Lettre du directeur

Ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
269, avenue Laurier Ouest, 19e étage
Ottawa (Ontario) K1A 0P8

Monsieur le Ministre ou Madame la Ministre,

Veuillez accepter mes félicitations pour votre récente nomination. Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ne ménage aucun effort pour protéger le Canada et les Canadiens contre un large éventail de menaces, et je tiens à vous assurer qu’il a toujours à coeur de vous soutenir dans l’exercice de vos fonctions. La présente vise à vous donner un aperçu de haut niveau du contexte de la menace ainsi qu’à vous renseigner sur la façon dont le SCRS compose avec cette dernière et sur les adaptations qui devront être apportées pour que l’organisation soit en mesure de faire face à l’avenir. Je compte aussi vous présenter un exposé classifié détaillé sur la variété et la complexité des menaces qui pèsent sur la sécurité nationale du Canada.

Au cours de ses 37 ans d’existence, le SCRS a été témoin de changements technologiques d’envergure, s’est adapté aussi bien aux importants changements opérationnels qu’à l’évolution des tendances dans le contexte de la menace et s’est réorienté pour répondre aux nouvelles attentes du gouvernement et de la population canadienne. Toutefois, il n’a jamais eu à composer avec autant de pressions organisationnelles qu’au cours des cinq dernières années. Elles ont des répercussions sur ses activités opérationnelles, sa culture, ses ressources, ses employés et, en définitive, sa mission. L’organisation a dû s’adapter à d’importants changements juridiques qui ont eu des répercussions directes sur ses opérations. Les premières modifications législatives de fond de l’histoire du SCRS ont intégré de nouvelles mesures de protection cruciales, assorties de nouvelles exigences importantes en matière d’examen et de conformité. De plus, comme partout ailleurs dans le monde, la pandémie a été une source de grandes perturbations pour le SCRS et a eu des répercussions sur ses enquêtes sur les menaces, les techniques qu’il utilise et la façon dont il mène ses activités essentielles.

Le SCRS joue un rôle unique auprès du gouvernement en l’aidant à s’acquitter d’une de ses responsabilités fondamentales, soit protéger la sécurité nationale et la sécurité des Canadiens. Depuis sa création en 1984, il a le mandat d’enquêter sur les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale, de les analyser et de conseiller le gouvernement à cet égard. Il prend aussi des mesures pour réduire ces menaces. De plus, il fournit des services essentiels de filtrage de sécurité aux partenaires du gouvernement, aux fins de l’immigration et de l’octroi des cotes de sécurité, et contribue à la collecte de renseignements étrangers.

Plus que jamais, le renseignement revêt une importance cruciale pour éclairer la prise de décisions sur un vaste éventail de priorités gouvernementales, notamment la reprise économique à la suite de la pandémie, la recherche et l’innovation visant à aider le Canada à maintenir sa position concurrentielle, et la cohésion sociale dans une société de plus en plus divisée. Le SCRS joue un rôle important dans le soutien de la prise de décisions à l’échelle du gouvernement du Canada et la prestation de conseils sur les mesures visant à protéger la sécurité nationale et les intérêts du Canada.

En tant que ministre, vous donnez des instructions au SCRS et il vous revient d’accorder certaines autorisations en vertu de la Loi sur le SCRS, notamment d’approuver les demandes de mandats présentées à la Cour fédérale et la conclusion d’ententes avec les partenaires canadiens et étrangers du Service, et d’autoriser le SCRS à recueillir des renseignements étrangers à la demande du ministre des Affaires étrangères ou du ministre de la Défense nationale. Les activités de collecte et d’évaluation du SCRS s’appuient sur les priorités du gouvernement du Canada en matière de renseignement pour 2021-2023, qui sont définies par le Cabinet, ainsi que sur les instructions du ministre. Si les menaces sur lesquelles le SCRS doit enquêter – l’espionnage, le sabotage, les activités influencées par l’étranger, le terrorisme et la subversion – sont toujours les mêmes, les auteurs de menaces et leurs méthodes ont considérablement changé, tout comme le contexte et l’environnement dans lequel l’organisation évolue et les conseils qu’elle prodigue.

