Déclaration commune des ministres de la Défense du G7 réaffirmant leur détermination commune à relever les défis en matière de sécurité
Déclaration
Le 19 octobre 2024 – Naples, Italie – Défense nationale/Forces armées canadiennes
Préambule
Nous, les ministres de la Défense du G7 du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis, et le haut représentant de l’Union européenne, avec la participation du Secrétaire général de l’OTAN, nous sommes réunis à Naples pour réaffirmer notre indéfectible unité et notre détermination commune à relever de manière cohésive et concrète les défis en matière de sécurité, à un moment dans l’histoire marquée par une grande instabilité.
Dans cet esprit, nous réaffirmons fermement notre engagement à promouvoir le respect de la Charte des Nations Unies, à prendre des mesures concrètes en vue de protéger la paix et la sécurité, ainsi qu’à nous opposer à tout geste visant à compromettre l’ordre international libre et ouvert fondé sur des règles.
Nous :
- réitérons notre soutien inébranlable envers l’Ukraine qui, depuis près de trois ans, se défend contre la guerre d’agression illégale et brutale de grande envergure menée par la Russie. Nous condamnons la Russie, qui a adopté une posture de confrontation et de déstabilisation à l’échelle mondiale, tout en recourant à la guerre hybride et à l’utilisation irresponsable d’une rhétorique nucléaire;
- croyons que le G7, de concert avec d’autres partenaires internationaux, peut jouer un rôle clé dans le processus d’instauration d’une paix globale, juste et durable dans le respect du droit international, pour assurer la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Afin d’y parvenir, nous devons poursuivre les efforts visant à obtenir le plus large soutien international possible envers l’Ukraine et à favoriser un sentiment renouvelé de confiance en misant sur l’inclusion de pays aux vues similaires;
- nous engageons à trouver des solutions coopératives afin de répondre à la nécessité croissante pour les industries de la défense de maintenir un rythme de production élevé, de nous efforcer de bâtir et de soutenir une industrie de la défense à la fois résiliente et fiable, notamment en ce qui concerne les questions relatives à l’approvisionnement dont la Défense a besoin;
- reconnaissons la nécessité d’adopter une approche plus coopérative sur le plan des activités de recherche et développement axées sur la défense, ainsi que de l’échange et de la mise à profit de l’expertise et des connaissances, tout en favorisant la création d’un environnement sûr pour prévenir tout accès malveillant, dans le but de préserver un avantage concurrentiel, y compris dans le domaine des technologies émergentes et perturbatrices;
- reconnaissons la pertinence de trouver des solutions efficaces dans le but de garantir la viabilité prolongée des opérations militaires et la régénération adéquate des forces;
- sommes aussi résolus à maîtriser et à contrer la manipulation d’information et la propagation de la mésinformation et de la désinformation;
- condamnons l’attaque terroriste brutale perpétrée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a provoqué une escalade de la violence menaçant la région du Moyen-Orient dans son ensemble;
- nous unissons pour souligner la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, de libérer tous les otages, d’augmenter, de manière considérable et soutenue, l’acheminement d’une aide humanitaire dans tout Gaza et d’emprunter une voie durable vers une solution à deux États;
- sommes préoccupés par les événements récents au Liban et par le risque d’escalade supplémentaire. Nous exprimons une inquiétude quant à toutes les menaces pour la sécurité de la FINUL. La protection des gardiens de la paix incombe à toutes les parties au conflit. Nous réaffirmons aussi l’importance d’appuyer la FINUL et les forces armées libanaises dans leur rôle visant à assurer la stabilité et la sécurité du Liban;
- condamnons les attaques perpétrées par les houthistes visant le commerce maritime en transit dans la région, notamment dans la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb et le golfe d’Aden, et nous réaffirmons le droit de préserver la liberté de navigation, de protéger les routes maritimes et de défendre les navires et le personnel, conformément au droit international et aux RCSNU 2722 et 2739;
- condamnons l’attaque militaire de l’Iran menée directement contre Israël le 13 avril 2024 et le 1er octobre 2024, et nous demandons à l’Iran de s’abstenir de soutenir le Hamas, le Hezbollah, les houthistes et d’autres acteurs non étatiques, et de se retenir de prendre d’autres mesures pouvant déstabiliser la région et entraîner une escalade incontrôlée;
