Bien respirer : La qualité de l’air et l’impact sur notre santé

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Anita Michalkiewicz : Bonjour et bienvenue à Canadiens en santé, un endroit où nous vous offrons des conversations nuancées avec des experts de la santé. Mon nom est Anita Michalkiewicz et je suis votre animatrice et je suis jointe par Stéphanie Perrier Bélanger, ma co-animatrice. Bonjour Stéphanie!

Stéphanie Perrier Bélanger : Bonjour Anita!

Anita : Aujourd'hui, on parle de la qualité de l'air. Donc, nous respirons tous et parfois on se demande : est-ce que l'air qu'on respire est vraiment bonne à respirer ou il y a de la pollution un peu?

Stéphanie : Oui, en fait, on l’a vu durant l'été avec les feux de forêt. On le voit avec les canicules aussi. On parle avec notre invité des conseils, astuces à mettre en place pour diminuer l'impact d'une mauvaise qualité de l'air.

Anita : Exactement, donc on va rencontrer Mathieu Rouleau, qui est évaluateur principal de la division de l'évaluation des secteurs de pollution de l'air et des sciences de l'exposition à Santé Canada. Mathieu qui est très passionné du sujet. Il nous donne des conseils. Il nous explique un peu la situation de la qualité de l'air au Canada, et ailleurs dans le monde, en fait. Et, on va avoir des astuces sur comment un petit peu nous protéger. Et, pour voir, mais est-ce que vivre à la campagne à l'air frais auprès de l'eau c'est la solution ou est-ce qu'on peut se protéger chacun, chacune dans notre environnement?

Stéphanie : En milieu urbain.

Anita : Oui, en milieu urbain.

Stéphanie : Ouais, exactement. Un épisode très intéressant. Donc, définitivement à écouter.

Anita : Mais, avant de commencer, un petit mot de nous.

Le balado Canadiens en santé vous est présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada. Nous vous offrons des conversations, mais nous n’allons pas nécessairement toujours refléter les politiques officielles du gouvernement du Canada. Ceci est bel et bien une conversation et non un communiqué de presse. Mais, maintenant, parlons de la qualité de l'air.

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Anita : Donc, bonjour Mathieu Rouleau. Vous êtes évaluateur scientifique à Santé Canada. Merci beaucoup de vous joindre à nous, aujourd'hui, pour parler de la qualité de l'air.

Mais avant de commencer à parler du sujet, pourriez-vous nous parler un petit peu de votre travail? Qu'est-ce que vous faites? Qu'est-ce que ça fait un évaluateur scientifique à Santé Canada?

Mathieu Rouleau : Si j'essaie de simplifier la description, je dirais que la tâche principale d'un évaluateur, c'est d'intégrer des données.

Dans mon cas, c'est des données de pollution de l'air et des données de santé humaine, pour essayer, dans mon cas, c'est d'évaluer l'impact de cette pollution là sur la santé de la population.

Puis, quand je parle d'intégration de données, on va collaborer avec des experts en modélisation de la qualité de l'air, des experts en toxicologie, des experts en épidémiologie. Puis, on va essayer de sélectionner les meilleures données, les meilleurs outils pour que, nous, on puisse compléter nos analyses.

Anita : Ok, donc, est-ce que vous êtes en laboratoire, plutôt dans un bureau ou sur le terrain?

Mathieu : Nous, c'est vraiment un travail de bureau. On n'est pas des producteurs de données sur le terrain ou dans un laboratoire, mais on est vraiment devant nos écrans.

Anita : Ok.

Mathieu : Puis, on va lire, on va écrire beaucoup pendant nos journées et beaucoup de rencontres également avec des experts de différents domaines. Mais, oui, nous, c'est vraiment notre travail d'intégration se fait en bureau.

Anita : Ok. Donc, qualité de l'air, changement climatique, toutes ces choses-là, c'est votre passion.

Comment est-ce qu’on devient un expert dans ce domaine, qui, il me semble moi, quand qu'on était au secondaire, on se faisait demander qu'est-ce que tu aimerais faire quand tu vas être grand? On entendait pas souvent cette réponse, je vais me spécifier en qualité de l'air. Donc, comment est-ce qu'on aboutit dans ce domaine, aussi spécifique?

Mathieu : Ok, si je suis pour être honnête…

Anita : S’il vous plait.

Mathieu : C'était pas mon ambition initiale.

Anita : Ok.

Mathieu : J'ai été à l'université pour devenir, pour travailler en environnement, en  santé environnementale, du point de vue de la biodiversité des écosystèmes. C’était ça mon ambition et puis, j'ai cheminé à différentes choses. Puis finalement, j'ai atterri dans un poste au gouvernement qui était en qualité de l'eau, qualité de l'air. Si ma formation académique me permettait de comprendre ce domaine-là. Puis, c'est un domaine assez vaste, assez multidisciplinaire. Donc, c'est pas aussi spécifique que de la microbiologie. On va regarder une molécule et sa réaction avec des choses.

La qualité de l'air, la pollution de l'air est un aspect environnemental très important. Donc, c'est un aspect exposition humaine, donc on doit tenir compte de quels polluants auxquels nous sommes exposés. Qu'est-ce qui émet ce polluant-là? Dans quel type de milieu? Puis après ça, quelle population va être exposée? Donc, c’est, est-ce que c'est des enfants, des personnes âgées? Est-ce que c’est des personnes qui…  À quoi ces personnes-là sont exposées chaque jour? Est-ce que c'est juste des émissions de voitures, des émissions d'industries?

Donc, c'est assez vaste. C'est super vaste et moi j'aime me perdre dans des domaines. J'aime voir la, si on veut, l'image globale des choses. C'est un domaine dans lequel je trouve de l'intérêt, mais c'était pas mon ambition initiale. Mais, j'ai appris à l'aimer, là.

Anita : Excellent. Donc, aujourd'hui, nous parlons de la qualité de l'air.  On parle aussi des changements climatiques. Et, on blaguait, un petit peu, Stéphanie et moi, un peu plus tôt, en parlant de qu'est-ce que ça veut dire pour nous une bonne qualité de l'air?

Stéphanie : Être sur l'eau, pour moi, correspond à une qualité de l'air qui est meilleure, mais je suis certaine que c'est probablement juste un mythe. Mais, c’est à ça que je pense.

Anita : Donc, est-ce que c'est un mythe ou est-ce que la qualité de l'air… Qu'est-ce que c'est finalement? Est-ce que c'est meilleur ailleurs? Ben, j'imagine, on le sait, c'est peut-être pire dans les villes.

