Allocution de la vice-première ministre lors du 50e anniversaire du Congrès des Ukrainiens Canadiens – Conseil provincial de l’Alberta
Discours
Le 9 novembre 2024 - Edmonton (Alberta)
Le texte prononcé fait foi
Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui.
Mais je dois dire que je n’ai pas besoin d’accueil quand je suis à Edmonton. Je m’y sens chez moi. Et je vois dans cette salle tant d’amis de longue date et tant de leaders de notre communauté – des gens qui ont tant contribué pendant de nombreuses d’années.
Et aujourd’hui, nous sommes ici pour célébrer le 50e anniversaire du Congrès des Ukrainiens Canadiens (CUC) en Alberta. Cela veut donc dire que j’avais six ans lorsque le CUC a été fondé, et je ne me souviens pas d’une époque où le CUC n’existait pas. Il a représenté une partie importante de ma vie.
Je veux commencer par remercier très, très profondément notre incroyable communauté ukraino‑canadienne, notre incroyable communauté ici en Alberta. Je tiens à remercier les militantes et les militants et les organisatrices et les organisateurs. Je veux remercier le personnel enseignant, les chercheuses et chercheurs universitaires et les personnes qui organisent les événements communautaires. Je remercie les personnes qui ont organisé des varenyky dans les sous-sols de l’église pour amasser des fonds pour des activités importantes. Je dois remercier les professeures et professeurs de danse ukrainiens, ainsi que les danseuses et danseurs ukrainiens, bien sûr.
Quelle communauté incroyable! Je sais à quel point je suis chanceuse de faire partie de cette communauté incroyable.
Je tiens également à souligner que le CUC en Alberta existe depuis maintenant 50 ans, mais la communauté ukrainienne est arrivée au Canada, plus particulièrement en Alberta, depuis bien plus longtemps. Nous connaissons tous l’histoire. Nous savons comment Ivan Pylypow est arrivé en 1891, puis est retourné chez lui en Galice et a fondé la première colonie ukraino-canadienne non loin d’ici : Edna-Star, juste à l’est d’Edmonton.
Pensez à ce que c’était à l’époque. Je veux dire, il commence déjà à faire froid. Et ce n’est que le début. Imaginez-vous à Edna-Star ce premier hiver en 1892. Les gens ne portaient pas de manteaux Canada Goose, n’est-ce pas?
Ces premiers Ukrainiennes et Ukrainiens étaient incroyables! Et je dois dire, en tant que personne qui a grandi sur une ferme, qui sait à quel point nos agricultrices et nos agriculteurs sont importants pour l’Alberta et le Canada, que je suis tellement fière des Canadiennes et Canadiens d’origine ukrainienne, de notre communauté, pour le rôle historique que notre communauté a joué dans la construction du Canada.
Disons donc merci à tous ces incroyables premiers arrivants ukrainiens.
Maintenant, ce qui est incroyable pour moi à propos de notre communauté ukraino-canadienne, c’est la façon dont notre communauté s’est organisée au moyen du CUC depuis maintenant 50 ans en Alberta. Elle a réussi à bâtir une communauté qui continue de prospérer de génération en génération. Je parlais à Gene ici, qui est ici avec la lieutenante-gouverneure. Et je lui ai demandé s’il parlait ukrainien, et il s’avère que oui. Savez-vous pourquoi? Parce qu’il est allé à Delwood et a suivi le programme bilingue. Devinez quoi? J’ai fait de même.
Mais c’est tout à fait remarquable d’avoir accès en Alberta à des écoles publiques ukrainiennes anglophones depuis des décennies. Et cela ne relève pas du hasard. Cela se produit très précisément à cause des personnes présentes dans cette salle.
Je vous connais. Je me souviens de vos efforts organisationnels. J’étais enfant, mais je me souviens des efforts déployés pour faire de ces écoles une réalité. Je me souviens du travail réalisé pour garantir l’accès aux manuels et aux ressources nécessaires. Je me souviens du travail effectué pour traîner vos – d’accord, je vais l’admettre – enfants parfois réticents, non seulement à l’école bilingue pendant la semaine, mais à Ridna Shkola le samedi.
