs majeurs – Les élèves sont plus enclins à utiliser le transport actif si l’école est dans les environs et le parcours est sécuritaireNote de bas de page 546-556. Ils sont également plus portés à utiliser ce mode de transport dans les secteurs subissant l’étalement urbainNote de bas de page 557. Les parents sont des modèles importants pour leurs enfants en ce qui concerne l’activité physique. Par exemple, l’activité physique des enfants augmente de cinq à dix minutes par période de 20 minutes d’activité de leurs parents en soirée ou la fin de semaineNote de bas de page 558. Les enfants dont les parents utilisent le transport actif sont aussi plus enclins à l’utiliserNote de bas de page 559,Note de bas de page 560.
Saine alimentation : La recherche dans ce domaine évolue toujours, mais de façon générale, l’accès à des aliments sains ou malsains produit le même effet sur les enfants et adolescents que sur les adultesNote de bas de page 561. Une différence vient du fait que les enfants et adolescents peuvent aussi être influencés par l’accès à des aliments près des écoles et sur le parcours. Selon des observations récentes, les enfants et adolescents qui vivent ou vont à l’école dans des quartiers qui comptent de nombreux commerces vendant des aliments malsains risquent davantage d’avoir une mauvaise alimentation et un excès de poids, d’être obèses et d’avoir une plus grande résistance à l’insuline et une faible densité osseuseNote de bas de page 561-565.
Mieux-être mental : Les espaces verts ont peut-être une influence positive sur le développement physique, comportemental et cérébral de l’enfantNote de bas de page 566-571. Au Canada, les enfants qui passent plus de temps à l’extérieur sont plus enclins à être physiquement actifs, à avoir moins de problèmes avec leurs amis et à être plus sains sur le plan psychosocialNote de bas de page 571.
L’activité physique, une saine alimentation et les femmes enceintes/en période postnatale : Nous ne disposons pas de recherches concernant le rôle du milieu bâti sur la santé des femmes enceintes et en période postnatale. Cette population pourrait tout de même tirer avantage d’un quartier qui encourage l’activité physique et une saine alimentation. Les données probantes semblent indiquer qu’une saine alimentation et l’activité physique sont importantes pour assurer un poids adéquat pendant la grossesse, bien qu’elles n’aient peut-être pas d’effet sur des problèmes comme la pré-éclampsie, le diabète gestationnel et le déclenchement du travailNote de bas de page 572,Note de bas de page 573. La prise de poids pendant la grossesse est aussi liée à la santé de l’enfant, y compris au risque de poids élevé à la naissance et de poids excessif pendant l’enfanceNote de bas de page 574-576.
Les résultats de la recherche sont contrastés, mais certains semblent indiquer que l’exercice et une saine alimentation au cours de la période postnatale sont associés à une perte de poids et à l’amélioration des symptômes dépressifs après l’accouchementNote de bas de page 577-581. De nombreuses femmes ont de la difficulté à perdre du poids en période postnatale, ce qui semble indiquer que des interventions sont nécessaires expressément pour ce groupeNote de bas de page 582,Note de bas de page 583.
Aînés
Les collectivités ne sont pas toujours construites de manière à soutenir la population vieillissante. La plupart des aînés veulent rester chez eux et dans leur quartier en vieillissant. À mesure qu’ils vieillissent, les aînés sont aussi plus enclins à passer plus de temps dans leur quartier et d’être plus sensibles aux changements de leur environnementNote de bas de page 584. La population du Canada vieillitNote de bas de page 11, il devient donc de plus en plus important de veiller à ce que le milieu bâti l’aide à vieillir en santé.
Les aînés et les chutes : Au Canada, environ 20 à 30 % des aînés font une chute chaque année. Les chutes sont aussi la principale cause d’hospitalisation des Canadiens âgésNote de bas de page 608,Note de bas de page 609.
Les aînés qui avaient un sentiment d’appartenance à leur communauté et pensaient que les gens les aideraient étaient moins susceptibles de tomber. Les quartiers perçus comme plus propres et plus sécuritaires étaient associés à un moins grand nombre de chutesNote de bas de page 610.
Les dangers à l’extérieur augmentent aussi le risque de chute ou la perception du risque de chute chez les aînés. Il peut s’agir de surfaces irrégulières, de la présence de bordures de trottoir, du manque d’entretien des rues, des trottoirs et des sentiers, d’un mauvais éclairage, de la présence de nids-de-poule, de zones encombrées, de circulation dangereuse, de signalisation peu claire et de passages pour piétons considérés comme non sécuritairesNote de bas de page 611,Note de bas de page 612.
Activité physique : Même les aînés qui sont déjà en mauvaise santé peuvent profiter de l’activité physiqueNote de bas de page 585,Note de bas de page 586. De nombreuses caractéristiques de quartier (p. ex., éléments attrayants, proximité des commerces, services ou amis) associées, dans les autres groupes d’âge, à la marche utilitaire favorisent également ce type de marche chez les aînés. À ce sujet, les résultats de recherches, qui varient toutefois, sont probablement influencés par d’autres facteurs, comme la mobilité, le revenu et les attitudesNote de bas de page 587-607. Certaines recherches semblent indiquer que les quartiers propices à la marche sont associés à une augmentation de cette activité même chez les aînés éprouvant des problèmes de mobilitéNote de bas de page 605.
On compte parmi les grands obstacles à l’activité chez les aînés, l’accessibilité et la sécurité de leur quartier. Voici quelques exemples : accès aux services, transport en commun, sécurité des trottoirs, conditions climatiques, bruit, éclairage, bordures de trottoir, éléments attrayants, passages piétonniers difficiles parce que les rues sont larges ou que les feux de circulation sont brefs, proximité des destinationsNote de bas de page 588,Note de bas de page 611,Note de bas de page 613,Note de bas de page 614. Vivre en banlieue est associé à bon nombre de ces facteurs et peut créer une situation difficile pour les aînés, en particulier pour ceux qui ne conduisent plus. Les aînés préoccupés par la sécurité craignent les foules, la criminalité, la violence et la circulationNote de bas de page 615.
