La nutrition du nourrisson né à terme et en santé : Recommandations de la naissance à six mois

Les lignes directrices sur l’alimentation du nourrisson sont en cours de révision.

Renseignez-vous sur le processus de révision.

Énoncé conjoint de Santé Canada, de la Société canadienne de pédiatrie, des Diététistes du Canada et du Comité canadien pour l'allaitement

Le présent énoncé du Groupe de travail conjoint sur l'alimentation du nourrisson fournit aux professionnels de la santé des principes et recommandations fondés sur des données probantes. Les provinces, les territoires et les organisations du secteur de la santé peuvent se servir de cet énoncé pour élaborer des lignes directrices pratiques sur l'alimentation du nourrisson à l'intention des parents et des dispensateurs de soins au Canada.

Cet énoncé favorise la transmission de messages appropriés et uniformes sur l'alimentation du nourrisson pendant les six premiers mois. Les recommandations sur l'alimentation des enfants de six mois à deux ans feront l'objet d'un énoncé distinct qui sera publié en 2013-14.

Pour obtenir des renseignements ou suggestions sur la façon de répondre aux questions des parents et des dispensateurs de soins, veuillez consulter : Conseils pratiques pour renseigner les familles sur l'alimentation du nourrisson.

Principes et recommandations sur l'alimentation du nourrisson de la naissance à six mois

L'allaitement maternel exclusif est recommandé pendant les six premiers mois. Il est souhaitable de poursuivre celui-ci jusqu'à deux ans ou plus, accompagné d'aliments complémentaires appropriés. L'allaitement maternel est important sur le plan nutritionnel. En plus d'assurer une protection immunologique, il favorise la croissance et le développement chez les nourrissons et les jeunes enfants.

  • Recommander l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois.
  • Mettre en œuvre les politiques et pratiques de l'Initiative des amis des bébés dans les hôpitaux et les services de santé communautaire.
  • Recommander la prise quotidienne d'un supplément de 10 µg (400 UI) de vitamine D chez les nourrissons allaités.
  • Recommander la viande, les substituts de la viande et les céréales enrichies de fer en tant que premiers aliments complémentaires.
  • Utiliser les Courbes de croissance pour le Canada de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une surveillance optimale de la croissance du nourrisson.
  • Expliquer qu'une modification de l'alimentation est peu ou pas efficace dans le traitement des coliques infantiles.
  • Expliquer les variations importantes de l'évacuation intestinale normale en insistant sur le fait qu'on observe rarement une véritable constipation.
  • Rassurer les gens quant au reflux gastro-œsophagien ou « régurgitation » en expliquant qu'il s'agit d'un phénomène fréquent qui nécessite rarement un traitement.
  • Administrer une thérapie de réhydratation orale pour traiter une déshydratation légère à modérée résultant d'une gastroentérite aiguë tout en continuant l'allaitement maternel.
  • Recommander une solution de rechange acceptable à l'allaitement maternel chez les mères infectées par le VIH.
  • Expliquer que la plupart des médicaments sont compatibles avec l'allaitement maternel. Adopter une approche cas par cas chez les mères qui prennent des médicaments ou des drogues.

Certains nourrissons ne peuvent pas être allaités exclusivement pour des motifs d'ordre personnel, médical ou social. Les familles ont besoin de soutien pour optimiser le bien-être nutritionnel de ces nourrissons. Le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (OMS, 1981) recommande aux professionnels de la santé d'informer les parents sur l'importance de l'allaitement maternel, sur les coûts personnels, sociaux et économiques de l'alimentation à partir de préparations commerciales pour nourrissons et sur la difficulté de renverser la décision de ne pas allaiter. Les familles qui ont pris une décision totalement éclairée de ne pas allaiter doivent recevoir du counseling individualisé quant à l'utilisation des substituts du lait maternel.

Remerciements

Le Groupe de travail conjoint sur l'alimentation du nourrisson résulte d'une collaboration entre Santé Canada et certaines organisations nationales. Ce groupe de travail était formé de représentants :

  • du Comité de nutrition et de gastro-entérologie de la Société canadienne de pédiatrie (SCP),
  • des Diététistes du Canada (DC),
  • du Comité canadien pour l'allaitement (CCA),
  • de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC),
  • de Santé Canada (SC).

Le groupe de travail a reçu des conseils du Groupe d'experts sur l'alimentation du nourrisson. Il a aussi mené une vaste consultation auprès des parties intéressées.

Membres du Groupe d'experts sur l'alimentation du nourrisson : Alison Barrett, Gisèle Conway, Laura Haiek, Sheila Innis, Gerry Kasten, Jack Newman, Daniel Roth, Nancy Watters.

Participants du Groupe conjoint sur l'alimentation du nourrisson : Becky Blair (DC), Julie Castleman (ASPC), Geneviève Courant (CCA), Jeff Critch (SCP), Patricia D'Onghia (SC), Jessica DiGiovanni (ASPC), Erin Enros (SC), Tanis Fenton (DC), Deborah Hayward (SC), Hélène Lowell (SC), Jennifer McCrea (SC), Brenda McIntyre (SC), Kevin Wood (SC), Christina Zehaluk (SC).

L'allaitement maternel est le mode d'alimentation normal et inégalé chez le nourrisson.

  • Recommander l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois.

Justification

L'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois est reconnu comme la norme d'alimentation du nourrisson dans les Apports nutritionnels de référence. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) en fait la promotion sous forme de recommandation globale de santé publique (IOM, 2006; OMS, 2003). L'allaitement exclusif est recommandé à partir de la naissance, sauf en cas de très rares troubles médicaux. Ce type d'alimentation est important pour une croissance et un développement en santé chez les nourrissons et les jeunes enfants (OMS, 2003).

L'allaitement exclusif pendant les six premiers mois demeure l'objectif de la mise en œuvre de l'Initiative des amis des bébés (IAB) de l'OMS/UNICEF et de la Stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant (OMS, 2003). Toutefois, dans la pratique individuelle, les recommandations entourant le moment approprié d'introduction des aliments complémentaires devraient aussi s'appuyer sur les signes de maturitédu nourrisson. Cette introduction peut être faite quelques semaines avant l'âge de six mois ou tout juste après. Après cet âge, la non-introduction d'aliments complémentaires augmente le risque de carence en fer. Par ailleurs, une introduction trop précoce de ces aliments diminue la durée de l'allaitement exclusif.

On parle d'allaitement maternel exclusif lorsqu'un nourrisson reçoit uniquement du lait maternel et qu'il ne reçoit aucun aliment complémentaire ni aucun autre liquide, pas même de l'eau (OMS, 2008). Les nourrissons qui sont allaités exclusivement peuvent toutefois recevoir des suppléments de vitamines et de minéraux ou certains médicaments sous forme de gouttes ou de sirop. On peut aussi leur donner une solution de réhydratation orale au besoin (OMS, 2008).

Le lait maternel fournit la quantité appropriée de nutriments de qualité, facilement absorbables (Butte, Lopez-Alarcon, & Garza, 2002). Il est digéré facilement et efficacement par le nourrisson (WHO, 2009). De façon à favoriser une croissance optimale, la composition nutritionnelle du lait maternel fluctue pendant les tétées et aussi en fonction de la maturation du nourrisson (Kent et al., 2006; Riordan & Wambach, 2010). La composition du lait maternel est unique et complexe. On y retrouve certains facteurs bioactifs, comme des immunoglobulines anti-infectieuses et des globules blancs, en plus des nutriments (Riordan & Wambach, 2010). Le lait maternel contient aussi certains facteurs qui stimulent la maturation du petit intestin ainsi que la digestion et l'absorption des nutriments (Hamosh, 1996; Sheard, 1988).

L'importance de l'allaitement maternel pour la santé à court et à long terme du nourrisson est largement reconnue (Horta, Bahl, Martines, & Victoria, 2007; Ip et al., 2007; León-Cava, Lutter, Ross, & Martin, 2002). Ainsi, l'allaitement maternel est associé, entre autres, à un meilleur développement cognitif. Il semble qu'il assure une protection contre les infections gastro-intestinales, les infections aiguës de l'oreille moyenne, les infections des voies respiratoires et le syndrome de mort subite du nourrisson (Kramer et al., 2008; Quigley et al., 2011; Ip et al., 2007; Hauck, Thompson, Tanabe, Moon, & Vennemann, 2011). Des recherches d'observation laissent supposer que l'allaitement maternel a un effet protecteur contre l'apparition de l'obésité plus tard dans la vie (Arenz, Rückerl, Koletzko & von Kries, 2004, Ip et al., 2007).

L'allaitement maternel exclusif jusqu'à l'âge de six mois est associé à une protection continue contre les infections et les maladies gastro-intestinales (Kramer et al., 2003; Kramer & Kakuma, 2002) et aussi contre les infections des voies respiratoires (Chantry, Howard, & Auinger, 2006). La mère qui allaite exclusivement jusqu'à l'âge de six mois en retire également des bienfaits. On observe en effet une perte de poids plus rapide après la naissance et un retour plus tardif des menstruations dans certains cas (Kramer & Kakuma, 2002).

Vers l'âge de six mois, le développement du nourrisson est suffisant pour lui permettre de consommer d'autres aliments (Naylor & Morrow, 2001). Voici les principaux signes physiologiques et comportementaux démontrant qu'un nourrisson est prêt à recevoir des aliments complémentaires (Grenier & Leduc, 2008) :

  • meilleur contrôle de la tête,
  • capacité de s'asseoir et de se pencher vers l'avant,
  • capacité d'indiquer au dispensateur de soins qu'il a assez mangé (p. ex. en détournant la tête),
  • tentatives d'attraper des aliments et de les mettre dans sa bouche.

À ce stade, on devrait offrir au nourrisson des aliments complémentaires nutritifs et sécuritaires tout en continuant l'allaitement maternel (PAHO, 2003). Il faut offrir des aliments riches en fer en tant que premiers aliments.

Références

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Grenier, D., Leduc, D. (2008). Well beings: A guide to health in child care (third edition). Ottawa: Canadian Paediatric Society, p. 33.

Hamosh, M. (1996). Digestion in the newborn. Clinics in Perinatology: Neonatal Gastroenterology, 23(2): 191-208

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Horta, B., Bahl, R., Martines, J., & Victoria, C. (2007). Evidence on the long-term effects of breastfeeding: Systematic reviews and meta-analyses. Geneva: World Health Organization.

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Kent, J.C., Mitoulas, L.R., Cregan, M.D., Ramsay, D.T., Doherty, D.A., & Hartmann, P.E. (2006). Volume and frequency of breastfeedings and fat content of breast milk throughout the day. Pediatrics, 117. e387-e395.

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Organisation mondiale de la santé et UNICEF. (2003).  Stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Genève: Organisation mondiale de la santé.

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Pan American Health Organization (2003). Guiding principles for complementary feeding of the breastfed child. Washington DC: Pan American Health Organization/World Health Organization.

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Riordan, J. & Wambach, K. (2010). Breastfeeding and Human Lactation. Sudbury MA.: Jones and Bartlett Publishers, Inc. pp. 497-518.

