Béluga (Delphinapterus leucas) : Rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement de la population de l’estuaire du Saint-Laurent pour la période 2012 à 2019

Béluga
Béluga
Description longue

L’illustration de la couverture consiste en un dessin de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent représentant une mère et son veau, publiée avec l’aimable autorisation de Paule de Margerie.

Information sur le document

Citation recommandée : Pêches et Océans Canada. 2022. Rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada, pour la période 2012 à 2019. Série de rapports sur les programmes de rétablissement prévue dans la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Ottawa. iv + 77 p.

Pour obtenir des exemplaires du rapport d’étape ou de plus amples renseignements sur les espèces en péril, y compris les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les programmes de rétablissement, les descriptions de résidence, les plans d’action et d’autres documents liés au rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Paule de Margerie

Also available in English under the title
“Report on the Progress of Recovery Strategy Implementation for the Beluga Whale (Delphinapterus leucas) (DFO), St. Lawrence Estuary Population in Canada, for the Period 2012 to 2019”

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, 2022. Tous droits réservés.
ISBN 978-0-660-41508-6
Numéro de catalogue Fs23-645/2022F-PDF

Le contenu du présent document (à l’exception de l’illustration de couverture) peut être utilisé sans autorisation, sous réserve de la mention de la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéraux, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’élaborer une législation et des programmes complémentaires qui assurent la protection des espèces en péril partout au Canada. L’article 46 de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) [LEP] impose aux ministres compétents d’établir un rapport sur la mise en œuvre du programme de rétablissement définitif d’une espèce en péril, et sur les progrès réalisés pour atteindre ses objectifs dans les 5 ans suivant son inclusion au registre public des espèces en péril et tous les 5 ans par la suite jusqu’à ce que le rétablissement ne soit plus requis en vertu de la LEP ou que le rétablissement de l’espèce ne soit plus réalisable.

Pour rendre compte des progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement, il faut présenter les efforts collectifs déployés par le(s) ministre(s) compétent(s), les gouvernements provinciaux et territoriaux et toutes les autres parties concernées qui mènent des activités contribuant au rétablissement de l’espèce. Les programmes de rétablissement désignent des approches et des stratégies générales qui offriront la meilleure chance de rétablissement des espèces en péril. Quelques-unes des approches et stratégies désignées font suite aux progrès réalisés ou à l’achèvement d’autres approches ou stratégies ; elles ne peuvent pas toutes être entreprises ou afficher des progrès importants au cours de la période visée d’un rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement (rapport d’étape).

La ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne est la ministre compétente en vertu de la LEP pour le béluga (population de l’estuaire du Saint-Laurent) et a préparé le présent rapport d’étape.

Conformément à ce qui est énoncé dans le préambule de la LEP, la réussite du rétablissement de cette espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer uniquement sur Pêches et Océans Canada, ou sur toute autre instance seule. Les coûts de la conservation des espèces en péril sont partagés entre les différentes instances. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer le « Programme de rétablissement pour le béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent » et à le mettre en œuvre pour le bien de l’espèce et de l’ensemble de la société canadienne.

Remerciements

Le présent rapport d’étape a été préparé par le personnel du Programme des espèces en péril, avec l’apport d’autres secteurs de Pêches et Océans Canada (MPO), des ministères fédéraux et provinciaux, des organisations non gouvernementales et des partenaires universitaires. Le MPO remercie toutes les personnes et toutes les organisations qui contribuent au rétablissement du béluga pour la population de l’estuaire du Saint-Laurent.

Sommaire

Le béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent (ci-après béluga de l’estuaire du Saint-Laurent), a été inscrit en 2005 en tant qu’espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En 2014, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a réévalué l’espèce comme étant en voie de disparition et elle a été inscrite comme telle à l’annexe 1 de la LEP en 2017. Le « Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent » a été achevé et publié dans le Registre public des espèces en péril en 2012.

Le programme de rétablissement établit comme suit les principales menaces pour le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent ; la chasse et le harcèlement en tant que menaces historiques ainsi que les menaces actuelles dont les contaminants environnementaux ; le dérangement anthropique (incluant le bruit sous-marin) ; la réduction de l’abondance, de la qualité et de la disponibilité des proies ; les autres dégradations de l’habitat ; les collisions avec les bateaux ; les empêtrements dans les engins de pêche ; les activités scientifiques ; le déversement de produits toxiques ainsi que l’efflorescence d’algues toxiques et les épizooties.

Le programme de rétablissement fixe les objectifs suivants pour la population du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent et sa répartition :

Au cours de la période visée par ce rapport d’étape, des progrès ont été réalisés par rapport à ce qui suit :

Les progrès réalisés à ce jour s’axent principalement sur des modifications de la législation afin de restreindre les activités anthropiques et les contaminants qui représentent des menaces importantes au rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Plusieurs études ont été entreprises au cours des dernières années grâce aux initiatives du gouvernement du Canada (Plan de protection des océans, 2016 ; Initiative sur les baleines, 2018) et du gouvernement du Québec (entente de 2,1 millions de dollars sur 5 ans entre le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs [MFFP] et l’Université du Québec en Outaouais [UQO]), mais les résultats de celles-ci ne sont pas encore disponibles et n’ont donc pas été inclus dans ce document.

1. Introduction

Le rapport de mise en œuvre fait état des progrès réalisés pour la période de 2012 à 2019 par rapport aux objectifs ciblés dans le « Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada ». Ce rapport doit être considéré comme faisant partie d’une série de documents relatifs à cette espèce et pris en considération dans leur ensemble : l’évaluation du potentiel de rétablissement de populations de bélugas (MPO, 2005), le programme de rétablissement (MPO, 2012), le rapport de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC, 2014), l’examen scientifique de l’efficacité des mesures de rétablissement concernant le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent (Lesage, 2017), le plan d’action pour réduire l’impact du bruit sur le béluga (Delphinapterus leucas) (DFO&nbs) et les autres mammifères marins en péril de l’estuaire du Saint-Laurent (MPO, 2020) et le plan d’action pour réduire l’impact des autres menaces sur le béluga (Delphinapterus leucas) de l’estuaire du Saint-Laurent actuellement en préparation par Pêches et Océans Canada (MPO).

La section 2 de ce rapport d’étape résume des renseignements clés sur les menaces pesant sur l’espèce, sur les objectifs en matière de population et de répartition pour réaliser son rétablissement, sur les approches pour atteindre les objectifs et sur les indicateurs de rendement pour mesurer les progrès du rétablissement. Afin d’obtenir de plus amples détails, le lecteur devrait se reporter au « Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada » (MPO, 2012). La section 3 fait état des progrès des activités, désignées dans le programme de rétablissement, pour soutenir la réalisation des objectifs en matière de population, de répartition et de désignation d’habitat essentiel. La section 4 présente un résumé conclusif des progrès réalisés jusqu’en 2019 afin  d’atteindre les objectifs de rétablissement.

2. Contexte

2.1 Résumé de l’évaluation du COSEPAC

L’inscription du béluga, population de l’estuaire du Saint-Laurent (ci-après le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent) en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) sur la liste des espèces « menacées » en 2005 a mené à la publication du programme de rétablissement pour l’espèce en 2012. Le programme de rétablissement s’aligne sur les renseignements fournis dans le rapport de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2004) et le résumé du COSEPAC. Ces renseignements sont également inclus dans la section 1.1 du programme de rétablissement. L’inscription et l’élaboration du programme de rétablissement ont également été fondées sur l’évaluation du potentiel de rétablissement des populations de bélugas de la baie Cumberland, de la baie d’Ungava, de l’est de la baie d’Hudson et du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas) (DFO) (MPO, 2005).

En 2014, le COSEPAC a réexaminé et modifié la situation du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent de « menacée » à « en voie de disparition » dans le rapport de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2014).

Sommaire de l’évaluation par le COSEPAC, novembre 2014

Nom commun
Béluga (population de l’estuaire du Saint-Laurent)

Nom scientifique
Delphinapterus leucas

Statut
En voie de disparition

Justification de la désignation
Cette population, endémique au Canada, se trouve à la limite sud de l’aire de répartition de l’espèce, et est isolée des autres populations d’un point de vue géographique et reproductif. Cette population de l’espèce longévive, à reproduction lente, a été gravement réduite par la chasse qui s’est poursuivie jusqu’en 1979. Depuis le début des relevés de suivi des populations dans les années 1980, la taille de la population totale s’est maintenue autour de 1000 individus, soit moins de 20 % de la taille de la population à la fin des années 1800 ou au début des années 1900. Les principales menaces pesant actuellement sur cette population incluent les pathogènes, la prolifération d’algues toxiques, la pollution, la perturbation causée par le bruit et d’autres intrusions et perturbations d’origines anthropiques. Les impacts de ces menaces sont probablement amplifiés par le faible nombre d’individus matures qui restent au sein de la population. Depuis le milieu des années 2000, la population montre des signes d’importants changements démographiques incluant un taux de mortalité accru chez les nouveau-nés et une diminution de la proportion des jeunes individus dans la population. Ces tendances démographiques, ainsi que la dégradation passée et en cours de l’habitat, et l’augmentation prévue des menaces, semblent indiquer que la situation de cette population s’est détériorée et que cette dernière fait face à un risque considérablement plus élevé que lorsqu’elle a été évaluée précédemment par le COSEPAC en 2004.

Répartition
Québec, Océan Atlantique

Historique du statut
Population désignée « en voie de disparition » en avril 1983. Réexamen et confirmation du statut en avril 1997. Réexamen du statut : la population a été désignée « menacée » en mai 2004. Réexamen du statut : la population a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2014.

2.2 Menaces

Le « Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada » (MPO, 2012), cerne les menaces pesant sur la survie et le rétablissement du béluga ainsi que les activités susceptibles de détruire son habitat essentiel. Ces menaces comprennent la chasse et le harcèlement ; les contaminants ; le dérangement anthropique (incluant le bruit sous-marin, les collisions avec les bateaux, les empêtrements dans les engins de pêche et les activités scientifiques non essentielles) ; la réduction de l’abondance, de la qualité et de la disponibilité des proies ; les autres dégradations de l’habitat ; le déversement de produits toxiques ; l’efflorescence d’algues toxiques et les épizooties.

L’habitat essentiel du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent a été désigné, dans la mesure du possible, dans la section 2.4 du programme de rétablissement (MPO, 2012) et correspond à l’aire de répartition estivale des groupes composés d’adultes accompagnés de nouveau-nés et de juvéniles, soit l’estuaire moyen, des battures aux Loups Marins jusque dans le Saguenay et la portion sud de l’estuaire maritime. Le tableau 6 du programme donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. La liste des activités décrites dans ce tableau n’est ni exhaustive ni exclusive, et leur inclusion a été guidée par les menaces générales pertinentes qui pèsent sur l’habitat et qui sont décrites dans le programme de rétablissement. Pour obtenir plus de renseignements sur les activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel, consultez le programme de rétablissement (MPO, 2012). 

2.3 Rétablissement

Cette section résume l’information, que l’on trouve dans le programme de rétablissement (MPO, 2012), sur les objectifs en matière de population et de répartition qui sont nécessaires pour le rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent et les indicateurs de rendement qui donnent une façon de définir et de mesurer les progrès en vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition.

La section 2 du programme de rétablissement (MPO, 2012) désigne les objectifs en matière de population et de répartition qui sont nécessaires pour le rétablissement de l’espèce :

La section 2.6 du programme de rétablissement (MPO, 2012) inclut les indicateurs de rendement suivants pour définir et mesurer les progrès en vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition :

3. Progrès réalisés en matière de rétablissement

Le programme de rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent (MPO, 2012) divise les efforts de rétablissement en 6 objectifs de rétablissement : 1) réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats 2) réduire le dérangement anthropique, 3) assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga, 4) atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population, 5) protéger l’habitat du béluga dans toute son aire de répartition, et 6) assurer un suivi régulier du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent.

La section 3.1 donne des renseignements sur la mise en œuvre d’activités entreprises pour aborder les approches et les stratégies générales du programme de rétablissement. La section 3.2 décrit l’état d’avancement de la mise en œuvre des études décrites dans le calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel du programme de rétablissement. La section 3.3 fait un bilan des progrès réalisés par rapport au respect des indicateurs de rendement et d’autres engagements (par exemple, plan d’action et arrêté concernant l’habitat essentiel) désignés dans le programme de rétablissement et des renseignements obtenus grâce à la mise en œuvre du programme de rétablissement.