- exprimons nos inquiétudes quant aux stratégies adoptées par certains acteurs étatiques à l’égard de l’Afrique, entre autres, le recours à des pratiques économiques déloyales et à la désinformation, lesquelles créent une instabilité;
- réaffirmons notre engagement à rehausser la stabilité et la sécurité des pays d’Afrique, en soulignant l’importance d’une approche intégrée par la prise de mesures utiles et coordonnées avec des partenaires africains sur le plan de la paix, de la sécurité et de la défense, particulièrement en ce qui concerne le renforcement des capacités, la réforme des secteurs de la sécurité et de la défense, de même que de l’interopérabilité. Dans ce sens, nous nous réjouissons à l’idée de réaliser les initiatives bilatérales et multilatérales de nos partenaires axées sur nos « voisins du Sud », y compris les activités de l’Union européenne et de l’OTAN;
- reconnaissons que les changements climatiques constituent un défi majeur qui influe considérablement sur notre sécurité et peut exacerber les défis démographiques, économiques et politiques relativement à la paix et à la stabilité de par le monde, plus particulièrement dans les pays les plus vulnérables;
- réaffirmons la nécessité de renforcer le système multilatéral au cœur duquel se trouvent les Nations Unies et leur Charte. Nous nous engageons à prendre les mesures nécessaires adoptées durant le Sommet de l’avenir des Nations Unies et à continuer de soutenir et d’adapter les opérations de paix des Nations Unies, en tant qu’outil essentiel au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde;
- réaffirmons notre engagement à assurer une Indo-Pacifique libre et ouverte, région qui, nous le reconnaissons, joue un rôle essentiel en ce qui concerne la prospérité et la sécurité mondiales, ainsi que notre engagement à favoriser nos partenariats en matière de sécurité et de défense avec les pays de l’Indo-Pacifique;
- réitérons qu’il est indispensable à la sécurité et à la prospérité internationales de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan;
- exprimons notre vive inquiétude face à la situation dans les mers de Chine orientale et méridionale et nous réitérons notre forte opposition à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition, notamment dans les domaines maritime et aérien;
- exprimons notre vive inquiétude relativement au soutien que la Chine apporte à la Russie, lequel permet à la Russie de poursuivre sa guerre illégale en Ukraine et entraîne des répercussions graves et étendues pour la sécurité, ainsi qu’à la coopération militaire grandissante entre la Chine et la Russie;
- condamnons le développement continu des programmes nucléaires et de missiles balistiques de la Corée du Nord, ce qui contrevient directement aux RCSNU, et nous exprimons notre inquiétude quant à sa coopération militaire croissante avec la Russie.
Soutien à l’Ukraine
Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, nous, pays du G7 membres, de concert avec l’OTAN, avons joué un rôle central pour appuyer le droit de l’Ukraine de se défendre contre l’agression russe, dans le but d’instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine, tout en réaffirmant la primauté du droit international, notamment la Charte des Nations Unies et le principe de l’inviolabilité de la souveraineté nationale.
Nous réaffirmons notre soutien indéfectible à la liberté, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.
Nous continuons de condamner avec la plus grande fermeté la violation flagrante par la Russie du droit international, dont la Charte des Nations Unies, de même que les attaques répétées et délibérées du pays visant des infrastructures civiles et essentielles, son recours à des formes de guerre hybride, et sa rhétorique nucléaire irresponsable.
Nous croyons que l’agression russe contre l’Ukraine pose une menace pour la sécurité internationale, les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies et l’ordre international fondé sur des règles.
Nous appuyons le droit de l’Ukraine de se défendre et réaffirmons notre engagement à l’égard de la sécurité à long terme de l’Ukraine, notamment en mettant en œuvre des engagements et des dispositions bilatéraux en matière de sécurité fondés sur la « Déclaration commune de soutien à l’Ukraine » du G7, signée en marge du Sommet de l’OTAN à Vilnius, les ententes et les dispositions bilatérales en matière de sécurité convenues avec l’Ukraine, et le Pacte pour l’Ukraine adoptée en marge du Sommet de l’OTAN à Washington.