Mathieu : Oui, en général, c'est pire dans les villes ou à proximité des routes. Mais, en général, au Canada, la qualité de l'air est quand même bonne. Je dirais que c'est pas une question que le monde se pose souvent parce qu'on sort de chez soi. Puis souvent, il n’y a pas de fumée. On voit rien. On sent pas la pollution, on la voit pas, on la goûte pas. On a l'impression que la qualité de l'air est toujours bonne au Canada. Sauf, en situation extrême, comme des feux de forêts. Là, on la goûte même. Ça a des niveaux extrêmes.

Mais, oui, j'ai un peu la même impression, que pour moi, quand j'étais jeune, même maintenant, si je veux prendre de l'air, si je veux me retrouver dans un milieu où la qualité de l’air est bonne, je vais m'évader en forêt ou en campagne, même sur l'eau aussi. On a pas l'impression qu’on… L'air marin est toujours…

Stéphanie : Plus pur, on dirait.

Mathieu : C’est ça.

Anita : Il y a quelque chose.

Mathieu : Mais oui, la qualité de l'air est toujours bonne. Mais oui, il y a toujours un petit fond de pollution partout. Donc suffit de non… Des fois aussi... L’aspect de la perspective mentale est importante aussi.

Anita : Et pourquoi que c'est un sujet important? Donc, on en parle. On prend du temps aujourd'hui pour en parler parce que c'est un sujet important. Mais pourquoi est-ce que c'est un sujet aussi important?

Mathieu : Plusieurs… On peut le voir de différentes manières. Une manière de le voir, c'est que on est toujours exposé à la pollution de l'air. C'est impossible de l'éviter.

Comme, si je compare ça à notre consommation d'eau, de nourriture, on peut décider de manger bio. On peut décider de boire de l'eau ultra filtrée, mais l'air, on la contrôle pas vraiment. On sort de chez soi et on respire l'air ambiant et on doit vivre avec, si on veut là. Puis, c'est pas…

En même temps, au Canada, encore une fois, c'est notre qualité de l'air qui est tellement bonne comparativement à d'autres pays qu'on a pas l'impression qu'on court un risque de respirer l’air ambiant. Mais, il y a toujours un petit fond de pollution. Et plus que les recherches avancent, plus qu'on collecte des données de pollution et de santé humaine, on s'aperçoit que même l'exposition à des petites quantités de polluants imperceptibles puissent, non…  représentent un risque, qui peuvent avoir des impacts. Donc, il y a toujours, même si la qualité de l'air est bonne, il y a toujours une manière de l'améliorer encore plus.

Puis, au gouvernement, donc des groupes comme le mien, on travaille, on essaie de, si on veut, développer une l'information pour pouvoir informer ou appuyer le développement de politiques ou des règlements qui pourraient encore améliorer d’autant plus la qualité de l'air.

Stéphanie : Juste pour les gens qui nous écoutent, je veux juste faire une petite précision qu’on se concentre vraiment sur la qualité de l'air à l'extérieur, et non pas à l'intérieur, aujourd'hui.

Mathieu : Exactement, oui.

Stéphanie : Ok, parfait.

Mathieu : Oui, j'ai des collègues qui travaillent en air intérieur, mais ce n'est pas vraiment mon domaine d'expertise.

Stéphanie : Parfait.

Mathieu : Si on va se concentrer sur les polluants, si on veut, chimiques et physiques, comme les particules et autres choses.

Il faut pas oublier les pollens aussi qui sont une forme de pollution qui sont également affectés par changements climatiques parce que les zones géographiques pour certaines plantes varient avec le réchauffement. Donc, il y a certaines plantes qui émettent du pollen, là où elles n'émettaient pas de pollens avant.

Puis, ça se combine à l'exposition à la pollution de l'air pour empirer la situation comme les crises d'asthme, les allergies, entres autres.

Stéphanie : Les allergies, on en parlait.

Anita : Ben oui.

Mathieu : Donc, il y a plusieurs facteurs qui sont même pas directement liés au sujet qu'on va parler aujourd'hui, qui sont quand même liés à la qualité de l’air, en bout de ligne.

Anita : Mais parlons, justement, de l'ampleur du problème. Donc, parlons un petit peu de qu'est-ce que ça représente, maintenant, les impacts d'une qualité de l'air qui qui est en déclin?

Mathieu : Tu m’as titillé avec le mot déclin. Je dirais que…

Anita : Ok, ok. On va recommencer.

Mathieu : Non, c'est correct. C’est correct. C’est… Je dirais que c'est stable. Depuis une décennie, la qualité, la pollution de l'air, au Canada, est assez stable.

On a fait des… On a eu des périodes d'améliorations incroyables, je dirais dans les dernières, deux à trois décennies. Mais dernièrement, c'est assez stable, ce qu'on a… Je pense qu'on a atteint un niveau assez bas que les mesures nécessaires pour améliorer encore plus vont être plus drastiques qu'ils étaient avant.

Mais aujourd'hui, au Canada, je parle, même si on regarde globalement à travers le monde, on estime, puis quand je dis « on », c'est des organisations sanitaires internationales. On peut penser à l'Organisation mondiale de la Santé et d'autres organismes de recherches. On estime que la pollution de l'air cause entre 4 et 8 millions de décès prématurés, par année, à travers le monde.

Anita : OK

Mathieu : Puis là, on peut penser que, oui, certains pays où la pollution de l'air est plus élevée, comme je pense à la Chine, à l'Inde, au Pakistan où, là, les chiffres sont beaucoup plus élevés.

Mais même au Canada, nous, les études de Santé Canada démontrent que la pollution de l'air, actuellement qui est quand même bonne, contribue environ à   
15 000 décès prématurés, par année.

Anita : Quand même!

Mathieu : Donc, c'est un chiffre quand même important. Ça, c'est juste les décès prématurés. Il y a aussi des millions de jours avec des symptômes d'asthme ou des journées avec des symptômes respiratoires qui empêchent les gens de compléter leurs activités habituelles.

Anita : Oui, on a parlé de pollen. On a parlé de feux de forêts. On a parlé de certains facteurs. Quels sont les facteurs qui contribuent à une mauvaise qualité de l'air en général?

Mathieu : Mais il y en a plusieurs… Je vais essayer d'en énumérer quelques-uns. On va essayer de commencer juste avec les sources de pollutions. Donc, qu'est-ce que… Donc, quels facteurs pourraient contribuer à une mauvaise qualité de l'air? Est-ce qu’il y a des sources de pollutions près de chez nous, près d'une population?

Donc, est-ce qu'il y a une autoroute, par exemple, qui passe près d'un quartier résidentiel? Est-ce que j'ai une usine en amont du vent, donc, qui pourrait souffler de la pollution vers moi? Donc, c'est faire l'inventaire, si on veut, de toutes les sources de pollutions pour une région.

