Pandémie
Programme de sensibilisation à la menace liée à la COVID-19
Pendant que les entreprises et les chercheurs canadiens s’adaptaient et innovaient pour répondre à la pandémie de COVID-19, divers auteurs de menace – de l’étranger surtout – faisaient de même. Les secteurs canadiens de la recherche, de la biopharmaceutique et des sciences de la vie, auxquels des auteurs de menace étrangers s’intéressaient déjà, sont devenus des cibles encore plus intéressantes étant donné la course à laquelle tout le monde participait pour développer un vaccin, des traitements et d’autres mesures pour lutter contre la COVID-19. Le télétravail et la visibilité publique accrue des efforts de ces organismes ont exacerbé leur vulnérabilité aux activités d’espionnage et d’ingérence étrangère. Le SCRS et ses alliés ont constaté une forte augmentation tant de la portée que de l’ampleur des activités menées par des auteurs de menace contre ces secteurs.
Le SCRS collabore avec le milieu universitaire et conseille le public canadien sur les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale depuis des années, mais les enjeux importants associés à la protection des secteurs canadiens de la biopharmaceutique et des sciences de la vie pendant la pandémie l’ont incité à intervenir en amont et à jouer un rôle plus visible que jamais. Dès le début de la pandémie, le SCRS a mis sur pied un programme de sensibilisation et de mobilisation à l’échelle du pays axé sur le milieu universitaire, les centres de recherche et les entreprises privées actifs dans les secteurs de la biopharmaceutique, des sciences de la vie et de la science des données. Le 14 mai 2020, il a diffusé un communiqué sur ce programme de concert avec le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) afin d’informer la population canadienne du risque accru d’activités d’espionnage et d’ingérence étrangère. De même, le 14 septembre 2020, le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et la ministre de la Santé ont publié un communiqué commun afin de rappeler aux organismes de santé canadiens, aux partenaires au gouvernement et aux intervenants de l’industrie d’être attentifs aux cybermenaces ainsi qu’aux activités d’espionnage et d’ingérence étrangère qui visent leurs institutions et leurs importants travaux.
Afin de joindre un grand nombre d’organisations – le plus rapidement possible – pendant la pandémie, le SCRS a utilisé tous les outils à sa disposition. Il a offert des séances d’information virtuelles à grande échelle aux universitaires et aux chercheurs, auxquelles se sont ajoutées des séances d’information sur les menaces tenues, dans plusieurs cas, par le SCRS et le Centre canadien pour la cybersécurité. Afin de joindre des publics encore plus vastes, le SCRS a donné des séances d’information à de grands organismes, comme la Chambre de commerce du Canada, et a amplifié ses efforts en ligne et dans les médias. Ces séances ont fourni aux intervenants des informations claires sur la menace et les répercussions possibles des activités d’espionnage et d’ingérence étrangère sur leurs travaux ainsi que sur les mesures qu’ils devraient prendre pour se protéger. Pour transmettre ces informations, le SCRS a présenté au public le concept des « quatre portes de la sécurité économique », qui explique les risques pour la sécurité économique que représentent les activités d’espionnage et d’ingérence étrangère, notamment ce qui pourrait être pris pour cible et la façon dont ces activités liées à la menace peuvent être menées.
Les quatre portes de la sécurité économique
Description détaillée –infographie: Les quatre portes de la sécurité économique
Les quatre portes de la sécurité économique
Les auteurs de menace peuvent emprunter quatre portes pour avoir accès à de précieuses informations :
- Exportations :
Des auteurs de menace peuvent simplement essayer d’acheter des technologies sensibles d’entreprises ou de chercheurs canadiens, pour les déployer immédiatement ou pour essayer de les désosser eux-mêmes. La diffusion ultérieure non autorisée de ces technologies peut nuire à la sécurité et à la prospérité économique (recherches ou ventes futures) du Canada. - Investissements :
Des auteurs de menace utilisent diverses ententes financières (p. ex. investissement direct étranger, coentreprises) pour avoir accès à des technologies et à du savoir-faire canadiens. Ils acquièrent ainsi de nouvelles capacités, et le Canada perd de futures possibilités économiques. - Connaissances :
Des auteurs de menace ont déjà mené des opérations de renseignement tant technique qu’humain pour acquérir de la propriété intellectuelle ou obtenir l’accès nécessaire en vue d’atteindre leurs objectifs. Exemples : cyberespionnage, activités liées à la menace interne au sein d’entreprises canadiennes, accords de collaboration et collaborateurs (p. ex. programmes de développement de talents). - Licences :
Des auteurs de menace cherchent un accès privilégié aux technologies ou à la propriété intellectuelle en se procurant des licences et des droits qu’ils violent pour acquérir de nouvelles capacités et dépouiller des entités canadiennes des avantages économiques de leur travail. Exemples : brevets, droits d’offrir un service ou permission d’entrer au Canada. Souvent, les licences ne sont pas elles-mêmes l’objectif, mais plutôt le moyen qui leur permet d’atteindre leur but ultime.