Par conséquent, nous réaffirmons l’importance de la synergie et de la cohérence entre le soutien apporté par l’OTAN, l’Union européenne et de manière bilatérale ou multilatérale. À cet égard, nous appuyons le mécanisme de consultations stratégiques améliorées entre l’Ukraine et l’Alliance établi avec le Conseil OTAN-Ukraine, lequel appuie également l’Ukraine sur la voie irréversible de l’intégration euro-atlantique complète, y compris l’adhésion à l’OTAN. Nous appuyons les initiatives d’aide de l’Union européenne et de l’OTAN, notamment le soutien militaire apporté par l’intermédiaire de la Facilité européenne pour la paix, la Mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine, les négociations en vue de l’accession de l’Ukraine à l’Union européenne, et le Programme de formation et d’aide à la sécurité en faveur de l’Ukraine de l’OTAN.
De plus, nous appuyons le Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine, y compris les efforts déployés par ses coalitions axées sur les capacités, et nous nous remémorons le lancement du Pacte pour l’Ukraine durant le Sommet de l’OTAN à Washington. Nous accueillons les initiatives ayant pour but de soutenir l’industrie de la défense de l’Ukraine, laquelle fait partie intégrante de la capacité de l’Ukraine à se défendre.
Nous soulignons notre intention de continuer de soutenir l’Ukraine, entre autres, en lui offrant une aide militaire à court terme et à long terme. Nous soutenons l’Ukraine dans sa trajectoire irréversible vers la pleine intégration à la zone euro-atlantique, ainsi que vers l’adhésion à l’OTAN.
Nous jugeons qu’il est essentiel de continuer d’appuyer les besoins en matière d’éducation et d’entraînement des forces de défense et de sécurité de l’Ukraine à court terme et à long terme, étant donné la nécessité d’assurer la régénération et la reconstitution des forces. Nous accueillons les efforts respectifs de l’OTAN et de l’Union européenne par l’intermédiaire du Programme de formation et d’aide à la sécurité en faveur de l’Ukraine de l’OTAN et de la Mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine, lesquels appuieront également le développement à long terme et la réforme des forces armées ukrainiennes, y compris l’aide militaire. Comme l’indique le communiqué des dirigeants paru lors du Sommet du G7 dans les Pouilles, les revenus extraordinaires provenant des actifs souverains russes immobilisés, gardés au sein de l’Union européenne et d’autres compétences pertinentes, serviront à soutenir l’Ukraine, notamment sur le plan militaire, budgétaire et d’aide à la reconstruction à court terme et à long terme, conformément aux systèmes juridiques respectifs des membres du G7.
Nous sommes d’avis qu’en priorité, nous devons nous efforcer maintenant à trouver des solutions pour garantir l’interopérabilité des forces armées ukrainiennes avec les États membres de soutien et l’OTAN, et veiller à ce qu’elles soient en mesure de défendre l’Ukraine aujourd’hui et de prévenir d’autres attaques à l’avenir. Ce processus doit être fondé sur des mesures coordonnées et soutenues prises par les acteurs étatiques et internationaux pertinents.
Nous réitérons que notre objectif ultime demeure d’instaurer une paix globale, juste et durable dans le respect du droit international, conformément à la Charte des Nations Unies et ses principes, paix qui garantit la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Moyen-Orient
Nous exprimons notre inquiétude face à l’escalade au Moyen-Orient.
Nous réitérons notre condamnation sans appel des brutales attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et la libération rapide de tous les otages. Ces attaques ont enclenché une spirale de violence impliquant aussi Israël et le Hezbollah et ayant un profond impact sur la population civile. Un dangereux cycle d’attaques et de représailles potentielles alimente une escalade échappant à tout contrôle au Moyen-Orient, ce qui ne sert les intérêts de personne. Nous incitons toutes les parties à se mobiliser de manière constructive pour désamorcer les tensions actuelles et leur rappelons l’importance de se plier au droit international, y compris au droit humanitaire international. Nous réitérons qu’il est d’une nécessité absolue de protéger la population civile et de la plus haute priorité de permettre un plein accès rapide, sûr et sans entrave aux travailleurs humanitaires.
