Histoire et aperçu de CORCAN
Histoire de CORCAN et de l’évolution des ateliers industriels dans les prisons
Les ateliers industriels en milieu correctionnel jouent un important rôle dans les activités quotidiennes des établissements correctionnels et la réinsertion sociale des délinquants. Plus particulièrement, ils offrent des interventions qui aident les délinquants à dresser leur plan correctionnel et à y intégrer des activités quotidiennes constructives. Le rôle du programme d’emploi du SCC offert aux délinquants a considérablement évolué depuis ses débuts. Au 19e siècle, l’industrie carcérale était une forme de châtiment pour réformer les égarés. Au début du 20e siècle, elle était vue comme un volet important du processus de réadaptation. Aujourd’hui, les programmes d’emploi et d’employabilité, y compris les interventions et les services, qui sont offerts aux délinquants sous responsabilité fédérale contribuent à leur réinsertion sociale. Cette approche exerce une influence positive sur la sécurité publique.
Le programme d’emploi et d’employabilité du SCC a pour but ultime d’aider les délinquants à se trouver un emploi dans la collectivité et à le conserver en leur permettant d’acquérir des compétences utiles. Il leur permet notamment :
- d’acquérir des compétences techniques, essentielles et transférablesh;
- de se prévaloir de services de recherche d’emploi;
- d’accéder à des services d’employabilité.
Ainsi, il est plus facile pour les délinquants :
- de réintégrer la collectivité;
- de trouver un emploi pendant leur période de surveillance dans la collectivité, et de le conserver.
Début des ateliers industriels dans les prisons
Au Canada, les ateliers industriels dans les prisons existent depuis aussi longtemps que les pénitenciers. Dans les années 1830, comme la population du Haut-Canada ne cesse d’augmenter, la nécessité de faire régner davantage la loi et l’ordre se fait de plus en plus pressante.
Les gouvernements de l’époque croient fermement que le dur labeur :
- contribue de manière importante à la réadaptation des détenus;
- permet aux détenus d’acquérir les habitudes nécessaires à la réussite de leur retour dans la société.
À mesure que l’on construit de nouveaux pénitenciers partout au pays, on réserve dans chacun un espace aux ateliers pour les détenus. On établit aussi des fermes à plusieurs endroits afin d’approvisionner les pénitenciers en nourriture et d’offrir des possibilités de travail aux détenus.
En 1835, la construction du Pénitencier de Kingston est terminée grâce en grande partie au travail d’une main-d’œuvre carcérale. À l’époque, on pensait que ce travail était :
- une punition pour les détenus;
- un élément essentiel au fonctionnement d’un pénitencier.
Le Pénitencier de Kingston devint un grand centre d’activité industrielle dans la région. Il vendait des services de main-d’œuvre aux entreprises privées, telles que des entreprises d’ébénisterie et de taille de pierres. En outre, l’agriculture était pratiquée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des murs.
À l’époque, la main-d’œuvre carcérale n’était pas sans créer de controverse. Les gens de métier dans la région craignaient que cette main-d’œuvre carcérale entraîne la perte du statut social et le ralentissement du développement économique dans la région.
Dans son ouvrage de 1842 intitulé American Notes for General Circulation, Charles Dickens commente ses voyages en Amérique du Nord. Il a formulé l’observation suivante à l’égard du Pénitencier de Kingston lorsqu’il s’est arrêté dans cette ville.
« La prison ici est admirable, elle est gérée adéquatement et avec sagesse, et est très bien réglementée dans tous les aspects. Les hommes travaillent comme cordonniers, cordiers, forgerons, tailleurs, charpentiers et tailleurs de pierre; ils participent également à la construction d’une nouvelle prison, déjà très avancée. Les prisonnières s’occupent quant à elles des travaux d’aiguille. »
À la fin du 19e siècle jusqu’au début du 20e siècle, la construction de pénitenciers se poursuit à vive allure. En plus de la construction elle-même, des ateliers sont mis en place pour employer les détenus dans divers secteurs industriels, y compris :
- l’agriculture;
- la charpenterie;
- les ateliers d’usinage;
- la réparation d’automobiles;
- le taillage de pierres;
- la cordonnerie; et
- l’impression.