Je veux donc commencer par reconnaître, avec la plus profonde gratitude, le travail intergénérationnel qui a été consacré à l’édification de cette communauté, afin de permettre à cette communauté de bâtir le Canada. Et le fait qu’ayant commencé en 1891, nous sommes toujours là et nous envoyons toujours nos pauvres enfants qui s’en plaignent à Ridna Shkola le samedi et à l’école bilingue pendant la semaine.
Et ce travail, il a construit le Canada. Il a bâti l’Alberta. Il a bâti notre communauté ukraino‑canadienne. Il a également joué un rôle central dans l’édification d’un Canada multiculturel. La communauté ukraino-canadienne a vraiment aidé à ouvrir la voie quant à la façon de bâtir une communauté forte, une communauté avec une connaissance et un amour profonds de son patrimoine et de son histoire, qui a des liens et des institutions communautaires solides, et ce, tout en étant 100 pour cent, non, 1 000 pour cent canadienne, devrais-je dire. Et cela n’a pas toujours été tenu pour acquis. Ce n’est pas ainsi que fonctionnent beaucoup d’autres pays. Et c’est ainsi que fonctionne le Canada, et il fonctionne de cette façon pour les Canadiennes et Canadiens d’origine ukrainienne et pour tant d’autres communautés dans notre magnifique pays.
Et donc je tiens aussi vraiment à remercier la communauté et les organisatrices et organisateurs ukraino-canadiens ici pour le travail que vous avez fait. Grâce à vous, nous sommes maintenant l’une des pièces de l’incroyable mosaïque multiculturelle du Canada. Alors, merci beaucoup.
Et Lieutenante-gouverneure, cela me fait réellement plaisir de vous compter parmi nous. Vous êtes également une pionnière et je pense que c’est un honneur pour nous tous que la lieutenante‑gouverneure soit ici – elle est une avant-gardiste – et qu’elle porte sa vyshyvanka.
Aujourd’hui, les Ukrainiennes et Ukrainiens ont beaucoup fait pour bâtir le Canada. Les Canadiennes et Canadiens d’origine ukrainienne continuent de faire beaucoup pour bâtir le Canada, mais cela a été difficile. Chaque fois que mes enfants se plaignent du froid, je leur dis : si Ivan l’a fait, vous pouvez le faire!
Ils n’aiment pas trop ça, mais bon. C’était vraiment difficile. C’était un travail d’édification de la nation. Mais je pense que nous le savons toutes et tous, et nous y pensons, vraiment tout le temps, aux gens qui sont en première ligne de l’édification de la nation. Les gens qui sont en première ligne de la lutte entre la démocratie et la dictature. Et il s’agit du peuple courageux de l’Ukraine.
Je suis très reconnaissante au CUC pour le travail qu’il a accompli lors de l’accueil des gens de l’Ukraine dans notre pays et en soutenant le courageux peuple de l’Ukraine avec notre gouvernement.
Nous avions reçu un avertissement que Poutine pourrait lancer une invasion à grande échelle en Ukraine. Je me souviens de conversations que nous avions eues avec le gouvernement ukrainien préalablement pour dire que ces renseignements étaient fondés.
Mais il était encore difficile de croire que cela se passait réellement, et je suis vraiment très reconnaissante à notre communauté d’avoir pris en compte ces renseignements, puis de s’être ralliée pour soutenir le peuple courageux de l’Ukraine dans cette lutte. Mais aussi formidable que tout le monde ici soit, je pense que nous devons tous reconnaître à quel point l’Ukraine est exceptionnelle en ce moment. À quel point le peuple courageux de l’Ukraine est exceptionnel!
Et aucun des expertes et experts ne pensait que l’Ukraine pourrait y arriver. Je me souviens, et je ne suis pas la seule, que tous les dirigeantes et dirigeants occidentaux et d’un pays de l’OTAN ont été informés de la situation. Ils ont dit : « Les Ukrainiens ne dureront probablement pas une semaine, trois semaines tout au plus. Ce serait remarquable s’ils peuvent tenir pendant trois semaines. » Et j’ai écouté ces paroles, parce que c’est ce qu’il faut faire. Il faut écouter les conseils d’expertes et experts, mais cette petite fille qui est allée à Delwood et qui a été littéralement élevée par beaucoup de gens ici, je n’y croyais pas. Je savais. Notre peuple se tient debout depuis longtemps et cette communauté savait que d’une manière ou d’une autre, l’Ukraine riposterait. Que l’Ukraine trouverait un moyen d’aller de l’avant! Que le président Zelenskyy dirait : « Donnez-moi des munitions – pas une échappatoire. » Que notre peuple serait là!
