Favoriser le bien-être et l’autonomie des détenus âgés au SCC

Cadre de politique

Mai 2018

Résumé

Le Canada, comme de nombreux pays, fait face au vieillissement de sa population. Ce changement démographique, combinée à l’augmentation du nombre de condamnations tardives et d et aux peines plus longues, à la hausse du nombre de détenus âgés dans les établissements fédéraux. Néanmoins, la population générale du Service correctionnel du Canada (SCC) demeure relativement jeune. Contrairement à l’ensemble de la population canadienne, où 16.1% ont plus de 65 ,5 % de la population carcérale du SCC sont âgées de 65 ans et plus. À noter, les détenus du groupe d’âge inférieur (50 à 64 ans) constitue 20 % de la population carcérale.

Face au vieillissement de sa population, le SCC a élaboré un cadre stratégique national qui s’appuiera sur les programmes et les services actuels et qui favorisera le bien-être et l’autonomie des détenus âgés. Le cadre repose sur des recherches réalisées au pays et à l’étranger, il est le fruit de consultations menées auprès d’experts en gériatrie, en gérontologie, en droit, en anthropologie culturelle, en santé chez les Autochtones et en santé au sein de services correctionnels. Il mise sur une approche globale, multidimensionnelle, qui répond aux besoins précis des détenus selon leur âge, leur sexe et leur culture. Ce cadre soutient leur santé et leur bien-être, des programmes et des logements appropriés, ainsi que l’engagement et les partenariats communautaires.

Le cadre sera fondé sur des éléments probants, il reposera sur les résultats d’une évaluation exhaustive des besoins des détenus âgés, comprenant plusieurs volets : 1) la prise en compte de la perspective des détenus âgés et de leur expérience; 2) un examen de la prévalence des maladies chroniques; 3) une évaluation des besoins des détenus par rapport à leurs capacités fonctionnelles et cognitives et aux services sociaux; 4) une analyse du milieu de vie physique; et 5) des discussions avec le personnel des opérations et des soins de santé du SCC.

Les détenus âgés ne formant pas un groupe homogène, une attention particulière sera donnée à certains groupes, dont les Autochtones, les résidents des centres de traitement et ceux qui font partie de programmes particuliers (psychogériatrie/aide à la vie autonome). Les antécédents d’incarcération seront également inclus comme facteur important.

S’inspirant de la littérature qui existe sur la santé et le vieillissement en milieu correctionnel, le cadre traitera de sujets importants, dont la formation du personnel, les besoins spéciaux des femmes, la démence, les conditions de vie, la planification de la continuité des soins, les soins de fin de vie, les besoins des Autochtones, les évaluations et le dépistage, le soutien par les pairs, les programmes, les chutes, la nutrition, la promotion de la santé, l’engagement et les partenariats communautaires, l’utilisation de moyens de contention et de transports.

Des experts en gérontologie, en gériatrie, en santé en milieu correctionnel et en éthique, de même que des intervenants de la collectivité seront consultés et des discussions auront lieu continuellement avec les précédents. Le cadre stratégique se doit d’être un document qui évoluera au fur et à mesure que d’autres renseignements pertinents seront disponibles.

Table des matières

Utilisation du présent document

Bien que ce document soit nommé un ‘’ cadre politique’’, il s’agit d’un croisement entre un cadre et une stratégie. Ce document sera mis à jour et révisé au fur et à mesure que des données et renseignements pertinents deviendront disponibles. Le processus de consultation d’experts dans les domaines des personnes âgés en détention, de la gériatrie, des soins de santé en milieu correctionnel, de l’éthique, des soins de fin de vie, et de la participation des intervenants communautaires est permanent.

L’un des principes de l’approche de ce cadre politique est que sa mise en œuvre coïncide avec le développement et l’amélioration continue du cadre.

Par exemple, les résultats de l’évaluation des besoins (entrevues personnelles avec des détenus âgés ; compréhension de la prévalence des maladies chroniques ; besoins fonctionnels, cognitifs et sociaux ; etc.) constituent l’un des principaux facteurs dans la conception et l’élaboration des soins et des soutiens. Ces évaluations et entrevus éclaireront les plans de soins individuels des détenus âgés au SCC.

1. Introduction

1.1 But

Le but de ce document est de fournir un cadre et un plan détaillé sur la façon dont le SCC met en œuvre une approche holistique afin de soutenir le bien-être et l’autonomie des détenus âgés sous responsabilité fédérale.

1.2 Renseignements généraux et contexte stratégique

Le cadre a été élaboré en réponse à la nécessité de prendre en charge les détenus âgés en tant que population spécifique au sein du système correctionnel fédéral. Bien que la documentation sur le système correctionnel ait été examinée en détail en vue de la préparation du présent document, ce dernier ne contient pas de résumé de cette documentation. Cependant, il convient de commenter l’ensemble de ces références. Les nombreuses données sur le système correctionnel consistent en grande partie en la duplication et la répétition des mêmes renseignements. Par ailleurs, la qualité de ces renseignements est généralement considérée comme étant insuffisante. Par exemple, l’étude de Turner et Trotter (2010) mentionne que « [Traduction] la plupart des renseignements actuellement disponibles ont été recueillis au moyen d’études à petite échelle, d’articles de journaux ou de rapports gouvernementauxNote de bas de page 1 ». Plus récemment, Stevens et coll. (2017)Note de bas de page 2 ont constaté que, dans une revue systématique de la documentation sur une période allant de 2006 à 2016 au sujet de l’efficacité des interventions offertes aux détenus âgés, 760 articles et résumés sur un total de 1 186 étaient des reproductions. De plus, sur 393 documents examinés en fonction de critères d’admissibilité, 46 ont été examinés pour valider s’ils pouvaient être pris en compte et de ce nombre, seulement 7 articles ont été ciblés comme répondant aux critères (2 études quantitatives et 5 études qualitatives). L’auteur a également indiqué que les études quantitatives étaient de faible qualité, se reposant sur des échantillons de petite taille.

Le cadre du SCC se fonde sur des données probantes et s’oriente par des consultations et discussions avec des experts nationaux et internationauxNote de bas de page 3 dans les domaines de la gériatrie, de l’évaluation gériatrique et des services correctionnels, lesquels ont généreusement offert de leur temps et présenté leur expertise et leurs recherches au SCC. Leur expertise permettra d’informer, de renforcer et d’enrichir les services et programmes du SCC qui favorisent la santé des détenus âgés du SCC.

1.3 Aperçu du SCC

Conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise ne liberté sous condition (LSCMLC), le service correctionnel du Canada (SCC) a pour mandat de veiller à ce que chaque détenu reçoive les soins de santé essentielsNote de bas de page 4 et qu’il ait accès, dans la mesure du possible, aux soins qui peuvent faciliter sa réadaptation et sa réinsertion socialeNote de bas de page 5. Au sein du SCC, la prestation de services de soins santé est régie par le Secteur des services de santé et guidée par la Directive du commissaire 800 « Services de santé » et ses lignes directrices et documents connexes. Conformément aux services de santé offerts dans l’ensemble de la communauté canadienne, les services de santé du SCC sont accrédités par Agrément Canada.

La vision des Services de santé du SCC, qui est fondée sur le respect, l’équité, le professionnalisme, l’inclusivité et la responsabilisation, consiste à améliorer la santé des délinquants afin de contribuer à la sécurité de la population canadienne. Les Services de santé ont pour mission de fournir aux délinquants des services de santé efficaces qui encouragent la responsabilité individuelle et favorisent la santé et le bien-être.

Le SCC est responsable de la gestion de 43 établissements dans 5 régions du Canada (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies et Pacifique), de 91 bureaux de libération conditionnelle, de 15 centres correctionnels communautaires, et de plus de 200 centres résidentiels communautaires.

1.4 Organisation des services de santé

Les Services de santé au sein du SCC sont offerts par une multitude de professionnels de la santé autorisés et non autorisés dans les centres de soins de santé primaires situés à l’intérieur des établissements correctionnels, dans les programmes de santé mentale intermédiaires, les hôpitaux régionaux et les centres de traitement régionaux (soins psychiatriques). Le SCC fait appel aux soins de santé communautaires pour les services et consultations avec des spécialistes qui ne sont pas disponibles ou ne peuvent pas être gérés au sein du SCC, tels que : les services d’urgence hospitaliers et paramédicaux, les hospitalisations et les diagnostics avancés (IRM, tomodensitométrie). De plus amples renseignements concernant les services et programmes de soins de santé au SCC sont présentés à l’annexe B.

2. Bref aperçu des données démographiques des détenus âgés en milieu correctionnel fédéral

Comme le montre la figure 1, la population du Service correctionnel du Canada (SCC) est relativement jeune comparativement à l’ensemble de la population canadienne, où 16,1 % ont plus de 65 ans,Note de bas de page 6 alors qu’au sein du SCC, 5 % des détenus ont 65 ans et plus (65 +). De plus, le groupe des 65 + contient moins de 1 % de femmes et environ 3 % de personnes d’ascendance autochtone.

Cependant, le plus grand groupe de détenus « âgés », composé de membres entre 50 et 64 ans, représente 20 % des individus en détention. À l’instar du groupe des 65 ans et plus, les proportions de femmes et de personnes autochtones demeure relativement faible, soit moins de 1 % et 3,7 % respectivement.

Figure 1 - Source : dépôt de données. Données actualisées à la fin du premier semestre de l’exercice 2017-2018

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La figure indique que la population du SCC est assez jeune si on la compare à celle du Canada, en plus de fournir la proportion d'hommes et de femmes. La proportion de la population spécifique au sexe se lit ainsi : 75 ans ou plus – hommes : 1 % et femmes : 0,4 %; de 70 à 74 ans – hommes : 1,5 % et femmes 0,4 %; de 65 à 69 ans – hommes : 2,7 % et femmes : 1,2 %; de 60 à 64 ans – hommes : 4,3 % et femmes : 2,5 %; de 55 à 59 ans – hommes : 6,7 % et femmes : 5,1 %; de 50 à 54 ans – hommes : 9,4 % et femmes : 6,2 %; de 45 à 49 ans – hommes : 10 % et femmes : 8,1 %; de 40 à 44 ans – hommes : 10,8 % et femmes : 10,9 %; de 35 à 39 ans – hommes : 13,4 % et femmes : 15,6 %; de 30 à 34 ans – hommes : 15,8 % et femmes : 19,4 %; de 25 à 29 ans – hommes : 14,9 % et femmes : 17,7 %; de 20 à 24 ans – hommes : 9,3 % et femmes : 17,7 %; moins de 20 ans – hommes : 0,4 % et femmes : 0,9 %.

La figure 2 (ci-dessous) illustre qu’au cours des cinq dernières années, l’augmentation de l’ensemble des détenus de 50 ans et plus (incluant le groupe 65 +) et du groupe des 65 + est constante.

Figure 2. Augmentation de la proportion de détenus âgés au SCC entre 2013 et 2017

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La figure montre qu'au cours des cinq années comprises entre 2013 et 2017, la population des délinquants de 50 ans ou plus (y compris de 65 ans ou plus) et des 65 ans ou plus a augmenté de façon constante. La répartition se lit ainsi : la population des 50 ans ou plus est restée relativement constante entre 2013 et 2017, marquant une légère hausse en 2017. Le nombre de délinquants âgés de 50 ans ou plus est demeuré relativement constant, augmentant lui aussi légèrement en 2017.

Par ailleurs, une analyse plus précise des changements survenus les derniers cinq ans dans chaque groupe d’âge (figure 3) ne présente aucune augmentation particulière dans les taux.

Figure 3 Taux de croissance annuel des détenus âgés de 50 ans et plus, selon divers groupes d’âges (tranches de cinq ans) entre 2013 et 2017

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La figure montre que les taux de croissance annuels des détenus de 50 ans ou plus n'a pas atteint de sommets entre 2013 et 2017. Plus précisément, la figure montre les groupes d'âge suivants : de 50 à 54 ans; de 55 à 59 ans; de 60 à 64 ans; de 65 à 69 ans; de 70 à 74 ans; de 75 à 79 ans; 80 ans ou plus. On n'y constate aucun pic de croissance pour l'un ou l'autre des groupes d'âge.

