Programme de rétablissement du cisco à museau court (Coregonus reighardi) au Canada [proposition] 2012
- Préface
- Remerciements
- Sommaire
- Faisabilité du rétablissement – sommaire
- 1. Information sur l'évaluation de l'espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)
- 2. Information sur l'état de l'espèce
- 3. Information sur l'espèce
- 4. Menaces
- 5.Habitat essentielt
- 6. Approche de conservation
- 7. Références
- 8. Communications personnelles
- Annexe A : Effets sur l'environnement et les autres espèces
- Annexe B : Rapport de collaboration et consultation
- Figure 1. Le cisco à museau court (Coregonus reighardi Koelz) (Illustration de Paul Vecsei, 2011)
- Figure 2. Groupe de ciscos des profondeurs du lac Michigan, dont le cisco à museau court. Koelz (1929)
- Figure 3. La répartition historique globale du cisco à museau court (Coregonus reighardi). COSEPAC, 2005
- Tableau 1. Tableau de l'évaluation des menaces
Recommandation de référence à citer :
Pêches et Océans Canada. 2012. Programme de rétablissement du cisco à museau court (Coregonus reighardi) au Canada [proposition]. Loi sur les espèces en péril – Série de Programmes de rétablissement. Pêches et Océans Canada, Ottawa, vi + 16 p.
Pour obtenir des copies du programme de rétablissement ou de plus amples renseignements sur les espèces en péril, dont les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de l'habitat, les plans d'action et d'autres documents connexes, consultez le Registre public des espèces en péril.
Illustration de la page couverture : Paul Vecsei, 2011
This publication is also available in English under the following title:
« Recovery Strategy for the Shortnose Cisco (Coregonus reighardi) in Canada [Proposed] »
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans, 2012. Tous droits réservés.
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Le contenu (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans autorisation, mais en prenant soin d'indiquer la source.
Les signataires des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans le cadre de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996) ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui offrent une protection efficace pour les espèces en péril d'un bout à l'autre du Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LC 2002, c. 29) [LEP], les ministres fédéraux compétents sont chargés de la préparation des programmes de rétablissement pour les espèces classées disparues du pays, en voie de disparition et menacées et doivent produire des rapports sur les progrès dans un délai de cinq ans.
Le ministre de Pêches et Océans est le ministre compétent pour le rétablissement du cisco à museau court et il a préparé ce programme, en vertu de l'article 37 de la LEP. Ce programme a été préparé en collaboration avec la province de l'Ontario.
On a déterminé que le rétablissement du cisco à museau court au Canada n'est pas réalisable, que ce soit de façon technique ou biologique. L'espèce pourrait tout de même tirer profit des programmes de conservation généraux déployés dans le même secteur géographique et sera protégée en vertu de la LEP et d'autres législations, politiques et programmes fédéraux, provinciaux et territoriaux.
On évaluera de nouveau la faisabilité dans le cadre du rapport sur la mise en œuvre du programme de rétablissement, ou lorsque les circonstances le justifieront en raison du changement des conditions ou de l'acquisition de nouvelles connaissances.
Ce programme de rétablissement a été préparé au nom de Pêches et Océans Canada (MPO) par Fred Hnytka, qui a été appuyé par l'aide et la contribution de Tom Pratt (MPO – Sault Ste-Marie), Nick Mandrak (MPO – Burlington), Jim Reist (MPO – Winnipeg), Dana Boyter (MPO – Burlington), P.L. Wong (MPO – Winnipeg), Scott Gibson (Ministère des Ressources naturelles de l’Ontario [MRNO] – Peterborough), Scott Reid (MRNO – Peterborough), Ken Cullis (MRNO – Thunder Bay) et Lloyd Mohr (MRNO – Owen Sound). Nous sommes reconnaissants envers les nombreux chercheurs et biologistes qui ont entrepris l'étude de l'espèce des ciscos des profondeurs au fil des ans et qui se sont empressés de nous transmettre leurs connaissances et points de vue.
En 1987, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a déterminé selon son évaluation que le cisco à museau court (Coregonus reighardi) constituait une espèce menacée. En 2005, le COSEPAC a évalué de nouveau l'espèce en se fondant sur un rapport de situation mis à jour. Le Comité a confirmé que l'espèce était en voie de disparition et l'a fait inscrire sur la liste de la LEP du Canada en 2007. À l'origine, l'espèce vivait dans trois des Grands Lacs laurentiens. Elle a été observée la dernière fois au lac Ontario en 1964, au lac Michigan en 1982 et au lac Huron en 1985. On croit que l'espèce est éteinte, même si le critère officiel pour cette désignation (une période d'au moins 50 ans depuis le dernier signalement crédible) ne s'applique pas encore.
Le cisco à museau court appartient à un groupe ayant une taxonomie complexe réunissant des espèces morphologiquement très similaires et endémiques dans les Grands Lacs laurentiens d'Amérique du Nord. Le cisco à museau court constituait un élément précieux des pêches commerciales aux cyprinidés. Celles-ci ont connu un grand essor vers la fin des années 1800, mais des signes de déclin sont apparus dès les années 1900. Les prises de cyprinidés étaient rarement classifiées selon leur espèce au débarquement et très peu de collectes ont été conduites dans le but d'évaluer la taille ou les tendances de la population. Les prises de cyprinidés étaient gérées comme étant un seul et unique stock. Cette pratique a conduit au retrait séquentiel des pêches aux plus grosses espèces, puis à une réduction de la taille des engins afin de cibler de plus petites espèces et donc maintenir la pêche dans son ensemble. La pêche commerciale aux cyprinidés, qui englobait à l'époque le cisco à museau court, a cessé dans les eaux canadiennes des lacs Huron et Ontario.