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World Health Organization. (2009). Infant and young child feeding (model chapter for textbooks for medical students and allied health professionals), pp 9-17. Geneva: World Health Organization.

Les taux d'amorce et de durée de l'allaitement maternel augmentent lorsqu'on assure de manière active sa protection, son soutien et sa promotion.

  • Mettre en œuvre les politiques et pratiques de l'Initiative des amis des bébés (IAB) dans les hôpitaux et les services de santé communautaire.

Justification

Le taux d'amorce de l'allaitement maternel a augmenté considérablement au Canada au cours des dernières décennies, passant de moins de 25 % en 1965 (Millar & Maclean, 2005) à 88,4 % en 2011 (Statistique Canada, 2012). Toutefois, parmi les mères qui amorcent l'allaitement maternel certaines cessent d'allaiter après moins d'une semaine; plus de 25 % des mères cessent d'allaiter avant que le bébé atteigne l'âge d'un mois (Santé Canada, 2012). Le pourcentage de mères canadiennes qui allaitent exclusivement leur bébé jusqu'à l'âge de six mois demeure faible, soit 27,8 % (Statistique Canada, 2012).

Les mères les plus à risque de ne pas respecter les recommandations sur l'allaitement maternel sont les mères célibataires et celles qui ont un plus faible niveau d'instruction ou un plus faible statut socio-économique (Santé Canada, 2012). Ces mères ont besoin d'un soutien accru à cet égard.

L'Initiative des hôpitaux amis des bébés (IHAB) de l'OMS/UNICEF a été créée dans le but d'améliorer les retombées de l'allaitement maternel sur la santé des nourrissons et de leurs mères (WHO/UNICEF, 2009). Il a été démontré que la mise en œuvre des pratiques fondées sur des données probantes associées à l'IHAB augmente la durée de l'allaitement maternel exclusif (Kramer et al., 2001; Merten, Dratva, & Ackermann-Liebrich, 2005; DiGirolamo, Grummer-Strawn, & Fein, 2008; Declercq, Labbok, Sakala, & O'Hara, 2009; Moore, Anderson, & Berman, 2009; Cattaneo & Buzzetti, 2001). L'IHAB combat, entre autres, l'ajout précoce de suppléments pour des raisons autres que médicales (une pratique encore courante) parce qu'un tel ajout est associé à une réduction de la durée de l'allaitement exclusif (Toronto Public Health, 2010).

L'IHAB s'inspire des politiques et pratiques fondées sur des données probantes qui sont décrites dans les Dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel, la Stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant (OMS/UNICEF, 2003), le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et aussi sur des résolutions subséquentes de l'Assemblée mondiale de la santé qui s'y rapportent.

Au Canada, l'Initiative des amis des bébés (IAB) a été adaptée à partir de l'IHAB en vue d'assurer la continuité des soins entre l'hôpital et les services communautaires. Cette initiative est décrite dans Les dix conditions intégrées à l'intention des hôpitaux et des services de santé communautaire. La certification « amis des bébés » est accordée aux hôpitaux ayant des services de maternité et aux installations de santé communautaire qui adhèrent au Code de commercialisation et mettent les dix conditions en pratique. La mise en œuvre de l'Initiative des amis des bébés est sous la responsabilité des gouvernements provinciaux et territoriaux, en collaboration avec le Comité canadien pour l'allaitement.

Dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel de l'OMS/UNICEF (critères mondiaux)

(Reproduits à partir de WHO/UNICEF, 2009)

  1. Avoir une politique d'allaitement maternel écrite et systématiquement portée à la connaissance de tout le personnel soignant.
  2. Donner à tout le personnel soignant les compétences nécessaires pour mettre en œuvre cette politique.
  3. Informer toutes les femmes enceintes des avantages de l'allaitement et de sa pratique.
  4. Aider les mères à commencer l'allaitement dans la demi-heure qui suit l'accouchement.

    Cette condition est maintenant interprétée de la manière suivante :

    Placer les bébés en contact peau à peau avec leurs mères immédiatement après la naissance, pendant au moins une heure. Encourager les mères à reconnaître les signes par lesquels leurs bébés indiquent qu'ils sont prêts à téter. Leur offrir de l'aide au besoin.
  5. Indiquer aux mères comment pratiquer l'allaitement et comment entretenir la lactation même si elles se trouvent séparées de leur nourrisson.
  6. Ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autre que le lait maternel, sauf indication médicale.
  7. Pratiquer la cohabitation. Laisser l'enfant avec sa mère 24 heures sur 24.
  8. Encourager l'allaitement maternel à la demande de l'enfant.
  9. Ne donner aux nourrissons allaités aucune tétine artificielle ou sucette.
  10. Encourager la constitution d'associations de soutien à l'allaitement maternel et leur adresser les mères dès leur sortie de l'hôpital ou de la clinique.

Interprétation du Comité canadien pour l'allaitement des dix conditions intégrées de l'Initiative des amis des bébés à l'intention des hôpitaux et des services de santé communautaires (pour la pratique au Canada)

(Adaptation du Comité canadien pour l'allaitement, 2011a)

  1. Avoir une politique d'allaitement formulée par écrit et portée systématiquement à la connaissance de tous les intervenants en santé et des bénévoles.
  2. S'assurer que tous les intervenants en santé ont les connaissances et les habiletés nécessaires pour mettre en œuvre la politique d'allaitement.
  3. Informer les femmes enceintes et leur famille de l'importance et de la gestion quotidienne de l'allaitement.
  4. Placer les bébés en contact peau-à-peau avec leur mère dès la naissance et de façon ininterrompue pour au moins une heure ou jusqu'à la fin de la première tétée ou aussi longtemps que la mère le désire. Aider les mères à reconnaître quand leur bébé est prêt à téter et leur offrir de l'aide au besoin.
  5. Aider les mères à initier l'allaitement et à maintenir leur lactation en cas de problèmes incluant la séparation de leur nourrisson.
  6. Soutenir les mères à allaiter exclusivement pendant les six premiers mois à moins que des suppléments soient indiqués médicalement.
  7. Faciliter la cohabitation 24 heures sur 24 pour toutes les dyades mères-bébés : mères et bébés restent ensemble.
  8. Encourager l'allaitement selon les signes du bébé. Encourager la poursuite de l'allaitement au-delà de six mois au moment de l'introduction appropriée d'aliments complémentaires.
  9. Encourager les mères à nourrir et à prendre soin de leur bébé sans avoir recours à une suce d'amusement ou à une tétine artificielle.
  10. Assurer des liens fluides entre les services fournis par l'hôpital, les services de santé communautaires et les groupes d'entraide en allaitement. Appliquer des principes de soins de santé primaires et de santé des populations pour soutenir les mères sur le continuum de soins et implanter des stratégies qui influenceront positivement les taux d'allaitement.

Sommaire du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel

Ce Code vise à protéger et à promouvoir l'allaitement maternel en assurant la commercialisation éthique des substituts du lait maternel par l'industrie.

  • Interdire la promotion des laits artificiels, des tétines et des biberons auprès du grand public.
  • Interdire la distribution d'échantillons gratuits aux femmes enceintes et aux parents.
  • Interdire la promotion des laits artificiels, des tétines et des biberons dans le système de soins de santé (pas d'échantillons ni d'approvisionnement gratuits).
  • Interdire le recours à du personnel payé par les fabricants pour donner des conseils aux parents.
  • Interdire la distribution de cadeaux et d'échantillons personnels aux professionnels de la santé.
  • Interdire la promotion d'aliments commerciaux pour bébés - comme les solides en pot, les céréales, les jus et l'eau embouteillée - afin de ne pas nuire à l'allaitement exclusif.
  • Exiger que les emballages et les étiquettes mentionnent clairement la supériorité de l'allaitement en plus de comporter une mise en garde contre les risques et le coût de l'alimentation artificielle.
  • S'assurer que les fabricants et les distributeurs fournissent aux professionnels de la santé une information scientifique et se limitant aux faits.
  • S'assurer que tous les produits sont de bonne qualité, que la date limite de péremption y est indiquée et que les emballages ne comportent pas de termes comme humanisé ou maternisé.
  • Afin d'éviter les conflits d'intérêts, faire en sorte que les professionnels de la santé qui travaillent auprès des nourrissons et des jeunes enfants ne reçoivent pas de soutien financier (p. ex. vacances, invitations à des congrès, etc.) de la part des compagnies de produits alimentaires pour bébés.

Source : Comité canadien pour l'allaitement (2011b). Traduction officielle du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Références

Cattaneo, A., & Buzzetti, R. (2001). Effect on rates of breast feeding of training for the Baby Friendly Hospital Initiative. BMJ, 323:1358-62.

Chung, M., Ip, S., Yu, W., Raman, G., Trikalinos, T., DeVine, D., & Lau, J. (2008). Interventions in primary care to promote breastfeeding: A systematic review. AHRQ publication No. 08-05125-EF-1. Rockville, MD: Agency for Healthcare Research and Quality.

Comité canadien pour l'allaitement. (2011b). Indicateurs de résultats pour les Dix conditions pour le succès de l'allaitement, intégrés pour les hôpitaux et les services de santé communautaires du CCA. Annexe 11.2: Résumé du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et des résolutions subséquentes de l'Assemblée mondiale de la santé.

Declercq, E., Labbok, M.H., Sakala, C., & O'Hara, M. (2009). Hospital practices and women's likelihood of fulfilling their intention to exclusively breastfeed. American Journal of Public Health, 99:929-35.

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Kramer, M.S., Chalmers, B., Hodnett, E.D.,  Sevkovskaya, Z.,  Dzikovich, I.,  Shapiro, S.,  Collet, J.P.,  Vanilovich, I.,  Mezen, I.,  Ducruet, T.,  Shishko, G.,  Zubovich, V.,  Mknuik, D.,  Gluchanina, E.,  Dombrovskiy, V.,  Ustinovitch, A.,  Kot, T.,  Bogdanovich, N.,  Ovchinikova, L.,  Helsing, E. (2001). Promotion of Breastfeeding Intervention Trial (PROBIT): A randomized trial in the Republic of Belarus. JAMA, 285(4):413-420.

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Millar, W.J., Maclean, H. (2005). Breastfeeding practices. Health Reports, 16(2):23-31.

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Toronto Public Health. (2010). Breastfeeding in Toronto - Promoting Supportive Environments.

WHO/UNICEF. (2009).  Baby-Friendly Hospital Initiative: Revised, updated and expanded for integrated care. Section 1: Background and implementation.

Un supplément de vitamine D est recommandé chez les nourrissons allaités.

Recommander la prise quotidienne d'un supplément de 10 µg (400 UI) de vitamine D chez les nourrissons allaités.

Justification

On observe encore des cas de carence en vitamine D au Canada chez les nourrissons qui ne reçoivent pas de suppléments (Ward, Gaboury, Ladhani, & Zlotkin, 2007). La prise quotidienne d'un supplément de 10 µg (400 UI) est recommandée chez les nourrissons qui sont allaités exclusivement ou partiellement, à partir de la naissance jusqu'à l'âge d'un an. Les réserves de vitamine D s'épuisent chez les nourrissons qui ne reçoivent pas de suppléments (Butte, Lopez-Alarcon, & Garza, 2002). Cela est particulièrement vrai lorsque les réserves de la mère sont faibles (Butte, Lopez-Alarcon, & Garza, 2002; Salle, Delvin, Lapillonne, Bishop, & Glorieux, 2000).