En 2018, on comptait 2 833 détenus âgés de 50 ans et plus, (2 736 hommes et 97 femmes). Au sein de ce groupe, 707 étaient âgés de plus de 65 ans (693 hommes et 14 femmes).

Le groupe des 65 ans et plus est réparti de façon disproportionnée dans l’ensemble du Canada : 29 % sont incarcérés en Ontario, 28 % au Québec, 19 % dans la région du Pacifique, 14 % dans la région des Prairies et 10 % dans la région de l’Atlantique.

3. Définition des détenus âgés au SCC

Malgré le fait que la littérature sur le milieu correctionnel indique que l’âge physiologique des détenus dépasse de 10 à 15 ans leur âge chronologique,Note de bas de page 7 il n’y a pas de consensus sur l’âge à partir duquel un détenu est « âgé ». Les définitions vont de 45 ans et plus à 65 ans et plusNote de bas de page 8, Note de bas de page 9. Par exemple, « [Traduction] la définition d’un détenu âgé aux États-Unis varie en fonction de l’État, les âges variant de 50 à 70 ans » (Williams et coll.Note de bas de page 10). Selon Williams et coll. (2012), les données empiriques sur le vieillissement accéléré des détenus sont insuffisantes.Note de bas de page 11 D’autres personnes ont même indiqué que la définition de l’âge exclusivement à l’aide de l’âge chronologique pour définir le début de la vieillesse doit être utilisée avec prudence.Note de bas de page 12 Selon Aday (2013)Note de bas de page 13 et Williams et coll. (2012),Note de bas de page 14 le qualificatif « âgé » repose sur une combinaison de l’âge chronologique et des capacités fonctionnelles et cognitives.

Compte tenu du manque de données empiriques sur les facteurs définissant les « détenus âgés » dans le système correctionnel fédéral, le SCC adopte une approche fondée sur des données probantes pour comprendre et répondre aux besoins des détenus âgés en milieu carcéral, plutôt que de s’appuyer sur des spéculations et/ou des données non scientifiques mentionnées dans la documentation sur le système correctionnel. Étant donné qu’aucun indicateur ou source de données unique ne peut fournir tous les renseignements nécessaires pour élaborer une approche fondée sur des données probantes, le SCC a entrepris une évaluation multidimensionnelle complète des besoins pour recueillir des renseignements et tester des hypothèses sur ce qui constitue une population carcérale de détenus âgés au Canada.

Afin de gérer le caractère ambitieux de cette approche, le SCC devra être pragmatique et procéder en deux étapes : il commencera par l’étude du groupe de 65 ans et plus (phase I), puis poursuivra avec l’étude du groupe de 50 à 64 ans (phase II).

L’approche adoptée pour réfléchir et répondre aux détenus âgés est ancrée dans une perspective globale, multidimensionnelle, orientée par la culture et le sexe à différentes étapes et points de transition. Cela permet de répondre aux besoins des détenus âgés dans divers domaines de la santé : physique, émotionnel, spirituel, santé mentale et bien-être.

L’approche holistique pour répondre aux besoins des détenus âgés (illustrée à la page 9, figure 4) a été élaborée par un Comité consultatif sur les soins de santé (CCSS) multidisciplinaireNote de bas de page 15. Le Comité comprend des représentants provenant de plusieurs associations professionnelles nationales (Association des médecins autochtones du Canada, Canadian Indigenous Nurses Association, Association des infirmières et infirmiers du Canada, Société canadienne de psychologie, Société canadienne de gériatrie, Association canadienne de gérontologie) et de domaines de spécialité tels que l’ergothérapie, ainsi que des médecins et des représentants de l’administration du SCC. Plus récemment, un Aîné autochtone et un représentant de l’ONG Dementia Justice se sont joints au Comité.

Figure 4. Approche holistique pour répondre aux besoins des détenus âgés, élaborée par le CCSS du SCC (8 et 9 novembre 2017)

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Cette figure circulaire comporte de nombreux cercles intérieurs. Le cercle représente l'approche globale que le SCC emprunte pour répondre aux besoins des détenus âgés. La figure montre, par la superposition de cercles, que l'approche du SCC est centrée sur la personne, multidimensionnelle et adaptée à la culture et au sexe à différentes étapes et à différents points de transition. Elle répond aux besoins de santé des détenus âgés à divers niveaux : physique, émotionnel, spirituel, mental et bien-être. Dans le cercle du centre, on lit personnes âgées en détention, dans le suivant santé et bien-être, y compris la santé physique, la santé spirituelle, la santé mentale et la santé émotionnelle. Le prochain cercle extérieur renferme les mots transitions, puis fin de vie, mise en liberté, admission et transfèrements. Dans le dernier cercle extérieur se trouvent les mots logements institutionnels, engagement communautaire, programmes et partenariats. À l'extérieur du cercle, on peut lire adapté à l'âge, adapté sur le plan culturel et adapté au sexe. Le cercle présente une approche globale et intégrée.

Dans le cadre de cette approche, l’objectif sera de soutenir les détenus dans la transition de l’autonomie à la dépendance (voir annexe C) et d’aider les gens à rester autonomes et à vieillir sainement aussi longtemps que possible grâce à l’identification précoce, au diagnostic et la prise en charge des maladies chroniques. L’accent portera également sur des problèmes souvent associés au vieillissement incluant les chutes, la dépression, la démence, la nutrition, l’incontinence, la santé buccodentaire et l’isolement social, entre autres.

Le SCC offre toute une gamme de services de soins de santé aux détenus de tous âges, y compris les personnes âgées. Actuellement, les soins de santé sont gérés au cas par cas lorsqu’une personne âgée présente des conditions de santé plus complexes. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a jamais eu d’approche stratégique globale visant précisément à répondre aux besoins multidimensionnels en matière de soins de santé et de garde de détenus âgés selon une perspective axée sur la santé de la population.

Répondre aux besoins uniques des détenus âgés tout en assurant leur sécurité est un processus complexe qui nécessite la collaboration de tous les secteurs au sein du SCC ayant des responsabilités dans les domaines de la santé, des initiatives autochtones, du Secteur des délinquantes, des services d’alimentation, de la sécurité, des programmes, des services spirituels et pastoraux, de l’infrastructure, etc.

4. Compréhension des besoins des détenus âgés

Comme il a été mentionné ci-dessus, la compréhension des besoins des détenus âgés nécessite une approche multidimensionnelle et à ce titre, l’évaluation des besoins devra être exhaustive et aborder différents points de vue : écouter l’expérience des détenus âgés à l’aide d’entrevues individuelles, examiner la prévalence des maladies chroniques, évaluer les aptitudes fonctionnelles, cognitives, et le bien-être social des détenus âgés (en utilisant des outils standardisés), tenir compte du point de vue des fournisseurs de soins de santé et du personnel opérationnel, et mener une analyse de l’environnement et un examen des besoins au niveau de l’infrastructure.

Le processus d’évaluation sera effectué en deux (2) phases (phase I et phase II). La première phase portera sur tous les détenus de 65 ans et plus et la seconde portera sur un échantillon de personnes dans le groupe d’âge de 50 à 64 ans. Cette approche s’impose compte tenu de la portée de l’étude. Il est prévu que les détenus du groupe 65 + auront des besoins plus élevés que ceux du groupe de 50 à 64 ans, ainsi le premier groupe aura la priorité. Cependant, les femmes du groupe d’âge compris entre 50 et 64 ans seront incluses dans la phase I, étant donné qu’elles sont sous-représentées dans le groupe de 65 ans et plus. Il convient de souligner que l’évaluation des besoins n’est pas qu’une collecte de données. L’approche comporte des évaluations individuelles qui seront ajoutées au dossier de soins de santé de la personne pour que l’équipe de traitement puisse y avoir accès.

Étude des sous-groupes

Les détenus âgés ne sont pas un groupe homogène et, par conséquent, l’évaluation des besoins doit inclure un certain nombre de sous-catégories de population de détenus âgés, y compris :

4.1 Point de vue des détenus âgés (faits vécus)

Conformément à l’approche globale qui porte principalement sur les besoins d’une personne, l’évaluation des besoins doit d’abord porter sur les points de vue des détenus âgés. Au cours de la phase I, tous les détenus âgés du groupe 65 + (plus de 700 personnes) seront invités à faire part de leur expérience et de leur point de vue pendant des entretiens personnels avec un membre du personnel infirmier du SCC. L’entrevue sera orientée par une série de questions, cependant, les participants seront encouragés à s’exprimer librement sur tout sujet en lien avec le vieillissement en milieu carcéral. Les questions de discussion ont été mises au point en consultation avec la présidente du Comité consultatif des citoyens du SCCNote de bas de page 19 (voir l’annexe E pour le Guide d’entrevue).

4.2 Prévalence des maladies chroniques

Au fur et à mesure que les gens vieillissent, plusieurs facteurs peuvent diminuer leur qualité de vie, c’est-à-dire plusieurs maladies chroniques, invalidités, pertes cognitives, pertes de mobilité, problèmes psychologiques et isolement social, en combinaison avec le vieillissement des systèmes biologiques du corpsNote de bas de page 20. Ainsi, le SCC a examiné la prévalence des maladies chroniques des détenus âgés du groupe 65 + (plus de 700 personnes, principalement des hommes) en 2017 dans le cadre de la phase I. Les résultats préliminaires de l’examen ont indiqué une forte prévalence de maladies chroniques, plus élevée dans la plupart des catégories que la prévalence observée dans la population canadienne de personnes âgées de 65 +.

4.3 Évaluation fonctionnelle, cognitive et social des besoins

Le SCC travaille en collaboration avec l’Université de WaterlooNote de bas de page 21 et le système de santé Mount SinaiNote de bas de page 22 pour évaluer tous les détenus de 65 ans et plus qui souhaitent participer (plus de 700 personnes). Un médecin de première ligne du SCC, un psychiatre du SCC, et un membre du personnel infirmier du SCC collaborent également à l’étude, ce qui aidera à l’interprétation et à l’application des conclusions dans un contexte correctionnel. Les données seront regroupées afin de mieux comprendre les besoins physiques, cognitifs et sociaux des détenus de 65 ans et plus, puis les résultats seront enregistrés dans le dossier médical de chaque détenu à des fins de suivi par son équipe de soins de santé.

Pour l’étude, l’outil d’évaluation de contact (EC) InterRAI sera utilisé, soit un outil d’évaluation comprenant 39 observations cliniques qui permet de déterminer les besoins physiques, cognitifs et sociaux qui pourraient nécessiter une attention particulière. Cet outil tire parti d’observations cliniques mises à l’épreuve et comprend des barèmes au soutien de décisions pour établir la gravité et dépister les risques. L’évaluation génère un algorithme de note d’urgence qui permet le classement des personnes en six groupes, selon la gravité de leurs problèmes et leur besoin éventuel d’obtenir une intervention et une évaluation gériatriques plus poussées.

L’évaluation produira les résultats cliniques dans les domaines suivants :

4.4 Soins de santé et services correctionnels

Perspective des prestataires de soins de santé

En apprendre davantage sur l’expérience et les connaissances des prestataires de soins de santéNote de bas de page 23 du SCC permettra une meilleure compréhension des besoins des détenus âgés, en plus d’orienter la stratégie sur des questions relatives à l’organisation des ressources, aux facteurs contribuant à l’accès aux services et à la formation.

Ainsi, les prestataires de soins seront invités à présenter leurs observations et opinions sur les principaux secteurs de services au cours de la phase I tels que : l’intégration et la coordination des services ; les ressources ; les délais d’attente ; les défis en lien avec l’infrastructure ; l’accès aux services spécialisés (diagnostics ; laboratoires ; hospitalisation, etc.). Les prestataires de services, particulièrement ceux qui participent au processus de planification de la continuité des soins, seront interrogés sur leur opinion en lien avec l’accès et la disponibilité des ressources des « logements » communautaires.

Point de vue des professionnels opérationnels

Dans un établissement correctionnel, le personnel correctionnel (agents correctionnels, agents de libération conditionnelle, agents de programmes sociaux, etc.) établit la majorité des contacts quotidiens avec les détenus, et leur rôle pour ce qui est d’observer les changements de comportement, les nouveaux comportements, l’appartenance sociale des personnes, etc. est primordial. Par conséquent, leurs points de vue seront sollicités au moyen d’un questionnaire et d’entrevues en personne au besoin.