Le conflit à Gaza et la terrible crise humanitaire qui en découle illustrent la nécessité de lancer un processus politique pour éviter toute escalade militaire subséquente et parvenir à rétablir la stabilité et la sécurité de façon durable. Nous réaffirmons donc qu’il est indispensable de continuer d’œuvrer à l’instauration d’un cessez-le-feu permanent à Gaza, d’une situation stable sur le plan de la sécurité et d’une aide humanitaire accrue et sans entrave aux civils innocents dans ce conflit.
Nous saluons la RCSNU 2735 et réitérons notre volonté d’appuyer un processus politique pour l’adoption d’une solution prônant la création de deux états à titre de seule option garantissant la coexistence pacifique à long terme des peuples israéliens et palestiniens en répondant aux besoins légitimes d’Israël en matière de sécurité tout en permettant la formation d’un État palestinien souverain, viable et démocratique.
Nous accueillons les initiatives visant à former et à conseiller les forces de sécurités de l’Autorité palestinienne et à soutenir une plus vaste réforme des systèmes de la sécurité et de la justice se fondant sur le succès d’initiatives de renforcement des capacités, dont celles axées sur la police civile palestinienne, qui représente une amélioration pour le peuple palestinien.
Nous réitérons la nécessité de trouver, de concert avec d’autres partenaires dans le cadre des organisations internationales concernées, des solutions viables pour la stabilisation, la gouvernance et la sécurité après le conflit. À cette fin, nous nous montrons prêts à soutenir des initiatives visant à stabiliser la région après la guerre, lorsque les conditions de sécurité le permettront.
Nous appuyons le rétablissement de la stabilité et de la sécurité à la frontière entre Israël et le Liban, de même que la protection des populations locales.
Nous sommes préoccupés par les récents événements au Liban et par le risque d’escalade supplémentaire. Nous répétons notre appel à la fin complète des hostilités, conforme à ce qu’exige la pleine application de la RCSNU 1701, et à l’adoption d’une solution diplomatique face au combat, reconnaissant ainsi le rôle stabilisateur fondamental joué par les forces armées libanaises et réaffirmant le rôle essentiel de la FINUL. Nous soulevons des inquiétudes quant à toute menace à la sécurité du personnel de la FINUL; la protection des gardiens de la paix incombe à toutes les parties lors des conflits.
Nous condamnons sans retenue les attaques balistiques à grande échelle menées par l’Iran contre Israël et soulignons l’importance pour toutes les parties d’agir dans le respect du droit international, y compris du droit humanitaire international.
Nous réitérons sans équivoque notre engagement à l’égard de la sécurité d’Israël.
Nous exprimons notre profonde préoccupation par rapport à l’intensification de la coopération militaire entre l’Iran et la Russie, notamment au chapitre de l’approvisionnement en missiles balistiques, en drones, en équipement militaire et en technologies sensibles visant à contourner le régime des sanctions.
Nous sommes résolus à préserver la liberté de navigation, à protéger les voies maritimes et à défendre les marins et les navires des attaques des houthistes dans la mer Rouge, la mer d’Oman et le golfe d’Aden, conformément à la RCSNU 2722. Nous appelons les houthistes à mettre un terme immédiat à leurs mesures d’escalade qui accroissent l’instabilité régionale et à relâcher sur-le-champ le navire « Galaxy Leader » et son équipage. Nous saluons la contribution importante du G7 aux initiatives de sécurité maritime dans la région.
Nous croyons en outre qu’il est crucial d’empêcher le conflit de se propager dans la région. Nous appelons toutes les parties à éviter une guerre ouverte, une situation qui déstabiliserait toute la région de façon irréversible et qui contribuerait à alimenter les tensions et l’instabilité à l’échelle mondiale.
Afrique
Nous croyons qu’un grand potentiel de partenariats et d’objectifs communs existe entre le continent africain et le G7, et nous sommes conscients qu’un équilibre délicat à préserver et les effets combinés d’une population grandissante et des changements climatiques amènent la nécessité d’un programme de développement commun et constant.