Contexte de la menace

Le contexte actuel de la menace est complexe, diversifié et mondial. Les menaces qui pèsent sur la sécurité du Canada sont attribuables à l’utilisation malveillante de nouvelles technologies, aux événements géopolitiques ainsi qu’aux moyens et aux motivations des auteurs de menaces. La pandémie de COVID-19, en particulier, a exacerbé certaines tendances et offert aux auteurs de menaces de nouvelles occasions de mener des activités malveillantes. L’évolution constante du contexte de la menace oblige le SCRS à adapter posture opérationnelle et à réaffecter ses ressources en fonction de priorités changeantes.

Les activités d’espionnage et d’ingérence étrangère n’ont jamais été aussi intenses depuis la guerre froide. Aujourd’hui, les auteurs de menaces ont recours à l’espionnage non seulement pour obtenir des secrets d’État, mais aussi pour mettre la main sur de précieux droits de propriété intellectuelle, des technologies de pointe exclusives et des recherches novatrices en vue de servir leurs propres intérêts économiques. Au bout du compte, ces activités liées à la menace mettent en péril la sécurité économique et la prospérité à long terme du Canada. Certes, la concurrence entre les États et le fait que chacun se soucie d’abord de ses propres intérêts n’a rien de bien nouveau, mais la pandémie a exacerbé les activités d’acteurs étatiques hostiles qui menacent la reprise au Canada. En empêchant le Canada de tirer parti de ses innovations, les activités d’espionnage entraînent des pertes d’emploi à long terme, entravent la croissance économique du pays et menacent sa prospérité et sa sécurité.

Les activités d’ingérence étrangère visent à s’immiscer dans les institutions et les processus démocratiques, à influencer secrètement l’élaboration de politiques au Canada, à intimider ou à réduire au silence des communautés canadiennes et à miner la cohésion sociale en misant sur la désinformation. Ces actes hostiles représentent une menace non seulement pour les fondements démocratiques du Canada et la sécurité des Canadiens, mais aussi pour la structure même de la société multiculturelle du pays. L’ingérence étrangère mine la souveraineté du Canada en définitive.

Les cybermenaces représentent toujours une menace importante pour les infrastructures essentielles et les institutions fondamentales du Canada ainsi que pour les renseignements personnels des Canadiens. Des acteurs étatiques ont recours à des moyens informatiques pour mener des activités d’espionnage et d’ingérence, prenant pour cible des données canadiennes sensibles, comme les secrets militaires et diplomatiques, les recherches exclusives et les renseignements personnels sur la santé et les finances. Des acteurs non étatiques (dont certains sont parrainés par des États étrangers) représentent aussi une menace croissante parce que leurs activités causent des perturbations sociales de plus en plus importantes. La connectivité croissante et les nouvelles technologies offrent aux auteurs de cybermenaces de nouvelles façons de compromettre la sécurité nationale du pays.

L’extrémisme violent et le terrorisme figurent toujours parmi les plus grandes menaces pour la sécurité publique et la sécurité nationale du Canada. Au cours des cinq dernières années, le SCRS a constaté une hausse de l’extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI), comme l’illustre l’attentat tragique commis récemment à London (Ontario). L’EVCI est en voie de représenter une menace aussi importante que l’extrémisme violent à caractère religieux (EVCR) du point de vue des ressources consacrées aux enquêtes au Canada. Les discours haineux en ligne constituent une menace importante en raison de la facilité avec laquelle le contenu extrémiste peut proliférer ainsi que de la disponibilité d’outils technologiques qui permettent de dissimuler l’identité des utilisateurs. En ligne comme dans le monde réel, l’EVCI vise de manière disproportionnée les groupes en quête d’équité au Canada. Les extrémistes profitent de l’occasion que représente la pandémie pour diffuser de la désinformation, amplifier des discours antiautoritaires et encourager la perpétration d’actes de violence. Le SCRS enquête activement sur les menaces liées à l’EVCI et prend au besoin des mesures de réduction de la menace pour les atténuer.