À mesure que le système correctionnel évolue, on ne voit plus le travail comme un châtiment, et on accorde une plus grande importance à la formation professionnelle et à l’industrie en tant que moyen de réadaptation. Dès 1951, les décideurs du système correctionnel estiment que le travail social et la psychologie sont utiles à la réinsertion sociale des délinquants.
Dans les années 1960, le SCC adopte de nouvelles approches pour faciliter la réadaptation et la réinsertion sociale des délinquants. En 1966, le Conseil du Trésor approuve un plan visant à fusionner la formation professionnelle à l’activité industrielle. Cette nouvelle approche permet aux détenus de quitter les établissements pendant de courtes périodes pour aller travailler ou suivre des cours; le soir venu, ils retournent aux installations. Le premier programme de mise en liberté graduelle voit le jour à l’établissement de Collins Bay à Kingston, en Ontario.
Dans les années 1970, le SCC procède à une série de réformes du système correctionnel, dont l’abolition de la peine de mort en 1976 et le classement des délinquants et des établissements selon les niveaux de sécurité moyen et maximal.
Atelier de cordonnerie à l’Établissement de Dorchester, vers 1925
Un nouveau concept
Un certain après-midi, en 1960, un homme tenant sa boîte à lunch à la main frappa à la porte du pénitencier de la Colombie-Britannique. Il affirmait être un détenu de l'établissement et demandait qu'on le laisse entrer. Le gardien médusé refusa de lui ouvrir la porte, jusqu'à ce qu'un supérieur lui assure que l'individu était bien un détenu de l'établissement, qui était de retour de sa première journée de travail à l'extérieur. On avait sans doute oublié d'informer le gardien au sujet du nouveau programme de la semi-liberté.
Voir l'histoire de la libération conditionnelle au Canada sur le site Web de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Création de CORCAN
En 1980, le SCC lance la marque de fabrique CORCAN dans le cadre de son programme d’ateliers industriels en milieu correctionnel. En 1992, le gouvernement approuve CORCAN en tant qu’organisme de service spécial (OSS). En raison de ce nouveau statut, CORCAN a entrepris de :
- consolider des partenariats avec des entreprises du secteur privé;
- renforcer la capacité d’exécution des programmes en réinvestissant les recettes générées;
- donner aux autres ministères maintes occasions de contribuer aux priorités en achetant des produits et des services de CORCAN ou en s’y ralliant en tant que partenaire.
Garage de mécanique du Pénitencier de Kingston, 1962
Les résultats pour les détenus sont :
- des conditions et des scénarios de travail plus réalistes;
- des responsabilités accrues, tant pour le personnel que pour les détenus.
Comme les activités et les pratiques de CORCAN évoluent, les délinquants acquièrent :
- une expérience de métier enrichissante;
- des aptitudes utiles à la vie quotidienne.
De 1990 à aujourd’hui
- 1990 : CORCAN procède à l’obtention d’une certification ISO auprès de l’Organisation internationale de normalisation.
- 1991 : L’atelier de Moncton devient le premier atelier industriel en milieu communautaire.
- 1992 : Le Conseil du Trésor approuve CORCAN en tant qu’organisme de service spécial.
- 1992 : CORCAN restructure ses activités en quatre secteurs :
- agriculture;
- fabrication;
- services;
- textiles.
- 1992 : Ouverture d'un entrepôt national et d'un centre de distribution à Kingston, en Ontario.
- 1994 : CORCAN ajoute un cinquième secteur d’activité : la construction.
- 1998 : CORCAN déménage le Centre national d’ingénierie et de soutien technique de Montréal à Laval, au Québec.
- 2000 : CORCAN amorce sa collaboration avec Habitat pour l’Humanité.