Nous affirmons notre engagement à soutenir les gouvernements des pays africains dans l’établissement des conditions de base pour assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité durables.
Nous reconnaissons l’impact considérable que plusieurs acteurs étatiques et non étatiques ont eu sur l’économie et la sécurité en Afrique. Cependant, cette influence déséquilibrée a parfois donné lieu à des normes environnementales, sociales et de gouvernance peu élevées, à la domination de la chaîne d’approvisionnement, à un fardeau de dette insoutenable et à des préoccupations sur le plan de la main d’œuvre et de la transparence. Le G7 appuie des partenariats justes, mutuellement avantageux et équitables en matière de défense et d’économie, grâce à la coopération avec les pays africains et les organisations régionales.
Nous maintiendrons notre engagement à l’appui de la paix, de la prospérité et de la stabilité en Afrique, notamment dans le contexte de l’approche intégrée de l’UE combinant différents outils de politique étrangère, dont des missions et opérations de politique de sécurité et de défense communes civiles et militaires. Nous saluons en outre les mesures d’aide fournies à des partenaires africains dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix, qui habilite grandement la prise en charge par l’Afrique en renforçant la capacité des forces armées africaines et en soutenant les opérations de soutien de la paix dirigées par le continent africain. Nous considérons la formation, l’interopérabilité, l’élaboration de protocoles communs, l’échange de personnel et les activités de renforcement des capacités en matière de défense et de sécurité de l’OTAN comme des outils efficaces pour créer les conditions propices à la promotion de la sécurité.
Indo-Pacifique
Nous affirmons notre engagement en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte, fondée sur la primauté du droit et le respect du principe de règlement pacifique des conflits sans recours aux menaces ou à l’utilisation de la force. Cette région est au cœur de la croissance mondiale, de l’évolution géopolitique et de l’équilibre militaire.
Son importance va au-delà de la seule dimension économique; de nombreux pays développés et en voie de développement ont un intérêt direct à y promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité, notamment au moyen de partenariats en matière de défense et de sécurité. Nous cherchons à établir des relations constructives et stables avec la Chine et nous reconnaissons l’importance d’un engagement direct et franc pour exprimer nos préoccupations et gérer nos différences, particulièrement en ce qui concerne la paix et la sécurité internationales.
Nous exprimons nos graves inquiétudes quant à la situation dans les mers de Chine méridionale et orientale. Comme l’indique le communiqué des dirigeants du G7 des Pouilles, nous réitérons notre forte opposition à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition.
Les vastes revendications maritimes de la Chine en mer de Chine méridionale n’ont aucun fondement juridique. Nous nous opposons fermement à l’obstruction que la Chine fait de manière répétée à la liberté de navigation, à la militarisation des zones contestées et à toute activité de coercition et d’intimidation, ainsi qu’à l’utilisation dangereuse de navires de la garde côtière et de la milice maritime en mer de Chine méridionale.
Nous insistons une fois de plus sur le caractère universel et unitaire de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et réaffirmons qu’elle joue un rôle important pour définir le cadre juridique dans lequel toutes les activités dans les océans et les mers doivent être menées. Nous rappelons également que la décision rendue par le Tribunal arbitral le 12 juillet 2016 est juridiquement contraignante pour les parties à cette procédure.
Nous réaffirmons qu’il est indispensable à la sécurité et à la prospérité internationales de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Nous sommes préoccupés par les gestes de provocation de la Chine, particulièrement les récents exercices militaires de l’Armée populaire de libération chinoise autour de Taïwan. Les positions fondamentales des membres du G7 à l’égard de Taïwan ne changent pas, y compris pour ce qui est des politiques « Une seule Chine ». Nous réclamons la résolution pacifique des enjeux qui se posent entre les deux rives du détroit.
Nous sommes profondément préoccupés par le soutien croissant de l’économie de guerre de la Russie par la Chine et nous demandons à cette dernière de cesser de transférer des matières à double usage, notamment des composants d’armes et des équipements qui contribuent de façon importante au secteur de la défense de la Russie, ce qui lui permet de poursuivre sa guerre illégale en Ukraine. Nous sommes inquiets face aux mesures de déstabilisation résultant du renforcement de la coopération militaire entre la Chine et la Russie.