Pour les aînés qui ont des problèmes de santé et de mobilité, il est important de disposer de bancs dans les quartiers. Ces bancs servent de halte routière pendant les longs trajets et permettent de mieux apprécier les espaces verts et les points d’eauNote de bas de page 616.
Isolement social : Les quartiers peuvent ne pas être conçus de manière à réduire le risque d’isolement social associé au vieillissement. La solitude est un important problème de santé publique pour la population vieillissante au Canada. Ne pas être marié, être en mauvaise santé, avoir des revenus à la baisse et un niveau de scolarité peu élevé sont des facteurs de risque de solitude à un âge plus avancéNote de bas de page 617. Il existe peu de recherches sur la façon dont le milieu bâti peut favoriser les interactions sociales et réduire l’isolement chez les aînésNote de bas de page 618. Les quartiers propices à la marche et à l’activité physique sont associés à une activité et à une sociabilité accrues chez les aînésNote de bas de page 614,Note de bas de page 618.
Populations éprouvant des iniquités en matière de santé
Bâtir une collectivité en santé signifie répondre aux besoins et améliorer la santé de tous ses habitants, y compris ceux qui sont marginalisésNote de bas de page 1. L’accès à des aliments, à de l’eau pure et à un logement sont des besoins de base. Il est évident que certaines stratégies d’amélioration du mode de vie sain, comme la construction d’un plus grand nombre d’aires récréatives ou d’une infrastructure pour le vélo, peuvent ne pas avoir d’incidences positives sur la santé d’une collectivité avant que ces besoins de base ne soient satisfaits.
Accessibilité pour les personnes handicapées : On ne tient pas toujours compte des besoins des personnes handicapées lorsqu’on conçoit et bâtit des collectivitésNote de bas de page 619-622. En 2012, 14 % des Canadiens de 15 ans et plus, soit 3,8 millions de personnes, ont déclaré avoir un handicap qui nuisait à leurs activités quotidiennesNote de bas de page 623.
Des données probantes semblent indiquer que les quartiers faciles d’accès, dont les rues sont sécuritaires, de bonne qualité et à faible circulation, et qui disposent de grands espaces non surpeuplés, incitent les personnes handicapées à être plus mobiles et à jouir d’une vie productive et socialeNote de bas de page 613,Note de bas de page 621,Note de bas de page 622,Note de bas de page 624-626. L’hiver peut réduire encore davantage l’accessibilité des personnes ayant un handicap physique, ce qui accroît le risque pour leur santé ainsi que le risque d’isolementNote de bas de page 620,Note de bas de page 627-630.
Certaines caractéristiques de quartier peuvent aggraver l’iniquité en matière de santé, en particulier dans les quartiers défavorisés. En voici des exemplesNote de bas de page 631,Note de bas de page 632 :
- L’absence de choix de transport;
- L’accès limité à des aliments sains, à du logement et à des soins de santé;
- L’absence de parcs et d’installations récréatives;
- La présence de bâtiments vides et de lots vacants;
- La mauvaise qualité de l’air ou de l’eau;
- Le manque de sécurité et un taux de criminalité élevé;
- L’isolement social accru;
- La ségrégation résidentielle.
La capacité financière est un facteur important qui détermine l’endroit où les gens décident de vivre. En ce qui concerne ceux à revenu inférieur, avoir accès à du logement à prix abordable est associé à une meilleure santé et à plus d’argent disponible pour maintenir une bonne santé et son bien-êtreNote de bas de page 633-639.
Embourgeoisement : L’embourgeoisement est la transformation de certaines zones en quartiers de la classe moyenne ou aisée. Quant à savoir si cela représente un avantage, ou nuit aux habitants de longue date, en particulier ceux dont le revenu est peu élevé, l’enjeu, peu soutenu par des données probantes, fait l’objet de débatsNote de bas de page 640,Note de bas de page 641.
Il existe peu de recherche sur le rôle du milieu bâti pour les populations autochtones, les gens vivant dans la pauvreté, les sans-abri et les personnes handicapées, et on ne dispose pas de données claires sur les personnes qui se déclarent lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, allosexuelles, en questionnement, intersexuées et bispirituelles (LGBTAQI2S).
Communautés autochtones : Environ la moitié de la population autochtone du Canada vit dans une région urbaine, une proportion qui a augmenté au fil des années. Quelque 34 % de la population autochtone urbaine vit à Winnipeg, Edmonton, Vancouver, Calgary et TorontoNote de bas de page 642. Le fait que les Autochtones vivent dans une région urbaine, rurale ou éloignée varie selon la population :
- En 2006, environ 70 % des Métis vivaient dans une région urbaineNote de bas de page 643.
- En 2006, environ 40 % des membres des Premières Nations vivaient dans une réserve, tandis que 60 % vivaient hors réserve. Parmi ces derniers, 47 % habitaient dans de grands centres urbains, 31 % dans de petits centres urbains et 21 % dans des régions ruralesNote de bas de page 644.
- En 2011, environ 75 % des Inuits vivaient dans les quatre régions nordiques qui forment les territoires et le LabradorNote de bas de page 645.