4.5 Analyse de l’environnement physique

L’un des défis pour les milieux correctionnels est de trouver la manière d’adapter des établissements principalement conçus pour des personnes plus jeunes afin de répondre aux besoins d’une population vieillissante. Souvent, les établissements ne sont pas aménagés pour permettre l’utilisation de fauteuils roulants ou de marchettesNote de bas de page 24 ainsi que d’autres équipements de soins de santé (grands lits, élévateurs, baignoires, etc.). Afin de favoriser « le vieillissement en milieu carcéral », il est important d’adapter le milieu de vie aux personnes vieillissantes en leur permettant de vivre « de manière sécuritaire et autonome », « pour aussi longtemps que nécessaire »Note de bas de page 25. En d’autres termes, pour faciliter le vieillissement en milieu carcéral, la conception physique de l’espace de vie doit être prise en compte.

Divers éléments de l’espace physique sont essentiels pour améliorer et/ou prolonger l’autonomie. Cela inclut des solutions de rechange aux escaliers, des rampes et des sièges de douche qui peuvent faire une différence pour quelqu’un qui vit avec de légers problèmes de mobilité réduite. Les problèmes de déficience sensorielle doivent également être pris en compte, car les personnes âgées peuvent avoir des déficiences visuelles et auditives à différents niveaux par rapport aux détenus plus jeunes. Par conséquent, des éléments de l’environnement carcéral tels que les tableaux d’information, les affiches et les panneaux doivent être pris en considération.

Par ailleurs, le niveau de bruit dans les prisons est un élément qui peut entraver la compréhension d’instructions verbales pour les personnes ayant une déficience auditiveNote de bas de page 26. Afin d’évaluer l’environnement physique au sein du SCC, une liste de contrôle a été mise au point (adaptée du Guide de bonnes pratiques; travailler avec les détenus âgés, RECOOP, Org.uk) (en anglais). Une évaluation dans chaque établissement à l’aide de cette liste de vérification permettra de cibler les problèmes d’accessibilité pour les détenus âgés. (Voir l’annexe F Liste de vérification de l’environnement physique.)

Résumé de l’évaluation des besoins

Phase I
Entrevues personnelles avec tous les détenus âgés de 65 ans et plus qui acceptent de participer et d'un échantillon de femmes âgées entre 50 et 64 ans. Examen de la prévalence des maladies chroniques pour tous les détenus âgés de 65 ans et plus. Évaluation des fonctions pour tous les détenus âgés de 65 ans et plus qui acceptent de participer et d'un échantillon de femmes âgées entre 50 et 64 ans. Perspective des prestataires de soins de santé. Perspective des professionnels opérationnels. Évaluation de l'environnement physique.
Phase II
Entrevues individuelles avec un échantillon de détenus âgés entre 50 et 64 ans. Examen de la prévalence des maladies chroniques pour tous les détenus âgés entre 50 et 64 ans. Évaluation des fonctions pour les détenus âgés entre 50 et 64 ans.

5.0 Sujets clés

Lors de la mise en place d’un cadre de politique permettant de répondre aux besoins des détenus âgés, il faut inclure un certain nombre de domaines qui, quoique pertinents pour d’autres groupes d’âge, sont particulièrement importants pour les personnes âgées.

Williams et coll. (2012)Note de bas de page 27 ainsi qu’un groupe de 29 experts nationaux en soins de santé en milieu correctionnel, en médecine universitaire, en soins infirmiers, et en droits civils, ont déterminés 9 domaines prioritaires pertinents à un programme d’action exhaustif pour la santé des détenus âgés : 1) définition des « détenus âgés », 2) formation du personnel correctionnel, 3) définition de « limitations fonctionnelles » en prison, 4) dépistage de la démence, 5) reconnaissance des besoins particuliers chez les délinquantes âgées, 6) unités d’hébergement gériatrique, 7) problèmes pour les détenus âgés au moment de leur libération, 8) libération anticipée en raison de conditions médicales, et, 9) programmes de médecine palliative en milieu carcéral.

Les définitions d’un détenu âgé ainsi que des limitations fonctionnelles ont été abordées précédemment dans ce document (voir sections 3 et 4.3 respectivement). Les 7 autres domaines seront abordés dans la section suivante, de même que d’autres domaines prioritairesNote de bas de page 28 : compréhension et satisfaction des besoins des détenus autochtones âgés, évaluation et dépistage, programmes de soutien par les pairs, chutes, nutrition, promotion de la santé, mesures de contention pour le transport des personnes âgées, et engagement communautaire et partenariats.

5.1 Formation

Le SCC collabore avec le Département de la médecine et la Division de gériatrieNote de bas de page 29 de l’Université Queen’s ainsi que le Centre d’études sur le vieillissement et la santé de Providence Care pour concevoir les modules de formation et l’orientation pour les professionnels des soins de santé du SCC, le personnel correctionnel, et le personnel administratif du SCC.

Les modules de formation, dans le cadre des essaies pilotes, sont offerts à l’aide de Webex, en ligne et en personne et couvrent des sujets tels que les changements liés au vieillissement pertinents à la santé et aux soins des personnes âgées, les composants d’une évaluation gériatrique exhaustive, la polypharmacie et les principes de prescription chez des délinquants âgés, la démence, la dépression, les chutes, l’incontinence, les maladies chroniques communes, les soins de fin de vie, etc.

Le SCC continuera de renforcer les capacités du personnel à reconnaître les besoins de santé et les besoins psychologiques des détenus âgés et à y répondre de façon appropriée. (Voir l’annexe G Modules de formation.)

5.2 Démence

La démence est le terme général pour les maladies neurodégénératives qui interfèrent de façon importante avec la capacité d’une personne à maintenir ses activités de la vie quotidienne. Selon Livingston et coll. (2017), le terme « démence » est considéré comme dégradant et stigmatisant par certains; par conséquent, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition) utilise le terme « grands troubles neurocognitifsNote de bas de page 30 ». Néanmoins, le terme « démence » reste largement utilisé. La démence est une maladie chronique progressive, dans laquelle il y a une détérioration de la fonction cognitive au-delà de ce que l’on s’attend d’un vieillissement normal, affectant la mémoire, la pensée, l’orientation, la compréhension, le calcul, la capacité d’apprentissage, le langage, le jugement et les comportementsNote de bas de page 31. Selon les données nationales (2013-2014), plus de 402 000 personnes âgées de 65 ans et plus vivent avec un diagnostic de démence. Parmi celles-ci, les deux tiers sont des femmes. Après l’âge de 65 ans, le risque d’être atteints de démence double tous les cinq ansNote de bas de page 32.

Les détenus âgés du SCC qui présentent des déficiences cognitives sont actuellement gérés au cas par cas. À partir des discussions avec des experts dans le domaine et d’un examen de la documentation sur le sujet, il ne semble pas y avoir de consensus au sujet des recommandations sur le moment où une personne plus âgée devrait subir un test de dépistage de la démence. Il a été suggéré qu’il n’y avait aucun avantage à effectuer des tests de dépistage de la démence pour les personnes âgées de 65 ans étant donné que les déficiences cognitives seraient évidentes dans le contexte d’identification continue et de gestion des maladies chroniques. Toutefois, d’autresNote de bas de page 33 suggèrent que des tests devraient être obligatoires dès l’âge de 65 ans.

Selon le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs, le dépistage chez les adultes asymptomatiques âgés de 65 ans ou plus pour détecter les limitations cognitives n’est pas recommandé, tandis que le dépistage est recommandé pour les personnes présentant déjà des limitations cognitives (p. ex., perte de la mémoire, du langage, de l’attention, des fonctions exécutives ou visio-spatiales, ou symptômes comportementaux ou psychologiques) ou lorsque des cliniciens, la famille ou des amis soupçonnent une atteinte aux fonctions cognitivesNote de bas de page 34. De même, la Commission du Lancet consacrée à la prévention de la démence, à l’intervention et aux soins (2017) a permis de conclure que « [Traduction] d’effectuer des tests pour le dépistage de la démence sur toutes les personnes âgées n’est pas recommandé, car les avantages ne sont pas clairement définis. »Note de bas de page 35 Cependant, la Commission du Lancet soutient fortement les initiatives de prévention qui sont l’une des façons de progresser avec les enjeux liés à la démence (le schéma de l’annexe H, provenant de Livingston et al. (2017) résume la stratégie). Cette dernière recommandation est compatible avec la mise à jour de 2016 sur les mesures préventives appropriées et le dépistage en fonction de l’âge pour les fournisseurs de soins primaires au CanadaNote de bas de page 36.

En plus de l’absence de consensus sur le moment d’effectuer les tests de dépistage, il y a également un manque de consensus sur les outils d’évaluation et de dépistage les plus appropriés (Velayudhan et coll., 2014Note de bas de page 37). D’autres éléments sont à prendre en considération, notamment la pertinence culturelleNote de bas de page 38 des instruments et la charge pesant sur les personnes âgées et sur les ressources humaines en matière de dépistage et d’évaluation inutiles.

Il y a peu de recherches épidémiologiques sur les peuples autochtones et les renseignements disponibles sont de très faible qualitéNote de bas de page 39. Malgré cela, la prévalence de la démence chez les populations autochtones est considérée comme étant plus élevée que dans les populations non autochtones, alors que certaines études suggèrent que la maladie peut se produire jusqu’à 10 ans plus tôt dans les populations autochtones, comparativement aux non‑Autochtones du Canada, ou que la démence peut commencer beaucoup plus tard, en fonction du type de démence. Par ailleurs, des études suggèrent que les démences liées à l’âge chez les Autochtones au Canada ne sont pas diagnostiquées assez tôt pour bénéficier des soins et du soutien adéquatNote de bas de page 40. La prévalence et l’incidence de la démence ont été désignées comme un nouveau problème de santé chez les peuples des Premières NationsNote de bas de page 41.

Initiative connexe

  1. L’outil InterRai CA pourra potentiellement aider à l’évaluation des limitations cognitives. Un sous-ensemble de personnes présentant une limitation cognitive probable sera évalué pour dépistage de la démence. Cette initiative sera menée en collaboration avec le département de psychologie d’une université dans l’Ouest du CanadaNote de bas de page 42.
  2. Le SCC devra incorporer les recommandations liées aux mesures préventives appropriées et au dépistage en fonction de l’âge pour les fournisseurs de soins primaires au Canada; les recommandations de la Commission du Lancet sur la prévention, à savoir, « [Traduction] le traitement actif de l’hypertension à un âge moyen (45-65 ans) et pour les personnes âgées (plus de 65 ans) sans démence pour réduire l’incidence de la démence, » et sur les interventions pour d’autres facteurs de risque, y compris « [Traduction] l’exercice, le maintien de la participation à la collectivité, la réduction du tabagisme, ainsi que la gestion de la perte d’audition, la dépression, le diabète et l’obésité. »Note de bas de page 43

5.3 Détenus âgés : les femmes

Les femmes en prison sont souvent encore plus touchées et ont des problèmes de santé mentale, de suicide, d’automutilation, de dépendance aux drogues et autres besoins de santé disproportionnellement plus élevés par rapport aux hommes en prison.Note de bas de page 44 Les femmes en prison ont également des taux de conditions comorbides plus élevés que les hommes en prisonNote de bas de page 45. Toutefois, les renseignements sur les besoins en santé et sur le bien-être des délinquantes âgées sont limités. Bien que la population de délinquantes âgées soit relativement faible par rapport à leurs homologues masculins âgés, il est important d’arriver à une compréhension fondée sur des données probantes de cette population, car les délinquantes âgées présentent un ensemble unique de défis en lien avec leur évaluation et les soins requis dans les établissements et les communautésNote de bas de page 46.