Les auteurs de menace peuvent emprunter quatre portes pour avoir accès à de précieuses informations : 1) les importations et exportations, 2) les investissements, 3) les connaissances et 4) les licences. Par exemple, les importations et les exportations canadiennes de fournitures médicales et d’équipement de protection sont indispensables pour protéger la population et peuvent servir d’accès aux auteurs de menace. L’investissement dans une entreprise peut être une autre façon d’accéder à la propriété intellectuelle ou aux travaux spécialisés de recherche et de développement d’un organisme liés aux vaccins et à de nouvelles technologies. Des services de renseignement étranger peuvent prendre pour cible l’innovation, la recherche et la propriété intellectuelle du Canada afin d’obtenir des connaissances et des données sensibles, ce qui peut se faire par le biais de cyberattaques, d’espions et de menaces internes. Enfin, des auteurs de menace peuvent même exploiter des brevets, des droits et d’autres licences pour avoir accès illégalement à des médicaments, à des technologies ou à de la propriété intellectuelle. Les auteurs de menace peuvent essayer de franchir les quatre portes, mais il ne leur en faut qu’une pour causer un préjudice grave.
Comme le centre des préoccupations est passé du développement de vaccins et de médicaments à l’acheminement et à la distribution des vaccins, le SCRS a entrepris de joindre le secteur des chaînes d’approvisionnement du Canada et d’autres intervenants de la chaîne de production, de distribution et de livraison des vaccins contre le COVID-19 et d’autres fournitures essentielles.
Au total, le SCRS a communiqué avec plus de 225 organismes à l’échelle du Canada et informé au moins 2 000 intervenants canadiens pendant la pandémie de COVID-19 en 2020. Comme la pandémie entrera dans de nouvelles phases critiques en 2021, le SCRS continuera de collaborer avec les secteurs canadiens vulnérables afin de faire en sorte qu’ils soient conscients des menaces d’espionnage et d’ingérence étrangère qui pèsent sur leur innovation et leur propriété intellectuelle. Ils pourront ainsi prendre des mesures en amont pour atténuer ces menaces et protéger leurs travaux ainsi que la sécurité économique et la prospérité future du Canada.
Contribution du SCRS à la réponse du gouvernement du Canada à la pandémie
Dès le début de la pandémie, le SCRS a surveillé la façon dont les auteurs de menace exploitaient la propagation de la COVID-19 à des fins géostratégiques, notamment les activités susceptibles de représenter une menace pour la réponse nationale du Canada à la pandémie, et il en a informé le gouvernement du Canada. Dans ce contexte, il a distribué des rapports de renseignement – parfois classifiés – aux décideurs haut placés afin qu’ils disposent de données à jour sur la situation et il a signalé à ses partenaires certaines menaces pour la sécurité nationale.
Comme la pandémie n’est pas encore terminée, le SCRS demeurera une source de conseils dignes de confiance pour ses partenaires au gouvernement, dont Services publics et Approvisionnement Canada, l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada et les Forces armées canadiennes, sur l’approvisionnement en vaccins, la logistique et d’autres activités menées par le gouvernement du Canada. Il continuera de collaborer étroitement avec les autres membres de l’appareil canadien de la sécurité et du renseignement ainsi qu’avec les partenaires des pays alliés, afin d’aider à protéger la réponse du Canada à la pandémie contre d’éventuelles menaces pour la sécurité nationale.
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