Programme de rétablissement du cisco à museau court au Canada [proposition] : Information sur l'espèce
Date de l'évaluation : Mai 2005
Nom commun : Cisco à museau court
Nom scientifique : Coregonus reighardi
État selon le COSEPAC : En voie de disparition
Justification de la désignation : L'espèce était endémique dans les Grands Lacs, les dernières observations datent de 1982 dans le lac Michigan, de 1985 dans le lac Huron et de 1964 dans le lac Ontario. Bien que l'espèce soit probablement disparue de son aire de répartition, des recherches suffisamment exhaustives pour déclarer qu'elle est éteinte n'ont pas été conduites. La disparition supposée de l'espèce semblerait avoir pour cause la surexploitation commerciale et peut-être la rivalité ou encore la prédation subséquente à l'introduction d'autres espèces.
Répartition au Canada : Ontario
Historique de déclaration sur l'état par le COSEPAC : L'espèce a été déclarée « menacée » en avril 1987. Son état a été évalué de nouveau en mai 2005 et est passé à « en voie de disparition ». La dernière évaluation est fondée sur un rapport de situation mis à jour.
Le cisco à museau court a d'abord été déclaré comme étant une espèce menacée par le COSEPAC selon une évaluation fondée sur le rapport de situation de Parker (1988). En 2005, le COSEPAC a évalué de nouveau l'espèce pour la déclarer comme étant en voie de disparition en se fondant sur un rapport de situation mis à jour (COSEPAC 2005). L'espèce a donc été formellement inscrite sous la protection de la Loi sur les espèces en péril du Canada en 2007, puis sous la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario. NatureServe (2009) classifie l'espèce comme étant historique à l'échelle globale (HG) et historique à l'échelle nationale (HN) au Canada et aux États-Unis, ainsi que disparue à l'échelle régionale (DR) en Illinois, en Indiana, dans l'État de New York et au Wisconsin, puis historique à l'échelle régionale (HR) au Michigan et en Ontario. Le cisco à museau court est inscrit à la Liste rouge de l'IUCN sous la catégorie « en danger critique d'extinction » (Gimenez Dixon 1996) et la American Fisheries Society (Jelks et coll. 2008) a déclaré l'espèce comme étant menacée selon son évaluation. Selon nos connaissances, aucune population ne subsiste dans les aires de répartition historiques des lacs Michigan, Huron ou Ontario. De plus, la dernière observation consignée a eu lieu dans le lac Huron en 1985 (Webb et Todd 1995). C'est pourquoi le cisco à museau court est considéré comme étant une espèce éteinte (COSEPAC 2005, Jelks et coll. 2008, Mandrak et Cudmore 2010).
Le cisco à museau court (Coregonus reighardi) (Figure 1) appartient à un groupe ayant une taxonomie complexe réunissant des espèces morphologiquement très similaires (Figure 2) et endémiques dans les Grands Lacs laurentiens d'Amérique du Nord (Smith et Todd 1984; Todd et Smith 1992; Scott et Crossman 1998, Cudmore-Vokey et Crossman 2000). L'espèce se caractérisait principalement par un corps cylindrique, une petite tête, un court museau avec une bouche terminale, de petits yeux, une pigmentation noire autour du museau, de courtes nageoires ventrales et peu de branchiospines [en général de 32 à 42] (Pritchard 1931, Jobes 1943, Scott et Crossman 1998). Koelz (1929) a consigné la présence de deux formes de cisco à museau court dans les Grands Lacs : le genre Coregonus reighardi reighardi dans les lacs Huron, Michigan et Ontario; puis Coregonus reighardi dymondi dans les lacs Supérieur et Nipigon. Des examens subséquents des variations morphologiques et des éléments systématiques des espèces ont conduit à associer le genre C. reighardi dymondi au cisco à mâchoires égales (Coregonus zenithicus) (Todd 1980, Todd et Smith 1980, Parker 1988). Par conséquent, on pense aujourd'hui que le genre C. reighardi a vécu uniquement dans les lacs Huron, Michigan et Ontario (COSEPAC 2005). Pour ce qui est des autres ciscos des profondeurs des Grands Lacs, la surexploitation, la perturbation de l'écosystème et la possible hybridation peuvent avoir contribué à l'effondrement éventuel et à la disparition des espèces (Smith 1964). L'hypothèse d'hybridation des espèces de ciscos des profondeurs a été soulevée au début des années 1960. À l'époque, il semblait impossible de classer les spécimens d'échantillonnage dans un groupe quelconque et on les appelait parfois « cyprinidés hybrides » (Smith 1964). Une taxonomie et une désignation confuses ont pu fausser certaines des données disponibles pour cette espèce.
