Notes d’allocution pour le ministre de la Défense nationale Bill Blair dans le cadre du 6e séance plénière du Dialogue Shangri-La de l’IISS 2024

Discours

Le 2 juin 2024

Distingués délégués et participants, good morning, bonjour tout le monde.

C’est pour moi un grand plaisir et un honneur d’assister à la 21e édition du Dialogue du Shangri-La en tant que ministre de la Défense nationale du Canada.

Il s’agit de ma première présence au Dialogue du Shangri-La. J’ai été incroyablement impressionné par cette rencontre et par l’accent qui y est mis sur l’importance de la collaboration et de la communication dans le cadre de nos efforts collectifs pour maintenir la paix et la sécurité dans les deux océans qui relient cette vaste région vitale.

Je tiens à profiter de l’occasion pour remercier l’IISS et Singapour d’avoir organisé cet important dialogue, qui a grandement contribué à changer mes propres perceptions de manière très concrète. Je suis très reconnaissant d’avoir vécu cette expérience.

Je suis très heureux de pouvoir affirmer que le Canada est une fière nation du Pacifique.

La côte pacifique de notre pays s’étend sur quelque 25 000 kilomètres, et en tant que nation du Pacifique, l’avenir et la prospérité du Canada sont étroitement liés à la stabilité et à la sécurité de tout l’Indo-Pacifique

Il s’agit de la région connaissant la plus rapide croissance sur les plans économique et démographique, ainsi que du deuxième plus grand marché d’exportation régional et partenaire commercial du Canada. 

Les liens qui unissent nos peuples sont solides. Près d’un Canadien sur cinq a des racines familiales ici dans l’Indo-Pacifique.

Le rôle qui incombe au Canada en tant que pays bordé par le Pacifique contribue à le façonner en tant que nation. Un Indo-Pacifique libre, ouvert et inclusif est donc vital pour notre avenir également.

Nous avons reconnu il y a quelques années que nous devions renforcer notre présence dans cette région du monde.

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons lancé en 2022 la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique, qui investit 2 milliards et demi de dollars pour accroître notre présence dans la région, dont plus d’un demi-milliard de dollars pour renforcer nos liens en matière de défense et de sécurité.

Cet investissement nous permet d’augmenter notre présence navale en passant de deux à trois frégates par an.

Il nous habilite aussi à accroître notre participation aux exercices interarmées dans le cadre d’un nouveau programme de renforcement des capacités militaires.

Et nous collaborons avec des partenaires régionaux afin de renforcer les cybercapacités à l’appui de la réduction des risques de catastrophes, des secours d’urgence et de l’aide d’humanitaire.

Nos partenaires et alliés nous ont informés qu’ils avaient besoin que nous démontrions davantage de fiabilité et de cohérence en tant que partenaire. Je tiens à tous vous assurer que le Canada réalise non seulement les investissements nécessaires pour accroître sa présence ici, mais aussi pour montrer qu’il est un partenaire investi prêt à contribuer à toutes les très importantes initiatives dont nous avons discuté tout au long de ce dialogue.

Notre présence en Indo-Pacifique remonte à loin. Nous avons grandement tiré profit de notre collaboration de longue date avec les forces armées de la région, et ces rapports, comme je l’ai appris, forment la base de nos liens solides.

Depuis la guerre de Corée, nos forces armées ont maintenu une présence continue au sein du Commandement des Nations Unies en Corée du Sud. C’est un très fier Canadien, le lieutenant-général Derek McCaulay, qui y sert aujourd’hui à titre de commandant adjoint.

Dans le cadre de l’opération NEON, nous avons déployé des avions et des navires pour surveiller le contournement des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU par la Corée du Nord.

Et nous sommes présents dans la région en ce moment même.  

Pendant des décennies, nous avons mis en commun notre expertise avec nos partenaires régionaux, en particulier en Asie du Sud-Est, dans le cadre de notre programme d’instruction et de coopération militaires, et nous souhaitons collaborer encore davantage avec nos partenaires dans la région.

Je suis par exemple très heureux de confirmer aujourd’hui que le Canada se joindra à la nouvelle initiative de résilience de l’infrastructure industrielle de défense dans l’Indo-Pacifique qui a été annoncée plus tôt au cours de la conférence par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

Je m’en voudrais de ne pas profiter de l’occasion pour souligner l’extraordinaire leadership du secrétaire Austin dans tous les théâtres d’opérations du monde.