Et c’est tellement terrible que cela fait deux ans et demi maintenant qu’ils doivent continuer à tenir bon et à se battre. Mais je pense que nous devons tous et toutes aussi reconnaître et saluer le courage, la bravoure, l’intelligence, la résilience, la détermination dont le peuple ukrainien fait preuve chaque jour. Et je pense que tout le monde ici sait qu’il va continuer à se battre. Je pense que tout le monde ici sait qu’il va gagner et que Poutine sera vaincu.
Je pense qu’il est très important pour nous de nous rappeler, autant que nous soutenons l’Ukraine, que ce sont les Ukrainiennes et les Ukrainiens qui se battent et qui meurent. Ces gens n’ont pas demandé à un seul pays occidental, à un seul pays allié, de fournir des soldats pour prendre part à la guerre. L’Ukraine a dit, nous allons le faire. Nous pouvons le faire. Nous allons nous battre. Si nécessaire, nous allons mourir pour défendre notre souveraineté, notre démocratie et la démocratie du monde. Et c’est remarquable qu’ils le fassent par eux-mêmes.
Mais nous savons aussi qu’ils ont besoin d’aide. À l’heure actuelle, ils s’opposent à ce que nous pensions être la deuxième armée la plus puissante du monde. Lorsque j’étais en Ukraine après la guerre, l’un des ministres a déclaré : « Les gens disaient que la Russie avait la deuxième plus grande armée du monde. Maintenant, ils ont seulement la deuxième plus grande armée en Ukraine. »
Mais nous savons qu’ils ont besoin d’aide. Ils ont besoin de toute l’aide que nous pouvons leur apporter.
Je vous parlais tout à l’heure en tant que femme de cette communauté, une fille ukraino‑canadienne de Peace River, à Edmonton.
Maintenant, je vais vous parler en tant que vice-première ministre et ministre des Finances. Je suis fière, et vous devriez l’être aussi, que le Canada ait fourni à l’Ukraine l’aide financière directe par habitant la plus élevée du G7.
Vous devriez être fiers que nous ayons versé près de 20 milliards de dollars à la fois en aide financière, militaire, humanitaire et autre. Rien que cette année, sous le couvert de l’aide financière directe, nous avons versé 2,4 milliards de dollars, et cet argent est arrivé en Ukraine exactement au moment où elle en avait besoin.
Je parle à Denys Shmyhal, premier ministre de l’Ukraine, et à Sergii Marchenko, ministre des Finances de l’Ukraine, et ils m’avisent quand ils sont à court d’argent et ils savent qu’ils peuvent compter sur le Canada pour fournir du soutien.
Le Canada est un pays extraordinaire, et nous sommes plus forts que nous ne le pensons. Notre économie est en fait plus grande que celle de la Russie. Ne l’oubliez pas. Mais une compétence canadienne, un talent canadien est de travailler avec les autres. Et nous avons reconnu, lorsque Poutine a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, que nous devions trouver des moyens, non seulement pour le Canada, d’apporter une aide directe, mais aussi des moyens pour nous de travailler avec nos partenaires et alliés, pour soutenir l’Ukraine.
Avant la guerre, nous avons travaillé avec les ministres des Finances du G7. L’économie, le monde de l’argent, c’est aussi un champ de bataille, et nous devrions faire notre part.
Et donc nous avons fait quelque chose que les gens pensaient ne pas pouvoir faire avant, et c’était de geler les actifs de la Banque centrale russe. Mais ce n’était que la première étape.
Il en coûte beaucoup d’argent à l’Ukraine pour mener cette guerre. Il en coûte beaucoup d’argent pour maintenir l’économie en marche. Et il y avait 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés. Nous sommes parvenus à geler les actifs sur des comptes des banques occidentales, alors que la Russie faisait des dégâts dévastateurs à l’Ukraine, tuant des gens, détruisant des infrastructures et des centrales électriques.
