Petit polatouche (Glaucomys volans) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Mise à jour
Rapport de situation du COSEPAC
sur le
Petit polatouche
Glaucomys volans

Population de l'Atlantique (Nouvelle-Écosse)
Population des plaines des Grands Lacs

au Canada
2006

Information sur l'espèce

Nom et classification

Règne :
Animal
Phylum :
Cordés
Classe :
Mammifères
Ordre :
Rongeurs
Famille :
Sciuridés
Genre :
Glaucomys
Espèce :
volans
Sous-espèce :
volans
Auteur :
Linné (1758)
Source : 
Dolan et Carter (1977)
Français :
Petit polatouche
Anglais :
Southern flying squirrel


Dolan et Carter (1977) ont identifié dix sous-espèces. La seule sous-espèce présente au Canada est le G. v. volans. Les autres sous-espèces occupent le sud des États-Unis, le Mexique et l’Amérique centrale.


Description morphologique

Le petit polatouche (Glaucomys volans) est un petit écureuil arboricole nocturne au pelage doux, gris-brun sur le dos et les côtés et blanc sur le ventre. Cet écureuil plane au moyen d’un patagium (membrane alaire) velu qui s’étend des poignets aux chevilles. La queue est aplatie dorso-ventralement et aide au guidage en vol et à l’atterrissage.

Il est difficile de distinguer le petit polatouche du grand polatouche (Glaucomys sabrinus) sans examiner de près des spécimens vivants ou disposer de bonnes photographies. Leurs principaux caractères distinctifs sont la taille (masse corporelle et longueur du pied arrière), la couleur du pelage ventral et la morphologie de la queue (tableau 1). La forme de la queue est le plus facile à distinguer lorsqu’un polatouche vient d’atterrir sur un arbre et que la queue, de couleur claire, contraste avec le tronc foncé de l’arbre. Petersen (2004) a créé un test moléculaire générant des profils spécifiques au moyen d’une digestion du gène du cytochrome b par des enzymes de restriction.

La précision des observations par des non-spécialistes dans des secteurs où la sympatrie est connue ou présumée devrait être considérée comme se limitant au genre. Malgré leur apparence physique très semblable dans l’ensemble, le petit polatouche et le grand polatouche sont des espèces distinctes (voir Arbogast, 1999), et aucun croisement entre ces deux espèces n’a été signalé (Dolan et Carter, 1977; Wells-Gosling et Heaney, 1984; Wells-Gosling, 1985).

Tableau 1 : Résumé des différences phénotypiques entre le grand polatouche et le petit polatouche
Caractéristique Petit polatouche Grand polatouche
Pelage du ventre Blanc Gris
Pelage dorsal et latéral Plus gris, moins dense que celui du grand polatouche Brun
Masse De 47 à 85 g (les femelles gravides peuvent atteindre près de 100 g [Adams, 1995]) De 70 à 140 g
Longueur totale De 200 à 260 mm De 245 à 370 mm
Longueur de la queue1 93,5 mm 120,7 mm
Forme de la queue S’effile de la base à l’extrémité Non effilée, côtés de la queue parallèles

1 Données pour les polatouches de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario seulement (Lavers, 2004)

 

 Tableau 2 : Différenciation génétique entre trois sous-populations de petits polatouches de l’Ontario
Sous-populations comparées FST
Parc national de la Pointe-Pelée et Minden 0,0539
Parc national de la Pointe-Pelée et Norfolk 0,0252
Norfolk et Minden 0,0113

Source : Bednarczuk (2003).


Description génétique

Arbogast (1999) a identifié trois grandes lignées d’ADNmt chez les espèces du genre Glaucomys : deux chez le G. sabrinus (« Est », englobant toutes les populations canadiennes, et « Ouest »), et une chez le G. volans. Le G. volans a divergé de la lignée Est du G. sabrinus, il y a environ 0,7 à 1,3 million d’années. Peu de variations de séquence ont été relevées d’un endroit à l’autre de l’aire de répartition nord-américaine du G. volans (Arbogast, 1999). L’évolution du petit polatouche a été façonnée par les successions glaciaires et la distribution des forêts de conifères et de feuillus (Arbogast, 1999).

Les populations de petits polatouches de l’Ontario montrent peu de signes de structuration génétique. Bednarczuk (2003) a étudié plusieurs caractéristiques au moyen de marqueurs d’ADN microsatellite pour trois localités ontariennes : parc national de la Pointe-Pelée (population réintroduite en 1993 à partir de la population du comté de Norfolk), comté de Norfolk et Minden. Bednarczuk (2003) n’a observé qu’une faible différenciation génétique entre ces trois sous-populations (tableau 2).