Nous en savons très peu sur la biologie du cisco à museau court. Il constituait la plus petite espèce des cyprinidés des Grands Lacs; sa taille variait en général entre 170 et 260 mm (longueur standard). Cette espèce de cisco était la seule connue de ces lacs dont le frai se produisait au printemps. Toutefois, selon certaines données, un frai pouvait également avoir lieu à la fin de l'automne. L'espèce occupait les habitats en eaux claires, froides et profondes des lacs Huron, Michigan et Ontario, à une profondeur variant entre 22 et 110 m. Son régime alimentaire se composait principalement de crustacés du genre Mysis diluviana et Diporeia. En raison de l'hypothèse de disparition et du manque de connaissances historiques quant aux exigences de survie, les habitats essentiels à l'espèce ne peuvent être déterminés.
La surexploitation, la perturbation de l'écosystème et l'hybridation introgressive ont contribué au déclin du cisco à museau court. Le rétablissement de l'espèce a été jugé « irréalisable » en raison du manque de potentiel de reproduction, du fait que les menaces principales ne peuvent être évitées ou atténuées, puis de l'absence de technique de rétablissement pouvant s'appliquer aux circonstances actuelles.
Des programmes d'études, de gestion et de recherche sont proposés en tant qu'approches de conservation générale pour l'espèce. Ces programmes sont conçus pour aider à déterminer et à signaler toute nouvelle condition de l'espèce, et ce, en visant la protection des espèces individuelles de cyprinidés par l'intermédiaire de décisions de gestion, puis en élaborant des outils et études nécessaires afin de favoriser une meilleure gestion et une protection de cette espèce de cisco des profondeurs, ainsi que des autres populations.
En vertu de la LEP (article 40), le ministre compétent doit déterminer si le rétablissement des espèces sauvages inscrites est réalisable, que ce soit de façon technique ou biologique. On considère que le rétablissement est réalisable de façon technique ou biologique si les quatre critères qui suivent sont satisfaits (gouvernement du Canada 2009) :
- 1. Les individus de l'espèce sauvage qui peuvent se reproduire sont présents maintenant, ou le seront dans un avenir rapproché, pour maintenir la population ou augmenter son abondance. Non
Pour le moment, aucune preuve n'indique qu'il existe un potentiel de reproduction pour le cisco à museau court. L'espèce était trouvée uniquement dans les Grands Lacs laurentiens (lacs Ontario, Michigan et Huron). Sa présence a été observée pour la dernière fois en 1964 dans le lac Ontario, en 1982 dans le lac Michigan et en 1985 dans le lac Huron, malgré les échantillonnages récents. Le COSEPAC (2005) a déclaré que le nombre d'emplacements subsistant dans les lacs Huron et Ontario est de zéro et qu'il n'existe aucun potentiel de rétablissement pour le lac Michigan. On présume que le nombre d'individus matures pouvant se reproduire au Canada est de zéro (COSEPAC 2005).
- 2. Les menaces importantes auxquelles fait face l'espèce ou son habitat (y compris les menaces à l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées. Non
Le COSEPAC (2005) a signalé une tendance à la stabilité quant à l'habitat de l'espèce dans les lacs Huron et Ontario. Bien que les habitats en eaux profondes n'imposent pas de limites physiques, les changements écologiques récents subis par les Grands Lacs, en particulier l'établissement des moules Dreissena et le déclin simultané de l'abondance et de la répartition du benthique amphipode du genre Diporeia, peuvent occasionner des répercussions considérables sur les ressources de pêches existantes, ainsi que sur tout effort de rétablissement potentiel des espèces comme le cisco à museau court. Le degré auquel ce changement d'habitat pourrait toucher le cisco à museau court est inconnu.
- 3. Une superficie suffisante d'habitat convenable est à la disposition de l'espèce, ou pourrait l'être, par des activités de gestion ou de restauration de l'habitat. Information inconnue
La surexploitation, la perturbation de l'écosystème et l'hybridation introgressive ont contribué au déclin, et peut-être à l'extinction, du cisco à museau court. Sur le plan historique, la surexploitation des pêches aux cyprinidés, dont le cisco à museau court, a engendré des répercussions importantes sur l'abondance de l'espèce. Ces pêches ont eu lieu dans les lacs Huron, Michigan et Ontario à différentes époques, remontant aussi loin qu'à la fin des années 1800. Puisqu'il y avait un déclin de l'abondance du cisco à museau court, les efforts de pêches ont été repensés pour viser les espèces cyprinidés coexistantes plus petites, ce qui a contribué à réduire encore davantage tout stock résiduel. Bien que les répercussions de la surpêche sur les activités actuelles puissent être atténuées par l'intermédiaire d'actions de gestion appropriées, les répercussions de la surpêche historique du cisco à museau court ne sont probablement pas réversibles et pourraient entraver de futures options de rétablissement. Bien que ce ne soit pas documenté en particulier pour le cisco à museau court, les changements de l'écosystème subis par les Grands Lacs, dont l'introduction d'espèces exotiques et l'hybridation avec les formes de ciscos coexistants, peuvent avoir contribué au déclin de la population. Ces changements de l'écosystème ne peuvent être évités, ni atténués pour le moment.
- 4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population ou de répartition, ou peuvent être élaborées en temps opportuns.Non
En raison du manque d'individus capables de se reproduire, il n'existe actuellement aucune technique de rétablissement pouvant s'appliquer au cisco à museau court. Puisque la situation ne satisfait à aucun des critères de l'analyse ci-dessus, plus particulièrement en raison du manque de potentiel de reproduction, on considère que le rétablissement du cisco à museau court est irréalisable.
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