L’EVCR demeure un sujet de préoccupation, d’autant plus que les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan et qu’il demeure toujours possible que des voyageurs extrémistes canadiens rentrent au pays. Certains aspects de la menace que fait peser l’EVCR ont été atténués pendant la pandémie en raison des restrictions touchant les voyages et les déplacements, mais la levée graduelle de ces restrictions pourrait se traduire par une augmentation des activités liées à la menace. La radicalisation en ligne et les personnes agissant seules demeurent un sujet de préoccupation important au pays. Le SCRS joue un rôle crucial dans la réponse générale du gouvernement au terrorisme à l’échelle mondiale, en collaboration avec ses partenaires étrangers et les forces de l’ordre.

Le niveau de la menace terroriste au Canada, qui est déterminé par le Centre intégré d’évaluation du terrorisme et que j’approuve à titre de directeur du SCRS, est actuellement modéré. Cela signifie que des individus et des groupes extrémistes au Canada et à l’étranger ont l’intention et la capacité de commettre un acte de violence extrémiste au pays.

Activités opérationnelles et conseils en matière de renseignement

Pour faire face au contexte complexe de la menace, le SCRS mène activement des enquêtes sur la sécurité nationale au Canada et à l’étranger. Au pays, il s’appuie sur ses bureaux régionaux pour recueillir des renseignements, mettre en œuvre des mesures de réduction de la menace, faire de la sensibilisation et coopérer avec des partenaires canadiens comme la Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada. Le SCRS assure également une présence stratégique à l’étranger afin de communiquer et de collaborer avec des services de renseignement étrangers et d’enquêter sur des menaces mondiales. Dans le contexte actuel de la menace, qui transcende les frontières et est caractérisé par sa fluidité et sa mondialisation, il est essentiel que le SCRS soit en mesure de mener des enquêtes à l’échelle internationale pour qu’il puisse fournir rapidement des renseignements utiles au gouvernement.

Au cours des 18 derniers mois, la pandémie a eu des répercussions sur la façon dont le SCRS mène ses activités aussi bien dans ses locaux que sur le terrain. Les restrictions des déplacements ont grandement entravé ses activités habituelles de collecte de renseignement, et les exigences en matière de sécurité qui lui sont propres ont compliqué le télétravail. Des solutions novatrices ont été mises en oeuvre, l’accent a été mis sur la sensibilisation et la mobilisation et le SCRS est parvenu à continuer de fournir rapidement des renseignements utiles aux décideurs haut placés et à remplir son mandat de protéger les Canadiens. Il y a de quoi être fier du travail assidu et du professionnalisme des employés du SCRS pendant cette période des plus difficiles, mais les répercussions de cette situation sur leur bien-être ne sauraient être sous estimées

Les restrictions relatives à la pandémie n’ont pas seulement eu des répercussions sur le quotidien de tous les Canadiens, elles ont aussi forcé les auteurs de menace à s’adapter et beaucoup d’entre eux ont déplacé leurs activités en ligne. Le SCRS n’a donc eu d’autre choix que de s’adapter lui aussi et de mener davantage d’enquêtes en ligne. Cette nécessité a fait ressortir de belles occasions, notamment en ce qui concerne les enquêtes sur l’EVCI et le recours aux données en ligne pour établir des liens avec les auteurs de menaces, mais aussi les lacunes de la Loi sur le SCRS qui entravent la capacité du Service de remplir son mandat dans un monde où les choses se passent de plus en plus dans le cyberespace.