Ensuite, on peut aussi regarder les caractéristiques géographiques, un peu de la région. Donc, est-ce que je suis dans une vallée? Donc, si j'ai un village, je veux dire un village dans une vallée montagneuse qui brûle beaucoup de bois l'hiver pour se chauffer, on peut imaginer que la circulation de l'air, dans cette vallée-là, peut être assez restreinte. Donc, après quelques jours de combustion de bois, la pollution peut s'accumuler et mener à des concentrations ambiantes qui sont non souhaitables.

Ça peut varier, donc, versus une région qui est dans une plaine ouverte où le vent peut juste balayer, diluer la pollution, donc, l'aspect géographique est important.  Ça peut être la même, pour une ville aussi, si ma ville a des « canyons », je vais utiliser un terme anglais. Mais, dépendamment d'urbanisme, de l'urbanité de mon quartier, mais la pollution va se concentrer ou se diluer de différentes manières. J'essaie de penser à autres choses, maintenant…

Stéphanie : Si on est à côté d'un milieu boisé, par exemple, ça doit avoir un impact aussi?

Anita :  Positif?

Stéphanie : Positif, oui, c'est ça!

Mathieu : Oui!

Anita : Oui?

Mathieu : Oui, il y a quand même plusieurs études qui essaient d'investiguer l'impact de la verdure ou des plans d'eaux sur la qualité de l'air et de la santé.

Ça peut varier, selon les études, il y a pleins de facteurs en jeu ici. Mais oui, si on habite en bordure d’une forêt, de, un, il va avoir un aspect… Ça fait un filtre, une certaine filtration de la pollution. Donc, la végétation peut capter, chimiquement, certains polluants ou même, physiquement, peut capter les particules, par exemple.

Anita : Ah, quand même!

Mathieu : On s'assure aussi que… Des fois, il y a des barrières de verdures. Souvent dans les villes, on met des barrières de sons, mais des fois c'est des barrières physiques, comme un mur de brique, un mur de béton, mais souvent, on peut rajouter de la végétation. Puis, ça peut influencer quand même la circulation.

Anita : Ok!

Mathieu :  Ça, c'est à l'échelle quand même assez locale.

Anita :  Ouais. Puis, est-ce que… Là, ça m'intrigue! Est-ce qu'il y a des façons de changer la façon dont on construit des villes, en urbanisme…

Stéphanie : Je pensais à ça, ouais.

Anita : … pour pouvoir essayer de contrer aux problèmes? Là, je dis pas qu'il faut pas travailler sur les changements climatiques puis juste faire des villes différentes. Mais, est-ce qu'il y a façon de, justement, s'adapter à ça?

Mathieu : Oui, il y a des façons de s'adapter, mais chaque situation, c'est important de reconnaître, que chaque situation, il y a beaucoup de paramètres à prendre en considération.

Juste pour des écrans, des écrans de végétation, c'est une bonne idée pour beaucoup de choses. Par exemple, des écoles. Tu sais essayer d'entourer la cour d'école par un espèce d'écran de végétation, c’est…

Anita : J’aurais pas pensé que ça fait une différence!

Mathieu : Des fois, c'est pas une grande différence. Des fois, c'est juste de dévier la pollution. Des fois, c'est suffisant, dépendamment de la population qui est exposée. Donc, si j'ai une école et je peux dévier un peu la pollution qui vient d'une route, donc ma population étudiante va être… On va réduire le risque de cette population-là.

Donc, ça, c'est une intervention pour un espace très précis, mais il y aussi d'autres considérations à prendre en compte. C'est qu’on peut mettre des écrans de végétations à beaucoup de places, mais après ça, visuellement pour le conducteur d'une voiture, par exemple, son champ de vision va être affecté.

Anita : Ah ouais!

Mathieu : Donc, il y a un aspect sécuritaire et donc, il faut faire le compromis entre la sécurité…

Anita : Ok

Mathieu : …et la santé et la qualité de l'air, des fois. Ça c'est rien qu’un exemple de compromis, mais, oui, développer des villes plus, je vais dire, plus vertes, c'est l'objectif ultime.

Stéphanie : Bon, on ose espérer que justement les urbanismes, quand vient le temps de développer un nouveau quartier, prennent ça en considération. D'ailleurs, je dévie un petit peu du sujet, mais dans les maisons, j'avais déjà entendu parler de mettre des plantes que c'est une bonne chose pour la qualité de l'air, mais je veux pas embarquer dans ce sujet-là parce qu'on parle de la qualité de l'air à l'extérieur.

Mathieu : Non, on va rester à l’extérieur. 

Stéphanie : Mais, c'est très intéressant d'entendre parler de l'urbanisme en milieu urbain.

Anita : C’est vrai les arbres font vraiment une grande différence?

Mathieu : Ils peuvent faire une différence, dépendamment de l'espèce de l'arbre, aussi. Ici, ou dans majorité des régions du Canada, les arbres perdent leurs feuilles à l'automne. Donc, ton écran végétal rendu à l'automne est inexistant. Donc, il faut choisir les bonnes espèces d'arbres. Il faut bien positionner ça.

Mais, a priori, il faudrait juste éviter de mettre certaines populations à risque. Donc, si on peut éviter d'avoir une population près d'une source de pollution, c'est quand même… Si on peut éliminer ce risque là à la source, c'est quand même préférable.

Anita :  Ça serait déjà un bon pas. La pollution de l'air ou comme la qualité de l'air a un impact sur notre corps. Donc, on le voit, ça cause des décès, des maladies, etc. Mais, qu'est-ce que… C'est quoi l'impact finalement sur le corps humain de la pollution de l'air?  La mauvaise qualité de l'air?

Mathieu : C'est une question quand même assez compliquée, mais je vais essayer de la résumer. Je vais essayer de penser… J’aidais mon fils à étudier pour son cours de biologie de secondaire 3 puis on révisait un chapitre et je trouvais que c’était parfait.  Je vais essayer de résumer ça! Qu'est-ce qu'il faut comprendre la pollution de l'air? C'est que souvent on est exposé à la pollution de l'air par nos poumons.

Anita : Oui!

Mathieu : Et notre corps est quand même bien fait pour se protéger contre un paquet de stress environnementaux. Puis, quand je dis stress environnementaux, on parle de ça inclut les polluants de l'air, ça peut être des particules ou des gaz.

