Information sur les aliments nouveaux : Betterave sucrière tolérante aux herbicides - KWS20-1

Sur cette page

Contexte

Santé Canada a informé Bayer CropScience Inc. (Bayer) et KWS SAAT SE & Co. KGaA (KWS) qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation alimentaire de la betterave sucrière tolérante aux herbicides KWS20-1 (KWS20-1). Le ministère a procédé à une évaluation complète de cette variété de betterave sucrière conformément à ses Lignes directrices sur l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices reposent sur des principes internationalement acceptés pour établir l'innocuité des aliments présentant des caractéristiques nouvelles.

On trouvera ci-après un résumé de l'avis de Bayer et de KWS et de l'évaluation effectuée par Santé Canada. Ce document ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

Introduction

Bayer et KWS ont mis au point une nouvelle variété de betterave sucrière (Beta vulgaris), KWS20-1, qui présente une tolérance aux herbicides dicamba (acide 3,6-dichloro-2-méthoxybenzoïque), glufosinate (acide 2-amino-4-(hydroxyméthylphosphinyl) butanoïque) et glyphosate (N-(phosphonométhyl)glycine)).

KWS20-1 a été développé par l'introduction de trois constructions d'expression génique pour l'expression d'une protéine dicamba mono-oxygénase (DMO), d'une protéine phosphinothricine N-acétyltransférase (PAT) et d'une protéine CP4 5-enolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS). L'expression des protéines DMO, PAT et CP4 EPSPS confère une tolérance aux herbicides dicamba, glufosinate et glyphosate, respectivement.

L'évaluation de l'innocuité réalisée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été effectuée conformément aux Lignes directrices sur l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces lignes directrices reposent sur des efforts d'harmonisation avec d'autres autorités règlementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (par exemple, le Codex Alimentarius). L'évaluation a porté sur les points suivants : comment KWS20-1 a été développé, comment la composition et l'innocuité nutritionnelle de cette variété se comparent à celles de son comparateur non modifié, et quel est le potentiel de cette variété à présenter un problème de toxicité ou d'allergénicité. Bayer et KWS ont fourni des données attestant que cette variété peut être utilisée sans danger comme aliment au Canada.

La Direction des aliments est légalement responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux, conformément au titre 28 de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues (aliments nouveaux). Les aliments dérivés du KWS20-1 sont considérés comme des aliments nouveaux en vertu de la partie suivante de la définition des aliments nouveaux : "c) aliment dérivé d'une végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. Présente des caractères qui n'avaient pas été observées auparavant ".

Mise au point de la plante modifiée

KWS20-1 a été développé par transformation médiée par Agrobacterium de la lignée de sélection de betterave sucrière 04E05B1DH05 avec le vecteur plasmidique PV-BVHT527462, selon la méthode décrite par Lindsey et Gallois (1990)Note de bas de page 1. En bref, des tissus de segments de pousses ont été prélevés sur les embryons de graines conventionnelles germées. Après co-culture avec la souche Agrobacterium AGL1 portant la construction de transformation, les tissus méristématiques obtenus ont été placés sur un milieu de sélection contenant de la DL-phosphinothricine (PPT) pour inhiber la croissance des cellules végétales non transformées et de la timentine pour inhiber la prolifération d'Agrobacterium. Les pousses obtenues ont ensuite été placées dans des milieux propices au développement des racines. Les plantules enracinées présentant des caractéristiques phénotypiques normales ont été sélectionnées. Celles qui ont satisfait aux critères d'avancement (présence d'une copie unique et intacte de l'insert d'ADN-T, absence de séquence du squelette plasmidique, pas d'insertion de régions répétitives ou de séquences de gènes) ont été sélectionnées et transférées en terre pour croissance et pour évaluation plus poussée.

Une seule plante T0 générée par ce processus de transformation a été autopollinisée sous un sac d'isolation pour produire des semences T1. Les plantes de la population T1 ont été criblées pour la présence du vecteur plasmidique PV-BVHT527462 T-DNA et l'absence de séquence du squelette plasmidique par Kompetitive Allele Specific PCR (KASP) et des analyses de buvardage de type Southern. Douze plantes T1 homozygotes positives ont été croisées par pollinisation ouverte dans un champ isolé pour générer des semences T2. Par la suite, des plantes T2 homozygotes pour le vecteur plasmidique PV-BVHT527462 ADN-T et négatives pour les séquences du squelette plasmidique ont été sélectionnées pour la suite du développement.Leurs descendances ont été soumises à d'autres analyses moléculaires, à la tolérance/efficacité aux herbicides et à des évaluations phénotypiques.

