Message du Directeur

L’année 2022 a été exceptionnelle et transformatrice. Si 2022 nous a appris une chose, c’est à quel point il est difficile de prédire quoi que ce soit. Des événements importants peuvent survenir en un clin d’œil et nous devons maintenant, plus que jamais, aborder les menaces pour la sécurité les yeux grands ouverts et en partenariat. Plus encore que par le passé, le Canada et la population canadienne comptent sur leurs services de sécurité et de renseignement pour assurer leur sécurité et leur prospérité. J’ai le plaisir de présenter le Rapport public 2022 du SCRS, qui décrit en détail la façon dont nous nous sommes acquittés de cette mission essentielle.

Nous vivons à une époque d’incertitude mondiale intense où notre sécurité nationale est constamment menacée et où la menace a de multiples origines. L’invasion injustifiée et illégale de l’Ukraine par la Russie se poursuit et les activités d’ingérence étrangère s’intensifient. Ce ne sont que quelques exemples des nombreuses atteintes portées à l’ordre international fondé sur des règles, qui deviennent beaucoup trop fréquentes.

Ici et ailleurs dans le monde, la pandémie de COVID-19, dont les répercussions se font toujours sentir, a renforcé l’imprévisibilité du contexte actuel de la menace. Elle a exacerbé certaines menaces et en a engendré d’autres. Par exemple, nous avons vu les manifestants contre les mesures de santé publique s’emparer de la capitale de notre pays et bloquer des passages frontaliers à des endroits comme Coutts et Windsor au début de 2022.

Des événements comme les manifestations du convoi de la liberté montrent bien les difficultés auxquelles se heurte l’appareil de la sécurité et du renseignement lorsqu’il est aux prises avec une situation complexe, multidimensionnelle et dynamique, dont des facettes touchent l’ordre public et la sécurité nationale. Quelle que soit leur motivation, les extrémistes violents ont tendance à profiter des situations de crise et à tirer parti de la peur, de la méfiance et de l’incertitude pour propager leurs visions du monde tordues, en recruter d’autres à leur cause et encourager la perpétration d’actes de violence grave. L’extrémisme violent à caractère idéologique, ou EVCI, est une menace complexe qui englobe une série d’idéologies alimentées par des opinions extrémistes sur la race, le genre et l’autorité. Stimulé par la division, l’EVCI s’envenime dans le cyberespace et irradie vers d’autres secteurs de la société. Le discours haineux de ces idéologies se normalise et s’infiltre dans les opinions courantes. Le Canada a été témoin des conséquences désastreuses et bien réelles de l’antisémitisme, de l’islamophobie et de la misogynie. Le SCRS consacre actuellement environ 50 % de ses ressources antiterroristes aux enquêtes sur les acteurs, les influenceurs et les promoteurs de l’EVCI.

Les manifestations du convoi de la liberté au cours de l’hiver 2022 ont provoqué une conversation nécessaire et toujours en cours sur les lois relatives à la sécurité nationale au Canada, dont la Loi sur le SCRS. Cette discussion a notamment ravivé l’intérêt porté à la définition des menaces envers la sécurité du Canada, énoncée dans la Loi sur le SCRS qui a été adoptée il y a près de 40 ans. Cette définition ne correspond pas toujours aux attentes grandissantes du gouvernement et des Canadiens à l’endroit du SCRS en matière d’informations et de renseignements en présence de menaces nouvelles et en évolution.

Pendant que le Canada continue de faire face aux menaces que les extrémistes violents font peser sur sa sécurité, des activités d’ingérence étrangère sont menées contre la souveraineté, les institutions démocratiques, la prospérité et des communautés canadiennes. Nous voyons des États étrangers et leurs intermédiaires cibler des élus, des communautés et la presse afin d’influencer secrètement les politiques canadiennes, l’opinion publique et nos institutions démocratiques. Pour servir leurs intérêts économiques, des États étrangers affaiblissent l’innovation et l’industrie canadiennes, notamment en s’attaquant à notre milieu académique et à nos centres de recherche.

