L’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC au Canada 2020
Titre officiel : Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur L’airelle à longues étamines Vaccinium stamineum au Canada 2020
Menacée
2020
Matériel appartenant à des tierces parties
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Information sur le document
Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :
COSEPAC. 2020. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, xii + 42 p. (Registre public des espèces en péril).
Rapport(s) précédent(s) :
COSEWIC 2000. COSEWIC assessment and update status report on the deerberry Vaccinium stamineum in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. vi + 10 pp.
White, D. J. et M. J. Oldham. 2000. Update COSEWIC status report on the deerberry Vaccinium stamineum in Canada, in COSEWIC assessment and update status report on the deerberry Vaccinium stamineum in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 1-10 pp.
Ford, B. A. 1994. COSEWIC status report on the deerberry Vaccinium stamineum in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 1-31 pp.
Note de production : Le COSEPAC remercie Holly Bickerton d’avoir rédigé le rapport de situation sur l’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Jana Vamosi, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC.
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :
Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3
Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
Site web : www.cosepac.ca
Also available in English under the title “COSEWIC assessment and status report on the Deerberry Vaccinium stamineum in Canada”.
Illustration/photo de la couverture : Airelle à longues étamines — Photo : H. Bickerton
COSEPAC sommaire de l’évaluation
Sommaire de l’évaluation – Novembre 2020
Nom commun : Airelle à longues étamines
Nom scientifique : Vaccinium stamineum
Statut : Menacée
Justification de la désignation : Cette espèce d’arbuste longévive ne se trouve au Canada que dans les régions du Niagara et des Mille-Îles, en Ontario, où elle se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition. Des initiatives de remise en état et de gestion ont permis l’établissement d’une nouvelle sous-population dans le parc national des Mille-Îles. Les autres sous-populations de l’espèce sont actuellement menacées par l’ombrage (causé par la suppression des incendies) et par le broutage des cerfs de Virginie. Une des sous-populations restantes, dont la taille est très petite, est probablement vouée à disparaître. Bien qu’elle satisfasse aux critères établis pour la catégorie « en voie de disparition », l’espèce a été désignée comme étant « menacée », car quatre des cinq sous-populations existantes sont protégées grâce à une intendance de conservation et à des mesures de gestion mises en place au cours des dernières années qui ont bénéficié à l’espèce. La persistance à long terme de l’espèce dépend d’efforts de conservation continus.
Répartition au Canada : Ontario
Historique du statut : Espèce désignée « menacée » en avril 1994. Réexamen et confirmation du statut en novembre 2000 et en novembre 2020.
COSEPAC résumé
Airelle à longues étamines
Vaccinium stamineum
Description et importance de l’espèce sauvage
L’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) est un arbuste vivace de la famille des Éricacées. En Ontario, elle produit des grappes de fleurs blanches en forme de cloche à la fin mai et en juin. Les feuilles et les fruits charnus de l’espèce constituent une source de nourriture pour la faune. La morphologie des tiges et des feuilles de l’airelle à longues étamines présente une variation considérable à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce, mais aucun taxon infraspécifique n’est reconnu.
Répartition
L’airelle à longues étamines atteint la limite nord de son aire de répartition au Canada, où elle se rencontre uniquement dans les régions au climat tempéré du Niagara et des Mille-Îles. Son aire de répartition s’étend depuis le Texas, la Louisiane et la Floride jusqu’à l’état de New York, au Vermont et en Ontario. Dans son aire de répartition principale en Amérique, l’airelle à longues étamines est une espèce commune dans le sous-étage des boisés secs.
Habitat
Dans l’ensemble de son aire de répartition, l’airelle à longues étamines se rencontre principalement dans les forêts clairsemées et les boisés secs à mésiques. Elle pousse souvent en association avec des chênes et des pins. En Ontario, l’airelle à longues étamines a été signalée dans des boisés secs et dans des zones riveraines, sur des substrats calcaires et granitiques. Dans certains sites existants, les boisés clairsemés qui composaient auparavant l’habitat ont été remplacés par des forêts denses au couvert forestier supérieur à 70 %, qui conviennent moins à l’espèce.
Biologie
L’airelle à longues étamines se reproduit par clonage et au moyen de graines. La durée de vie moyenne d’un individu génétique est difficile à estimer et est inconnue. Chez d’autres espèces clonales du genre Vaccinium, les individus peuvent vivre des centaines d’années. La durée d’une génération est estimée à 52 ans aux fins de l’évaluation du COSEPAC, d’après les lignes directrices de l’UICN. Les fleurs sont pollinisées par vibration par les abeilles et sont auto-incompatibles. Les fruits sont dispersés par les oiseaux et les mammifères. L’airelle à longues étamines, qui se rencontre souvent en association avec des espèces de début de succession, tolère les incendies et en bénéficie même. L’espèce formerait une association mutualiste avec les champignons mycorhiziens du sol.
Taille et tendances des populations
L’espèce compte cinq sous-populations existantes au Canada. Quatre de celles-ci sont naturelles, et l’autre est le résultat d’une introduction intra-limite qui persiste depuis neuf ans et a commencé à fleurir et à se multiplier par voie clonale. Six ou sept sous-populations sont disparues; elles étaient toutes situées dans la région de Niagara. Au total, il y avait 3 743 tiges dans les 5 sites existants en 2018. La sous-population de Niagara est celle dont la situation est la plus précaire, puisqu’elle compte seulement six tiges. Les tendances dans les autres sous-populations sont incertaines à cause du manque d’uniformité des méthodes de relevé, mais l’abondance globale est probablement stable ou en hausse. La qualité de l’habitat pourrait être en déclin dans deux sites, à cause de l’ombre. Le changement le plus notable survenu depuis l’évaluation précédente est l’addition d’une nouvelle sous-population au parc national des Mille-Îles (PNMI), grâce à des activités de rétablissement. L’espèce persiste dans quatre autres sites où elle a été introduite, mais elle n’y est pas encore autosuffisante. Dans l’ensemble, la population canadienne est probablement stable ou connaît une légère augmentation, principalement grâce aux mesures de remise en état et de gestion.
Menaces et facteurs limitatifs
La suppression des incendies naturels représente une menace pour l’airelle à longues étamines au Canada. Au moins deux sous-populations de l’espèce sont menacées par l’augmentation de l’ombrage associée à la suppression des incendies dans le passé. Le broutage par le cerf de Virginie et la concurrence exercée par les espèces non indigènes envahissantes pourraient également menacer l’airelle à longues étamines. Les associations qu’entretient l’espèce avec les champignons mycorhiziens du sol et les pollinisateurs capables de pollinisation par vibration sont considérées comme des facteurs limitatifs.
Protection, statuts et classements
NatureServe a attribué à l’airelle à longues étamines une cote de conservation de G5 (non en péril) à l’échelle mondiale. L’espèce est classée N5 (non en péril) aux États-Unis, N1 (gravement en péril) au Canada, et S1 en Ontario. Dans les 20 États américains où elle est présente, l’airelle à longues étamines bénéficie d’une protection juridique en Illinois et au Vermont. Elle est désignée espèce menacée par la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Trois des sous-populations canadiennes sont gérées par Parcs Canada, une est gérée par la Commission des parcs du Niagara, et la cinquième se trouve sur un terrain privé.
Résumé technique
Vaccinium stamineum
Airelle à longues étamines
Deerberry
Répartition au Canada : Ontario
Sujet | Information | |
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Durée d’une génération (généralement, âge des parents dans la population; voir les lignes directrices de l’UICN [2017], p. 27, méthode 3) | ~50 ans
D’après les méthodes de l’UICN (voir la section Biologie – Cycle vital et reproduction). |
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Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? | Oui
Six ou sept sous-populations de taille inconnue sont disparues, et une sous-population a été introduite. La petite sous-population de Niagara est probablement en déclin, mais les sous-populations du PNMI semblent actuellement stables, malgré les menaces persistantes. |
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Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations]. | Inconnu
Cinq sous-populations sont disparues, mais le pourcentage estimé de déclin continu est inconnu. |
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Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]. | Oui, inféré
Six ou sept sous-populations sont disparues au cours des trois dernières générations (~150 ans). Une réduction d’ampleur inconnue peut être inférée. |
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Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. | Inconnu | |
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. | Inconnu | |
Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé? | a. Oui, partiellement
b. Oui, partiellement c. Non |
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Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? | Non |
Sujet | Information |
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Superficie estimée de la zone d’occurrence | 231 km2 |
Indice de zone d’occupation (IZO) | 24 km2 |
La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce? | a. Non (mais voir la section Structure spatiale et variabilité de la population) b. Non |
Nombre de localités* (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant) | 5 |
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? | Oui La zone d’occurrence de toutes les sous-populations naturelles connues, n’incluant pas les sites existants où l’espèce a été introduite = 1 337 km2 (déclin de 83 %). Ces déclins sont en grande partie historiques, et ils tiennent compte de l’établissement d’une nouvelle sous-population grâce aux activités de rétablissement. Un certain déclin continu est prévu à cause de l’ombrage associé à la suppression des incendies. |
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? | Oui La zone d’occupation de toutes les sous-populations naturelles connues, n’incluant pas les sites existants où l’espèce a été introduite = 156 km2 (déclin de 85 %). Ces déclins sont en grande partie historiques, et ils tiennent compte de l’établissement d’une nouvelle sous-population grâce aux activités de rétablissement. Un certain déclin continu est prévu à cause de l’ombrage associé à la suppression des incendies. |
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? | Oui, observé et prévu |
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*? | Oui, observé et prévu |
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat | Oui, observé et prévu
Les observations donnent à penser que la qualité de l’habitat est en déclin à cause de l’augmentation de l’ombrage associée à la suppression des incendies et de la surabondance d’espèces indigènes et exotiques. |
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? | Non |
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*? | Non |
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? | Non |
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? | Non |
* Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN (mars 2017; en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme
Sous-populations (utilisez une fourchette plausible) | Nombre d’individus matures* |
---|---|
Gorge Whirlpool | 6 tiges |
Île Grenadier (Ouest), PNMI | 1335 tiges |
Île Endymion, PNMI | 1051 tiges |
Île Deathdealer | 736 tiges |
Île Georgina Ouest, PNMI (issue de culture) | 651 tiges |
Total | 3743 tiges |
* Le nombre d’individus matures est évalué d’après le nombre de tiges, car la tige représente la plus petite unité reproductrice au sein d’un clone (UICN, 2017).
Analyse quantitative
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans] : Inconnu, aucune analyse de la viabilité de la population n’a été réalisée.
Menaces (impact élevé-faible; directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)
- Incendies et suppression des incendies (7.1) – élevé-faible
- Espèces indigènes problématiques (8.2) – cerf de Virginie – moyen-faible
- Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes (8.1) – faible
Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui.
Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents?
La dépendance à la pollinisation par vibration pourrait être ou devenir limitative compte tenu du déclin généralisé des pollinisateurs dans le sud-est du Canada.
L’airelle à longues étamines a probablement besoin de champignons mycorhiziens auxquels elle s’associe; on ignore si ce facteur limite l’habitat convenable.