Initiative connexe

L’évaluation des besoins décrite dans le présent document (entretiens avec des femmes âgées, examen de la prévalence des maladies chroniques, évaluation fonctionnelle, entrevues avec le personnel) permettra d’orienter l’approche du SCC. Du point de vue de la prévention, un dépistage précis requis pour les femmes âgées sera mis en œuvre, y compris, mais sans s’y limiter, la densité osseuse, le cancer du col utérin, la mammographie, etc.Note de bas de page 47, Note de bas de page 48. Il y a plusieurs besoins qui peuvent être uniques aux délinquantes âgées. Par exemple, les femmes subissent généralement plus de blessures liées aux chutes et courent un plus grand risque de se casser un os en raison de la chute, en partie en raison de la diminution de la densité osseuse à la suite de la ménopause et des taux plus élevés d’ostéoporose.

5.4 Conditions de vie

Il existe un débat sur la question de savoir si les détenus âgés devraient vivre dans des unités propres à leur âge (ou des institutions, telles que celles aux États-Unis) ou s’ils devraient rester dans un cadre intégréNote de bas de page 49, Note de bas de page 50. Contrairement aux attentes selon lesquelles un logement adapté à l’âge permettrait d’offrir des services médicaux spécialisés plus facilement, Thivierge‑Rikard et Thompson (2007)Note de bas de page 51 ont constaté que des unités gériatriques spécifiques n’améliorent pas nécessairement les soins offerts aux détenus âgés. La documentation sur le milieu carcéral laisse aussi entendre qu’il faut rester vigilant quant au risque potentiel d’unités adaptées à l’âge pouvant mener à une « ghettoïsation »Note de bas de page 52 et à une négligence accrue des détenus âgés qui pourraient devenir encore plus isolés. Par ailleurs, les personnes âgées qui se comportent bien et qui sont conciliantes ont souvent une influence positive et calmante sur les plus jeunes prisonniers, avantage qui serait perdu dans un modèle d’unité adaptée en fonction de l’âgeNote de bas de page 53.

Il est évident que des possibilités d’hébergement intégré (au sein de la population carcérale générale) et en fonction de l’âge sont nécessaires. Le principe de vieillir dans ce milieu suppose un environnement intégré jusqu’à ce que des circonstances exigent un hébergement en fonction de l’âge (limitations fonctionnelles et/ou problèmes de vulnérabilité - protection contre la victimisation ou l’intimidation). Cette approche est appuyée par la documentation disponible sur le milieu carcéral, l’expérience du SCC,Note de bas de page 54 et la consultation avec des experts externesNote de bas de page 55. Les exigences en termes de capacité ne sont pas encore connues. La combinaison de la rétroaction de personnes âgées, du niveau de maladies chroniques, des résultats de la InterRai CA (besoins fonctionnels, cognitifs et sociaux), de la rétroaction des prestataires de soins de santé primaires et des membres du personnel correctionnel, du nombre de détenus âgés et de l’emplacement régional des établissements permettra au SCC de mieux répondre à cette question.

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Pour évaluer l’environnement physique dans les établissements du SCC, une liste de contrôle a été élaborée (tel qu’il a été indiqué à la page 13, et une copie peut être trouvée à l’annexe F) et a été revue et révisée en collaboration avec la présidente du comité consultatif de citoyens du SCCNote de bas de page 56. Une évaluation de chaque établissement, à l’aide de cette liste de vérification, permettra de cibler les problèmes d’accessibilité pour les détenus âgés.

5.5 Planification de la continuité des soins

La planification de la continuité des soins au SCC est un processus qui prépare une personne à la transition au chapitre de ses soins. Ce processus est axé sur la clientèle et nécessite une planification détaillée, de même qu’une étroite collaboration entre tous les intervenants. Ce processus tient compte des besoins physiques, mentaux, émotionnels, sociaux, culturels et spirituels des délinquants, de manière à assurer leur accès aux services de santé et aux ressources communautaires après leur mise en liberté, à la suite d’une période d’incarcération. De nouvelles données indiquent qu’il existe des lacunes quant à la prestation de services et à l’intégration à des points de transition clés pour les personnes âgées, y compris à l’entrée et à la sortie de prisonNote de bas de page 57. La sortie de prison peut poser un défi supplémentaire pour les personnes âgées. Par exemple, celles qui ont purgé une longue peine pourraient être devenues institutionnaliséesNote de bas de page 58. Des personnes reconnues coupables d’infractions sexuelles peuvent vivre une rupture de leur réseau de soutien communautaire, notamment la famille. Trouver un médecin de famille et/ou des logements convenables et abordables peut être un défi pour les personnes âgées dans la société, et l’ajout d’un casier judiciaire présente encore plus de difficultés.

Le nombre de délinquants mis en liberté qui ont des besoins médicaux de longue durée et/ou continus est à la hausse. Afin de favoriser une transition en douceur en ce qui a trait aux soins offerts aux délinquants qui nécessitent des soins médicaux constants, les besoins qu’auront les délinquants suivant leur mise en liberté doivent être cernés en temps opportun et des dispositions doivent être prises en vue d’assurer le suivi médical avant leur mise en libertéNote de bas de page 59.

Pour améliorer la planification de la mise en liberté et assurer une continuité des soins, le SCC peut renforcer son processus actuel de planification en mobilisant activement des organismes de l’extérieur pour s’assurer que toutes les évaluations et la planification sont complétées à l’avance afin de faciliter une transition en douceur.

Initiative connexe

Adapter les évaluations médicales, fonctionnelles, etc., effectuées par le SCC avant la mise en liberté de façon à refléter ce que les organismes communautaires auront besoin contribuera à la planification de la continuité des soins en temps opportun. Promouvoir l’accompagnement dans la mesure du possible, la création de relations et l’établissement de liens contribuera à éliminer les préjugés et à garantir une meilleure collaboration avec les organismes externes. Certaines possibilités pourraient être envisagées afin de faciliter les partenariats communautaires tels que l’élaboration d’un programme de prêt de matériel pour aider à combler les écarts dans la communauté et à faciliter le vieillissement en santé.

5.6 Soins de fin de vie

Services de soins palliatifs

Au Canada, les soins palliatifs et les soins de fin de vie font souvent référence à la même chose.Note de bas de page 60 Selon l’Association médicale canadienneNote de bas de page 61, les soins palliatifs sont une approche où l’accent est mis sur l’amélioration de la qualité de vie et sont « [Traduction] associés à des maladies potentiellement mortelles, par la prévention et le soulagement de la souffrance à l’aide de dépistage précoce, d’évaluation et de traitement de la douleur et des autres symptômes, soit physiques, psychosociaux ou spirituels. » L’Association canadienne de soins palliatifsNote de bas de page 62 utilise le terme « maladie qui limite la vie » (plutôt que « maladie potentiellement mortelle ») pour tous les pronostics, mais elle ajoute le qualificatif « maladie qui limite la vie »Note de bas de page 63 à une maladie qui est « habituellement à un stade avancé. » En d’autres termes, bien que les soins palliatifs puissent s’appliquer à plusieurs types de soins, ils sont administrés plus souvent aux personnes à qui il reste peu de temps à vivre.

En ce qui concerne les soins palliatifs dans les prisons, un examen de la documentation par Maschi, Marmo et Han (2014Note de bas de page 64) a permis de déterminer les fonctions les plus couramment utilisées, par exemple l’utilisation de pairs bénévoles, les équipes multidisciplinaires, la formation du personnel, et des partenariats avec les maisons de soins palliatifs. La politique du SCC sur les soins palliatifs et ses services sont conformes aux lignes directrices généralement reconnues de l’Association canadienne de soins palliatifs, tout comme les soins prodigués dans les prisons d’autres compétences. Par exemple, les services sont fournis par une équipe multidisciplinaire (médecin, membres du personnel infirmier, travailleur social, agent de libération conditionnelle, membres du clergé ou Aînés, spécialiste des soins palliatifs, psychologue, etc.) et sont souvent prodigués en collaboration avec les hôpitaux communautaires et les cliniques de spécialistes (clinique sur le cancer, clinique de la douleur). La famille et des proches des détenus participent volontairement aux soins si le patient le souhaite, et selon la disponibilité et la volonté de la famille et des proches à participer au processus.

Établissement de services de soins palliatifs

Autre que la qualité et l’intégralité des services de soins palliatifs mêmes, l’environnement physique est considéré comme un facteur clé à l’efficacité de ces soins palliatifs.Note de bas de page 65 Parmi les éléments recommandés d’une chambre de soins palliatifs, on retrouve : une lumière naturelle, des luminaires, des horloges, des décorations et plantes, un salon familial pour avoir des conversations privées, un accès à la salle multiconfessionnelle pour les cérémonies, un mobilier confortable pour la famille et les amis, une télévision, etc.Note de bas de page 66 De plus, le milieu des soins palliatifs devra s’adapter aux pratiques spirituelles autochtones telles que le maculage.

Libération anticipée en raison de maladie en phase terminale

Selon Williams et coll. (2011Note de bas de page 67), l’incarcération est fondée sur quatre principes, à savoir : le châtiment par la privation de liberté lorsque d’autres sanctions sont jugées insuffisantes, la rééducation par le traitement de la toxicomanie ou des programmes d’enseignement, la dissuasion de commettre des actes criminels dans l’avenir, et la neutralisation par la séparation des détenus de la société pour améliorer la sécurité publique. La mise en liberté pour des motifs de compassion est envisagée lorsqu’un délinquant est atteint d’une maladie terminale qui porte suffisamment atteinte à ces quatre principes. En d’autres termes, la mise en liberté pour des motifs de compassion est appropriée pour les délinquants qui sont trop malades ou subissent trop de limitations cognitives pour être conscients de la peine, trop malades pour participer à la réadaptation, ou trop limités au niveau du fonctionnement pour poser un risque pour la sécurité publique.

Au Canada, la libération conditionnelle à titre exceptionnel peut être octroyée à un délinquant qui n’est pas encore admissible à la semi-liberté et/ou à la libération conditionnelle totaleNote de bas de page 68. L’un des critères pour répondre à ces exceptions est le diagnostic d’une maladie en phase terminale et la confirmation de la part d’un médecin comme quoi le délinquant est à un stade avancé d’une maladie terminale. Les délinquants purgeant une peine d’emprisonnement à perpétuité infligée comme peine minimale ou une peine d’une durée indéterminée ne sont pas admissibles à la libération conditionnelle à titre exceptionnel, à moins d’être atteints d’une maladie en phase terminale.

Plusieurs croient que les soins palliatifs ne devraient pas être offerts en milieu carcéral. Plus particulièrement, il est mentionné que les personnes nécessitant des soins de fin de vie, y compris les soins palliatifs, devraient être confiées à la communauté, pour des raisons humanitaires. Toutefois, la documentation sur le sujet indique que dans la plupart des provinces et territoires, le taux de réussite est extrêmement limité malgré l’existence de mécanismes législatifs de libération pour raisons humanitairesNote de bas de page 69, Note de bas de page 70, Note de bas de page 71. Cela est également vrai pour les services correctionnels fédéraux.

Les arguments en faveur de la mise en liberté pour des motifs de compassion reposent sur des raisons médicales, toutefois, le jugement médical du processus reste très difficile. Par exemple, Williams et coll. (2011Note de bas de page 72) ont fait remarquer que la libération pour des motifs de compassion nécessite que les médecins prévoient l’espérance de vie limitée ainsi que le déclin fonctionnel du patient. De plus, les causes communes de mort naturelle en milieu correctionnel (maladies avancées du foie, du cœur, les maladies respiratoires, la démence) sont celles où le pronostic est difficile à établirNote de bas de page 73. Même dans le cas de maladies plus prévisibles, comme le cancer, la trajectoire du déclin des fonctions varie et est imprévisible, puisque le déclin s’observe souvent dans les dernières semaines de la vieNote de bas de page 74. Un autre défi à mentionner est que le pronostic peut créer une impasseNote de bas de page 75. C’est‑à‑dire que si la demande de mise en liberté pour des motifs médicaux est accordée trop tôt, alors que les détenus en phase terminale sont encore actifs, les chances de réussite sont réduites. D’autre part, si la demande est faite trop tard, le délinquant peut mourir avant que le processus ne soit achevé.