3.1 Activités à l’appui du rétablissement

Le tableau 1 donne des renseignements sur la mise en œuvre d’activités entreprises pour aborder les approches et les stratégies générales identifiées dans le tableau de planification du programme de rétablissement.

Tableau 1. Détails sur les activités à l’appui du rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, de 2012 à 2019.
Activité Stratégie générale et approche Description et résultats Objectifs de rétablissement Menace ou préoccupation visée Participantsa
Étudier les effets des contaminants sur la survie, la santé, la reproduction et la croissance. Étudier la présence des contaminants et leurs effets sur le béluga, ses proies clés et les espèces sentinelles. Plusieurs études font allusion à l’incidence potentielle des grands groupes de contaminants sur le système immunitaire, la physiologie et la santé des bélugas. Il est à noter que chez le béluga, les seules études réalisables, mis à part le suivi régulier des niveaux de contaminants (établis et émergents) dans les tissus, sont des études basées sur des biomarqueurs (moléculaires, cellulaires, etc.). Ces études permettent de prédire des effets toxiques sur les fonctions immunitaires, le métabolisme et la régulation hormonale. Les résultats de ces études peuvent servir d’indicateurs de l’état de santé, mais ne peuvent fournir de mesure d’incidence directe des contaminants sur la reproduction, la croissance ou la survie des individus.

Certaines études effectuées sur les bélugas de l’Arctique canadien révèlent des taux de méthylmercure (MeHg) suffisamment élevés dans le tissu cérébral pour provoquer des modifications neurochimiques (Ostertag et al., 2014) et neurocomportementales (Krey et al., 2015). De plus, la réduction de l’incidence des cancers chez le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent depuis la réglementation sur les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) pourrait être la plus forte indication d’un lien entre l’exposition à une classe de contaminants et leurs effets sur la santé et la survie (Lair et al., 2016).

Simond et al. (2019) suggèrent que la présence de concentrations élevées de contaminants organiques persistants et de certains retardateurs de flamme halogénés dans les tissus des bélugas et petits rorquals de l’estuaire du Saint-Laurent pourrait engendrer des perturbations dans la transcription des gènes impliqués dans la régulation de la glande thyroïde, des stéroïdes sexuels et des hormones glucocorticoïdes. L’analyse de marqueurs génomiques couplée à l’utilisation d’autres marqueurs biologiques tels que le titrage des hormones, la mesure des protéines et des métabolites, améliorerait considérablement la compréhension des mécanismes en œuvre dans l’action des contaminants (Simond et al., 2019).

La quantification des organohalogénés chez le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent par Simond et al. (2020)b indique des corrélations entre la présence d’alcanes chlorés à courte chaîne (ACCC) (appelés aussi les paraffines chlorées à courte chaîne) et les concentrations de certains acides gras insaturés dans les tissus. La présence de ces composés chlorés pourrait causer une défaillance dans la métabolisation des lipides chez le béluga.

L’examen du lien entre les niveaux de certains contaminants et la condition physique de bélugas retrouvés morts indique que certains composés émergents servant de retardateur de flammes se retrouvent en plus grande abondance chez les bélugas qui présentent une moins bonne condition de chair (Bernier-Graveline et al., 2020)2.

L’apparition de nouvelles méthodes chimiques non ciblées aidera à mieux identifier les polluants d’intérêt dans un avenir rapproché.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), milieu universitaire et Pêches et Océans Canada (MPO) (Groupe national consultatif sur les contaminants [GNCC])
Faire une évaluation des risques d’impacts des différents groupes de contaminants sur le béluga et des facteurs affectant ces risques. Étudier les effets des contaminants sur le béluga, ses proies clés et les espèces sentinelles. Aucune activité n’a été recensée concernant cette mesure. Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants S/O
Améliorer les règlementations canadienne et québécoise afin de réduire les apports de produits toxiques dans le bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs, notamment en révisant ou en établissant les seuils de toxicité des polluants. Réglementer ou poursuivre l’application de la règlementation existante afin de contrôler l’introduction dans l’environnement de polluants toxiques, en particulier les nouveaux contaminants. Le Règlement sur certaines substances toxiques interdites (RCSTI, 2012) interdit la fabrication, l’utilisation, la vente, la mise en vente ou l’importation de nombreuses substances toxiques et des produits en contenant (avec un nombre limité d’exemptions), y compris les polybromodiphényléthers (PBDE) (ajoutés en 2016), le sulfonate de perfluorooctane (SPFO), ses sels et ses précurseurs (ajoutés en 2016), ACCC (ajoutés en 2013), les tributylétains (ajoutés en 2013), le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) (ajouté en 2005) et le mirex (ajouté en 1996). Le RCSTI interdit aussi d’autres types de composés organobromés et perfluorés qui ne figurent pas à l’annexe 2 du programme de rétablissement du béluga comme l’hexabromocyclododécane (HBCD), l’acide pentadécafluorooctanoïque (APFO), les acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne (APFC à LC) et leurs sels et leurs précurseurs.

En ce qui concerne les dioxines, les furanes, les HAP, le mercure, le plomb et le cadmium, ces composés figurent également sur la Liste des substances toxiques en vertu des dispositions de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999). Le gouvernement du Canada a mis en place plusieurs mesures et stratégies visant à réduire les émissions de ces contaminants avant et après la période de rapport du présent rapport d’étape, telles que la Stratégie de gestion des risques pour le mercure en 2010 et la Stratégie de gestion des risques pour le plomb en 2013. Un certain nombre de mesures supplémentaires ont été prises depuis la publication de ces stratégies, notamment l’avis de planification de la prévention de la pollution en ce qui concerne les rejets de mercure de résidus d’amalgames dentaires (2010) ; le Règlement sur les produits contenant du mercure (2014) ; l’ajout du mercure au Règlement sur l’exportation des substances figurant à la liste des substances d’exportation contrôlée (2017) ; le code de pratiques pour la gestion écologiquement rationnelle des lampes au mercure en fin de vie utile (2017) ; et la Stratégie nationale pour l’élimination sûre et écologique des lampes contenant du mercure (2019).

Depuis 2013, ECCC a commandé 4 études pour le plomb visant à : 1) recueillir des informations sur le modèle d’utilisation des pesées et des turluttes de pêche à base de plomb ainsi que sur les solutions de rechange sans plomb ; 2) recueillir des données sur l’utilisation de munitions au plomb et leurs solutions de rechange sans plomb dans les applications non militaires au Canada ; 3) recueillir des informations sur la biodisponibilité du plomb des munitions usagées dans les champs de tir récréatifs au Canada ; et 4) recueillir des informations sur les revêtements en plomb utilisés dans l’industrie de la construction canadienne.

Les pesées et les turluttes de pêche à base de plomb ne sont pas autorisées dans les parcs nationaux ou les réserves nationales de faune en vertu des modifications récentes à la Loi sur les espèces sauvages du Canada et les munitions en plomb pour la chasse à la sauvagine sont également interdites depuis 1999 en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs.

Le gouvernement du Canada évalue continuellement des substances chimiques préoccupantes afin de déterminer leur niveau de toxicité pour la santé humaine et l’environnement. En 2018, un document de consultation sur les modifications proposées au RCSTI a été publié. Les modifications proposées limiteraient davantage la fabrication, l’utilisation, la vente, la mise en vente ou l’importation de SPFO, d’APFO, d’APFC à LC, d’HBCD et des PBDE. Ces modifications interdiraient également le Déchlorane Plus (DP) et le décabromodiphényléthane (DBDPE).

À l’échelle internationale, le gouvernement du Canada collabore avec d’autres pays pour réduire l’exposition aux contaminants provenant de sources étrangères au fil du temps. Cette collaboration comprend des travaux entrepris en vertu de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) visant à éliminer ou restreindre sévèrement un bon nombre de contaminants énumérés à l’annexe 2 du programme de rétablissement. De plus, des travaux ont été entrepris en vertu de la Convention de Minamata sur le mercure, qui vise à protéger la santé humaine et l’environnement des effets nocifs du mercure par l’obligation de contrôler les rejets de mercure d’origine anthropique tout au long de son cycle de vie.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC
Développer des outils de surveillance pour faire un suivi de l’impact de la règlementation. Réglementer ou poursuivre l’application de la règlementation existante afin de contrôler l’introduction dans l’environnement de polluants toxiques, en particulier les nouveaux contaminants. Il existe une série chronologique (depuis 1983) qui documente le changement de la concentration de certaines substances chimiques réglementées, non réglementées (tels certains retardateurs de flammes et substances perfluoroalkylées) et émergentes chez le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent (Lebeuf et al., 2014 ; Simond et al., 2017 ; Barrett et al., 2021)2.
Le programme de suivi des carcasses de bélugas a permis de documenter une diminution des cancers chez le béluga depuis 1983, tendance qui pourrait être attribuable au contrôle de certains contaminants comme les HAP ou les biphényles polychlorés (BPC) (Lair et al., 2016).

Le Canada gère plusieurs programmes de surveillance environnementale assurant le suivi et l’évaluation des substances chimiques présentes dans l’air, dans l’eau, dans les sédiments et dans le biote dus à certains rejets dans l’environnement qui peuvent nuire, directement ou indirectement, à la santé du béluga, de ses proies et de leurs habitats.

Depuis 2009, le programme de suivi et surveillance du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC) incluait les eaux usées (eaux affluentes, eaux effluentes, biosolides des stations d’épuration présentes un peu partout au Canada). Depuis 2019, le programme inclut certaines stations d’épuration à proximité des secteurs fréquentés par le béluga.

Entre 2008 et 2013, du lixiviat a été recueilli provenant de 13 sites d’enfouissement de déchets solides municipaux au Canada afin d’analyser les rejets de substances chimiques dans l’environnement, dont plusieurs sont identifiées comme préoccupantes pour le béluga.

De plus, ECCC procède aussi présentement à l’échantillonnage de lixiviat provenant de 10 sites d’enfouissement de déchets solides municipaux au Canada, qui se trouvent à proximité de l’habitat essentiel du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Le projet, qui a débuté au printemps 2019, est entrepris sous l’Initiative sur les baleines. Il s’échelonne sur une période de 5 ans et vise à confirmer si des contaminants préoccupants spécifiques sont rejetés dans des sites d’enfouissement dans des concentrations et des charges qui présenteraient un risque pour ces espèces de baleines.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC, MELCC, MPO et Université de Montréal
Réduire le nombre et la sévérité des déversements accidentels ou illégaux. Réglementer ou poursuivre l’application de la règlementation existante afin de contrôler l’introduction dans l’environnement de polluants toxiques. La Loi sur les pêches interdit le rejet de substances nocives dans les eaux où vivent des poissons, à moins d’être autorisé par un règlement établi en vertu de la Loi sur les pêches ou d’autres lois fédérales. En cas de rejet non autorisé, la Loi exige que tout évènement soit rapporté sans délai
Les agents d’application de la loi sont chargés de vérifier la conformité au moyen d’inspections, de recueillir des preuves d’infractions présumées au moyen d’enquêtes et de prendre les mesures d’application de la loi appropriées s’ils découvrent une infraction possible.
En 2012, le gouvernement fédéral a mis en place le Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées (RESAEU), pris en vertu de la Loi sur les pêches. Le règlement, entré en vigueur en 2015, impose des normes minimales de qualité de l’effluent pouvant être atteintes au moyen d’un traitement de niveau secondaire.
Ce niveau de traitement élimine plus de 95 % de la masse totale des polluants conventionnels dans les eaux usées (c’est-à-dire les matières à demande biochimique en oxygène, les matières en suspension et les nutriments). D’importantes quantités de polluants non conventionnels et de bactéries potentiellement présentes sont également éliminées grâce à ce type de traitement.

Depuis 2018, le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ont conclu un accord d’équivalence et un décret a été pris par le Gouverneur en conseil pour lever l’application du RESAEU puisque le règlement provincial est d’effet équivalent.