Comme le veut le processus de production et de sélection d'une lignée commerciale, des centaines d'évènements de transformation différents (régénérants) ont été générés en laboratoire à l'aide du plasmide PV-BVHT527462 et de vecteurs apparentés. Après sélection et évaluation de ces évènements en laboratoire, en serre et en plein champ, KWS20-1 a été choisi comme variété principale sur la base de caractéristiques agronomiques, phénotypiques et moléculaires supérieures. Des études sur KWS20-1 ont été lancées pour mieux caractériser l'insertion génétique et les nouveaux produits exprimés, et pour établir son innocuité par rapport à la betterave sucrière disponible dans le commerce.

Caractérisation de la plante modifiée

Le nombre d'insertions, l'intégrité des insertions, la présence/absence d'insertions non intentionnelles (par exemple, la séquence du squelette plasmidique) et la localisation des insertions dans le génome de KWS20-1 ont été déterminés en utilisant une combinaison d'analyses de buvardage de type Southern et de séquençage directionnel.

Les résultats des analyses de buvardage de type Southern ont confirmé la présence de l'ADN-T inséré dans un locus unique contenant une seule copie de l'ADN-T, et l'absence de toute séquence provenant du squelette plasmidique dans le génome de KWS20-1. Les résultats du séquençage directionnel ont confirmé que la séquence de l'ADN-T inséré est identique à 100 % à la séquence de l'ADN-T dans le vecteur plasmidique PV-BVHT527462.

Des alignements entre la séquence consensus de KWS20-1 (couvrant à la fois l'ADN-T inséré et ses séquences flanquantes 5' et 3') et la séquence consensus du contrôle conventionnel ont été réalisés pour caractériser le site d'insertion de l'ADN-T dans KWS20-1. Ces résultats montrent que dans KWS20-1, la région au niveau du site d'insertion de l'ADN-T présente une petite délétion de 7 pb par rapport à la séquence native du contrôle conventionnel. De telles délétions sont des évènements courants résultant du mécanisme de réparation des cassures double brin, qui constitue une étape de l'intégration de l'ADN-T dans le génome de la plante (Kleinboelting et al., 2015)Note de bas de page 2.

Des analyses bioinformatiques ont été effectuées pour évaluer la toxicité, l'allergénicité ou l'activité biologique potentielles des peptides putatifs codés par les jonctions 5' et 3' insérées dans l'ADN-T/l'ADN génomique. Les séquences couvrant les jonctions 5' et 3' ont été traduites du codon STOP au codon STOP dans les six cadres de lecture. Les séquences putatives ont été utilisées pour des recherches FASTA et des recherches par fenêtre coulissante de huit (8) acides aminés (aa) dans la base de données AD_2021, ainsi que pour une recherche FASTA dans les bases de données TOX_2021 et PRT_2021.

Les recherches FASTA et par fenêtre coulissante de 8 aa ont indiqué qu'aucune similarité de séquence biologiquement pertinente n'a été observée entre les séquences putatives et les toxines, les allergènes ou d'autres protéines biologiquement actives.

Dans le cadre d'une approche conservatrice supplémentaire, les séquences identifiées comme pouvant présenter une réaction croisée si l'identité linéaire est supérieure à 35 % dans un chevauchement de plus de 80 aa pour les séquences de jonction (Codex, 2009Note de bas de page 3). Pour cette recherche, les séquences peptidiques putatives interrogées ont été divisées en séquences de 80 aa se chevauchant. Ces séquences de 80 aa ont été utilisées dans la recherche FASTA36 de l'AD_2021 en utilisant les paramètres par défaut, à l'exception de l'élément suivant : un seuil E-score de 100 a été fixé comme valeur initiale de seuil élevé pour obtenir un large éventail d'alignements. Les alignements résultants ont été examinés pour voir si une requête donnait un alignement de 29-aa ou plus d'identités, le nombre requis pour dépasser le seuil de 35 % d'identité considéré comme indiquant un potentiel de réactivité croisée allergénique (Codex, 2009). Tous les alignements présentant des identités d'au moins 29 aa ont été considérés et évalués.