Nous condamnons les programmes nucléaires et de missiles balistiques de la Corée du Nord. Nous réclamons de nouveau le démantèlement complet, vérifiable et irréversible des programmes d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la Corée du Nord. Nous condamnons la coopération militaire grandissante entre la Corée du Nord et la Russie, notamment l’exportation par la Corée du Nord et l’acquisition par la Russie de missiles balistiques nord-coréens, ce qui enfreint directement certaines résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que l’usage de ces missiles contre l’Ukraine. De plus, nous sommes préoccupés par la possibilité que des technologies nucléaires ou liées aux missiles balistiques soient transférées à la Corée du Nord, ce qui enfreindrait les résolutions concernées.
En ce sens, reconnaissant l’importance de la stabilité de la région indo-pacifique pour la dynamique mondiale, nous sommes engagés à coordonner nos présences respectives en matière de sécurité et de défense dans la région afin de veiller à ce que la sécurité régionale soit préservée dans le respect du droit international.
Nous sommes déterminés à poursuivre le dialogue avec tous nos partenaires de la région, et à envisager d’accroître notre participation aux exercices régionaux et de renforcer notre coopération opérationnelle dans la région afin de relever les défis croissants en matière de sécurité régionale.
État de préparation de la défense
Nous sommes conscients de l’interconnexion de ces défis liés à la sécurité et de la nécessité d’y répondre de manière décisive, notamment en continuant de renforcer l’industrie de la défense et en encourageant une participation solide et une coopération industrielle avec les partenaires. Nous saluons les initiatives complémentaires lancées par l’OTAN et l’Union européenne.
Nous reconnaissons l’importance d’assurer un accès fiable, prévisible et stable au financement pour les industries de défense en reconnaissant les particularités du secteur de la défense et en tenant pleinement compte des politiques, des réglementations, des rapports et des normes en matière de financement durable. Nous envisageons une coopération, une coordination et une synergie accrues en vue d’assurer une capacité et une production industrielles de défense fortes, réactives, sûres, compétitives et résilientes. Nous nous efforcerons d’explorer la coopération multinationale en matière d’approvisionnement efficace et de regrouper les demandes afin d’améliorer l’efficacité militaire.
Nous croyons qu’il est primordial de conserver notre avantage militaire grâce à la recherche et au développement responsables et à l’adoption rapide de nouvelles technologies, en particulier dans le domaine des technologies émergentes et perturbatrices.
Nous soulignons la pertinence d’un dialogue approfondi entre les membres du G7 sur les défis et les possibilités pour la résilience industrielle, et nous nous efforçons de développer une industrie de défense résiliente et fiable, notamment en ce qui a trait à l’approvisionnement pour la défense, et de la renforcer.
Nous continuerons de travailler à l’amélioration de l’interopérabilité en nous appuyant sur les normes communes déjà en place.
Nous reconnaissons la nécessité de réduire la forte dépendance aux combustibles fossiles et de minimiser et d’atténuer les émissions en partageant les pratiques exemplaires en matière de transition énergétique afin de préserver l’interopérabilité, de protéger l’efficacité militaire et de gérer les risques et les vulnérabilités.
Nous reconnaissons la nécessité de partager les pratiques exemplaires sur la manière d’assurer l’adhésion et la participation de la société ainsi que de créer une main-d’œuvre crédible et qualifiée qui deviendra un pilier de la dissuasion et de la défense. Nous reconnaissons l’importance de continuer à discuter et à partager les efforts déployés par chaque membre du G7 pour renforcer l’état de préparation de la défense.
Conclusion
Nous, les ministres de la Défense du G7 de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, et le haut représentant de l’Union européenne, avec la participation du Secrétaire général de l’OTAN, réaffirmons notre engagement, notre indéfectible unité et notre détermination commune à relever ensemble les défis internationaux en matière de sécurité en coopération avec les organisations internationales et les partenaires qui partagent notre respect et notre attachement à l’ordre international fondé sur des règles et au droit international, y compris à la Charte des Nations Unies.
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