La consommation d'alcool et d'autres drogues pendant la grossesse chez les délinquantes

Les trois quarts des femmes nouvellement admises dans un établissement du Service correctionnel du Canada (SCC) ont déclaré une grossesse antérieure. De ce nombre, environ une délinquante sur cinq a indiqué qu'elle avait consommé de l'alcool ou des drogues pendant au moins une grossesse, ce qui est préoccupant compte tenu des conséquences néfastes de cet usage sur la santé des enfants. Ces résultats sont particulièrement alarmants lorsqu'ils sont combinés à d'autres déterminants sociaux associés aux issues de grossesses, comme la pauvreté, l'itinérance et des antécédents de violence conjugale, qui sont assez courants chez les délinquantes. Ils laissent entendre que les délinquantes pourraient bénéficier d'une formation sur les choix sains lors d'une grossesse future.

Des 709 femmes ayant participé à l'étude, 18 % ont indiqué qu'elles avaient bu de l'alcool et 22 %, qu'elles avaient consommé des drogues pendant leur grossesse. Environ la moitié des femmes ayant déclaré avoir bu ont dit qu'elles avaient pris une quantité excessive d'alcool, c'est-à-dire au moins trois consommations à chaque occasion. Chez les utilisatrices de drogues, la substance la plus fréquemment déclarée était la cocaïne/le crack (48 %), la marijuana (41 %) et les opioïdes (24 %). La plupart des femmes ont consommé de l'alcool ou des drogues à une ou quelques occasions pendant leur grossesse, mais le quart des femmes ayant bu et la moitié de celles s'étant droguées l'ont fait au moins une fois par mois.

Bon nombre des femmes ont reconnu les effets de leur consommation d'alcool et de drogues sur leurs enfants. Plus de 40 % des femmes qui buvaient et environ le tiers des utilisatrices de drogues croyaient que leur consommation influait sur la santé de leur enfant. Une femme sur cinq (21 %) ayant consommé de l'alcool pendant sa grossesse a déclaré avoir un enfant ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale. En d'autres mots, le taux relevé dans le cadre de cette étude (y compris les femmes qui n'avaient jamais consommé d'alcool) s'établissait à 4 %, ce qui est considérablement plus élevé que le taux d'environ 1 % dans la population générale du Canada^{Footnote 1}. De plus, les utilisatrices de drogues pendant la grossesse ont déclaré que leur enfant avait de la difficulté à suivre à l'école deux fois plus souvent que les femmes n'ayant pas consommé de drogues (20 % comparativement à 10 %).

Parmi les facteurs associés à la consommation d'alcool et de drogues pendant la grossesse, signalons les suivants : origine autochtone, infraction criminelle antérieure ou lien entre la consommation d'alcool ou de drogues et l'infraction à l'origine de la peine actuelle. La consommation d'alcool ou de drogues pendant la grossesse était aussi associée à des problèmes importants ou graves de toxicomanie, à une consommation problématique d'alcool et de drogues ou à des antécédents d'injection de drogues.

On sait que la consommation d'alcool et d'autres drogues pendant la grossesse pose des risques considérables pour le bébé pour ce qui est du poids à la naissance, du développement cognitif et d'autres conséquences néfastes pour la santé. Bien que de nombreuses délinquantes soient des mères, il existe peu de données sur la consommation d'alcool et de drogues pendant la grossesse chez cette population.

Nous avons examiné les résultats du Questionnaire informatisé sur la toxicomanie pour les femmes (QITF), qui évalue les problèmes liés à la consommation d'alcool et de drogues des femmes à leur admission dans un établissement fédéral, ainsi que d'autres données administratives pour les femmes qui ont déclaré avoir été enceintes. Au total, 709 (74 %) des 962 femmes qui ont rempli le questionnaire de février 2010 à février 2014 ont déclaré avoir déjà été enceintes et ont été incluses dans l'analyse des données.

Veuillez envoyer un courriel à la Direction de la recherche ou communiquer avec nous par téléphone au 613-995-3975.

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Préparé par : Renée Gobeil, Shanna Farrell MacDonald et Mary B. Ritchie