Donc, si on pense juste au système respiratoire, on peut inspirer par le nez, on a des poils du nez qui vont filtrer certaines des particules les plus grossières. Après ça, on a des muqueuses, donc, c'est l'espèce de membrane qui tapisse tout notre système respiratoire. Donc, cette muqueuse-là va sécréter un genre de mucus pour capter d'autres particules. Donc, ça va pouvoir éliminer certains agents externes, si on veut. Donc, on a on a une des mécanismes de défense, quand même bien développés qui vont jusque dans les poumons où, là, à part des muqueuses, on a des cellules spécialisées qui s'appellent des macrophages, qui eux vont, si on veut, neutraliser les polluants.

Anita : Ça me rappelle mes cours de biologie, en effet. 

Mathieu : Donc, on va neutraliser, éliminer les agents pathogènes ou les stresseurs environnementaux. Donc, on est quand même bien équipé pour être exposé à des polluant. Sauf que, plus qu'on est exposé à ces polluants-là, plus que ça met au défi nos systèmes de défense. Puis, au fur et à mesure, on peut avoir des… Donc, cette exposition-là peut mener à certains dommages pour les cellules, une irritation des muqueuses. Donc, on a de l'inflammation, les dommages, donc notre système de défense va être…

Anita : … va être compromis!

Mathieu :  … va être compromis, ouais, exactement. Et, c'est là qu'on commence, qu'on peut commencer à avoir, à ressentir des effets. Ça peut être des effets aigus ou chroniques. On va y revenir plus tard.

Mais, qu'est-ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que notre voie d'exposition est et notre système respiratoire, mais les effets sont pas limités aux poumons et au système respiratoire. Les effets vont être systémiques, qu’on dit. Ils vont être ressentis ailleurs dans le corps également. Donc, ça c'est très important de comprendre que l'exposition à un polluant de l'air peut causer des symptômes respiratoires, oui, mais également des symptômes cardiovasculaires. Les nouvelles études démontrent que l'exposition à la pollution peut même mener à des effets neurologiques, cognitifs, donc de santé mentale et tout, de démence, etc.

Anita et Stéphanie : Ah ouais!

Mathieu : Donc, la gamme d'effets liés à une exposition de l'air est immense, puis même épeurante des fois. Mais, c'est juste de comprendre, que c'est ça, notre système respiratoire et notre voie d'expulsion principale, mais les effets, eux, peuvent être partout dans le corps.

Anita :  On parlait un peu d'adaptation, donc d'adapter nos habitudes, d’adapter qu’est-ce qu’on fait, mais il y a d'autres sortes d'adaptation aussi. On sait que les véhicules ont des émissions. On sait que ça pollue beaucoup, donc l'adaptation est des véhicules à zéro émission. 

Est-ce qu'on pourrait parler de ça? Est-ce que ça fait une différence? Est-ce que c'est tout bon? On a trouvé la solution magique? C'est jamais aussi simple!

Mathieu :  Non, c'est pas… C’est une des solutions, si on veut. Ce n'est pas la solution magique. Mais oui, on peut, ça on peut en parler. Donc, les véhicules, donc le trafic routier, c'est une source de pollution assez importante au Canada. Selon nos analyses, mais selon un rapport qu'on a publié en 2022 où on regardait l'impact sur la santé et sur la pollution de l'air de plusieurs secteurs, d'une vingtaine de secteurs, y compris le trafic routier, la combustion résidentielle de bois, l'industrie minière, donc différents secteurs, le trafic routier est la deuxième source la plus importante de pollution de l'air et de décès prématurés.

Anita et Stéphanie : Et la première?

Mathieu : La première, selon cette étude-là, c'était la combustion résidentielle de bois.

Anita : Ah oui?

Stéphanie : Ok, quand même!

Anita : Ouais, je suis surprise. J'ai pas lu le rapport.

Stéphanie : Donc, première combustion dans les maisons avec les feux de foyer. Pas les feux de foyer, pardon, mais les foyers. Et deuxième?

Mathieu :  On avait le trafic routier. En troisième, l'industrie minière, mais, et tous les sous-secteurs qui sont inclus dedans.

Stéphanie : Ouais, ok. J’aurais pensé le contraire.

Anita : Oui, moi aussi!

Mathieu : On a tendance à penser le contraire. Qu'est-ce qu'il faut pas oublier? Ça s'applique autant à la combustion résidentielle de bois qu'au trafic routier, c'est que ces sources-là, c'est là où les gens habitent. Donc, on brûle du bois dans notre maison, dans un quartier résidentiel. Les gens sont exposés. La source est proche de la population exposée.

Stéphanie : Ouais.

Mathieu : Pour le trafic routier, c'est la même chose. Les routes sont habituellement en bordure de… Ben, il y a plus de routes et plus de voitures en centre urbain où il y a plus de gens. Tandis que les industries sont souvent dispersées en région, donc l'exposition est pas pareille. Donc, il y a l'aspect émission de polluants et l'aspect exposition. C'est deux facteurs très importants.
Anita : Ah ok. Ici, on parlait d'exposition.

Mathieu : Ici, on parle d'exposition. Donc, les voitures qui sont sur un boulevard émettent un polluant directement à côté des maisons, à côté des écoles, à côté des hôpitaux, etc. Donc, ça c'est très important. Puis le trafic routier, c'est ça, on estime qu'il contribue à environ 1000-1200 décès prématurés par année. Mais là, il y a… Autant ça combine les véhicules légers, les véhicules lourds.

Qu'est-ce qu'il faut pas oublier non plus, donc des voitures, c'est qu'on habite à côté des routes. Et, un autre rapport qu'on a publié en 2022, montrait que, je pense, c'est 40% de la population canadienne habite à moins de 250 mètres d'un axe routier important, donc d'une route achalandée. On parle d'autoroutes primaires, des autoroutes secondaires, des voies express. Donc, les gens habitent proches de routes achalandées.

Et, si on regardait après ça juste les écoles primaires et secondaires, donc là où les enfants fréquentent ces établissements-là pour une bonne partie de l'année. Mais, c'est une école sur deux, au Canada, est à moins de 200 mètres d'une voie routière achalandée. Puis moi, si je pense à mon école primaire de jeunesse, on était à quelques pas de l'autoroute 20 à Montréal…

Anita : Ouais.

Mathieu :  …et d'un chemin de fer et de l'aéroport. Et puis, si je regarde l'École secondaire de l'Île à Gatineau, on est à 100 mètres de l'autoroute 50. Donc, c'est pas des exceptions.

Anita : Ouais

Mathieu : Tout le monde peut penser à une école pas loin d'une autoroute. C'est normal puis c'est la même chose pour les résidences pour personnes âgées. C'est la même situation pour différentes raisons, aussi, ça peut être l'accès à ces immeubles, l'accès à des services. Donc, ils se retrouvent proches d'une source de pollution qui sont les voitures. Et là, on arrive donc enfin aux véhicules électriques qui vont permettre de réduire certains, certaines émissions des voitures.