Outre la traduction des protéines EPSPS DMO, PAT et CP4 dans KWS20-1, il n'existe aucune preuve indiquant que d'autres séquences de l'ADN-T sont traduites. Dans le cas improbable où l'un des peptides putatifs analysés serait traduit, aucun ne présenterait de similitude ou d'identité significative avec des toxines, des allergènes ou d'autres protéines biologiquement actives connues susceptibles d'affecter la santé humaine.

La stabilité génétique de l'insert d'ADN-T dans KWS20-1 a été démontrée en effectuant une analyse par buvardage de type Southern sur des plantes issues de trois (3) générations de sélection (T2, T3 et T4). Les résultats de l'analyse ont confirmé que l'insert d'ADN-T est intégré de manière stable sur plusieurs générations de KWS20-1.

Une analyse de ségrégation sur une génération a été réalisée pour étudier le modèle d'hérédité de l'insert d'ADN-T dans la betterave sucrière KWS20-1. L'analyse a été réalisée en utilisant la génération BC0S1 de la betterave sucrière KWS20-1 obtenue par le croisement de la génération T2 avec une lignée élite de betterave sucrière conventionnelle, suivi de l'autopollinisation du parent BC0 hémizygote pour produire la population BC0S1 ségrégante. Un hybride hétérozygote de betterave sucrière KWS20-1 et son témoin conventionnel ont été utilisés comme témoins positifs et négatifs, respectivement.

Deux tests KASP dominants ont été utilisés pour déterminer la présence ou l'absence de l'ADN-T dans la population ségrégante. Deux tests KASP codominants ont été utilisés pour déterminer la zygosité des plantes dans la génération BC0S1, en distinguant les homozygotes positifs, les hémizygotes positifs et les homozygotes négatifs (c'est-à-dire les ségrégants nuls). Chacun des deux tests KASP dominant et codominant représente une analyse indépendante des échantillons.

Pour les tests KASP dominants, les résultats étaient cohérents entre les deux tests. L'analyse statistique des résultats a indiqué que les résultats observés dans les réactions de test ne s'écartent pas du rapport de ségrégation 3:1 attendu pour la betterave sucrière KWS20-1 par rapport aux plantes ségrégantes nulles, respectivement (valeur p = 0,51). Par conséquent, ces données montrent que le schéma de ségrégation de l'insert d'ADN-T de la betterave sucrière KWS20-1 est conforme à l'hérédité mendélienne d'une insertion d'ADN-T unique.

Pour les tests KASP codominants, les résultats étaient cohérents entre les deux tests. L'analyse statistique des résultats a indiqué que les résultats observés dans les réactions de test ne s'écartent pas du rapport de ségrégation attendu de 1:2:1 des plantes homozygotes positives, hémizygotes positives et homozygotes négatives, respectivement (valeur p = 0,79). Ces données montrent que le schéma de ségrégation de l'insert d'ADN-T de la betterave sucrière KWS20-1 est conforme à l'hérédité mendélienne d'une insertion d'ADN-T unique.

Sur la base des données disponibles, le Bureau des dangers microbiens (BDM) n'a aucune inquiétude quant à l'innocuité de KWS20-1 d'un point de vue moléculaire.

Informations sur le produit

KWS20-1 se distingue de son homologue conventionnel par l'expression d'une protéine dicamba mono-oxygénase (DMO), d'une protéine phosphinothricine N-acétyltransférase (PAT) et d'une protéine CP4 5-enolpyruvulshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS).

La protéine DMO, codée par le gène dmo de la souche DI-6 de Stenotrophomonas maltophilia, confère une tolérance aux herbicides à base de dicamba en convertissant le dicamba en acide 3,6-dichlorosalicylique (DCSA) non herbicide et en formaldéhyde. La protéine DMO présente dans KWS20-1 est identique à la protéine correspondante trouvée dans un certain nombre de variétés approuvées dans plusieurs espèces de cultures végétales différentes qui sont actuellement commercialisées et ont un antécédent d'utilisation sûre, y compris le soja tolérant au dicamba - MON 87708, le coton tolérant au dicamba et au glufosinate - MON 88701, le maïs tolérant au dicamba et au glufosinate - MON 87419, le maïs HT4 tolérant aux herbicides - MON 87429, le canola tolérant au dicamba - MON 94100, et le soja tolérant aux herbicides - MON 94313. La protéine DMO a été entièrement caractérisée dans les études d'innocuité soumises pour les évaluations d'innocuité préalables à la mise en marché de MON 87708, MON 88701 et MON 87419. L'identité de la protéine DMO dans KWS20-1 a été confirmée par la cartographie N-terminal des peptides.

