John Keefer Mahony

Comme l’indique l’extrait suivant du London Gazette, John Keefer Mahony est récipiendaire de la Croix de Victoria. Cette médaille est décernée pour un acte de bravoure remarquable, un acte de vaillance ou d’abnégation audacieux ou extraordinaire, ou un dévouement extrême au devoir face à l’ennemi.

Croix de Victoria - Seconde Guerre mondiale, 1939-1945

John Keefer Mahony

John Keefer Mahony naît à New Westminster, en Colombie-Britannique le 30 juin 1911. Avant la Seconde Guerre mondiale, il est officier de milice dans le Westminster Regiment et y demeure quand le régiment devient mobilisé outre-mer.

Le 24 mai 1944, en Italie, le Major Mahony fait franchir la rivière Melfa à sa compagnie, sous un intense tir d’artillerie. Sa mission est d’établir une solide tête de pont sur le côté ouest de la rivière et fait partie des opérations menées par le 1er Corps canadien visant à briser la ligne Adolf Hitler. Bien que menacée par une force nettement supérieure, la compagnie du Major Mahony réussit à tenir la tête de pont durant cinq heures sous un feu continu, jusqu’à l’arrivée des renforts. Lors de deux contre-attaques allemandes, ses hommes détruisent trois canons automoteurs et un char – fait d’armes remarquable si l’on considère qu’ils n’ont pas de canons antichars. Malgré trois blessures, le Major Mahony est une constante source d’inspiration et de détermination et, sans relâche, il organise la défense, visite ses hommes dans leurs positions et dirige personnellement le tir des armes antichars légères disponibles. Pour le leadership et le courage exemplaires dont il a fait preuve à cette occasion, le Major Mahony se voit décerner la Croix de Victoria.

Le Major Mahony s'éteint à London, en Ontario, le 16 décembre 1990.

Citation

Le 24 mai 1944, la compagnie « A » du Westminster Regiment (Motor), sous le commandement du Major Mahony, reçoit l'ordre d'établir la première tête de pont sur la rivière Melfa.

L'ennemi détient encore de solides forces composées de chars d'assaut, de canons automoteurs et de troupes d’infanterie occupant des positions défensives à l'est de la rivière. Malgré cette situation, le Major Mahony dirige personnellement sa compagnie vers la rivière et la traverse en demeurant avec la section de tête. Bien que la traversée se fasse entièrement à découvert et sous un tir nourri de mitrailleuses des postes ennemis situés sur les fronts droit, arrière et gauche, il dirige chaque section vers la bonne position sur la rive ouest avec un sang-froid et une confiance inébranlables. Une fois la traversée terminée, une petite tête de pont est établie à un endroit où il n'est possible de creuser que des trous pour armes peu profonds. La compagnie résiste au tir et aux attaques de l'ennemi de 15 h 30 à 20 h 30, soit jusqu’à ce que les autres compagnies munies d'armes de soutien réussissent à traverser la rivière pour lui venir en aide.

La tête de pont est entourée sur trois côtés par un canon automoteur de 88 mm, situé à 450 verges à droite, une batterie de quatre canons anti-aériens de 2 cm, à 100 verges à gauche, un Spandau à 100 verges de cette dernière et, à gauche du Spandau, un deuxième canon automoteur de 88 mm et environ une compagnie d'infanterie armée de mortiers et de mitrailleuses à gauche du canon de 88 mm. La compagnie du Major Mahony est constamment la cible de toutes ces armes jusqu'à ce qu'elle arrive à éliminer le matériel automoteur et l'infanterie sur le flanc gauche.

Peu après l'établissement de la tête de pont, l'ennemi contre-attaque avec l'infanterie appuyée par des chars et des canons automoteurs. Cette contre-attaque est renversée par la compagnie à l'aide de ses lance-bombes antichar d'infanterie (PIAT), ses mortiers de 2 po et ses grenades, grâce à l'adresse avec laquelle le Major Mahony a disposé ses positions de défense. Avec une intrépidité absolue et au mépris de sa propre sécurité, le Major Mahony dirige le tir de ses PIAT pendant toute cette intervention, en encourageant et en conseillant ses hommes. À ce stade, la compagnie ne compte plus que 60 hommes et tous les officiers du peloton, à une exception près, ont été blessés. À peine une heure plus tard, les chars d'assaut ennemis se regroupent à quelque 500 verges de la tête de pont et lancent une seconde contre-attaque avec environ une compagnie d’infanterie. Le Major Mahony, déterminé à conserver cette position à tout prix, se promène d’une section à l'autre, prodiguant des mots d’encouragement et dirigeant personnellement le tir des mortiers et d'autres armes.

À un moment donné, une section est arrêtée en pleine campagne par un tir de mitrailleuse précis et intense. Le Major Mahony rampe jusqu'à sa position et, en lançant des grenades fumigènes, réussit à tirer la section de ce mauvais pas avec une seule perte de vie. Cette contre-attaque est enfin repoussée grâce à la destruction de trois canons automoteurs ennemis et d'un char Panther.

Au début du combat, le Major Mahony a été blessé à la tête et à deux reprises à la jambe, mais il refuse tout secours médical et continue de diriger la défense de la tête de pont en dépit des douleurs intenses que provoque le moindre mouvement. Ce n'est qu'après que le reste des compagnies du régiment a traversé la rivière pour lui venir en aide qu'il accepte de faire panser ses blessures, refusant cependant d'être évacué pour demeurer avec sa compagnie.

L'établissement et le maintien d'une tête de pont sont essentiels à l'ensemble du combat du Corps canadien et un échec à ce chapitre se traduirait par une nouvelle attaque entraînant probablement de lourdes pertes de vie, de matériel et de temps, en plus de donner à l'ennemi un moment de répit qui pourrait freiner l'élan de l'avance du Corps.

Conscient de ce fait, le Major Mahony ne laisse jamais l'idée d'un échec ou d'un repli envahir son esprit et insuffle sa fougue et sa détermination à tous ses hommes. Au premier signe d'hésitation, il s'empresse d'encourager par l'exemple les soldats qui subissent la tension du combat. L'ennemi s'aperçoit que cet officier est l'âme de la défense et, par conséquent, il est la cible de toutes leurs armes, des fusils au canon de 88 mm. Le Major Mahony les ignore totalement et, faisant preuve d'un courage remarquable et au mépris du danger qu'il court, il commande sa compagnie avec une confiance, une énergie et une adresse telles que tous les efforts de l'ennemi visant à détruire la tête de pont sont vains.

Le courage remarquable dont le Major Mahony a fait preuve dans ce combat demeurera à jamais une inspiration pour son Régiment et pour l'Armée canadienne.

(London Gazette, no 36605, le 13 juillet 1944)

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