Accès aux soins palliatifs et services communautaires de centres résidentiels

Défendre la compassion par principe est différent de la pratique de compassion sur la base de « motivation ou de comportement prosocial »Note de bas de page 76. Par conséquent, dans les services correctionnels, la planification de la mise en liberté (ou la planification pour d’autres formes de travaux communautaires) est difficile même dans les meilleures circonstances pour des raisons de stigmatisation, de compétition pour les ressources communautaires limitées, et pour des problèmes de sécurité publique. L’interaction de ces variables, en plus du défi d’obtenir une assurance pour les organismes communautaires que la maladie en question atténue considérablement le risque de sécurité publique, augmente la complexité d’un plan de transition efficace et en temps opportun.

Aide médicale à mourir

En 2016, le Canada a adopté une loi qui permet aux adultes capables de donner leur consentement, d’obtenir l’aide médicale à mourir après la confirmation d’un certain nombre de critères, notamment d’être atteint d’un état de santé grave et irrémédiableNote de bas de page 77. Le SCC a mis en place une politique qui garantit l’accès à cette procédure de soins de fin de vie aux délinquants. Au cours de l’élaboration de cette politique, le SCC a consulté des professionnels médicaux, les autorités provinciales en matière de santé, des hôpitaux et des intervenants communautaires.

Initiatives connexes

  1. Disposition sur les soins palliatifs au sein du SCC
    • En collaboration avec un expert en soins palliatifs communautaires et un éthicien, le SCC examinera et révisera les lignes directrices sur les soins palliatifs pour vérifier si elles répondent toujours aux pratiques communautaires actuelles.
    • Le SCC examinera les possibilités d’accords contractuels avec les praticiens de soins palliatifs communautaires (autorités provinciales de la santé) pour fournir et/ou administrer des soins palliatifs aux personnes en phase terminale dans les établissements du SCC.
    • Le SCC examinera les pratiques actuelles pour cibler les obstacles à la prescription de narcotiques et à l’administration de soins qui peuvent entraver la gestion de la douleur et une bonne pratique de prestation de soins palliatifs et y répondre.
    • Le SCC examinera les dispositions actuelles pour les soins palliatifs (hôpitaux régionaux du SCC) pour identifer les domaines à améliorer. L’examen portera particulièrement sur les domaines ciblés dans les documents de référence sur le milieu correctionnel, incluant les facteurs qui contribuent à des soins de qualité (espace physique - accessibilité, taille de la chambre, espace, couleur et décor, bruit, mobilier, etc.; accès pour la famille, les amis, les pairs; accès aux cérémonies religieuses; disponibilité des vidéoconférences pour contacter la famille; disponibilité de l’équipement médical nécessaire - élévateurs, lits, etc.).
  2. Libération anticipée
    • Surveiller les échéanciers et la qualité de chaque étape du processus à l’échelle nationale, de la désignation de la maladie en phase terminale, jusqu’à la soumission du dossier à la Commission des libérations conditionnelles du Canada et l’émission de sa décision.
  3. Prestation de soins palliatifs dans la collectivité
    • Suivant le cadre législatif du SCC, examiner les possibilités d’établir des ententes pour la prestation des soins avec les centres de soins palliatifs communautaires et les établissements résidentiels des provinces.

5.7 Comprendre et répondre aux besoins des détenus âgés autochtones

Le nombre actuel de détenus autochtones âgés (y compris les délinquants issus des Premières Nations, métis et inuits) au sein du SCC est relativement faible (3 % du groupe 65 +; et 3,7 % du groupe 50 à 64 ans). Toutefois les Autochtones constituent une proportion importante de la population de détenus, représentant 26 % de l’ensemble de cette population carcérale. (2015-2016).

Selon Beatty et Berdahl (2011), parce que la population autochtone est plus petite que la population non autochtone au Canada, les chercheurs et les décideurs politiques canadiens ont accordé peu d’attention aux besoins en soins de santé des aînés autochtonesNote de bas de page 78. Par ailleurs, il est indiqué que la politique doit refléter la façon dont les soins aux personnes âgées peuvent être adaptés pour répondre aux besoins des personnes âgées autochtones.

Pour répondre aux besoins des détenus autochtones âgés, il est essentiel de prendre conscience et d’avoir une compréhension des répercussions passées et actuelles de la colonisation. Si l’on souhaite favoriser la santé et le bien-être des détenus autochtones âgés, il faut considérer l’histoire des peuples autochtones au Canada et respecter leurs traditions, leurs cultures et leurs langues. Cela signifie, entre autres, l’adoption d’une pratique qui tient compte des antécédents sociaux de façon systématique dans les réponses aux conditions médicales complexes nécessitant une évaluation complète. Ceci s’applique particulièrement si l’on tient compte de l’impact d’un traumatisme d’enfance sur la santé au cours de la vie. Par exemple, Radford et coll. (2017)Note de bas de page 79 ont mentionné l’incidence potentielle de l’enfance sur la santé émotionnelle et la démence pour les Australiens autochtones.

L’accent sera mis sur la promotion du vieillissement en santé, en maximisant les capacités et en réduisant le déclin de la santé générale lorsque cela est possible. Il est également important d’évaluer les besoins psychosociaux et spirituels afin de répondre à des problèmes qui peuvent s’aggraver avec l’âge comme l’isolement, le regret, la culpabilité et la peur de mourir en prison ou de mourir seul.

Initiative connexe

Le SCC a entrepris un projet sur l’intégration des pratiques autochtones dans les soins de santé pour l’ensemble des Autochtones. Reconnaissant le rôle des pratiques de guérison autochtones et des traditions dans les résultats sur la santé et le bien-être ainsi que le manque de renseignements sur ce sujet dans les documents de référence, le SCC a utilisé les services d’un médecinNote de bas de page 80 de l’Association des médecins autochtones du Canada afin d’établir un cadre pour l’intégration des points de vue des Autochtones par rapport aux Occidentaux afin de promouvoir la reconnaissance de la médecine traditionnelle dans le processus de guérison. Ce cadre mettra l’accent sur la manière de traiter les divers problèmes de santé et/ou préoccupations tels que la santé mentale, les maladies infectieuses; la psychiatrie; la réduction des méfaits (méthadone/suboxone); les maladies chroniques; la promotion de la santé et la prévention.

Bien que cette initiative ne concerne pas exclusivement les personnes âgées, ces travaux seront néanmoins un appui à l’approche du SCC pour la gestion des maladies chroniques et ils s’harmonisent avec l’approche holistique de la promotion du bien-être et de l’autonomie chez les détenus âgés.

5.8 Évaluation et dépistage

Le SCC mène actuellement une évaluation des activités de la vie quotidienne (AVQ) pour le groupe 65 + (et pour d’autres groupes d’âge, selon les besoins) lors des admissions ainsi que pour les personnes qui atteignent l’âge de 65 ans pendant leur incarcération.

Initiative connexe

Si l’outil InterRAI CA (utilisé conjointement en recherche par l’Université de Waterloo et le Mount Sinai Health System) s’avère être utile et utilisable, le SCC envisagera l’adoption de cet outil standardisé lors des admissions et sur demande tout au long de la prestation des soins aux détenus.

5.9 Soutien par les pairs

Le soutien par les pairs en milieu carcéral est « offert et reçu par des prisonniers qui partagent des caractéristiques ou des types d’expérience semblables. Les prisonniers qui jouent le rôle de pairs aidants offrent un soutien social ou émotionnel ou une aide pratique à d’autres prisonniers de façon individuelle ou par l’entremise de réseaux sociaux informels »Note de bas de page 81. Bien que cela soit considéré comme une pratique utile, il y a peu de preuves quantitatives sur l’efficacité clinique sur la santé des interventions par les pairs en prisonNote de bas de page 82.

En 2014, un examen systématique de l’efficacité et du rapport coût-efficacité des interventions par les pairs visant à maintenir et à améliorer la santé des délinquants dans les prisons a permis de conclure que la majorité des études étaient de mauvaise qualité méthodologique, dont seulement cinq d’entre elles étaient jugées susceptibles d’être validesNote de bas de page 83. Toutefois, les recherches suggèrent qu’il y a des avantages potentiels au soutien par les pairs, y compris l’adaptation à la vie carcérale, la réduction de l’isolement, un modèle de rôle positif, la promotion de modes de vie sains et une diminution des niveaux de consommation de droguesNote de bas de page 84. Certains rapports indiquent que d’être un pair aidant est associé à une santé positive et que les services de soutien par les pairs peuvent fournir une source acceptable d’aide dans le milieu correctionnel, en plus d’avoir un effet positif sur les bénéficiairesNote de bas de page 85.

Parmi les avantages du soutien par les pairs, il a été mentionné que : les pairs sont en meilleure position pour faire participer les délinquants; les pairs sont plus efficaces pour la communication de renseignements et de connaissances; les personnes peuvent agir en tant que modèles positifs; ils peuvent former des communautés sociales en milieu carcéral qui apportent plus de bénéfices; et, les pairs peuvent soutenir le personnel de gestion et les agents sur le terrainNote de bas de page 86. Parmi les inconvénients du soutien par les pairs, il a été mentionné : les candidats disponibles sont restreints (les détenus plus jeunes peuvent ne pas être émotionnellement prêts); les taux de changement de pairs sont élevés (en raison de transfèrements, de mises en liberté, etc. ce qui a été mentionné comme un problème à l’Établissement Nova pour femmes); les risques de violations de sécurité; la compétence et la confidentialité des pairs; le maintien de limites appropriées (l’ambiguïté du rôle; les pairs peuvent développer des amitiés; les frontières entre le personnel et les pairs mentors peuvent être un problème); les tensions sous-jacentes au rôle de pair (participation aux gangs); et un soutien considérable à apporter aux pairs (charge de travail additionnelle pour le personnel)Note de bas de page 87.

Au Royaume-Uni, le soutien par les pairs occupe une place de plus en plus importante dans la prestation des soins de santé. De façon générale, l’attention qui y était autrefois accordée au traitement est redirigée vers la promotion de la santé et du bien-être. Les programmes de soutien par les pairs sont devenus un moyen de cibler les besoins sociaux des détenus et d’y répondre. Toutefois, ces programmes ne peuvent pas servir de substitut aux compétences des professionnels. Pairs aidants - Rôles possibles et paramètres :

Le SCC a beaucoup d’expérience avec l’appui par les pairs, bien que cela ne s’applique pas exclusivement aux personnes « âgées ». Par exemple, le programme d’aide par les pairs (programme CEP du SCC)Note de bas de page 89 a fait la promotion proactive de la santé dans le domaine des maladies infectieuses et la santé générale. De plus, les pairs ont activement aidé les détenus âgés et/ou handicapés dans l’ensemble du SCC, le tout en l’absence de toute politique nationale d’orientation. Depuis des années, les pairs ont systématiquement été utilisés au SCC pour le programme d’Aide à l’autonomie par les pairs au Centre régional de traitement d’Abbotsford, en Colombie-Britannique. Le SCC a récemment effectué une analyse éthique du programmeNote de bas de page 90. L’examen a révélé que ce programme était compatible avec la documentation sur le soutien par les pairs dans un certain nombre de domaines et des recommandations pour des améliorations ont été formulées, y compris l’amélioration de la sélection des pairs; plus de formation sur l’importance de respecter la confidentialité pour les pairs; et la nécessité d’un modèle de soutien/bien-être pour les pairs.

Initiative connexe

Il y a suffisamment de renseignements (mais aucune donnée probante) pour appuyer l’intégration du modèle de soutien par les pairs en tant que composante d’aide aux détenus âgés. Cependant, cela sera orienté en fonction de la rétroaction des détenus âgés au cours de leurs entrevues individuelles.

Une politique nationale sera établie pour régir les futures initiatives d’aide par les pairs et comprendra des conseils sur le processus de sélection, la formation (y compris les questions de confidentialité; l’orientation sur le bien-être) et les mécanismes d’amélioration de la qualité (tels que l’évaluation de la satisfaction des fournisseurs/bénéficiaires). De plus, les possibilités de mettre sur pied un projet d’évaluation officiel seront ciblées.

5.10 Programmes

Les détenus âgés ont besoin des mêmes activités significatives que les plus jeunes détenus. Comme les membres de la société civile, certaines personnes âgées de plus de 65 ans sont encore en mesure de travailler tandis que d’autres souhaitent poursuivre des activités plus tranquilles. Toutefois, selon les documents de référence, les programmes sont souvent conçus pour les personnes plus jeunes, et les détenus âgés ont donc moins d’intérêt à suivre ces programmes, particulièrement dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’exerciceNote de bas de page 91.