Et je suis tellement fière, et franchement, tellement soulagée que nous ayons réussi, en tant que G7, à prendre une mesure extrêmement importante cette année. Et c’est-à-dire que nous versons 50 milliards de dollars à l’Ukraine, garantis par ces actifs russes gelés.
Il s’agissait d’une initiative canadienne et il y avait un degré élevé de scepticisme lorsque nous avons commencé à en parler, car ce n’est pas une mince affaire. Mais avec le temps, nous sommes parvenus à un consensus avec nos alliés sur le fait que c’était la bonne chose à faire.
Je suis donc très fière de vous dire que le Canada avancera directement 5 milliards de dollars à l’Ukraine, garantis par les actifs russes.
C’est important pour des raisons pratiques, mais c’est aussi important pour des raisons morales. C’est important parce que le peuple courageux de l’Ukraine vit une injustice. Il n’est pas juste que les citoyennes et citoyens résolus des alliés démocratiques de l’Ukraine, que les gens du Canada, paient pour les destructions que Poutine inflige chaque jour. Les dictateurs doivent savoir que lorsqu’ils envahissent un pays, lorsqu’ils enfreignent la loi, lorsqu’ils détruisent un pays et tuent son peuple, ils seront obligés de payer, de réparer les dommages causés.
Et c’est pourquoi cette initiative d’avancer de l’argent à l’Ukraine, garanti sur les actifs russes, est à la fois importante pour l’Ukraine aujourd’hui et demain, importante quand il s’agit de la capacité de l’Ukraine à continuer à rester forte. Mais le principe est aussi important. Il est important pour Poutine de savoir qu’il ne va pas s’en tirer si facilement. Il va être vaincu et il va payer pour les dommages qu’il cause chaque jour.
Mais comme nous le savons, le combat n’est pas terminé. Nous devons continuer chaque jour, afin de trouver de nouvelles façons de soutenir l’Ukraine et de forcer Poutine à cesser la guerre.
Je tiens à vous dire – et c’est la première fois que je vais en parler – que la prochaine initiative que le Canada mettra de l’avant sera de devenir plus rigide avec le pétrole russe. Le moment est venu pour nous de passer à l’action et de retirer le pétrole russe du marché mondial. Ce pétrole russe finance littéralement la machine de guerre de Poutine. Nous avons pris des mesures importantes pour retirer ce pétrole russe du marché mondial. Maintenant, nous devons aller plus loin et travailler plus fort. Et je crois, le Canada croit, que le moment est venu d’entreprendre cette démarche avec nos alliés. Et je suis heureuse de vous le dire ici, au CUC de l’Alberta, parce que le Canada, en tant que puissance énergétique, l’Alberta en tant que puissance énergétique, a une voix et un rôle réels à jouer pour nous permettre, en tant que G7, de vraiment pousser le pétrole russe hors du marché mondial.
Je vous ai d’abord parlé en tant que femme de cette communauté. Ensuite, je vous ai parlé en tant que vice-première ministre et ministre des Finances. Maintenant, j’aimerais que vous m’aidiez à parler directement au peuple ukrainien.
C’est un moment important mondialement et je pense que maintenant plus que jamais, le Canada doit être très clair sur le fait que nous appuyons l’Ukraine, que l’Ukraine doit être victorieuse et que Poutine doit être vaincu. Que nous avons soutenu l’Ukraine depuis le début! N’oublions pas que le Canada entraîne les troupes ukrainiennes depuis 2015 dans le cadre de l’opération UNIFIER. Nous sommes présents aujourd’hui, et j’espère vraiment que vous vous joindrez à moi pour dire le plus fortement possible à l’Ukraine que nous serons là à l’avenir. Ces gens comptent sur nous.
Je tiens donc à dire que le Canada reconnaît que le combat en Ukraine est un combat entre la lumière et l’obscurité. C’est un combat entre la démocratie et la dictature.
Seule la population ukrainienne risque sa vie, se bat et meurt. Mais elle se bat pour notre démocratie et pour l’ordre fondé sur des règles qui garantit la souveraineté de chaque pays. Et c’est pourquoi nous sommes si clairs et si fermes en nous tenant aux côtés de l’Ukraine aujourd’hui, demain et aussi longtemps qu’il le faudra.
Slava Ukraini!
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