De faibles réserves de vitamine D peuvent entraîner certains effets indésirables, comme le rachitisme associé à une carence vitamine D. Le rachitisme est défini comme une minéralisation insuffisante qui entraîne une déformation des os. De nombreuses données probantes associent une faible concentration sérique de 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D] à la confirmation du diagnostic de rachitisme chez le nourrisson (Chung et al., 2009; IOM, 2011). Au Canada, on recommande la prise quotidienne de suppléments de vitamine D chez les nourrissons allaités au sein depuis 1967. Cette recommandation s'est révélée efficace en tant que mesure de prévention du rachitisme chez le nourrisson (Lerch & Meissner, 2007).

L'apport suffisant de vitamine D a été fixé à 10 µg (400 UI) par jour chez le nourrisson en s'appuyant sur l'apport correspondant à la concentration sérique souhaitable de 25(OH)D (IOM, 2011). L'apport de vitamine D ne devrait pas excéder 25 µg (1000 UI) par jour chez le nourrisson de moins de six mois. Il s'agit de l'apport quotidien moyen le plus élevé qui ne comporte vraisemblablement aucun risque d'effets indésirables (IOM, 2011). Aucun bienfait pour la santé n'a été associé à un apport de vitamine D supérieur à 10 µg (400 UI) par jour (IOM, 2011).

À la lumière des données actuelles, la prise quotidienne d'un supplément de 10 µg (400 UI) de vitamine D s'avère appropriée chez le nourrisson, peu importe le lieu de résidence au Canada (IOM, 2011). Les recommandations entourant l'apport de vitamine D ont été fixées en tenant compte d'une exposition minimale au soleil (IOM, 2011). Le soleil stimule la formation de vitamine D dans la peau; il est la première source de cette vitamine chez les humains. Selon les recommandations en vigueur, il faut toutefois éviter toute exposition directe au soleil chez les bébés de moins d'un an en raison du risque de cancer de la peau (Santé Canada, 2011).

Des données provenant d'études canadiennes laissent supposer que près des trois quarts des bébés allaités reçoivent des suppléments de vitamine D. Il faudrait toutefois sensibiliser davantage les groupes de personnes qui ont le moins tendance à donner des suppléments de vitamine D au nourrisson, à savoir (Santé Canada, 2012) :

  • les mères célibataires, divorcées, séparées ou veuves,
  • les mères de race noire,
  • les familles dont le revenu du ménage est plus faible,
  • les mères qui ont un plus faible niveau d'instruction.

Pour obtenir des renseignements ou des suggestions sur la façon de renseigner les familles sur les suppléments de vitamine D, veuillez consulter : Conseils pratiques pour renseigner les familles sur l'alimentation du nourrisson.

Références

Butte, N., Lopez-Alarcon, M., & Garza, C. (2002). Nutrient adequacy of exclusive breastfeeding for the term infant during the first six months of life. Geneva: World Health Organization.

Chung, M., Balk, E.M., Brendel, M., Ip, S., Lau, J., Lee, J., Lichtenstein, A., Patel, K., Raman, G., Tatsioni, A., Terasawa, T., & Trikalinos, T.A. (2009). Vitamin D and calcium: Systematic review of health outcomes. Evidence Report/Technology Assessment No. 183. AHRQ Publication No. 09-5015, Rockville, MD: Agency for Healthcare Research and Quality.

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Les premiers aliments complémentaires devraient être riches en fer.

  • Recommander la viande, les substituts de la viande et les céréales enrichies de fer en tant que premiers aliments complémentaires.

Justification

Il est essentiel de maintenir une concentration appropriée de fer sérique pour assurer la croissance du nourrisson et son développement cognitif, neurologique, moteur et comportemental. Le fer est un nutriment essentiel au développement du cerveau. Une carence en fer peut avoir de graves effets indésirables irréversibles chez les nourrissons et les enfants (Lozoff & Georgieff, 2006; Beard, 2008).

La plupart des nourrissons nés à terme et en santé ont des réserves en fer suffisantes pour combler leurs besoins jusqu'à l'âge six mois environ (IOM, 2001; Butte, Lopez-Alarcon, & Garza, 2002; Dewey & Chaparro, 2007). Compte tenu de l'épuisement des réserves en fer à cet âge, le lait maternel ne peut plus combler à lui seul l'ensemble des besoins nutritionnels du nourrisson (Butte et al. 2002; Meinzen-Derr et al.; 2006, Dewey & Chapparo, 2007). Il est important d'offrir des aliments riches en fer, comme la viande, les substituts de la viande (p. ex. œufs, tofu, légumineuses) et les céréales pour nourrissons enrichies de fer, à partir de ce moment-là pour combler les besoins nutritionnels associés à la croissance rapide du nourrisson (ESPGHAN, 2008; Yang et al., 2009; Christofides, Schauer, & Zlotkin, 2005).

Chez certains peuples autochtones, on introduisait traditionnellement la viande et le poisson en tant que premiers aliments. La pratique courante en Amérique du Nord consistait plutôt à introduire les céréales pour nourrissons ainsi que les légumes et les fruits en tant que premiers aliments complémentaires (Friel, Hanning, Isaak, Prowse, & Miller, 2010; Dee et al., 2008; Statistique Canada, 2004). On sait que la consommation quotidienne ou fréquente d'aliments contenant du fer hémique (viande, volaille et poisson) peut contribuer considérablement à combler les besoins en fer du nourrisson (PAHO, 2003; Krebs & Hambidge, 2007). C'est pourquoi il faut offrir des aliments qui contiennent du fer aux nourrissons, au moins deux fois par jour. Ainsi, il faut leur servir chaque jour de la viande, de la volaille, du poissonou des substituts de la viande. La quantité d'aliments offerte devrait être déterminée en fonction de l'appétit de l'enfant et des signes de satiété observés (PAHO, 2003). L'allaitement maternel doit continuer à être la principale source de nutriments lors de l'introduction des autres aliments.

Références

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Il est important de surveiller régulièrement la croissance du nourrisson pour évaluer son état de santé et son état nutritionnel.

  • Utiliser les Courbes de croissance pour le Canada de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une surveillance optimale de la croissance du nourrisson.

Justification

La surveillance régulière de la croissance du nourrisson permet d'identifier certains problèmes nutritionnels ou de santé à un stade précoce, c'est-à-dire au moment où les mesures correctives se révèlent les plus efficaces. Il faut mesurer le poids, la taille et la circonférence de la tête lors de chaque consultation post natale, qu'il s'agisse de suivis systématiques du nouveau-né ou de consultations médicales dans le cas des nourrissons qui ne participent pas aux visites de suivi (Énoncé conjoint, 2010).

Les Normes de croissance de l'OMS ont été établies à partir de la croissance observée chez des nourrissons en santé allaités « vivant dans des conditions susceptibles de favoriser le développement complet de leur potentiel génétique de croissance » (WHO, 2006). Ces normes de croissance représentent le modèle normatif de croissance chez le nourrisson et le jeune enfant, peu importe l'origine ethnique et le mode d'alimentation (Énoncé conjoint, 2010).

Les Diététistes du Canada, la Société canadienne de pédiatrie, le Collège des médecins de famille du Canada et l'Association canadienne des infirmières et infirmiers en santé communautaire recommandent l'utilisation des normes de l'OMS au Canada (Énoncé conjoint, 2010). On peut se procurer les courbes de croissance, les guides d'interprétation à l'intention des professionnels de la santé ainsi que des renseignements à l'intention des parents auprès des  Diététistes du Canada et de la  Société canadienne de pédiatrie.

Pour évaluer la croissance d'un nourrisson, il faut prendre plusieurs mesures au fil du temps. Le modèle de croissance doit être interprété à la fois sur le plan clinique, développemental et comportemental; il faut aussi évaluer l'alimentation du bébé. Tous les facteurs suivants doivent être pris en considération avant de suggérer toute modification de l'alimentation ou certains examens invasifs :

  • l'âge gestationnel à la naissance (utiliser l'âge corrigé),
  • la trajectoire de croissance (le modèle de croissance),
  • le poids de naissance,
  • tout problème entourant l'allaitement,
  • l'occurrence de toute maladie aiguë ou chronique.

Références

Énoncé conjoint - Diététistes du Canada, Société canadienne de pédiatrie, Collège des médecins de famille du Canada, Association canadienne des infirmiers et infirmières en santé communautaire (2010). Promouvoir la surveillance optimale de la croissance des enfants au Canada : L'utilisation des nouvelles courbes de croissance de l'Organisation mondiale de la santé.

World Health Organization (2006). WHO Child Growth Standards -- Methods and development: Length/height-for-age, weight-for-age, weight-for-length, weight-for-height, and body mass index -for-age. Geneva: WHO.

La plupart des problèmes de santé observés chez le nourrisson ne nécessitent pas une modification de l'alimentation.

  • Expliquer qu'une modification de l'alimentation est peu ou pas efficace dans le traitement des coliques infantiles.
  • Expliquer les variations importantes de l'évacuation intestinale normale en insistant sur le fait qu'on observe rarement une véritable constipation.
  • Rassurer les gens sur le reflux gastro-œsophagien ou la « régurgitation » en expliquant qu'il s'agit d'un phénomène fréquent qui nécessite rarement un traitement.
  • Administrer une thérapie de réhydratation orale pour traiter une déshydratation légère à modérée résultant d'une gastroentérite aiguë tout en continuant l'allaitement maternel.

Justification

Certains symptômes observés chez le nourrisson pendant les six premiers mois donnent parfois lieu à des interventions inutiles pouvant compromettre l'alimentation d'un bébé allaité exclusivement. Malheureusement, de nombreuses pratiques encore utilisées dans de tels cas ne s'appuient sur aucunes données probantes et peuvent même être dangereuses. Il n'est généralement pas avantageux de modifier le mode d'alimentation du nourrisson, d'interrompre l'allaitement maternel, de le compléter par une préparation commerciale pour nourrissons ou encore de restreindre l'alimentation de la mère pour traiter de tels problèmes.

Les professionnels de la santé devraient être renseignés sur les importantes variations du comportement normal des bébés, comme la fréquence et la durée des pleurs, la régularité de l'évacuation intestinale et l'ampleur des régurgitations.

Coliques infantiles

Les coliques débutent habituellement avant l'âge de trois à quatre semaines; elles disparaissent avant l'âge de quatre mois. Les coliques entraînent de l'irritabilité, de l'agitation ou des pleurs qui se déclenchent et se terminent sans cause apparente; elles ne semblent entraîner aucun retard de croissance chez le nourrisson. On définit souvent les coliques comme des épisodes de trois heures ou plus par jour qui se manifestent au moins trois jours par semaine, pendant au moins une semaine (Hyman, Milla, Benninga, Davidson, Fleisher, & Taminiau, 2006). Selon la définition retenue, l'incidence cumulative des coliques varie entre 5 % et 19 % (Lucassen et al., 2001).