Dans le cas des populations inuites et des Premières Nations, en particulier celles qui vivent dans des communautés éloignées et isolées, tirer parti du milieu bâti pour favoriser l’adoption d’un mode de vie sain présente des difficultés, mais également des possibilités. Au nombre des difficultés, il y a le manque d’infrastructure et les obstacles administratifs. Du point de vue du milieu bâti, certaines des préoccupations en matière de santé les plus urgentes pour les communautés autochtones vivant dans les régions éloignées concernent l’eau potable, la disponibilité, la sécurité et la salubrité des aliments, l’accès à des soins de santé et la qualité, l’abordabilité, l’accessibilité et le surpeuplement du logementNote de bas de page 646-653.
Comme l’ensemble du Canada, les populations autochtones font aussi face à des changements dans leur mode de vie : sédentarité, inactivité physique, alimentation malsaine et incidences sur la santé qui en découlentNote de bas de page 653,Note de bas de page 654. Ces évolutions sont liées à l’abandon des milieux bâtis traditionnels. Par le passé, les communautés autochtones et leurs campements étaient conçus et situés de manière à tenir compte de leurs besoins, de leur bien-être et des réalités géographiques. Dans certains cas, les communautés établies temporairement se déplaçaient en fonction des saisons et de la disponibilité des aliments. Par suite de la colonisation et de l’assimilation, les communautés ont été déplacées et réinstallées ailleurs, souvent loin des terres ancestrales et des pratiques traditionnellesNote de bas de page 83.
En ce qui concerne les modes de vie sains, les recherches sur les incidences du milieu bâti concernant les communautés autochtones sont peu nombreusesNote de bas de page 83. Parmi les exemples d’obstacles à l’activité physique qui ont été relevés, il y a l’isolement, un milieu non propice à l’activité physique (p. ex., la température, les routes dangereuses, la sécurité, la présence d’animaux agressifs) et le manque de temps, d’occasions, de soutien, de programmes, d’installations et d’équipementNote de bas de page 83,Note de bas de page 654-657.
Il y a aussi des occasions d’apprendre auprès des populations autochtones. Les liens avec la terre, l’eau, la famille, la communauté et l’identité sont des composantes importantes de la culture autochtone, qui met aussi l’accent sur l’intégrité, l’attachement et l’équilibreNote de bas de page 653,Note de bas de page 658. Les communautés autochtones considèrent le lieu comme une source importante de santé qui fait partie d’une vue holistique et interreliée de la santé et du bien-êtreNote de bas de page 658. De nombreuses communautés autochtones ont élaboré, ou souhaitent élaborer, des programmes fondés sur les terres pour améliorer les résultats en matière de santé.
Section 5 : Concevoir des collectivités favorisant un mode de vie sain au Canada
La présente section donne un aperçu de certaines approches utilisées pour concevoir des collectivités afin d’améliorer le mode de vie sain au Canada. Les collectivités qui soutiennent, favorisent et encouragent les modes de vie sains adoptent un effort concerté et multidisciplinaire qui mobilise une expertise non traditionnellement associée à la santé, telle que l’économie et le transport. Ces collectivités engagent également tous les paliers de gouvernement ainsi que les gens au niveau communautaireNote de bas de page 659.
Collaboration multisectorielle : À l’heure actuelle, les responsables de la santé publique collaborent étroitement avec des urbanistes, des ingénieurs de la circulation, des architectes et des décideurs de tous les niveaux, à des degrés divers, partout au Canada. L’établissement de ces relations est considéré comme une étape particulièrement importante pour faire avancer les initiativesNote de bas de page 659.
La « santé dans toutes les politiques » est une perspective importante qui encourage les décideurs de tous les secteurs à tenir compte des répercussions des politiques publiques sur la santéNote de bas de page 67-69. Cette démarche est reconnue pour jouer un rôle clé dans la planification, le développement et l’équitéNote de bas de page 1,Note de bas de page 2. Pour les responsables de la santé publique, concevoir des collectivités en santé est véritablement une approche axée sur la santé de la population. Il s’agit de trouver un équilibre pour :
- améliorer la santé de tous les Canadiens et réduire les iniquités en matière de santé;
- prévenir les comportements malsains et le mauvais état de santé mentale et physique;
- tenir compte de l’influence des déterminants sociaux de la santé.
Une bonne partie de ce qui motive ce travail se produit à l’échelle locale; toutefois les lois, politiques et règlements provinciaux, territoriaux et fédéraux peuvent également avoir un effet. Mentionnons entre autres exemples les investissements dans divers secteurs comme les transports publics et l’adoption de politiques pour la planification municipale.
S’attaquer à l’étalement urbain : Certaines villes sont proactives et s’efforcent d’empêcher l’étalement urbain ou d’y remédier, mais la réponse est souvent réactive et apparaît une fois que les effets de l’étalement se sont déjà fait sentir. L’étalement urbain est souvent qualifié de vie de banlieue. Bien que les banlieues soient liées à des comportements malsainsNote de bas de page 27-32, elles offrent souvent des options attrayantes à des prix abordables. Comme bon nombre de Canadiens veulent vivre en banlieue et y sont heureuxNote de bas de page 65,Note de bas de page 66, il faut des idées novatrices pour s’attaquer aux aspects malsains de ce mode de vie.
L’Ontario et l’agglomération de Vancouver (site en anglais seulement) sont des exemples d’approches proactives où les villes en question ont élaboré des plans de croissance qui visent à s’attaquer à l’étalement urbain. Dans le sud de l’Ontario, cela inclut l’établissement de cibles de densité pour l’établissement et la protection des espaces verts. Pour ce qui est du plan de l’agglomération de Vancouver, les objectifs sont les suivants :
- Concentrer la population dans des collectivités denses ayant accès à un éventail de choix en matière de logement, d’emplois, de commodités et de services.
- Protéger les terres agricoles et les terrains industriels.
- Protéger les aires naturelles pour avoir des aliments, de l’eau et de l’air purs ainsi que diverses activités récréatives.
