Chapitre 5 : Rapport de l’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada 2012 – Sexe, genre et santé publique – la voie à suivre
Chapitre 5 : Sexe, genre et santé publique — La voie à suivre
Tant que nous n’aurons pas toutes réussi, personne d’entre nous n’aura réussi. [Traduction]
― Rosemary Brown
Le présent rapport montre l’influence déterminante que le sexe et le genre exercent sur l’état de santé de la population canadienne. Même si la majorité des Canadiens jouissent d’une excellente ou d’une bonne santé physique et mentale et vivent plus longtemps et en meilleure santé qu’auparavant, ce n’est malheureusement pas le cas de tous. C’est pourquoi il est primordial de comprendre les multiples facteurs qui engendrent pareille inégalité.
Améliorer la santé et le bien-être des Canadiens exige du temps, des efforts et des ressources, et nous avons tous un rôle à jouer pour y parvenir : gouvernements, organismes à but non lucratif, collectivités, citoyens, etc. Le rapport présente de nombreuses méthodes et interventions efficaces, prometteuses ou utiles qui montrent l’importance de tenir compte du sexe et du genre dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions.
Le temps d’agir
Il y a raison de croire que la santé des Canadiens pourrait être améliorée dans tous les secteurs et dans tous les territoires de compétence. C’est pourquoi tous les intervenants au Canada doivent participer à l’effort, notamment de la façon suivante :
- reconnaître et comprendre l’importance du sexe et du genre dans le domaine de la santé;
- favoriser l’adoption d’une vision commune et d’une action concertée pour s’assurer que le sexe et le genre s’intègrent à tous les travaux de recherche, les politiques, les programmes et les interventions en santé publique;
- enrichir et transmettre les connaissances théoriques et pratiques liées au sexe et au genre.
Reconnaître et comprendre le rôle du sexe et du genre
Les Canadiens doivent reconnaître le rôle que jouent le sexe et le genre dans tous les aspects de la santé. Ils doivent examiner les choix qu’ils font au cours de leur vie et l’incidence que ces choix entraînent sur leur santé. Le présent rapport montre clairement que le sexe et le genre influencent les comportements, les relations et la santé en général d’une façon qui évolue tout au long de la vie.
Les gouvernements, les organismes privés, les organismes à but non lucratif, les établissements d’enseignement, les collectivités et les citoyens doivent élargir leurs horizons et se défaire de leurs préjugés de sorte que le Canada puisse planifier, élaborer et mettre en œuvre des interventions efficaces qui tiennent compte du sexe et du genre. L’analyse comparative fondée sur le sexe et le genre peut aider à concevoir avec respect et précaution des politiques, des programmes et des interventions propres à réduire les inégalités en santé.
Favoriser l’adoption d’une vision commune et d’une action concertée
Tous les secteurs et les territoires de compétence doivent susciter une volonté collective et montrer la voie à suivre afin que tous les Canadiens soient traités avec respect et aient la chance de participer pleinement à la société. Le but est de permettre à la population canadienne de vivre en santé le plus longtemps possible.
Par ailleurs, les stéréotypes fondés sur le sexe et le genre menacent trop souvent la santé des Canadiens. Éliminer les inégalités qui nuisent à l’atteinte d’une santé optimale exigera du temps, de la compassion, de l’ouverture d’esprit, de la patience, des ressources et de la collaboration, mais c’est un investissement qui en vaut la peine.
Enrichir les connaissances actuelles
Étant donné l’influence qu’ils exercent sur l’état de santé et de bien-être de la population canadienne, le sexe et le genre doivent être pris en considération dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des travaux de recherche, des politiques et des programmes. Trop souvent, on fait abstraction de ces concepts ou on utilise des caractéristiques et des scénarios génériques, présumant qu’il existe une solution unique pour les hommes et les femmes. Cette façon de faire, trop simpliste, risque de générer des données trompeuses ou non exhaustives. C’est pourquoi il faudrait revoir les programmes qui s’adressent spécifiquement aux hommes ou aux femmes afin de mieux tenir compte de la diversité de la population et d’éviter la division.