Cette initiative contribuera à renforcer notre sécurité commune et fera en sorte que le Canada, les États-Unis et tous nos partenaires puissent tirer parti de l’innovation et atténuer les obstacles à la coopération. Cela nous aidera à bâtir une région indo-pacifique plus sécuritaire et à soutenir nos industries nationales de la défense.

Permettez-moi maintenant de revenir au thème de cette séance.

Le Canada est une nation commerçante, et notre économie repose sur une région Indo-pacifique libre, ouverte et inclusive. C’est pourquoi, dans le cadre de notre stratégie pour l’Indo-Pacifique, nous augmentons nos déploiements navals dans la région.

Nous déployons depuis longtemps des navires de guerre à destination de cette région à partir de la côte ouest du Canada, mais plus récemment, toujours dans le cadre de la stratégie pour l’Indo-Pacifique, nous avons annoncé que nous commencerions également à déployer nos navires à partir de l’océan Atlantique, et que ceux-ci chemineraient par la mer Rouge, le golfe d’Aden et l’océan Indien.

Ces navires de guerre traversent l’océan Indien en route vers le Pacifique. En fait, le Navire canadien de Sa Majesté Montréal effectue ce trajet en ce moment même; le navire et son équipage effectuent actuellement une visite portuaire à Port Klang, en Malaisie, juste un peu plus haut sur la côte.

Au cours des prochains jours, ce navire et les marins canadiens à son bord franchiront le détroit de Malacca et poursuivront leur route vers le Pacifique.

Nous déployons ces navires en soutien à l’ordre international fondé sur des règles, car nous croyons que tous nos navires doivent être en mesure de naviguer sans entrave le long des voies commerciales.

Tant l’océan Indien que l’océan Pacifique doivent demeurer libres et ouverts à tous les navires, conformément aux règles internationales.

Nous devons continuer d’assurer la sécurité et la confluence de ces deux grands océans en respectant les règles qui régissent la conduite entre les nations. Le Montréal est la première de trois frégates canadiennes qui se rendront dans la région.

J’ai aussi le plaisir d’annoncer aujourd’hui que le Navire canadien de Sa Majesté Vancouver quittera cette semaine la côte du Pacifique pour s’entraîner plus tard au cours du mois en compagnie des forces navales de 28 autres pays dans le cadre du RIMPAC.

Nous déploierons également le navire de ravitaillement Asterix, notre nouveau navire de patrouille extracôtiers et de l’Arctique Max Bernays, ainsi que près de 300 membres des Forces armées canadiennes dans la région.

À la suite de ces exercices militaires à Hawaï, le Vancouver voguera vers l’ouest pour s’acquitter de ses tâches dans l’Indo-Pacifique.

Je suis aussi très fier de vous annoncer que le commodore Kristjan Monaghan de la Marine royale canadienne commandera l’intégralité du volet maritime du RIMPAC cette année.

Il s’agit pour nous d’une preuve de l’engagement du Canada à assumer le leadership dans le cadre de nos collaborations avec tous nos partenaires de l’Indo-Pacifique.

Bref, notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique vise l’obtention de résultats.

Nous effectuons plus de visites portuaires dans vos pays, et nous participons davantage aux exercices d’entraînement multinationaux avec vos forces armées.

Nous augmentons aussi notre capacité militaire et misons sur les efforts que nous avons déjà déployés dans le cadre de programmes d’instruction visant à accroître l’interopérabilité.

Plus important encore peut-être, étant donné les préoccupations fondées qu’a soulevées la région en ce qui a trait aux changements climatiques et aux urgences et désastres de nature climatique, nous croyons qu’il est grandement opportun de continuer d’investir dans l’aide humanitaire, les secours en cas de catastrophe, la réduction des risques et l’intervention en cas d’urgence.

Il y a près de deux mois, le premier ministre et moi avons lancé la nouvelle politique de défense que nous avons intitulée Notre Nord, fort et libre.

Cette politique tient compte des très importants changements géopolitiques auxquels nous sommes tous confrontés, y compris le fait que notre Arctique devient de plus en plus accessible à cause des changements climatiques.

Nous prévoyons que d’ici 2050, le couloir de navigation le plus rapide entre l’Europe et l’Asie pourrait se trouver dans notre Arctique.

