Entreposage et exposition en plein air : Principes de base – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 15/8

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La Note de l'ICC 15/8 fait partie de la quinzième série des Notes de l'ICC (Matériaux modernes et collections industrielles)

Introduction

Bon nombre de musées et de lieux patrimoniaux exposent et entreposent leurs artéfacts industriels à l'extérieur, en raison d'un manque d'espace à l'intérieur des bâtiments ou encore parce qu'ils souhaitent attirer l'attention sur leurs collections. Malheureusement, l'environnement extérieur endommage la plupart des matériaux et des finis. Le mieux qu'on puisse faire dans ce genre de situation, c'est de prendre des mesures correctives et d'assurer un entretien régulier afin de ralentir le processus de détérioration (consultez le 15/9 des Notes de l'ICC : Entreposage et exposition en plein air : Mesures correctives). Avant de faire quoi que ce soit, cependant, il faut déterminer la nature et l'ampleur des problèmes actuels.

Agents de détérioration et de destruction

Il y a de nombreuses forces qui assaillent les artéfacts industriels. Certaines d'entre elles, comme le feu et le vandalisme, constituent des événements catastrophiques. D'autres par contre, telles que la pourriture et la corrosion, sont des processus lents et constants. Certaines trouvent leur origine dans le milieu naturel, tandis que d'autres résultent de l'activité humaine.

La survie d'un artéfact extérieur est fortement influencée par sa conception et les matériaux qui le composent, notamment son épaisseur, sa forme, son inflammabilité et l'absorption d'eau de ses différentes composantes. Ainsi, un incendie ou une inondation peut détruire complètement un wagon en bois équipé de garnitures souples, de rideaux et de tapis, mais ne causer que relativement peu de dommages à un wagon couvert en acier. De même, des vandales peuvent causer beaucoup plus de dommages à un wagon en bois ou à un avion entoilé qu'à un tracteur en acier ou à un canon en fer.

Principales menaces

Pour la plupart des musées et des lieux historiques, la prévention des incendies et la sécurité viennent au premier rang des priorités. Le feu et les vandales peuvent en effet causer plus de dommages en une heure que la négligence peut en causer en vingt ans. Dès qu'on a trouvé les moyens de parer à ces menaces (consultez le Bulletin technique 18 : Programmes de prévention des incendies dans les musées, et le Bulletin technique 19 : Planification des systèmes et de la quincaillerie de sécurité dans les musées), on peut s'attaquer à celles que causent l'eau, l'exposition directe au soleil et les ravageurs tels que les insectes, les oiseaux et les rongeurs.

L'eau

Le rayonnement ultraviolet provenant du soleil s'attaque aux matières organiques telles que le bois, le cuir, les textiles et le caoutchouc, qu'il érode, crevasse et fragilise. La lumière du soleil s'attaque également aux peintures, aux vernis et aux décalcomanies, qu'elle affadit, pèle et craquelle. En outre, elle entraîne une forte hausse de la température dans les endroits clos comme l'intérieur des avions, des automobiles et des wagons (provoquant un « effet de serre »), asséchant les matériaux et accélérant leur détérioration.

L'exposition directe au soleil

Le rayonnement ultraviolet provenant du soleil s'attaque aux matières organiques telles que le bois, le cuir, les textiles et le caoutchouc, qu'il érode, crevasse et fragilise. La lumière du soleil s'attaque également aux peintures, aux vernis et aux décalcomanies, qu'elle affadit, pèle et craquelle. En outre, elle entraîne une forte hausse de la température dans les endroits clos comme l'intérieur des avions, des automobiles et des wagons (provoquant un « effet de serre »), asséchant les matériaux et accélérant leur détérioration.

Les ravageurs

Les insectes, les oiseaux et les rongeurs peuvent représenter un grave problème pour les artéfacts ayant des endroits clos où l'on trouve de grandes quantités de matières organiques vulnérables (comme l'intérieur des véhicules ferroviaires, des automobiles et des avions, où l'on trouve normalement des textiles, du bois, du cuir et du papier). À cet égard, ces objets ont beaucoup de similitudes avec les bâtiments meublés.

Évaluation préliminaire des problèmes

Pour bien s'occuper d'un objet extérieur, il faut planifier. La première chose à faire est de déceler les problèmes actuels ou éventuels sur les lieux.

Examiner d'abord l'emplacement et l'orientation des objets. Prendre en note la configuration du drainage des eaux sur le sol où se trouve l'objet. Prendre également note de la présence d'herbes hautes, de mauvaises herbes et d'arbres faisant saillie, qui peuvent être la source d'humidité ou de débris qui retiennent l'humidité (notamment les feuilles, les aiguilles de pin et les brindilles). Déterminer dans quelle mesure l'objet est directement exposé au rayonnement solaire au cours d'une journée d'été.