En se fondant sur les informations qu’il recueille, le SCRS fournit des renseignements utiles et d’actualité au gouvernement pour éclairer la prise de décisions sur différents enjeux, qu’il s’agisse de la façon de réagir à l’EVCI et aux voyageurs extrémistes canadiens, des investissements étrangers, de la sécurité de la recherche ou de l’intervention en cas de cyber incidents. Pendant la pandémie, des partenaires non traditionnels, comme le groupe de travail sur les vaccins dirigés par Services publics et Approvisionnement Canada, ont fait appel au SCRS pour obtenir des informations. Le renseignement peut jouer un rôle de premier plan dans le soutien des efforts du gouvernement du Canada pour s’attaquer à ses priorités stratégiques, assurer la sécurité de sa population et protéger les intérêts nationaux.

En plus de recueillir des renseignements et de conseiller le gouvernement, pendant la pandémie, le SCRS est devenu de plus en plus actif sur la scène publique, notamment dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation à l’espionnage et aux activités d’ingérence étrangère conçue à l’intention du secteur privé. Il a d’abord fait des démarches auprès des entreprises, des établissements de recherche et des universités œuvrant dans le domaine des sciences de la vie pour les aider à se prémunir contre les activités d’espionnage. Il a ensuite étendu sa campagne à d’autres secteurs, comme les chaînes d’approvisionnement et les nouvelles technologies. Le SCRS s’emploie aussi à sensibiliser la population aux menaces que l’ingérence étrangère fait peser sur les processus démocratiques. En juillet 2021, il a publié pour la première fois un rapport public intitulé Menaces d’ingérence étrangère visant les processus démocratiques du Canada. Il a également mené une vaste campagne de sensibilisation auprès des intervenants afin de les informer des activités d’ingérence étrangère qui visent les processus démocratiques.

Ces activités de sensibilisation permanentes sont pour le SCRS un moyen de continuer d’avoir une incidence en atténuant la menace que représente l’ingérence étrangère. Le SCRS a à cœur de sensibiliser les organismes des secteurs public et privé à son propre mandat ainsi qu’aux menaces auxquelles ils sont exposés.

Pouvoirs

Le gouvernement a pris de vastes engagements dont stimuler la reprise économique, promouvoir l’innovation et protéger la recherche, protéger les infrastructures essentielles, contrer les activités d’ingérence étrangère, s’attaquer aux activités préjudiciables en ligne et favoriser la cohésion sociale. Le SCRS le soutiendra dans ces engagements en lui fournissant rapidement des renseignements et des conseils utiles afin de le tenir au courant, par exemple, des menaces qui pèsent sur la sécurité économique et la prospérité future du Canada, des activités d’ingérence étrangère visant les institutions démocratiques et les communautés ou encore de l’évolution des menaces que l’EVCI représente pour la sécurité et la cohésion sociale du Canada. Cependant, le SCRS a de plus en plus de difficulté à répondre aux besoins du gouvernement en matière de renseignement parce que ses pouvoirs n’ont pas suivi l’évolution de la technologie et du contexte de la menace.

Adoptée en 1984, la Loi sur le SCRS n’a jamais fait l’objet d’un examen exhaustif et n’a pas évolué pour permettre à l’organisation d’affronter les défis propres au contexte actuel de la menace, à la fois mondial et complexe. Même avec les modifications importantes apportées par la Loi de 2017 sur la sécurité nationale, l’évolution de la technologie, l’importance des données en vrac, la diversification et la sophistication croissantes des activités liées à la menace ainsi que de nouvelles décisions juridiques mettent de plus en plus en évidence les limites de la Loi sur le SCRS en 2021. Un examen exhaustif des pouvoirs dont dispose le SCRS s’impose pour remédier aux lacunes qui mettent à rude épreuve sa capacité de répondre aux besoins du gouvernement en matière de renseignement. Voici un aperçu des principales lacunes relevées.

Le SCRS reçoit de plus en plus de demandes de renseignements et de conseils, mais la Loi sur le SCRS impose des restrictions quant au type d’informations qu’il peut communiquer aux intervenants qui ne font pas partie du gouvernement fédéral. Ainsi, le SCRS ne peut pas fournir d’information classifiée aux cibles d’activités liées à la menace, comme les entités du secteur privé, les universitaires, les groupes de la société civile et les autorités provinciales et municipales. Ces entités ont donc plus de difficulté à atteénuer ces menaces et à apprendre à se prémunir contre elles.