On ignore l'étiologie des coliques infantiles. Selon les hypothèses actuelles, elles auraient plusieurs causes indépendantes, notamment (Savino, 2007) :

  • l'immaturité de la fonction intestinale,
  • une altération de la perception viscérale,
  • une allergie au lait de vache (rare).

Bien que les coliques infantiles se résolvent d'elles-mêmes, elles entraînent habituellement beaucoup de stress chez les dispensateurs de soins. C'est pourquoi elles donnent souvent lieu à diverses interventions d'ordre comportemental, nutritionnel ou pharmacologique. Peu de ces interventions ont malheureusement fait l'objet d'études sérieuses.

Les professionnels de la santé devraient avant tout rassurer les dispensateurs de soins en leur expliquant que les coliques disparaissent habituellement d'elles-mêmes vers l'âge de quatre mois. Ils devraient également leur fournir des conseils et encouragements et s'assurer qu'ils disposent d'un soutien suffisant. Parmi les moyens généralement utilisés pour calmer les bébés, mentionnons les câlins, le bercement, les caresses et les massages.

Bien que les coliques semblent peu fréquemment associées à une allergie au lait de vache, certaines études ont démontré une réduction des symptômes chez une faible minorité de nourrissons allaités lorsque les mères adoptaient une alimentation hypo-allergène (Hill et al., 2005). Plusieurs de ces études n'ont toutefois pas été effectuées à l'insu des participants, les échantillons utilisés étaient de faible taille et la mesure des retombées était inadéquate. Chez les nourrissons allaités qui souffrent de coliques sévères, il peut s'avérer utile de supprimer, à titre d'essai, le lait de vache dans l'alimentation de la mère pendant une ou deux semaines. Il faut alors obtenir l'aide d'une diététiste professionnelle pour s'assurer que toutes les sources de protéines du lait de vache soient éliminées de l'alimentation de la mère et qu'elles soient remplacées par des substituts acceptables.

Il a aussi été suggéré qu'une microflore intestinale anormale pouvait entraîner l'apparition de coliques en agissant sur les acides gras de l'intestin (Savino, 2007). Bien que certaines études aient été menées sur l'utilisation d'un supplément de probiotiques pour le traitement des coliques chez le nourrisson allaité, les données probantes demeurent insuffisantes pour recommander l'utilisation de tels produits (SCP, 2011).

Constipation

Les parents expriment fréquemment des préoccupations quant aux habitudes d'évacuation intestinale du nourrisson. La fréquence d'évacuation des selles varie considérablement pendant la petite enfance. Pendant le premier ou les deux premiers jours, le nourrisson expulse du méconium, à savoir des selles vert foncé, presque noires. Les selles deviennent plus pâles par la suite. Les nourrissons allaités ont en moyenne trois (3) selles jaunes molles et grumeleuses par jour (Fontana et al., 1989). Certains bébés ont une évacuation intestinale chaque fois qu'on les nourrit. Après les quatre à six premières semaines, certains bébés en santé qui sont allaités ont parfois des selles tous les trois ou quatre jours seulement ou même moins fréquemment (Baker et al., 2006; Hyman et al., 2006).

Bien que les nourrissons allaités qui reçoivent une quantité suffisante de lait aient parfois des selles peu fréquentes, la constipation est extrêmement rare. On observe une évacuation intestinale normale même lorsque le bébé semble éprouver un malaise extrême et qu'il a le visage rouge et tendu lors de la défécation. Cette grande variation de la fréquence et de la consistance « normale » des selles chez le nourrisson est malheureusement souvent mal interprétée; elle peut entraîner un diagnostic erroné de constipation.

Pour rassurer les dispensateurs de soins à cet égard, on peut leur expliquer que l'évacuation intestinale se situe dans les limites normales lorsque le bébé a une croissance normale et qu'on n'observe aucun signe d'obstruction ou d'entérocolite (Baker et al., 2006). L'utilisation de remèdes maison, comme le jus de pruneau, le sirop de maïs ou l'eau additionnée de cassonade n'est pas recommandée chez les nourrissons de moins de six mois.

Reflux

On définit le reflux gastro-œsophagien comme le passage du contenu gastrique dans l'œsophage, avec ou sans régurgitation. Il s'agit d'un processus physiologique normal qui peut se produire plusieurs fois par jour chez un nourrisson en santé. Environ la moitié des bébés de trois à quatre mois en santé régurgitent au moins une fois par jour (Nelson, Chen, Syniar, & Kaufer Christoffel, 1997; Martin et al., 2002; Vandenplas et al., 2009).

On parle de reflux gastro-œsophagien pathologique uniquement en présence de symptômes ou complications incommodants (Vandenplas et al., 2009). La plupart des nourrissons qui régurgitent ne présentent aucun symptôme ou complication; ils ne nécessitent aucun traitement. Il suffit de renseigner les parents à cet égard pour les rassurer. Il ne faut surtout pas interrompre l'allaitement maternel en cas de régurgitation. Lorsqu'on soupçonne un reflux pathologique chez un nourrisson, il faut le référer à un médecin expérimenté en matière de diagnostic et de traitement.

Gastroentérite aiguë

On définit généralement la gastroentérite aiguë comme une diarrhée, c.-à-d. un ramollissement des selles (selles très molles ou liquides) et/ou une augmentation de la fréquence d'évacuation, accompagnée ou non de fièvre ou de vomissements (Guarino et al., 2008). Au Canada, la gastroentérite aiguë est habituellement liée à une infection virale; le rotavirus étant la cause la plus courante de gastroentérite sévère. L'allaitement maternel réduit le risque d'infections gastro-intestinales chez le nourrisson (Guarino et al., 2008; Ip et al., 2007).

La déshydratation est la principale préoccupation clinique entourant la gastroentérite aiguë. Le niveau de déshydratation reflète souvent la gravité de la maladie. Il faut commencer une thérapie de  réhydratation par voie oraleaussitôt que possible en cas de déshydratation légère à modérée (SCP, 2006). Il faut poursuivre l'allaitement maternel pendant la thérapie de réhydratation puisqu'il a été démontré que celui-ci réduisait la gravité et la durée de la diarrhée entraînée par le rotavirus (Guarino et al., 2008; Khin et al., 1985; Haffejee, 1990).

Les nourrissons atteints de déshydratation grave doivent recevoir une réhydratation intraveineuse en milieu hospitalier.

Références

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L'allaitement maternel est rarement contre-indiqué.

  • Recommander une solution de rechange acceptable à l'allaitement maternel chez les mères infectées par le VIH.
  • Expliquer que la plupart des médicaments sont compatibles avec l'allaitement maternel. Adopter une approche cas par cas chez les mères qui prennent des médicaments ou des drogues.

Justification

La galactosémie est l'un des rares cas où le nourrisson ne peut pas tolérer le lait maternel (WHO/UNICEF, 2009a).

Il existe aussi quelques rares situations où la mère ne peut pas ou ne devrait pas allaiter, notamment :

  • lorsqu'elle est infectée par le VIH,
  • lorsqu'elle a des lésions dues à l'herpès sur les deux seins,
  • lorsqu'elle est atteinte d'une tuberculose infectieuse non traitée,
  • lorsqu'elle est atteinte d'une maladie grave qui l'empêche de prendre soin de son bébé (WHO/UNICEF, 2009a).

Une interruption complète ou temporaire de l'allaitement maternel peut être indiquée dans des situations particulières, par exemple lorsque la mère utilise certains médicaments ou reçoit certains traitements. Les mères doivent recevoir le soutien nécessaire pour maintenir leur production de lait pendant une interruption temporaire de l'allaitement.

Infections chez la mère

Le VIH peut être transmis d'une mère infectée à son bébé pendant l'allaitement maternel (WHO, 2008). Le risque de transmission du VIH persiste aussi longtemps que le nourrisson est allaité (WHO, 2009). À l'heure actuelle, on recommande d'éviter l'allaitement maternel, même lorsqu'une mère séropositive reçoit une thérapie antirétrovirale. Cette recommandation va dans le sens de celle de l'OMS dans les pays où des substituts acceptables du lait maternel sont disponibles (WHO, 2009). Le counseling sur les risques de transmission du VIH pendant la grossesse et l'allaitement est une composante importante des soins prénataux précoces (Lawrence & Lawrence, 2001).

Bien que la tuberculose soit rarement transmise par le lait maternel, elle peut être transmise par une exposition aux expectorations de la mère ou d'un autre dispensateur de soins infecté (Comité sur les maladies infectieuses et l'immunisation, 2006). L'herpès peut être transmis à partir de lésions sur les seins qui pourraient être en contact avec la bouche du bébé (WHO/UNICEF, 2009). L'hépatite C n'est pas transmise par le lait maternel; elle peut toutefois être transmise en cas de fissures ou de saignement des mamelons (CDC, 2009; Comité sur les maladies infectieuses et l'immunisation, 2006).

Même si on retrouve parfois le virus de l'hépatite B dans le lait maternel, on n'a jamais rapporté de transmission par cette voie. Il est donc sécuritaire de recommander l'allaitement maternel dans de tels cas (Shi et al., 2011; CDC, 2009; Comité sur les maladies infectieuses et l'immunisation, 2006).

Médicaments et drogues illicites

La plupart des médicaments sur ordonnance dont les antibiotiques et la plupart des médicaments pour le diabète ainsi que certains médicaments en vente libre, comme l'acétaminophène, sont compatibles avec l'allaitement parce qu'ils sont très peu excrétés dans le lait maternel (Briggs, Freeman, & Yaffe, 2011; Feig, Briggs, & Koren, 2007; Hale, 2010). Ces médicaments sont habituellement considérés bénins chez le nourrisson d'un point de vue pharmacocinétique (AAP Committee on Drugs, 2001).

Il faut parfois interrompre l'allaitement, du moins temporairement, lorsque la mère prend certains médicaments ou reçoit certaines thérapies, comme des antimétabolites, des médicaments de chimiothérapie ou des isotopes radioactifs, faute de traitements plus sécuritaires (Briggs et al., 2011; AAP Committee on Drugs, 2001; Hale, 2010; Koren & Lishner, 2011).

Les produits de santé naturels (PSN) et les remèdes à base de plantes contiennent parfois des substances pharmacologiques actives. Les femmes qui allaitent doivent prendre toutes les précautions nécessaires lorsqu'elles utilisent de tels produits. On peut consulter le Compendium des monographies des PSN de Santé Canada pour vérifier les mises en garde entourant certaines substances.

Il faut avertir les femmes des dangers associés à la consommation de drogues illicites pendant la grossesse et l'allaitement et leur fournir le soutien nécessaire à leur abstinence. Les drogues illicites peuvent avoir des effets néfastes chez le nourrisson allaité et aussi entraver la capacité de la mère de s'occuper de son bébé. Lorsque la mère est incapable d'interrompre sa consommation de drogues ou choisit de ne pas le faire, il faut lui expliquer l'importance de l'allaitement maternel et les risques associés à la consommation de drogues, en fonction de sa situation personnelle.