La protéine PAT, codée par un gène pat de Streptomyces viridochromogenes, confère une tolérance à la substance active herbicide glufosinate-ammonium aux doses actuellement marquées en acétylant la phosphinothricine en une forme inactive. La protéine PAT présente chez KWS20-1 est identique à la protéine correspondante trouvée chez un certain nombre de variétés approuvées dans plusieurs cultures différentes qui sont actuellement commercialisées et ont un antécédent d'utilisation sûre, y compris le dicamba et le maïs tolérant au glufosinate - MON 87419, le maïs HT4 tolérant à l'herbicide - MON 87429, le maïs tolérant au glufosinate - T25, le maïs résistant aux insectes et tolérant au glufosinate - TC 1507, le maïs résistant aux insectes et tolérant au glufosinate - DAS-59122, le maïs tolérant à l'herbicide et résistant aux parasites - 4114, et le soja tolérant au glufosinate A5547-127. L'identité de la protéine PAT dans KWS20-1 a été confirmée par la cartographie N-terminal des peptides.

La protéine CP4 EPSPS est codée par le gène cp4 epsps de la souche CP4 d'Agrobacterium sp. L'expression de la protéine CP4 EPSPS confère une tolérance aux herbicides à base de glyphosate grâce à la capacité de cette protéine à continuer à fonctionner en présence de l'herbicide. Cela permet aux plantes exprimant la protéine CP4 EPSPS de se développer correctement en présence de l'herbicide. La protéine CP4 EPSPS présente dans KWS20-1 est identique à la protéine correspondante trouvée dans un certain nombre de variétés approuvées chez plusieurs cultures végétales différentes qui sont actuellement commercialisées et ont un antécédent d'utilisation sûre, y compris, mais sans s'y limiter, le soja tolérant au glyphosate - 40-3-2, le soja tolérant au glyphosate - MON 89788, la betterave sucrière tolérante au glyphosate - H7-1, la luzerne tolérante au glyphosate - J101, la luzerne tolérante au glyphosate - J163, le canola tolérant au glyphosate - MON 88302, et le maïs HT4 tolérant à l'herbicide - MON 87429. L'identité de la protéine CP4 EPSPS dans KWS20-1 a été confirmée par la cartographie N-terminal des peptides.

L'expression de DMO, PAT et CP4 EPSPS dans deux tissus distincts, les racines et les feuilles/ fanes, de KWS20-1 a été déterminée à l'aide de tests immuno-enzymatiques validés (ELISA). KWS20-1 a été traitée tout au long de la saison de croissance avec les herbicides appropriés, en tenant compte des tolérances aux herbicides qui leur ont été conférées et en suivant les pratiques agronomiques reconnues.

Des tissus de racines et de feuilles/fanes de KWS20-1 ont été prélevés sur quatre parcelles répétées plantées dans un plan en blocs aléatoires complets au cours de la saison de croissance 2020 sur cinq sites aux États-Unis : 2 dans le Michigan, 2 dans l'Idaho et 1 dans le Dakota du Nord. Les sites étaient représentatifs des régions productrices de betteraves sucrières adaptées à la production commerciale. Des échantillons de tissus de feuilles au cours de la saison (FCS) 1, de feuilles au cours de la saison (FCS) 2, des fanes, de racine au cours de saison 1 (RCS1), de racine au cours de saison 2 (RCS2) et de racine au cours de saison 3 (RCS3; racine récoltable) ont été prélevés sur chaque parcelle répliquée dans les cinq sites de production.

La teneur moyenne (± ET) en protéines DMO des betteraves sucrières KWS20-1 traitées dans l'ensemble des sites était la plus élevée au sein des FCS1, avec 140 (± 6,5) µg/g de poids sec (ps), et la plus faible au sein des FCS3, avec 12 (± 0,53) µg/g ps.