Malgré tout, un examen systématique récent des interventions en soins aux détenus âgés a indiqué que ces interventions n’avaient aucun effet significatif. Toutefois, les articles de recherche qualitative limités suggèrent que des soins aux personnes âgées peuvent avoir une influence positive sur la santé et les résultats sociaux des détenus âgés lorsque l’intervention cible les besoins précis de santé et de bien-être du détenu âgé tout en tenant compte des obstacles à la participation et en favorisant la participation des détenus âgésNote de bas de page 92.

Initiative connexe

Comme il a été conclu que les pratiques doivent être orientées plus adéquatement afin de répondre aux multiples besoins des détenusNote de bas de page 93, les résultats des évaluations fonctionnelles, cognitives, et des besoins sociaux des personnes âgées en combinaison avec la rétroaction des détenus âgés au cours des entrevues individuelles permettront d’orienter la programmation du SCC destinée aux personnes âgées. Par ailleurs, les résultats de l’analyse de l’environnement physique offriront un contexte supplémentaire pour fournir des programmes du SCC aux détenus âgés.

5.11 Chutes

En août 2017, le SCC a mis à jour ses Lignes directrices de gestion et de prévention contre les chutes. L’objectif de la directive est de s’assurer que les personnes à risque de chutes sont connues et gérées de façon appropriée et cohérente afin de contribuer à la sécurité des patients et de déterminer les possibilités d’amélioration dans la prévention contre les chutes.

Lors de leur admission, les personnes de 65 ans ou plus sont évaluées à l’aide de l’Échelle de risques de chutes Morse. Les personnes déjà en détention sont évaluées lorsqu’ils atteignent l’âge de 65 ans. Les personnes qui sont considérées comme étant à risque de faire des chutes, peu importe l’âge, sont également évaluées à l’aide de cette méthode. Un examen de 721 personnes (707 hommes, 14 femmes) âgées de 65 ans et plus au sein du SCC a permis de constater que 99,5 % (n =718) des personnes avaient une évaluation selon l’Échelle de risques de chutes Morse complète dans leur dossier et que 21 % de celles-ci ont été évaluées comme présentant un risque élevé de chutes, ainsi que 21 % qui avaient un risque faible ont reçu des interventions de prévention contre les chutes. (Voir l’annexe I, Algorithme de prévention des chutes.)

Initiative connexe

  1. Les résultats de l’évaluation InterRAI CA offriront une évaluation supplémentaire des personnes âgées à risque de chutes. Ces renseignements seront utilisés pour réévaluer et réviser le programme de prévention contre les chutes si cela s’avère nécessaire.
  2. Les domaines d’amélioration selon un examen des documents de référence incluent la nécessité d’établir officiellement les exercices, le degré d’entraînement approprié, etc. en fonction de l’âge.
  3. Les résultats de l’analyse de l’environnement physique permettront de déterminer les endroits où des améliorations sont nécessaires pour assurer une mobilité sécuritaire dans les établissements du SCC.

5.12 Nutrition

Le plan d’alimentation national pour tous les groupes d’âge au sein du SCC s’harmonise aux recommandations du Guide alimentaire canadien. Des régimes alimentaires particuliers sont offerts pour des motifs religieux et culturels, au cas par cas. Actuellement, des vitamines et autres suppléments sont fournis selon la nécessité médicale au sein du SCC. Le menu est flexible et s’adapte aux différents besoins. Certaines vitamines ne sont actuellement pas disponibles sur le formulaire pharmaceutique national du SCC (vitamine D).

Initiative connexe

Selon un examen de l’accord et des données probantes du Comité national de pharmacie et de thérapeutique, le SCC révisera le formulaire pour remédier aux lacunes recensées en lien avec la fourniture de suppléments de vitamine pour les détenus âgés.

5.13 Promotion de la santé

Du matériel sur la promotion de la santé est offert à tous les détenus lors de leur admission, puis sur une base mensuelle par la suite. De plus, des sujets de préoccupations précis sont abordés dès que nécessaire, tels que des renseignements sur la promotion de la santé en réponse à la crise des opioïdes au Canada, des renseignements liés aux épidémies (p. ex., grippe), etc.

Les renseignements sont communiqués à l’aide d’affiches, de feuillets, par voie électronique à l’aide de moniteurs dans les salles d’attente des centres de soins de santé primaires, et par les coordonnateurs à l’éducation par les pairs (Coordonnateurs à l’éducation par les pairs CEP ; Coordonnateurs à l’éducation par les pairs autochtones - CEPA; Programme de mentorat par les pairs pour les femmes - PMP), etc. Voici des exemples de sujets mensuels sur la promotion de la santé qui sont précisément adaptés aux besoins des détenus âgés : la dépression, l’automutilation, le vieillissement en santé, les chutes, la santé cardiovasculaire, le VIH et le vieillissement, une bonne santé mentale, la ménopause, les AVC, les problèmes respiratoires, l’ostéoporose, la maladie d’Alzheimer, la vaccination contre la grippe, l’exercice, etc. (voir l’annexe J pour des exemples de matériel de promotion de la santé).

Initiative connexe

Le SCC collabore avec l'Université TrentNote de bas de page 94 et le Comité consultatif des citoyens du SCC pour examiner les expériences des personnes âgées en détention pendant leur transition d'un établissement à l'autre. Le projet élaborera une approche communautaire pour suivre la réinsertion sociale des personnes âgées en liberté conditionnelle et évaluera l'approche dans un sondage, une entrevue et une étude de groupe sur les expériences des personnes âgées en libération conditionnelle dans la région de Peterborough (Ontario).

5.14 Engagement communautaire et partenariats

La participation des organisations communautaires et l’établissement de partenariats pour aider à répondre aux besoins des détenus âgés seront des enjeux majeurs. Les partenariats communautaires existants seront mis à profit, ce qui inclut la participation de bénévoles, ce qui peut contribuer à réduire les préjugés vécus par plusieurs personnes âgées au moment de leur libération.

L’établissement précoce du dialogue et de la communication avec les établissements de soins de longue durée et d’autres options de logement résidentiel peut contribuer à une transition efficace et à la continuité des soins. Il sera essentiel de travailler avec des experts autochtones et de les inclure dans les processus pour veiller à ce que l’interprétation culturelle en ce qui a trait à la communication, le langage, l’évaluation et les services communautaires de base soit adéquate.

5.15 Utilisation de mesures de contention et transport des détenus âgés

Le fait que les personnes soient âgées ou à un âge avancé ne signifie pas automatiquement une diminution des capacités physiques et/ou mentales ni une réduction du risque pour la sécurité publique. Cependant, selon les enquêtes indépendantes de l’Ombudsman des Services des prisons et de la probation du Royaume-Uni,Note de bas de page 95 l’utilisation de mesures de contention doit être proportionnelle au risque posé par le détenu en fonction de son état de santé actuel. Cela est particulièrement important pour le transport des personnes âgées handicapées ou gravement malades. Par ailleurs, les véhicules de transport des établissements correctionnels utilisés pour escorter les personnes âgées à leurs rendez-vous médicaux doivent être correctement équipés afin d’accueillir un fauteuil roulant, et répondre aux besoins des personnes handicapées.

Initiative connexe

  1. Examen de la politique sur les mesures de contention pour le transport des personnes âgées nécessitant des soins médicaux et utilisation d’un processus d’évaluation de la menace et des risques selon la gravité des problèmes de santé ou les handicaps.
  2. Examen du caractère adéquat des véhicules de transport du SCC.

6.0 Initiatives habilitantes

Le SCC participe à un certain nombre d’initiatives qui viennent compléter les efforts et offrir un potentiel additionnel afin de répondre aux besoins des détenus âgés. Les paragraphes suivants présentent une description de certaines de ces initiatives.

6.1 Dossier de santé électronique

En 2016-2017, les Services de santé du SCC ont mis en œuvre un système de dossiers de santé électroniques, ce qui a permis d’amélioration la qualité des services pour l’intégration des renseignements sur la santé physique et mentale dans un seul dossier, la continuité des soins aux points de transition (transfèrements) et la capacité de collecter des données relatives à la prévalence des maladies chroniques.

6.2 Médecine virtuelle

La médecine virtuelle est une initiative importante qui a permis aux Services de santé du SCC d’accéder à une vaste gamme de services spécialisés, sans les inconvénients du transport de la personne incarcérée dans la collectivité. La médecine virtuelle est plus généralement utilisée dans les régions de l’Ontario, des Prairies et de l’Atlantique. Parmi les spécialistes accessibles, on retrouve : des spécialistes en maladies infectieuses, des urologues, des pneumologues, des diététiciens rénaux, une clinique d’insuffisance cardiaque, des cardiologues, des dermatologues, etc.

6.3 Comité consultatif national sur les soins médicaux

La participation des médecins est essentielle à l’amélioration de la qualité des soins de santé pour tout système de soins de santé. En 2017, les Services de santé ont établi un Comité consultatif national sur les soins médicauxNote de bas de page 96 (CCNSM), composé d’un médecin de soins primaires et d’un psychiatre de chaque région du SCC, ainsi que le personnel administratif cadre.

6.4 Temps d’attente pour avoir accès à des spécialistes

En 2017, les Services de santé ont établi un processus pour enregistrer le délai pour avoir accès à un spécialiste après un aiguillage de la part d’un médecin de soins primaires. Les résultats seront examinés après la première année et ainsi de suite, par rapport aux temps d’attente publiés annuellement par l’Institut Fraser (« Waiting Your Turn: Wait Times for Health Care in Canada »). Les Services de santé du SCC surveillent les temps d’attente pour les détenus âgés.

6.5 Renforcer le modèle de soins primaires

Les Services de santé, avec l’apport d’un médecin consultant externe,Note de bas de page 97 examinent leurs modèles de soins primaires. Dans le cadre de ce processus, les Services de santé du SCC évalueront les possibilités de renforcer l’équipe multidisciplinaire, y compris l’accroissement de l’accès à la physiothérapie, et l’augmentation du rôle clinique du pharmacien.

6.6 Services dentaires

Les Services de santé ont mis en œuvre un processus national de suivi des services dentaires. Le SCC continuera de suivre l’utilisation des services de soins dentaires et des temps d’attente pour les détenus âgés et d’en faire rapport. Le SCC consultera des experts sur les soins dentaires pour les personnes âgées afin de déterminer la meilleure approche en ce qui a trait aux programmes de dépistage.

6.7 Gestion des maladies chroniques

Le SCC a un plan pluriannuel sur les maladies chroniques qui inclut la lutte contre le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et les maladies infectieuses(Voir Annexe K). L’approche de gestion des maladies chroniques au sein du SCC comprend un examen de dossiers médicaux, une collecte de données sur la prévalence, ainsi que l’établissement d’un document d’orientation clinique sur les mesures qui peuvent faire l’objet d’un suivi et de rapports.

Initiative connexe

Conformément aux leçons apprises des études du Royaume-UniNote de bas de page 98, le SCC mettra en place un processus qui nécessite des plans de traitement pour les personnes âgées ayant des situations médicales complexes, englobant les besoins de santé physique ainsi que les soins de santé mentale.

  1. Diabète
    Le Guide sur le diabète a été mis en œuvre en 2016 pour fournir des données probantes et conseiller les professionnels de la santé sur le diagnostic et la gestion du diabète, ainsi que pour faciliter la cohérence nationale et la réalisation des objectifs cliniques recommandés chez les détenus sous responsabilité fédérale. Le Guide est fondé sur les lignes directrices de l’Association canadienne du diabète.
  2. Maladies cardiovasculaires
    Pour les maladies cardiovasculaires et maladies cardiaques, un processus semblable sera suivi, de sorte que le taux de prévalence sera déterminé ainsi qu’un guide comportant des mesures de pratique clinique pour permettre un suivi et la communication des résultats du traitement.
  3. Maladies respiratoires
    Tel que mentionné ci-dessus, un Guide national sur les maladies respiratoires comportant des données de mesures sera élaboré.
  4. Maladies infectieuses
    Le SCC a une approche réussie de dépistage, de tests, de traitement, de surveillance et de rapports sur les résultats liés aux maladies chroniques infectieuses (VIH, VHC) qui fonctionne depuis longtemps, et cela va continuer.