Le site Web  Motherisk (en anglais seulement) et le site Web du  Centre IMAGe sont d'autres sources de renseignements utiles sur le transfert des médicaments et des produits de santé naturels dans le lait maternel et les effets potentiels de ceux-ci sur la production de lait et la santé du nourrisson. Veuillez consulter la  Base de données sur les produits pharmaceutiques de Santé Canada pour obtenir des monographies détaillées des produits.

Pour obtenir des conseils sur la façon de parler aux mères du tabagisme et de la consommation d'alcool, veuillez consulter la section Conseils pratiques pour renseigner les familles sur l'alimentation du nourrisson.

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WHO. (2009). HIV and infant feeding - Revised principles and recommendations - Rapid Advice. Geneva: World Health Organization.

Recommandations sur l'utilisation des substituts du lait maternel

Dans les cas où la mère ne peut pas pratiquer l'allaitement exclusif, il faut offrir du soutien aux parents ou dispensateurs de soins pour s'assurer du bien-être nutritionnel du nourrisson. Il faut également leur fournir des renseignements appropriés sur les substituts du lait maternel.

Lorsque l'allaitement au sein se révèle impossible, l'offre de lait maternel provenant de la mère du nourrisson représente le meilleur choix. Dans les cas où le nourrisson est partiellement allaité, il est important d'offrir du soutien à la mère pour l'aider à maintenir ou améliorer sa production de lait.

Chez les nourrissons qui ne peuvent pas ou ne devraient pas recevoir le lait de leur mère, le lait humain pasteurisé provenant de donneuses soigneusement sélectionnéeset les préparations commerciales pour nourrissons représentent des solutions acceptables. Les options varieront selon les circonstances individuelles.

Le lait maternel provenant de donneuses soigneusement sélectionnées doit être recueilli, pasteurisé et entreposéde façon appropriée. La seule façon de s'en assurer consiste à se procurer le lait maternel auprès d'une banque de lait respectant les lignes directrices de la Human Milk Bank Association of North America. L'accès à ce type de lait est actuellement limité au Canada. Les nourrissons hospitalisés qui devraient en retirer les plus grands bienfaits ont la priorité absolue à cet égard (SCP, 2010). Malgré l'accès limité aux banques de lait humain, le présent énoncé ne recommande pas la distribution ou l'utilisation de lait humain non traité et n'ayant pas fait l'objet d'un dépistage (Santé Canada, 2010a).

Les préparations commerciales pour nourrissons représentent parfois le meilleur choix pratique lorsqu'un bébé ne peut pas être allaité exclusivement par sa mère. Il faut choisir le type de préparation en fonction du nourrisson. Il faut en outre préparer et entreposer celle-ci de façon à réduire le risque de maladies pouvant résulter d'une prolifération bactérienne.

  • Recommander une préparation commerciale pour nourrissons à base de lait de vache chez les nourrissons qui ne sont pas allaités exclusivement. L'utilisation de préparations pour nourrissons à base de soya est indiquée chez les nourrissons atteints de galactosémie et ceux qui ne peuvent pas consommer de produits à base de lait de vache pour des motifs d'ordre culturel ou religieux.
  • Recommander une préparation pour nourrissons à usage médical spécifique uniquement dans les cas de pathologie présumée ou confirmée chez le nourrisson.
  • Déconseiller l'utilisation de préparations maison à base de lait évaporé. Il faut éviter de donner du lait de vache, du lait de chèvre, des boissons de soya, des boissons de riz ou tout autre type de boissons aux jeunes enfants.
  • Expliquer comment préparer et entreposer adéquatement les préparations pour nourrissons pour réduire le risque d'infections bactériennes.
  • Avertir les parents des risques de suffocation lorsqu'un nourrisson est laissé sans surveillance pour se nourrir. Expliquer les dangers entourant l'installation d'un biberon pour que le bébé boive tout seul.

Contexte

La composition nutritionnelle et l'étiquetage de toutes les préparations pour nourrissons vendues au Canada sont réglementés en vertu du Règlement sur les aliments et drogues.  Dans ce Règlement, on utilise « préparation pour nourrissons » en tant que nom usuel d'un succédané de lait humain ou d'un succédané de lait humain nouveau. Ces préparations sont conçues pour répondre aux besoins nutritionnels reconnus du nourrisson né à terme et en santé. Le règlement restreint l'usage des additifs alimentaires dans ces produits.

Les préparations pour nourrissons contiennent parfois un certain nombre de substances nutritives, comme les nucléotides, qui ne sont pas exigées en vertu du Règlement sur les aliments et drogues. Bien qu'on retrouve ces substances dans le lait maternel, on ne peut affirmer qu'elles sont essentielles compte tenu du manque de données probantes. Les allégations entourant les bienfaits de telles substances pour la santé doivent s'appuyer sur des preuves scientifiques acceptables.

Toutes les nouvelles préparations pour nourrissons, de même que celles dont la formulation, le processus de transformation ou l'emballage ont été modifiés, sont soumises à une notification avant leur mise en marché. Les fabricants doivent transmettre les renseignements entourant la formulation du produit, la liste des ingrédients, le processus de transformation, l'emballage et l'étiquetage à Santé Canada pour examen. Ils doivent aussi soumettre les données probantes à l'effet que la composition nutritionnelle de la préparation favorise la croissance et le développement.

Contenu de la présente section :

Préparations commerciales pour nourrissons à base de lait de vache

Les préparations commerciales pour nourrissons à base de lait de vache sont la norme d'alimentation reconnue chez le nourrisson né à terme et en santé qui n'est pas allaité exclusivement. Celles-ci peuvent contenir l'ensemble des protéines du lait, une combinaison de caséine et de protéines du lactosérum ou seulement l'un de ces types de protéines. Une partie des protéines ou l'ensemble de celles-ci peuvent avoir été hydrolysées (c.-à-d. transformées en chaînes plus courtes de peptides).

Teneur en fer des préparations pour nourrissons

On offre actuellement sur le marché des préparations pour nourrissons à base de lait de vache qui contiennent de 0,4 à 1,3 mg de fer par 100 mL. Il faut parfois recommander les préparations ayant la teneur la plus élevée en fer chez les nourrissons à risque de carence en fer (ESPGHAN, 2005).

Préparations sans lactose à base de protéines du lait de vache

Chez le nourrisson né à terme et en santé, les préparations sans lactose ne comportent aucun avantage par rapport aux préparations ordinaires à base de lait de vache.

Même en présence de gastroentérite aiguë, on peut continuer à utiliser les préparations ordinaires à base de lait de vache puisqu'on observe habituellement une digestion et une absorption suffisantes du lactose (American Academy of Paediatrics, 2006).

Dans les préparations sans lactose, le lactose est remplacé par des polymères du glucose, habituellement des solides du sirop de maïs. Les préparations sans lactose à base de lait de vache contiennent toutefois de faibles quantités de lactose résiduel (un disaccharide contenant du glucose et du galactose). C'est pourquoi elles sont contre-indiquées chez les nourrissons atteints de galactosémie. Elles ne sont pas recommandées non plus chez les nourrissons atteints de déficience congénitale en lactase, une affection rare qui se traduit par une diarrhée incontrôlable à la suite d'une consommation de lait humain ou de préparations pour nourrissons contenant du lactose. Les préparations sans lactose à base de soya sont les seules préparations indiquées chez les nourrissons atteints de galactosémie ou de déficience congénitale en lactase.

Les préparations sans lactose à base de protéines du lait de vache ne conviennent pas non plus aux nourrissons atteints d'allergie confirmée aux protéines du lait de vache. Elles sont inefficaces dans le traitement des coliques infantiles.

Préparations pour nourrissons à base de protéines du lait de vache partiellement hydrolysées

Un certain nombre de préparations pour nourrissons contiennent des protéines partiellement hydrolysées. Certaines préparations contiennent une combinaison de protéines partiellement hydrolysées et de protéines intactes. On dispose actuellement de peu de données démontrant un avantage quelconque sur le système digestif du nourrisson des préparations contenant des hydrolysats de protéines par rapport aux préparations ordinaires à base de protéines du lait de vache.

Le bienfait potentiel des préparations contenant uniquement des protéines partiellement hydrolysées réside dans la réduction du risque de réaction allergique aux protéines entières du lait de vache (AAP, 2008a). Il faut toutefois avertir les parents de lire soigneusement la liste des ingrédients affichée sur les étiquettes puisque certaines de ces préparations contiennent aussi des protéines complètes (intactes) du lait de vache. Il faut éviter d'utiliser ces préparations pour traiter une allergie aux protéines du lait de vache.

Préparations pour nourrissons épaissies

Des préparations pour nourrissons légèrement épaissies avec de l'amidon de riz sont offertes sur le marché. On indique parfois sur les étiquettes que ces produits sont destinés aux bébés qui régurgitent fréquemment. Il est important de noter que la régurgitation est un phénomène normal chez le nourrisson et qu'elle entraîne rarement des problèmes de santé, comme un retard de croissance. Une évaluation plus approfondie s'impose lorsque la régurgitation persiste ou s'aggrave.

Il n'est pas recommandé d'épaissir les préparations pour nourrissons avec des céréales de riz lors de la préparation à la maison (O'Connor, 2009). Cette pratique augmente considérablement la densité calorique de l'alimentation, ce qui peut entraîner un gain de poids indésirable. On ignore en outre les effets d'une introduction précoce des protéines de riz chez les nourrissons.

L'utilisation de préparations épaissies, qu'il s'agisse de préparations commerciales ou de préparations maison, ne réduit pas significativement la fréquence des symptômes chez les nourrissons atteints de reflux grave, comme le reflux gastro-œsophagien pathologique (Vandenplas et al., 2009).

Teneur en acides gras essentiels des préparations pour nourrissons

L'ajout d'acides gras DHA et ARA aux préparations pour nourrissons n'est pas obligatoire à l'heure actuelle au Canada. Ces ingrédients peuvent toutefois être ajoutés à titre facultatif. On retrouve fréquemment sur le marché des préparations contenant des acides gras DHA et ARA.

Les préparations pour nourrissons doivent contenir des quantités appropriées d'acide linoléique (oméga-6) et d'acide alpha-linolénique (oméga-3). Ces acides gras essentiels sont les précurseurs des acides gras polyinsaturés à longue chaîne ARA (oméga-6) et DHA (oméga-3). Des questions persistent quant à la capacité du nourrisson de convertir l'acide linoléique et l'acide alpha-linolénique en dérivés à longue chaîne (Hoffman et al., 2000). Les acides gras DHA et ARA qui sont ajoutés aux préparations pour nourrissons proviennent d'huiles d'algues et de champignons dont l'innocuité a été évaluée par Santé Canada (Santé Canada, 2003). Les données entourant les bénéfices de l'ajout de DHA et d'ARA aux préparations destinées aux nourrissons nés à terme et en santé demeurent non concluantes (Simmer, Patole, & Rao, 2011).