Le niveau moyen (± ET) de la protéine PAT dans la betterave sucrière KWS20-1 traitée dans tous les sites était le plus élevé au sein des FCS1 à 25 (± 1,2) µg/g ps et le plus bas au sein des FCS3 à un niveau inférieur à la limite de quantification (<LOQ) (c'est-à-dire 0,125 µg/g ps pour la racine).

Le niveau moyen (± ETSE) de la protéine CP4 EPSPS dans la betterave sucrière KWS20-1 traitée dans tous les sites était le plus élevé au sein des FCS1 à 590 (± 33) µg/g dw et le plus bas au sein des FCS3 à 100 (± 5.9) µg/g dw.

Exposition alimentaire

On s'attend à ce que la KWS20-1 soit utilisée dans des applications similaires à celles des variétés conventionnelles de betterave sucrière. Le requérant ne prévoit pas de changement significatif dans l'utilisation alimentaire de la betterave sucrière avec l'introduction de KWS20-1. Étant donné qu'il existe depuis longtemps d'autres betteraves sucrières tolérantes aux herbicides approuvées au Canada (par exemple, la betterave sucrière tolérante au glufosinate T120-7 approuvée en 2000, la betterave sucrière tolérante au glyphosate H7-1 approuvée en 2005), l'existence de betteraves sucrières génétiquement modifiées ne constituerait pas un nouveau concept pour les consommateurs.

Nutrition

Les racines de betterave sucrière sont transformées en sucre blanc, en pulpe et en mélasse pour l'alimentation humaine et animale ou pour des applications industrielles, et sont rarement utilisées comme matière première. La teneur en saccharose des betteraves sucrières est d'environ 15 à 22 %, en fonction du climat, du type de sol, de la variété et des méthodes de culture. Le principal objectif de la transformation de la betterave sucrière est la récupération du sucre (saccharose). Les fanes de betteraves sucrières ne sont généralement pas consommées par l'homme; par conséquent, seules les données relatives aux racines de betteraves sucrières ont été évaluées.

Les données de composition de la betterave génétiquement modifiée KWS20-1 et d'un contrôle conventionnel génétiquement similaire ont été obtenues à partir d'échantillons de racines récoltés lors de cinq essais en plein champ menés aux États-Unis pendant la saison de croissance 2020. Chaque essai au champ comprenait des betteraves sucrières modifiées et conventionnelles dans un plan en blocs aléatoires complets avec quatre répétitions. Les échantillons (n=20) ont été analysés à l'aide de méthodes acceptables pour les métabolites et les fibres, les acides aminés, les minéraux et les métabolites secondaires.

Les données fournies concernaient les 30 composants clés, notamment l'humidité, les protéines, les graisses totales, les cendres, les acides aminés (18), les glucides (par calcul), le saccharose, les fibres brutes et la pectine, le phosphore, le potassium, le sodium et l'acide oléanolique (un métabolite secondaire), conformément au document de consensus de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) intitulé "Consensus document on compositional considerations for new varieties of sugar beet : Key food and feed nutrients and antinutrients " (2002).

Des différences statistiquement significatives (P<0,05) entre la betterave sucrière modifiée et le témoin conventionnel ont été observées pour la lysine, la proline, la sérine, la thréonine, les matières grasses totales, les cendres, le phosphore et le potassium. Cependant, la composition de KWS20-1 se situait dans l'intervalle observé pour les variétés de référence et dans l'intervalle de référence de la base de données sur la composition des cultures de l'Agriculture & Food Systems Institute (AFSI) pour chaque analyte. Il n'y avait pas de différences pour les autres composants clés entre KWS20-1 et la betterave sucrière non modifiée de contrôle.

Le Bureau des sciences de la nutrition (BSN) n'a pas identifié de problèmes nutritionnels liés à l'utilisation proposée de KWS20-1.

Chimie

Aucune donnée sur les résidus de contaminants chimiques n'a été fournie, et aucune considération particulière concernant les contaminants n'a été identifiée en ce qui concerne KWS20-1. En outre, il n'existe pas de limites maximales pour les contaminants spécifiques à la betterave sucrière dans la Liste des contaminants et autres substances adultérantes dans les aliments ou dans la Liste des limites maximales pour les contaminants chimiques dans les aliments de Santé Canada.

