Profil du PEACB : Le sous-lieutenant d’aviation John Gillespie Magee, Jr., auteur du poème « High Flight »
Article de nouvelles / Le 9 juin 2016
Par le major Bill March
L’auteur du poème le plus aimé de la Force aérienne est né à cette date en 1922.
Dans les mois qui précèdent l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale le 7 décembre 1941, des milliers d’Américains rallient le Canada pour s’enrôler dans l’Aviation royale du Canada (ARC). Presque la totalité de ceux-ci suivent le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (PEACB) avant de se diriger vers les escadrons de l’ARC et de la Royal Air Force (RAF) éparpillés partout au monde. Arborant l’écusson « U.S.A. » à l’épaule de leur uniforme de l’ARC, ils sont faciles à reconnaître.
En 2016, l'ARC commémore le PEACB, l’un des plus vastes programmes d’entraînement aérien au monde.
Et plus encore pour le sous-lieutenant d’aviation John Gillespie Magee, Jr., auteur du célèbre poème « High Flight », maintenant considéré comme le poème officiel de la Force aérienne.
Magee est né le 9 juin 1922, à Shanghai, en Chine. Il est le plus jeune de quatre garçons d’un missionnaire américain et d’une mère anglaise qui espèrent que le jeune Magee puisse grandir en faisant l’expérience de ce que les deux cultures ont le mieux à offrir. À neuf ans, il quitte la Chine pour l’Angleterre pour entamer une éducation britannique comme il se doit, dans le but d’étudier dans une grande université aux États-Unis. Alors qu’il étudie la Rugby School à Warwickshire, Magee développe un intérêt pour la poésie, qui l’amène à gagner le prix de poésie de son école en 1939.
Le même été, il va aux États-Unis pour habiter avec de la famille et passe l’année suivante à préparer le concours d’admission à l’Université Yale. Mais alors que la majorité de l’Europe est aux prises avec une guerre qui s’étend, Magee et plusieurs de ses amis ont un désir de plus en plus croissant d’aider à empêcher la progression du fascisme. Au printemps 1940, au moment où l’Angleterre a le dos au mur après la capitulation de la France, il demande un visa afin de s’enrôler dans la RAF. Sa demande est toutefois rejetée par les autorités américaines, conformément aux politiques isolationnistes du gouvernement de l’époque, qui voit d’un mauvais oeil les citoyens américains qui se rendent sur les champs de bataille d’Europe.
En juillet, Magee est accepté à l’Université Yale, mais les exploits de la RAF, au coeur de la bataille d’Angleterre, accentuent la détermination du jeune Américain à s’engager. Il explique à sa famille : « Je ne peux tout simplement pas aller à Yale... Je n’ai jamais été aussi convaincu de quoi que ce soit, je dois y aller et m’enrôler dans l’Aviation royale du Canada. » Au lieu de commencer ses études en septembre, Magee, avec le soutien à contrecœur de ses parents, prend le train de New York à destination d’Ottawa.
Le recrutement dans la Force aérienne est une expérience très révélatrice pour le jeune Américain de 18 ans. Un officier de recrutement met presque fin à ses rêves de carrière militaire, en l’informant en termes très clairs qu’il lui manque près de sept kilogrammes (16 livres) pour faire le poids. On lui conseille de revenir dans quelques semaines et d’essayer de nouveau. Pendant 14 jours, Magee s'astreint à un régime rigoureux, sans exercice, à s’empiffrer de toute la nourriture qui lui tombe sous la main. Il parvient à faire le poids, bien que tout juste. L’aviateur de 2e classe Magee, un peu grassouillet, se présente finalement au Dépôt des effectifs no 1, à Toronto.
Après un court séjour au Dépôt pour obtenir son fourniment de l’ARC et se soumettre à l’entraînement de base, Magee est envoyé à la Station de l’ARC Trenton dans le détachement de sécurité. Il est alors fréquent pour les jeunes aviateurs de se joindre à l’équipe de sécurité d’une station en attendant la libération d’une place à l’école du PEACB. Ces jeunes hommes, rongés par l’ennui de monter la garde pendant de longues heures, finissent souvent par se mettre dans le pétrin. Magee ne fait pas exception.