Effectuer par la suite une évaluation systématique de chacun des artéfacts industriels, en fonction de leur conception et de leurs matériaux, en notant ce qui suit :

  • Les matériaux absorbants comme les textiles (notamment la toile, le feutre et le lin), le bois, le cuir et le papier ou les panneaux de fibre de bois – La plupart des matériaux absorbants sont enduits en usine, sur au moins une surface, d'un produit les protégeant contre l'eau. Toutefois, le fini imperméable peut facilement avoir perdu son efficacité en raison de l'âge, de l'usure ou encore de bris. Les matériaux absorbants ont donc tendance à s'imprégner d'eau et à rester trempés pendant de longues périodes, détruisant les matériaux adjacents comme la tôle. Les matériaux isolants comme l'amiante, les nappes ouatées en fibre de verre et la laine de roche peuvent aussi être à l'origine de problèmes. Bien que ces matériaux soient généralement hydrorésistants, ils peuvent retenir l'humidité pendant de longues périodes à l'intérieur des panneaux muraux et des gainages

  • Surfaces de métal nu – Les surfaces de travail et éléments mobiles en métal rouillent rapidement, sauf dans les conditions les plus sèches. Quand l'artéfact était opérationnel, ces surfaces étaient protégées de la rouille par des moyens tels que des lubrifiants, la chaleur ou la friction.

  • Finis délicats – La peinture et le vernis forment une pellicule relativement mince qui est facilement endommagée ou détruite. Quand elle n'est plus là, il est difficile de la remplacer de façon appropriée et authentique. Les surfaces en plexiglas sont extrêmement vulnérables et peuvent facilement être éraflées ou rayées.

  • Matériaux minces – Plus un matériau est mince, plus il risque de se détériorer. La tôle, les panneaux de lambrissage et les placages sont des exemples évidents de ce phénomène. La tôle mince est vite percée par la corrosion, tandis que les panneaux de bois mince et de fibres de bois sont vite gauchis ou déformés.

  • Configuration – Les formes creuses (boîtes, compartiments et tuyaux) constituent des fosses où l'eau et les débris organiques s'accumulent. Elles se détériorent souvent plus rapidement que les parties qui peuvent évacuer l'eau et la saleté. Les joints structuraux, les coins intérieurs, les trous, les renfoncements et les surfaces horizontales retiennent également des débris humides favorisant la pourriture du bois, la corrosion du métal et, dans certains cas, la croissance de végétaux (par exemple de la mousse et des mauvaises herbes) sur l'objet.

  • Points d'entrée de l'eau – Chercher des brèches ou des trous dans les toits et autour des châssis de fenêtre, des portes et des trappes ou panneaux d'accès. Vérifier la présence de produits d'étanchéité autour des fenêtres, des portes et des éléments annexes tels que les poignées, miroirs et dispositifs d'éclairage (consultez le 15/7 des Notes de l'ICC : Pièces de caoutchouc des objets industriels).

  • Points d'entrée d'insectes, d'oiseaux et de rongeurs – Comme nous l'avons signalé au point précédent, il faut chercher des brèches ou des trous dans les toits et les murs, surtout là où des articles de quincaillerie et des accessoires opérationnels ont été enlevés.

  • Accumulations d'eau – Chercher des accumulations d'eau sur les surfaces horizontales et dans les renfoncements. Pour être utile, la vérification doit être faite peu après une période de précipitations.

Analyse des problèmes

Dans la plupart des cas, l'objet aura déjà été endommagé par une exposition prolongée à l'extérieur. Il est possible de cerner les problèmes – passés et présents – en étudiant les dommages qui se sont aggravés au fil du temps. On peut « lire » les signes de détérioration un peu comme un détective examine le lieu d'un crime.

Chercher les signes suivants de détérioration :

  • Tôle perforée
  • Poches de rouille orange clair
  • Bois en décomposition
  • Matériaux de tissu, de bois et de papier défraîchis
  • Ou piqués par l'humidité
  • Taches et filets de rouille
  • Matériel de construction de nids
  • Débris et excréments d'insectes, d'oiseaux et de rongeurs

Par la suite, essayer de trouver la cause des dommages. La plupart du temps, la piste vous mènera à un point d'entrée d'eau et de ravageurs. La cause peut être aussi évidente qu'une fenêtre brisée ou aussi subtile qu'une dégradation progressive du matériau de couverture, des bourrelets de calfeutrage ou d'une couche de peinture.

Soulignons que les contaminants tels que la saleté, les débris organiques, les produits de déglaçage et les polluants atmosphériques chargés de soufre accélèrent la corrosion des métaux. Il faut déterminer si ces facteurs entrent en jeu et, le cas échéant, la façon dont ils atteignent les surfaces de l'objet.

Établissement des priorités

Du seul fait de la taille et de la diversité des collections industrielles extérieures, leur entretien peut sembler une tâche décourageante. Il est donc essentiel d'établir des priorités en ce qui concerne les mesures correctives et d'entretien à prendre. Déterminer quels matériaux et quels éléments sont le plus à risque et prendre les mesures correctives qui s'imposent dès que l'on dispose des fonds et de la main-d'oeuvre nécessaires, et s'attaquer aux autres problèmes en fonction des ressources disponibles.

Conclusion

La lutte contre la détérioration qui survient à l'extérieur est perdue d'avance. On peut éviter beaucoup de travail, de dépenses et de dommages permanents en transportant tout simplement les objets à l'intérieur. À long terme, c'est toujours ce qu'il faut se donner comme objectif.

Bibliographie

  • Baril, P. Programmes de prévention des incendies dans les musées, Bulletin technique 18, Ottawa, Institut canadien de conservation, , 12 p.

  • Kelly, W. Planification des systèmes et de la quincaillerie de sécurité dans les musées, Bulletin technique 19, Ottawa, Institut canadien de conservation, , 16 p.


Par George Prytulak

Texte également publié en version anglaise.
Copies are also available in English.

© Ministre, Travaux publics et Services
gouvernementaux Canada,
Nº de cat. : NM95-57/15-8-2010F
ISSN : 1191-7237


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