C’est donc le régime réglementaire québécois qui encadre les rejets d’eaux usées des systèmes d’assainissement des eaux usées municipaux et provinciaux depuis 2018.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC, entreprises privées, gouvernement du Québec et municipalités
Réduire les émissions de polluants provenant de sources telles que les sites d’entreposage, lieux d’enfouissement, stations d’épuration des eaux usées, industries, etc. Réduire les émissions et les rejets de tous les types de polluants à la source. Reconnaissant que les émissions atmosphériques constituent un apport important de pollution au milieu aquatique, la règlementation fédérale et d’autres mesures visant à réduire les émissions de divers secteurs industriels ont contribué à une réduction des métaux lourds tels que le plomb, le mercure et le cadmium dans le fleuve Saint-Laurent. Celles-ci comprennent des ententes sur la performance environnementale pour le secteur des fonderies et affineries de métaux communs, de la règlementation pour éliminer progressivement l’utilisation de l’électricité au charbon et des avis de prévention de la pollution pour les interrupteurs au mercure des véhicules en fin de vie traités par les aciéries.

Des règlements supplémentaires restreignant l’utilisation du mercure et du plomb dans les produits de consommation et produits commerciaux (par exemple, les règlements de Santé Canada en vertu de la Loi sur la sécurité des produits de consommation) contribuent également à empêcher ces contaminants de pénétrer dans les décharges où ils peuvent se retrouver dans le milieu aquatique. Pour s’attaquer davantage à ce problème, le gouvernement fédéral a déployé des efforts pour assurer l’élimination sûre et écologiquement rationnelle des produits contenant des contaminants grâce à des mesures telles que la Stratégie nationale pour les lampes contenant du mercure et des résidus d’amalgames dentaires (mercure).

Selon l’Inventaire des émissions de polluants atmosphériques de 2019, les émissions canadiennes de plomb ont diminué de 28 % et les émissions de mercure de 61 % au cours de la dernière décennie. Durant la même période, l’Inventaire national des rejets de polluants a montré que les quantités de plomb et de mercure rejetées dans l’eau ont diminué respectivement de 44 % et de 66 %. Des rapports examinant ces résultats plus en détail et évaluant l’efficacité des mesures de gestion des risques pour le mercure et le plomb ont été publiés en 2020 dans le cadre de l’engagement du gouvernement du Canada à évaluer la mesure du rendement. Un autre rapport pour le cadmium est en préparation.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC, gouvernement du Québec et municipalités
Étudier les sources principales de contamination, le cheminement des contaminants dans le béluga et son milieu et les voies d’exposition du béluga ou de ses proies pour différents groupes de contaminants. Suivre les sources de contamination et l’évolution des contaminants dans les tissus des bélugas et de leurs proies. Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants MPO et Université du Québec à Rimouski (UQAR)
Étudier l’évolution des contaminants dans les tissus des bélugas, des proies clés et des espèces sentinelles, notamment les nouveaux contaminants et publier les résultats. Suivre les sources de contamination et l’évolution des contaminants dans les tissus des bélugas et de leurs proies. Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC, MPO et Université du Québec à Montréal (UQAM)
Déterminer les sites prioritaires et utiliser des techniques de décontamination respectueuses de l’environnement pour nettoyer les sites identifiés. Poursuivre le nettoyage des sites terrestres et aquatiques contaminés dans le bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs. Comme mentionné dans le programme de rétablissement (MPO, 2012), le béluga de l'estuaire du Saint-Laurent est exposé à plusieurs contaminants présents à la fois dans la colonne d'eau et dans les sédiments. Ces derniers, même situés en amont de l'habitat du béluga, peuvent être transportés en aval et constituer une menace pour l'espèce. Les stratégies de gestion des sédiments contaminés ont été initiées dans plusieurs secteurs identifiés comme prioritaires des Grands Lacs, de la rivière Niagara, de la baie de Quinte et dans la partie ontarienne du fleuve Saint-Laurent à Cornwall. Les projets d’assainissement des sédiments contaminés pour le secteur du Port Hope et du récif Randle (secteurs préoccupants du port de Hamilton) sont en cours. Le récif Randle est à la fois le plus grand site et le plus contaminé au niveau des sédiments du côté canadien des Grands Lacs.

Au Québec, la restauration de sites aquatiques très contaminés a été menée dans le réseau du fleuve Saint-Laurent. Les sites incluent les bassins du quai 103 au Port de Montréal, la partie inférieure de la rivière Saint-Louis (Beauharnois), l’île aux Chats et le secteur de la baie de Gaspé (Sandy Beach). La caractérisation chimique des sédiments au site de Contrecœur est en cours pour déterminer les enjeux environnementaux que représente ce site.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC et MPO
Entreprendre des actions avec le Québec, l’Ontario et les États-Unis pour coordonner les efforts de réduction de la pollution dans les Grands Lacs et tout le fleuve Saint-Laurent. Poursuivre la coordination des activités de réduction de la pollution, en collaboration avec la Commission mixte internationale. En vertu de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 entre le Canada et les États-Unis et de l’Accord Canada-Ontario concernant la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème des Grands Lacs de 2014, ECCC travaille avec les États-Unis, la province de l’Ontario et les collectivités locales à l’assainissement des sites contaminés du bassin des Grands Lacs qui sont considérés comme étant des secteurs préoccupants.

Il y a 8 produits chimiques (mercure, BPC, PBDE, HBCD, APFC à LC, APFO, SPFO et ACCC) qui ont été désignés dans le cadre de l’accord entre le Canada et les États-Unis pour lesquels des stratégies binationales sont en cours d’élaboration afin de réduire leur utilisation et même de les éliminer.

De plus, 2 autres produits chimiques préoccupants, le plomb et les HAP, ont été désignés dans le cadre de l’accord Canada-Ontario. D’autres produits seront évalués dans un avenir rapproché et pourraient être ajoutés à cette liste.

Dans le cadre de l’Entente Canada-Québec sur le Saint-Laurent (Plan d’Action Saint-Laurent), différents guides techniques et de bonnes pratiques ont été produits conjointement afin d’encadrer et de réduire les risques environnementaux liés aux activités de dragage et de gestion des sédiments dans le Saint-Laurent. Des critères pour l’évaluation de la qualité des sédiments au Québec et des cadres d’application, de prévention, de dragage et de restauration (EC et MDDEP, 2007) permettent notamment d’évaluer le degré de contamination des sédiments. Utilisés avec d’autres outils d’évaluation de la contamination, ils permettent de définir les modes appropriés de gestion des sédiments dragués. Ils peuvent servir aussi d’indicateurs relativement aux mesures correctrices nécessaires à apporter à des sites contaminés ainsi qu’à définir des objectifs de restauration. En 2016, une étude sur les effets des activités de dragage sur le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent et de son habitat a également été publiée (MPO, 2016b). L’ensemble des documents de référence développés pour le Saint-Laurent peuvent être consultés pour plus d’information.
Réduire les contaminants chez le béluga, ses proies et leurs habitats Contaminants ECCC
Réaliser des études d’impact de la navigation, des activités d’observation en mer (AOM), des aéronefs et des projets côtiers et extracôtiers sur les aires fréquentées par le béluga. Déterminer les impacts du dérangement ponctuel ou chronique sur le béluga à court et à long terme. Le volume de circulation des divers types de navires présents à des sites précis ou dans les limites du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (PMSSL) a été caractérisé en 2007 (Chion et al., 2009) et en 2017 (Turgeon, 2019). Les interactions entre les navires et les bélugas ont également été caractérisées (Ménard et al., 2014 ; Martins, 2016). Cependant, le lien entre la navigation et la fréquentation par les bélugas n’a pas été spécifiquement examiné dans le cadre de ces études.

L’utilisation par les embarcations de 2 aires de forte résidence du béluga dans le fjord du Saguenay, soit l’embouchure de la rivière Saguenay et la baie Sainte-Marguerite, a été documentée par Parcs Canada (PC) sur une période de 15 ans (Conversano, 2013 ; Conversano et al., 2017 ; Ménard et al., 2018). Bien que la méthodologie de ces études n’ait pas été conçue pour étudier l’impact de la navigation sur les bélugas, les résultats obtenus suggèrent l’existence d’effets sur le comportement et la présence des bélugas à ces 2 sites. En effet, une diminution significative du nombre de veaux a été observée en fonction du nombre d’embarcations. Une corrélation négative a également été établie entre le nombre de bateaux et la proportion de béluga présentant un comportement relié à l’alimentation ou à l’allaitement (Conversano et al. 2017). De plus, le ROMM en collaboration avec PC documente, depuis 2014, l’utilisation de 2 aires de la portion sud de l’habitat essentiel du béluga, soit Rivière-du-Loup et Cacouna, selon le protocole développé par PC. Ce monitorage à long terme permettra éventuellement d’examiner un lien possible entre l’intensité de la navigation et la fréquentation dans ces secteurs par le béluga.

Les effets potentiels de levés sismiques sur l’utilisation de l’habitat par le béluga ont été évalués dans le cadre d’un projet effectué dans la région de Cacouna/Rivière-du-Loup (MPO, 2014a). Un monitorage par inventaire aérien a été fait durant les travaux. Toutefois, la faible taille d’échantillon n’a pas permis de tirer des conclusions claires quant aux effets de ces activités sur la fréquentation du secteur par les bélugas.

À la suite d’un mandat confié par le MPO, le ROMM a effectué une collecte de données visant à documenter la présence ou l’absence de bélugas et des changements de comportements ou de fréquentation aux sites de dragage (Rivière-du-Loup) et de mise en dépôt des sédiments à l’automne 2019. Les résultats de ce monitorage ont démontré que des bélugas ont été vus pendant 26 des 60 jours d’observation réalisés par les techniciens du ROMM, ce qui correspond à un taux de 43,3 %. Qui plus est, ce taux a avoisiné les 50 % pour les mois de septembre et d’octobre. Aussi, les résultats ont montré que les comportements des bélugas les plus couramment observés à Rivière-du-Loup ont été le déplacement (63 %) suivi de l’alimentation (32 %).
Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC, Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM) et Université du Québec en Outaouais (UQO)
Déterminer des mesures de gestion, découlant des études d’impact, visant à réduire le dérangement anthropique. Déterminer les impacts du dérangement ponctuel ou chronique sur le béluga à court et à long terme. Le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent prévoit une série de mesures de gestion incluant une réduction de vitesse et l’adoption de certaines règles de navigation en présence de bélugas de façon à diminuer le dérangement (ce règlement a fait l’objet d’une révision afin de s’assurer qu’il demeure un outil de conservation efficace, les modifications sont en vigueur depuis janvier 2017).

En 2018, PC a mis en place une nouvelle mesure de protection du béluga dans la baie Sainte-Marguerite. Du 21 juin au 21 septembre, il est interdit aux embarcations de circuler dans la zone comprise entre le cap Nord-Ouest et le cap Sainte-Marguerite.

En 2019, PC a établi un nouveau secteur de conservation dans l’estuaire moyen où les activités d’observation de mammifères marins sont interdites. Ce secteur représente 44 % du parc marin et comprend plusieurs aires de forte concentration de bélugas, particulièrement des femelles et des veaux.

Pour les projets de développement marin, des mesures telles que des périodes de restriction, des technologies de réduction du bruit et l’arrêt des activités en présence de bélugas sont utilisées afin de limiter le dérangement.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC et Transports Canada (TC)
Déterminer les principales sources de bruits de différentes fréquences, faire le suivi de l’exposition des bélugas aux bruits et étudier l’impact de la pollution sonore sur la santé et le comportement. Étudier les impacts de la pollution sonore sur les bélugas. Le niveau d’émission sonore a été caractérisé pour 255 navires marchands qui passent par l’estuaire du Saint-Laurent (Simard et al., 2016).

En 2018 et 2019, une campagne de mesures du niveau d’émission sonore de 30 bateaux opérant de façon quotidienne dans l’habitat du béluga à l’intérieur du parc marin, incluant des bateaux d’excursion aux baleines, de recherche, de recherche et sauvetage, de patrouille, des traversiers et des bateaux-pilotes, a été menée par le MPO, en collaboration avec PC.

La densité de la circulation (quotidienne, mensuelle et annuelle) a été cartographiée pour l’estuaire du Saint-Laurent et pour d’autres zones de l’est du Canada, et elle a aussi été calculée dans l’ensemble et sélectivement pour 7 types de navires, 5 classes de longueur de navire et 5 classes de vitesse pour les embarcations à voile (Simard et al., 2014).