Des auteurs de menace exploitent toujours les médias sociaux pour influencer leurs cibles. Par exemple, des acteurs étatiques s’en servent pour propager de fausses informations, diviser l’opinion publique et, de façon générale, s’immiscer dans un sain débat public et dans le discours. Pendant ce temps, des acteurs non étatiques les utilisent pour propager des théories du complot et inciter à la perpétration d’actes de violence extrémiste.

Si l’adhésion générale à l’ordre international fondé sur des règles a joué en faveur du Canada, ce n’est manifestement plus le cas maintenant que des acteurs cherchent à exploiter les faiblesses du système. Toutefois, il est aussi évident que le SCRS est capable d’intervenir et de prendre des mesures pour lutter contre ces menaces en fournissant des conseils et des renseignements dignes de confiance afin d’aider à assurer la sécurité et la prospérité du Canada.

Le SCRS demeurera concentré sur sa mission qui est de protéger le Canada et la population canadienne contre toutes les menaces à notre sécurité nationale. Il recrutera afin de renforcer et de conserver son effectif exceptionnel et, à titre d’organisme opérationnel chargé de protéger l’ensemble des Canadiens, il sera aussi diversifié que la population canadienne. Il deviendra une organisation plus éclairée par les données et le numérique qui met à profit la technologie tout en protégeant la vie privée des Canadiens. Et, comme toujours, il sera responsable devant les Canadiens.

Les services de renseignement sont souvent considérés comme des organisations qui travaillent dans l’ombre, mais je peux vous dire que nous sommes entièrement acquis à l’idée de la transparence envers les citoyens et les citoyennes de notre pays. Il est essentiel que les Canadiennes et les Canadiens nous fassent confiance pour que nous puissions remplir notre mission. Nous continuerons de mener nos activités conformément aux valeurs démocratiques qui nous sont chères et que nous mettons tout en œuvre pour protéger.

En 2022, un nombre record de comparutions devant des comités parlementaires nous a permis de communiquer ouvertement avec le Parlement et la population canadienne. Nous avons aussi participé aux audiences de la Commission sur l’état d’urgence, dont l’objectif était d’examiner l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence. Les employés du SCRS sont résolument en faveur de la transparence et, à titre de directeur, je veillerai à ce que nous intensifiions encore nos efforts à cet égard.

Il est essentiel de sensibiliser la population pour atténuer les menaces d’espionnage et d’ingérence étrangère, et nous travaillons activement à renforcer la résilience à l’échelle du Canada. Dans ce but, le SCRS offre des séances d’information aux élus de tous les ordres de gouvernement ainsi qu’aux membres de leur personnel afin de mieux expliquer l’ingérence étrangère et ses diverses manifestations. Nous collaborons avec des partenaires pour aider à protéger la recherche et examinons les investissements qui pourraient représenter des menaces pour la sécurité nationale.

Je suis heureux d’annoncer que le SCRS a lancé au cours de la dernière année la Stratégie d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) élaborée par ses employés. Elle est ambitieuse, mais je crois qu’il faut qu’elle le soit, et nous sommes fermement déterminés à la mettre en œuvre et à poursuivre notre apprentissage. L’EDI n’est cependant pas une simple question de représentation au sein de l’effectif. Pour le SCRS, c’est aussi une question de collaboration constructive avec diverses communautés, afin d’établir et d’entretenir des relations de confiance et de renforcer la résilience face aux menaces à l’échelle du pays. Cette collaboration nous aide à mieux comprendre les inquiétudes des Canadiennes et des Canadiens et à orienter nos politiques, nos programmes et nos opérations en conséquence.

À titre de directeur, je suis extrêmement fier de tous les employés du SCRS et je suis reconnaissant de leur dévouement et de leur attachement personnels à la mission.

Les menaces qui pèsent sur notre pays s’intensifient sans cesse. Je suis persuadé que les employés du SCRS travailleront avec nos partenaires pour s’y attaquer de front afin de protéger la sécurité et la prospérité de la population canadienne, en 2023 et au-delà.

Sincèrement,

David Vigneault
Directeur du SCRS