La politique mentionne aussi la guerre d’agression illégale et non provoquée que mène la Russie contre l’Ukraine. Je tiens par ailleurs à profiter de l’occasion pour assurer tant le président Zelenskyy que le ministre de la Défense Umerov que le Canada restera solidaire de l’Ukraine jusqu’à la victoire.

Notre engagement envers l’Ukraine est indéfectible et inébranlable, et c’est pourquoi notre premier ministre réitérera la position du Canada lors du sommet sur la paix en Ukraine à venir en Suisse le 14 juin prochain.

Notre politique de défense cible deux régions prioritaires dans lesquelles affirmer notre présence militaire, soit l’Euro-Atlantique et, pour la toute première fois, l’Indo-Pacifique.

Notre présence dans la région est essentielle. C’est pourquoi notre politique prévoit d’investir plus de 10 milliards de dollars dans la préservation de nos flottes navales afin que nous puissions continuer de déployer régulièrement nos navires dans la région et de montrer à nos alliés que nous sommes le partenaire constant et fiable qu’ils réclament.

Cette politique est très claire au sujet des défis auxquels nous sommes confrontés.

Nous savons par exemple que certains pays poursuivent leurs propres intérêts ou adoptent des comportements au mépris des lois et des normes actuelles. Nous croyons que ces actions contribuent à accroître l’instabilité, ainsi que le risque de mauvais calcul et d’erreur.

Il incombe donc à tous nos pays de travailler ensemble pour préserver les règles internationales ayant contribué à maintenir la paix et la prospérité pour des milliards de gens dans cette région et partout dans le monde. Nous sommes aussi prêts à collaborer avec la Chine, par exemple, de même qu’avec tous nos partenaires à l’échelle de l’Indo-Pacifique pour préserver la sécurité et la stabilité dans la région.

Je crois que de bonnes communications entre nos institutions de la défense constituent l’élément le plus important de cette collaboration, et qu’elles sont vitales.

J’ai d’ailleurs eu l’occasion dans le cadre de ce dialogue de m’entretenir avec le ministre chinois de la Défense, l’amiral Dong Jun. Il s’agit là d’un progrès important que nous saluons. Il y avait plus de onze ans qu’un ministre de la Défense nationale du Canada s’était assis à la table de discussion avec son homologue chinois. Il était plus que temps.

Je peux partager avec vous certains des enjeux que j’ai abordés avec le ministre. J’ai exprimé nos préoccupations par rapport aux récents exercices militaires qu’a menés la Chine autour de Taïwan et à la provocation potentielle pouvant en résulter.

J’ai aussi soulevé nos inquiétudes quant au soutien économique croissant qu’accorde la Chine à la Russie. C’est là une source de préoccupation pour le Canada et tous ses alliés qui soutiennent l’Ukraine dans la défense de son territoire souverain face à l’invasion illégale.

J’ai en outre exprimé au ministre que nous nous attendons à ce que tous les pays de cette région se comportent de manière responsable et respectent les règles internationales qui assurent notre sécurité collective.

Ce fut une discussion franche et cruciale, et nous avons trouvé des terrains d’entente et des

intérêts communs afin de garantir que nous œuvrerons ensemble à la réduction des risques de désastres, une mesure appropriée face aux urgences qui surviennent dans la région et partout dans le monde. J’ai grand espoir que ce dialogue se poursuivra.

Permettez-moi de conclure en répétant que le Canada souhaite vivement accroître sa coopération avec les partenaires régionaux baignés par les deux grands océans qui sont au cœur de nos discussions de ce matin.

Nous savons que nous avons du travail à faire pour mériter notre place à cette table. Je tiens à tous vous assurer que nous sommes prêts à retrousser nos manches, et que nous accueillons les occasions de renforcer nos liens en matière de défense avec chacun de vos pays.

Nous sommes résolus à accroître notre présence et nos interventions afin que notre mobilisation se fasse davantage sentir, mais aussi pour que nous consolidions nos rapports.

Comme je l’ai dit plus tôt, de forts liens nous unissent à l’Indo-Pacifique, et ces liens ne cessent de se renforcer afin de garantir un avenir sécuritaire et prospère à tous les peuples.

Œuvrons ensemble à assurer une région Indo-pacifique libre, ouverte et inclusive, où les règles et les normes prévalent.

Je me réjouis de poursuivre ce dialogue avec vous tous, et je tiens une fois de plus à remercier l’IISS d’avoir organisé cette importante conversation.

Merci. Thank you.

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