Par ailleurs, il serait nécessaire d’acquérir de nouvelles données sur le sexe et le genre ainsi que sur l’efficacité des programmes en vigueur. Mais auparavant, il faut intégrer le sexe et le genre dans tous les travaux de recherche, et non seulement dans ceux portant sur la santé. Cela exige de parfaire les méthodes de collecte de données afin de faire ressortir les tendances, de cerner les éventuelles inquiétudes et d’évaluer l’efficacité des mesures, interventions et stratégies qui intègrent les considérations de sexe et de genre. Même si une vaste prise en compte de ces deux facteurs pourrait favoriser une meilleure compréhension des déterminants de la santé, des comportements, des résultats ainsi que des liens qui les unissent, des outils d’analyse en recherche et surveillance se révèlent néanmoins nécessaires pour étudier ces aspects en profondeur.
Les travaux de recherche, les politiques et les programmes qui tiennent compte du sexe et du genre suscitent une meilleure prise de conscience et aident les professionnels à marquer les différences et à remettre en question les idées reçues à propos de la santé. Étant donné la nature évolutive des continuums des sexes et des genres, les résultats devront être examinés sur une base continue et englober tous les déterminants de la santé. Des évaluations rigoureuses permettraient de dégager les tendances et de repérer les domaines sur lesquels concentrer nos efforts. Savoir si un programme fonctionne et comprendre pourquoi permet d’accroître son efficacité.
Des défis subsistent toutefois dans la façon dont sont appliqués et diffusés les conclusions de recherche et les résultats des programmes axés sur le sexe et le genre. Pour progresser, il est essentiel que les chercheurs évitent les généralisations et établissent des indicateurs qui tiennent compte du sexe et du genre. Les décideurs, les professionnels de la santé publique et les collectivités qui planifient des programmes et des interventions dans le domaine de la santé doivent avoir accès à des données et des connaissances appropriées. Le principal défi sera donc d’établir une vision d’ensemble et de produire des résultats d’études pertinents.
Changer le cours des choses
Les mesures et les interventions qui tiennent compte des besoins diversifiés des Canadiens, notamment en fonction du sexe et du genre, contribuent à prévenir les maladies et à promouvoir la santé. C’est pourquoi le Canada doit s’efforcer d’intégrer le sexe et le genre à ses politiques et à ses travaux de recherche afin de continuer d’améliorer la santé de ses citoyens.
Le Canada peut tirer des leçons et s’inspirer des succès passés. Il lui faut toutefois éviter de travailler en vase clos et de déployer des efforts ponctuels qui n’auront que des effets à court terme. L’influence du sexe et du genre sur la santé concerne tous les Canadiens et doit être examinée plus à fond afin d’accroître l’efficacité des mesures de promotion de la santé et de prévention des maladies. En tant que société, le Canada est à même de comprendre et de satisfaire les besoins de sa population diversifiée de sorte que tous ses citoyens puissent mener la vie la plus saine possible.
De la parole aux actes
Dans le présent rapport, j’ai voulu montrer l’importance du sexe et du genre et l’influence qu’ils exercent sur la santé publique et l’état de santé des Canadiens. J’espère que tous ceux qui liront ce rapport comprendront mieux pourquoi le sexe et le genre revêtent une telle importance dans le domaine de la santé et que la prise en compte de ces facteurs peut contribuer à réduire les inégalités.
Chaque Canadien doit pouvoir mener la vie la plus saine possible. En appuyant les travaux de recherche, les politiques et les programmes qui intègrent le sexe et le genre, nous pourrons continuer de miser sur les succès passés et améliorer la santé et le bien-être de la population. Si tous les secteurs de la société participent à l’effort, nous pourrons changer le cours des choses. En tant qu’administrateur en chef de la santé publique, je m’engage à :
- sensibiliser la population à l’incidence du sexe et du genre sur la santé publique;
- continuer de montrer la voie à suivre et de militer pour que le personnel de l’Agence et mes collègues du gouvernement fédéral intègrent les concepts de sexe et de genre dans le cadre de leur travail;
- continuer de bousculer les idées reçues et de changer les perspectives à propos du sexe et du genre et de leur importance en santé publique;
- travailler avec mes collègues du gouvernement fédéral et d’autres secteurs à élaborer, mettre en œuvre et promouvoir des politiques et des programmes qui tiennent compte du sexe, du genre et d’autres déterminants de la santé;
- continuer d’appuyer les travaux de recherche, les politiques et les mesures de santé publique dont l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation intègrent les notions de sexe et de genre.
― Dr David Butler-Jones
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