- 2000 : Le SCC établit des fonctions de coordonnateur de l’emploi dans chaque région et en transférera plus tard la responsabilité à CORCAN.
- 2006 : En collaboration avec le Conference Board du Canada, CORCAN élabore et lance le Programme national des compétences relatives à l’employabilité, qui comprend un programme d’études pour les hommes et un autre pour les femmes.
- De 2009 à 2011 : Les fermes pénitentiaires ferment leurs portes dans l’ensemble du pays, et CORCAN met en œuvre de nouvelles initiatives.
- 2012 : CORCAN signe un protocole d’entente national visant l’établissement d’un partenariat continu avec Habitat pour l’Humanité.
- 2015 à 2016 : SCC assume à part entière la responsabilité de la formation professionnelle à CORCAN.
- 2017 à 2018 : L’Initiative d’emploi pour les délinquants autochtones est mise en œuvre dans la région des Prairies.
- 2018 : Un atelier industriel en milieu communautaire ouvre ses portes à Saskatoon, en Saskatchewan.
- 2018 :Les fermes pénitentiaires reprennent, remettant en œuvre le secteur d’activité de l'agriculture de CORCAN qui avait débuté aux établissements de Collins Bay et de Joyceville.
- 2018 : Un atelier industriel en milieu communautaire est mis en place pour les installations clientes de la région du Québec.
- 2019 : Un atelier industriel en milieu communautaire ouvre ses portes à Edmonton, en Alberta.
- 2019 : Le Programme national des compétences relatives à l’employabilité pour les délinquants autochtones est lancé. Il comprend des programmes d’études pour les hommes autochtones et les femmes autochtones, lesquels ont été élaborés en collaboration avec trois organismes autochtones.
- 2019 : Les activités des ateliers industriels en milieu communautaire sont entamées pour les installations clientes de la région des Prairies et de la région de l’Ontario.
- 2020 : Les activités des ateliers industriels en milieu communautaire sont entamées pour les installations clientes de la région de l’Atlantique.
- 2020 : L’unité de CORCAN à Kingston fusionne la formation communautaire et le programme d’emploi de transition pour y inclure le programme et les services complets de CORCAN, sous l’égide des ateliers industriels en milieu communautaire de Kingston :
- entrepôt;
- gestion des stocks;
- installations;
- conception;
- ventes; et
- bureaux administratifs.
CORCAN aujourd’hui
Environ la moitié des délinquants incarcérés ont des besoins élevés ou modérés en matière d’emploi et d’études. CORCAN contribue à la réadaptation des délinquants en leur offrant des interventions correctionnelles pendant qu’ils purgent leur peine. Ces interventions comprennent :
- une formation liée à l’emploi, y compris une formation en cours d’emploi et une formation professionnelle;
- l’enseignement de compétences relatives à l’employabilité;
- un éventail de services d’emploi, y compris un programme d’emploi de transition, afin d’aider les délinquants à trouver un emploi après leur libération et à le conserver.
La recherche démontre que les délinquants qui trouvent un emploi dans la collectivité sont trois fois moins susceptibles d’être repris en charge par le SCC.
En plus d’autres éléments du programme d’emploi et d’employabilité pour les délinquants, CORCAN offre de la formation en cours d’emploi dans les établissements correctionnels et les milieux communautaires. Les ateliers industriels dirigés par CORCAN offrent de la formation dans cinq secteurs d’activité :
- la fabrication;
- les textiles;
- les services;
- la construction;
- l’agriculture.
Les produits et les services offerts par les unités de formation en cours d’emploi de CORCAN génèrent des recettes. CORCAN réinvestit la totalité de ces recettes dans son programme d’emploi et d’employabilité pour :
- soutenir les interventions offertes aux délinquants;
- les élargir; et
- les améliorer.