Sujet | Information |
---|---|
Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada | État de New York, S5 |
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? | Possible |
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? | Oui |
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? | Probablement |
Les conditions se détériorent-elles au Canada+? | Oui
La qualité de l’habitat se détériore de façon générale, la suppression des incendies faisant en sorte que les superficies de milieux non propices augmentent dans le sud de l’Ontario. L’abondance élevée des cerfs et des arbustes envahissants représente un facteur important de dégradation des conditions pour l’établissement et la persistance de l’espèce dans les milieux actuellement non occupés. |
Les conditions de la population source se détériorent-elles+? | Inconnu
Dans l’ensemble, les menaces pesant sur l’état de l’habitat sont probablement semblables, mais aucun déclin n’a été signalé. L’espèce demeure répandue. |
La population canadienne est-elle considérée comme un puits+? | Non |
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? | Non
L’immigration est considérée comme peu probable compte tenu de la faible fréquence de l’airelle à longues étamines dans les zones bordant la région et de la diminution du caractère convenable de l’habitat attribuable aux espèces envahissantes et à la suppression des incendies. |
+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)
Nature délicate de l’information sur l’espèce
L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? : Non
Historique du statut
Historique du statut du COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 1994. Réexamen et confirmation du statut en novembre 2000 et en novembre 2020.
Statut et justification de la désignation
Statut : Menacée
Code alphanumérique : Correspond aux critères de la catégorie « espèce en voie de disparition » B1ab(i,ii,iii,iv,v)+2ab(i,ii,iii,iv,v), mais désignée « espèce menacée », B1ab(i,ii,iii,iv,v)+2ab(i,ii,iii,iv,v), car l’espèce n’est pas à risque de disparition imminente.
Justification de la désignation : Cette espèce d’arbuste longévive ne se trouve au Canada que dans les régions du Niagara et des Mille-Îles, en Ontario, où elle se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition. Des initiatives de remise en état et de gestion ont permis l’établissement d’une nouvelle sous-population dans le parc national des Mille-Îles. Les autres sous-populations de l’espèce sont actuellement menacées par l’ombrage (causé par la suppression des incendies) et par le broutage des cerfs de Virginie. Une des sous-populations restantes, dont la taille est très petite, est probablement vouée à disparaître. Bien qu’elle satisfasse aux critères établis pour la catégorie « en voie de disparition », l’espèce a été désignée comme étant « menacée », car quatre des cinq sous-populations existantes sont protégées grâce à une intendance de conservation et à des mesures de gestion mises en place au cours des dernières années qui ont bénéficié à l’espèce. La persistance à long terme de l’espèce dépend d’efforts de conservation continus.
Applicabilité des critères
Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Sans objet. On peut inférer une certaine perte d’individus d’après la perte de sous-populations, mais les données disponibles sont insuffisantes pour que l’ampleur de ce déclin puisse être estimée.
Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation) : Correspond aux critères de la catégorie « espèce en voie de disparition » B1ab(i,ii,iii,iv,v)+2ab(i,ii,iii,iv,v), la zone d’occurrence et l’IZO sont faibles, il y a seulement cinq localités, et des déclins continus de la zone d’occurrence, de l’IZO, du nombre de localités, de la qualité de l’habitat et du nombre d’individus matures ont été observés et sont prévus.
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) : Sans objet. L’espèce compte moins de 10 000 individus matures, et des déclins sont projetés. Cependant, on ignore dans quelle mesure les réintroductions pourraient compenser les déclins projetés.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) : Sans objet. Le nombre total d’individus et l’IZO sont supérieurs aux seuils. Bien qu’il subsiste seulement cinq localités, l’espèce n’est pas considérée comme en danger de disparition à très court terme.
Critère E (analyse quantitative) : Aucune analyse réalisée.
Préface
L’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) a d’abord été désignée « espèce menacée » en 1994 en raison de la disparition de plusieurs sous-populations historiques et du faible nombre d’individus dans certaines sous-populations, combinés au faible taux de recrutement (Ford, 1994). Depuis la précédente évaluation de l’airelle à longues étamines par le COSEPAC, en 2000, aucune nouvelle sous-population indigène n’a été découverte. Toutefois, une nouvelle sous-population autosuffisante intra-limite a été créée au parc national des Mille-Îles (PNMI) dans le cadre de mesures de remise en état. Ainsi, le nombre de sous-populations existantes au Canada est de cinq. Les autres activités visant à créer des sous-populations ou à accroître les sous-populations n’ont pas été couronnées de succès. Au total, six ou sept sous-populations seraient disparues.
Historique du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.
Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.
Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.
Définitions (2020)
- Espèce sauvage
- Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
- Disparue (D)
- Espèce sauvage qui n’existe plus.
- Disparue du pays (DP)
- Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
- En voie de disparition (VD)*
- Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
- Menacée (M)
- Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
- Préoccupante (P)**
- Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
- Non en péril (NEP)***
- Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
- Données insuffisantes (DI)****
- Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.
* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.
Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
Description et importance de l’espèce sauvage
Nom et classification
Nom scientifique : Vaccinium stamineum L.
Nom français : airelle à longues étamines
Nom anglais : Deerberry
Famille : Éricacées
Grand groupe végétal : Angiospermes (Eudicotylédones)
À l’échelle de son aire de répartition, l’airelle à longues étamines affiche une variabilité de nombreux caractères, et le nombre de taxons reconnus a fait l’objet de nombreux débats (Ford, 1995). Selon la monographie du genre Vaccinium en Amérique du Nord (1988) de Vander Kloet et les traitements subséquents dans Flora of North America (2009), une espèce est reconnue, et il n’y a aucun taxon infraspécifique. Dans la Flora of the Southeast, Weakley (2015) reconnaît six variétés à l’espèce, mais toutes les mentions canadiennes sont associées à la var. stamineum.
Description morphologique
L’airelle à longues étamines est un arbuste bas de la famille des Éricacées. L’arbuste est dressé et étalé et peut atteindre un mètre de hauteur. L’espèce forme souvent des colonies petites ou grandes (Vander Kloet, 2009). L’espèce produit des fleurs blanches à blanc verdâtre en forme de cloche qui s’épanouissent à la fin mai et au début juin en Ontario. Les fleurs pendent d’un long pédicelle et sont réunies en grappes (figure de la couverture). Les fruits matures sont bleus et contiennent plusieurs graines (Ford, 1994). L’airelle à longues étamines est facilement remarquable lorsqu’elle porte des fleurs ou des fruits, mais à l’état végétatif elle peut passer inaperçue ou être confondue avec d’autres arbustes de la famille des Éricacées, particulièrement l’airelle pâle (Vaccinium pallidum), qui peut pousser aux côtés de l’airelle à longues étamines en Ontario.
Structure spatiale et variabilité de la population
Dans l’est de l’Amérique du Nord, les sous-populations d’airelle à longues étamines présentent une variation génétique considérable. Une étude portant sur 445 individus provenant de 21 sous-populations allant de la Georgie à l’Ontario (tous issus de colonies distinctes) a révélé l’existence de degrés élevés de polymorphisme au niveau de 36 locus ISSR, la proportion de locus polymorphes allant de 0,39 à 0,69 (moyenne ± ET = 0,58 ± 0,01) (Yakimowski et Eckert, 2008). L’hétérozygotie attendue dans les 21 sous-populations était estimée à 0,15 à 0,22 (moyenne ± ET = 0,18 ± 0,01). La sous-structure génétique entre les sous-populations était considérable et représentait jusqu’à 11 % de la variation génétique totale. Fait quelque peu étonnant, la diversité génétique au sein des sous-populations ne diminuait pas de façon considérable vers la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce, et la différenciation génétique entre les sous-populations augmentait grandement à la limite nord, ce qui donne à penser que la nature fortement clonale de l’espèce à la limite nord de son aire de répartition, au Canada, ne fait pas en sorte que la population canadienne présente une diversité génétique très faible.
Unités désignables
La population canadienne d’airelle à longues étamines forme une seule unité désignable, située dans l’aire écologique des plaines des Grands Lacs (COSEWIC, 2018).
L’airelle à longues étamines se rencontre dans deux régions qui peuvent sembler isolées, mais ces régions sont toutes deux contiguës avec l’aire de répartition dans l’État de New York et sont considérées comme représentant la limite de l’aire de répartition plutôt que comme des UD distinctes. Aucune observation génétique ou morphologique et aucun signe de différenciation par l’habitat ne viennent appuyer la séparation des sous-populations de ce taxon en UD distinctes (Yakimowski et Eckert, 2008). Des mentions de l’espèce sont répertoriées dans les comtés de l’État de New York bordant les sous-populations canadiennes (BONAP, 2014; NY Flora Atlas, 2019).
Importance de l’espèce
Les fruits de l’airelle à longues étamines sont une source de nourriture pour la faune et étaient utilisés pour la fabrication de confitures dans le sud des Appalaches. L’espèce a un potentiel horticole, mais elle est peu fréquemment cultivée aux États-Unis.
Répartition
Aire de répartition mondiale
L’airelle à longues étamines a été signalée dans l’est des États-Unis et dans le sud du Canada (figure 1). L’aire de répartition de l’espèce s’étend depuis le Texas, la Louisiane et la Floride jusqu’aux États de New York et du Vermont et à l’Ontario.
Description longue
Carte montrant l’aire de répartition de l’airelle à longues étamines dans l’est des États‑Unis et dans le sud du Canada. Les comtés des États-Unis où l’espèce n’est pas considérée comme rare pour l’État et les comtés où elle est considérée comme rare sont indiqués.
Aire de répartition canadienne
Les sous-populations canadiennes se trouvent à la limite nord de l’aire de répartition mondiale de l’espèce. Avant 1994, 10 ou 11 sous-populations étaient présentes au Canada. Actuellement, l’airelle à longues étamines se rencontre au Canada à proximité de la rivière Niagara (une sous-population existante) et dans la région des Mille-Îles du fleuve Saint-Laurent (quatre sous-populations existantes, dont une représentant une introduction de l’espèce dans sa zone d’occupation; figure 2, tableaux 1 et 2, annexe 1).
La seule sous-population existante à Niagara se trouve dans la ville de Niagara Falls, près du belvédère de la Gorge Whirlpool, et elle est gérée par la Commission des parcs du Niagara (CPN). Trois sous-populations existantes sont situées dans des îles gérées par le parc national des Mille-Îles (PNMI; anciennement appelé parc national des Îles-du-Saint-Laurent). Une de ces sous-populations est le résultat d’une introduction. La cinquième sous-population existante se situe sur une île privée des Mille-Îles. Les sous-populations sont considérées comme distinctes lorsqu’elles sont séparées par au moins 1 km de milieux non propices à l’espèce (NatureServe, 2014).
Six ou sept sous-populations sont considérées comme disparues; elles étaient toutes situées dans la région de Niagara (voir l’explication qui suit). Les lignes directrices relatives à la détermination des sites disparus suivent les critères de NatureServe (Hammerson et al., 2008). La sous-population du chemin Mewburn a été signalée pour la première fois en 1985 (Meyers, 1985). La seule touffe (1 m2; Ford, 1994) repérée en bordure du sentier Bruce, près du chemin Mewburn, n’a pas été observée depuis 1992, malgré les activités de recherche menées par Melinda Thompson en 2001 (Thompson, comm. pers., 2019) et les relevés totalisant six heures-personnes réalisés pour la préparation du présent rapport (voir la section Activités d’échantillonnage). L’utilisation de vélos de montagne a causé un élargissement considérable du sentier et de la compaction du sol dans cette zone, et le sol est maintenant compacté et dénudé sur de grandes superficies. Cette touffe isolée était considérée comme menacée par la construction du sentier il y a plus de trente ans (Meyers, 1985) et n’a pas été observée depuis malgré des activités de recherche; elle est donc présumée disparue.
L’espèce est également considérée comme disparue du site de la pointe de Brown (COSEWIC, 2000; NHIC, 2018). Le site a été considéré comme existant par Meyer (1985), mais l’airelle à longues étamines n’y a pas été retrouvée malgré des activités de recherche ciblée menées par Bruce Ford (1994) et un relevé exhaustif de la zone réalisé par Mike Oldham (1995). La rédactrice du présent rapport a visité le site en 2018 et a constaté que l’habitat était très ombragé.