L’exposition du béluga au bruit varie d’une zone à l’autre ; elle est plus élevée à proximité de la voie de navigation et à l’embouchure du Saguenay, et plus faible dans les habitats côtiers du sud (Simard et al., 2010 ; McQuinn et al., 2011 ; Gervaise et al., 2012 ; Roy et Simard 2015).

Le trafic commercial expose de nombreuses fois par jour une proportion considérable (de 15 à 53 %) des bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent (dont 72 à 81 % des individus sont des femelles accompagnées de veaux ou de juvéniles) à des niveaux de bruit dommageables entrainant des modifications du comportement et des répercussions négatives sur la survie des individus et de la population de bélugas. Le passage des navires marchands par le chenal sud, solution envisagée pour contourner la voie maritime et ainsi réduire le bruit dans ce secteur fortement utilisé par les bélugas, exposerait davantage de bélugas et une partie plus importante de leur habitat au bruit, et contribuerait à la dégradation acoustique d’un habitat qui est pour le moment peu exposé aux bruits associés à la circulation maritime (Lesage et al., 2014a).

L’exploitation des anciens traversiers (avant 2019) à l’embouchure du fjord du Saguenay avait une incidence sur l’écholocalisation et sur la fréquence de communication du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. La moitié du temps, l’espace sonore du béluga était réduit à 30 % de sa valeur attendue dans des conditions normales (Gervaise et al., 2012). Depuis 2019, de nouveaux traversiers sont en fonction et ils devraient être moins bruyants. Les données ne sont toutefois pas encore disponibles.

Une étude menée en 2017 et en 2018 à la baie Sainte-Marguerite vise à déterminer si le bruit causé par les navires peut masquer les vocalisations des femelles ou des veaux et réduire leur capacité de maintenir un contact. Cette étude vise aussi à caractériser le patron de vocalisation des bélugas en présence et en absence de bateaux (Vergara et al., 2021)2.

Le bruit anthropique réduit la fenêtre de temps et d’espace disponible au béluga pour s’alimenter (Gervaise et al., 2012). Les mesures de gestion menant à une réduction des niveaux de bruit pourraient contribuer à ralentir le déclin de l’espèce en augmentant leur efficacité à trouver de la nourriture (Williams et al., 2017).

L’étude récente menée par Giard et al. (2020)2, démontre qu’il est possible d’utiliser des méthodes de surveillance acoustique passive afin de suivre les déplacements des espèces marines loquaces, telles que le béluga, dans un environnement sonore dominé par le bruit du transport maritime et ainsi mieux comprendre leur utilisation de l’habitat sur une échelle temporelle de plusieurs années.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, GREMM, milieu universitaire (UQAR, UQO), MPO, OceanWise, PC et TC
Déterminer des mesures de gestion découlant des études sur le bruit et visant à réduire la pollution sonore. Étudier les impacts de la pollution sonore sur les bélugas. Basé sur les résultats de Lesage et al. (2014a), il a été recommandé de faire passer les navires marchands de préférence le long du rivage nord de l’estuaire du Saint-Laurent afin de réduire au minimum l’exposition du béluga et de son habitat aux perturbations et au bruit. Cette mesure a été mise en œuvre par le G2T3M en 2014 ; la proportion des navires qui passaient le long du rivage sud était faible (environ 5 % par année), mais elle est restée stable depuis 2014.

Des simulations de réduction de la vitesse de transit des navires marchands ont été effectuées afin de déterminer si cette mesure parvenait efficacement à diminuer l’exposition instantanée et cumulative du béluga au bruit (Chion et al., 2017). Pour l’ensemble de la zone d’habitat essentiel, les simulations ont révélé une diminution de 1,6 % de la quantité totale de bruit reçue par les bélugas après la mise en œuvre des mesures de protection. Par contre, le ralentissement des navires réduit le bruit rayonné instantané, mais augmente également la quantité totale d’énergie acoustique libérée dans l’environnement en prolongeant le temps passé dans la zone, provoquant une augmentation de 2,4 % du bruit cumulé. Pour la zone de l’estuaire moyen plus spécifiquement, là où l’on retrouve principalement des femelles et des veaux, on remarque une réduction de 5,4 % du niveau cumulé de bruit.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, industrie maritime, milieu universitaire, MPO, PC, organisations non gouvernementales (ONG) et TC
Réduire les bruits d’origine anthropique (construction, navigation, exploration gazière, etc.) dans l’estuaire du Saint-Laurent. Réduire le dérangement anthropique dans les zones de fréquentation intensive. Le gouvernement du Québec a interdit toute activité liée à l’exploration ou à l’exploitation de pétrole et de gaz de même que l’exploitation minière dans le nord-ouest du golfe du Saint-Laurent, à l’ouest de la pointe occidentale de l’ile d’Anticosti et dans l’estuaire du Saint-Laurent, y compris les Îles-de-la-Madeleine (Québec, 2011, réaffirmé en 2014). En 2017, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a émis un arrêté ministériel visant à soustraire définitivement l’ensemble du territoire de l’ile d’Anticosti à l’exploration et à l’exploitation pétrolière et gazière (paru dans la Gazette II du Québec le 28 juillet 2017).

En 2018, le gouvernement du Québec a modifié la Loi sur les hydrocarbures. En plus d’interdire l’exploitation du gaz de schiste, il a identifié 13 cours d’eau navigables où toutes activités de forage seront interdites, incluant toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent de même que la rivière Saguenay (paru dans la Gazette II du Québec le 20 juin 2018).
Lorsqu’un projet de développement touche l’habitat essentiel du béluga, le MPO, via le processus d’examen réglementaire, évalue s’il est susceptible de le détruire. Le MPO évalue aussi si le niveau de bruit engendré par les différentes étapes du projet est susceptible de blesser un individu, de lui nuire ou de causer sa mort. Des mesures d’évitement (par exemple, relocalisation, imposition de zone ou période de restriction) ou d’atténuation (par exemple, arrêts des activités en présence du béluga, rideaux à bulles d’air) des émissions sonores ainsi qu’un programme de suivi et surveillance durant les travaux sont imposés de manière à respecter les exigences de la LEP.
Le quai de la baie Sainte-Catherine qui est géré par PC limite son utilisation, en réduisant la circulation des bateliers entre les 2 rives du fjord du Saguenay à son embouchure.

Des mesures volontaires de réduction de la vitesse des navires marchands ont été mises en place dans l’un des secteurs de la voie de navigation près de l’embouchure du fjord du Saguenay. Ces mesures visaient à atténuer le risque de collisions avec les cétacés à fanons, mais elles ont contribué dans une certaine mesure à réduire l’empreinte sonore des navires dans l’habitat du béluga. En 2017, avec la révision du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay –Saint-Laurent, PC a établi une limite de vitesse à 15 nd pour les bateaux circulant dans l’embouchure du Saguenay entre le 1er mai et le 31 octobre. Cette mesure, toujours en vigueur, a comme but de diminuer le risque de collisions entre les embarcations et les bélugas, mais également de diminuer le niveau de bruit généré par les navires, en se basant sur les résultats de Gervaise et al. (2012) qui stipulent qu’une réduction de vitesse de 25 à 15 nd pourrait diminuer le niveau moyen de bruit de 4,6 dB à l’embouchure. De plus, en 2018, PC a mis en place une zone de réduction de vitesse volontaire au large de la baie Sainte-Marguerite.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, MPO, PC et TC
Mettre en place des mesures de protection pour les voies de circulation maritimes problématiques pour le béluga. Réduire le dérangement anthropique dans les zones de fréquentation intensives. Afin de réduire le bruit au minimum dans les habitats importants pour les femelles et les veaux, une mesure volontaire a été proposée par le Groupe de travail sur le transport maritime et la protection des mammifères marins (G2T3M), incitant les navires à éviter le chenal sud et la zone de Rivière-du-Loup/Cacouna lorsqu’ils passent par l’estuaire du Saint-Laurent. Cette mesure a permis aux pilotes du Saint-Laurent de mieux comprendre le problème du bruit pour les bélugas et a contribué à maintenir le niveau de circulation habituelle dans cette zone (environ 5 % par année ; Chion et al., 2018).

Le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent limite le nombre de permis d’observation de baleines délivrés dans le parc marin. Bien que le béluga est exclu des observations par cette industrie, cette mesure contribue à réduire le volume de navigation dans son habitat essentiel.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs [MFFP] et Secrétariat à la stratégie maritime), marine marchande, MPO, PC et TC
Réduire le nombre d’incidents (par exemple, : approches dirigées ou cas de harcèlement). Réduire le dérangement anthropique dans les zones de fréquentation intensive. Aux termes du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent révisé en janvier 2017, les motomarines, les aéroglisseurs et les sports aquatiques tractés sont interdits dans les limites du parc marin, tout comme il est interdit de s’approcher activement des bélugas à moins de 400 m, de voler à une altitude inférieure à 2 000 pi ou de dépasser une vitesse de 25 nd sur le territoire du parc marin. En 2018, PC a mis en place une nouvelle mesure de protection du béluga dans la baie Sainte-Marguerite. Du 21 juin au 21 septembre, il est interdit aux embarcations, incluant les bateaux de recherche, de circuler dans la zone comprise entre le cap Nord-Ouest et le cap Sainte-Marguerite.

Les membres de l’Alliance Éco-Baleine ont mis en place un guide de pratiques écoresponsables pour l’observation des mammifères marins.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, MPO, ONG et PC
Élaborer un protocole visant l’amélioration du comportement en cas de rencontres fortuites des bateaux avec les bélugas. Réduire le dérangement anthropique dans les zones de fréquentation intensive. Le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent prescrit la manière dont les utilisateurs doivent se comporter lors de rencontres fortuites avec les bélugas (janvier 2017).

Depuis 2015, des lignes directrices élaborées à l’intention des plaisanciers ont été diffusées au moyen de campagnes de sensibilisation dans les marinas et les collectivités situées le long du rivage sud de l’estuaire du Saint-Laurent. De plus, 8 capsules vidéo d’animation 2D ont été produites et diffusées pour faire connaitre les comportements que les plaisanciers (bateaux à moteur, voile, kayak) doivent adopter en présence de bélugas et de rorquals bleus afin de respecter les dispositions du règlement sur les activités en mer dans le parc marin.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, MPO, PC et ROMM
Réviser, adopter et appliquer le Règlement sur les mammifères marins ainsi que le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent afin de mieux protéger les bélugas du dérangement, notamment en appliquant une zone d'interdiction de 400 m autour des bélugas dans tout le secteur. Protéger les bélugas contre le dérangement anthropique sur l’ensemble du territoire fréquenté. En 2018, le gouvernement du Canada a modifié le Règlement sur les mammifères marins au Canada. Le nouveau règlement comprends des  dispositions réglementaires pour l’estuaire du Saint-Laurent, exigeant une distance minimale d’approche de 400 m des baleines, dauphins et marsouins désignés comme menacés ou en voie de disparition en vertu de la LEP. Les modifications au Règlement sur les mammifères marins au Canada définissent aussi le dérangement et introduisent la déclaration obligatoire des contacts accidentels entre un mammifère marin et un navire ou un engin de pêche.

En ce qui concerne le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent il a fait l’objet d’une mise à jour en janvier 2017. Les modifications précisent les comportements à adopter en présence de bélugas et la définition du dérangement sur les mammifères marins, en plus d’instaurer une réduction de la vitesse pour les bateaux de plaisance et d’excursion à l’embouchure du Saguenay et l’interdiction de certaines activités (motomarines, aéroglisseurs, sports nautiques tractés) dans les limites du parc marin. De plus, le nouveau règlement a instauré un système de certifications des pilotes de bateau d’excursion en mer et des guides de kayak. L’application de ce règlement est gérée par PC.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC et TC
Améliorer les patrouilles de surveillance des AOM en période touristique dans le parc marin et ailleurs dans l’estuaire du Saint-Laurent. Protéger les bélugas contre le dérangement anthropique sur l’ensemble du territoire fréquenté. Outre les patrouilles ordinaires chargées de veiller à l’application de la Loi dans le parc marin, depuis 2010, des campagnes de sensibilisation régulières ont lieu dans les limites du parc, auxquelles le ROMM participe. De plus, des patrouilles conjointes unissant les agents des pêches du MPO et les gardes de parc de PC sont organisées depuis 2016. Ces patrouilles se déroulent sur plusieurs jours pendant la haute saison touristique, en juillet et en août. Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC, ROMM et Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ)
Identifier les clientèles cibles des campagnes de sensibilisation, élaborer une stratégie de communication et amorcer sa mise en œuvre. Mettre en œuvre la stratégie éducative sur les espèces en péril développée au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et étendre sa portée à l’ensemble de l’aire de répartition du béluga. Depuis 2015, le profil des utilisateurs (voiliers, embarcations à moteur, pêcheurs récréatifs, motomarines et kayakistes) établi par les autorités du parc marin est utilisé afin d’adapter les stratégies et les outils de communication aux clients ciblés. Depuis 2015, une campagne de sensibilisation au dérangement du béluga destinée aux plaisanciers est menée conjointement par le MPO et PC. Elle permet la distribution d’outils de sensibilisation et de communication aux plaisanciers qui fréquentent l’estuaire du Saint-Laurent lors de la saison touristique (distribution de matériel de sensibilisation dans les marinas et lors d’évènements nautiques, patrouille conjointe, etc.).