- Mettre sur pied des collectivités autonomes ayant un éventail de choix de logement, une bonne répartition des emplois, un accès aux services et aux commodités et l’infrastructure nécessaire pour la marche, le vélo et l’utilisation du transport en commun afin de favoriser un mode de vie sain.
- Avoir une forme urbaine compacte axée sur les transports en commun et qui appuie un éventail de choix de moyens de transport durables.
Exemples de lignes directrices canadiennes et d’autres ressources : Il existe de nombreuses lignes directrices sur des pratiques prometteuses pour la construction de collectivités en santé. En voici des exemples :
- Guide des pratiques relatives aux collectivités en santé de l’Institut canadien des urbanistes (en anglais seulement)
- Instrument d’évaluation en environnement bâti
- L’aménagement créatif, un manuel pour des collectivités en santé
- Trousse d’outils des liens entre le milieu bâti et la santé (en anglais seulement)
- Guide de l’utilisateur pour l’évaluation du développement sain (en anglais seulement)
- Lignes directrices sur la conception active (site en anglais seulement)
Planification locale
Toutes les villes du Canada ont des plans, des politiques et des règlements qui orientent la conception et la construction de leurs collectivités. Le transport actif est maintenant la question à laquelle les urbanistes s’attaquent le plus souvent; et en second lieu : l’accès à des espaces publics, les réseaux sociaux et les lieux de rassemblement. L’absence de soutien gouvernemental ou politique est l’obstacle le plus souvent mentionné qui empêche les urbanistes d’envisager les répercussions sur la santéNote de bas de page 660.
Le milieu bâti peut être modifié concrètement. Il est important pour comprendre, à l’échelle de la population, les obstacles physiques aux choix santé et les mesures favorisant ces choix p. ex.,Note de bas de page 72. Pour aider les gens à maximiser les avantages pour la santé qui sont issus de leur milieu bâti, les responsables de la santé publique peuvent soutenir l’évaluation d’initiatives ou d’approches visant à déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et dans quels cadres. Ils peuvent aussi maximiser l’efficacité du milieu bâti au moyen de politiques et de programmes axés sur la conception de modes de vie sains. Améliorer la santé devrait être l’un des objectifs de toute planification communautaire.
L’histoire de Portland : Portland, en Oregon, est souvent citée comme exemple d’une ville qui a modifié son milieu bâti et amélioré la santé de ses citoyens en contenant l’étalement urbain. La ville a mis en œuvre de nombreuses mesures depuis 1979, comme :
- Limiter le développement à l’extérieur de son contour;
- Garder sa population près du centre de la ville, dans les quartiers denses et polyvalents;
- Mettre sur pied un réseau de trains légers bien reliés qui dessert de nombreux secteurs de la ville.
Les taux de mortalité annuels ont connu une baisse, passant de près de 9 000 par million d’habitants entre 1989 et 1994, à près de 8 000 par million d’habitants, entre 1995 et 2000. Ce changement a été associé à ce que fait la ville pour limiter l’étalement urbainNote de bas de page 72.
Exemples des trois plus grandes villes du Canada
Bon nombre des grandes villes au pays ont mis en place des initiatives visant à intégrer un mode de vie sain dans l’aménagement de la collectivité. Vancouver, Toronto et Montréal sont citées ci-après comme exemples de planification multisectorielle à grande échelle pour de grandes populations. Notons qu’il se fait de la planification communautaire multisectorielle dans de nombreuses régions, y compris dans les banlieues et les petites collectivités. Ce qui réussit bien dans les grandes villes peut ne pas s’appliquer dans les banlieues, les petites villes et petites collectivités ou dans les collectivités rurales ou éloignées.
Il a fallu du temps pour qu’on se préoccupe de l’effet du milieu bâti sur le mode de vie sain; il n’est pas facile d’y apporter des changements à grande échelle – cela commence souvent par de petits changements au niveau des collectivités. Les recherches sont importantes, mais le contexte l’est tout autant : pour être pertinentes, elles doivent correspondre aux besoins, à la situation et aux caractéristiques de la collectivité. Ce qui rend tout autant importants l’engagement de la collectivité et les connaissances locales. Il faut du temps aussi pour constater les effets du changement, en particulier sur la santé d’une population. Ensemble, ces défis montrent que tirer parti du milieu bâti pour améliorer la santé n’est pas une tâche qui va de soiNote de bas de page 661.
Vancouver (toutes les pages Web de la Ville sont en anglais seulement)
Population en 2016 : 2,5 millions d’habitants
Depuis de nombreuses années, Vancouver cherche à bâtir une ville durable et à améliorer la santé et le bien-être de ses habitants au moyen de politiques, de planification et d’initiatives connexes. En 2006, l’Autorité sanitaire côtière de Vancouver a mis en œuvre une collaboration axée sur le milieu bâti. Elle a travaillé étroitement avec les collectivités au cours de l’élaboration de ses plans d’urbanisme afin que le milieu bâti soit pris en compteNote de bas de page 661.
Pour d’autres renseignements sur la planification, le zonage, l’aménagement, le développement communautaire et la santé publique, voir :
- Urbanisme, zonage durable et aménagement
- Bâtir des collectivités (p. ex., planification des quartiers, amélioration des espaces publics, collectivités autochtones, accessibilité, personnes âgées, femmes, jeunes)
- Santé publique
Stratégie pour une ville en santé : La stratégie de Vancouver pour une ville en santé présente un plan intégré à long terme pour des gens en santé, des lieux en santé et une planète en santé. Des champions d’un éventail de secteurs supervisent l’adoption de la vision « Une ville en santé pour tous » de la stratégie.
Voici des exemples de thèmes de la stratégie liés au milieu bâti et aux modes de vie sains.