La disparition de l’espèce du site de la gorge St. David a été consignée par Meyers (1985). Meyers a également estimé qu’elle était disparue du site de Queenston (au sud de la centrale électrique) en raison de la conversion de l’habitat. Steve Varga a mené des relevés exhaustifs dans cette zone en 1989, mais il n’y a pas observé l’espèce.
Les renseignements concernant l’emplacement sont vagues dans le cas des trois autres mentions (hauteurs Queenston, Niagara-on-the-Lake, Niagara Falls), qui n’ont pas été signalées depuis au moins une cinquantaine d’années. Les deux dernières mentions sont attestées uniquement par un spécimen. Il est possible que la mention de Niagara Falls corresponde au site de la gorge Whirlpool, ou qu’elle représente une occurrence additionnelle qui n’existe plus, mais les renseignements sur l’emplacement sont insuffisants pour que des conclusions valables puissent être tirées. Les renseignements relatifs à la mention de Niagara Falls sont imprécis; celle-ci n’a donc pas été indiquée sur la carte de la figure 2 et n’a pas été incluse dans les calculs de l’IZO et de la zone d’occupation. Puisqu’on en sait très peu au sujet de cette mention, le nombre de sous-populations disparues est de six ou sept.
Aucune preuve (spécimen validé) n’a pu être trouvée pour une mention de l’espèce dans le comté de Middlesex cartographiée dans Soper et Heimberger (1982, voir la section Collections examinées). On présume que cette mention est fondée sur une erreur d’identification (Oldham, comm. pers., 2018; Van Hemessen, comm. pers., 2018; Waldron, comm. pers., 2018).
Description longue
Carte de la répartition des sous-populations d’airelle à longues étamines (existantes et disparues) au Canada.
Sous-population | Comté | Première obs. | Dernière obs. | Situation actuelle |
---|---|---|---|---|
Gorge Whirlpool, Niagara Falls | Région du Niagara | 1884 | 2018 | Existante |
Île Grenadier (Ouest) | Leeds et Grenville | 1886 | 2018 | Existante |
Île Endymion | Leeds et Grenville | 1992 | 2018 | Existante |
Île Deathdealer | Leeds et Grenville | 1992 | 2018 | Existante |
Sentier Bruce près du chemin Mewburn | Région du Niagara | 1985 | 1992 | Disparue |
Pointe de Brown | Région du Niagara | 1985 | 1985 | Disparue |
Gorge St. David | Région du Niagara | 1886 | 1964 | Disparue |
Queenston, au sud de la centrale électrique | Région du Niagara | 1901 | Années 1960 | Disparue |
Hauteurs Queenston | Région du Niagara | 1893 | 1953 | Disparue |
Niagara-on-the-Lake | Région du Niagara | 1891 | 1898 | Disparue |
Niagara Falls | Région du Niagara | 1896 | 1896 | Disparue, ne représente peut-être pas une sous-population additionnelle |
Sous-populations plantées
Au cours des vingt dernières années, le personnel du PNMI a planté l’airelle à longues étamines dans plusieurs sites. Tous les individus connus de l’airelle à longues étamines plantés au Canada sont issus de jeunes plantules obtenues à partir de semences prélevées in situ chez des individus sauvages de l’île Grenadier Ouest par le personnel du PNMI et de l’Université Queen’s (National Deerberry Recovery Team, 2010; Van Wieren, comm. pers., 2018; Lewis, comm. pers., 2019). Des individus de l’espèce persistaient dans cinq de ces sites en 2018 (tableau 2; pour plus de renseignements, voir National Deerberry Recovery Team, 2010).
Un nombre inconnu de semis ont été plantés pour accroître la sous-population de l’île Grenadier Ouest en 1994. La même année, des semis ont été introduits dans un nouveau site dans l’île Lyndoch, où l’habitat était estimé convenable. En 2001 et en 2005, plusieurs centaines d’individus de l’airelle à longues étamines ont été introduits dans un site à Mallorytown Landing; environ en même temps, des individus ont été introduits dans l’île Hill (également située dans le PNMI). En 2010, à la suite d’études génétiques menées par Chris Eckert et Sarah Yakimowski de l’Université Queen’s, 18 semis provenant du PNMI (issus de semences provenant de l’île Grenadier Ouest) ont été plantés à la gorge Whirlpool. Ces semis ont été plantés à environ 100 m de la sous-population naturelle, à l’écart de la bordure de l’escarpement, et étaient destinés à accroître le nombre d’individus dans la petite sous-population. Plus récemment, entre 2009 et 2015, des airelles à longues étamines issues de semences prélevées dans la nature à l’île Grenadier Ouest ont été introduites dans les îles Georgina, Thwartway et Camelot (tableau 2), où aucun individu naturel de l’espèce n’avait été signalé. Aucun de ces individus plantés n’a produit de fleurs ou de fruits et ne semble se reproduire par clonage; ces introductions ne peuvent donc pas être considérées comme autosuffisantes.
La sous-population de l’île Georgina Ouest représente une exception. Les semis de l’airelle à longues étamines y ont été plantés en plein soleil, dans un sol minéral à la suite d’un brûlage dirigé en 2009 (Lewis, comm. pers., 2018). Les plantes y ont fleuri après trois à cinq ans (Van Wieren, comm. pers., 2018). En 2018, les individus avaient produit de denses colonies clonales et fleurissaient abondamment (figure 3).
L’introduction de l’airelle à longues étamines dans l’île Georgina peut être considérée comme une réussite, et, selon les lignes directrices du COSEPAC et de l’UICN, le site de l’île Georgina Ouest se qualifie pour l’inclusion à la présente évaluation (COSEWIC, 2010; IUCN, 2017). La sous-population représente une introduction intra-limite (c’est-à-dire qui se situe à l’intérieur de l’aire de répartition connue de l’airelle à longues étamines) persistant depuis plus de cinq ans après sa plantation. Elle se reproduit par voie sexuée et asexuée et est capable de produire une progéniture viable (par clonage ou au moyen de graines). Cette sous-population répond donc aux lignes directrices du COSEPAC concernant les populations manipulées, puisqu’elle a un impact positif net sur l’espèce en permettant une augmentation du taux de croissance de la population (COSEWIC, 2010). Ainsi, cette sous-population a été incluse dans tous les calculs de la zone d’occupation, de l’IZO et du nombre d’individus matures pour l’airelle à longues étamines, et elle porte à cinq le nombre de sous-populations existantes.
Site | Gestionnaire | Année(s) de plantation | Situation actuelle |
---|---|---|---|
Gorge Whirlpool, Niagara Falls | CPN | 2010 | Existante, non reproductive* en 2015 et en 2018 |
Île Lyndoch | PNMI | 1994 | Existante, non reproductive en 2018 |
Île Hill | PNMI | 2000-2002 | Morte depuis 2006 à cause d’un important broutage par les cerfs. |
Mallorytown Landing | PNMI | 2001, 2005 | Existante, non reproductive en 2018 |
Île Thwartway | PNMI | 2012 | Existante, non reproductive en 2018 |
Île Georgina Ouest – avec brûlage | PNMI | 2009 | Existante, reproductive en 2018 |
Île Georgina Est – sans brûlage | PNMI | 2012 | Existante, non reproductive en 2018 |
Île Camelot | PNMI | 2015 | Morte |
* Non reproductive signifie qu’aucun signe de floraison et de multiplication végétative n’a été observé.
Zone d’occurrence et zone d’occupation
La zone d’occurrence (zone d’occupation) pour les 11 sous-populations d’airelle à longues étamines indigènes du Canada, existantes et disparues (tableau 1), s’élève à 1 337 km2, d’après les calculs fondés sur la méthode du plus petit polygone convexe. Cette information vise à offrir un portrait des sous-populations naturelles; elle n’inclut donc pas la sous-population issue de l’introduction intra-limite sur l’île Georgina ni la mention vague de 1892 à Niagara Falls. La zone d’occurrence (zone d’occupation) actuelle pour les cinq sous-populations existantes (quatre sous-populations indigènes et nouvelle sous-population de l’île Georgina) est de 231 km2. Les changements des deux zones d’occupation calculées (initiale et actuelle) représentent un déclin de 83 % de la zone d’occupation au Canada sur trois générations. Ce déclin est en grande partie attribuable à la disparition de toutes les sous-populations de la région de Niagara, sauf une. Malgré l’établissement d’une nouvelle sous-population et son inclusion dans l’aire de répartition connue, les déclins de la zone d’occupation demeurent importants.
L’indice de zone d’occupation (IZO) initial pour l’ensemble des sous-populations indigènes connues est de 156 km2, selon un calcul effectué au moyen d’une grille à carrés de 2 km de côté. L’IZO actuel des cinq sous-populations existantes (quatre sous-populations indigènes et sous-population établie à l’île Georgina) se chiffre à 24 km2 (annexe 2), ce qui représente un déclin de 85 % de l’IZO au Canada sur trois générations.
Activités de recherche
En 2018, des relevés ciblés ont été réalisés dans les quatre sous-populations existantes, dans tous les sites où l’espèce a été introduite ainsi que dans deux zones qui représenteraient l’habitat de sous-populations disparues (chemin Mewburn et pointe de Brown). De plus amples renseignements sur les relevés de 2018 sont présentés dans la section Activités d’échantillonnage, ci-dessous. De plus, des recensements ciblés ont été menés dans la population canadienne d’airelle à longues étamines en vue de la préparation de rapports de situation du COSEPAC par Bruce Ford en 1992 (Ford, 1994) et par Mike Oldham en 2000 (COSEWIC, 2000).
Depuis les années 1990, le personnel du PNMI a effectué un suivi annuel de peuplements sélectionnés d’airelle à longues étamines et a consigné leur statut reproducteur et leur état de santé. En 2010 et en 2011, Brent Lewis et le personnel du PNMI ont visité des milieux propices additionnels dans l’île Grenadier Ouest et dans d’autres îles du parc, mais aucune nouvelle sous-population n’a été trouvée (Lewis, comm. pers., 2019). En 2015, Holly Bickerton et James Pagé ainsi que des membres de la Fédération canadienne de la faune ont effectué le suivi d’individus à la gorge Whirlpool de Niagara et dans l’île Grenadier (Bickerton et Pagé, 2016).
Des relevés botaniques généraux ont été menés dans l’aire de répartition de l’airelle à longues étamines sur plusieurs décennies. L’espèce a été récoltée pour la première fois dans la région de Niagara en 1798 (Ford, 1995), et des botanistes locaux ont commencé à chercher l’airelle à longues étamines (Meyers, 1985). Il y a une longue histoire d’exploration botanique dans la région de Niagara (voir Oldham, 2010). Des botanistes ont récemment effectué des relevés dans les sites subsistant dans cette région, notamment George Meyers (Meyers, 1985), Steve Varga (Varga et Kor, 1993), Mike Oldham et le personnel du Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) (Oldham, 2010), Albert Garofalo, et Paul O’Hara (comm. pers., 2018).
Dans la région des Mille-Îles, l’airelle à longues étamines a été signalée pour la première fois en 1876, dans l’île Wellesley (États-Unis), par Macoun (Brownell, 1984; Ford, 1995). Dans le parc national des Mille-Îles, des relevés botaniques généraux ont été réalisés sur plusieurs décennies, par des botanistes d’Agriculture Canada, du Musée canadien de la nature, de l’Université Queen’s et du personnel du parc (Sutherland, comm. pers., 2018). Toutefois, les relevés ont été très limités dans les nombreuses îles privées de cette région. Il pourrait y avoir des sous-populations d’airelle à longues étamines additionnelles dans la région, qui n’ont pas été détectées et signalées.