6.8 Gestion de la douleur

L’objectif du SCC est de fournir aux détenus des méthodes de gestion de la douleur fondées sur des données probantes qui peuvent être administrés en toute sécurité dans un milieu sécuritaire. Le SCC travaille en collaboration avec le Comité consultatif médical national du SCC et le Comité national de pharmacie et de thérapeutique du SCC afin d’élaborer un Guide de gestion de la douleur chronique non cancéreuse pour favoriser un modèle intégré de gestion de la douleur. Ce modèle (voir l’annexe L) portera sur l’évaluation de la douleur physique et psychologique dans le diagnostic et l’évaluation de la douleur afin d’offrir les produits non pharmacologiques appropriés (thérapie cognitivo-comportementale, physiothérapie, yoga, état de pleine conscience, exercice, méthodes de guérison autochtone traditionnelles) en plus d’options de traitement pharmacologique pour gérer la douleur plus efficacement.

Ce guide comportera des recommandations relatives à l’évaluation et à la surveillance de la douleur pour les délinquants du SCC, y compris les détenus âgés. Cette approche de gestion de la douleur est actuellement utilisée en tant qu’initiative pilote dans un établissement où une équipe multidisciplinaire (c.-à-d. membres du personnel infirmier, médecin, physiothérapeute, psychologue) utilise une gamme de stratégies (p. ex., thérapie cognitivo-comportementale, yoga, exercice, formation) pour répondre aux besoins d’un groupe de personnes souffrant de douleur chronique.

6.9 Optimisation des prescriptions

  1. Contrôle des antimicrobiens
    Les initiatives de gérance des antimicrobiens mettent principalement l’accent sur l’utilisation adéquate des antimicrobiens afin d’obtenir les meilleurs résultats chez les patients, réduire les risques d’infection, réduire ou stabiliser les niveaux de résistance aux antibiotiques et la sécurité des patients. Les Services de santé ont adopté une approche pluriannuelle. Avec l’aide de l’expertise de la Direction des maladies infectieuses, de l’Université d’Ottawa et de l’Hôpital d’Ottawa, les Services de santé du SCC ont ciblé les tendances actuelles de prescription et d’utilisation d’antibiotiques au sein du SCC et participe à promouvoir le bon usage des antibiotiques et à réduire son utilisation inutile. Les détenus âgés profiteront particulièrement de cette stratégie qui pourra être adaptée pour répondre à leurs besoins, le cas échéant.
  2. Polypharmacie et déprescription
    L’utilisation sécuritaire et efficace des médicaments est une composante essentielle pour favoriser des soins optimaux. Ainsi, le SCC suit les normes de pratiques nationales et provinciales afin de s’assurer que les détenus reçoivent des médicaments prescrits de manière sûre et efficace.
    Les détenus âgés consomment généralement un plus grand nombre de médicaments, par conséquent, il y a un risque d’effets secondaires ou d’interactions médicamenteuses. Ainsi, le SCC élabore un nouveau processus d’examen des médicaments propres aux détenus âgés afin d’en assurer une utilisation optimale. Cela impliquera l’arrêt (« la déprescription ») de médicaments considérés comme inutiles ou inadéquats et l’introduction de nouveaux médicaments qui peuvent améliorer les résultats pour les affections chroniques des délinquants âgés, y compris la démenceNote de bas de page 99. La déprescription porte principalement sur l’arrêt de médicaments pour améliorer les résultats et diminuer les risques associés à la polypharmacie chez les personnes âgées, y compris les effets indésirables des médicaments, le déclin fonctionnel et cognitif ainsi que les chutesNote de bas de page 100. L’un des objectifs des Services de santé est de mettre l’accent sur la polypharmacie et la déprescription afin d’accroître le rôle des pharmaciens dans les examens de médicaments et la continuité des prescriptions. Les pharmaciens du SCC ont passé en revue le nombre de médicaments prescrits pour les détenus âgés et collaborent avec les médecins pour examiner systématiquement ceux qui consomment plusieurs médicaments en vue d’assurer une prescription optimale.

6.10 Dialyse

Le SCC gère un programme de dialyse en collaboration avec un hôpital d’enseignement local à Kingston, en Ontario. On prévoit accroître la disponibilité des services de dialyse dans la région de l’Ontario, ainsi le programme permettra de servir jusqu’à 16 personnes par jour (sur deux sites, pour plusieurs quarts de travail). L’hémodialyse et la dialyse péritonéale sont également disponibles dans d’autres régions comme dans l’établissement du Pacifique. Un traitement de dialyse est également offert au Centre psychiatrique régional (CPR) du SCC grâce à un partenariat entre le CPR et l'hôpital de l'Université de Saskachewan. Bien que cette initiative est bénéfique pour les délinquants de tous les âges, elle est particulièrement importante pour les personnes âgées étant donné que cela permet de réduire la perturbation liée au fait d’être transporté à l’hôpital plusieurs fois par semaine.

6.11 Cadre national de prévention contre le suicide

Les Services de santé travaillent actuellement à la mise en œuvre d’un Cadre national de prévention contre le suicide basé sur la théorie interpersonnelle et psychologique (TIP) du suicide. La TIP propose trois concepts centraux visant à expliquer pourquoi les individus développent des idées et comportements suicidaires, à savoir le sentiment d’appartenance, le sentiment d’être un poids pour autrui et la compétence suicidaire.Note de bas de page 101

Bien que ce cadre ne s’applique pas exclusivement aux détenus âgés, toutefois cette approche est bien adaptée à celle requise par ce groupe d’âge. Par exemple, Cukrowicz et coll. (2011) ont étudié le sentiment d’être un poids pour autrui et les idées suicidaires chez les adultes plus âgés et ont conclu que « le sentiment d’être un poids pour autrui a une incidence importante dans l’idéation suicidaire, même lorsque des facteurs prédicteurs tels que des symptômes de dépression, le désespoir, et l’atteinte fonctionnelle ont été contrôlés. »Note de bas de page 102 Plus récemment, Jahn et coll. (2013)Note de bas de page 103 ont également conclu que la perception d’être un poids pour autrui est un facteur important de risque de suicide chez les adultes plus âgés.

6.12 Programme de mentorat par les pairs du Secteur des délinquantes

Le Secteur des délinquantes du SCC possède un programme d’aide par les pairs bien établi, bien qu’il ne soit pas spécifiquement axé sur les femmes plus âgées, inclut les délinquantes âgées. Le mentorat par les pairs est une approche non critique utilisée par des délinquantes pour s’aider mutuellement à s’adapter à leur situation actuelle. Il ne s’agit pas de counseling thérapeutique, mais de soutien et de renseignements offerts à titre confidentiel par des détenues ainsi que d’un aiguillage vers les ressources et les services appropriés à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement. Cette démarche sexo-spécifique vise à amener les délinquantes à se prendre en main et à accroître leur autonomie.

Parmi les avantages du mentorat par les pairs comprennent la possibilité de résoudre les problèmes au niveau le plus bas, un soutien au sein de l’établissement pour aider les délinquantes à s’adapter à diverses situations et l’épanouissement personnel des délinquantes qui reçoivent une formation de pairs mentors. Les pairs mentors acquièrent des compétences transférables comme la communication, la résolution de problèmes, le travail d’équipe et la tenue de dossiers, et les perfectionnent, ce qui accroît leur employabilité.

Des pairs mentors sont sélectionnés en fonction de leur capacité à exprimer la sympathie et à établir des limites saines, à ne pas porter de jugement et à maintenir une confidentialité, à posséder de bonnes compétences de communication, des compétences en résolution de problèmes et à leur capacité de travailler sous un minimum de supervision. Le rôle de mentorat par les pairs est renforcé par 33 heures de formation et d’un certificat d’achèvement. Cette formation est complétée par des ateliers continus et de la formation en fonction des besoins.

Annexes

Annexe A - Liste des experts consultés

Remarque :

Les personnes ci-dessous ont été consultées dans des domaines propres à leur expérience et leur savoir-faire et n’ont pas été consultées pour l’élaboration de ce document en particulier; et, par conséquent, l’inscription de leur nom ci-dessous ne suppose aucunement leur approbation de ce document ou de l’approche du SCC pour répondre aux besoins des détenus âgés

Annexe B - Services de soins de santé du SCC

Le SCC assure la continuité des soins et la prestation des services à tous les détenus pendant leurs transitions au sein d’un établissement fédéral : admission ; pendant l’incarcération, y compris les transfèrements, et lors de la libération ou mise en liberté.

Admission

Lors de leur arrivée, toutes les personnes, sans égard à leur âge, qui entrent au SCC font l’objet d’une évaluation générale de la santé (y compris une analyse des médicaments); d’un contrôle et de tests pour les maladies infectieuses; d’un contrôle et d’une évaluation de santé mentale; d’une évaluation sur les risques de suicide; et d’une séance d’orientation et d’éducation à la promotion de la santé. Considérant que l’adaptation à la vie en prison peut être difficile, un accès à des soins spirituels et psychosociaux culturellement appropriés, y compris l’accès aux Aînés, est fourni. Les personnes âgées de 65 ans et plus sont évaluées à l’aide d’un outil qui considère l’âge (incluant une évaluation des risques de chutes) dans lequel le niveau de fonctionnement et la mobilité sont pris en compte pour les décisions de placement au sein de l’établissement.

Pendant l’incarcération

Il y a un Centre de santé de soins primaires au sein de chaque établissement du SCC doté de personnel infirmier, de professionnels de la santé mentale (y compris des psychologues, de personnel infirmier en santé mentale, des médecins de santé mentale), de médecins contractuels, de psychiatres et de dentistes. Le modèle se base sur les modèles de cliniques qui comprennent des services multidisciplinaires pendant la journée. Le SCC fournit des soins intensifs, chroniques, d’urgence et de santé mentale sur une base continue.

Soins de santé mentale intégrés

La Stratégie en matière de santé mentale du SCC repose sur cinq éléments clés, qui forment un continuum de soins du moment de l’admission jusqu’à l’expiration du mandat (fin de la peine). Les volets sont : (1) le dépistage des troubles mentaux à l’évaluation initiale ; (2) les soins primaires en santé mentale ; (3) les soins intermédiaires en santé mentale (intensités élevée et modérée); (4) les soins psychiatriques hospitaliers administrés dans les centres de traitement régionaux, et (5) les soins de transition en vue de la mise en liberté dans la collectivité (planification clinique de la continuité des soins et de santé mentale dans la collectivité).

Une équipe interdisciplinaire de santé mentale du SCC est mise sur pied pour coordonner la prestation de services de santé mentale aux délinquants et pour faciliter la consultation interdisciplinaire sur un cas. Ces équipes ont la responsabilité de cerner les besoins et les exigences en matière de services, d’établir l’ordre de priorité des services de santé mentale et de discuter des questions/préoccupations courantes d’ordre clinique ou opérationnel et concernant la gestion des cas, des objectifs à court et long terme, des rôles et des responsabilités de tous les employés intervenants auprès des délinquants ayant des besoins élevés et des nouveaux enjeux dans le domaine de la santé mentale.

Santé publique

Les programmes de santé publique des Services de santé du SCC sont exhaustifs et comportent des documents d’orientation sur des sujets incluant, mais sans s’y restreindre, les pratiques exemplaires de nettoyage, la planification de la continuité des soins, les épidémies de gastro-entérites à norovirus, l’hygiène des mains, la vaccination, la prévention et le contrôle des infections, l’influenza, le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline), les maladies sexuellement transmissibles et les infections transmissibles par le sang, la tuberculose et l’hépatite virale.

La plupart des établissements du SCC ont nommé des membres du personnel infirmier de santé publique qui supervisent et dirigent ce portefeuille. Le programme de santé publique sur l’immunisation pour les délinquants vise notamment des campagnes ciblées pendant la saison de la grippe et l’immunisation pour les délinquants vieillissants.