Nucléotides

Certaines préparations pour nourrissons offertes sur le marché contiennent des nucléotides ajoutés. La concentration en nucléotides de ces produits s'appuie sur celle du lait maternel. On ne dispose toutefois pas de données suffisantes quant aux bienfaits de ces nucléotides sur la santé du nourrisson humain. (ESPGHAN, 2005).

Microorganismes vivants

L'ajout de microorganismes vivants aux préparations pour nourrissons est autorisé au Canada pourvu que leur innocuité ait été démontrée chez le nourrisson. Cet ajout vise à reproduire les effets du lait maternel sur le système gastro-intestinal du nourrisson. De nouvelles études s'imposent toutefois sur les bienfaits cliniques à long terme des préparations pour nourrissons enrichies de microorganismes vivants (Lee & Seppo, 2009).

Préparations commerciales pour nourrissons à base de soya

Les préparations commerciales pour nourrissons à base de lait de vache sont recommandées chez les bébés qui ne sont pas allaités exclusivement. Les préparations pour nourrissons à base de soya sont indiquées chez les nourrissons atteints de galactosémie et ceux qui ne peuvent pas consommer de produits à base de lait de vache pour des motifs d'ordre culturel ou religieux. La Société canadienne de pédiatrie recommande l'utilisation de préparations à base de protéines ultra-hydrolysées chez les nourrissons alimentés à partir d'une préparation commerciale qui souffrent d'une allergie aux protéines du lait de vache (SCP, 2009). On peut considérer l'utilisation de préparations pour nourrissons à base de protéines de soya après avoir éliminé un diagnostic d'allergie non IgE-médiée aux protéines du lait de vache (SCP, 2009).

Il a été démontré que les préparations pour nourrissons à base de protéines de soya offertes à l'heure actuelle sur le marché favorisent une croissance normale et un état nutritionnel satisfaisant pendant la première année. Aucune toxicité n'a été observée chez les bébés en santé nourris exclusivement à partir de celles-ci (Comité de nutrition, SCP 2009; Badger et al. 2009). Selon l'American Academy of Pediatrics, aucune étude effectuée jusqu'à maintenant chez les animaux ou les humains n'a démontré un effet indésirable quelconque des isoflavones alimentaires contenues dans le soya sur le développement, la reproduction ou la fonction endocrinienne chez les humains (AAP, 2008b). Le National Toxicology Program, Board of Scientific Counsellors a conclu que les effets indésirables sur le développement des humains des isoflavones Çstrogéniques (phyto-estrogènes) contenues dans les préparations pour nourrissons à base de soya sont minimes. Les données probantes provenant d'études chez les humains demeurent toutefois insuffisantes pour en arriver à une conclusion quant aux effets indésirables potentiels des phyto-estrogènes (National Toxicology Program, 2009).

Préparations à usage médical spécifique

Certaines préparations pour nourrissons doivent être utilisées uniquement sous supervision médicale. Parmi celles-ci, on retrouve des préparations conçues pour le traitement diététique de certains problèmes de santé, comme l'amino-acidurie et les syndromes de malabsorption sévère, ainsi que des préparations destinées aux nourrissons prématurés. Ces préparations ne sont habituellement pas offertes sur le marché de détail. Étant donné que ces produits ne visent pas le nourrisson né à terme et en santé, ils dépassent la portée du présent énoncé.

On retrouve parfois sur le marché de détail des préparations qui doivent être utilisées chez les nourrissons prématurés à leur sortie de l'hôpital. Il faut avertir les parents que de telles préparations ne conviennent pas aux nourrissons nés à terme et en santé.

Préparations pour nourrissons à base de protéines ultra-hydrolysées

On retrouve habituellement sur le marché de détail des préparations pour nourrissons à base de protéines ultra-hydrolysées. Celles-ci sont destinées aux nourrissons qui souffrent d'allergies alimentaires ou de syndromes de malabsorption confirmés par un médecin ou qui ne tolèrent pas les préparations à base de protéines intactes du lait de vache ou de protéines de soya. Dans ce type de préparations, la plupart des protéines ont été transformées en courtes chaînes de peptides ou en acides aminés. On utilise actuellement la caséine en tant que source de protéines.

On dispose de quelques données probantes à l'effet que les préparations contenant des protéines ultra-hydrolysées peuvent mieux prévenir ou retarder l'apparition de la dermatite atopique pendant la petite enfance chez les bébés à risque élevé de maladies atopiques comparativement aux préparations contenant des protéines intactes du lait de vache (AAP, 2008a). De nouvelles recherches s'imposent toutefois pour vérifier si ce bienfait persiste au-delà de la petite enfance (AAP, 2008a).

Les préparations à base de protéines ultra-hydrolysées provoquent parfois des réactions allergiques chez des nourrissons très allergiques. On peut recommander l'utilisation de préparations à base d'acides aminées chez ces nourrissons (Hill, Cameron, Francis, Gonzalez-Andaza, & Hosking, 1995; Saylor & Bahna, 1991).

Autres types de lait

Le lait de vache et le lait des autres animaux, y compris le lait de chèvre, ne sont pas considérés comme des substituts acceptables du lait maternel chez le nourrisson (WHO, 2009). La composition du lait de vache et celle du lait de chèvre diffèrent considérablement de la composition du lait humain quant aux éléments suivants :

  • ils ont une faible teneur en fer,
  • ils ont une faible teneur en acides gras essentiels et autres nutriments essentiels,
  • ils contiennent des types de protéines moins digestibles,
  • ils ont une charge rénale élevée en solutés.

Chez les nourrissons de moins de six mois, l'utilisation de lait de vache est associée à une perte de sang occulte dans les selles qui peut entraîner une anémie ferriprive (Christofides, Schauer, & Zlotkin, 2005).

Il ne faut jamais offrir du lait de vache ou du lait chèvre non pasteurisé (lait cru) aux jeunes enfants en raison du risque d'intoxication alimentaire à partir de certains pathogènes, comme Salmonella, Escherichia coli, Campylobacter et Listeria monocytogenes (Santé Canada, 2010b; Comité sur les maladies infectieuses et l'immunisation, 2008).

Les préparations pour nourrissons maison, fabriquées à partir de lait en conserve, de lait évaporé ou de lait entier (de vache ou de chèvre) ne sont pas recommandées en tant que substituts du lait maternel en raison de leurs lacunes sur le plan nutritionnel (Briend, 2006; WHO, 2009). De telles préparations ne devraient être utilisées qu'en cas d'urgence et à court terme. Il faut en outre s'assurer de les préparer de façon sécuritaire en respectant les normes établies par l'OMS dans son document intitulé L’alimentation infantile dans les situations d’urgence (OMS 2007).

Les boissons de soya ou de riz et les autres boissons végétariennes, même enrichies, ne sont pas des substituts acceptables du lait maternel parce qu'elles ne contiennent pas tous les nutriments nécessaires aux nourrissons. La consommation de ces boissons peut entraîner un retard de croissance pendant la petite enfance (Tierney et al., 2010).

Préparation et entreposage sécuritaires

Les nourrissons sont vulnérables aux intoxications alimentaires. Il est très important de préparer et d'entreposer adéquatement les préparations pour nourrissons afin de réduire le risque d'infections. On recommande de stériliser tout l'équipement servant à l'alimentation. Il faut expliquer aux parents et aux dispensateurs de soins comment :

  • Nettoyer les comptoirs de cuisine et se laver soigneusement les mains avec du savon et de l'eau chaude.
  • Laver soigneusement les biberons, tétines, couvercles, pinces, tasses à mesurer ou autres contenants.
  • Stériliser l'équipement préalablement lavé en le faisant bouillir dans une casserole pendant deux minutes, puis en le laissant sécher et refroidir à l'air libre (Santé Canada, 2010c).
  • Éviter la contamination croisée à partir d'autres aliments préparés dans la cuisine.

Préparations liquides

Les préparations liquides pour nourrissons sont stérilisées par un traitement à la chaleur. Elles sont offertes sous forme prête-à-servir ou concentrée liquide. Les préparations prêtes-à-servir représentent le choix le plus sécuritaire chez les nourrissons à risque plus élevé qui reçoivent une préparation commerciale, comme ceux qui avaient un faible poids de naissance et ceux qui sont atteints de troubles immunitaires. Bien que les préparations liquides soient stériles, il est important que les parents et les dispensateurs de soins respectent les directives du fabricant lors de leur préparation et entreposage, et qu'ils évitent toute contamination croisée.

Les boîtes de conserve contenant une préparation liquide pour nourrissons doivent être couvertes après leur ouverture et placées immédiatement au réfrigérateur.

Il faut reconstituer les préparations liquides concentrées en leur ajoutant de l'eau selon les directives du fabricant.

Préparations en poudre

Les préparations en poudre pour nourrissons ne sont pas stériles. Elles ont été associées à des éclosions de Cronobacter sakazakii et de Salmonella enterica, surtout chez les nourrissons à risque élevé (WHO, 2006). On peut utiliser ces produits dans les cas où les préparations liquides ne sont pas disponibles ou accessibles; il faut toutefois s'assurer de les préparer adéquatement.

Il faut expliquer ce qui suit aux parents ou dispensateurs de soins :

  • Il est sécuritaire de mélanger la préparation en poudre avec de l'eau bouilliequi a été refroidie à la température de la pièce (25oC) pourvu qu'on l'utilise immédiatement (Santé Canada, 2010c).
  • Il faut respecter les Recommandations sur la préparation et la manipulation des préparations en poudre pour nourrissons (Santé Canada, 2010c).Il est recommandé de mélanger la poudre avec de l'eau très chaude (bouillie et refroidie à 70°C au maximum) pour détruire toutes les bactéries pathogènes. Le mélange ainsi préparé peut être conservé jusqu'à 24 heures au réfrigérateur. Il se conserve au maximum deux heures hors du réfrigérateur; il faut jeter tous les restes une fois que le bébé a fini de boire.

Eau

On peut utiliser l'eau du robinet offerte dans les municipalités ou de l'eau commerciale embouteillée (sauf l'eau gazéifiée et l'eau minérale) pour reconstituer les préparations en poudre pour nourrissons et les préparations liquides concentrées. L'utilisation d'eau distillée n'est pas indiquée.

On peut reconstituer les préparations liquides et les préparations en poudre pour nourrissons avec l'eau du robinet fluorée. Il faut toutefois conseiller l'utilisation d'une source d'eau potable ayant une plus faible concentration de fluorure lorsque les familles vivent dans des régions où la concentration de fluorure de l'eau est naturellement élevée (supérieure à la recommandation de 1,5 mg/L).

On peut aussi utiliser de l'eau de puits pourvu que celle-ci soit testée régulièrement pour s'assurer du respect des normes de sécurité. Il faut toutefois vérifier la concentration de nitrate pour s'assurer qu'elle soit inférieure à 45 mg/L (ou 10 mg/L de concentration nitrate-azote) pour prévenir les problèmes de santé chez les enfants.