Un sondage, publié en 2019 et effectué par le ROMM auprès des plaisanciers, a permis aux organisations universitaires et à PC d’obtenir un portrait à jour de la fréquentation des plaisanciers sur le territoire couvert, de leurs connaissances et intérêts sur les espèces en péril du Saint-Laurent et des règlements sur les mammifères marins du Canada incluant ceux du parc marin. Ces informations seront très utiles afin de développer des outils de sensibilisation bien adaptés et d’orienter de futures mesures de conservation concernant les bonnes pratiques d’observation des baleines du Saint-Laurent par les plaisanciers, notamment dans les aires marines protégées.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC, ROMM et SEPAQ
Bonifier la formation pour les capitaines, guides kayakistes et guides-naturalistes pour réduire le dérangement et la rendre obligatoire. Mettre en œuvre la stratégie éducative sur les espèces en péril développée au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et étendre sa portée à l’ensemble de l’aire de répartition du béluga. Depuis janvier 2017, le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent prescrit officiellement la mise en œuvre d’un système de certification pour les exploitants de bateaux d’excursion et les guides de kayak en mer. La certification exige la participation à une séance de formation obligatoire au sujet du parc marin et de la mise à jour du règlement, ainsi que la réussite d’un examen annuel des connaissances. Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, ONG et PC
Diffuser les actions de conservation et réaliser des activités d’éducation s’adressant aux résidents locaux. Mettre en œuvre la stratégie éducative sur les espèces en péril développée au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et étendre sa portée à l’ensemble de l’aire de répartition du béluga. Des centres d’interprétation et d’observation, d’expositions et d’activités d’interprétation ont été créés à l’intention des visiteurs du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

La présence de guides d’interprétation spécialement formés a été ajoutée aux sites où l’on peut observer le béluga dans le parc marin.

Un partenariat a été développé entre PC et École en réseau afin d’offrir des activités d’éducation en ligne sur le béluga et autres baleines dans le Saint-Laurent pour les écoles primaires du Québec.

Depuis l’été 2015, une campagne conjointe de PC et du MPO visant à sensibiliser au dérangement du béluga est menée auprès des plaisanciers et kayakistes du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent.

Des messages ciblés sur la conservation des espèces en péril ont également été diffusés sur les plateformes de communications du parc marin (Web, médias sociaux, évènements de diffusion externe, colloques scientifiques, etc.).

En 2019, une formation en ligne a été spécialement conçue pour les plaisanciers et kayakistes du Saguenay et du Saint-Laurent pour les informer des règlements à suivre afin de protéger les baleines. La conception de la plateforme est réalisée en partenariat par le ROMM, le GREMM, PC et le MPO.
Le magazine Baleines en direct est édité et publié durant la saison estivale par le GREMM, un organisme à but non lucratif voué à la recherche scientifique sur les mammifères marins et à l’éducation du public envers les enjeux liés aux écosystèmes marins et à leur conservation.

Depuis 2018, le ROMM offre des capsules éducatives sur le béluga au quai de Rivière-du-Loup et directement sur la traverse Rivière-du-Loup-Saint-Siméon durant la haute saison.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, GREMM MPO, PC et ROMM
Créer un programme de reconnaissance des compagnies proposant les observations en mer pour leur respect des bonnes pratiques. Mettre en œuvre la stratégie éducative sur les espèces en péril développée au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et étendre sa portée à l’ensemble de l’aire de répartition du béluga. L’Alliance Éco-Baleine, une initiative volontaire ciblant les plus hauts standards dans les pratiques écoresponsables des excursions aux baleines, a été créée en 2010 et poursuit diverses activités afin de guider les entreprises d’excursions de manière à limiter leurs impacts et d’assurer le développement durable des activités d’observation de baleines dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Réduire le dérangement anthropique Dérangement Gouvernement du Québec, MPO, ONG et PC
Définir un code de pratiques exemplaires spécifiques à chaque type d’usager navigant sur l’estuaire du Saint-Laurent. Mettre en œuvre la stratégie éducative sur les espèces en péril développée au parc marin du Saguenay-Saint-Laurent et étendre sa portée à l’ensemble de l’aire de répartition du béluga. Des lignes directrices sur les pratiques exemplaires à l’intention des utilisateurs de bateaux d’excursion et d’embarcations de plaisance qui se trouvent dans les limites du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent sont mises en œuvre en vertu du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.
Depuis 2015, des lignes directrices élaborées à l’intention des plaisanciers ont été diffusées au moyen de campagnes de sensibilisation dans les marinas et les collectivités situées le long du rivage sud de l’estuaire du Saint-Laurent.
Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO, PC et ROMM
Mettre en place des règles et un comité décisionnel harmonisé, à guichet unique pour toutes instances responsables, afin d’évaluer la pertinence, les modalités de réalisation et la délivrance d’un permis pour les activités ciblant les bélugas ou leurs habitats essentiels. Améliorer le processus décisionnel pour l’émission de permis de recherche ou autres activités nécessitant des approches à moins de 400 m. Le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent s’assure que les activités sur son territoire ont été examinées par le MPO. La délivrance des permis par le MPO est coordonnée entre les programmes de gestion de la ressource, du programme de protection du poisson et de son habitat (PPPH) et des espèces en péril, en collaboration avec le secteur des sciences du MPO, au besoin. Cependant, il n’existe actuellement aucun système formel permettant d’évaluer les effets cumulatifs potentiels de ces activités sur le béluga. Réduire le dérangement anthropique Dérangement MPO et PC
Renforcer la protection des sites importants pour les proies clés. Protéger les sites de fraie, d’alevinage et les voies migratoires des proies clés du béluga. Un examen systématique est effectué afin d’analyser les impacts potentiels et la stratégie d’atténuation des projets d’aménagement marin proposés dans l’habitat essentiel ou tout projet susceptible de nuire aux principales espèces de proies pouvant ainsi mener à la destruction de l’habitat essentiel.
Il y a présentement 7 secteurs de l’estuaire et du fjord du Saguenay, situés en dehors des limites actuelles du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, qui sont à l’étude pour l’établissement d’une aire marine protégée dans l’estuaire du Saint-Laurent. Quatre de ces secteurs visent à protéger des poissons-proies du béluga. Ils comprennent notamment des zones d’importance pour la reproduction du capelan et de l’éperlan arc-en-ciel. Il s’agit d’un projet conjoint entre les gouvernements du Québec et du Canada qui est rendu possible grâce à l’Entente de collaboration Canada-Québec sur l’établissement d’un réseau d’aires marines protégées au Québec.

La Loi sur les pêches modernisée, adoptée à l’été 2019, rétablit la protection complète de tous les poissons et l’interdiction de détériorer, de perturber ou de détruire l’habitat du poisson. Ces interdictions couvrent les proies du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent.
Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire Gouvernement du Québec et MPO
Interdire la pêche aux engins mobiles dans l’estuaire moyen du Saint-Laurent et la rivière Saguenay. Protéger les sites de fraie, d’alevinage et les voies migratoires des proies clés du béluga. Les pêches commerciales sont interdites dans la rivière Saguenay, dans les limites du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.

La pêche au chalut de fond est interdite dans la rivière Saguenay en vertu du Règlement des pêches de l’Atlantique, annexe XXXI, article 7.

Dans l’estuaire moyen, le MPO et les pêcheurs de crevettes se sont entendus pour mettre en place une mesure volontaire consistant à ne pas pêcher au chalut.
Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire Gouvernement du Québec, MPO et PC
Maintenir le moratoire sur les espèces fourragères. Protéger les sites de fraie, d’alevinage et les voies migratoires des proies clés du béluga. Dans le golfe du Saint-Laurent, l’absence de pêche visant certaines espèces fourragères a, jusqu’à un certain point, aidé à atténuer la menace d’un manque de nourriture propice pour le béluga (par exemple, lançon) ou de nourriture dont les proies du béluga dépendent (par exemple, krill, copépodes). De plus, la Politique sur la pêche des espèces fourragères exige de tenir compte notamment des besoins alimentaires du béluga dans l’évaluation des nouvelles pêches. Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire MPO
Étudier le régime alimentaire et les stratégies d’alimentation. Poursuivre les recherches sur le régime alimentaire du béluga. Il y a eu 3 études utilisant des approches différentes qui ont été menées afin d’examiner la diète du béluga (Lesage, 2014 ; Ferchiou 2019 ; Lesage et al., 2020)2 au cours de la période couverte par le présent rapport d’étape. Ces 3 études convergent dans l’identification de certaines espèces comme étant vraisemblablement importantes pour le béluga, et d’une différence de diète entre les sexes qui est cohérente avec la ségrégation spatiale observée. Ainsi, le capelan, la morue franche, le sébaste, le lançon, de même que les calmars et les vers de mer seraient parmi leurs proies importantes. Une étude utilisant les rapports isotopiques de certains éléments chimiques indique aussi qu’un changement est survenu vers le début des années 2000 soit dans la diète du béluga soit dans la structure de l’écosystème (Lesage 2014). Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire MPO et UQAR
Étudier la disponibilité des proies et les facteurs pouvant en modifier la quantité et la qualité. Poursuivre les recherches sur le régime alimentaire du béluga. Des études portant sur les facteurs climatiques, l’abondance et la qualité des proies du béluga, ainsi que sur leurs relations avec la mortalité des veaux ont été menées (Plourde et al., 2014 ; Williams et al., 2017). Plourde et al. (2014) ont démontré que la diminution de la proportion de jeunes individus dans la population ainsi que des mortalités plus élevées des veaux ont été observées durant une période caractérisée par de très faibles biomasses de grands poissons démersaux et de hareng de printemps, ainsi que par des conditions de glace sous la normale. De plus, la période de mortalités très élevées de veaux a été observée durant une période de très faible couvert de glace. William et al. (2017) ont mis au point un modèle prédictif démographique pour les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent qui indique que la population pourra augmenter seulement si les effets de 3 principales menaces (disponibilité des proies, bruit et les BPCs) peuvent être atténués.

Une étude qui examinait le frai du capelan et l’abondance des larves a déterminé qu’une unité de la population de capelan du golfe du Saint-Laurent utilise l’estuaire du Saint-Laurent et qu’elle est composée d’individus qui restent dans cette zone après l’éclosion (Ouellet et al., 2013).
Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire Milieu universitaire et MPO
Déterminer des mesures de gestion résultant des études sur la disponibilité des proies et visant à protéger les ressources alimentaires du béluga. Poursuivre les recherches sur le régime alimentaire du béluga. Étant donné l’importance apparente des stocks de poisson de fond et de hareng de printemps dans le sud du golfe du Saint-Laurent (division 4T de l’OPANO) pour le béluga et leur rôle potentiel dans le déclin actuel de l’espèce, il a été recommandé de les protéger dans l’estuaire du Saint-Laurent et le golfe du Saint-Laurent (MPO, 2014b).

À cet effet, depuis 2017 le MPO a financé, sous forme d’entente de contribution dans le cadre du Fonds pour la restauration côtière, plusieurs projets totalisant plus de 4 millions de dollars pour la protection et la réhabilitation des habitats de poissons fourragères dans l’estuaire du Saint-Laurent, entre autres pour le capelan, l’éperlan arc-en-ciel, le hareng, le lançon, qui sont des proies importantes du béluga.

Le total autorisé de capture de capelan pour la zone du golfe (4RST) a été baissé de 30 % en 2018 et en 2019.