Habitat
Besoins en matière d’habitat
À l’échelle de son aire de répartition, l’airelle à longues étamines est plus fréquemment observée dans les forêts et les boisés secs à mésiques, souvent en association avec des chênes et des pins (Hill, 2002; NatureServe, 2018). En Nouvelle-Angleterre, elle pousserait occasionnellement dans les tourbières humides de terrain élevé (Wherry, 1920).
En Ontario, l’airelle à longues étamines se rencontre dans les boisés secs et dans les zones riveraines (Soper et Heimburger, 1982; Ford, 1994; COSEWIC, 2000). Elle pousse dans des substrats de gneiss granitique dans les Mille-Îles et dans des sols calcaires dans l’Escarpement du Niagara. Ces sols sont généralement sableux et présentant une faible teneur en matière organique. Dans les Mille-Îles, le sol est acide et présente un pH de 3,4 à 5,9. L’épaisseur du sol allait de 0 à 61 cm (Ford, 1994).
Le site de la gorge Whirlpool à Niagara Falls se situe dans une forêt décidue à chênes et feuillus sur sol sec à frais (code de la CET, FOD 1-4; Lynch, données inédites). Le site présente maintenant un couvert forestier supérieur à 70 %, et l’étage intermédiaire y est composé d’érables à sucre (Acer saccharum) et est plus ombragé que ce qui a été décrit dans les rapports précédents. Ce site est considéré par certains comme le vestige d’une savane à chêne des teinturiers (National Deerberry Recovery Team, 2010; Lindblad, comm. pers., 2018).
Dans le site de l’île Grenadier, les individus de l’espèce poussent dans un boisé mixte clairsemé à sol rocheux présentant un couvert de 40 à 70 % et dans les trouées connexes du couvert forestier. Le sol y est mince, et le site est classé comme une lande rocheuse boisée acide à pin rigide (RBT 3-1; National Deerberry Recovery Team, 2010; figure 5). Dans l’île Endymion, tous les individus poussent dans une forêt de feuillus à sol rocheux (couvert > 70 %) dominée par le chêne rouge (Quercus rubra) et le caryer ovale (Carya ovata). Dans l’île Deathdealer, l’airelle à longues étamines se rencontre dans une zone riveraine granitique dégagée présentant une couverture au sol minime, et les individus poussent en plein soleil et sont exposés au sud. Les individus de la sous-population nouvellement établie à l’île Georgina poussent en plein soleil dans une zone riveraine à sol rocheux orientée vers le sud, aux côtés d’espèces comme le pin rigide (Pinus rigida) et l’airelle pâle (Vaccinium pallidum).
Toutes les sous-populations canadiennes existantes se trouvent à proximité de la rivière Niagara ou du fleuve Saint-Laurent, qui tempèrent le climat.
L’airelle à longues étamines est souvent associée aux sites brûlés et à des espèces tolérantes au feu. Par exemple, l’espèce est commune dans les régions sableuses et rocheuses du New Jersey et de la Pennsylvanie, où les incendies sont fréquents (Crowder, 1982).
Tendances en matière d’habitat
Le déclin le plus marqué de la disponibilité de l’habitat s’est produit dans la région de Niagara, qui a connu un développement intensif associé à l’agriculture et à la croissance urbaine. Au moins six, et peut-être sept sous-populations (voir le tableau 1) sont maintenant disparues dans la région de Niagara.
La qualité et le caractère convenable de l’habitat de l’airelle à longues étamines affichent également un déclin général dans l’aire de répartition canadienne de l’espèce, à cause de la suppression des feux de friche. Plus particulièrement, la succession forestière a mené à la création d’ombre dans l’habitat des individus de la gorge Whirlpool et de l’île Endymion. Selon des descriptions du site et des relevés antérieurs, le site de la gorge Whirlpool était occupé par un boisé clairsemé (Lindblad, comm. pers., 2018). L’airelle à longues étamines persiste encore dans ces sites, mais la floraison y est très faible ou nulle, et de nombreuses tiges y sont vraisemblablement sénescentes. La suppression des feux de forêt est une pratique répandue dans le sud de l’Ontario depuis plus de cent ans, même dans les écosystèmes propices au feu ou tributaires du feu, ce qui a presque assurément entraîné un déclin des milieux convenant à l’airelle à longues étamines.
La qualité de l’habitat dans les régions des Mille-Îles et du Niagara est également en déclin, à cause d’espèces non indigènes envahissantes. À la gorge Whirlpool et dans l’île Endymion, les végétaux ligneux envahissants (nerprun cathartique [Rhamnus cathartica]) menacent l’espèce. Pour l’instant, les gestionnaires des terres parviennent à contenir les espèces non indigènes, et la qualité de l’habitat a été rétablie (voir les sections Menaces et Facteurs limitatifs). Cependant, ces espèces envahissantes ou d’autres espèces pourraient envahir de nouveau le site, compte tenu de l’abondance des propagules dans le sud de l’Ontario et de leur dispersion fréquente par les animaux sauvages.
Biologie
Cycle vital et reproduction
L’airelle à longues étamines est un arbuste vivace qui se reproduit par voie asexuée et sexuée. L’airelle à longues étamines se reproduit principalement par clonage, au moyen de ses rhizomes, qui portent des bourgeons adventifs produisant de multiples tiges (ramets) aériennes. Ainsi, un individu génétique (genet) pourrait théoriquement se reproduire à l’infini (de Witte et Stöcklin, 2010). L’airelle à longues étamines est probablement longévive : chez d’autres espèces du genre Vaccinium, les individus pourraient vivre des milliers d’années (de Witte et Stöcklin, 2010).
Chez l’airelle à longues étamines, la reproduction sexuée est peu fréquente. Yakimowski et Eckert (2007) ont constaté une faible production de fleurs et de graines à l’échelle de l’aire de répartition, 46 % des populations ne produisant aucune graine. De plus, le taux de grenaison a considérablement varié au cours des deux années de l’étude (Yakimowski et Eckert, 2008). Le taux de grenaison pourrait être limité par le fait que l’airelle à longues étamines, comme d’autres espèces du genre Vaccinium, est probablement auto-incompatible (Vander Kloet, 1988; Fröborg, 1996). Le nombre de graines par fruit varie entre 1 et 17 (Yakimowski et Eckert, 2007). Néanmoins, des recherches génétiques semblent indiquer que l’établissement à partir de graines a été régulier dans la plupart de ces populations longévives, du moins dans le passé.
Les abeilles sont les plus importants pollinisateurs de l’airelle à longues étamines. Les fleurs sont pollinisées par vibration, technique utilisée par certains types d’abeilles qui font vibrer les anthères des fleurs pour en libérer le pollen. Selon une étude menée dans le centre de l’État de New York, le Melitta americana est le principal pollinisateur de l’airelle à longues étamines, mais cette espèce est rarement observée au Canada (Cane et al., 1985; Payette, 2013).
On ne dispose d’aucune information sur la longévité des graines dans le sol, mais les graines survivent probablement au moins quelques années. Des expériences à long terme portant sur 28 espèces du genre Vaccinium des zones tempérées ont montré que la longévité moyenne des graines était de 8,65 ans, et que les graines de cinq espèces pouvaient survivre dans le sol durant au moins 15 ans (Hill et Vander Kloet, 2005).
Dans la nature, le recrutement des semis semble peu fréquent et opportuniste. Des semis de l’espèce sont rarement observés (Ford, 1995; Kreher et al., 2000; Yakimowski et Eckert, 2007). L’émergence des semis pourrait nécessiter de légères perturbations du sol combinées à un taux d’humidité et à une teneur en matière organique dans le sol élevés (Eriksson et Fröborg, 1996).
La capacité qu’a l’airelle à longues étamines de se reproduire par voie sexuée et asexuée a une incidence sur la façon de déterminer le nombre d’individus distincts sur le plan génétique. Les colonies peuvent être composées de nombreuses tiges densément regroupées, de sorte qu’il est impossible de distinguer le nombre d’individus génétiques sur le terrain. Heureusement, les études génétiques offrent un certain éclairage sur la question. Dans les cas où la multiplication végétative serait le seul moyen de dispersion de l’airelle à longues étamines à l’échelle locale, la proportion de genets distinguables au sein d’une colonie serait très faible. Toutefois, chez l’airelle à longues étamines comme chez certaines autres espèces du genre Vaccinium, la diversité génétique à l’échelle de la colonie est considérablement élevée (Persson et Gustavsson, 2001). Ce phénomène donne à penser que, bien que le recrutement de semis soit peu fréquemment observé, la reproduction sexuée pourrait jouer un rôle considérable dans les populations clonales du genre Vaccinium (Persson et Gustavsson, 2001). Yakimowski et Eckert (2008) ont étudié 21 sites répartis dans l’aire de répartition de l’airelle à longues étamines et ont constaté que, sur 100 tiges, 58 présentaient un profil génétique unique (il est toutefois à signaler qu’un seul des 21 sites se trouve au Canada). En Caroline du Sud, Kreher et al. (2000) ont étudié un site pour y évaluer la variation génétique, au moyen de marqueurs d’ADN polymorphe amplifié au hasard (RAPD), et ont obtenu une proportion de genets distinguables de 0,68.
Il est difficile d’estimer avec précision la durée d’une génération pour un arbuste clonal longévif qui se reproduit fréquemment par voie asexuée, particulièrement en l’absence de données sur la démographie ou le taux de croissance. La durée d’une génération (âge moyen des parents de la cohorte actuelle) doit correspondre à la moyenne des individus se reproduisant par voie asexuée et par voie sexuée, pondérée en fonction de la fréquence (IUCN, 2017). Les estimations fondées sur l’analyse des anneaux de croissance indiquent que les ramets peuvent être longévifs chez le genre Vaccinium (jusqu’à environ 100 ans; Flower-Ellis, 1971; de Witte et Stöcklin, 2010), mais la reproduction clonale entraîne probablement une diminution de l’âge moyen des individus reproducteurs d’un nombre d’années inconnu. L’âge à la première floraison est inconnu pour l’airelle à longues étamines, mais la floraison peut se produire dès la deuxième année chez d’autres espèces du genre Vaccinium (Vander Kloet, 1988).
Pour estimer la durée d’une génération chez l’airelle à longues étamines, la méthode 3 des lignes directrices de l’UICN (2017, p. 27) a été sélectionnée :
Durée d’une génération (DG) = âge à la première reproduction + [z * (durée de la période de reproduction)] :
- où z est généralement < 0,5, selon le taux de survie et la fécondité relative des individus jeunes par rapport aux individus âgés (IUCN, 2017).
Dans le cas de l’airelle à longues étamines, il a été présumé de façon prudente que z = 0,5, que l’âge à la première reproduction = 2 et que la durée de la période de reproduction = 100. Ainsi, DG = 52 (ou ~50 ans). Il est à signaler que cette estimation est réalisée aux fins de l’évaluation du COSEPAC uniquement et ne représente pas une conclusion fondée sur des données empiriques. Étant donné que la valeur de z a été fixée de façon prudente à son maximum (0,5), le résultat pourrait représenter une surestimation.