L'eau du robinet, l'eau de puits et l'eau commerciale embouteillée ne sont pas stériles. Dans le cas des nourrissons, l'utilisation d'un appareil domestique de traitement des eaux ne remplace pas la stérilisation. Pour s'assurer de l'innocuité de l'eau et de l'absence de pathogènes, il faut expliquer aux parents et aux dispensateurs de soins qu'ils doivent :

  1. Utiliser l'eau froide du robinet. L'eau chaude contient parfois un taux plus élevé de contaminants métalliques provenant des tuyaux, comme le plomb.
  2. Faire bouillir l'eau à grande ébullition.
  3. Poursuivre l'ébullition pendant deux (2) minutes.
  4. Laisser refroidir l'eau.

Pour obtenir des directives détaillées à l'intention des parents et des dispensateurs de soins sur la manipulation sécuritaire des préparations pour nourrissons, consultez le site Web Canadiens en santé.

Supervision du nourrisson pendant l'alimentation

L'allaitement maternel permet à la fois un contact étroit, « peau à peau » avec le nourrisson et une attention constante à celui-ci. Il faut encourager ce même type de contact chez les nourrissons qui ne sont pas allaités.

Aussi bien les nourrissons qui reçoivent une préparation commerciale que ceux qui sont allaités doivent être nourris à la demande, c'est-à-dire en fonction de leur appétit et en respectant leurs signes de satiété. Il ne faut jamais encourager un bébé à terminer son biberon (Institute of Medicine, 2011).

Il faut toujours surveiller un bébé qui boit au biberon ou à la tasse. Il faut décourager fermement la pratique d'installer le biberon pour que le bébé boive tout seul, sans surveillance. Cette pratique comporte un danger de suffocation ou d'aspiration puisque le lait peut alors s'écouler trop rapidement dans la bouche du nourrisson. Elle augmente en outre le risque de suralimentation étant donné que le bébé ne peut pas arrêter lui-même de boire (Institute of Medicine, 2011). Il est toujours souhaitable de prendre le bébé dans les bras pour le nourrir, même lorsqu'il est plus âgé et qu'il peut tenir lui-même son biberon. Il faut décourager l'utilisation d'un biberon pour calmer le bébé, surtout à l'heure du coucher, compte tenu du risque de « syndrome du biberon » et de carie de la petite enfance (Santé Canada, 2009).

Références

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Conseils pratiques pour renseigner les familles sur l'alimentation du nourrisson

Pourquoi l'allaitement à la demande du nourrisson (aussi appelé allaitement « selon les signaux émis par le nourrisson ») est-il important ?

L'allaitement maternel est un système d'offre et de demande. Pour assurer une bonne production de lait et un débit normal du lait, il faut allaiter selon les signaux qu'émet le nourrisson. C'est pourquoi il faut éviter d'établir des horaires, de restreindre ou de retarder les tétées (Kent et al., 2006). L'allaitement à la demande a pour but de permettre à la mère de reconnaître les signes de l'appétit, de la faim et de la satiété chez le nourrisson et d'y répondre adéquatement. Parmi les signes de la faim, mentionnons l'agitation, des mouvements de recherche du sein et une succion de la main.

Les bébés qui sont nourris lorsqu'ils ont faim et qui tètent efficacement reçoivent les nutriments nécessaires à une croissance satisfaisante. L'allaitement maternel à la demande du nourrisson encourage l'autocontrôle chez le nourrisson, contrairement à l'alimentation au biberon. Il peut prévenir une tendance à la suralimentation plus tard pendant l'enfance (Li, Fein, & Grummer-Strawn, 2010).

Comment puis-je rassurer les parents sur le fait qu'un bébé allaité est bien nourri et qu'il a une croissance normale ?

Les parents ont besoin d'être rassurés sur le fait que l'allaitement maternel est satisfaisant et que la croissance du bébé est normale. Bien que la raison la plus couramment évoquée par les mères pour arrêter l'allaitement maternel soit le « manque de lait » (Santé Canada, 2012), on constate rarement une production insuffisante de lait. Dans la plupart des cas, le manque de lait relève plus de la perception que de la réalité (Gatti 2008; Lewallen et al., 2006; Thulier & Mercer, 2009).

Les nouveau-nés subissent une perte poids normale, suivie d'un regain de poids, pendant les deux premières semaines (Macdonald, Ross, Grant, & Young, 2003). Un professionnel compétent, comme une infirmière en santé maternelle et infantile ou en santé publique, une sage-femme ou une consultante agréée par l'International Board of Lactation Consultant Examiners peut observer la tétée pendant cette période initiale pour vérifier si le bébé prend bien le sein ainsi que la présence de certains problèmes présumés.

Après les premières semaines, lorsque le bébé atteint de nouveau son poids de naissance, un gain de poids régulier est un bon indicateur d'un apport de lait approprié. On s'attend à un gain de poids d'environ 0,6 à 1,4 kg par mois pendant les trois premiers mois (OMS, 2011). Le rythme du gain de poids ralentit entre trois et six mois : il est alors d'environ 0,3 à 0,8 kg par mois.

Le gain de poids varie d'un bébé à l'autre. Pour évaluer la croissance d'un nourrisson, il faut vérifier son modèle de croissance et son positionnement dans les courbes de croissance.

Comment la mère peut-elle maintenir sa production de lait lorsqu'elle doit interrompre temporairement l'allaitement maternel en raison d'une maladie ou d'un traitement ?

Lors d'une interruption temporaire de l'allaitement, la mère peut exprimer son lait manuellement ou à l'aide d'un tire-lait, de six à huit fois par jour. Il ne faut jamais attendre plus de quatre à six heures avant d'exprimer le lait. L'expression du lait prévient l'engorgement des seins tout en maintenant la production de lait (Riordan & Wambach, 2010). La mère pourra reprendre l'allaitement maternel aussitôt qu'elle sera prête à le faire.

Quels conseils en matière d'alimentation puis-je offrir à une mère qui allaite?

La qualité de l'alimentation de la mère est importante pour sa propre santé et son niveau d'énergie. Les fluctuations de la qualité de l'alimentation d'un jour à l'autre n'ont toutefois pas d'influence sur la production de lait et peu d'influence sur la composition du lait en ce qui a trait à la plupart des nutriments. La composition du lait dépend surtout des réserves nutritionnelles de la mère (Riordan & Wambach, 2010). La mère qui allaite doit augmenter son apport de nutriments pour maintenir ses réserves; elle doit aussi boire suffisamment pour étancher sa soif. Dans la plupart des cas, les besoins nutritionnels de la mère peuvent être comblés par une alimentation équilibrée, c'est-à-dire en suivant les conseils nutritionnels pour soutenir l’allaitement.

Il faut décourager le recours à des régimes amaigrissants sévères étant donné qu'une perte de poids rapide peut réduire la production de lait chez la mère (Riordan & Wambach, 2010).

Il n'a pas été démontré qu'une restriction des allergènes alimentaires courants chez la mère qui allaite prévenait les allergies alimentaires chez le nourrisson à risque élevé d'atopie. Une telle restriction n'est donc pas recommandée (AAP, 2008; ESPGHAN, 2008; SP-EAACI, 2008).

Comment puis-je renseigner les femmes enceintes et les nouvelles mamans sur l'allaitement maternel et les soutenir à cet égard dans les différentes occasions d'échange ?

Auprès des futurs parents : Examinez les attitudes, les valeurs et les croyances des futurs parents quant à l'allaitement maternel. L'attitude des professionnels de la santé envers l'allaitement est aussi très importante. Des attitudes contradictoires, non favorables ou même neutres envers l'allaitement maternel chez des professionnels de la santé ont été associées négativement à la durée de l'allaitement maternel (Thulier & Mercer, 2009). Discutez des préoccupations des futurs parents; rectifiez toute information erronée de façon à favoriser des décisions éclairées relativement à l'alimentation du nourrisson.

Lors de la première consultation prénatale : Demandez aux femmes enceintes si elles ont l'intention d'allaiter en leur posant des questions ouvertes du type « Que savez-vous au sujet de l'allaitement maternel ? ». Fournissez-leur des renseignements imprimés 10 bonnes raisons d'allaiter votre bébé, sur l'importance de l'allaitement maternel pour la mère et le bébé. Examinez les attitudes et les croyances des femmes qui n'ont pas l'intention d'allaiter; expliquez-leur l'importance de l'allaitement maternel, même pendant une courte période.

Au moment de la naissance : Assurez-vous que le nouveau-né soit en contact peau à peau avec sa mère pendant au moins une heure. Facilitez la cohabitation du nourrisson et de la mère. Encouragez la mère à nourrir son bébé à la demande, exclusivement au sein, sans restrictions, et à ne lui donner aucun autre type d'aliment, à moins d'indication médicale.

Avant le retour à la maison : Assurez-vous que les parents comprennent bien comment nourrir leur bébé et qu'ils reçoivent des renseignements imprimés,  Dix conseils utiles pour réussir l'allaitement maternel notamment sur les signes démontrant que leur bébé se nourrit bien et que sa croissance est normale. Renseignez-les sur les ressources communautaires existantes en matière d'allaitement maternel. Expliquez aux mères que l'utilisation de biberons ou de suces peut nuire à l'amorce de l'allaitement maternel. Favorisez leur accès à certaines ressources offertes dans la communauté, comme le soutien par des pairs ou des consultantes agréées par l'International Board of Lactation Consultant Examiners.

Lors de la première consultation post-partum de la mère : Demandez à un praticien spécialisé en allaitement d'observer une tétée. Expliquez à la mère les poussées normales de croissance chez le bébé, l'augmentation correspondante de la demande de lait maternel et les situations où elle devrait demander un soutien accru en matière d'allaitement ou de l'aide médicale.

Quels sont les types de soutien importants chez les femmes qui allaitent et leurs familles ?

Soutien spécialisé de la part d'une combinaison de professionnels, de pairs ou d'autres personnes ayant reçu une formation à cet égard : Ce type de soutien favorise la transition entre l'hôpital et les services communautaires chez les mères qui allaitent et leurs bébés (Thulier & Mercer, 2009; Wijndaele, Lakshman, Landsbaugh, Ong, & Ogilvie, 2009; Britton, McCormick, Renfrew, Wade, & King, 2007).

Groupes de soutien par les pairs et les réseaux communautaires : La Ligue La Leche, entre autres, fournit l'occasion aux mères et aux familles de partager leurs pratiques et leurs expériences entourant l'allaitement maternel. De tels réseaux permettent aux mères d'améliorer leurs connaissances en matière d'allaitement maternel et leur confiance en leur capacité d'allaiter (Morrow et al., 1999).

Consultantes en lactation agréées par l'International Board of Lactation Consultant Examiners (IBLCE) et infirmières en santé publique : Ces professionnelles soutiennent continuellement les mères qui allaitent en offrant des visites à domicile, du counseling et un aiguillage vers diverses ressources communautaires (Thurman & Allen, 2008).

Programmes de santé communautaire : Les programmes subventionnés par le  Programme canadien de nutrition prénatale, entre autres, fournissent de l'éducation et du soutien en matière d'allaitement maternel. Il a été démontré que ces programmes amélioraient les taux d'amorce et de maintien de l'allaitement maternel chez les participantes (ASPC, 2009).