Le sucre est un aliment normalisé dans le titre 18 des Règlements sur les aliments et drogues qui spécifie un niveau élevé de pureté d'au moins 99,8 % de saccharose. Le saccharose ne doit pas contenir plus de 1 mg/kg d'arsenic et 0,1 mg/kg de plomb selon le Food Chemicals Codex (FCC). En outre, les betteraves sucrières sont fortement transformées lors de leur raffinage en sucre; la littérature fait état d'étapes de transformation visant à réduire les concentrations de mycotoxines et d'oligo-éléments susceptibles d'être présentes dans le sucre brut.

Comme pour tout aliment ou ingrédient alimentaire vendu au Canada, il incombe au fabricant de l'aliment de s'assurer que son utilisation n'entraîne pas une violation de l'article 4(1)(a) et (d) de la Loi sur les aliments et drogues, qui stipule qu'il est interdit de vendre un article alimentaire qui contient une substance toxique ou délétère ou qui est falsifié. Si une concentration élevée d'un contaminant chimique est trouvée dans un type d'aliment, y compris la betterave sucrière ou le sucre qui en est dérivé, le Bureau d'Innocuité des produits chimiques (BIPC) peut procéder à une évaluation des risques pour la santé humaine afin de déterminer s'il existe un problème d'innocuité potentiel et si des mesures de gestion des risques sont nécessaires.

Toxicologie

Pour appuyer l'innocuité, le requérant a démontré que les nouvelles protéines exprimées (DMO, PAT et CP4 EPSPS) sont équivalentes à de nouvelles protéines similaires déjà approuvées par Santé Canada dans diverses cultures, ce qui a été confirmé par le BDM. Les évaluations antérieures ont permis de déterminer que les nouvelles protéines exprimées ne présentent pas de toxicité aiguë, qu'elles sont dégradées par un traitement thermique et qu'elles sont facilement digérées. Le requérant a fourni des analyses bioinformatiques actualisées pour les nouvelles protéines et pour les protéines putatives codées par les séquences de jonctions de l'insert. Le requérant a démontré que les nouvelles protéines sont exprimées à de faibles niveaux dans les racines matures de KWS20-1, qui est la source de nourriture.

Les protéines DMO, PAT et CP4 EPSPS ne sont pas toxiques, d'après les tests de toxicité aiguë par voie orale chez la souris. Aucun effet indésirable n'a été observé avec des doses aiguës de 140 mg/kg de poids corporel (p.c.) (MON 87708) ou 283 mg/kg p.c. (MON 88701) pour la protéine DMO; 1086 mg/kg p.c. pour la protéine PAT (MON 88701); ou 572 mg/kg p.c. pour la protéine CP4 EPSPS (betterave sucrière H7-1).

Les protéines DMO, PAT et CP4 EPSPS sont thermolabiles. La protéine DMO est inactivée (comme déterminé par la perte de la fonction enzymatique dans un essai et la perte de l'intégrité de la protéine par analyse SDS-PAGE) lorsqu'elle est exposée à 55°C pendant 15 minutes (MON 88701; MON 87429). La protéine PAT est inactivée lorsqu'elle est exposée à 75°C pendant 15 minutes et la protéine CP4 EPSPS est inactivée lorsqu'elle est exposée à 75°C pendant 15 minutes (MON87429). Ces résultats indiquent que l'inactivation des protéines devrait se produire à des températures rencontrées lors de la transformation et de la cuisson des aliments.

Les protéines DMO, PAT et CP4 EPSPS sont facilement dégradées par les enzymes digestives (comme déterminé par analyse SDS-PAGE), lorsqu'elles sont testées in vitro en utilisant du liquide gastrique simulé (SGF) et du liquide intestinal simulé (SIF) dans des conditions similaires à celles que l'on trouve dans le tractus gastro-intestinal humain. Lorsqu'elles sont exposées au SGF, ces protéines sont digérées en 30 secondes (MON 87429).

Le requérant a effectué des analyses bioinformatiques sur les nouvelles protéines et les peptides putatifs codés par les séquences de jonctions de l'insert, en comparant les séquences d'acides aminés à celles de toxines connues. La similarité a été évaluée à l'aide d'une recherche FASTA contre la base de données de toxines TOX_2021 (un sous-ensemble de séquences dérivées de la base de données Swiss-Prot https://www.uniprot.org/, recherchée le 5 janvier 2021) et la base de données de protéines GenBank (PRT_2021). Aucune correspondance pertinente n'a été trouvée.