L’exploitation du hareng a été gérée en vertu d’un plan de pêche axé sur la conservation de 2016 à 2017. Un plan de rétablissement de la composante de printemps qui est dans la zone critique de l’approche de précaution est en phase d’élaboration. Ce plan vise à identifier les mesures de gestion qui favoriseront le rétablissement du stock.

Le stock de morue du sud du golfe du Saint-Laurent, qui constitue une proie pour le béluga de l'estuaire du Saint-Laurent, était la cible d'une pêche dirigée. Cette pêche fait l'objet d'un moratoire depuis 2009 pour permettre à la population morue de l'Atlantique de se rétablir. Toutefois, 300 tonnes de prises accessoires sont autorisées (MPO, 2016a).

Un cadre pour la pêche durable au Canada est en place pour gérer les pêches de manière à appuyer la conservation et l’utilisation durable des ressources.

Par ailleurs, l’adoption du projet de Loi c-68 par le gouvernement en 2018 vient modifier la Loi sur les pêches en introduisant de nouvelles dispositions et exigences relatives aux stocks de poissons qui visent à : 1) maintenir les principaux stocks de poissons aux niveaux requis pour promouvoir la durabilité, 2) élaborer et mettre en œuvre des plans de rétablissement des stocks qui ont décliné jusqu’à leur zone critique (le travail a débuté pour le hareng de printemps en 2018), et 3) prescrire la liste des principaux stocks auxquels s’appliquent les dispositions. Les modifications comprennent aussi de nouveaux pouvoirs pour élaborer des règlements concernant le rétablissement. Un projet de règlement est venu préciser les principaux stocks qui seront assujettis aux nouvelles dispositions et pour lesquels le MPO devra élaborer un plan de rétablissement. Le stock de hareng de l’estuaire du Saint-Laurent (zone 4T) a été désigné comme l’un desdits principaux stocks.
Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire MPO et PC
Évaluer les nouvelles pêches en tenant compte des besoins du béluga. Prévenir les nouvelles activités de pêche susceptibles d’avoir un impact important sur les bélugas et leurs proies. En vertu de la Politique sur la pêche des espèces fourragères,l’évaluation des nouvelles pêches doit tenir compte des relations écologiques (par exemple, prédation et compétition) entre les espèces affectées directement et indirectement par la pêche dans les limites des fluctuations naturelles de ces relations. Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga Ressource alimentaire MPO
Inclure des mesures de protection dans les projets côtiers et extracôtiers. Développer et mettre en place des mesures de protection adéquates pour les projets côtiers et extracôtiers susceptibles d’avoir un impact dans l’aire de répartition du béluga. L’examen minutieux par le MPO des répercussions potentielles des projets sur l’habitat essentiel du béluga, qui comprend l’environnement physique, acoustique et les proies, limite toute autre dégradation de l’habitat découlant des aménagements côtiers et extracôtiers (par exemple, dragage et construction, relevés sismiques, barrages hydroélectriques). Le MPO exige au besoin d’appliquer des mesures d’atténuation lorsqu’elles existent et qu’elles sont efficaces (par exemple, MPO, 2007 ; 2011 a ; 2011 b ; 2014 a ; 2016 b).

Le ROMM a développé une formation d’observateurs de mammifères marins pour améliorer l’identification des mammifères marins et des tortues fréquentant les zones de travaux maritimes, tel le dragage, et ainsi favoriser l’application de la LEP et de la Loi sur les pêches.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Autres dégradations de l’habitat MPO et ROMM
Effectuer une évaluation des impacts environnementaux pour tous les projets d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière dans le golfe du Saint-Laurent. Développer et mettre en place des mesures de protection adéquates pour les projets côtiers et extracôtiers susceptibles d’avoir un impact dans l’aire de répartition du béluga. Le PPPH du MPO effectue l’examen réglementaire des projets de développement côtiers et extracôtiers, comme des projets de dragage, de construction de ponts, de réfection de quais ou encore de transport de ressources naturelles. Ce processus permet d’évaluer les effets de ces projets sur le béluga, tout élément de leur habitat essentiel ou la résidence des individus de manière à ce que les projets soient réalisés en conformité avec les articles 32, 33 et 35 et du paragraphe 58 (1) de la LEP. Le secteur des Sciences du MPO et le secteur de la protection de l’environnement d’ECCC sont régulièrement invités à participer aux évaluations d’impact des projets d’aménagement marin dans l’estuaire du Saint-Laurent et le golfe du Saint-Laurent. Par exemple, ils ont contribué à l’évaluation d’impact de certains projets pétroliers et gaziers dans différentes zones (par exemple, Old Harry, détroit de Cabot, Sidney Bight, ouest de Terre-Neuve-et-Labrador, ouest du golfe) et de plusieurs autres projets de petite envergure (par exemple, MPO 2007 ; 2011a ; 2011b ; 2014a ; 2016b).

Dans le golfe du Saint-Laurent, les procédures d’évaluation des impacts environnementaux pour les projets pétroliers et gaziers s’effectuent à la fois en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec et de la Loi sur l’évaluation d’impact du Canada.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Autres dégradations de l’habitat L’office des hydrocarbures extracôtiers de Canada–Terre Neuve et Labrador (C-TNLOHE), ECCC et gouvernement du Québec, MPO et Office national de l’énergie
Améliorer la fiabilité, l’accessibilité de la base de données (depuis 1983) ainsi que le traitement et l’intégration des données. Maintenir et améliorer le programme de suivi des carcasses en portant un effort particulier sur la détermination des causes de mortalité. Le programme de surveillance des carcasses de bélugas est en place depuis 1982 et pleinement mis en œuvre depuis 1983. À l’heure actuelle, son maintien est assuré par le soutien financier du MPO et la collaboration de diverses institutions (par exemple, milieu universitaire, aquariums, ministères et organismes fédéraux).

À la suite de l’augmentation des évènements de mortalité des veaux en 2012, ces derniers font désormais l’objet d’une nécropsie complète (Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal), quel que soit l’état de conservation de la carcasse (à moins qu’elle ne soit momifiée). Le MPO demeure le conservateur de la base de données centrale, qui a été reconstruite et normalisée en 2012.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Toutes GREMM, MPO, PC et université de Montréal
Publier les résultats du programme sur une base régulière. Maintenir et améliorer le programme de suivi des carcasses en portant un effort particulier sur la détermination des causes de mortalité. Un résumé des causes de mortalité des bélugas qui ont subi une nécropsie entre 1983 et 2012 a été publié, incluant les profils de mortalité basés sur les résultats du programme (COSEPAC, 2014; Lesage et al., 2014 b; Lair et al., 2016; Mosnier et al. 2015). Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Toutes MPO et Université de Montréal
Déterminer des mesures de gestion, résultant des études sur les causes de mortalité et visant à réduire les sources de mortalité. Maintenir et améliorer le programme de suivi des carcasses en portant un effort particulier sur la détermination des causes de mortalité. Des recommandations basées sur les causes de la mortalité dans le contexte de l’examen de la situation du béluga par le MPO ont été formulées (MPO, 2014 b ; Williams et al., 2017). À court terme, il est possible d’axer les efforts sur la réduction des agents de stress anthropiques, tels que les perturbations dans les zones sensibles et pendant les périodes critiques pour les femelles et les veaux, la contamination chimique, les apports importants en nutriments, la perte de l’habitat et la compétition avec les pêches pour les ressources alimentaires. Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Toutes ECCC, MPO et PC
Développer des outils pour détecter et prévenir les collisions et les empêtrements. Réduire l’impact des  collisions et des empêtrements dans des engins de pêche. Depuis 2017, en vertu du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, la vitesse des navires est limitée à 25 nd dans le parc marin et, en saison (du 1er mai au 31 octobre), à 20 nd (bateaux d’excursion) et à 15 nd (bateaux de plaisance) dans l’embouchure de la rivière Saguenay. Les motomarines, les aéroglisseurs et les sports aquatiques tractés sont interdits depuis 2017 dans les limites du parc marin.

Le gouvernement du Canada a modifié en 2018 le Règlement sur les mammifères marins. Le règlement révisé comprend des dispositions prévoyant une limite de 400 m dans l’estuaire du Saint-Laurent à l’approche des baleines, des dauphins et des marsouins considérés comme étant menacés ou en voie de disparition en vertu de la LEP. Les modifications sur le Règlement sur les mammifères marins au Canada définissent aussi le dérangement et introduisent la déclaration obligatoire des contacts accidentels entre un mammifère marin et un navire ou un engin de pêche.

Depuis 2018, les pêcheurs commerciaux sont tenus de signaler, en vertu des conditions de leur permis, les engins de pêche perdus qui pourraient constituer une menace d’enchevêtrement.
Le code de pratique à respecter en présence de bélugas est intégré au Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et dans les outils de communication du parc marin et du MPO, et vise notamment à réduire les risques de collision.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Collisions et empêtrements MPO et PC
Assurer le maintien du Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM). Réduire l’impact des empêtrements dans des engins de pêche et des collisions. Le Réseau d’urgences pour les mammifères marins est en place depuis 2004 et reçoit un soutien financier continu de la part du MPO et d’autres partenaires, ainsi qu’un soutien logistique de la part de diverses institutions (par exemple, milieu universitaire, aquariums, ministères et organismes fédéraux). Le renouvellement de l’appui financier du MPO reçu en 2019 permettra d’établir des équipes permanentes sur les rives sud et nord de l’estuaire.

Le MPO est responsable de porter assistance aux mammifères marins en détresse incluant les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent. Dans le cadre du Programme d’intervention auprès des mammifères marins, le MPO collabore avec des organisations non gouvernementales à travers le pays pour intervenir lors d’incidents impliquant des mammifères marins, notamment dans les cas de baleines mortes, enchevêtrées ou blessées autrement (par exemple, à la suite de collisions avec des navires). En plus de fournir des soins et une assistance spécialisée aux animaux en détresse, ces réseaux d’intervention fournissent des données qui peuvent être utilisées pour aider à quantifier les menaces pesant sur les espèces en péril et soutenir la planification du rétablissement par la LEP, les mesures d’atténuation des menaces, l’élaboration de politiques et la collaboration entre les autorités compétentes sur les cas d’exécution.
Les rapports annuels sont disponibles pour ce programme.

En 2018, le budget fédéral canadien a annoncé 167,4 millions de dollars réservés à l’Initiative sur les baleines dont 1 million de dollars par année pour soutenir les organisations d’intervention sur des mammifères marins partout au Canada. Cela comprend un contrat avec le GREMM, ainsi que le financement d’une offre à commandes avec des fournisseurs de nécropsies à l’Université de Montréal.

Le Fonds de renforcement des capacités du Programme d’intervention pour les mammifères marins, qui faisait initialement partie du fonds de restauration côtière et fait maintenant partie de l’Initiative sur les baleines, a alloué 4,5 millions de dollars sur 4 ans partout à travers le Canada dans le but d’augmenter la capacité à mener des interventions sûres et efficaces en cas d’incident, ce qui inclut un financement au GREMM responsable de la coordination du RQUMM.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Collisions et empêtrements MPO et le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM)
Effectuer un suivi des incidents impliquant les bélugas (collision, blessures, captures accidentelles, cas de harcèlement). Réduire l’impact des empêtrements dans des engins de pêche et des collisions. En vertu des dispositions sur les contacts accidentels du Règlement sur les mammifères marins amendé,  tout utilisateur d’un véhicule nautique
ou d’un engin de pêche Saguenay, incluant les exploitants de bateaux d’excursion dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, ont l’obligation de signaler les collisions avec les mammifères marins, dont le béluga.

En vertu des conditions de permis de pêche commerciaux, les pêcheurs ont l’obligation de déclarer toute interaction avec un mammifère marin. Spécifiquement, les interactions avec des espèces en péril doivent être déclarées dans la section LEP du journal de bord.
De plus, pour les pêches commerciales qui font l’objet d’un suivi par un programme d’observateurs en mer, les observateurs doivent rapporter les interactions avec les mammifères marins.

Le MPO réalise des activités de surveillance aérienne et en mer ce qui augmente la probabilité de détecter des incidents.

Le programme de surveillance des carcasses de bélugas permet également de détecter une partie de ces interactions.

Une campagne de sensibilisation menée chaque année depuis 2015 dans les collectivités de la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent augmente la probabilité de détection de ces évènements.

