Le Plan de réduction des émissions du Canada pour 2030 - Annexe 2

Assemblée des Premières Nations (APN)

L'APN apprécie l'occasion de fournir une annexe au Plan de réduction des émissions (PRÉ), mais le temps pour le faire a été insuffisant. En préparation des futurs PRÉ, nous suggérons de nous appuyer sur le Guide des pratiques exemplaires pour les ministères fédéraux travaillant avec les Premières Nations sur les changements climatiques (2020), élaboré par le Comité mixte sur l'action climatique (CMAC), pour faire en sorte que le processus favorise la participation pleine et efficace des Premières Nations. Pour être clair, cette annexe ne préjuge pas de la contribution future des Premières Nations et ne vise pas à représenter les perspectives des détenteurs de droits et de titres. 

1. Introduction

Les preuves sont claires : nous sommes confrontés à une crise conjointe du climat et de la biodiversité. Selon les données scientifiques les plus récentes, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat prévoit qu'il nous reste moins de dix ans pour éviter de nous enfermer dans un avenir où nos enfants seront confrontés aux conséquences d'un changement climatique catastrophique. Le rapport des Nations unies sur le déficit d'émissions (2021) prévoit que nous pourrions atteindre une augmentation de la température annuelle mondiale de 2,7 degrés d'ici 2100, à moins que nous ne prenions des mesures transformatrices pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030 et atteindre la carboneutralité d'ici 2050 afin de maintenir le réchauffement sous 1,5 degré. Ces statistiques correspondent aux observations que les gardiens du savoir des Premières Nations partagent depuis des décennies.

Au Canada, la situation est urgente. Des tendances irréversibles au réchauffement ont maintenant été confirmées par le rapport Le Canada dans un climat en évolution (2019), identifiant que le climat du Canada s'est réchauffé de 2,3 °C depuis 1948 et qu'il se réchauffera davantage, en moyenne, à environ le double de l'ampleur du réchauffement mondialNote de bas de page 1. Cela n'est pas surprenant, car les gardiens du savoir des Premières Nations ont élevé la voix, partageant des informations sur les changements qu'ils observent : des changements dans la migration des espèces, la météo et les impacts irréversibles sur les terres. Ces observations sont officiellement consignées alors qu'un nombre croissant de Premières Nations ajoutent leur voix à l'appel en faveur d'une décarbonisation rapide pour atteindre l'objectif de l'accord de Paris. C'est le cas de la Première Nation Vuntut Gwitch'in (PNVG), à Old Crow, au Yukon. Leur déclaration, intitulée « Yeendoo Diinehdoo Ji' heezrit Nits'oo Ts' o' Nan He' aa », qui se traduit par « Après notre temps, comment sera le monde ? », a permis aux Chefs-en-assemblée de déclarer une urgence climatique nationale en 2019Note de bas de page 2.

En juillet 2019, les Chefs-en-assemblée ont déclaré une urgence climatique des Premières Nations, reconnaissant que « ... le changement climatique constitue un état d'urgence pour nos terres, nos eaux, nos animaux et nos peuples. »  La résolution énonçait certaines mesures immédiates pour que l'APN planifie un Rassemblement national sur le climat et élabore une Stratégie nationale sur le climat. Elle demandait que la stratégie mette l'accent sur une action climatique urgente et transformatrice qui réduise les émissions au Canada de 60 % par rapport aux niveaux de 2010 d'ici 2030 et atteigne la carboneutralité d'ici 2050, tout en s'attaquant simultanément aux inégalités de revenus au sein des Premières Nations dans le cadre de la mobilisation pour une transition juste. Compte tenu de ce mandat clair, les Premières Nations ont été heureuses de constater que le discours du Trône fait référence aux peuples autochtones et à la crise climatique. En décembre 2020, un nouveau plan climatique a été publié, Un environnement sain et une économie saine, s'engageant à « ... positionner le leadership climatique autochtone comme pierre angulaire du plan climatique renforcé du Canada » Ce faisant, le plan reconnaissait que « ... appuyer l’autodétermination en matière d’action climatique est crucial pour la réconciliation du Canada et des peuples autochtones » (p. 75) Peu après, le Canada a publié un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre : 40 à 45 % d'ici 2030.

C'est en reconnaissant que le Canada doit faire sa part pour aborder les crises conjointes de la perte de biodiversité et des changements climatiquesNote de bas de page 3 que nous partageons notre soumission, avec des recommandations regroupées comme réponses aux questions identifiées par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Pour commencer, nous présentons l'Approche des Premières Nations concernant le climat, nous explorons ses implications pour la carboneutralité et l'objectif d'émissions de 2030, puis nous passons à des recommandations concrètes pour améliorer les considérations des Premières Nations dans le PRÉ.

2. Une Approche des Premières Nations concernant le climat

Les Premières Nations sont confrontées à des risques climatiques uniques en raison de la manière dont le colonialisme, associé au capitalisme, a façonné notre lieu de vie, nos conditions socio-économiques et la manière dont nous entretenons nos relations avec la Terre Mère. Ces expériences et ces interconnexions ne peuvent être négligées lorsque l'on envisage des solutions liées au climat pour (ou par) les Premières Nations. Afin de mieux comprendre cette réalité et de faire progresser les solutions des Premières Nations en matière de climat, l'APN a élaboré le concept d'Approche des Premières Nations concernant le climat (figure 1).

Figure 1 – Approche des Premières Nations concernant le climat (en anglais seulement)

Approche des Premières Nations concernant le climat (voir description longue)
Description longue

Une Approche des Premières Nations concernant le climat :

  • Cercle 1 : Contexte – l'écosystème législatif, juridique et stratégique
  • Cercle 2 : Impacts – la situation écue par les Premières Nations
  • Cercle 3 : Action – une vision du monde des Premières Nations

Cette Approche vise à remettre en question les conceptions conventionnelles selon lesquelles les Premières Nations sont des populations « vulnérables » et des « bénéficiaires passifs » des impacts climatiques. En effet, nos liens uniques avec la terre, l'eau, l'air et les êtres non humains nous ont permis de vivre de manière réciproque et en équilibre avec l'ensemble de la Création. Le lien culturel, spirituel et social avec la terre peut accroître l'exposition et la sensibilité des Premières Nations aux impacts des changements climatiques, mais il constitue également une source unique de force, de compréhension et de résilience. L'Approche des Premières Nations concernant le climat est basée sur un alignement de trois sphères d'activité concentriques pour aider à mettre en évidence les relations entre les impacts climatiques des Premières Nations, leur action climatique et le contexte climatique plus largeNote de bas de page 4. Il souligne le fait que les Premières Nations sont des leaders en matière de climat et, en tant que tels, sont des moteurs actifs du changement positif.