Un faible taux de différenciation (FST = 0,0314) a été relevé parmi 11 boisés de Haldimand-Norfolk, ce qui laisse croire que la sous-population est panmictique. Les taux moyens d’hétérozygotie attendue (HE) et observée (HO) fondés sur 4 loci microsatellites ont été estimés à 0,7934 et 0,7233 respectivement pour le parc national de la Pointe-Pelée, à 0,8356 et 0,7712 pour la population de Norfolk, et à 0,7655 et 0,7500 pour la population de Minden. De façon analogue, des hétérozygoties moyennes à élevées pour 7 loci microsatellites ont été signalées chez une population de petits polatouches de la Caroline du Sud (Fokidis et al., 2003). Bednarczuk (2003) a également rapporté un faible taux moyen de divergence séquentielle de 0,0045 entre des paires d’haplotypes uniques du cytochrome b de 5 sous-populations de l’Ontario (parc national de la Pointe-Pelée, Norfolk, Minden, Hamilton et Peterborough).

Petersen (2004) a étudié la variation géographique et la phylogéographie du G. volans en Nouvelle-Écosse au moyen du gène du cytochrome b dans l’ADNmt et d’une région témoin (RT). Les échantillons de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario et des États-Unis affichaient tous un faible taux de divergence de la séquence du cytochrome b de 0 à 2,1 p. 100 et étaient impossibles à distinguer l’un de l’autre, ce qui laisse croire à une rapide expansion post-glaciaire ayant donné lieu aux populations des plaines des Grands Lacs et de l’Atlantique.

Cependant, la région témoin présentait des taux de divergence plus élevés (Petersen, 2004). Le taux de divergence moyen des séquences par paire était de 0,1 ± 0,3 p. 100 parmi les échantillons de la Nouvelle-Écosse (n = 53), de 2,5 ± 0,5 p. 100 parmi les échantillons de l’Ontario (n = 13), de 2,1 ± 0,5 p. 100 entre les échantillons de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario et de 6,1 ± 1,4 p. 100 entre les échantillons de la Nouvelle-Écosse et des États-Unis (n = 1). Trente et un haplotypes de la RT ont été identifiés dans les échantillons canadiens de G. volans, dont 20 étaient uniques aux 53 individus de la Nouvelle-Écosse. Deux des haplotypes de la Nouvelle-Écosse étaient fréquents, soit présents dans 58,5 p. 100 des échantillons de la Nouvelle-Écosse, 4 autres haplotypes ont été relevés dans plus d’un individu et les 14 derniers haplotypes ne se trouvaient que chez 1 individu. Les populations de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse ne partagaient aucun haplotype. Cette absence d’haplotypes communs entre les G. volans de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que les deux haplotypes communs de la population de la Nouvelle-Écosse laissent croire à une perte importante de variabilité génétique dans la population de la Nouvelle-Écosse. Le G. volans a probablement été isolé en Nouvelle-Écosse il y a environ 8 000 ans en faible effectif, d’où une perte importante de variabilité génétique. La population a ensuite connu une expansion de son aire de répartition il y a environ 2 000 ans (Petersen, 2004). Ces résultats pourraient également indiquer que la population de G. volans de la Nouvelle-Écosse diverge des populations de l’Ontario. Cependant, de plus grands échantillons d’haplotypes d’Ontario sont nécessaires pour confirmer cette analyse.


Unités désignables

Les petits polatouches du Canada sont subdivisés en deux unités désignables – la population des plaines des Grands Lacs et la population de l’Atlantique – en raison du grand écart entre les aires de répartition et de l’occupation d’écozones différentes. La population des plaines des Grands Lacs occupe le sud de l’Ontario et le sud-ouest du Québec, principalement à l’intérieur de la province faunique de la forêt carolinienne et de celle des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Elle compte la majorité des petits polatouches du Canada.

La population de l’Atlantique est confinée au sud de la Nouvelle-Écosse, dans la province faunique des Appalaches et de la côte atlantique. Elle est isolée de toutes les autres populations de G. volans du Canada et des États-Unis. Les analyses génétiques de Petersen (2004) laissent penser que le petit polatouche fait partie d’un groupe d’espèces occupant le sud de la Nouvelle-Écosse qui sont isolées du cœur de leur aire de répartition (voir également Pielou, 1991; Davis et Browne, 1996). Ces espèces ont migré vers le nord à la suite du retrait des glaciers du Wisconsinien durant une période de réchauffement intermittent, puis ont été isolées conséquemment au refroidissement qui a suivi. Les populations de l’Atlantique et des plaines des Grands Lacs diffèrent sur le plan génétique (Petersen, 2004; voir Description génétique) et phénotypique (Lavers, 2004).

 

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