Force multinationale intérimaire d’urgence (IEMF)
Information internationale
Nom de l'opération internationale : Force multinationale intérimaire d'urgence (FMIU)
Nom de la mission internationale : Force multinationale intérimaire d’urgence (FMIU)
Mandant : Résolution 1484 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 30 mai 2003 (Chapitre VII)
Région géographique : Afrique
Lieu : Congo
Date : 30 mai 2003 - 7 septembre 2003
Opération canadienne : Opération CARAVAN : 8 juin au 11 juillet 2003
Mandat : Le 30 mai 2003, le Conseil de sécurité des Nations Unies autorisait la Force multinationale intérimaire d’urgence, grâce à la résolution 1484, à mener une opération prévue en vertu du Chapitre VII. Le mandat de cette Force consistait à stabiliser les conditions de sécurité dans la ville de Bunia, dans la région de l’Ituri du nord est de la République démocratique du Congo. Le mandat incluait la protection de l’aéroport, du personnel de l’ONU, du personnel de l’aide humanitaire et des personnes déplacées de Bunia.
Notes de mission : Le conflit en République démocratique du Congo (RDC – anciennement le Zaïre) a débuté en 1994, lorsque le président Mobutu Sese Seko a appuyé les milices hutu rwandaises. Pour s’opposer au président Mobutu, le leader rebelle congolais Laurent Kabila, Paul Kagame de l’armée patriotique rwandaise et Yoweri Museveni de l’Ouganda ont formé une alliance. Après avoir défait les Hutus appuyés par Mobutu, l’alliance s’en est prise au dictateur Mobutu qu’elle a destitué au printemps 1997. Laurent Kabila a pris le pouvoir, mais l’alliance était vouée à sa perte. Kagame et Museveni ont décidé d’appuyer de nouveaux groupes rebelles dans l’est et le nord de la RDC. Après la marche de ses deux groupes vers Kinshasa en 1998, avec l’aide des Rwandais et des Ougandais, Kabila a invité l’Angola, le Tchad, la Namibie et le Zimbabwe à l’aider. Des pressions internationales ont amené les parties à la table des négociations; les parties ont signé l’accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999.
Afin d’appuyer l’accord de Lusaka, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la mise en place d’agents de liaison militaires le 6 août 1999. Par la suite, le 30 novembre, l’ONU a mis sur pied la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Une petite force de sécurité de l’ONU et un groupe d’observateurs militaires de l’ONU non armés ont été déployés en RDC. En vertu de l’accord de Lusaka, toutes les forces étrangères devaient quitter le territoire de la RDC, dont la région d’Ituri.
Avec un mandat se limitant à la mise en application de l’accord de Lusaka, la MONUC n’était tout simplement pas assez importante pour établir une vaste présence permanente en Ituri ou pour mettre en place une force de réaction rapide qu’on pourrait déployer en cas d’urgence. En outre, elle n’était pas autorisée à intervenir pour empêcher les actes de violence commis en RDC par des groupes congolais, que ce soit pour des motifs politiques ou ethniques.
À la fin d’avril 2003, les forces ougandaises qui avaient assuré l’autorité et la sécurité de fait en Ituri ont commencé à se retirer. Le 6 mai, le retrait était complet. Le Conseil de sécurité avait insisté pour que les troupes ougandaises se retirent parce que, si elles étaient restées en RDC, le Rwanda aurait probablement déployé ses propres troupes dans la région. La MONUC a cerné les risques associés au retrait des troupes ougandaises et les a communiqués au Conseil de sécurité. Malgré le fait que la MONUC n’ait eu ni le mandat ni les ressources nécessaires, elle a envoyé son bataillon léger uruguayen à la capitale de l’Ituri (la ville de Bunia), alors que le gouvernement de la RDC envoyait de son côté 700 policiers nationaux pour maintenir l’ordre.
Malgré la présence du bataillon uruguayen, basé à l’aéroport, la violence a éclaté entre la milice ethnique Lendu et l’Union des patriotes congolais (UPC) composée en majorité de membres du groupe ethnique Hema. Les deux forces tentaient de contrôler Bunia. Des milliers de personnes ont fui ou se sont réfugiées près des sites de la MONUC, y compris le bataillon uruguayen. Malgré les atrocités commises en Ituri, la présence du bataillon uruguayen a permis de sauver des vies puisque le bataillon protégeait l’aéroport et la ville lors de l’attaque. La police congolaise a disparu aux premiers signes de menace. L’ONU a estimé qu’au moins 10 000 personnes auraient été tuées à l’aéroport et 6000 dans la ville de Bunia si l’ONU avait abandonné Bunia.