2.1 Application de l'Approche des Premières Nations concernant le climat à la carboneutralité

Le concept d'Approche des Premières Nations concernant le climat a des applications procédurales, conceptuelles et substantielles importantes pour la compréhension et la mise en œuvre des engagements carboneutres, y compris le rôle de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. Cela implique trois considérations interdépendantes.

Premièrement, l'engagement envers l'objectif carboneutre ne doit pas être interprété comme un objectif final, où l'on se concentre uniquement sur l'atteinte d'un point où « ...les émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l'atmosphère sont équilibrées par les absorptions anthropiques de gaz à effet de serre dans l'atmosphère sur une période donnée »Note de bas de page 5. Au lieu de cela, la carboneutralité doit être conceptualisée comme un processus menant à un avenir juste, équitable et résilient pour nos générations futures, fondé sur le droit à l'autodétermination des Premières Nations. Le plan fédéral sur le climat reconnaît cette perspective, en s'engageant à « appuyer l’autodétermination en matière d’action climatique est crucial pour la réconciliation du Canada et des peuples autochtones » (p. 75). Pour ce faire, le processus pour arriver à un avenir juste, équitable et résilient doit être ancré dans le leadership et la direction des Premières Nations (voir les commentaires spécifiques dans la section 3).

Deuxièmement, l'approche des Premières Nations permettra d'affronter la dichotomie conventionnelle « atténuation-adaptation » - la séparation entre les discussions sur les mesures d'atténuation ou d'adaptation - qui sévit dans les perspectives fédérales sur le climat. Cela est souligné par l'absence de références à l'adaptation dans la Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralitéNote de bas de page 6. Comme le souligne notre objectif climatique, les impacts des changements climatiques sont indissociables des réalités vécues par les Premières Nations, que ce soit en raison des changements climatiques ou de l'héritage permanent du colonialisme. Pour cette raison, la dichotomie conventionnelle atténuation-adaptation tient rarement compte de la nature complexe et multidimensionnelle des solutions climatiques des Premières Nations - comme le retour à la terre, l'accent sur la souveraineté alimentaire, les systèmes d'alimentation générés localement et la revitalisation de la langue. Étant donné les interconnexions entre les secteurs et les systèmes dont dépendent les Premières Nations (par exemple, la santé, l'alimentation, l'énergie, le transport, etc.), cette fausse dichotomie doit être remise en question pour permettre la reconnaissance de solutions holistiques, intégrées et basées sur les systèmes qui doivent répondre à la menace existentielle que représente les changements climatiques.

Et troisièmement, il est nécessaire d'avoir un nouveau récit qui ne repose pas sur des solutions technologiques et des approches basées sur le marché qui supposent une continuation des systèmes structurellement inéquitables et racistes qui nous ont menés à cette crise environnementale croissante. Au lieu d'intégrer un modèle d'ajustement dans lequel la production canadienne de pétrole et de gaz augmente et est compensée par une dépendance excessive à l'égard de technologies qui ne sont en fait pas viables sur le plan commercialNote de bas de page 7, l'approche offre l'occasion de déplacer notre attention vers l'interrelation entre les trois C - carbone, colonialisme et capitalisme - en centrant une approche ancrée dans les relations qui valorisent le lien entre les gens et la terre, et leur réciprocité mutuelle. Cette approche vise à permettre une remise à zéro des systèmes et des structures qui semblent nous piéger dans un cycle improductif, tout en faisant progresser l'autodétermination des Premières Nations afin qu'elles reprennent la place qui leur revient en tant que nations.

En appliquant ces considérations à l'objectif d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050, nous espérons déployer l'Approche des Premières Nations concernant le climat afin de susciter un dialogue plus progressif et innovant sur l'action climatique, un dialogue qui évite de tomber dans les récits ratés sur l'équilibre entre économie et environnement, ou les solutions technologiques rapides, et qui adopte une approche ancrée dans les modes de connaissance autochtones et le leadership climatique des Premières Nations.

2.2 Application de l'Approche des Premières Nations concernant le climat au Plan de réduction des émissions de 2030

Dans le contexte de ce premier PRÉ, l'approche des Premières Nations concernant le climat apporte un éclairage utile sur le processus et la portée des futurs plans de réduction des émissions. Ces idées pourraient contribuer à amplifier le leadership climatique des Premières Nations et le développement de solutions qui abordent à la fois la décarbonisation et la décolonisation.

Premièrement, bien qu'il existe maintenant une exigence législative pour la prise en compte du Savoir autochtone dans l'établissement des objectifs d'émissions, ce bref processus n'offre que peu d'occasions d'examiner ce que cela signifierait concrètement. Par exemple, sur la base d'une compréhension ancrée dans les systèmes de connaissances des Premières Nations selon laquelle nous ne faisons qu'un avec la terre et l'eau - plutôt que des unités compartimentées séparées de la nature - toutes les discussions devraient être centrées sur les relations réciproques qui incarnent notre écosystème mondial. Une telle approche reconnaît que les systèmes de connaissances des Premières Nations, bien qu'ils soient uniques à chaque Première Nation, problématisent les facteurs de la crise climatique différemment des systèmes traditionnels. En d'autres termes, une application plus significative de l'Approche des Premières Nations concernant le climat commencerait par l'établissement d'une compréhension commune des causes de la crise climatique et, sur la base de cette compréhension commune, la détermination d'actions appropriées à partir de ce point de départ. Cette conversation plus approfondie fait défaut dans le processus actuel et peut être préjudiciable aux futurs plans de réduction des émissions, par exemple en enfermant les systèmes de connaissances des Premières Nations dans une dépendance ontologique qui les oblige à « s'adapter » aux systèmes de connaissances dominants axés sur la technologie et les marchés. Nous cherchons à élargir ce processus pour qu'il soit plus inclusif dans sa prise en compte des systèmes de Savoir autochtone. 