Communauté en général : La communauté peut favoriser la perception que l'allaitement maternel est le mode d'alimentation normal chez le nourrisson « n'importe où et n'importe quand ». Le soutien de la communauté contribue à protéger la mère qui allaite et son bébé contre la discrimination et le harcèlement. Les membres de la communauté peuvent être informés que des restrictions relatives à l'allaitement peuvent constituer un motif de plainte fondée sur la discrimination sexuelle aux termes de la Charte canadienne des droits et libertés ou d'une loi provinciale, territoriale ou fédérale sur les droits de la personne.

Quels conseils devrais-je offrir sur la texture des premiers aliments complémentaires ?

On peut offrir des aliments ayant une texture semi-solide aux nourrissons à partir de l'âge de six mois. Au cours des mois suivants, il faut leur offrir graduellement des aliments ayant une texture de plus en plus solide. On peut facilement préparer des aliments économiques à la maison : viande (bœuf, agneau, gibier, volaille), poissonou substituts de la viande (œufs, tofu, légumineuses). Il suffit de faire cuire ces aliments jusqu'à ce qu'ils soient tendres, puis de les écraser à la fourchette ou de les couper finement avec un couteau. On peut aussi utiliser un robot culinaire. Il a été démontré que la viande était aussi bien acceptée et tolérée que les céréales en tant que premier type d'aliments complémentaires chez les nourrissons (Krebs et al., 2006).

Les parents devraient-ils s'inquiéter lorsqu'ils offrent au nourrisson des aliments considérés couramment comme allergènes ?

À l'heure actuelle, on ne recommande pas de retarder l'introduction des aliments considérés comme allergènes prioritaires en tant que mesure de prévention des allergies alimentaires, même chez les nourrissons à risque d'atopie (AAP, 2008; ESPGHAN, 2008; Alm et al., 2009; Koplin et al., 2010; Palmer & Prescott, 2012). On peut introduire certains aliments riches en fer considérés couramment comme allergènes, par exemple le poisson et les œufs, à partir de l'âge de six mois environ.

Note : Dans les cas d'antécédents familiaux d'allergies alimentaires, les fournisseurs de soins de santé doivent prendre les mesures nécessaires sur une base individuelle.

Note : Compte tenu du risque de suffocation, il faut éviter de donner aux nourrissons des noix ou graines entières, du poisson avec arêtes entières (non écrasées) ainsi que des tartinades épaisses ou du beurre d'arachide à la cuiller. Expliquez aux parents comment introduire ces aliments à l'âge approprié pour réduire au maximum les risques de suffocation.

Les nourrissons de moins de six mois ont-ils besoin d'un supplément de fer ?

À l'heure actuelle, on croit que les bébés allaités n'ont habituellement pas besoin d'un supplément de fer pendant les six premiers mois. On s'inquiète toutefois du fait que certains nourrissons nés à terme et en santé qui sont allaités exclusivement puissent présenter un risque accru de carence en fer (Baker, Greer & Committee on Nutrition, 2010).

On observe un risque plus élevé de carence en fer chez les nourrissons qui ont de plus faibles réserves de fer, comme ceux qui avaient un poids de naissance inférieur à 3 000 grammes et ceux dont les mères avaient une carence en fer, étaient atteintes de diabète ou avaient une consommation excessive d'alcool pendant la grossesse (Berglund, Westrup, & Domellof, 2010; Georgieff et al., 1990; Carter, Jacobson, Molteno, & Jacobson, 2007; Yang et al., 2009). On observe aussi un risque plus élevé de carence en fer chez les nourrissons dont l'alimentation n'est pas conforme aux recommandations actuelles, notamment chez ceux qui reçoivent des préparations maison à base de lait évaporé ou du lait de vache (Christofides, Schauer, & Zlotkin, 2005).

Compte tenu du risque de carence en fer chez certains nourrissons nés à terme et en santé qui avaient de faibles réserves de fer à la naissance, on pourrait faire subir des tests à ces nourrissons pour identifier ceux qui pourraient bénéficier avant l'âge de six mois, d'un supplément de fer sous forme de gouttes. De nouvelles recherches s'imposent pour évaluer plus précisément la prévalence de la carence en fer pendant la petite enfance et identifier les meilleures stratégies pour y remédier.

Qu'est-ce que les parents devraient vérifier lorsqu'ils achètent un supplément de vitamine D ?

On recommande de donner aux nourrissons un supplément contenant seulement de la vitamine D3 (sans aucune autre vitamine) sous forme liquide (gouttes). Les autres produits à base de vitamine D, comme la vitamine D2 et les multivitamines (contenant de la vitamine D) ne sont pas recommandés.

Les suppléments de vitamine D sont en vente libre dans les pharmacies et dans certains magasins d'alimentation. Certaines familles peuvent être admissibles à une subvention à cet égard. Ainsi, les membres des Premières nations et des Inuits reçoivent parfois des suppléments de vitamine D dans le cadre du programme des Services de santé non assurés.

Les mères qui allaitent peuvent-elles prendre elles-mêmes un supplément de vitamine D plutôt que de donner celui-ci à leur bébé ?

Dans les lignes directrices actuelles, on conseille aux femmes en âge de procréer de prendre chaque jour une multivitamine fournissant entre 5 et 20 µg (200 - 800 UI) de vitamine D. Ce niveau de supplémentation n'augmente probablement pas suffisamment la concentration en vitamine D du lait maternel pour combler les besoins du nourrisson (Wagner & Greer, 2008). Un faible nombre d'études ont été menées sur l'efficacité de la prise de doses élevées de vitamine D chez la mère qui allaite dans une optique de prévention du rachitisme chez le nourrisson (Wagner & Greer, 2008). De nouvelles recherches s'imposent quant à cette approche avant de considérer toute modification des recommandations pratiques.

Faut-il donner un supplément de vitamine D aux bébés qui sont à la fois nourris au sein et à partir d'une préparation commerciale pour nourrissons ?

Les bébés qui ne sont pas allaités n'ont pas besoin d'un supplément de vitamine D puisque les préparations pour nourrissons contiennent de la vitamine D.

Les bébés qui sont partiellement allaités doivent recevoir quotidiennement un supplément de 10 µg (400 UI) de vitamine D, peu importe leur apport moyen de préparation commerciale. Il est peu probable que l'apport combiné provenant du supplément et de la préparation pour nourrissons excède l'apport maximal tolérable fixé à 25 µg (1000 UI) par jour.

Faut-il continuer à allaiter un bébé qui est atteint de jaunisse ?

Oui, il faut généralement continuer à allaiter un bébé qui est atteint de jaunisse.

La jaunisse est décrite comme une coloration jaunâtre de la sclère (blanc de l'œil) et de la peau; elle est causée par une augmentation du taux de bilirubine chez le nourrisson. La jaunisse se manifeste fréquemment pendant les premiers jours. Un taux de jaunisse très élevé peut entraîner des lésions neurologiques permanentes. Les interventions précoces peuvent toutefois être très efficaces. Parmi les causes de la jaunisse, mentionnons une hémolyse, certaines infections, des troubles métaboliques ou des maladies du foie. Certains nourrissons peuvent en être atteints lorsque l'amorce de l'allaitement maternel est problématique ou en cas de faible production de lait maternel. Tous les nourrissons atteints de jaunisse doivent être évalués par un professionnel de la santé expérimenté pour vérifier si la maladie nécessite un traitement et en déterminer la cause. Il est important que la mère et le nourrisson reçoivent le soutien nécessaire pour s'assurer que l'allaitement maternel ne soit pas compromis pendant cette période critique.

Jusqu'à 15 % des bébés allaités sont atteints de jaunisse associée au lait maternel pendant la deuxième et la troisième semaine. La jaunisse peut persister pendant plusieurs semaines (Winfield & MacFaul, 1978; Kelly & Stanton, 1995). Il faut référer rapidement ces bébés à un professionnel de la santé expérimenté pour éliminer toute autre cause potentielle de la persistance de la jaunisse, comme une hémolyse, certains troubles métaboliques ou une atrésie biliaire (Moyer et al., 2004). Il ne faut jamais prendre pour acquis que la jaunisse est due au lait maternel compte tenu que d'autres causes potentielles peuvent menacer la vie du nourrisson et qu'un diagnostic précoce peut améliorer considérablement le pronostic. Il est aussi très important de poursuivre l'allaitement pendant l'évaluation. Après avoir confirmé que la jaunisse est due au lait maternel, aucune autre intervention ne s'impose; l'allaitement devrait alors se poursuivre sans interruption.

L'utilisation de tisanes est-elle appropriée chez les nourrissons ?

On ne dispose pas de données probantes suffisantes quant à l'efficacité et à l'innocuité des tisanes pour affirmer que leur utilisation est sécuritaire chez le nourrisson. Les parents et dispensateurs de soins utilisent parfois des tisanes pour soulager certains problèmes de santé, comme les coliques, chez le nourrisson (Zhang, Fein, & Fein, 2011). L'utilisation de tels produits n'est pas sans risque puisque ceux-ci peuvent avoir une action pharmacologique. Ces produits contiennent fréquemment du sucre et de l'alcool; ils peuvent en outre nuire à l'allaitement maternel. La composition des tisanes varie considérablement d'un produit à l'autre.

Quel conseil devrais-je donner à une mère qui allaite relativement à l'alcool et au tabagisme ?

Il faut conseiller à la mère de limiter sa consommation d'alcool, tout particulièrement quand il s'agit d'un nouveau-né. Le système nerveux central du nouveau-né est en plein développement; il n'a pas la maturité nécessaire pour métaboliser l'alcool (Butt, Beirness, Cesa, Gliksman, Paradis, & Stockwell, 2011). L'alcool peut nuire au réflexe d'éjection du lait et réduire la consommation de lait (Giglia & Binns, 2006; Chien, Huang, Hsu, Chao, & Liu, 2009; Mennella, 2001). Une exposition quotidienne à l'alcool peut nuire au cycle de sommeil à court terme chez le bébé (Giglia & Binns, 2006; Mennella & Garcia-Gomez, 2001). Par ailleurs, une consommation d'alcool régulière ou importante peut nuire au jugement et au fonctionnement de la mère. Bien qu'aucune quantité d'alcool n'ait été reconnue « sécuritaire » dans le lait maternel, une consommation occasionnelle modérée d'alcool est compatible avec l'allaitement maternel.

Conseillez aux mères de cesser de fumer ou de fumer moins. Le tabagisme peut avoir un impact négatif sur la production de lait (Fríguls et al., 2010), la croissance du bébé (Little, Lambert, Worthington-Roberts, & Ervin, 1994; Boshuizen et al., 1998) et le cycle de sommeil à court terme (Mennella, Yourshaw, & Morgan, 2007).

Si la mère décide de continuer à fumer, expliquez-lui que l'allaitement maternel demeure important pour la santé du nourrisson et qu'il peut atténuer certains des effets négatifs de l'exposition à la fumée de cigarette chez le bébé (Chatzimichael et al., 2007; Woodward, Douglas, Graham, & Miles, 1990; Ladomenou, Kafatos, & Galanakis, 2009).

Les fumeurs doivent fumer à l'extérieur de la maison. Ils doivent s'assurer que le bébé soit toujours surveillé en leur absence.

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