Les progrès technologiques mettent en lumière certaines des faiblesses de la Loi sur le SCRS. Malgré le régime applicable aux ensembles de données créé par la Loi de 2017 sur la sécurité nationale, le SCRS a toujours beaucoup de mal à utiliser les techniques modernes d’analyse de données, particulièrement en ce qui a trait à la collecte, à l’exploitation et à l’utilisation de données pour faire progresser ses enquêtes. Les moyens dont le SCRS dispose pour recueillir des renseignements étrangers au Canada se sont amenuisés parce que la Loi sur le SCRS ne tient pas compte de la technologie moderne, ce qui a pour effet de priver le gouvernement d'informations que le SCRS était auparavant capable de recueillir. Dès que vous le pourrez, je vous ferai un exposé classifié sur les capacités de collecte de renseignements étrangers du SCRS.

Comme les activités liées à la menace sont de plus en plus menées en ligne, il faut qu’il en aille de même des enquêtes du SCRS, particulièrement dans le cas de la menace liée à l’EVCI. Dans un tel contexte, le SCRS doit être en mesure d’obtenir rapidement les informations de base sur l’abonné pour identifier les personnes à l’origine de contenus préjudiciables en ligne. À l’heure actuelle, le régime de mandats prévu dans la Loi sur le SCRS n’établit aucune distinction entre un mandat accordant des pouvoirs peu intrusifs (p. ex. obtention d’informations de base sur l’abonné) et un autre accordant des pouvoirs intrusifs (p. ex. interception de communications). Dans le contexte actuel de la menace en ligne, tout évolue tellement vite que les exigences qui se rattachent à la présentation d’une demande de mandats entraînent des retards dans la collecte des informations de base sur l’abonné, ce qui peut grandement nuire aux enquêtes et faire perdre des occasions de collecte. Il serait avantageux que le SCRS puisse obtenir des mandats sur mesure qui respecteraient le droit à la vie privée tout en étant adaptés au virage technologique.

Bref, les pouvoirs conférés au SCRS n’ont pas suivi l’évolution de la technologie et du contexte de la menace. Le SCRS est donc moins en mesure de répondre efficacement aux besoins du gouvernement en matière de renseignement et aux attentes des Canadiens.

Pour que le public comprenne et appuie la modernisation des pouvoirs du SCRS, il faut que le travail soit fait en toute transparence. Les Canadiens ont le droit de savoir pourquoi le SCRS devrait communiquer des informations à un plus large éventail d’intervenants, pourquoi il devrait recueillir, exploiter et utiliser des données pour faire avancer ses enquêtes relatives à la sécurité nationale, et pourquoi il a besoin d’exercer des pouvoirs sur mesure en vertu de mandats. Un débat public éclairé sur ce dont le SCRS a besoin pour protéger le Canada et les Canadiens au XXIe siècle assurera le maintien de la confiance du public dans l’organisation.

S’il est essentiel de moderniser la Loi sur le SCRS pour donner au Service les outils dont il a besoin pour mener ses activités dans le contexte actuel, la sécurité nationale et la protection de la vie privée ne sont pas mutuellement exclusives. En effet, le gouvernement peut protéger la sécurité nationale tout en améliorant le respect de la vie privée des Canadiens, notamment en protégeant leurs données personnelles contre les auteurs de menaces qui veulent les acquérir et s’en servir à leurs propres fins, souvent malveillantes.

Reddition de comptes

Le SCRS est assujetti à un régime de reddition de comptes rigoureux. Les instructions du ministre en matière de reddition de comptes de 2019 et le cadre de coopération connexe ont établi des exigences claires pour veiller à ce que vos cadres et vous-même soyez adéquatement informés au sujet des activités opérationnelles du SCRS. Nous reconnaissons qu’il est important que le public ait pleinement confiance dans le fait que le SCRS rend des comptes au Parlement et à vous-même en tant que ministre.