Deuxièmement, ce PRÉ doit prendre au sérieux l'engagement du gouvernement à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Déclaration des Nations Unies). Ainsi, les solutions proposées pour les secteurs spécifiques de réduction des émissions (c'est-à-dire l'environnement bâti, l'électricité, l'industrie, le pétrole et le gaz, le transport, la foresterie, et l'agriculture et les déchets) ne peuvent être séparées de la mise en œuvre requise des normes minimales contenues dans la Déclaration de l'ONU. Par exemple, comme nous l'avons souligné plus haut, une dépendance excessive à l'égard du développement de solutions technologiques et commerciales, sans une étude critique des interactions inéquitables et structurellement racistes de ces solutions avec les réalités vécues par les Premières Nations, ne fera que nuire davantage aux Premières Nations et pourrait contribuer à ce qui a été décrit comme une nouvelle forme de colonialisme « climatique »Note de bas de page 8. Ce problème est particulièrement aigu dans le contexte de la foresterie, de l'agriculture et d'autres solutions fondées sur la nature, où les discussions ont largement négligé la présence de la juridiction, des droits et des systèmes juridiques des Premières Nations. Les solutions pour ces secteurs ne peuvent ignorer leur rôle dans l'avancement de la décolonisation.

Enfin, les décisions prises sur le processus et la portée du PRÉ actuel, pour le meilleur ou pour le pire, influenceront les discussions futures sur la réduction des émissions. À cette fin, « bien faire les choses » ici pourrait aider à soutenir l'inclusion de la pensée et du leadership des Premières Nations dans l'avenir. De cette façon, par exemple, le PRÉ pourrait internaliser les principes de la pensée de la Septième GénérationNote de bas de page 9 pour guider la préparation de ce PRÉ et la création d'un espace approprié pour assurer des discussions futures et continues qui informent le mécanisme de responsabilité. Un modèle de prise de décision de la Septième Génération exige une réflexion critique complète sur l'équilibre entre les avantages actuels et ceux des générations futures. Ensemble, nous devons veiller à ce que ces générations futures (y compris les plantes, les animaux, les remèdes, etc.) bénéficient de tous les avantages et cadeaux de la Terre Mère - tels que l'eau propre, un approvisionnement alimentaire stable et un environnement vivable - afin qu'elles puissent elles aussi vivre une vie riche et significative. Toutes les activités proposées dans les secteurs spécifiques de la réduction des émissions doivent être examinées sous cet angle, en particulier celles qui sont fondées sur l'extraction de ressources supplémentaires.

3. Réponse aux questions directrices

Ces applications de l'Approche Premières Nations concernant le climat mettent en évidence les problèmes et les conversations nécessaires pour renforcer les solutions climatiques des Premières Nations et soutenir le recadrage de la conversation climatique vers des changements plus transformatifs et systémiques. Ci-dessous, nous avons esquissé des réponses préliminaires aux deux questions directrices (voir les sections 3.1 et 3.2), mais nous insistons sur le fait que des conversations significatives directement avec les détenteurs de droits et de titres des Premières Nations doivent être à la base de l'élaboration et des réponses ultérieures.

3.1 Comment le premier PRÉ du Canada peut-il tenir compte des circonstances, de l'ambition et du leadership uniques des Premières Nations en matière d'atténuation des changements climatiques ?

Cette question ne tient pas compte du rôle essentiel que jouent les compétences, les droits et les systèmes juridiques des Premières Nations dans l'atténuation des changements climatiques. Pour être clair, la source de la compétence des Premières Nations est indépendante du Canada, elle découle du Créateur, qui nous a placés sur l'île de la Tortue - c'est une compétence inhérente. En étant ainsi, nous avons reçu des instructions sur la façon d'interagir et de prendre des décisions qui respectent nos obligations d'intendance et de responsabilité pour toutes nos eaux et nos terres. Le PRÉ doit refléter et honorer cette compétence, ainsi que le devoir du droit à l'autodétermination dans la structuration de la gouvernance et de la responsabilité climatique au Canada. En pratique, cela signifie que la juridiction, les droits et les systèmes juridiques des Premières Nations ne peuvent être sapés par des interprétations coloniales. Au contraire, les Premières Nations doivent d'abord interpréter et décrire leurs droits inhérents, ancrés dans le droit autochtone, les traditions juridiques autochtones et le droit coutumier. Ces ordres juridiques, qui jettent les bases des concepts d'autodétermination et de souveraineté des Premières Nations, sont essentiels pour entamer de véritables dialogues « de nation à nation » et exprimer le respect de nos droits et de nos titres. Une approche de la responsabilité climatique basée sur les droits et les responsabilités est essentielle pour soutenir le leadership climatique des Premières Nations, reconnaissant que la décarbonisation n'est pas un exercice a-politique, ni exclusivement technocratique.

Le PRÉ doit intégrer la reconnaissance du fait que les Premières Nations sont confrontées à des vulnérabilités uniques en raison de l'héritage historique et continu de la colonisation. Ces pratiques exigent que les plans climatiques prennent en compte les impacts intersectionnels et divers auxquels sont confrontées les Premières Nations lorsqu'elles envisagent des solutions climatiquesNote de bas de page 10. Un encadrement de la « justice climatique » autochtoneNote de bas de page 11, bien qu'il ne soit pas prévu dans cette loi, pourrait influencer la façon dont toutes les politiques sectorielles sont analysées avant leur publication.  En Aotearoa Nouvelle-Zélande, une législation similaire exige de leur ministre qu'il inclue une stratégie pour reconnaître et atténuer les impacts de la réduction des émissions sur les peuples indigènes et pour assurer leur consultation adéquate. Elle demande également au ministre et à la Commission sur le changement climatique de tenir compte de « la répartition des [impacts des actions visant à atteindre le budget d'émissions et l'objectif 2050] entre les régions et les communautés de Nouvelle-Zélande, et d'une génération à l'autre » lorsqu'ils examinent la manière dont le budget d'émissions et l'objectif 2050 peuvent être atteints de manière réaliste. Ce processus tenterait d'éviter de manière préventive le potentiel de préjudice disproportionné et intersectionnel auquel sont confrontées les Premières Nations.