Thème |
Objectifs et cibles |
Mesures entreprises |
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Objectif : Tous les habitants sont actifs et ont un accès incomparable à la nature Cibles :
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Cadre stratégique de la Commission des parcs et des loisirs de Vancouver |
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Objectif : Des moyens de se déplacer sécuritaires, actifs et accessibles Cible :
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Plan d’action pour la ville la plus verte | |
Objectif : Les habitants ont droit à un milieu sain et à un accès équitable à un milieu dans lequel il fait bon vivre et s’épanouir Cibles :
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Bâtir des collectivités |
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Objectif : Un réseau alimentaire sain, juste et durable Cible :
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Autres thèmes stratégiques : le développement de l’enfant, le logement abordable, la pauvreté et le chômage, l’accès aux services, la sécurité et le sentiment d’appartenance, les liens sociaux, l’apprentissage permanent et la culture. |
Autres sites Web et ressources de la Ville :
- Parcs, loisirs et culture
- Habitation et développement
- Rues et transport
- Vancouver, ville verte
- Ville résiliente
Participation citoyenne : À Vancouver, les citoyens peuvent participer à de nombreux aspects des affaires municipales et de l’administration de la Ville. La Ville encourage la participation au moyen de Talk Vancouver, un forum en ligne et de consultations publiques. Les réunions du Conseil municipal sont publiques et les gens peuvent y prendre la parole; ils peuvent faire partie de commissions et de comités, et être bénévoles. La Ville utilise également divers moyens, dont les médias sociaux, pour rejoindre les citoyens.
Pour plus de renseignements sur la façon de participer, voir la page Web de la participation citoyenne.
Toronto (toutes les pages Web de la Ville sont en anglais seulement)
Population en 2016 : 5,9 millions d’habitants
Toronto a été l’une des premières villes à adopter le concept de ville-santé (page en anglais seulement). Une ville-santé est une ville en santé qui s’efforce continuellement d’améliorer ses milieux et ses collectivités pour améliorer la santé et le bien-être de ses citoyensNote de bas de page 662,Note de bas de page 663. Le Bureau de santé publique de Toronto participe activement à l’élaboration de divers plans et stratégies, et collabore avec d’autres secteurs municipaux en ce qui concerne le milieu bâtiNote de bas de page 661.
Pour d’autres renseignements sur l’urbanisme et la santé publique à Toronto, voir :
Voici des exemples d’approches novatrices, de pratiques exemplaires, d’activités et de projets visant à améliorer le mode de vie sain en mettant l’accent sur le milieu bâti qui ont lieu à Toronto.
Activités |
Objectifs |
Mesures entreprises |
---|---|---|
Les rues complètes ont les composantes suivantes : Des rues pour les gens
Des rues intégrant l’aménagement de places publiques
Des rues pour la prospérité
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Élaborer et mettre en œuvre les lignes directrices établies dans le plan d’urbanisme de Toronto dressé en consultation avec de nombreux secteurs et intervenants Exemples de rues complètes à Toronto :
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Exemples de projets :
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Exemples : |
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Exemples : |
Autres sites Web et ressources de la Ville :
- Bureau de la santé publique de Toronto – milieu bâti
- Toronto, ville saine par l’aménagement
- Améliorer la santé par l’aménagement dans la région métropolitaine de Toronto et d’Hamilton
Participation citoyenne : Participez à l’épanouissement de Toronto vise à créer, pour les habitants de Toronto, des occasions de façonner la vision de l’avenir de la Ville, de planifier les changements dans ses quartiers, d’offrir de l’information et des idées sur les questions étudiées par le Conseil municipal et de faire partie de conseils et de groupes consultatifs, ou d’être bénévoles.
Les réunions du Conseil municipal et des comités de Toronto sont ouvertes au public. La Ville procède à différentes consultations publiques et offre à ses citoyens de nombreuses occasions de participer. Dans un projet pilote récent, on a demandé aux citoyens de proposer des projets d’amélioration de leur quartier au moyen du projet pilote de budget participatif, et de se prononcer sur l’adoption de ces projets.
Toronto fait également participer ses citoyens par l’entremise des médias sociaux. L’urbaniste en chef de la Ville a un blogue pour discuter avec les citoyens de divers projets et de diverses questions de planification.
Montréal
Population en 2016 : 4,1 millions d’habitants
Montréal a mis sur pied beaucoup d’initiatives et de projets portant sur le milieu bâti. Depuis de nombreuses années, la Ville fait participer les quartiers et les organisations non gouvernementales pour régler les questions associées au milieu bâtiNote de bas de page 664. La Direction de santé publique de Montréal a aussi participé à l’élaboration de politiques et a appuyé divers projets relatifs au milieu bâti au cours des 30 dernières années. Depuis le début des années 2000, elle s’occupe surtout des transports et de la santéNote de bas de page 661.
Pour d’autres renseignements sur l’urbanisme, la santé et la sécurité publique, voir :
Plan d’urbanisme : Le plan d’urbanisme de Montréal a été adopté en 2004 et a été considérablement modifié au début de 2016.
Thème |
Objectifs |
Mesures à l'appui, principes et programmes |
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Des réseaux de transport structurants, efficaces et bien intégrés au tissu urbain |
Objectif : Consolider et aménager le territoire en relation avec les réseaux de transport existants et projetés |
Mesures
Autres |
Objectif : Préserver et mettre en valeur le patrimoine bâti et archéologique |
Mesures
Autre La politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels |
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Objectif
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Mesures
Autres |
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Autres thèmes stratégiques : des milieux de vie de qualité, diversifiés et autonomes, un centre prestigieux, convivial et habité, des secteurs d’emplois dynamiques, accessibles et diversifiés, un paysage urbain et une architecture de qualité. |
Autres sites Web et ressources de la Ville :
- Vie communautaire et éducation
- Transports et mobilité durable
- Environnement et développement durable
- Habitation et taxation
- Activités et loisirs
Participation citoyenne : À Montréal, les citoyens peuvent participer à de nombreux aspects des affaires municipales et de l’administration de la Ville. La Ville procède à des consultations sur diverses questions et le public est admis aux réunions du Conseil. Elle utilise aussi divers moyens, dont les médias sociaux, pour rejoindre les citoyens.