Physiologie et adaptabilité
Comme de nombreuses autres espèces d’arbustes de la famille des Éricacées, l’airelle à longues étamines tolère généralement les incendies. Skinner (2002) a constaté que les effets des incendies sur l’airelle à longues étamines étaient complexes et pourraient dépendre de facteurs tels que la taille des colonies, leur forme et leur composition génétique. Le bleuet à feuilles étroites (Vaccinium angustifolium) et l’airelle pâle, espèces cooccurrentes, sont bien adaptés aux incendies et renaissent rapidement à partir des bourgeons adventices des rhizomes souterrains à la suite des incendies (Tirmenstein, 1991a, b). Selon certains, l’airelle à longues étamines pourrait même avoir besoin de conditions post-incendie pour germer (Crowder, 1982; Ford, 1995).
Comme de nombreuses autres espèces de la famille des Éricacées, l’airelle à longues étamines entretient probablement une relation symbiotique avec des champignons mycorhiziens du sol, qui favorisent l’établissement et la croissance. Les relations de mutualisme avec les champignons mycorhiziens du sol ont été largement étudiées chez la largement répartie famille des Éricacées (y compris le genre Vaccinium), et sont associées aux sols acides et pauvres en éléments nutritifs à l’échelle mondiale (Cullings, 1996; Cairney et Meharg, 2003). Des ectomycorhizes éricoïdes ont été observées sur les racines du Vaccinium stamineum dans le centre des États-Unis (Rothwell et Vogel, 1982).
Dispersion
Les fruits charnus de l’airelle à longues étamines sont consommés par les animaux sauvages, dont les oiseaux chanteurs, les tétras ainsi que des petits et des grands mammifères, notamment le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) et l’ours noir (Ursus americanus; Sotala et Kirkpatrick, 1973). Les distances de dispersion sont sans doute très variables, mais pourraient parfois atteindre des dizaines, voire des centaines de kilomètres. Les fruits non consommés sont dispersés à l’échelle locale par la gravité et peut-être par l’eau.
Relations interspécifiques
Les fruits de l’airelle à longues étamines constituent une importante source alimentaire pour la faune dans la partie principale de l’aire de répartition américaine de l’espèce (Uttal, 1987). De plus, les feuilles de l’espèce sont fréquemment consommées par le cerf de Virginie et le lapin à queue blanche (Sylvilagus floridanus) dans le centre des États-Unis (Sotala et Kirkpatrick, 1973). L’airelle à longues étamines est un hôte connu de la mouche de l’airelle (Rhagoletis mendis), espèce indigène qui pond ses œufs dans les fruits. Des populations de ce ravageur des cultures commerciales ont été signalées dans la région de Niagara (tourbière Wainfleet) et dans la majeure partie du sud de l’Ontario.
Taille et tendances des populations
Activités et méthodes d’échantillonnage
Des données d’observation ont été fournies par le Centre d’information sur le patrimoine naturel (NHIC, 2018). En juin 2018, Holly Bickerton ainsi que le personnel de Parcs Canada, de la Commission des parcs du Niagara et du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNFO), ont mené un relevé dans les cinq sous-populations existantes pour y vérifier la présence de l’airelle à longues étamines. De plus, les huit sites où l’espèce a été plantée au PNMI ont été visités en 2018 par Holly Bickerton ou par Brent Lewis du PNMI. En juin 2018, l’habitat convenable au site de la population disparue du chemin Mewburn a également fait l’objet de recherches menées par Holly Bickerton, Albert Garofalo et Paul O’Hara, et la pointe de Brown a été fouillée par Holly Bickerton. Les activités de recherche, y compris les recherches directes et les dénombrements sur le terrain, réalisées pour la préparation du présent rapport totalisent environ 43 heures-personnes sur cinq jours.
De plus, les observateurs ont parcouru à pied les milieux convenables pour tenter d’y repérer des individus de l’espèce. Dans les cas où l’espèce a été trouvée, les individus ou les groupes d’individus clonaux (touffes) ont été marqués au moyen de ruban. Les tiges ont été dénombrées ou leur nombre a été estimé au moyen de méthodes de suivi normalisées (Bickerton, 2016), et leur état reproducteur a été consigné (florifère/fructifère ou végétatif).
Abondance
En 2018, 3 743 tiges ont été dénombrées ou estimées dans les cinq sous-populations existantes (tableau 3). Tous les calculs incluent la sous-population de l’île Georgina, issue d’individus cultivés et maintenant autosuffisante. La proportion de tiges présentant des fleurs ou des fruits allait de 0 à 61 % (tableau 3). Le nombre de tiges reproductrices est donc inférieur au nombre total de tiges enregistré, mais la floraison dépend des trouées dans le couvert forestier et de la fréquence des incendies chez de nombreuses espèces du genre Vaccinium (Dawe et al., 2017; ainsi, les tiges non reproductrices sont ici considérées comme des individus matures).
Sous-population | Nbre total de tiges | Nbre de tiges portant des fleurs ou des fruits | Pourcentage des tiges reproductives |
---|---|---|---|
Gorge Whirlpool | 6 | 0 | 0 % |
Île Grenadier, PNMI | 1335 | 328 | 25 % |
Île Endymion, PNMI | 1051 | 78 | 7 % |
Île Deathdealer | 736 | 446 | 61 % |
Île Georgina Ouest, PNMI (issue de culture) | 615 | 135 | 22 % |
Total | 3743 | 987 | Sans objet |
La sous-population de la gorge Whirlpool est celle dont la situation est la plus précaire, car elle compte seulement six tiges (naturelles). Une des tiges est enracinée sur le bord de l’escarpement du Niagara et pourrait disparaître à cause de l’érosion. Dans les autres sites canadiens, les colonies occupent une plus grande superficie et semblent bien établies.
Quatre sites additionnels où l’espèce a été plantée contiennent au total environ 100 tiges. Jusqu’à maintenant, aucune floraison ou fructification n’a été observée dans ces sites. Aucune augmentation n’a été constatée par rapport au nombre de tiges initialement transplantées, et il n’y a apparemment aucune multiplication clonale. Ainsi, conformément aux lignes directrices de l’UICN et du COSEPAC, ces sites ne sont pas inclus dans la population canadienne totale.
Fluctuations et tendances
Six ou sept des dix (60 à 70 %) sous-populations canadiennes naturelles sont disparues au cours des trois dernières générations (156 ans; tableau 1). L’abondance historique des sous-populations disparues est inconnue.
Pour les quatre sites existants naturels, il est difficile de faire des comparaisons directes entre les années compte tenu des changements des méthodes de relevés utilisées dans les sites. Ford (1994) a estimé la taille des touffes (m2) dans les cinq sites existants en 1992 (dont un n’a pas été observé depuis; chemin Mewburn, tableau 1). D’après les observations faites sur le terrain par Melinda Thompson dans le site de Niagara, les individus indigènes sont stables depuis 2000. Selon les observations régulières du personnel du PNMI, les sous-populations naturelles du parc (île Endymion, île Grenadier Ouest) sont probablement stables, ou à tout le moins elles ne sont pas en déclin. Le nombre de « touffes » à l’île Deathdealer semble stable par rapport à celui signalé dans le rapport du COSEPAC de 2000.
À la gorge Whirlpool, les données de terrain inédites donnent à penser que peu de changements se sont produits depuis 2001. Un individu observé en 2015 n’a pas été retrouvé en 2018; on ignore si celui-ci est passé inaperçu ou s’il n’a pas persisté (Lindblad, comm. pers., 2018). On suppose que les sous-populations présentent une certaine stabilité, vu la longévité des individus; les populations clonales bien établies affichent généralement un taux de survie élevé (de Witte et Stöcklin, 2010).
Dans les sites ombragés de la gorge Whirlpool et de l’île Endymion, les taux de floraison (tableau 3; 0 % et 7 %, respectivement) sont relativement plus bas que dans les sites dégagés exposés au plein soleil, comme l’île Deathdealer (61 %). Il est possible que la fermeture du couvert forestier dans ces sites réduise la floraison et la fructification. De même, l’ombre pourrait limiter la croissance et l’établissement des individus introduits dans les sites ombragés.
Le principal changement qu’a connu la population canadienne depuis la publication du rapport de situation de 2000 est l’introduction réussie de l’airelle à longues étamines dans un habitat convenable à l’intérieur de la zone d’occupation de l’espèce. Une introduction répond maintenant aux critères du COSEPAC et de l’UICN et se qualifie comme sous-population; celle-ci ajoute environ 357 genets (15 %) et une nouvelle localité à la population canadienne globale. Avec le temps, les activités de rétablissement soutenues menées dans d’autres sites pourraient permettre d’autres augmentations.
Immigration de source externe
Une immigration depuis les sous-populations adjacentes de l’État de New York est considérée comme possible, mais peu probable. Les fruits peuvent être largement dispersés par les oiseaux et les grands mammifères, mais les sites les plus proches signalés dans le nord de l’État de New York se trouvent à une distance fort probablement supérieure à celle sur laquelle les graines sont habituellement dispersées. Il y a une occurrence connue dans l’île Wellesley (New York), à environ 5 km de la sous-population ontarienne la plus proche (National Deerberry Recovery Team, 2010). Des mentions ont été signalées un peu partout dans le nord de l’État de New York, et l’espèce est fréquemment observée dans la région des lacs Finger (New York Flora Atlas, 2019; Johnson, comm. pers., 2019).
Malgré la présence d’occurrences dispersées dans la portion adjacente du nord de l’État de New York, on considère qu’il est peu probable que des fruits soient dispersés par la faune jusqu’à l’habitat convenable au Canada, dont la quantité et la qualité sont en déclin. Comme d’autres espèces d’airelles, l’airelle à longues étamines entretient probablement une relation symbiotique avec les champignons mycorhiziens du sol (voir la section Facteurs limitatifs). L’identité et la fréquence de son symbionte ainsi que la répartition de celui-ci dans les substrats convenables au Canada sont inconnues, mais pourraient représenter un facteur limitatif pour la croissance et la germination des jeunes plantes. Les jeunes plantules sont très rarement observées dans la nature.
Menaces et facteurs limitatifs
L’évaluation des menaces qui pèsent sur l’airelle à longues étamines est fondée sur le système unifié de classification des menaces de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (Master et al., 2012; annexe 2). La méthode du calculateur des menaces consiste à accorder une valeur à la portée, à la gravité et à l’immédiateté pour chaque catégorie de menaces normalisée; l’impact global des menaces est ensuite calculé à partir de ces valeurs. L’impact global attribué aux menaces pesant sur l’airelle à longues étamines est élevé à faible, selon les interventions de gestion (annexe 2).
Incendies et suppression des incendies (7.1, impact élevé à faible)
La suppression des incendies naturels représente une menace pour l’airelle à longues étamines au Canada. Comme d’autres espèces d’airelles, l’airelle à longues étamines profite des effets écologiques des incendies, qui, en plus d’éliminer les espèces ligneuses concurrentes et de maintenir les conditions dégagées dans les communautés soumises à une succession, favorisent la croissance clonale et ainsi la vigueur. La réussite de l’introduction à l’île Georgina à la suite d’un brûlage indique que les incendies pourraient produire des conditions écologiques qui favorisent le début de la croissance et le développement.
La suppression des incendies est réalisée dans la région du Niagara et des Mille-Îles depuis plus de cent ans, ce qui a permis la succession naturelle et favorisé les espèces tolérantes à l’ombre. De plus, la suppression des incendies a eu un effet négatif sur un certain nombre d’autres espèces associées à l’airelle à longues étamines, notamment le pin rigide, ainsi que plusieurs espèces associées rares à l’échelle provinciale (Van Wieren, comm. pers., 2018). Les sous-populations d’airelle à longues étamines de la gorge Whirlpool et de l’île Endymion sont celles qui sont les plus touchées par l’augmentation de l’ombre résultant de la suppression des incendies menée dans le passé. Certaines parcelles dans l’île Grenadier deviennent elles aussi ombragées. Cependant, Parcs Canada ne procède pas à la suppression des incendies naturels dans le PNMI, sauf pour protéger la sécurité publique et les biens publics. De plus, le personnel a réalisé des brûlages dirigés dans le parc, notamment à l’île Georgina; la menace associée à la suppression des incendies dépend donc du régime de gestion. Les conditions dégagées à l’île Deathdealer sont maintenues grâce à l’érosion par la glace qui s’exerce le long du rivage, et la suppression des incendies n’a donc pas d’incidence sur cette sous-population. Les conditions favorables créées par les incendies pourraient avoir contribué à l’établissement des semis transplantés à l’île Georgina.