Enfin, la responsabilité sacrée des Premières Nations à l'égard de la planète guide la façon dont nous interagissons avec la Terre Mère, la protégeons et la respectons. Bien que les « connaissances scientifiques » et les « systèmes de savoirs autochtones » soient deux formes distinctes de connaissances et que l'une ne doive pas être utilisée pour valider l'autre, il existe des cadres de collaboration, tels que « la double-vue» et « l'espace éthique », qui pourraient être utilisés pour rendre opérationnel le tressage de divers systèmes de connaissances pour notre bénéfice collectif et futur. Bien qu'il y ait un engagement législatif, il n'est pas clair comment il est reflété ou apprécié dans la formulation de la question actuelle, et les délais serrés.

Recommandations

  1. Examiner toutes les activités de réduction des émissions sectorielles proposées dans l'Approche  des Premières Nations concernant le climat, en tenant compte des normes minimales de la Déclaration des Nations Unies, des principes d'équité, de justice et de décolonisation, et de la pensée des Sept Générations.
  2. Veiller à ce que toutes les méthodes d'élimination des émissions envisagées - telles que les solutions fondées sur la nature et la capture, l'utilisation et le stockage du carbone - respectent le droit à l'autodétermination des Premières Nations, y compris la norme minimale du consentement libre, préalable et éclairéNote de bas de page 12.
  3. Reconnaître les limites inhérentes au processus actuel et créer un espace pour la participation directe des Premières Nations avec un financement équitable et durable, notamment en s'alignant sur l'exploration d'un programme de leadership climatique des Premières Nations.
  4. Élaborer des orientations opérationnelles claires pour le tressage des systèmes de connaissances des Premières Nations et des systèmes de connaissances traditionnels, afin d'éclairer la conceptualisation des facteurs de la crise climatique et des objectifs de réduction des émissions.
  5. Aligner tous les processus de PRÉ futurs sur les huit principes énoncés dans le Guide des pratiques exemplaires pour les ministères fédéraux travaillant avec les Premières Nations sur les changements climatiques.
3.2 Y a-t-il des plans, des politiques et des stratégies sur les changements climatiques dirigés par les Premières Nations qui, selon vous, devraient être pris en compte dans le PRÉ du Canada ?

Les Chefs-en-assemblée ont été clairs dans leurs attentes à l'égard de l'objectif actualisé de réduction des émissions du Canada en demandant : une action climatique urgente et transformatrice qui réduise les émissions au Canada de 60 % sous les niveaux de 2010 d'ici 2030, et d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. À ce titre, nous recommandons fortement ce qui suit :

  1. Mettre à jour l'objectif 2030 pour l'aligner sur la déclaration des Chefs-en-assemblée sur l'urgence climatique des Premières Nations.

Compte tenu des contraintes de temps, nous n'avons pas eu la capacité suffisante pour enquêter sur les plans, les politiques et les stratégies des Premières Nations en matière de changements climatiques, mais nous insistons sur le fait que cela doit être un élément central du plan pour la participation pleine et effective des Premières Nations à l'élaboration des futurs PRÉ. Cela dit, il est possible de tirer certaines leçons de la série de séances de dialogue simultanées tenues lors du premier Rassemblement national sur le climat de l'APN à Whitehorse (2020), résumées dans le rapport du RassemblementNote de bas de page 13.

Conclusion

L'ampleur de ce défi nécessitera une transformation de l'approche adoptée par le Canada et le monde pour faire face à la crise climatique. Les approches actuelles échouent, alors que les émissions et les inégalités augmentent de façon exponentielle. Nous avons formulé des recommandations pour répondre aux deux questions directrices, ainsi que des applications de l'Approche des Premières Nations concernant le climat à la carboneutralité et au Plan de réduction des émissions. Combinée, cette application de l'Approche des Premières Nations concernant le climat à la responsabilité climatique fédérale doit permettre des conversations plus significatives sur la façon dont les solutions des Premières Nations peuvent recadrer la conversation et conduire à un changement transformateur des systèmes.

Inuit Tapiriit Kanatami

Priorités et buts en matière de climat

Les Inuits se sont engagés à une action climatique conjointe en partenariat avec le gouvernement du Canada. Nous considérons les objectifs de réduction des émissions comme un élément clé de cette action. Il est difficile de donner son avis sur un plan sans avoir une ébauche à examiner ou des renseignements concrets sur ce que contiendra le plan, notamment l'approche, les mesures clés, les stratégies sectorielles et la façon dont les Inuits participeront à l'achèvement du plan. La prochaine étape appropriée est de nous transmettre un projet de plan aux fins d'examen et de commentaires.

Comme vous le savez, L'Inuit Tapiriit Kanatami a publié la Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques en 2019. Cette stratégie a été élaborée par le Comité national inuit sur le changement climatique, qui comprend des représentants des quatre organisations régionales de revendications territoriales. Elle détermine des mesures pour répondre aux besoins des Inuits en matière d'adaptation, d'atténuation et de renforcement de la résilience. Elle se concentre sur cinq secteurs prioritaires : connaissances et renforcement des capacités; santé, bien-être et environnement; systèmes alimentaires; infrastructures; énergie. Elle fournit un plan d'action sur la manière dont les gouvernements peuvent s'associer aux Inuits pour mieux gérer les risques que les changements climatiques font peser sur nos collectivités et notre mode de vie, ainsi que sur la manière d'aider les collectivités inuites à passer aux énergies renouvelables. Cette stratégie expose la vision, les priorités et les recommandations des Inuits en matière d'action climatique qui devraient être reflétées dans le plan de réduction des émissions (PRÉ).