Était donné que la situation menaçait de devenir incontrôlable, le secrétaire général des Nations Unies a fait appel à la France, qui a accepté de mener une action autorisée par l’ONU pour restaurer l’ordre. Le 30 mai 2003, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait la résolution 1484 pour la mise sur pied de la Force multinationale intérimaire d’urgence. Celle-ci était autorisée jusqu’au 1er septembre 2003, ce qui nécessitait la mise en place d’une force de suivi pour maintenir la sécurité qu’on demandait à la Force intérimaire de rétablir. Le Conseil de sécurité a donc autorisé une augmentation de la taille de la MONUC et le déploiement d’une brigade de 4800 militaires en Ituri lors du départ de la Force intérimaire (personnel maximum de 1400 personnes).
Les premiers membres de la Force intérimaire sont arrivés à Bunia le 6 juin. Ils étaient appuyés par des avions des Forces aériennes françaises qui devaient mener des vols de reconnaissance et assurer un appui aérien rapproché. La France et la Suède ont également déployé 220 militaires des forces spéciales afin de doter la Force intérimaire de la capacité d’attaquer les menaces à l’extérieur du secteur de Bunia.
Une des premières mesures de la Force intérimaire a été de déclarer la ville de Bunia et un secteur de dix kilomètres autour de la ville zone « d’armes non visibles », c’est-à-dire un secteur où on ne pouvait porter des armes ouvertement. Cependant, on n’a fait aucun effort pour désarmer les milices, et elles ont donc continué de se battre entre elles. Malgré tout, les troupes terrestres de la Force intérimaire ont participé à des escarmouches avec les milices Lendu et l’UPC, où elles ont montré leur détermination. Les patrouilles de la Force intérimaire ont également coupé les lignes de ravitaillement des milices, ce qui a contribué à réduire le pouvoir des groupes rivaux. Éventuellement, les personnes déplacées ont pu revenir à Bunia en sécurité, l’activité économique a repris, l’aide humanitaire a pu être offerte de nouveau, et les choses avaient retrouvé un semblant de normalité à la fin du mandat de la Force intérimaire. Celle-ci a remis la responsabilité de la région de l’Ituri à la MONUC le 1er septembre et ses derniers membres ont quitté la zone le 7 septembre.
La participation canadienne à la Force multinationale intérimaire d’urgence a été organisée rapidement. Le 23 mai, un ordre d’avertissement avait été émis sur la possibilité d’un déploiement et d’une opération sous la désignation Caravan. La mission a été annoncée officiellement le 30 mai. Deux aéronefs de transport tactique Hercule CC-130 déployés pour l’opération Apollo seraient détachés, à partir d’Entebbe (Ouganda), pour une période d’un mois. Le contingent canadien était formé de 51 personnes, la plupart en provenance de l’opération Apollo, mais aussi d’autres en provenance du Canada.
En un mois d’opération, du 8 juin au 7 juillet, le personnel de la Force d’Entebbe et de Bunia a effectué 50 vols, transporté 545 personnes et livré 490 000 kg de marchandises à Bunia. Le seul problème qui soit survenu est qu’une balle a frappé un des aéronefs le 17 juin, mais cette balle n’a pas pénétré le fuselage. La plus grande partie du personnel est parti d’Entebbe le 7 juillet. Les derniers militaires sont partis le 11 juillet.

Photo : Cplc Brian Walsh, Caméra de combat des Forces canadiennes
Bunia, République démocratique du Congo
Le Capt Paul Anderson (à droite), le pilote, et le Sgt Tony Kester, l’officier mécanicien de bord, attendent aux commandes de leur CC-130 Hercules alors qu’on procède à son déchargement à Bunia, en République démocratique du Congo (RDC). C’était le premier vol effectué par des Canadiens afin de transporter des soldats français à Bunia dans le cadre de l’opération Caravan.
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