Anita : OK.

Mathieu : Donc, j'ai oublié exactement le nom de la norme, mais le nouveau règlement qui a été annoncé par le gouvernement du Canada qui est la norme pour des véhicules électriques. Malheureusement, j’oublie. Ils ont changé de nom à la dernière seconde.

Donc, ça va demander que les manufacturiers de voitures mettent en vente un certain nombre, un pourcentage, de voitures électriques, selon différentes années. Donc, c'est 100 % des véhicules légers vendus, à partir de 2035, devront être des véhicules électriques. Donc, si on regarde la voiture comme unité de pollution, la voiture émet, présentement, des voitures à essence. On a des émissions de combustions qui sortent du pot d'échappement. On a des émissions liées à l'usure des pneus, l'usure des freins, l'usure des routes, donc toutes ces poussières-là qui sont liées à la friction sont non négligeables.

L’usure des freins, on parle de différents métaux qui sont émis sous forme de poussières et de particules fines. Les métaux, ce n'est habituellement pas très bon pour la santé. Puis l'usure des pneus, on parle de caoutchouc, de plastique. L'usure des routes aussi, c'est un différent amalgame de minéraux et compagnie. Donc, on a des émissions de combustions, des émissions de frictions, qu'on appelle. Avec les véhicules électriques, on va éliminer les émissions de combustions. Donc, c'est très bon.

Tous ces gaz toxiques-là qui sont émis par les voitures vont être éventuellement éliminés. Ça va prendre du temps. Ça va prendre des dizaines et des dizaines d'années avant que tous les véhicules légers soient remplacés par des véhicules 100 % électriques.

Anita : Mais, ils ont quand même des pneus et il a quand même des routes!

Mathieu : Il y a quand même des pneus. Il y a quand même des routes. Il y a quand même des freins, et la particularité des véhicules électrique, c'est donc la présence d'une batterie, et plus que le véhicule peut voyager sur de longues distances, plus cette batterie-là est lourde. Un véhicule plus pesant mène à une usure prématurée des pneus, une usure des routes. Les freins, c'est particulier parce que c'est pas le même système de freins. Mais bref, on va éliminer une sorte de pollution qui vient du pot d'échappement. La pollution liée à la friction va demeurer la même ou augmenter parce que la population augmente. Le nombre de véhicules au Canada augmente et il y a pas vraiment d'indications que les distances voyagées par les gens diminuent.

Anita : Ok.

Mathieu : Après la pandémie, on a vu une chute assez drastique des voyagements des gens, étant donné les contraintes, mais depuis ce temps-là, on a retrouvé nos bonnes vieilles manières ou modifié nos vieilles manières. Donc, on voyage moins la semaine pour se rendre au bureau, mais la fin de semaine, le kilométrage parcouru semble être le même qu'avant.

Anita :  Ok.

Mathieu : Donc, plus de gens, plus de voitures, autant de kilométrages. Les véhicules vont demeurer préoccupants, selon nous, du point de vue des particules émises. Pour les gaz à effets de serre, c’est gagnant.

Anita : Ouais.

Mathieu : Ça, il y a pas de problème, mais c'est les autres polluants qui…

Oui, des défis vont demeurer. Certaines personnes vont peut-être se demander : oui, mais d’où vient cette énergie électrique, là?  Si l'énergie électrique vient de sources propres, comme je prends le Québec en exemple où il y a beaucoup d'hydroélectricité, donc, remplacer un véhicule à essence par un véhicule à batterie, c'est gagnant-gagnant.

Anita : Ouais.

Mathieu : Dans certaines régions, peut-être que c'est la combustion de gaz naturels qui va mener à l'énergie nécessaire pour ces véhicules électriques là. 

Dans ce cas-là, il y a quand même un gagnant-gagnant. Au sens où, la pollution va être retirée des centres urbains, où les voitures circulent pour être déplacée en région plus éloignée où est situé la centrale. Donc, il y a quand même des gains du point de vue des gaz à effets de serre, des gains potentiels au point de vue de la santé humaine. Mais, ça va demeurer quand même un défi.

Anita : Il y a pas de réponse simple?

Mathieu : Il y a pas de réponse simple! C'est… Non, l'humain aime se déplacer, aime bouger.

Anita : Mais, on peut aussi, je veux dire, se déplacer en train, en autobus, etc. Je sais qu’il y a certains pays où ces déplacements-là sont plus faciles. En Europe, je veux dire, en train, c'est la norme, mais ici des fois, c'est aussi le prix. On se dit : ben, c'est plus facile, c'est moins cher de juste y aller en auto. Je sais qu'on encourage aussi les gens d'être ensemble dans l'auto.

Stéphanie : Du covoiturage.

Anita : Le covoiturage, ça aussi. Plein de choses qu'on peut faire, mais non, il y a pas, il semble pas avoir de solution facile.

Mathieu : Non, c’est ça. C’est un mélange de véhicules électriques, transports en communs, déplacements actifs…

Anita : Donc, en vélo…

Mathieu : En vélo, à pied, le covoiturage aussi. Donc, tout plein de manières et je pense que toutes ces options-là doivent être explorées ou utilisées pour pouvoir, éventuellement, réduire la pollution et les gaz à effets de serre.

Anita : Ouais.

Mathieu : Mais non… Ce qui est des changements technologiques et des changements, je dirais comportementaux, je pense les comportementaux sont peut-être plus difficiles…

Anita : Ils sont plus difficiles. On n'aime pas ça changer nos habitudes.

Stéphanie : La résistance au changement.

Anita : Ouais. On a parlé plus tôt de certaines communautés qui sont peut-être disproportionnellement affectées par la mauvaise qualité de l'air. Est-ce qu'on pourrait parler un peu de ça? Quelles sont ces communautés là et qu'est-ce qu'on fait finalement pour les aider?

Mathieu : Ok, bonne question! Mais si on parle, on peut juste commencer avec les feux de forêts parce que c'est un cas assez particulier. Là, je pense que je disais dernièrement que les Premières Nations, je pense, sont 33 fois plus…

Anita : Exact!

Mathieu : … susceptibles d'être évacuées en lien avec des feux de forêts. Donc, c'est certain que c'est des communautés qui habitent, je dirais, pas en périphérie, mais qui habitent à même la forêt Boréale sont plus à risque, effectivement, et dépendent souvent de cet habitat là pour vivre.

Donc, ces gens-là, ces communautés, c'est assez particulier. Donc, c'est vraiment disproportionné, donc inéquitable à tous les niveaux, de par leur situation géographique.