Changements climatiques dans l'Inuit Nunangat

L'économie et le mode de vie dans l'Inuit Nunangat sont uniques au Canada. Les Inuits vivent dans des collectivités isolées qui dépendent fortement du transport aérien pour atteindre d'autres régions du Canada. En outre, les Inuits sont victimes d'inégalités socioéconomiques extrêmes par rapport aux Canadiens du Sud, sont vulnérables aux situations d'urgence, aux catastrophes et aux changements climatiques, et doivent faire face à un coût de vie extrêmement élevé. En raison de ces réalités, le PRÉ doit considérer l'Inuit Nunangat comme unique par rapport au reste du pays. Il doit inclure des dispositions claires sur la façon dont le plan aura une incidence sur la région, par exemple :

  1. Comment le gouvernement fédéral s'assurera-t-il que les mesures prises dans le cadre de ce plan n'exacerberont pas les inégalités entre les Inuits et les non-Inuits ?
  2. Comment le gouvernement fédéral s'assurera-t-il que les mesures prises dans le cadre de ce plan n'exacerberont pas les vulnérabilités des communautés inuites ?
  3. Comment le gouvernement fédéral s'assurera-t-il que les mesures prises dans le cadre de ce plan n'augmenteront pas le coût de la vie pour les communautés inuites ?
  4. Le gouvernement fédéral vise-t-il à réduire les émissions générées dans l'Inuit Nunangat ?
  5. Si c'est le cas, en quelles quantités et dans quels secteurs ?
  6. Le gouvernement fédéral prévoit-il d'inclure l'utilisation des marchés du carbone dans le PRÉ ?
  7. Comment le gouvernement fédéral prévoit-il de travailler avec les Inuits afin d'élaborer conjointement des politiques et des programmes liés au PRÉ? Quel est le plan pour une mobilisation et une collaboration continue et significative alors que le Canada s'efforce d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050 ?

Énergie renouvelable

Le diesel est la méthode presque universelle de production d'électricité. La réduction de l'utilisation de combustibles fossiles pour la production d'électricité constitue la meilleure occasion de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'Inuit Nunangat. Les centrales diesel sont coûteuses à entretenir, posent des problèmes de santé, d'environnement et d'économie, et rendent les collectivités vulnérables aux ruptures d'approvisionnement. Les initiatives actuelles pour réduire la dépendance au diesel n'ont pas suffi à catalyser une transition économiquement saine vers des alternativesdurables. Tout plan comportant des objectifs pour l'Inuit Nunangat devrait inclure un renouvellement fort de l'engagement en faveur de la réduction de la dépendance au diesel, avec la volonté politique et les ressources nécessaires pour obtenir un réel changement.

Les Inuits encouragent la mobilisation et le soutien continu pour des solutions énergétiques régionales et communautaires menant à l'indépendance énergétique des Inuits. Le projet de liaison hydroélectrique et de fibre optique au Kivalliq est un exemple de projet dirigé par des Inuits visant à fournir de l'énergie renouvelable et des services Internet à large bande à la région de Kivalliq, au Nunavut, depuis le Manitoba. Ce projet serait le premier lien d'infrastructure entre le reste du Canada et le Nunavut. Il permettrait de fournir une électricité moins chère, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'offrir des possibilités économiques à la région.

Le projet hydroélectrique Innavik à Inukjuak, au Nunavik, est un autre exemple de solution menée par des Inuits. L'énergie créée par ce projet remplacera les besoins de la collectivité en diesel pour l'électricité, l'eau chaude et le chauffage des bâtiments. Ce projet permettra de créer des emplois, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de réinvestir les recettes dans la collectivité. La construction devrait être terminée cette année.

Conclusion

Le gouvernement du Canada devrait veiller à ce qu'il y ait une approche systémique propre aux Inuits et à l'Inuit Nunangat dans le cadre du PRÉ et que celui-ci soit élaboré en partenariat étroit avec les organisations représentatives des Inuits. Les Inuits sont impatients de continuer à travailler en étroite collaboration pour faire avancer les priorités inuites en matière de climat et pour s'assurer que leurs points de vue soient pris en compte dans ce plan et dans les éventuels plans de réduction des émissions.

Ralliement national des Métis

Les changements climatiques constituent le plus grand défi de notre époque, et c'est d'autant plus vrai pour la Nation métisse. Les chasseurs métis doivent parcourir de plus grandes distances pour trouver des animaux sauvages, des baies, des plantes médicinales et des sources de nourriture. Traditionnellement, les femmes métisses ont été chargées de gérer la terre et d'enseigner aux jeunes métis comment maintenir l'équilibre dans leur vie, notamment en harmonie avec la nature. Ces rôles traditionnels sont remis en question par les conséquences continues de la colonisation, mais ils sont aussi menacés par les changements climatiques. De nombreuses familles métisses n'ont pas accès à un logement abordable et adéquat, ce qui rend plus difficile la gestion des chaleurs et des froids extrêmes provoqués par les changements climatiques. Les trappeurs métis perdent leurs territoires de piégeage traditionnels à cause des feux de forêt, les familles métisses ont du mal à mettre de la nourriture sur la table en raison de l'augmentation des prix des aliments et de l'accès limité aux aliments traditionnels, et les enfants métis sont en première ligne de ce défi. Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, les incendies de forêt et les chaleurs extrêmes affectent la santé et le bien-être des personnes. La terre est notre vie : tel est le message clé des aînés des communautés métisses. Le Créateur a donné aux Métis une place et un but : les Métis devaient être les gardiens des terres traditionnelles qui leur avaient été accordées et sur lesquelles ils ont acquis leur identité en tant que peuples autochtones distincts. C'est le mode de vie des Métis. Lors d'un rassemblement en 2019 pour discuter des impacts des changements climatiques sur le caribou dans le nord-ouest de la Saskatchewan, un aîné nous a rappelé que nos enfants étaient l'une des espèces les plus en danger en raison des changements climatiques. Lorsque notre langue, notre culture et toute notre façon d'être sont liées à la terre et aux eaux en constante évolution, la Nation métisse ne restera pas les bras croisés.