Longue description pour la figure 1
Nous en savons très peu sur la biologie du cisco à museau court (Parker 1988; Scott et Crossman 1998; COSEPAC 2005). Cette population constituait l'une des plus petites espèces de cisco des profondeurs, ou cyprinidés, indigènes des Grands Lacs. Todd (1980) indique que la taille des poissons adultes atteint en général de 170 à 260 mm (longueur standard), bien que des poissons d'au moins 356 mm de longueur standard et d'un poids de 539 g aient été observés dans le lac Ontario (Scott et Crossman 1998). L'espèce de cisco était la seule connue des lacs où elle vivait dont le frai se produisait au printemps. Selon les données consignées, le frai se produisait entre avril et mai dans le lac Ontario et entre mai et juin dans les lacs Huron et Michigan, à une profondeur variant entre 52 et 146 m (COSEPAC 2005). Certaines preuves indiquent qu'un frai pouvait également avoir lieu à la fin de l'automne (Koelz 1929; Smith 1964), ce qui pourrait permettre l'hybridation avec d'autres espèces dont le frai se produit au même moment (Scott et Crossman 1998). Il n'y a pas de données sur la fécondité, le développement embryologique et le début du cycle de vie (Parker 1988).
Longue description pour la figure 2
Le cisco à museau court n'a existé que dans les Grands Lacs, plus précisément dans les lacs Michigan, Huron et Ontario (Figure 3). Sa présence a été observée pour la dernière fois en 1964 dans le lac Ontario, en 1982 dans le lac Michigan et en 1985 dans la région de la baie Georgienne du lac Huron (COSEPAC 2005). L'espèce n'a pas été vue depuis, malgré des pêches et efforts d'échantillonnage considérables. Bien qu'on ne puisse établir que la population ait entièrement disparu, il est fort probable que ce soit le cas (Webb et Todd 1995, COSEPAC 2005, Mandrak et Cudmore 2010).
Longue description pour la figure 3
L'espèce a déjà constitué un élément précieux des pêches commerciales aux cyprinidés. Celles-ci ont connu un grand essor vers la fin des années 1800, mais des signes de déclin sont apparus dès les années 1900 (Koelz 1926, Jobes 1943). Les prises de cyprinidés étaient rarement classifiées selon leur espèce au débarquement et très peu de collectes ont été conduites dans le but d'évaluer la taille ou les tendances de la population. Seulement 324 spécimens du lac Huron ont été consignés. Un seul spécimen a été recueilli en 1919, les autres ont fait l'objet d'une collecte entre 1956 et 1985 (Webb et Todd 1995). Avant 1980, on confondait le cisco à mâchoires égales et le cisco à museau court dans les lacs Supérieur et Nipigon; cette situation a pu empêcher de reconnaître l'état critique de l'espèce ailleurs dans les Grands Lacs.
Bien que les données sur la répartition de l'espèce soient manquantes, les habitats en eaux profondes des lacs Huron et Ontario étaient abondants. Selon une strate de profondeur convenable située entre 35 et 100 m, environ 47 % du total de l'aire du lac Huron (60 166 km²) et 26 % du total de l'aire du lac Ontario (24 157 km²) auraient pu constituer un habitat pour le cisco à museau court (COSEPAC 2005).
Le cisco à museau court occupait les habitats en eaux claires, froides et profondes des lacs Huron, Michigan et Ontario, à une profondeur variant entre 22 et 110 m (COSEPAC 2005). Son régime alimentaire se composait principalement de crustacés d'eaux douces du genre Mysis diluviana (anciennement appelé Mysis relicta) et Diporeia, ainsi que d'une petite quantité de copépodes, de larves d'insectes aquatiques et de sphaeriidés (Scott et Crossman, 1998). On croit que le frai se produisait principalement en avril et se poursuivait jusqu'en juin, à une profondeur de plus de 52 m (COSEPAC 2005).
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