Le Programme d’intervention auprès des mammifères marins du MPO, en collaboration avec les réseaux d’intervention, fournit des soins et une assistance spécialisée aux animaux en détresse, y compris le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, et fournit des données qui peuvent être utilisées pour aider à quantifier les menaces pesant sur les espèces en péril.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Collisions et empêtrements MPO, PC et RQUMM
Préparer ou mettre à jour les plans d’urgence applicables dans l’estuaire du Saint-Laurent. Préparer des plans d’urgence pour le béluga en cas de déversements de produits toxiques, d’efflorescence d’algues toxiques et d’épizootie. Un plan d’urgence en cas de déversement accidentel de substances chimiques toxiques est en place pour l’estuaire du Saint-Laurent. Le plan d’urgence concernant les déversements en mer explique les mesures que le programme d’intervention environnementale de la Garde côtière canadienne (GCC-IE) devra prendre en cas de déversement. De plus, sous l’initiative de la Planification pour une intervention environnementale intégrée (PIEI), le secteur des Sciences au MPO développe actuellement un protocole adapté pour les mammifères marins lors des incidents environnementaux (par exemple déversement d’hydrocarbures).

Dans le cadre du Programme des urgences environnementales fédéral, ECCC a mis en place un système robuste de notification des urgences environnementales au Centre national des urgences environnementales (CNUE), relayant toute l’information pertinente relative aux déversements de produits délétères dans le fleuve Saint-Laurent aux acteurs fédéraux intéressés. Le CNUE coordonne l’expertise scientifique du gouvernement fédéral et des services techniques et scientifiques d’ECCC en support à l’intervention en situation d’urgence en plus de maintenir à jour la base de données géospatiales sur les ressources à risques du Canada, dont l’habitat de la population du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Les données géospatiales sont mises en valeur grâce à des applications de cartographie spécialisées du CNUE et favorisent la définition des objectifs et la prise de décision lors d’interventions en situation d’urgence environnementale
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Efflorescence, déversement et épizootie ECCC, GCC-IE, MPO et PC
Mettre en œuvre une campagne de sensibilisation sur la règlementation concernant le déversement de matières polluantes. Informer et sensibiliser les navigateurs (tous types de bateaux) sur la règlementation et les impacts du déversement de matières polluantes. Aucune activité n’a été recensée concernant cette mesure. Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Déversement S/O
Effectuer un suivi du nombre d’incidents. Informer et sensibiliser les navigateurs (tous types de bateaux) sur la règlementation et les impacts du déversement de matières polluantes. En vertu de la Loi sur la marine marchande du Canada, le programme de la GCC-IE est
mandaté de faire la gestion des incidents de pollution provenant des navires, des installations de manutention d’hydrocarbures ou de source maritime inconnue. Ce mandat porte sur le rejet de tout type de polluants. Entre 2012 et 2019, 104 cas ont été recensés dans le secteur du Saint-Laurent.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Déversement GCC-IE
Développer des outils pour détecter et prévenir ces évènements. Détecter et prévenir les déversements, les efflorescences d’algues toxiques et les épizooties. Le programme de surveillance de la prolifération des algues toxiques a été réduit en 2009, mais maintenu pour le quai de Tadoussac et autres stations du Saint-Laurent. Cependant, l’analyse des échantillons s’effectue au besoin, en fonction des budgets, et ne peuvent donc pas de détecter les proliférations nocives en temps opportun.

Le protozoaire parasite Toxoplasma gondii, a été détecté chez de nombreuses espèces de mammifères marins, dont le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Les résultats d’Iqbal et al. (2018) indiquent qu’une forte prévalence de bélugas échoués dans l’estuaire du Saint-Laurent sont positifs pour l’infection par T. gondii, bien que très peu de décès soient attribués à la toxoplasmose sur la base des résultats d’autopsies publiés. Le parasite peut causer plusieurs troubles de la santé incluant certains déficits neurologiques et d’autres recherches sont nécessaires afin d’étudier l’effet des parasites sur le rétablissement de la population.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Efflorescence, déversement et épizootie ECCC, MPO et PC
Réaliser des activités de sensibilisation s’adressant aux capitaines d’embarcations touristiques et de plaisance. Réduire le nombre de collisions avec les embarcations, en particulier les embarcations touristiques et de plaisance. Depuis janvier 2017, le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent prescrit officiellement la mise en œuvre d’un système de certification pour les exploitants de bateaux d’excursion et les guides de kayak en mer. La certification exige la participation à une séance de formation obligatoire au sujet du parc marin et de la mise à jour du règlement, ainsi que la réussite d’un examen annuel des connaissances.
Depuis 2015, une campagne estivale annuelle de sensibilisation est en place. Elle vise à réduire les perturbations pour le béluga et à expliquer comment naviguer en sa présence auprès des plaisanciers de la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent.

La formation et l’éducation des plaisanciers et croisiéristes pour le respect de la nouvelle règlementation d’observation adoptée en 2018 se poursuivent par le développement d’un outil de formation en ligne.
Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Collisions MPO, PC et ROMM
Si de nouvelles menaces sont identifiées, entreprendre des actions en recherche et en gestion pour en limiter l’impact. Examiner les autres obstacles potentiels au rétablissement. Aucune nouvelle menace repérée. Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population Nouvelles menaces S/O
Déterminer les zones de fréquentation intensive selon les saisons, les caractéristiques favorables à leur utilisation, les fonctions vitales qu’elles supportent, les habitats potentiels si un élargissement de l’aire de répartition se produisait ainsi que les menaces pesant sur ces zones. Accroître les connaissances sur la répartition saisonnière et les habitats potentiels du béluga. L’utilisation de l’habitat à petite échelle (par exemple, par rapport aux marées, à l’heure de la journée, à la saison) de certaines zones importantes de l’habitat essentiel a été caractérisée (par exemple, Cacouna/ile Verte, embouchure du fjord du Saguenay, baie Sainte-Marguerite) (Conversano, 2013 ; Conversano et al., 2017 ; Roy et Simard, 2015 ; Ménard et al., 2018). De plus, des sites d’observation terrestres sont utilisés pour caractériser le patron de fréquentation, soit à Pointe-Noire (depuis 1998), à la baie Sainte-Marguerite (depuis 2003) ainsi qu’à Rivière-du-Loup et à Cacouna (depuis 2014).

Des zones d’utilisation intensive estivale ont pu être identifiées à l’aide de données à long terme tirées de relevés photoaériens et de suivis des troupeaux de bélugas (Mosnier et al., 2016 ; Lemieux-Lefebvre et al., 2012).
Plus de 30 d’inventaires aériens ont été effectués au printemps, en automne et en hiver depuis 2013. Les résultats partiels de ces inventaires ne permettent pas de définir les habitats utilisés intensivement à petite échelle, mais indiquent que le béluga est présent dans l’estuaire du Saint-Laurent toute l’année, et que les aires utilisées varient saisonnièrement (Harvey et al., en révision). On note, par exemple, un mouvement vers l’aval en automne avec une réduction substantielle de l’occupation de l’estuaire moyen. En hiver, l’estuaire maritime demeure fortement utilisé, mais on retrouve des bélugas en aval des aires actuellement considérées comme son habitat essentiel, avec une incursion d’une portion de la population dans le nord-ouest du golfe du Saint-Laurent. Au printemps (avril à mai), les bélugas ont commencé à réintégrer leur habitat estival, avec une occupation intermédiaire de l’estuaire moyen.

Une technique d’acoustique passive a été utilisée entre 2007 et 2017 pour déterminer la présence et l’occurrence de bélugas à partir d’un site en aval de son habitat estival, situé sur la rive nord dans l’estuaire maritime (Giard et al., 2020). Les résultats de cette étude ont démontré que les bélugas sont présents toute l’année dans cette région et qu’ils ont un comportement saisonnier avec d’importantes variations interannuelles. En effet, il semblerait avoir une plus forte présence de bélugas dans cette région au début du printemps, au milieu de l’été et à la fin de l’automne.

De plus, cette étude a permis de montrer qu’il est possible d’utiliser des méthodes de surveillance acoustique passive afin de suivre les déplacements des espèces marines loquaces, telles que le béluga, dans un environnement sonore dominé par le bruit du transport maritime et ainsi mieux comprendre leur utilisation de l’habitat sur une échelle temporelle de plusieurs années.
Protéger l’habitat du béluga dans toute son aire de répartition Toutes Milieu universitaire, MPO, ONG et PC
Créer des aires marines protégées sur le territoire occupé par les bélugas, telles que la ZPM de l’estuaire du Saint-Laurent et la réserve aquatique Manicouagan. Protéger l’habitat du béluga par la mise en œuvre de divers outils légaux. La réserve aquatique projetée de Manicouagan a été désignée en 2013 par le MELCC en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel du Québec. La réserve aquatique projetée est fréquentée occasionnellement par certaines espèces de mammifères marins, dont le béluga et le rorqual bleu.

Le projet d’AMP de l’estuaire du Saint-Laurent est
en cours d’élaboration. Il a fait
l’objet d’une révision de ses objectifs de conservation et de ses limites de l’AMP proposée en 2018. Des séances d’information ont eu lieu en 2019 pour présenter le projet d’AMP de l’estuaire du Saint-Laurent aux principaux intervenants et groupes autochtones concernés. Les mesures de conservation potentielles, qui encadreront chacun des secteurs d’activités (transport maritime et de plaisance, activités d’observation en mer, pêche, projets de développement, activités scientifiques) et qui présentent un risque pour les mammifères marins en péril et les poissons en situation précaire ainsi que leurs proies et leurs habitats, seront examinées.
Protéger l’habitat du béluga dans toute son aire de répartition Collisions, empêtrements et dérangement Gouvernement du Québec et MPO
Protéger les zones de fréquentation intensive dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent par la mise en place d’un plan de zonage. Protéger l’habitat du béluga par la mise en œuvre de divers outils légaux. Le nouveau Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (2017) comprend des dispositions visant à créer des secteurs d’exclusion temporaires dans certains secteurs et à limiter l’accès des bateaux d’excursion aux zones sensibles.

Les conditions de permis des bateaux d’excursion et les avis aux navigateurs limitent l’accès à certaines parties importantes de l’habitat du béluga dans le parc marin ayant été identifiées comme zone de préservation intégrale dans la proposition de zonage du parc marin en 2010.

En 2018, une zone de quiétude a été instaurée par PC dans la baie Sainte-Marguerite dans le fjord du Saguenay. Cette zone est interdite à la navigation pour tous les usagers, peu importe leur embarcation, du 21 juin au 21 septembre. Aussi, depuis l’été 2019, une zone couvrant 44 % du territoire du parc marin fermée aux excursions commerciales d’observation des mammifères a été instaurée, soit de la pointe au Bouleau à Baie-Sainte-Catherine, jusqu’à Gros Cap-à-l’Aigle dans la région de Charlevoix, et les alentours de l’ile aux Lièvres. Ces 2 secteurs sont principalement fréquentés durant la saison estivale par des troupeaux de bélugas composés de femelles et de jeunes.
Protéger l’habitat du béluga dans toute son aire de répartition Collisions, empêtrements et dérangement PC
Étudier la faisabilité d’étendre les limites du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, en conformité avec le plan directeur du parc marin (PC et MDDEP, 2010), pour couvrir une portion plus significative de l’aire de répartition estivale du béluga. Protéger l’habitat du béluga par la mise en œuvre de divers outils légaux. Par le mandat du Groupe bilatéral sur les aires marines protégées Canada-Québec, le MELCC et le MPO travaillent au développement d’un projet d’AMP dans l’estuaire du Saint-Laurent. Présentement, l’établissement d’une nouvelle AMP beaucoup plus vaste est le scénario privilégié plutôt que d’agrandir le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Protéger l’habitat du béluga dans toute son aire de répartition Collisions, empêtrements et dérangement ECCC, gouvernement du Québec (MFFP, MELCC, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation [MAPAQ] et MERN), MPO et PC
Poursuivre les inventaires de population, tous les 3 ans minimum. Suivre la population de bélugas du Saint-Laurent. Une étude de Gosselin et al. (2014) relate une série chronologique de relevés visuels aériens à intervalles réguliers. Au total, 36 relevés sont intégrés dans cette étude pour les années 2001, 2003, 2005, 2007, 2008, 2009 et 2014. D’autres inventaires ont été réalisés en 2018 et 2019, les résultats seront disponibles prochainement. Assurer un suivi régulier de la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent Collisions, empêtrements et dérangement MPO
Entreprendre un suivi du taux de recrutement des juvéniles et des causes de mortalité de ce segment de la population. Suivre la population de bélugas du Saint-Laurent. Des indices de recrutement ont été obtenus par des relevés photo-aériens (de 1988 à 2009 : Gosselin et al., 2014) et par des relevés d’identification photographique à long terme (de 1989 à 2012 : Michaud, 2014). Ces relevés indiquent que la proportion de veaux et de juvéniles a décliné au fil du temps dans la population.