Le ministre d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a exprimé des engagements liés à la croissance propre et aux changements climatiques dans le cadre de son mandat de diriger la mise en œuvre du plan d'action climatique du Canada, y compris une priorité vers la poursuite de la réconciliation fondée sur les distinctions et la collaboration avec la Nation métisse pour reconnaître les objectifs de l'action pour le climat du Canada. L'atténuation, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), est un élément essentiel de la lutte contre les changements climatiques. Cependant, la Nation métisse ne souhaite pas s'attaquer aux changements climatiques sous ce seul angle. Comme tout est interconnecté, les Métis doivent adopter une approche intégrée pour minimiser les impacts climatiques. Par conséquent, la Nation métisse associera la conservation et l'intendance tout au long de ce travail.

De plus, les membres dirigeants (MD) de la Nation métisse auront besoin de soutien pour évaluer avec précision les émissions de GES de leurs citoyens, de leurs entreprises et de leurs infrastructures. Ces données sont d'une valeur inestimable pour réduire les émissions de GES sur le territoire de la Nation métisse et permettront de mieux prévoir les impacts climatiques potentiels sur les communautés métisses. La Nation métisse fait partie des voix de plus en plus nombreuses qui réclament une place à la table et veulent être soutenues et incluses de manière substantielle en tant que peuple autochtone.

Les citoyens métis ont manifesté leur soutien à l'égard de leurs gouvernements, qui conçoivent et entreprennent des initiatives et des programmes sur les changements climatiques, notamment des mesures visant à réduire les émissions de GES, à accroître la participation et la sensibilisation des Métis aux changements climatiques, tout en créant des capacités et des possibilités économiques pour les citoyens métis. D'une part, la Nation métisse soutient l'ambition du Canada d'atteindre des émissions de GES inférieures de 40 à 45 % à celles de 2005 d'ici 2030 et la carboneutralité d'ici 2050, et considère les citoyens de la Nation métisse comme des partenaires actifs pour atteindre et dépasser ces objectifs. D'un autre côté, il n'existe actuellement aucun cadre ni financement durable et à long terme pour aider la Nation métisse à entreprendre des mesures autodéterminées pour lutter contre les changements climatiques. Nous devons faire partie de toute solution climatique, y compris le plan de réduction des émissions, mais il faut un cadre et un financement adéquats pour soutenir ces solutions.

Les priorités de la Nation métisse en matière d'atténuation sont les suivantes :

Énergies renouvelables

Le marché mondial des énergies renouvelables est en pleine expansion. Les énergies renouvelables sont désormais compétitives en termes de coûts par rapport aux combustibles fossiles sur de nombreux marchés et s'imposent dans le monde entier comme des sources d'énergie courantes. Aujourd'hui, la capacité de production des énergies renouvelables mondiale augmente chaque année plus vite que la capacité (nette) de production de tous les combustibles fossiles réunis.

Des travaux sur les énergies renouvelables sont déjà en cours sur le territoire de la Nation métisse. Par exemple, le plan d'action climatique de la Nation métisse de l'Alberta (NMA) met l'accent sur l'atténuation des GES par le développement de projets d'énergies renouvelables. En partenariat avec les Investissements de la Nation métisse, Apeetogosan, la Société d'habitation de la capitale, la Société métisse d'habitation urbaine, et les régions et sections locales de la NMA, plus de 35 sites appartenant à la NMA et à ses sociétés affiliées ont été recensés et financés pour des projets de microgénération solaire, et ont reçu un soutien à la gestion de projet. Ces projets ont une capacité cumulée de plus de 520 kW, produiront environ 572 000 kWh et compenseront environ 367 tonnes d'éq. CO2 par an (11 000+ tonnes d'éq. CO2 sur la durée de vie du projet). Cela équivaut à compenser la consommation d'électricité de près de 80 foyers albertains.

De plus, avec le soutien financier approprié, les communautés métisses pourraient être candidates pour accueillir des projets d'énergie renouvelable appartenant à la communauté ou des projets d'énergie distribuée entrepris en collaboration avec les services publics de l'État ou privés. La plupart des administrations ont désormais pour mandat d'augmenter l'offre d'électricité produite à partir de sources renouvelables modernes. Les projets d'énergie renouvelable appartenant à la communauté sont généralement détenus et exploités localement, et sont conçus pour créer des avantages économiques et sociaux à l'échelle locale. Les membres de la communauté contrôlent généralement la définition, la gestion et l'exécution du projet, de sorte que les objectifs du projet s'alignent sur ceux de la communauté locale. Ces projets concernent généralement la production d'électricité, mais peuvent également concerner la production de combustibles de chauffage et de transport. La taille des projets peut varier de quelques kilowatts d'énergie à plusieurs mégawatts, ou plus.

Les projets d'énergies renouvelables appartenant à la communauté sont une occasion de développer les capacités au sein de la Nation métisse et apporteront des avantages économiques, environnementaux et sociaux à tous les partenaires.

Avantages économiques

Avantages pour l'environnement

Avantages sociaux

Le marché des énergies renouvelables représente une opportunité extraordinaire pour les communautés métisses, à la fois pour contribuer à la réduction des émissions climatiques et pour construire une économie locale verte avec des emplois et des entreprises de qualité. Le Ralliement national des Métis (RNM) et les MD s'engageront davantage auprès des citoyens métis à élaborer des objectifs réalistes et réalisables.

Infrastructure naturelle et bâtie

Dans une économie à faibles émissions de carbone, prospère et à une croissance propre, les bâtiments et les collectivités seront très efficaces sur le plan énergétique, s'appuieront sur la production d'électricité propre et d'énergie renouvelable et seront intelligents et durables. Rendre le milieu bâti plus écoénergétique permet de réduire les émissions de GES et contribue à rendre les habitations et les bâtiments plus confortables et plus abordables en réduisant les factures d'énergie, et peut favoriser l'innovation et la création d'emplois propres. Les améliorations apportées en matière d'efficacité énergétique résidentielle ont permis aux Canadiens d'économiser 12 milliards de dollars en coûts énergétiques en 2013, soit une économie moyenne de 869 dollars par foyer.