Pour d’autres renseignements sur la façon de participer, visiter la page Vie démocratique.
Planification communautaire et populations autochtones : La planification a toujours fait partie des collectivités autochtones; elle comporte de nombreuses pratiques historiques et traditionnelles. Au fil du temps, ces pratiques ont été mises de côté, en particulier dans les centres urbains. Voici toutefois des exemples montrant que cette situation est en train de changer.
- Il y a de nos jours un nombre croissant d’exemples dans les collectivités autochtones d’activités de planification communautaire qui bénéficient d’une forte participation, de reconnaissance des besoins de la collectivité, de démarches réalisées en collaboration et de l’inclusion des connaissances traditionnellesNote de bas de page 83,Note de bas de page 665-667.
- Des facteurs particuliers aux collectivités autochtones doivent être pris en compte dans la planification communautaire. Ce sont, par exemple, la culture autochtone, les connaissances traditionnelles, la colonisation, les pensionnats, l’autodétermination, la langue et la géographieNote de bas de page 668.
- En collaboration avec leurs membres, le gouvernement fédéral aide les collectivités pour ce qui est de la planification ayant lieu dans les réservesNote de bas de page 83.
- Certains urbanistes et certaines municipalités et collectivités ont renforcé les relations avec les populations autochtones urbaines. Des exemples de pratiques prometteuses consistent à faire participer les conseils de bande, tribaux ou des Premières Nations à la prise de décisions et à la planification stratégique, et à tenir compte de l’histoire et du patrimoine autochtones dans les projets de planificationNote de bas de page 665-667.
- Il existe des outils visant à aider les Premières Nations et les municipalités à planifier ensemble l’utilisation des terres dans un cadre urbain. Il est important d’établir des relations. Les traités, les traditions juridiques et les lois des Premières Nations, ainsi que la législation et les politiques à tous les paliers de gouvernement jouent un rôle dans la planification dans les réserves des Premières NationsNote de bas de page 668-670.
Perspectives des provinces et des territoires
D’après une enquête menée auprès d’urbanistes des provinces canadiennes en 2013, l’existence d’un leadership provincial solide, qui s’exprime par des politiques, des lois et une réglementation tenant compte du rôle du milieu bâti en santé, peut aider énormément les municipalités et les collectivités à planifier, à concevoir et à bâtir des collectivités en santé. À l’heure actuelle, les approches, les politiques, la réglementation et la législation qui tiennent compte de la santé dans la conception et la construction des collectivités varient considérablement au CanadaNote de bas de page 671.
Bien que différents secteurs travaillent ensemble à la mise sur pied de collectivités en santé, le besoin d’une collaboration accrue à l’échelle municipale et provinciale a été mentionné. Les chefs de file du secteur de la santé, du milieu universitaire et des organisations non gouvernementales sont considérés comme d’importants partisans des collectivités en santéNote de bas de page 671.
La Colombie-Britannique, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick sont les provinces où il existe des réseaux solides de collectivités en santé. Les principes qui orientent ces réseaux sont la participation communautaire, l’engagement politique, la concertation multisectorielle, le développement communautaire fondé sur les actifs et les politiques publiques en matière de vie saine. Les facteurs importants pour cette approche sont la reconnaissance des déterminants sociaux de la santé, la diversité, la justice sociale, l’équité, la responsabilisation et la prise en charge communautaire, la recherche et l’évaluation, la créativité et l’innovationNote de bas de page 672,Note de bas de page 673. Plus de renseignements sur ces réseaux, entre autres sur leur gouvernance et leurs profils organisationnels, se trouvent ici et ici (documents en anglais seulement).
Dans son cadre de durabilité et d’utilisation du territoire (en anglais seulement), le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a fait remarquer que « le territoire est la vie » et reconnaît que la gestion des terres, des eaux et des ressources naturelles doit tenir compte des facteurs spirituels, culturels, physiques, économiques et sociaux. Ce gouvernement soutient aussi de nombreuses initiatives qui contribuent au développement de collectivités en santé, comme les Initiatives de mieux-être communautaire et le Programme de guérison dans la nature.
Programmes fédéraux
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) soutient des travaux sur le lien entre le milieu bâti et un mode de vie sain par la surveillance, la recherche, la mobilisation des connaissances, les concertations et les interventions financées :
- Les activités de recherche et de surveillance incluent l’élaboration du cadre des Indicateurs de l’activité physique, du comportement sédentaire et du sommeil.
- L’ASPC soutient aussi six centres de collaboration nationale en santé publique. Les centres pour les politiques publiques et la santé, la santé environnementale et la santé autochtone offrent tous des publications sur le milieu bâti.
- Dans le cadre de sa Stratégie d’innovation, l’ASPC finance des initiatives qui encouragent les collectivités actives. Par exemple, mentionnons le Réseau quartiers verts et d’autres initiatives visant à soutenir les milieux scolaires et la sécurité alimentaire des collectivités.
- Dans le cadre des Partenariats plurisectoriels pour promouvoir les modes de vie sains et prévenir les maladies chroniques, l’ASPC appuie des interventions qui ciblent le milieu bâti. Entre autres exemples, il y a Créer des liens (en anglais seulement) à St. Thomas (Ontario) et En santé par l’aménagement : des quartiers résidentiels actifs (Healthy by Design: Active Apartment Neighbourhoods), à Toronto.