Des nécropsies sur des carcasses de bélugas sont effectuées afin de déterminer la cause de mortalité, mais les juvéniles représentent une petite proportion de cet échantillon (Lair et al., 2016). La pneumonie vermineuse était la principale cause de la mort chez plus de 70 % des juvéniles autres que les veaux.
Assurer un suivi régulier de la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent Collisions, empêtrements et dérangement MPO, RQUMM, GREMM et Université de Montréal
Maintenir le programme de suivi de la population (répartition, taille, structure, dynamique, organisation sociale, génétique). Suivre la population de bélugas du Saint-Laurent. Des relevés aériens visant à surveiller la taille et la répartition de la population se déroulent régulièrement (résumé dans Gosselin et al., 2014 ; 2017 ; Mosnier et al., 2016).

Les paramètres et la dynamique de la population continuent de faire l’objet d’un suivi au moyen du programme de surveillance des carcasses et des relevés aériens ; ils ont récemment été résumés (Lesage et al., 2014 b ; Mosnier et al., 2016 ; Gosselin et al., 2017).

Un programme d’échantillonnage est en place depuis plus de 25 ans avec le GREMM pour documenter l’organisation sociale et la structure génétique de la population. Les données issues de ces échantillonnages sont en cours d’analyse en collaboration avec l’UQO.

De plus, la traverse de L’Isle-aux-Coudres-Saint-Joseph-de-la-Rive est devenue membre observateur du
ROMM et collecte des données
d’observation de bélugas depuis le
printemps 2019.
Assurer un suivi régulier de la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent Collisions, empêtrements et dérangement GREMM, MPO, ROMM et UQO

a Les participants sont énumérés en ordre alphabétique. Des participants ne sont pas indiqués pour toutes les activités.

b Les recherches effectuées se situaient dans la période de rapport 2012 à 2019 représentée dans ce rapport d’étape, bien que la date de publication soit postérieure.

3.2 Activités à l’appui de la désignation de l’habitat essentiel

Le tableau 2 donne des renseignements sur l’état d’avancement de la mise en œuvre des études décrites dans le calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel du programme de rétablissement. À chaque étude, 1 des 4 situations suivantes a été attribuée:

Tableau 2 Situation et détails de la mise en œuvre du calendrier des études indiquées dans le programme de rétablissement.
Étude Calendrier Situation Description et résultats Participantsa
Mieux définir les zones de fréquentation estivale du béluga et leurs caractéristiques en amont de Kamouraska et La Malbaie, et en aval de Rimouski et Forestville. 2016 En cours Des travaux sont en cours, notamment un projet d’acoustique passive qui permettra de qualifier la présence et l’absence de l’espèce dans ces secteurs.

Le volet de recherche du nouveau projet du Sentier Béluga, financé par le Fonds pour la nature de Pêches et Océans Canada (MPO) vise à approfondir les connaissances sur l’utilisation des aires de haute fréquentation de l’habitat essentiel des bélugas (couplage drone, hydrophone et photo-identification dans les limites des 3 communautés de femelles) et notre compréhension des effets du bruit et des perturbations anthropiques sur leurs vocalisations et leurs comportements.
GREMM (Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins), Pêches et Océans Canada (MPO) et Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Définir les zones de fréquentation du béluga en dehors de la saison estivale. 2016 En cours Des travaux sont en cours, notamment un projet d’acoustique passive qui permettra de qualifier la présence et l’absence de l’espèce dans ces secteurs.

En 2018 et 2019, 2 inventaires printaniers, 5 inventaires estivaux et 2 inventaires hivernaux ont été complétés. Aucun inventaire automnal n’a pu être complété pour cause de mauvais temps.

Les résultats évalués en février 2018 indiquent que le béluga est présent dans l’estuaire du Saint-Laurent toute l’année, mais que les aires utilisées varient saisonnièrement. On note par exemple un mouvement vers l’aval en automne de même qu’une réduction substantielle de l’occupation de l’estuaire moyen. En hiver, l’estuaire maritime demeure fortement utilisé, mais on retrouve des bélugas en aval des aires actuellement considérées comme son habitat essentiel, avec une incursion d’une portion de la population dans le nord-ouest du golfe. Au printemps (avril à mai), les bélugas ont commencé à réintégrer leur habitat estival, avec une occupation intermédiaire de l’estuaire moyen.
MPO
Définir les caractéristiques de l’habitat essentiel désigné. 2016 En cours Des analyses sont en cours pour définir précisément les caractéristiques de l’habitat essentiel du béluga. MPO, PC et Université du Québec en Outaouais (UQO)

a Les participants sont énumérés en ordre alphabétique. Des participants ne sont pas indiqués pour toutes les activités.

3.3 Résumé des progrès réalisés en matière de rétablissement

3.3.1 État des indicateurs de rendement

Le tableau 3 donne un résumé des progrès réalisés par rapport au respect des indicateurs de rendement établis dans le programme de rétablissement (MPO, 2012). À chaque étude, 1 des 4 états suivants a été attribué :

Tableau 3 Description et détails des progrès réalisés par rapport au respect des indicateurs de rendement indiqués dans le programme de rétablissement.
Indicateur de rendement État Détails
Augmentation de la taille de la population Non respecté Un modèle bayésien structuré par âge a été utilisé pour décrire la dynamique de la population et les résultats ont suggéré que la population a diminué depuis les années 2000 pour atteindre 889 individus (95 % IC 672-1167) en 2012 (Mosnier et al., 2015).
Augmentation du nombre d’individus matures à 1000 bélugas adultes Non respecté Mosnier et al. (2015) ont estimé la population de bélugas à 889 individus en 2012 et dès lors, les données actuelles permettent d’affirmer que la population n’est pas formée d’au moins 1000 bélugas adultes.
Augmentation du taux d’accroissement de la population Non respecté Mosnier et al., (2015), qui ont examiné la tendance de la population jusqu’en 2012, rapportent un déclin de 1 % par année depuis le début des années 2000. Une mortalité annuelle anormalement élevée de veaux depuis 2008, et l’augmentation de mortalité périnatale également depuis environ ce temps suggère que la situation de la population ne s’est pas améliorée de manière substantielle depuis la dernière évaluation en 2012.
Augmentation de l’étendue de l’aire de répartition Non respecté Les données disponibles au moment de la rédaction de ce document ne permettent pas de confirmer une augmentation de l’aire de répartition du béluga.
Maintien du pourcentage de nouveau-nés Non respecté Les données les plus récentes datent de 2012, le pourcentage de nouveau-nés était de 6 % et 33 % de juvéniles (Mosnier et al., 2015). Des recensements par photo-identification effectués entre 1989 et 2012 ont permis de voir que la proportion de juvéniles augmentait avant de connaitre une tendance vers la baisse entre le milieu et la fin de la première décennie des années 2000 (Michaud, 2014).
Diminution du taux de mortalité des juvéniles Non respecté Le nombre de nouveau-nés retrouvés morts a augmenté depuis 2008 et demeure anormalement élevé depuis (Gosselin et al., 2017).

3.3.2 Réalisation du plan d’action

Le Plan d’action pour réduire l’impact du bruit sur le béluga (Delphinapterus leucas) (DFO) et les autres mammifères marins en péril de l’estuaire du Saint-Laurent a été publié en mars 2020. Il s’agit d’un plan d’action fondé sur la menace du dérangement anthropique et plus précisément sur le bruit subaquatique. Une série de mesures visant l’acquisition de connaissances sur les sources de bruit dans l’estuaire du Saint-Laurent est proposée dans le document. Ces mesures sont le fruit de plusieurs consultations et discussions avec des groupes autochtones et les intervenants des différents secteurs se rattachant à l’estuaire du Saint-Laurent ainsi qu’avec le gouvernement du Québec. Les différentes mesures ont été regroupées sous 4 grandes stratégies :

Une section du plan d’action se concentre sur les coûts et les avantages socioéconomiques de la mise en œuvre du plan d’action, ainsi que les mesures de progrès pour évaluer l’efficacité des mesures implantées.

Un second plan d’action est en cours d’élaboration et il portera sur l’ensemble des autres menaces identifiées qui affectent le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent.

3.3.3 Désignation et protection de l’habitat essentiel

Le programme de rétablissement de 2012 inclut une désignation de l’habitat essentiel. Il a été désigné selon l’approche de la zone d’occupation. Il correspond à l’aire de répartition estivale des groupes composés d’adultes accompagnés de juvéniles et de nouveau-nés, c’est-à-dire l’estuaire moyen, des battures aux Loups Marins jusque dans le Saguenay et la portion sud de l’estuaire maritime. Des études sont en cours pour approfondir les connaissances et définir les zones de fréquentation en dehors de la saison estivale.

En 2017, l’habitat essentiel a été juridiquement protégé au moyen d’un arrêté ministériel pris en vertu de l’article 58 de la LEP.

3.3.4 Faisabilité du rétablissement

Les meilleurs renseignements disponibles appuient la faisabilité actuelle du rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Toutefois, l’étude de Williams et al. parue en 2017 indique que l’objectif de rétablissement d’atteindre 7 070 individus d’ici 2100 (ce qui correspondrait à 70 % de l’effectif d’origine) est irréalisable. Un nouvel objectif de rétablissement sera identifié prochainement lors de la mise à jour du programme de rétablissement. Néanmoins, le rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent est toujours considéré comme étant réalisable puisqu’il répond toujours aux 4 critères de la faisabilité technique et biologique qui ont été préalablement identifiés dans le programme de rétablissement de 2012. Ces 4 critères sont les suivants :

4. Conclusion

De 2012 à 2019, dans le cadre de la mise en œuvre des activités identifiées dans le « Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas) (DFO), population de l’estuaire du Saint-Laurent », certains progrès ont été réalisés, et ce, principalement, en ce qui concerne le resserrement de la règlementation visant l’utilisation, la fabrication ou l’importation de contaminants et de produits toxiques, les émissions atmosphériques industrielles et le rejet des contaminants dans l’environnement ainsi que les activités de plaisance et de navigation dans les limites du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. La sensibilisation auprès des usagers de l’estuaire du Saint-Laurent a également porté fruit en ce qui a trait au respect des règles de conduite et des distances d’approche en présence des mammifères marins. Toutefois, la situation du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent demeure critique, tel qu’en témoigne le changement de statut en vertu de la LEP qui est passé de « menacé » à « en voie de disparition » au printemps 2017.

Les connaissances acquises et l’information disponible depuis la publication du programme de rétablissement ne permettent pas de constater une amélioration de la situation du béluga. Les indices ne suggèrent ni une augmentation de la taille de la population, ni une augmentation du nombre d’individus matures à 1000 bélugas adultes, ni un taux d’accroissement de la population. De plus, l’aire de répartition semble la même, le pourcentage de nouveau-nés dans la population ne semble pas augmenter et le taux de mortalité juvénile ne semble pas avoir diminué. La mise en œuvre du premier plan d’action visant à réduire l’impact du bruit sous-marin devrait soutenir le rétablissement de cette population. Un second plan d’action est actuellement en préparation et portera sur les menaces prioritaires pour le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent (la disponibilité des proies, les contaminants environnementaux et les dérangements anthropiques).

Les prochaines étapes à entreprendre afin de poursuivre le rétablissement du béluga devront être l’établissement d’une aire marine protégée dans l’estuaire du Saint-Laurent et la poursuite d’activités spécifiques à sa conservation incluant des campagnes de sensibilisation.

Le MPO demeure déterminé à poursuivre des efforts visant à rétablir le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Les progrès réalisés jusqu’à présent n’auraient pas été possibles sans la contribution de nos partenaires. Le MPO se réjouit à la perspective de poursuivre cette collaboration fructueuse etinvite les autres partenaires désireux de participer au rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent à prendre part à cette collaboration.

5. Références

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