Les conditions de logement de 33 185 ménages métis entrent dans la catégorie des « besoins impérieux en matière de logement ». Cette désignation signifie que le foyer ne répond pas à une ou plusieurs normes, définies par la SCHL :

Pour obtenir un autre logement du marché local répondant aux trois normes, les occupants devraient consacrer 30 % ou plus de leur revenu avant impôt pour payer le loyer médian (y compris les coûts des services publics). Environ 9 824 maisons appartenant à des Métis et 23 255 unités louées par des Métis sont classées comme ayant des besoins impérieux en matière de logement. Les besoins impérieux en matière de logement sont 31 % plus élevés pour les ménages métis (16,2 %) que pour les ménages non autochtones (12,4 %). Il est juste de dire qu'il existe une corrélation entre logement de qualité convenable et rendement énergétique du logement. Il est évident qu'il existe une possibilité d'améliorer les logements métis en termes de rendement énergétique, ce qui peut amener les fournisseurs de logements sociaux métis à participer au processus d'action climatique.

Des investissements appropriés permettront aux MD, à leurs sociétés et agences de logement d'avoir la possibilité de collaborer avec les autorités et les programmes de logement fédéraux et provinciaux pour :

La prestation de services de vérification de la consommation d'énergie contribuera à éliminer les obstacles à l'accès aux programmes d'allègement des coûts pour les ménages métis. La Nation métisse de la Saskatchewan a déjà travaillé à l'élaboration d'éléments de formation pour éduquer les contrôleurs de la gestion de l'énergie local. De plus, les établissements d'enseignement métis peuvent collaborer avec des agences et des établissements d'enseignement pour offrir une formation sur l'amélioration du rendement énergétique et les pratiques de construction. Cela contribuera en fin de compte à aider le Canada à atteindre ses objectifs de réduction.

Des investissements sont nécessaires pour que la MNC et tous les MD puissent mettre en œuvre ces mesures de durabilité afin d'aider le Canada à atteindre ses objectifs de réduction des émissions, tout en augmentant la capacité et la viabilité financière des MD. Des ressources sont nécessaires pour :

Économie verte

Il existe de nombreuses entreprises appartenant à des Métis sur le territoire de la Nation métisse et, à mesure que le Canada s'oriente vers une économie verte qui est compétitive à l'échelle mondiale tout en soutenant l'action climatique, la Nation métisse veut s'assurer que les entreprises de nos citoyens contribuent à cette solution. La Nation métisse dépend du secteur des ressources (pétrole/gaz, foresterie, agriculture, mines, etc.) pour l'emploi et la croissance économique. Cependant, la demande mondiale pour des technologies propres est importante et ne cesse d'augmenter; elle représente une occasion mondiale sans précédent.

Accueillir et favoriser l'investissement dans les technologies propres peut faciliter la croissance économique, la création d'emplois à long terme et encourager la responsabilisation et la durabilité environnementale. Les mesures de lutte contre les changements climatiques aideront à créer de nouvelles possibilités économiques, y compris pour les peuples autochtones et dans les collectivités éloignées et du Nord. En ce moment, le Canada peut créer les conditions idéales pour réaliser de nouveaux investissements dans les technologies propres et en augmenter les exportations, et ainsi profiter de la croissance des marchés mondiaux de biens, de services et de processus associés aux technologies propres. Par exemple, les agriculteurs métis peuvent adopter des méthodes, telles que l'amélioration de la rotation des cultures, la gestion des résidus de culture, la plantation d'arbres et la gestion holistique des ressources, pour augmenter les puits de carbone à la ferme. Les entreprises forestières métisses peuvent adopter des méthodes de foresterie durable qui améliorent les puits de carbone forestiers. Il existe des possibilités d'obtenir des crédits carbone pour des méthodes agricoles et forestières respectueuses du climat. Les communautés et les entreprises métisses pourraient collaborer avec des agrégateurs de projets de crédits compensatoires afin de mettre sur pied des occasions de crédits compensatoires à l'échelle régionale. La Nation métisse de la Saskatchewan a déjà travaillé à la création d'un outil d'évaluation mondial pour les crédits de carbone dans l'eau, un outil scientifique qui pourrait donner lieu à de multiples nouveaux crédits compensatoires pour le Canada, puisque notre pays détient 20 % des réserves mondiales en eau douce. De plus, il sera essentiel de soutenir les systèmes de savoirs métis dans la création de ces nouvelles occasions.

Les communautés métisses de la zone forestière peuvent explorer des collaborations avec les scieries ou les usines de pâte à papier adjacentes afin d'établir des entreprises dérivées pour produire du biogaz et des granules ou, lorsque cela est possible, pour utiliser l'excédent de chaleur pour les systèmes de chauffage urbain. Des incitatifs peuvent être créés pour l'achat d'équipements de chauffage au bois à haut rendement.

Grâce à des investissements accrus, le RNM soutiendra davantage les MD afin qu'ils explorent diverses possibilités et qu'ils travaillent avec le gouvernement fédéral et divers fonds de capital de risque pour fournir des capitaux supplémentaires aux institutions financières de la Nation métisse afin qu'elles puissent soutenir le démarrage et l'expansion d'entreprises métisses propres et vertes.

Possibilités de recherche créées par les Métis

Pour la Nation métisse, déjà confrontée à des problèmes de logement et de pauvreté, des risques sanitaires disproportionnés et l'insécurité alimentaire, la crise climatique représente un immense défi supplémentaire. Cependant, les changements climatiques peuvent également inspirer la compassion, l'optimisme et l'épanouissement personnel en trouvant des moyens de faire partie de la solution. Il reste un besoin évident d'établir un registre de données et de connaissances métisses sur les changements climatiques qui serait disponible pour le travail partagé de gouvernement à gouvernement dans ce domaine. Le savoir des Métis est un élément essentiel de l'action climatique de la Nation métisse. Il faut donc soutenir les possibilités de recherche créées par les Métis pour que ce savoir fasse partie de l'action climatique conjointe de la Nation métisse et du Canada.