Le SCRS fait également l’objet d’examens par l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement et le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Il collabore avec ces organismes et s’efforce de mettre en application leurs recommandations afin d’améliorer la conformité et l’efficacité opérationnelle. Le commissaire au renseignement examine et approuve certains éléments liés au cadre de justification et au régime applicable aux ensembles de données.

Au cours des dernières années, la Cour fédérale a rendu des décisions selon lesquelles le SCRS a manqué à son obligation de franchise. La Cour d’appel fédérale devrait bientôt rendre publique sa décision à cet égard. Le SCRS a reconnu ses torts en la matière et entrepris une démarche exhaustive visant à cerner les causes fondamentales de ces écarts et à y remédier. Ce projet a mené à l’adoption de plusieurs mesures visant à garantir le plein respect de l’obligation de franchise tout en améliorant l’efficacité opérationnelle. Le SCRS a montré toute l’importance qu’il accorde à l’obligation de franchise en faisant régulièrement des exposés techniques à la Cour, en communiquant de façon proactive des informations sur les questions de conformité et en appliquant rigoureusement le protocole sur l’obligation de franchise avec le ministère de la Justice. La Cour a commenté positivement les mesures prises par le Service. Le SCRS reconnaît l’importance de son obligation de communiquer les informations de manière complète, équitable et honnête dans ses interactions avec la Cour.

En plus de gagner la confiance des organismes de surveillance et de la Cour fédérale, il est essentiel que le SCRS conserve et accroisse la confiance du public. Pour y parvenir, il interagit avec le public comme jamais auparavant. Il fait des efforts soutenus pour rencontrer divers groupes communautaires un peu partout au pays afin de les sensibiliser à son rôle et à ses activités et de mieux comprendre leurs préoccupations. Ces communications du SCRS avec le public ont également pris la forme d’une campagne de sensibilisation menée pendant la pandémie pour donner de l’information sur de possibles activités liées à la menace et d’une participation à des forums publics (p. ex. le discours que j’ai prononcé l’an dernier au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale). Il est essentiel d’engager un dialogue transparent avec les Canadiens au sujet de la sécurité nationale pour les sensibiliser aux activités liées à la menace, les aider à se protéger contre ces menaces et établir un lien de confiance avec eux.

Employés

Les employés du SCRS sont des professionnels dévoués qui, tous les jours, au pays comme à l’étranger, travaillent à protéger la sécurité nationale du Canada. Ils doivent cependant surmonter d’importants obstacles pour remplir le mandat du SCRS. La pandémie a exacerbé des problèmes de longue date touchant au moral, au recrutement et au maintien en poste. Nous savons qu’il y a une proportion élevée d’employés qui se disent fiers du travail qu’ils accomplissent. Par contre, la haute direction doit s’attarder à régler ces problèmes et s’attaquer à leurs causes profondes.

Les employés du SCRS (et leur milieu de travail) sont uniques au sein de la fonction publique. Ils sont assujettis aux exigences les plus strictes sur le plan de la sécurité et doivent pour la plupart exercer leurs fonctions dans des locaux sécurisés. Ils doivent aussi parfois composer avec des situations et du contenu perturbants ou sensibles. Le SCRS a à cœur le bien-être et la santé mentale de ses employés. Toute une gamme de services et de mesures de soutien sont mis à leur disposition : un Programme d’aide aux employés complet, des psychologues et des professionnels de la santé mentale présents sur place et un programme de gestion des cas d’invalidité auquel travaillent des médecins et des infirmiers en santé du travail, eux aussi dans les locaux. Le SCRS est fier des services exhaustifs de soutien des employés qu’il a mis en place pour favoriser un milieu de travail sain, sécuritaire, respectueux et inclusif.