Les niveaux d'expression des nouvelles protéines ont été déterminés par des tests immuno-enzymatiques (ELISA) dans les tissus des feuilles et des racines. Les niveaux moyens les plus élevés de nouvelles protéines ont été trouvés dans la feuille. Les niveaux moyens de protéines nouvelles les plus faibles ont été observés dans la racine mature. Les valeurs moyennes dans la racine étaient de 12 µg/g ps pour le DMO, inférieures au niveau de détection (0,125 µg/g ps) pour le PAT, et de 100 µg/g ps pour le CP4 EPSPS.

Le requérant note que tous les niveaux détectables de protéines sont éliminés au cours de la transformation des racines de betterave sucrière en sucre et en mélasse. La pulpe de betterave sucrière conserve une partie des protéines, mais n'est pas utilisée dans l'alimentation humaine. L'exposition alimentaire aux nouvelles protéines est considérée comme négligeable.

Sur la base des informations disponibles, la Section d'évaluation toxicologique préalable à la mise en marché (SETPMM) n'a pas identifié de problèmes d'ordre toxicologie concernant la variété KWS20-1 pour son utilisation prévue.

Allergénicité

Le requérant a effectué des analyses bioinformatiques sur les nouvelles protéines et les peptides putatifs codés par les séquences de jonctions de l'insert, en comparant les séquences d'acides aminés à celles d'allergènes connus. Des recherches FASTA et par fenêtre coulissante d'acides aminés ont été effectuées dans la base de données d'allergènes COMPARE (https://comparedatabase.org; recherche effectuée le 1er février 2021). Aucune correspondance FASTA pertinente n'a été trouvée. En outre, aucun alignement n'a atteint ou dépassé le seuil CodexNote de bas de page 4 de plus de 35 % sur 80 acides aminés, et aucune correspondance entre huit acides aminés n'a été identifiée. Aucune similarité avec des allergènes connus n'a été identifiée.

Les nouvelles protéines à l'étude sont sensibles à la chaleur et se dégradent à des températures associées à la transformation des aliments et à la cuisson (≥ 75°C), et sont facilement digérées dans un liquide gastrique simulé (en moins de 30 secondes). En outre, les nouvelles protéines à l'étude sont exprimées à de faibles niveaux dans les racines matures de KWS20-1 et les protéines sont éliminées lors de la transformation en sucre et en mélasse. Par conséquent, l'exposition alimentaire aux nouvelles protéines devrait être négligeable.

La SETPMM ne considère pas que KWS20-1 pose des problèmes d'ordre allergénique supplémentaires par rapport à la betterave sucrière conventionnelle.

Conclusion

L'examen qu'à réalisé Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation de KWS20-1 ne soulève pas de préoccupations liées à l'innocuité des aliments.

L'avis de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation alimentaire de KWS20-1. Les questions relatives à son utilisation en tant qu'aliment pour animaux ont été traitées séparément dans le cadre des processus règlementaires existants au sein de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Ce document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada, pour résumer l'avis concernant le produit en question,. Cet avis est fondé sur l'examen approfondi des informations soumises par le requérant conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

Pour plus d'informations, veuillez contacter

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting Ottawa, Ontario K1A 0K9
bmh-bdm@hc-sc.gc.ca

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Lindsey, K. et Gallois, P. 1990. Transformation de la betterave sucrière (Beta vulgaris) par Agrobacterium tumefaciens. Journal of Experimental Botany 41 (226) : 529-536.

Retour à la note de bas de page 1

Note de bas de page 2

Kleinboelting, N., Huep, G., Appelhagen, I., Viehoever, P., Li, Y., et Weisshaar, B. 2015. Les caractéristiques structurelles de milliers de sites d'insertion de l'ADN-T sont compatibles avec un mécanisme d'insertion basé sur la réparation des cassures double brin. Molecular Plant 8:1651-1664.

Retour à la note de bas de page 2

Note de bas de page 3

Codex Alimentarius. 2009. Aliments dérivés des biotechnologies modernes. Commission du Codex Alimentarius, Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Rome, Italie.

Retour à la note de bas de page 3

Note de bas de page 4

https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/340572/WHO-FOS-2001.01-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y

Retour à la note de bas de page 4

Détails de la page

Date de modification :