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) financent des recherches sur la santé et le milieu bâti; mentionnons notamment 17,7 millions de dollars pour neuf projets de recherche en prévention intersectorielle qui portent sur les villes et les collectivités en meilleure santé.
Canada en santé par l’aménagement
Cette initiative, lancée en 2009, a été financée par le Partenariat canadien contre le cancer et Santé Canada. Son but a été de passer de la recherche à l’action et de créer des concertations pour tirer parti du milieu bâti de façon à améliorer la santé. Font partie de cette initiative : le Réseau canadien pour la santé urbaine, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, l’Institut canadien des urbanistes, le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé, l’Institut canadien des ingénieurs en transport et plusieurs universitésNote de bas de page 62,Note de bas de page 674,Note de bas de page 675.
Quelque 163 politiques gouvernementales liées au milieu bâti et à l’accroissement de l’activité physique ont été inspirées par cette initiative, ainsi que par les projets connexes de La mobilité, la santé et le bonheur des enfantsNote de bas de page 659.
Initiatives internationales
De nombreux pays se tournent vers le milieu bâti pour améliorer la santé. Donner des exemples de tout ce qui existe déborderait le cadre du présent rapport. Deux exemples d’initiatives de l’Organisation mondiale de la Santé sont présentés ci-dessous.
Villes-santé : L’idée de bâtir une ville en santé a une longue histoire. Le mouvement international qui lui est associé découle en partie d’un premier atelier sur la ville et la santé tenu à Toronto en 1984 et correspond à la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (page en anglais seulement). En 1986, le Projet des villes-santé de l’Organisation mondiale de la Santé (page en anglais seulement) a débuté avec la participation de représentants de 21 villes et de 7 États européensNote de bas de page 60,Note de bas de page 61. Ce projet met l’accent sur les milieux propres et sécuritaires, les liens communautaires, l’interaction et la participation, les écosystèmes stables et durables, les réponses apportées aux besoins de base de tous les citoyens, les économies locales novatrices, vitales et diversifiées, et la bonne santéNote de bas de page 60,Note de bas de page 61,Note de bas de page 662. De nos jours, il existe une trentaine de réseaux nationaux de villes-santé dont font partie plus de 1 400 villesNote de bas de page 61,Note de bas de page 676.
Au Canada, le mouvement des collectivités en santé a suivi une voie différente et a adopté une approche plus large, qui n’est pas limitée aux régions urbaines et comporte plusieurs réseaux distincts plutôt qu’un seul réseau pancanadien. Les initiatives sont en général plus locales et prennent appui sur les capacités communautaires existantes. Dans l’ensemble du Canada, cela a mené à une grande variété de stratégies qui reflètent les besoins de chacune des collectivités et qui ont donné un grand éventail de résultatsNote de bas de page 677.
Collectivités-amies des aînés : En 2006, l’Organisation mondiale de la Santé (page en anglais seulement) a mis en branle son projet de réseau mondial de villes-amies des aînés et, en 2007, a publié un guide pour l’aménagement de villes-amies des aînés. Depuis ce temps, son Réseau mondial des villes et des communautés amies des aînés s’est agrandi et compte 287 collectivités réparties dans 33 pays, le Canada étant un partenaire de premier plan. Ce projet vise à rendre les collectivités conviviales pour les aînés dans huit domaines : les espaces extérieurs et les bâtiments, les transports, le logement, la participation au tissu social, le respect et l’inclusion sociale, la participation citoyenne et l’emploi, la communication et l’information, ainsi que le soutien communautaire et les services de santéNote de bas de page 678,Note de bas de page 679.
Au Canada, dans toutes les provinces, des collectivités mettent en œuvre des initiatives de collectivité-amie des aînés. L’ASPC a récemment élaboré un ensemble d’indicateurs pour aider les collectivités à évaluer la mise en œuvre de ces initiatives, comme l’a fait l’Organisation mondiale de la SantéNote de bas de page 679-681.
La plupart des travaux sur les collectivités-amies des aînés portent sur le vieillissement dans les régions urbaines, mais il y a lieu d'examiner ce à quoi les collectivités-amies des aînés ressemblent en milieu ruralNote de bas de page 682-685. En 2007, un rapport intitulé Initiative des collectivités rurales et éloignées amies des aînés : un guide a été élaboré au Canada et parrainé par les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des aînés. Ce rapport visait à faire mieux connaître les besoins des aînés et à présenter un guide pratique pour les collectivités rurales et éloignées au Canada.
Passer de la recherche et l’évaluation à la planification
Il n’est pas facile d’effectuer des recherches pour associer une caractéristique de conception à un résultat pour la santé, comme les collectivités propices à la marche et le diabète, puis de traduire cette démarche en action communautaire. Pour ce faire, il faut élaborer et mettre en œuvre des politiques et des programmes au moyen des données probantes à jour et les plus pertinentes. Et en plus, évaluer ces politiques et programmes pour en déterminer l’efficacité.
De nombreux projets et initiatives liés au milieu bâti ont été mis en place ou sont en cours au Canada, mais un bon nombre n’ont pas fait l’objet d’une évaluation, et s’ils l’ont été, les conclusions peuvent ne pas être accessibles. Qui plus est, les villes et les collectivités recueillent déjà des données sur différentes initiatives liées au milieu bâti, mais ces données ne sont pas standardisées, ce qui en limite l’utilisation par les chercheurs et planificateurs d’autres collectivités. On comprendra dès lors qu’il est crucial d’effectuer de façon systématique le partage des données, des connaissances et des leçons apprises sur l’efficacité des initiatives en question, de façon à améliorer la santé des Canadiens dans toutes les collectivités.
