Évaluation des délinquantes : Les variables sexospécifiques peuvent-elles améliorer la prédiction?

Faits saillants de la recherche: Une approche sexospécifique d’évaluation du risque et des besoins en fonction des données du SGD permet de prévoir avec exactitude les résultats chez les femmes.

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Pourquoi nous avons effectué cette étude

Au cours des dernières décennies, les organismes correctionnels ont commencé à reconnaître les différences entre les facteurs qui sont associés aux hommes et aux femmes ayant des démêlés avec le système de justice pénale et leur réponse aux interventions, et ils ont intégré cette information à la mise au point de méthodes de traitement des délinquantes. On envisage de plus en plus l’hypothèse selon laquelle les différences entre les femmes et les hommes sont importantes dans l’évaluation du risque et des besoins, et des universitaires laissent entendre que certains facteurs pourraient être plus importants chez les femmes. La présente étude avait pour objet d’examiner la faisabilité d’utiliser le Système de gestion des délinquant(e)s (SGD) du Service correctionnel du Canada (SCC) pour élaborer un outil d’évaluation sexospécifique du risque et des besoins.

Ce que nous avons fait

Les femmes admises sous responsabilité fédérale en vertu d’un nouveau mandat de dépôt du 28 septembre 2009 au 8 janvier 2017 et mises en liberté dans la collectivité par la suite sont comprises dans la présente étude. Les femmes ont été réparties au hasard entre deux groupes, soit un groupe servant à la conception de l’outil d’évaluation (n = 646, 35 % de délinquantes autochtones) et un groupe servant à valider l’outil d’évaluation (n = 620, 38 % de délinquantes autochtones). Un groupe de référence apparié constitué d’hommes a également été formé afin d’évaluer les possibles différences dans les résultats de l’outil en fonction du sexe (n = 647, 36 % de délinquants autochtones). En raison des petits nombres, nous n’avons pu ventiler les résultats en fonction de l’identité autochtone.

Un examen du SGD a été réalisé afin de dégager les variables sans distinction de sexe et sexospécifiques qui devaient être prises en compte dans l’élaboration d’un outil d’évaluation sexospécifique. Le nombre d’éléments a ensuite été réduit au moyen d’une combinaison de statistiques descriptives, d’analyses de régression et d’analyses en composantes principales.

Ce que nous avons constaté

Les résultats indiquent qu’il a été possible d’utiliser le SGD pour créer un outil d’évaluation sexospécifique du risque et des besoins qui comprenait 22 éléments répartis parmi les neuf domaines suivants : 1) les antécédents criminels, 2) la consommation abusive de drogue et l’instabilité du logement, 3) une personnalité antisociale, 4) l’emploi, 5) la consommation excessive d’alcool; 6) les expériences difficiles dans l’enfance, 7) les infractions avec violence et relatives aux armes, 8) le soutien et les ressources, 9) les incidents et les chefs d’accusation. Ces éléments étaient sans distinction de sexe ou sexospécifiques. Une cote globale de risque et de besoin faible, modérée ou élevée a été attribuée aux femmes afin de les classer par catégorie.

L’exactitude prédictive de l’outil d’évaluation sexospécifique a été considérée comme étant bonne, chaque élément et la cote globale étant associés à la probabilité de réincarcération dans un établissement fédéral. Chose intéressante, l’exactitude prédictive de l’outil s’est révélée comparable chez les hommes.

Les cotes établies par l’outil d’évaluation sexospécifique étaient de modérément à fortement associées aux cotes obtenues avec d’autres outils de gestion des cas du SCC (p. ex. Évaluation des facteurs statiques, Instrument de définition et d’analyse des facteurs dynamiques révisé et Indice du risque criminel). De plus, les cotes de risque et de besoin sexospécifiques ont permis de mieux prévoir la réincarcération quand elles étaient ajoutées aux outils existants du SCC.

Ce que cela signifie

Dans l’ensemble, les résultats de la présente recherche laissent entendre que les facteurs de risque et de besoins sexospécifiques et sans distinction de sexe fournissent des renseignements complémentaires et non concurrents, qui contribuent à l’évaluation du risque chez les délinquantes. L’adoption d’une approche holistique d’évaluation des délinquants a permis d’obtenir des renseignements utiles à la prévision des résultats dans la collectivité et pourrait améliorer les outils de gestion des cas existants. Néanmoins, d’autres recherches sont nécessaires pour valider le présent outil d’évaluation auprès des femmes autochtones et pour examiner davantage les facteurs considérés hypothétiquement comme étant sexospécifiques.

Pour de plus amples renseignements

Derkzen, D., Wardrop, K. et Wanamaker, K. (2019). Évaluation des délinquantes : Les variables sexospécifiques peuvent-elles améliorer la prédiction du risque? Rapport de recherche R-413. Ottawa (Ont.), Service correctionnel du Canada, 2019.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF, veuillez communiquer avec la Direction de la recherche par courriel ou par téléphone, au 613-995-3975.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

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