À une occasion, en retard au retour d’une permission, il se bute à l’adjudant de la station, qui l’envoie en détention pour plusieurs jours. Ses démêlés avec la discipline de la Force aérienne ne diminuent en rien son côté poétique, comme on peut le constater dans sa description de Trenton : « Tout l’endroit, les palpitations vers l’azur, la vitalité des hommes, sachant qu’ils vivent presque certainement la dernière année de leur vie... Un aéronef n’est pas pour nous une arme, mais un éclair d’argent qui zèbre le ciel; le bourdonnement grave d’un gros moteur, un sentiment d’étourdissement, de vitesse et d’extase. »
Après un court congé pour visiter sa famille à Washington, dans le District de Columbia, où son uniforme de l’ARC cause tout un émoi, Magee se rend à l’École élémentaire de pilotage no 9, à St. Catharines, en Ontario. Exploitée par le St. Catharines Flying Club, l’école est dotée d’appareils Fleet Finch. Même s’il vient périlleusement près d’écraser son avion au sol plus d’une fois, il réussit tout de même à terminer avec succès la formation, dans le cours 19, le 14 mars 1941. Son évaluation se lit : « Habileté, supérieure à la moyenne. Conduite et tenue, à peine passable. Cet étudiant a obtenu d’excellents résultats dans les habiletés de pilotage, et s’est classé premier dans les cours théoriques au sol, mais il n’a pas le sens des responsabilités, de la propreté et de l’ordre. Une surveillance étroite pendant la suite de son entraînement devrait lui permettre de devenir un très bon pilote militaire. »
Nouvellement promu au grade d’aviateur-chef, Magee est affecté à l’École de pilotage militaire no 2, à Uplands, en Ontario. Emballé de piloter les appareils Harvard et Yale plus puissants, il écrit à un ami : « J’ai trouvé ma place au soleil... J’ai découvert que j’ai toujours eu le pilotage dans le sang, sans le savoir. » Le jeune aviateur a cependant beaucoup encore à apprendre. Après une semaine particulièrement difficile, pendant laquelle il démolit son appareil dans un atterrissage bâclé, Magee passe tout son temps libre à laver des appareils pour lui rappeler d’être plus attentif dans les airs. Malgré ces mésaventures, c’est avec le sourire et beaucoup de fierté qu’il reçoit ses ailes de pilote du colonel d’aviation Wilfred A. Curtis en juin 1941.
Au terme d’un congé d’embarquement, pendant lequel Magee apprend qu’il a été promu au grade de sous-lieutenant d’aviation, il retourne en Angleterre. Il s’entraîne à piloter le chasseur Spitfire à l’Unité d’entraînement opérationnel no 53 à la Station de la RAF Llandow, au pays de Galles. Il décrit ses impressions du Spitfire « un avion électrisant, mais aussi terrifiant... » Encouragé à écrire ses impressions par un ami pilote, il rédige rapidement le poème qui le rendra célèbre – sur l’endos d’une enveloppe. « High Flight » semble s’être écrit de lui-même. Après en avoir envoyé une copie à ses parents, il leur explique « J’ai commencé sa composition à 30 000 pieds, et je l’ai terminé peu de temps après l’atterrissage. J’ai pensé qu’il pourrait vous intéresser. »
En septembre 1941, Magee se joint au 412e Escadron, l’un des escadrons de l’ARC formés sous l’article XV de l’accord du PEACB, à la Station de la RAF Digby. Son séjour avec cette unité est bref. Le 11 décembre, pendant un vol de routine, le Spitfire de Magee entre en collision avec un aéronef d’entraînement dans un nuage. Un témoin au sol rapporte que Magee est monté sur l’aile de son Spitfire endommagé, mais que son parachute ne s’est pas déployé et il a été tué. John Gillespie Magee, dix-neuf ans, est inhumé au Holy Cross Cemetery, à Scopwick, dans le Lincolnshire. À juste titre, la première et la dernière ligne de son poème figurent sur sa stèle.
“Oh! I have slipped the surly bonds of Earth. Put out my hand and touched the face of God.”
Note : Les héritiers de la succession du sous-lieutenant d’aviation Magee ont demandé que le poème ne soit jamais traduit dans d’autres langues.
Oh! I have slipped the surly bonds of Earth
And danced the skies on laughter-silvered wings;
Sunward I’ve climbed, and joined the tumbling mirth
Of sun-split clouds — and done a hundred things
You have not dreamed of — wheeled and soared and swung
High in the sunlit silence. Hov’ring there,
I’ve chased the shouting wind along, and flung
My eager craft through footless halls of air...
Up, up the long, delirious, burning blue
I’ve topped the wind-swept heights with easy grace
Where never lark, or even eagle flew —
And, while with silent lifting mind I've trod
The high untrespassed sanctity of space,
Put out my hand, and touched the face of God.
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