Pour en apprendre davantage sur les produits et les services de CORCAN, consultez son site :
Fabrication
Les ateliers de fabrication de CORCAN sont pour la plupart certifiés ISO et dotés de machinerie et d’équipement répondant aux normes de l’industrie. On y produit un volume important d’articles manufacturés de qualité tout en offrant aux délinquants des possibilités d’emploi valorisantes et de la formation. Un large éventail de produits standards y sont fabriqués, par exemple :
- postes de travail et meubles de bureau modulaires;
- chaises et accessoires de bureau ergonomiques;
- mobilier de dortoir (par exemple, lits et matelas);
- mobilier de réception;
- armoires et étagères de métal;
- produits en métal et en bois personnalisés.
Textiles
Le secteur d’activité des textiles de CORCAN applique les normes et les méthodes du secteur privé à la fabrication d’un large éventail de produits textiles de haute qualité dans des ateliers bien équipés et certifiés ISO. CORCAN offre aux délinquants des possibilités d’acquérir des compétences dans tous les aspects de la couture et de la confection de vêtements. Les délinquants peuvent aussi acquérir des compétences dans la fabrication de divers articles plus complexes, y compris les :
- vêtements :
- pantalons de jogging;
- jeans;
- manteaux d’hiver;
- vêtements thermiques;
- t-shirts;
- cotons ouatés;
- blouses de travail;
- uniformes et autres vêtements de travail sur mesure;
- literie;
- serviettes;
- rideaux;
- oreillers;
- articles faits de sangles;
- produits en toile :
- cousus et soudés par radiofréquences;
- masques pour le visage et blouses lavables;
- produits de textiles personnalisés.
Outre ces produits standard, le secteur d’activité des textiles de CORCAN peut concevoir et livrer des produits personnalisés (des couvertures molletonnées ignifuges, par exemple) qui répondent aux besoins particuliers des clients.
Services
La gamme de services de CORCAN comprend une grande variété d’activités de formation en cours d’emploi, y compris :
- blanchisserie;
- mise hors service de véhicules et recyclage de pièces automobiles;
- remise en état de véhicules militaires;
- assemblage de pièces électroniques et essai;
- impression (formulaires, chemises de classement);
- gravure au laser;
- fabrication d’enseignes en vinyle;
- fabrication de vêtements sérigraphiés;
- fabrication de sacs fourre-tout.
Construction
Sur les chantiers de construction de CORCAN, des gens de métiers chevronnés offrent aux délinquants une expérience et de la formation pratique dans le domaine de la construction. Les délinquants apprennent à se servir d’équipement et à appliquer des techniques qui répondent aux normes de l’industrie. CORCAN est en mesure d’offrir un large éventail de services qui correspondent aux capacités et à la qualité du secteur privé, y compris des conceptions propres au client. Bien que la portée des projets varie, les délinquants acquièrent des compétences dans divers domaines de la construction, y compris :
- charpente et gypse;
- construction modulaire et prête à être déménagée;
- plomberie;
- électricité;
- maçonnerie;
- toiture;
- remplacement de fenêtres;
- retouche et remplacement de revêtement extérieur;
- trottoirs en béton et réparation de poutres, formage et barre d’armature;
- construction de nouveaux bâtiments sur place;
- rénovation.
Agriculture
En 2018, le gouvernement du Canada a annoncé la réouverture des fermes pénitentiaires aux établissements de Joyceville et de Collins Bay à Kingston, en Ontario. Cette annonce représentait un nouveau départ pour le programme des fermes pénitentiaires dans le cadre duquel s’inscrivent diverses activités agricoles qui représentent le vaste secteur canadien de l’agriculture. Ce programme offre aux délinquants des possibilités concrètes de réadaptation et de réinsertion sociale.
Les délinquants peuvent participer diverses activités aux deux établissements ou prendre part à de petits projets à d’autres emplacements, y compris :
- construction et rénovation de l’infrastructure nécessaire;
- soins du bétail;
- cultures agricoles et autres initiatives axées sur les terres;
- horticulture;
- apiculture;
- production de sirop d’érable;
- entretien de vergers de pommiers;
- activités environnementales, y compris entretien de zones vertes et de forêts.
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