Espèces indigènes problématiques (8.2, impact moyen-faible)
Le cerf de Virginie est souvent abondant dans certaines zones du PNMI et dans la région des Mille-Îles en général (Van Wieren, comm. pers., 2018). Comme l’indique le nom anglais de l’airelle à longues étamines (deerberry), les cerfs consomment les feuilles et les fruits de l’espèce, particulièrement en été (Sotala et Kirkpatrick, 1973). Toutefois, les effets du cerf sur l’airelle à longues étamines dépendent fortement de l’abondance de ces animaux, qui est variable. Le broutage excessif par les cerfs a causé la disparition d’une grande partie des végétaux ligneux et herbacés bas dans les zones à proximité du centre et de l’est de l’île Grenadier, et dans d’autres secteurs du PNMI (Bickerton, pers. obs., 2017; Sutherland, comm. pers., 2018), mais aucun signe de broutage par les cerfs n’a été observé chez l’airelle à longues étamines aux emplacements du PNMI en 2018. Le broutage excessif a causé l’échec d’au moins une tentative d’introduction au PNMI (île Hill) et aurait contribué aux insuccès connus dans plusieurs autres sites (National Deerberry Recovery Team, 2010).
La mouche de l’airelle est indigène d’Amérique du Nord et s’est récemment propagée en Ontario. Elle est considérée comme un ravageur agricole, car elle consomme la pulpe des bleuets et rend ainsi les fruits invendables (CFIA, 2019). On ignore la menace que représente cette espèce indigène pour l’airelle à longues étamines, au niveau écologique ou des populations.
Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes (8.1, impact faible)
Aucune sous-population n’est actuellement menacée par les espèces végétales envahissantes, grâce aux mesures de lutte déployées par la Commission des parcs du Niagara et Parcs Canada. Le nerprun cathartique était un arbuste dominant du sous-étage dans la colonie existante de l’airelle à longues étamines de la gorge Whirlpool. Les activités de lutte menées à partir de 2014 ont permis de pratiquement éliminer le nerprun cathartique, sauf pour quelques plantules de l’espèce parfois observées dans le sous-étage (Lindblad, comm. pers., 2018). Au cours des cinq dernières années, de denses colonies de chèvrefeuille de Tartarie (Lonicera tatarica), espèce agressive, ont été éliminées près des colonies d’airelle à longues étamines dans l’île Endymion (Lewis, comm. pers., 2018). De plus, le personnel de Parcs Canada s’emploie à stopper une dense invasion d’alliaire officinale (Alliaria petiolata) découverte à moins de 200 m d’individus de l’espèce à l’île Grenadier. Le maintien de cette menace à un bas niveau nécessite des efforts continus de la part des gestionnaires des terres. La portée et la gravité de cette menace changeraient si les mesures de gestion active étaient modifiées.
Activités récréatives (6.1, impact négligeable)
Des sentiers traversent trois des cinq sous-populations d’airelle à longues étamines ou y sont adjacents. Dans le passé, les activités récréatives avaient des répercussions dans certains sites. Le piétinement et le compactage du sol au sentier Bruce Trail près du chemin Mewburn, à Niagara Falls, ont probablement causé la disparition de la petite sous-population qui y poussait. Cependant, dans l’ensemble des sites existants, les menaces associées à l’utilisation des sentiers (p. ex. dommages physiques, compactage du sol) ont été réduites grâce à des mesures de protection et à la modification du tracé des sentiers. Le sentier fortement utilisé au belvédère de la gorge Whirlpool menaçait l’airelle à longues étamines, mais son tracé a été modifié, et une barrière a été installée pour empêcher l’accès aux individus de l’espèce. Un sentier a été fermé à l’île Grenadier, et le personnel du parc réalise un suivi annuel au site pour y vérifier la présence d’impacts. Il y a un sentier de randonnée à côté d’individus de l’espèce à l’île Endymion, mais il est peu emprunté, et aucun signe de piétinement n’y a été observé. Selon des mentions faites dans le passé, les colonies de l’île Deathdealer, qui est privée, étaient menacées par les activités récréatives ou l’aménagement paysager, mais aucun signe de perturbation n’a été observé en 2018, et les propriétaires actuels sont favorables à la conservation (Van Wieren, comm. pers., 2018).
Érosion (10.3 Avalanches et glissements de terrain, impact négligeable)
Il est probable que la pente abrupte en contrebas du site boisé de la gorge Whirlpool, à Niagara Falls, continuera de s’éroder. Un affaissement du sol important a été constaté grâce à la comparaison de photographies aériennes historiques et actuelles (National Deerberry Recovery Team, 2010). À ce site, une des trois colonies naturelles se trouve sous un arbre, en bordure de l’escarpement. Des arbres ont été plantés dans la partie inférieure des pentes pour réduire l’affaissement (National Deerberry Recovery Team, 2010), mais il est probable que ce processus naturel se poursuivra et que certains individus disparaîtront à long terme. Cette menace a été considérée comme négligeable dans le calculateur des menaces, car elle touche très peu d’individus.
Autres menaces (impact inconnu)
L’espèce pourrait être touchée par la perte de pollinisateurs (7.3 Autres modifications de l’écosystème), mais on ignore l’ampleur du rôle des pollinisateurs pour la reproduction, et on en sait peu sur les groupes de pollinisateurs importants. L’espèce est pollinisée par vibration, de sorte qu’on présume que les bourdons (Bombus spp.) et les pollinisateurs d’autres genres capables d’assurer ce type de pollinisation sont importants.
Comme ce sera le cas pour de nombreuses espèces qui vivent à proximité de plans d’eau, les changements climatiques auront probablement des répercussions sur les sous-populations canadiennes de l’airelle à longues étamines dans une certaine mesure (11.4 Tempêtes et inondations). Une submersion périodique a déjà été observée dans la sous-population de l’île Deathdealer, mais la gravité de ce phénomène est essentiellement inconnue.
Facteurs limitatifs
L’association probable de l’airelle à longues étamines avec les champignons mycorhiziens du sol (voir la section Physiologie et adaptabilité) pourrait limiter l’établissement des individus et le début de leur croissance.
Tel que susmentionné, l’airelle à longues étamines est pollinisée par vibration et présente donc un certain degré de spécialisation à l’égard des pollinisateurs. Compte tenu des déclins à grande échelle de l’abondance relative et des contractions de l’aire de répartition observées chez certaines espèces de pollinisateurs communes (p. ex. déclin de jusqu’à 96 % chez les bourdons; Cameron et al., 2011), il est possible que la pollinisation efficace soit limitée par la présence de certains pollinisateurs.
Nombre de localités
Le terme « localité » désigne une zone particulière du point de vue écologique et géographique dans laquelle un seul phénomène menaçant peut toucher rapidement tous les individus présents. La principale menace pesant sur les sous-populations canadiennes existantes viables est probablement la suppression des incendies.
Au moins trois des cinq sous-populations existantes sont touchées par la suppression des incendies (celles gérées par le PNMI), mais il est probable que chacune des cinq sous-populations serait touchée de manière indépendante par un feu de forêt stochastique et par une éventuelle suppression des incendies subséquente. Les sous-populations du PNMI se trouvent sur des îles distinctes séparées par des étendues d’eau d’au moins un kilomètre, et la sous-population de Niagara est isolée des autres par plusieurs centaines de kilomètres. Dans trois sites du PNMI, les feux de forêt ne feraient pas l’objet d’une suppression s’ils survenaient. Dans le site qui se trouve sur une île privée occupée de façon saisonnière, les individus poussent à 1 km d’un quai et d’une remise à bateaux; les feux de forêt seraient combattus dans la mesure du possible à cette sous-population. Ainsi, selon toute vraisemblance, les cinq sous-populations existantes représentent cinq localités distinctes. Les sites utilisés à des fins d’introduction et d’augmentation où les individus ne se reproduisent pas ne sont pas considérés comme des localités.
Protection, statuts et classements
Statuts et protection juridiques
L’airelle à longues étamines est désignée espèce menacée par la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario et par la Loi sur les espèces en péril du Canada. Elle est considérée comme en voie de disparition (Endangered) au Vermont et en Illinois (Illinois ESPB, 2015; Vermont Natural Heritage Inventory, 2015).
Statuts et classements non juridiques
NatureServe a attribué à l’airelle à longues étamines une cote de conservation de G5 (non en péril) à l’échelle mondiale. L’espèce est classée S1 (gravement en péril) en Ontario, au Vermont, en Illinois et au Kansas. Elle est considérée comme non en péril (S5) ou n’est pas classée (SNR) dans les 27 autres États où elle est présente (NatureServe, 2018).
Protection et propriété de l’habitat
Quatre des cinq sous-populations existantes se trouvent sur des terres de la Couronne fédérale et provinciale gérées par des organismes gouvernementaux (Parcs Canada et Commission des parcs du Niagara) et sont ainsi protégées. Une sous-population se trouve sur un terrain privé.
Remerciements et experts contactés
Merci au personnel du PNMI (Brent Lewis, Josh Van Wieren, Mary Beth Lynch et les travailleurs saisonniers), qui a apporté son aide durant les travaux de terrain, fourni de l’information et des observations personnelles et organisé le transport par bateau jusqu’aux sites dans les Mille-Îles. Deanna Lindblad (anciennement de la Commission des parcs du Niagara) et Corey Burant (CPN) ont contribué aux travaux de terrain à la gorge Whirlpool et ont fourni des renseignements sur le contexte historique du site ainsi que des observations. Merci aux propriétaires de l’île Deathdealer, qui ont autorisé l’accès à leur propriété pour la préparation du présent rapport. Albert Garofalo et Paul O’Hara ont accompagné la rédactrice durant une plaisante journée sur le terrain où ils ont cherché les mentions anciennes dans la région de Niagara. Les cartes et les calculs de l’IZO et de la zone d’occupation ont été réalisés par Rosana Nobre Soares et Sydney Allen du Secrétariat du COSEPAC. Jana Vamosi du SCS des plantes vasculaires a fourni des conseils tout au long de la préparation du rapport. Merci aux nombreuses personnes qui ont examiné le document et ont apporté des contributions et fourni des suggestions utiles.
Nom | Titre | Organisation |
---|---|---|
Corey Burant | Gestionnaire de projet, santé des forêts | Commission des parcs du Niagara |
Nadia Cavallin | Conservateur | Royal Botanical Gardens, Hamilton (HAM) |
Albert Garofalo | Botaniste | Niagara (Ontario) |
Anne Johnson | Botaniste | Waddington (NY) |
Brent Lewis | Agente de gestion des ressources | Parc national des Mille-Îles |
Mary Beth Lynch | Agente de gestion des ressources | Parc national des Mille-Îles |
Deanna Lindblad | Spécialiste des partenariats | MRNFO |
Paul O’Hara | Botaniste | Hamilton (Ontario) |
Michael J. Oldham | Botaniste provincial | CIPN, MRNF |
Don Sutherland | Zoologiste | CIPN, MRNF |
Melinda Thompson | Biologiste de gestion | MRNFO |
Greg Thorn | Professeur agrégé, conservateur de l’herbier UWO | Université de Western Ontario |
Will Van Hemessen | Botaniste | Londo, (Ontario) |
Josh Van Wieren | Écologiste du parc | Parc national des Mille-Îles |
Gerry Waldron | Botaniste | Amherstberg (Ontario) |
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Vermont Natural Heritage Inventory. 2015. Endangered and Threatened Plants of Vermont. Vermont Fish & Wildlife Department. 28 March 2015. Consulté le 10 janvier 2019.