Éducation et formation

La Nation métisse demande des investissements fédéraux pour renforcer sa capacité à mieux comprendre et reconnaître les changements climatiques, et à s'y adapter. Le moyen le plus efficace de lutter contre la crise climatique actuelle est l'éducation. Alors que le Canada s'efforce d'atteindre ses objectifs en matière d'émissions pour 2030 et de parvenir à une économie carboneutre en 2050, il aura besoin d'une main-d'œuvre qualifiée capable de générer les activités économiques, les infrastructures et les actifs qui réduisent les émissions de carbone et la pollution, améliorent l'efficacité énergétique et des ressources, et préviennent la perte de la biodiversité et des services écosystémiques. Le Canada a la responsabilité de s'assurer que les Métis ont accès aux compétences et à l'éducation nécessaires pour prospérer et devenir des leaders dans l'économie verte.

Les membres dirigeants métis et leurs établissements de formation affiliés offrent des services d'éducation et de formation à leurs citoyens et sont bien placés pour soutenir la transition vers une économie verte, et pour préparer les citoyens métis à réussir cette transition. Avec les ressources appropriées, les membres dirigeants seront en mesure d'offrir des programmes aux citoyens métis qui cherchent une éducation et un emploi dans les secteurs verts, avec un soutien financier et des conseils ainsi que des placements professionnels potentiels pour faciliter leur entrée et leur réussite dans l'économie verte. De plus, les femmes métisses sont bien placées pour participer aux possibilités d'éducation et de formation liées aux changements climatiques. Elles pourront mettre à profit leurs connaissances traditionnelles dans le domaine de la gestion de l'environnement et du transfert des connaissances intergénérationnelles pour contribuer à l'action climatique.

Solutions fondées sur la nature

Les changements climatiques représentent un risque pour l'environnement naturel, mais aussi pour la capacité des citoyens métis à continuer d'avoir des communautés saines et résilientes et à participer aux domaines d'emploi et d'affaires actuels. La Nation métisse pourrait avoir l'occasion de participer à des solutions naturelles aux changements climatiques par la protection des zones qui séquestrent le carbone, l'orientation et les objectifs de la gestion forestière, la protection de l'intégrité des terres humides, l'établissement de zones tampons riveraines et le reboisement des berges, la conversion de terres non forestières en forêts, la protection des espaces naturels existants, le développement responsable et la participation à de nouvelles initiatives vertes qui pourraient découler de changements de politiques aux niveaux fédéral et provincial. Nous prévoyons que la compréhension de la base terrestre et aquatique de chaque province comprenant des terres métisses fournira une base pour une gamme d'habitats naturels et altérés présentant à la fois des risques et des occasions à saisir pour la Nation. Afin de créer une résilience pour les communautés métisses et de nous assurer que l'inclusion dans les possibilités vertes est maximisée, nous avons désigné les terres et les ressources comme un domaine de préoccupation prioritaire.

Préparation et intervention en cas d'urgence climatique

Des ressources sont nécessaires pour que les RNM et les MD soient prêts lorsque la prochaine catastrophe climatique se produira. Les MD doivent effectuer une évaluation des risques liés aux impacts climatiques sur les populations métisses du Canada. Des ressources sont nécessaires pour élaborer un plan de préparation en cas d'urgence afin de répondre aux besoins des Métis pendant et après les catastrophes climatiques, comme les inondations, les sécheresses, les incendies. Les Métis doivent se procurer les ressources nécessaires pour mettre en œuvre le plan en cas de catastrophe.

Conclusion

Il est impératif pour la Nation métisse de s'adapter aux changements climatiques et de les atténuer. Il s'agit non seulement de maintenir nos citoyens en bonne santé (physique, mentale et spirituelle), mais aussi de faire de notre mieux pour les générations futures et pour toute vie sur cette planète. Un plan de relance économique vert est quelque chose que la Nation soutient à fond et dont elle veut faire partie. Cela signifie non seulement que nous pouvons élaborer des solutions pour nous adapter aux changements climatiques et les atténuer, mais aussi que nous pouvons le faire en soutenant davantage les entreprises, les communautés et les familles métisses, ce qui nous aide à atteindre nos objectifs de développement économique.

Le soutien du leadership autochtone peut prendre de nombreuses formes, mais en fin de compte, c'est une question de confiance. La Nation métisse souhaite élaborer conjointement des plans d'action climatique avec les municipalités, les provinces et le gouvernement fédéral. Toutefois, cela nécessite des investissements réels et durables, un engagement réel en faveur de la collaboration et des dialogues ouverts et transparents. Cela signifie qu'il faut abandonner les approches fondées sur des propositions et envisager des affectations budgétaires afin que la Nation puisse répondre à ses priorités climatiques et soutenir ce type de dialogue plus fréquemment et de manière plus significative.

Nous traversons une crise du climat et de la biodiversité, ce qui signifie que nous devons réfléchir et agir rapidement. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous devons le faire sans inclure la Nation métisse. Nous attendons avec impatience des dialogues comme celui-ci, car c'est l'occasion de nouer des relations et de tracer ensemble la voie à suivre. Toutefois, ces discussions doivent déboucher sur des plans d'action concrets et des résultats significatifs. Il existe des exemples de bons modèles, mais pour soutenir le leadership des Métis en matière de climat, il faut des investissements (comme nous l'avons mentionné) qui sont créés, gouvernés et administrés par la Nation.

La Nation métisse poursuivra son travail pour s'assurer que les futures mesures climatiques du Canada favorisent l'autodétermination de la Nation métisse. En concrétisant cette vision, avec le soutien anticipé du Canada, la Nation métisse s'efforcera de réaliser des investissements significatifs pour répondre aux priorités en matière d'adaptation et d'atténuation. La Nation métisse et le Canada commencent à discuter de la mise en œuvre de priorités communes et demeurent engagés dans la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat de nation à nation.

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