Effectuer des recherches à la fois pertinentes pour l’élaboration de politiques et de programmes et qui accrochent les intervenants, voilà un pas décisif pour s’assurer que la planification des collectivités et des quartiers repose sur des données probantesNote de bas de page 686-688. C’est ce type de recherche qui contribuera à susciter la force de traction nécessaire auprès des décideurs, ainsi qu’à générer une prise de conscience du public et le soutien communautaireNote de bas de page 689.
Section 6 : Un appel à l’action
Nous pouvons en faire plus pour aider la population canadienne à prendre en charge sa propre santé. Nous avons une formidable occasion de concevoir consciemment nos collectivités de façon à favoriser un mode de vie sain et d’aider les Canadiens à améliorer inconsciemment leur propre santé et celle des générations à venir.
Le changement des comportements est une tâche ardue. Les habitudes des gens reposent sur une grande diversité de facteurs interreliés. Ces facteurs incluent l’âge, la santé physique et mentale, la situation socioéconomique, la culture et la génétique, de même que leur façon de réagir à leur milieu physique et social. Le milieu bâti ne représente qu’une pièce de ce casse-tête beaucoup plus vaste.
Concevoir le milieu bâti de façon à favoriser un mode de vie sain, cela consiste à faciliter les contacts sociaux et à donner accès, de façon harmonieuse, à des caractéristiques favorisant l’activité physique, une saine alimentation et une bonne santé mentale. Cela peut notamment se faire par des moyens assez simples : des rues interreliées, l’accès à des aliments sains et des lieux où familles et amis peuvent se réunir.
Nous savons que les collectivités ne sont pas toutes conçues de la même façon et qu’elles évoluent au fil du temps. De plus, la plupart des gens habitent successivement dans bon nombre de quartiers différents au cours de leur vie. Pour cette raison, il devient difficile de quantifier véritablement les effets du milieu bâti sur la santé.
Cependant, nous savons que notre milieu de vie peut avoir des retombées positives. Par exemple :
- Pour une personne atteinte d’une maladie chronique mettant sa vie en danger, le fait d’habiter plus près des services de soins d’urgence et de soins spécialisés peut constituer une préoccupation majeure en matière de qualité de la santé.
- Pour les jeunes familles, un quartier offrant des infrastructures de jeux stimulants, de transport actif et la possibilité, pour les parents, de devenir des modèles en matière de saines habitudes de vie peut servir de base à l’adoption d’un mode de vie sain par tous les membres de la famille.
- La vie dans une petite collectivité peut favoriser un fort sentiment d’appartenance à la communauté.
De nombreuses villes canadiennes tiennent déjà compte de la santé dans leur planification communautaire – il reste toutefois de nombreuses avenues à explorer. Les recherches dans ce domaine sont encore assez nouvelles et la transposition des conclusions en mesures concrètes demeure un défi. Cela signifie que nous pouvons prendre les devants et qu’il est maintenant temps que la santé publique travaille en étroite collaboration avec d’autres secteurs pour tirer parti de ce domaine en pleine expansion.
La santé publique peut influencer la suite des choses et veiller à ce que la planification communautaire et les initiatives d’infrastructure, de même que le développement durable, économique et technologique, reposent sur des preuves fondées et intègrent parmi leurs principaux objectifs la qualité de la santé. Afin de démêler la complexité des effets du milieu bâti sur la santé de la population, il faut faire appel à une santé publique de précision, qui, à partir de données, oriente judicieusement les interventions pour mieux promouvoir le bien-être de la population.
Six mesures
J’invite dès maintenant nos partenaires au pays et à l’étranger, de même que tous les pouvoirs publics, y compris les dirigeants municipaux, provinciaux et fédéraux, les décideurs politiques, les planificateurs communautaires et les entrepreneurs à adopter les six mesures suivantes :
- Tenir compte de la santé des populations dans le cadre de l’aménagement et du réaménagement des collectivités, ainsi que de la conception et de la mise en œuvre de grands projets d’infrastructure, principalement dans les villes, puisque la plupart des gens vivent en région urbaine ou en banlieue. Dans la mesure du possible, examiner de façon proactive les projets sous l’angle du potentiel qu’ils recèlent à l’égard de la promotion de la santé.
- Éviter d’accentuer les iniquités en matière de santé dans le cadre de l’aménagement et du réaménagement des collectivités en tenant compte des besoins et de la situation des populations aux prises avec ces iniquités.
- Évaluer les effets sur la santé des caractéristiques se rapportant à l’aménagement des collectivités en faisant appel à des experts en santé publique. Rendre publiquement accessibles les constatations de ces évaluations.
- Renforcer les approches existantes, partager les leçons apprises et les pratiques exemplaires. Toutes les collectivités sont invitées à apprendre les unes des autres, tant à l’égard des réussites que des approches moins efficaces. Miser sur les réseaux canadiens existants pour favoriser un dialogue à l’échelle du pays.
- Collaborer en vue de la collecte de données normalisées et de la mobilisation des citoyens. Favoriser une meilleure compréhension des besoins des collectivités et des effets que peut avoir l’aménagement des collectivités sur la santé des populations.
- Innover pour faire en sorte que les choix santé deviennent les choix les plus faciles. Réunir des idées et des principes à partir de l’ensemble des disciplines et des secteurs. Combiner les stratégies prônant de saines habitudes de vie avec celles qui visent l’amélioration du milieu bâti afin d’optimiser les retombées et les investissements.
Toutes ces mesures pourraient améliorer la vie de millions de Canadiens. En tant qu’administratrice en chef de la santé publique du Canada, j’appuie sans réserve un tel objectif.
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