Waldron. G. comm. pers. 2018. Courriel adressé à H. Bickerton. Écologiste, Amherstburg (Ontario).
Weakley, 2015. A. Flora of the southern and mid-Atlantic states, working draft of May 2015. University of North Carolina Herbarium, North Carolina Botanical Garden, Chapel Hill, NC.
Wherry, E.T. 1920. Observations on the soil acidity of Ericaceae and associated plants in the Middle Atlantic states. Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia 72:84-111.
Yakimowski, S. B. et C. G. Eckert. 2007. Threatened peripheral populations in context: geographical variation in population frequency and size and sexual reproduction in a clonal woody shrub. Conservation Biology 21:811-822.
Yakimowski, S. B. et C. G. Eckert. 2008. Populations do not become less genetically diverse or more differentiated towards the northern limit of the geographical range in clonal Vaccinium stamineum (Ericaceae). New Phytologist 180:534-544.
Sommaire biographique de la rédactrice du rapport
Holly Bickerton est une biologiste ayant plus de 20 ans d’expérience dans le sud de l’Ontario. Holly a obtenu un baccalauréat en sciences de l’Université McMaster et une maîtrise en études environnementales de l’Université York. Elle a travaillé dans les domaines de l’écologie et des espèces en péril pour le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario et le Department of Environment and Heritage en Australie-Méridionale. Depuis 2005, elle travaille à son compte comme consultante en écologie, réalisant des inventaires de la faune et de la flore, des cartographies des végétaux, des évaluations des espèces envahissantes, des suivis écologiques et des recherches sur les politiques. Elle a rédigé ou corédigé des rapports de situation du COSEPAC sur quatre autres espèces de plantes vasculaires ainsi que de nombreux autres documents sur les espèces rares ou en péril.
Collections examinées
Aucun spécimen d’herbier n’a été examiné pour la préparation du présent rapport. On a demandé aux gestionnaires des collections du Musée canadien de la nature (CAN), de l’Université de Guelph (OAC), des Jardins botaniques royaux (HAM) et de l’Université de Waterloo (WAT) de vérifier si des spécimens récoltés dans le comté de Middlesex auraient pu être passés inaperçus.
Annexe 1. sous-populations canadiennes de l’airelle à longues étamines (V. stamineum)
Statut de la sous-pop. | Nom de la sous-pop. | Numéro d’occurrence d’élément | Comté | Régime foncier | Mentions antérieures choisies | Année de la plus récente obs. | Nbre d’individus matures (année) | Commentaires |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Existantes | Gorge Whirlpool | 2062 | Région de Niagara | Commission des parcs du Niagara | 2018 – Bickerton et al. 2015 – Bickerton et al. 2011 – B. Lewis 2010 – M. Oldham 2006 – M. Oldham 2001 – M. Thompson 1987 – S. Varga |
2018 | 2018 – 6 tiges formant 3 touffes
2015 – 7 tiges formant 4 touffes 2011 – 3 tiges 2006 – 3 colonies 2001 – 9 tiges formant 3 touffes 1987 – 1 individu |
Floraison ou fructification signalée en 2006, 2010 et 2011. Aucune floraison observée en 2015 ou 2018. |
Existantes | Île Grenadier | 2066 | Leeds et Grenville | PNMI | 2018 – Bickerton et al. Suivi annuel par le PNMI 1994- B. Ford |
2018 | 2018 – 1335 tiges 1993 |
Les individus en conditions dégagées étaient en fleurs en 2018. |
Existantes | Île Endymion | Leeds et Grenville | PNMI | 2018 – Bickerton et al. Suivi annuel par le PNMI |
2018 | 2018 – 1051 tiges | Floraison faible en 2018, site ombragé. | |
Existantes | Île Deathdealer | 11208 | Leeds et Grenville | Privé | 2018 – Bickerton et al. 1993 – Oldham et Sutherland 1992 – Ford |
2018 | 2018 – 776 tiges
1993 – touffes 1992 – 2 colonies, <10 m2 |
Site en plein soleil, individus produisant une abondance de fruits en 2018. |
Existantes | Île Georgina Ouest | Sans objet | Leeds | PNMI | 2018 – Bickerton et al. Suivi annuel par le PNMI |
2018 | 2018 – 615 tiges | 9 semis plantés en 2006 (dans les sites Est et Ouest); 25 plantés en 2012; floraison et reproduction végétative en 2018. Répond aux critères de l’UICN et du COSEPAC relatifs aux populations manipulées. Actuellement considérée comme une sous-population existante, cultivée à partir de matériel indigène. |
Sites où l’espèce a été plantée (existants seulement) | Gorge Whirlpool | 2062 (partiel) | 2018 – Bickerton et al. 2015 – Bickerton et al. 2011- Lewis |
2018 | 2018 – 16 tiges formant 8 touffes (0 florifère) | 18 semis plantés en 2010 à partir de matériel provenant du PNMI. Aucun individu florifère ou fructifère en 2015 ou en 2018. | ||
Sites où l’espèce a été plantée (existants seulement) | Mallorytown Landing | Sans objet | 2018- Bickerton et al. 2015- Bickerton et al. |
2018 | 2018 – 27 tiges (0 florifère) | Centaines de semis plantés en 2001 et en 2005, taux de survie très faible. Aucun individu florifère ou fructifère en 2015 ou en 2018. | ||
Sites où l’espèce a été plantée (existants seulement) | Île Georgina Est | Sans objet | 2018 – Bickerton et al. Suivi annuel par le PNMI |
2018 | 2018 – 36 tiges (0 florifère) | Semis plantés en 2009 et en 2012 après le dégagement mécanique de l’étage supérieur. Aucun individu florifère ou fructifère en 2018. | ||
Sites où l’espèce a été plantée (existants seulement) | Île Thwartway | Sans objet | 2018 – B. Lewis Suivi annuel par le PNMI |
2018 | 2018- 17 « individus » (0 florifère), tiges non dénombrées | 32 semis plantés en 2012. Aucun individu florifère ou fructifère en 2018. | ||
Disparue | Sentier Bruce près du chemin Mewburn | 11210 | Région de Niagara | 2018 – non trouvée (Bickerton et al.) 2001 – non trouvée (Thompson) 1992 – Meyers |
1994 | 1992 – 1 individu, 1m2 2001 – non trouvée 2018 – non trouvée |
Une seule touffe de moins de 1 m2 en bordure du sentier Bruce, observée pour la dernière fois en 1992 (Ford, 1994). Aucune observation dans le cadre des relevés des milieux convenables réalisés par plusieurs botanistes d’expérience; élargissement du sentier et perte de végétation observés, sous-population estimée disparue. | |
Disparue | Gorge St. David | 2063 | Région de Niagara | Inconnu | 1960s – Meyers et Yaki 1937 – Simmons, TRT |
Années 1960 | Inconnu | Disparition avérée. Redécouverte à la fin des années 1960, mais disparition, causée par le broutage et le piétinement, constatée en 1995 (Meyers, 1985). |
Disparue | Queenston, au sud de la centrale électrique | 2065 | Région de Niagara | Inconnu | 1960s – Meyer 1952 – Miller 1902 – Voaden 1901 – Cameron |
Années 1960 | Inconnu | sous-population anciennement bien connue, ayant fait l’objet de nombreuses observations et récoltes de spécimens. Observée pour la dernière fois dans les années 1960. Région intensivement herborisée par Varga en 1989; aucun individu trouvé. |
Disparue | Hauteurs Queenston | 11209 | Région de Niagara | Inconnu | 1953 – Miller 1893 – Macoun |
1953 | Inconnu | Présumée disparue. |
Disparue | Niagara-on-the-Lake | 2070 | Région de Niagara | Inconnu | 1891 – Dearness, DAO 1898 – McCalla, DAO, MTMG |
1898 | Inconnu | Emplacement exact inconnu, présumée disparue. |
Disparue | Pointe de Brown, 4 km au nord de Queenston | 2064 | Région de Niagara | Inconnu | 1985 – Meyers | 1985 | - | Site cherché en 1991 (Ford), 1995 (Oldham) et 2018 (Bickerton), mais aucun individu trouvé. Habitat existant; milieu très ombragé en 2018. |
Disparue | Niagara Falls | 2072 | Région de Niagara | Inconnu | 1896 – Scott | 1896 | - | Un seul spécimen récolté, emplacement exact inconnu. Pourrait représenter un site additionnel, ou correspondre à un des sites de Niagara Falls ci-dessus. |
Annexe 2. Calculateur des menaces de l’UICN pour l’airelle à longues étamines
Tableau d’évaluation des menaces
- Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
- Vaccinium stamineum (airelle à longues étamines)
- Identification de l’élément
- Elcode
- Code de l’élément
- Sans objet
- Date
- 03/07/2019
- Évaluateur(s) :
- Holly Bickerton (rédactrice du rapport), Josh Van Wieren (PC) Shaun Thompson (PNMI), Vivian Brownell, Joyce Gould, Sam Brinker, Bruce Bennett, Dan Brunton, Jana Vamosi, Dave Fraser (animateur), Rosana Soares, Karen Samis
- Références :
- COSEPAC en prép.; COSEPAC 2000; COSEPAC 1994
Impact des menaces | Impact des menaces (descriptions) | Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact : Maximum de la plage d’intensité |
Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact : Minimum de la plage d’intensité |
---|---|---|---|
A | Très élevé | 0 | 0 |
B | Élevé | 1 | 0 |
C | Moyen | 1 | 0 |
D | Faible | 0 | 2 |
- | Impact global des menaces calculé : | Élevé | Faible |
- Impact global des menaces attribué :
- BD = Élevé - faible
- Justification de l’ajustement de l’impact :
- Sans objet
- Impact global des menaces – commentaires
- L’airelle à longues étamines est une plante vivace longévive qui se reproduit par clonage. Le nombre d’individus matures a été estimé d’après le nombre total de tiges (qui correspond approximativement aux ramets), et la durée d’une génération a été estimée grossièrement à 52 ans (au moyen de la formule de la méthode 3 de l’UICN; âge à la 1re repro. + 0,5 (âge maximal), de sorte que la gravité des menaces (3 générations =~156 ans) est considérée sur les 100 prochaines années (maximum). 100 % de l’aire de répartition est en Ontario; 5 sous-pop. existantes; 4 dans des aires protégées (81 % des tiges dénombrées); 1sur un terrain privé (19 %). Une de ces souspopulations (Georgina au PNMI; source des graines = Grenadier O) est issue d’une introduction intra-limite (il est difficile de déterminer s’il y a une germination des graines dans cette souspopulation, mais une reproduction végétative et une production de graines ont été constatées). Un déclin du nombre de sous-pop./OE a été observé sur 3 générations, mais le % est inconnu. Pour la portée, le pourcentage de la population totale que représente chaque souspopulation (nombre de tiges) va comme suit : gorge Whirlpool (0,2 %), Grenadier O, PNMI (35,3 %), île Endymion (27,8 %), île Deathdealer (19,5 %), île Georgina (17,2 %). Le résultat élevé à faible du présent calculateur des menaces reflète le fait que le niveau de menace dépend fortement des mesures de gestion active – il est faible si la gestion active est maintenue, et élevé si elle cesse.