Si on parle là, si on regarde plus dans les régions en zones urbaines, là aussi il y a des communautés qui vont être exposées à de la pollution plus que d'autre, de par leur situation géographique. Par exemple, près d'une route ou ça peut être près d'un incinérateur, près de différentes usines. Donc, il y a différentes raisons qu’on pourrait se retrouver dans une situation où on est exposé plus que les autres. Des fois, c'est intentionnel du sens que… Est-ce que ce serait intentionnel? Des fois, ça peut être intentionnel de la part de la personne, mais je veux pas… Je dis pas ça pour critiquer la personne, mais on peut vouloir habiter dans un quartier qui se trouve près d'une autoroute, par exemple. Et, ça peut être pour des raisons économiques, des deux sens aussi. On peut avoir des beaux condos, en bordure, de beaux condos luxueux en bordure d’une autoroute. On va aller s'installer là où ça peut être des quartiers plus pauvres où là, c'est pas intentionnel. Dans ce cas, on est forcé. Certaines personnes peuvent être forcées, à indirectement forcés ou ils sont limités dans leurs choix de lieux de vie.

Anita : Oui

Mathieu :  Et vont se retrouver dans des situations, dans des régions, où la qualité de l'air est piètre pour différentes raisons. Donc, tu as des iniquités, je dirais, économiques, des iniquités sociales. Certaines communautés, aussi, vont juste…

Il peut avoir des quartiers où il y a une concentration de certaines nationalités qui, historiquement, se sont installées à un certain endroit, puis se concentrent là maintenant. Puis, si cette région est à la confluence de plusieurs sources de pollution, mais malheureusement cette communauté va être plus exposée que la moyenne. Donc, c'est d’essayer de trouver… C'est pas évident. C'est multifactoriel en termes de raison pourquoi une communauté serait plus exposée que d'autre.  Si la communauté n'est pas plus à risque, au point de vue biologique…

Anita :  Qu'est-ce que voulez dire?

Mathieu : Dans le sens que, ça revient un peu à qu'est-ce que je disais tantôt pour les écoles et les résidences pour personnes âgées. Si une population est plus pauvre ou plus âgée, pour différentes raisons est plus à risque d'une exposition à la pollution de l'air. Mais, cette population-là se retrouve dans une région plus polluée. C'est comme un double.

Anita : Oui.

Mathieu : Il y a deux facteurs qui vont se combiner pour augmenter encore plus le risque pour cette population-là, donc il faut vraiment essayer d'éviter ça. Donc, pour des enfants, essayer de mettre les écoles loin des routes serait une manière assez simple de réduire ce risque-là. Et, les personnes des résidences pour personnes âgées, ça peut être un peu la même chose. Essayons de les éloigner des sources de pollutions, le plus possible. Juste pour pouvoir éviter ce risque-là. Comme ça, c'est équitable.

C'est un peu plus équitable pour l'ensemble de la population, mais ces recherches en terme d'équité environnementale sont à leurs balbutiements. Maintenant, c'est d’un grand intérêt, surtout avec le renouvellement de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement qui veut donner le droit à un environnement propre à tout le monde, un environnement sain à tout le monde. Donc, on commence à étu1dier ça à travers différents groupes du gouvernement. Donc, pas juste Santé Canada, mais Environnement Canada aussi, Statistique Canada.

Donc, on rentre dans le monde de la santé, donc niveau des données sanitaires. On a des données démographiques, économiques. C'est très compliqué et faut vraiment développer des nouvelles méthodes quasiment pour analyser ces questions-là parce que si on arrive là une idée préconçue, on va peut-être trouver une réponse à la mauvaise question. Ou on va poser la même mauvaise question, trouver une réponse qui va être insatisfaisante.

Donc, c'est très compliqué, mais l'objectif, c'est ça, c'est que personne soit exposé de manière disproportionnée à un polluant plus que d'autres. Pour des raisons, surtout des raisons, où on aurait une certaine discrimination. Ça faut essayer d'éliminer tout ça.

Anita : Donc, la bonne qualité de l'air est un droit?

Mathieu : Oui, exactement! Exactement.

Anita : Ou devrait l’être.

Mathieu : Et, personne devrait être forcé à habiter dans une région plus polluée pour des contraintes économiques, par exemple. Ça devrait pas être une contrainte! Tout le monde devrait avoir le droit de…

Anita :  Qu'est-ce que… On en a parlé un petit peu, mais que fait le gouvernement canadien, justement, pour aider la situation, à la situation, à la problématique, pour contrer le problème?

Mathieu : Le gouvernement… Canada en fait quand même beaucoup sur plusieurs fronts, je dirais. Puis là, je vais parler du gouvernement fédéral, mais je dirais les gouvernements provinciaux, territoriaux, même municipaux ont aussi des initiatives parallèles ou complémentaires. Donc là, je vais rien que me concentrer, si on veut, sur l'aspect fédéral.

De un, il y a des règlements. Je vais les énumérer et je vais y revenir plus tard. Il y a les règlements. Il y a juste la recherche. Il y a la collecte de données aussi qui est un peu différente de la recherche. Il y a la communication, donc communiquer au public les risques, puis le développement d'outils, aussi pour aider les gens à prendre une meilleure décision. Une décision plus éclairée versus leur exposition à la pollution de l'air. Donc, pour les règlements, donc au Canada, il y a pas de mal des règlements qui touchent à tous les secteurs économiques. Tous les types d'industries vont être réglementés d'une certaine manière par un règlement fédéral. Puis, on est quand même parmi… Si on n'est pas les leaders mondiaux, on est quand même bien placé, au terme de, au point de vue de cette réglementation là et autant pour les polluants de l'air que pour des gaz à effets de serre.

Donc, maintenant l’emphase est beaucoup sur les gaz à effets de serre, donc pour gérer les changements climatiques. Mais, cette réglementation de la pollution là touche tous les polluants. Et là, on est dans une situation où on doit développer des règlements encore plus contraignants pour… Parce qu'on est rendu à un certain niveau. La qualité de l'air est bonne, mais pour se rendre, pour l'améliorer encore plus, il faut mettre peut-être plus d'efforts maintenant pour…

Anita : Et, j'imagine la collaboration comme à l'international…

Stéphanie : J’allais le dire, ouais.

Anita : Comme qu'on a dit ça a pas de frontière. Donc, j'imagine, si on fait des recherches et on met des choses en place juste chez nous, ben, est-ce que c'est vraiment le grand impact ou il faut vraiment travailler là ensemble?

Stéphanie : C’est un partage de données, de collectes.

Anita : Ouais.