Tous les employés du SCRS sont tenus de respecter un Code de conduite, et les comportements inappropriés ne sont pas tolérés. Les employés sont toujours encouragés à signaler les incidents de harcèlement, de discrimination et d’intimidation et peuvent le faire sans crainte de représailles. Tous les gestionnaires sont tenus de réagir rapidement aux problèmes portés à leur attention. Lorsque des plaintes de harcèlement ou de discrimination sont fondées, un comité de discipline distinct détermine quelles mesures disciplinaires et correctives doivent être prises, ce qui peut aller jusqu’au licenciement de la personne concernée.

Étant donné ses fonctions de renseignement de sécurité, le SCRS doit être représentatif de la société qu’il protège. Il dispose d’une Stratégie de gestion des personnes, dans laquelle il énonce les principes à suivre pour moderniser son milieu de travail et les résultats souhaités. Non seulement la diversité fait partie de sa culture, mais elle constitue une stratégie fondamentale qui lui permet de mieux comprendre les communautés et qui l’aide à entretenir les liens de confiance qui doivent unir la société civile à ses organismes de renseignement. Le SCRS met actuellement à jour sa stratégie de diversité et d’inclusion pour veiller à ce que la diversité soit intégrée à toutes les facettes de son travail et de sa culture. Maintenant qu’il est arrivé à mettre en place l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), le SCRS s’efforce d’outiller les employés pour qu’ils soient en mesure de jouer un rôle plus important dans la prise de décisions de façon à ce que l’organisation puisse profiter de toute la richesse de leurs points de vue et de leurs expériences.

La pandémie a servi au SCRS une dure mise en garde : pour attirer des employés et les maintenir en poste et pour rester au diapason des changements découlant de la technologie, il n’aura d’autre choix que de s’adapter. En plus de demander la modernisation de ses pouvoirs, le SCRS a entrepris un vaste projet sur l’avenir du travail, adapté aux exigences particulières d’un service de renseignement moderne sur le plan de la sécurité. L’objectif est de permettre au SCRS de s’adapter à la nouvelle donne, mais aussi de se préparer aux changements qui transformeront la façon dont il mène ses activités. Ce projet tient compte du milieu opérationnel de l’avenir et met l’accent sur plusieurs aspects à l’égard desquels il faut redoubler d’efforts pour veiller à ce que le SCRS dispose des personnes, de la technologie, des installations, de l’équipement et des pouvoirs dont il a besoin pour remplir son mandat essentiel. Le SCRS tient à favoriser un esprit de transformation qui lui permettra de remplir son mandat en cette période de changements constants.

Le SCRS estime qu’il est prioritaire d’analyser la meilleure façon d’attirer, d’outiller et de maintenir en poste un effectif talentueux et diversifié capable de travailler avec les nouvelles technologies. Pour être un service de renseignement paré pour l’avenir, il devra s’attaquer à des problèmes de longue date liés à la rémunération des employés et adopter de nouveaux régimes de travail souples. Il devra aussi investir en technologie et en immobilier pour concrétiser sa vision d’un effectif et d’un milieu de travail moderne. Le SCRS a entrepris un processus de transformation, qui ne sera pas achevé en un jour et qui ne se fera pas sans sacrifice. Néanmoins, non seulement ce changement est nécessaire, mais il permettra aussi de donner au gouvernement du Canada les outils dont il a besoin pour contrer les menaces de l’avenir et protéger les institutions, les collectivités, les intérêts et la stabilité à long terme de notre pays.

Le SCRS demeure résolu à s’acquitter de sa mission de protéger le Canada et les Canadiens. Je vous invite à venir à l’Administration centrale au moment qui vous conviendra pour que le Service puisse vous parler davantage de ses priorités opérationnelles, ses enquêtes, ses outils et ses techniques, et répondre à vos questions, dans des locaux classifiés. Le Service espère instaurer une collaboration des plus fructueuses avec vous et votre personnel.

Cordialement,



David Vigneault
c.c. : Rob Stewart, Sous-ministre de la Sécurité publique

Détails de la page

Date de modification :