# | Menace | Impact (calculé) |
Portée (10 prochaines années) |
Gravité (10 années ou 3 générations) |
Immédiateté | Commentaires |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | Développement résidentiel et commercial | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Extrême – élevée (31-100 %) | Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans/ 3 générations) | Sans objet |
1.1 | Zones résidentielles et urbaines | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Extrême – élevée (31-100 %) | Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans/ 3 générations) | Une souspopulation se trouve sur un terrain privé (île Deathdealer), dans une zone riveraine qui ne conviendrait pas au développement (à moins de 50 m du rivage). Les propriétaires actuels sont au courant de la présence de l’espèce et sont favorables à la conservation. Un changement de propriétaire pourrait représenter une menace (construction d’un nouveau quai ou aménagement paysager), mais cette menace est actuellement lointaine. La construction domiciliaire a probablement éliminé certaines des souspopulations dans la région de Niagara au cours des 3 dernières générations, mais cette menace est historique. L’île Deathdealer héberge 19 % des tiges, et le développement toucherait seulement un segment de la souspopulation. En effet, la LEVD de l’Ontario interdit le développement dans la zone à 30-50 m du rivage, et 90 % de la souspopulation se trouve à moins de 50 m de celui-ci. |
1.3 | Zones touristiques et récréatives | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Aucun des sites de tenure publique ne peut être aménagé pour le tourisme ou à des fins récréatives à cause de mesures de protection juridiques. |
4.1 | Routes et voies ferrées | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Aucune souspopulation ne se trouve en bordure d’un chemin ou d’une voie ferrée. |
5.2 | Cueillette de plantes terrestres | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | L’airelle à longues étamines n’est pas consommée par les humains et n’est pas cultivée; elle n’est pas recherchée comme plante ornementale et n’a apparemment pas été prélevée dans la nature. |
5.3 | Exploitation forestière et récolte du bois | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Aucun site ne fait l’objet d’une exploitation forestière. |
6 | Intrusions et perturbations humaines (en anglais seulement) | Négligeable | Restreinte (11-30 %) | Négligeable (< 1 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
6.1 | Activités récréatives | Négligeable | Restreinte (11-30 %) | Négligeable (< 1 %) | Élevée (continue) | Des sentiers peu utilisés traversent les souspopulations à l’île Grenadier Ouest et à l’île Endymion. Le personnel du PNMI surveille régulièrement ces deux sites et y réalise une gestion active. L’accès au sentier a récemment été limité à la gorge Whirlpool (belvédère) par des clôtures permanentes qui empêchent les utilisateurs du sentier d’accéder à l’habitat occupé. Endymion a été fermée au public à cause de l’airelle à longues étamines, 70 % des sentiers ont été fermés à Grenadier Ouest (il y a encore un sentier et une aire de pique-nique près de la souspopulation), et le plan de gestion actuel du PNMI ne comprend aucun projet de développement. La portée est considérée comme restreinte car cette menace touche un sous-ensemble d’individus situés en bordure de sentiers dans ces 3 sites, qui représentent au total 50 % de la population canadienne (et le sous-ensemble est évalué à 11-30 %). La gravité est négligeable compte tenu du faible risque de dommages physiques. À Grenadier Ouest et à Endymion, la plupart des individus sont des arbustes robustes d’environ 1 m de hauteur. Les individus de la gorge Whirlpool sont petits et faibles, et ils sont donc les plus menacés par l’utilisation de sentiers. À Georgina, l’ensemble de la souspopulation se trouve à moins de 5 m d’un sentier. La souspopulation de Deathdealer se trouve dans une zone riveraine peu visitée où il n’y a aucun sentier officiel, de sorte que le risque de piétinement est faible. La proximité des sentiers ne représente pas un problème à Endymion, et seulement ~15 % des individus à Grenadier se trouvent près d’un sentier autorisé. À ~10 m du sentier, les risques de piétinement et de dommages accidentels liés à l’entretien du sentier sont réduits, mais des feux de camp ont été observés et ont un impact négatif sur les plantules et les jeunes plantes. Des feux de camp pourraient être faits à Grenadier Ouest, et pourraient avoir un impact. Il n’y a eu aucun incendie non maîtrisé dans cette île au cours des cent dernières années, et les incendies sont donc rares. De plus, les incendies pourraient être favorables à l’espèce. |
7 | Modification du système naturel (en anglais seulement) | BD Élevé - faible | Grande (31-70 %) | Élevée - légère (1-70 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
7.1 | Incendies et suppression des incendies | BD Élevé - faible | Grande (31-70 %) | Élevée - légère (1-70 %) | Élevée (continue) | Cette espèce de début de succession semble avoir besoin de conditions dégagées, et la floraison augmente après les incendies à cause de la diminution du couvert; la menace est donc la suppression des incendies. Actuellement, 2 souspopulations (Endymion et Whirlpool; 28 %) sont fortement ombragées et sont les plus menacées; au cours des 100 prochaines années (3 gén), les sites à Grenadier Ouest (3 souspopulations = 63 % des individus) pourraient également être menacés en l’absence de gestion des incendies; la portée est donc grande. La gravité est difficile à estimer, et cette incertitude est reflétée par la plage de 1-70 % sélectionnée. La suppression des incendies est une plus grande menace que les incendies eux-mêmes. D’autres souspopulations poussent sur un sol rocheux et mince, et ils ne risquent pas d’être menacés par l’ombre dans un proche avenir. On ignore actuellement si les faibles taux de floraison sont un phénomène récent (l’examen des spécimens d’herbier pourrait être utile à cette fin). |
7.3 | Autres modifications de l’écosystème | Inconnu | Inconnue | Inconnue | Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans/ 3 générations) | L’espèce est peut-être touchée par la perte de pollinisateurs, mais on ignore l’ampleur du rôle de ceux-ci pour la reproduction, et on en sait peu sur les groupes de pollinisateurs importants. L’espèce est pollinisée par vibration; on présume donc que les bourdons sont importants. |
8 | Espèces et gènes envahissants ou problématiques (en anglais seulement) | CD Moyen - faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée – légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
8.1 | Espèces exotiques/non indigènes envahissantes | D Faible | Petite (1-10 %) | Modérée – légère (1-30 %) | Élevée (continue) | La menace est actuellement faible compte tenu des mesures de lutte réalisées dans 3 souspopulations (Whirlpool, Endymion, île Grenadier Ouest). D’ici 3 générations, la pression des espèces envahissantes devrait continuer d’augmenter; la portée et la gravité augmenteront en l’absence de gestion continue contre, notamment le chèvrefeuille de Tartarie, les nerpruns spp., l’alliaire officinale (et d’autres espèces qui pourraient faire leur arrivée...). Le niveau actuel de gestion active semble réduire l’impact de cette menace. Les gestionnaires ont même été en mesure d’éradiquer le chèvrefeuille de Tartarie il y a 7-8 ans sans que l’espèce réapparaisse. Grenadier Ouest compte actuellement peu d’espèces d’arbustes envahissants, mais l’alliaire officinale est difficile à éradiquer. La gravité modérée-légère (et la petite portée) a été sélectionnée pour refléter l’incertitude quant au maintien des mesures de gestion active. Les évaluations actuelle et future changeront si ces mesures changent. |
8.2 | Espèces indigènes problématiques | CD Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Le cerf de Virginie est présent dans le PNMI et dans la région (ainsi, cette menace touche presque tous les individus de 4 souspopulations de l’airelle à longues étamines). La gravité de cette menace fait l’objet de débats, car elle dépend du taux d’occupation des îles par les cerfs durant l’été (la pression est très variable sur les îles); elle a été estimée à modérée-légère. Même si aucun signe de broutage par les cerfs n’a récemment été observé dans aucun des sites considérés comme existants, l’île Grenadier connaît une hausse de la population de cerfs, et la végétation a été fortement touchée dans d’autres zones du parc par le broutage excessif. Une souspopulation plantée a été broutée quand la population de cerfs était très grande, ce qui indique qu’une surabondance de cerfs a un impact sur les jeunes individus mais peut avoir un impact moindre sur les individus matures existants. Des dommages qu’on a présumés attribuables à un lapin (probablement un lapin à queue blanche) ont causé la perte de 5-6 individus l’an passé. Le puceron lanigère de la pruche infecte des pruches au PNMI, mais ce phénomène pourrait être bénéfique pour l’airelle à longues étamines, en éclaircissant le couvert forestier. La mouche de l’airelle, espèce indigène, a élargi son aire de répartition et est maintenant présente dans tout le sud-ouest de l’Ontario. On ignore si cette espèce a une incidence sur la survie ou la dispersion de l’airelle à longues étamines (ce ravageur agricole rend les fruits invendables). |
8.3 | Introduction de matériel génétique | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | La souspopulation de la gorge Whirlpool a été augmentée au moyen de matériel génétique introduit, mais celui-ci provenait du PNMI. La plupart des autres individus plantés sont issus de matériel provenant de Grenadier, donc du matériel provenant du Canada. Ne semble pas être une menace. |
10 | Phénomènes géologiques (en anglais seulement) | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Extrême - élevée (31-100 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
10.3 | Avalanches et glissements de terrain | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Extrême - élevée (31-100 %) | Élevée (continue) | La menace dans cette catégorie est associée à l’érosion, qui se produit naturellement le long de l’escarpement sableux, mais celle-ci pourrait être exacerbée par l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes. Quelques individus à la souspopulation de la gorge Whirlpool sont disparus dans le passé à cause de l’érosion. D’ici 3 générations, il est possible que tous les individus naturels de cette souspopulation disparaissent à cause de l’érosion. Bien que cela représenterait la disparition d’une souspopulation entière, le faible nombre de tiges que compte celle-ci fait en sorte que la portée est négligeable. La gravité a été jugée extrême-élevée (31-100 %). |
11 | Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) | Inconnu | Restreinte (11-30 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Impact inconnu. La hausse des températures pourrait avoir un effet positif sur l’espèce, mais il s’agit là de spéculations. L’élévation du niveau de l’eau dans le Saint-Laurent pourrait mener à l’inondation de la souspopulation de l’île Deathdealer, qui est à moins de 1 m au-dessus de la ligne du rivage. |
11.1 | Déplacement et altération de l’habitat | Inconnu | Inconnue | Inconnue | Élevée (continue) | L’airelle à longues étamines pourrait être supplantée, mais la portée du déplacement de l’habitat est inconnue et probablement négligeable d’ici les 10 prochaines années. Il est difficile de trouver des moyens d’extrapoler l’impact sur 10 ans pour des processus à long terme. |
11.2 | Sécheresses | Inconnu | Inconnue | Inconnue | Élevée (continue) | Il pourrait y avoir une augmentation des périodes de sécheresse dans l’habitat de l’airelle à longues étamines, mais l’effet de cette menace sur l’espèce est actuellement inconnu. |
11.3 | Températures extrêmes | Inconnu | Sans objet | Inconnue | Sans objet | La température en elle-même est peu susceptible d’être problématique pour l’espèce. |
11.4 | Tempêtes et inondations | Inconnu | Restreinte (11-30 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Des niveaux d’eau élevés record sont enregistrés et pourraient avoir une incidence sur l’airelle à longues étamines. L’élévation du niveau de l’eau au point où certains individus se retrouvent submergés est déjà probable à l’île Deathdealer, où la souspopulation est à moins de 1 m de la ligne du rivage. |
Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP, Salafsky et al. (2008).
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