Mathieu : Il y a un certain, aussi, un alignement qui est important aussi pour des aspects, je dirais, purement économiques. Il y a un alignement ici, au Canada, on doit s'aligner et on veut s’aligner avec les États-Unis, d'une certaine manière. Si… C'est pas mon domaine, mais juste du point de vue économique et compétitif, pour les industries. Mais, si les règlements sont beaucoup plus contraignants au Canada qu'ailleurs, que chez nos voisins. On est dans une drôle de situation. Les coûts… Parce qu’il faut bien comprendre que réduire la pollution de l'air a un coût, quand même. Il y a des bénéfices incroyables…

Anita : Ouais

Mathieu : Mais le coût est quand même réel pour les…

Anita : Ouais. J'imagine les maladies qui sont liées à ça ont également des grands coûts

Mathieu : Oui, oui! C'est ça, oui. Exactement! Il y a un coût sanitaire. Il y a un coût économique pour je dirais pour le marché. Il y a un coût. Il y a des coûts sanitaires pour la société. Effectivement, oui. Donc, si on parle… On parle pas juste des coûts, je dirais, pour le système de la santé. Donc, qu'est-ce que ça coûte pour traiter les gens? Mais aussi juste… Donc, cette volonté des gens de vouloir réduire leurs risques.

Donc, les gens sont prêts à payer, souvent à payer des vacances pour aller en campagne pour cet air pur, là. On est prêt. Beaucoup de gens sont prêts à dépenser pour une meilleure qualité de l'air, donc et une meilleure santé donc c'est des choses qu'il faut équilibrer entre tout. Donc, les règlements, c'est important. Il faut s'aligner avec les autres, bien entendu. Aussi, le Canada… Je vais rien que continuer.

Le Canada aussi a beaucoup de recherches. Comme nous, dans notre bureau, on a on a une équipe qui… On a une section plutôt qui fait beaucoup de recherche en exposition de la population aux polluants. Donc, eux, c’est vraiment spécialisé. Ils vont sur le terrain, prennent des mesures, prennent des échantillons. Et, leur objectif est vraiment d'estimer à quoi sommes-nous exposés, dans différentes régions du Canada. On a une section aussi qui travaille, donc à développer des standards pour des normes de pollution de l'air. Donc, on veut tenter de trouver le niveau optimal de gestion là où le compromis, entre activité économique et santé du public, est atteint. On veut trouver cet équilibre-là.

On veut tenter de protéger tout le monde et surtout les populations plus sensibles ou vulnérables. Donc, c'est pris en considération dans nos analyses et là, on va essayer de développer, donc nos normes, pour que ce soit de plus en plus contraignantes. Et, il y a notre section, par exemple aussi, qui… Nous, notre but, c'est de déterminer quel est l'impact d'un certain secteur sur la pollution de l'air et la santé humaine. Donc, en faisant ces études comparatives là, on peut dire, comme… On peut indiquer que certains secteurs sont plus préoccupants. Peut-être qu'ils mériteraient une petite réglementation plus…

Anita : Plus sévères, plus d’incitatifs.

Mathieu : Donc, c'est ça. Mais, il faut quand même des données pour appuyer ces recommandations-là. Nous, on n'est pas nécessairement, celui qui va réglementer, ceux qui vont réglementer, mais ensemble, on peut accumuler les données pour finalement dire, là on est rendu là. Là il faut, il faudrait, idéalement contrôler tel polluant, de tel secteur ou trouver des manières de l'atténuer.

Anita : Est-ce que vous êtes encouragé ou vous êtes impatient qu’il y a d'autres choses qui soient faites? Peut-être un peu des deux?

Mathieu : Je suis patient, je dirais. Je pense que plus qu'on rentre dans le domaine de la pollution de l'air, plus qu'on regarde les différents secteurs, plus qu'on s'aperçoit à quel point c'est complexe. Et c'est vraiment un immense paquebot-là. Plus ça bouge, on peut pas tourner rapidement.

Anita : Ouais

Mathieu : Puis, il faut prendre en considération les mouvements internationaux. C'est le Canada évolue pas en vase clos, mais pour les polluants typiques, c'est vraiment… Si on réglemente localement ou nationalement, les bénéfices sont ressentis à l'échelle nationale, aussi.

Pour les gaz à effets de serre, si on réglemente, les bénéfices sont ressentis globalement. Donc, le bénéfice, c'est pas direct, c'est nos actions qui peuvent être compromises par l'inaction d'un autre pays. Donc, c'est vraiment complexe.

Globalement, nationalement, il faut travailler ensemble. Il faut trouver des solutions gagnantes-gagnantes, mais il faut toujours avancer, des petits pas. Je préfère les petits pas versus les grosses actions…

Anita : Ou inactions.

Mathieu : …qui vont peut-être trop perturbées, qui peuvent perturber d'autres choses, avoir des effets, des effets non…

Anita : Les gens peuvent s'informer à propos de la situation. Mais, est-ce qu'il y a d'autres choses que les gens peuvent faire pour pas se sentir un peu impuissant? Je veux dire, c'est un grand problème. On l'apprend, ça a des grands impacts. On peut penser au véhicules zéro émission, mais est-ce qu'il y a d'autres choses que les gens peuvent faire pour se sentir actifs dans, justement, ce mouvement là pour améliorer la qualité de l'air?

Stéphanie : Les petites habitudes de vie, des fois.

Mathieu : Ouais, c’est ça. On revient. On revient aux habitudes de vie, aux habitudes de consommation. Je veux pas faire la morale à une personne non plus, ici. Je fais rien qu’essayer d'énumérer des choses, mais il y a des choses très de base, comme juste nos déplacements quotidiens.

Anita : Ouais.

Mathieu : Si au lieu de prendre la voiture pour faire une course, tu prends ta voiture pour faire trois courses en même temps. Juste de mieux planifier les déplacements, déjà là, c'est un petit gain, mais si on accumule ces gains-là chaque jour, c'est quand même bien. Le plus de développement actif possible, donc si on peut se déplacer à vélo, si on peut marcher pour aller à l'épicerie, même si c'est une longue marche, peut-être de temps en temps, pas besoin de le faire chaque jour. Je dis pas de traîner… Comme des fois, j'ambitionne puis je vais à l’épicerie à pieds, puis je reviens avec 50 livres de matériels, je suis brûlé. Mais, je pense pas que tout le monde voudrait faire ça.

Stéphanie : Mais, des fois, ça aide sur la facture. On se dit : ok on va aller à l'épicerie à pied. Ça incite peut-être à prendre moins…

Anita : À prendre moins de choses.

Stéphanie : Nous fier à notre liste.

Mathieu : Ouais, ouais! Il y a certains magasins que j'irais pas. C'est ça… Ça, ça peut être des choses de base. Juste notre… Ça dépasse mon domaine, mais juste nos habitudes de consommation.

Stéphanie : Ouais

Mathieu : Je dis «nous» parce qu’on est pas mal tous coupables à un certain point. On aime consommer. Mais c'est ça… C'est comment réduire ça de manière graduelle?  Si je pense à mes enfants, moi, j'essaie de leur… Je leur force à se déplacer à pied, à vélo, plus qu'ils voudraient, là.

Stéphanie : Ouais!

Mathieu : S’ils veulent aller au parc, s’ils veulent aller à certains endroits avec leurs amis, leurs amis vont en voiture avec leurs parents, mais moi, souvent, ça va être : « Non, tu prends ton vélo, habitues-toi!»

Anita : Ouais! Donc, des petits changements et aussi d'être un peu plus conscient qu'on est tous là-dedans, ensemble.

Mathieu : Exact! Ça, c'est l'aspect comme quel genre… Qu'est-ce que la contribution de chacun aux émissions et à la pollution? Mais, si on tourne… Si on regarde d'un autre point de vue, juste l’aspect, comment puis-je…

On peut se protéger contre la pollution, mais tantôt, on a parlé de faire des déplacements dans des endroits isolés des routes, par exemple, des endroits moins pollués. Il y a aussi, on peut aussi s'informer avant de sortir. Ça, il y a la côte air santé du gouvernement du Canada qui est une échelle de risque de 1 à 10 plus.

Anita : On trouve ça où?

Mathieu : On trouve ça en ligne. Souvent, c'est sur les mêmes sites que les sites de météo.

Stéphanie : Météo Média.

Mathieu : Je vais dire Météo Média ou Environnement Canada. Il va y avoir des onglets de la côte air santé ou en anglais c'est « AQHI ». Donc, c'est habituellement accessible via ces sites de météo, là. Sinon, directement sur le site, je pense que si vous tapez «côte air santé» dans le moteur de recherche, vous allez tomber sur ça.

Là, on retrouve  une échelle de 1 à 10 plus et c'est généralement la qualité de l'air actuelle. Donc, si vous planifiez une sortie de vélo et vous êtes pas certain de la qualité de l'air, mais allez faire un petit tour sur ce site-là. Vous visitez votre région, là ça pourra dire, l'indice la qualité de l'air est à 3. C'est bien, puis il va y avoir des recommandations. Puis à 3, ça pourrait être, par exemple, pas besoin de modifier vos habitudes. Des choses comme ça.

Si la côte est rendue à 7, ça va peut-être être écrit : «Si vous pouvez, remettez vos activités à une autre journée.»  Puis si c'est 10 plus, ben ça, c'est habituellement, au Canada, c'est habituellement des cas de feux de forêts. Des choses comme ça. Donc, c'est un cas où c'est évident et, dans ce cas, il va y avoir des recommandations peut-être plus importantes de genre, éviter de sortir, si possible ou réduisez vos activités le plus possible. Restez à l'intérieur, fermez vos fenêtres.

Donc, c'est vraiment pour réduire l'exposition à la pollution qui est là, qui est souvent inévitable. On peut l'atténuer. On peut pas complètement…

Stéphanie : L’éliminer!

Anita :  On en vient à la fin de notre entretien. Déjà, on a fait un beau survol de la question, mais j'aimerais savoir pour vous, quel est l'espoir pour le futur? Est-ce que vous avez un espoir en tête? Parce que vous avez deux enfants, donc j'imagine, vous y pensez comme tout parent. Quel est votre espoir pour le futur? En ce qui concerne la qualité de l'air?

Mathieu : Ben… Je suis optimiste d’une certaine manière.

Anita : On aime ça entendre ça !

Mathieu : Ouais, c’est ça. Il y a quand même beaucoup de règlements, qui présentement, sont en développement ou ont été proposés et qui vont avoir un effet, surtout sur les gazes à effets de serre. Mais, indirectement aussi, donc il y a des courts bénéfices sur les autres polluants. Donc, je  suis encouragé à ce point de vue- là. Les véhicules électriques ont des avantages, oui.

Je pense qu'il y a une conscience sociale, aussi. Je pense que la pollution de l'air est un sujet beaucoup plus commun, ces temps-ci. Je me souviens pas quand j'étais jeune d'avoir parlé de pollution de l'air. Donc, je pense qu'il y a cette conscientisation-là. Je crois aussi que la majorité des enfants sont sensibles, quand même à ces idées-là, qu’ils savent c'est quoi les changement climatiques. Nous entendre, peut-être parler… Ben moi, c'est différent parce que je travaille dans ce domaine-là, mais je pense que c'est un sujet, c'est ça, plus commun.

Les règlements sont en développement ou même les règlements existants sont quand même assez biens. Au Canada, on est, on est chanceux d'une certaine manière. On a notre population. Elle est pas trop élevé. Le pays est grand, mais aussi les règlements sont bien adaptés, mais les changements climatiques, ça, c'est une autre question. Ça, c'est avec les valeurs qu'on vient d'avoir, je sais que c'est une exception, là mais quand même. C'est ça, je suis neutre. Oui, je suis neutre pour différentes raisons, mais ouais.

Anita : Mais d’entendre de l'optimisme, c'est bien quand même.

Stéphanie : Ou de l'espoir !

Mathieu : Ouais, je ne suis pas découragé. Je ne perds pas de sommeil, encore, pour la pollution de l'air, mais il y a encore beaucoup à faire. Je dirais, le défi, c'est que plus qu'on étudie la pollution de l'air, et plus que nos données se raffinent, plus qu'on s'aperçoit que même à des niveaux minimes, la pollution de l'air a des effets.

Puis là, les nouvelles données, les nouvelles études démontrent des effets beaucoup plus vagues, genre la gamme d'effets ne fait que s'agrandir. C'est bon pour la science. C'est peut-être moins bon pour le moral. Et ça, sans être préoccupant,  c'est juste qu'on on sait beaucoup plus de choses maintenant.

Donc, on a pas de raison de ne pas agir. C'est plus ça qui, c'est ça, ça devient de l'optimisme indirect. Là, nous le savons, faisons quelque chose. Le statut quo n'est peut-être pas la bonne solution.

Stéphanie : N’a plus sa place. Ouais !

Anita : Merci beaucoup pour votre temps !

Mathieu : Merci à vous !

Anita : Merci pour votre travail et votre expertise ! On a vraiment apprécié la conversation. Merci.

Mathieu : Pareillement, merci !

Anita : Merci d'avoir écouté Canadiens en santé.
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