Promotion de la santé

À l’admission au SCC, les délinquants reçoivent le Programme de sensibilisation à la réception qui porte sur l’éducation des détenus à l’égard des maladies infectieuses et de la façon de se protéger. Il y a également un programme de Coordonnateur à l’éducation par les pairs dans les établissements à population régulière. Ce programme permet aux délinquants d’être informés des maladies infectieuses et d’autres préoccupations liées à la santé par leurs pairs. Il est dirigé par un coordinateur de programme avec l’aide de bénévoles formés. Ces membres formés sont en mesure de fournir des renseignements de base sur les maladies infectieuses, la promotion de la santé et la sécurité. De plus, ils peuvent référer le « patient » vers les services de santé appropriés afin d’offrir un suivi plus adéquat. Les centres administratifs des Services de santé publient régulièrement des affiches et des feuillets de renseignements (certains sont disponibles en version PowerPoint) qui portent sur une variété de sujets liés à la santé.

Gestion de la douleur

Le SCC vise à offrir aux détenus des traitements de la douleur fondés sur des données probantes qui peuvent être administrés en toute sécurité dans un milieu fermé. Le SCC travaille à l’élaboration d’un processus visant à soutenir un changement culturel de stratégies traditionnelles de gestion de la douleur vers une approche plus globale et multidisciplinaire de gestion de la douleur.

Services de diagnostic

Les tests de diagnostic de base sont effectués sur place par les cliniciens agréés. Les procédures telles que la phlébotomie, les examens radiologiques et les échographies sont effectuées surplace. Si des procédures de diagnostic plus avancées sont nécessaires (IRM/tomodensitométrie/ostéodensitométrie, etc.), le SCC fait appel aux services de partenaires communautaires qui peuvent fournir le service requis.

Formulaire national et pharmacie

Le SCC couvre le coût des médicaments offerts aux détenus des établissements fédéraux du Canada. Cinq régions assurent une telle couverture auprès de 43 établissements fédéraux qui, dans certains cas, sont rattachés à des centres de traitement ou à des hôpitaux ouverts 24 heures sur 24. Le Formulaire national du SCC est une liste de médicaments que le SCC paie pour les détenus sous responsabilité fédérale à qui il donne des services de santé essentiels. Il a été créé après la formation du Comité national de pharmacie et de thérapeutique du SCC (octobre 2007). Le Comité est constitué de médecins, de pharmaciens, de membres du personnel infirmier et de membres spéciaux possédant diverses formes d’expertise.

Le SCC administre 5 pharmacies régionales dans l’ensemble du pays qui fournissent des médicaments aux patients conformément au Formulaire national. Un Comité national de pharmacie et de thérapeutique examine le Formulaire national deux fois par année. Le comité est composé de représentants multidisciplinaires de domaines d’études cliniques et non cliniques à l’échelle nationale. Le Conseiller médical national et le pharmacien national sont responsables d’examiner les demandes d’exceptions au Formulaire national.

Soins spécialisés

L’accès aux services spécialisés disponibles au grand public dans la collectivité est également offert aux délinquants sous la garde du SCC. Les services sont compatibles avec la plupart des régimes de soins de santé provinciaux et le Cadre de services de santé essentiels du SCC. Ces services peuvent être utilisés de diverses façons ; par la visite de spécialistes à l’établissement, par des visites en personne où le délinquant se déplace à la clinique communautaire ou à l’hôpital, par médecine virtuelle ou par consultation entre les médecins (par téléphone, communication écrite ou consultation électronique).

Le SCC établit des partenariats avec des hôpitaux communautaires et des centres spécialisés afin d’obtenir une multitude de services spécialisés tels que l’imagerie diagnostique avancée (IRM/tomodensitométrie/échographie, etc.), des procédures chirurgicales, la gestion continue des maladies (problèmes cardiaques, cancer, etc.), la gestion de la douleur, les soins palliatifs, la dysphorie de genre, les services gynécologiques et obstétriques, etc.

Services dentaires

Les soins dentaires essentiels misent sur le soulagement de la douleur et de l’infection, le traitement de maladies et la sensibilisation à une bonne hygiène buccale (prévention). Pour les services de soins dentaires couverts par le SCC qui sont au-delà de la capacité du dentiste de l’établissement, les délinquants sont référés à un spécialiste de la collectivité locale.

Médecine virtuelle

Dans le cadre des efforts du SCC visant à fournir des soins en temps opportun et de renforcer la sécurité communautaire, la médecine virtuelle est devenue un moyen pour avoir accès à plus de soins spécialisés. À l’aide de la télésanté et des communications vidéo, un patient peut se connecter à un fournisseur de soins de santé par téléphone ou vidéo. Les professionnels de télésoins à domicile sont en mesure d’offrir un suivi de l’état de santé d’un délinquant à distance. Cela permet à un membre du personnel infirmier d’un hôpital régional (qui n’est pas ouvert 24 heures par jour, 7 jours par semaine) d’évaluer un délinquant lorsqu’il n’y a pas de personnel de soins de santé à l’établissement en question. L’avantage de ce service est de fournir une évaluation rapide et de faire un suivi, d’augmenter la sécurité communautaire et d’offrir des choix de traitement économiques.

Planification de la continuité des soins et mise en liberté

Dans un effort pour assurer une mise en liberté en douceur, indépendamment de l’âge, un plan de continuité des soins exhaustive est élaboré, lequel inclut des aiguillages vers des professionnels de la santé et des dispositions pour assurer un suivi des soins, au besoin. Les délinquants qui ont des médicaments prescrits sont libérés avec un approvisionnement en médicaments de 2 semaines, pour la plupart des médicaments. Par ailleurs, ils reçoivent une trousse d’information qu’ils peuvent présenter à leurs prochains fournisseurs de soins ; une liste des prescriptions est incluse dans cette trousse.

Services de santé fournis (liste partielle)

Liste de services de soins de santé actuellement fournis

Soins intensifs
Soins chroniques

Gestion pluridisciplinaire continue des maladies chroniques (service de santé du SCC, médecins généralistes, spécialistes communautaires).

Santé mentale

Ergothérapie/gestion de la douleur.

Services spécialisés

L’accès aux services spécialisés disponibles au grand public dans la collectivité est également offert aux délinquants sous la garde du SCC.

Les services sont compatibles avec la plupart des régimes de soins de santé provinciaux et le Cadre de services de santé essentiels du SCC.

Ces services peuvent être utilisés de diverses façons ; par la visite de spécialistes à l’établissement, par des visites en personne où le délinquant se déplace à la clinique communautaire ou à l’hôpital, par médecine virtuelle ou par consultation entre les médecins (par téléphone, communication écrite ou consultation électronique).

Le SCC établit des partenariats avec des hôpitaux communautaires et des centres spécialisés afin d’obtenir une multitude de services spécialisés tels que l’imagerie diagnostique avancée (IRM/tomodensitométrie/échographie, etc.), des procédures chirurgicales, la gestion continue de maladie (problèmes cardiaques, cancer, etc.), la gestion de la douleur, les soins palliatifs, la dysphorie de genre, les services gynécologiques et obstétriques, etc.

Mobilité/aide à la mobilité réduite

Services supplémentaires

Technologie habilitante

Planification de mise en liberté et libération

Type d’habitation

Annexe C - Hypothèses de travail

Hypothèses de travail

version texte

Le schéma montre un triangle qui indique qu'à mesure que les gens vieillissent, ils passent (en général) par divers degrés d'autonomie à la dépendance en raison de l'apparition de maladies chroniques, de problèmes de mobilité, de troubles cognitifs, etc. Les côtés du triangle comportent des flèches qui indiquent que plus la position dans le triangle est élevée, plus la dépendance augmente. De plus, le schéma décrit les diverses étapes du vieillissement : vieillir sur place implique des logements intégrés et un dépistage élargi des aptitudes cognitives et fonctionnelles liées à l'âge. La supposition retenue à cet égard est la suivante : entre très en forme et vulnérable (vulnérable = ne dépend pas des autres pour une aide quotidienne, les symptômes limitent souvent les activités; les personnes se plaignent souvent qu'elles sont ralenties ou affaiblies pendant la journée).

La prochaine étape est : logement adapté à l'âge, soit aide à la vie autonome, soutien des pairs, aides à la mobilité, évaluation cognitive et fonctionnelle spécifique. La supposition est de légèrement à modérément fragile. La dernière étape, la pointe supérieure du triangle, représente le besoin de soins 24 heures sur 24.

Annexe D - Unité de psychogériatrie

L’unité de psychogériatrie (E) est composée d’une équipe multidisciplinaire (personnel infirmier, médecin, chef spirituel, agent de libération conditionnelle, agent des programmes correctionnels, psychologue, travailleur social, etc.), qui fournit des soins aux personnes (hommes) ayant une invalidité physique, des problèmes de santé mentale et/ou des lésions cérébrales. L’objectif de l’unité (E) est d’offrir des interventions et des services dans un environnement sécuritaire et thérapeutique qui sont personnalisés et adaptés aux besoins particuliers des patients.

Les interventions cliniques fournies à l’unité (E) sont individuelles et en groupe. L’unité travaille en collaboration avec l’hôpital médical pour l’échange de ressources et de soutien clinique, pour du soutien de nuit et pour les hospitalisations de courte durée.

Programme d’Aide à l’autonomie par les pairs (AAP)

L’unité de psychogériatrie (E) est composée de 64 places et offre le Programme d’Aide à l’autonomie par les pairs pour les détenus qui ne peuvent plus vivre en toute sécurité ou de façon indépendante dans un environnement carcéral régulier en raison de besoins en soins de santé complexes (physiques, mentaux, et déficits cognitifs en raison du vieillissement). Ces détenus ont besoin d’une assistance quotidienne de la part du personnel ou des pairs pour gérer les transfèrements, la mobilité ou les activités de la vie quotidienne (manger, se laver, s’habiller, aller aux toilettes et se préparer). Certains bénéficiaires du programme AAP n’ont besoin que d’une assistance à court terme avant de retourner à leur établissement d’origine.

Programme d’aide-soignant AAP

Les pairs aidants (24 aides-soignants) qui fournissent de l’assistance dans l’unité (E) reçoivent une formation, de l’éducation et un soutien permanent. L’admission au programme d’aide-soignant de l’AAP est basée sur la participation active du détenu à son plan correctionnel et ils doivent entretenir des relations de travail positives avec leur équipe de gestion des cas.

Travailleurs à long terme

Par ailleurs, 8 travailleurs à long terme sont présents à l’unité (E). Ces travailleurs sont des détenus qui travaillent en étroite collaboration avec le personnel pour s’assurer que tous les emplois au sein de l’unité sont pourvus et que les travaux sont effectués, incluant le nettoyage, la vidange des poubelles, le nettoyage des douches, le ramassage ; la livraison et la distribution des plateaux-repas dans la cuisine, etc. Les travailleurs à long terme doivent être physiquement capables de travailler, démontrer une attitude positive, être flexibles en ce qui concerne les fonctions et s’entendent bien avec les autres travailleurs à long terme. Comme pour l’admission au programme d’aide-soignant de l’AAP, les détenus qui souhaitent participer à ce programme doivent participer activement à leur plan correctionnel et ils doivent entretenir des relations de travail positives avec leur équipe de gestion des cas.

Bowden : Unité d’aide à la vie autonome

L’unité d’aide à la vie autonome (UAVA) de l’Établissement de Bowden est une unité de 14 places composée de professionnels médicaux, y compris du personnel infirmier, des psychologues et des travailleurs sociaux. Les programmes accessibles comprennent le counseling, la zoothérapie, une chambre de guérison, un groupe de communication pour l’affirmation de soi, et une gestion des distorsions cognitives et de stabilisation de l’humeur.

Des loisirs, de la réadaptation, de la physiothérapie et des services d’ergothérapie sont également fournis, y compris le yoga, la méditation, de l’exercice pour les aînés et des groupes de marche. En plus du personnel médical, l’UAVA a 17 pairs aidants qui offrent une assistance pour les soins aux patients et les activités de la vie quotidienne.

Les résidents de l’UAVA proviennent de groupes d’âge variés, y compris ceux âgés de 65 ans et plus. Ils sont tous atteints de conditions médicales chroniques et complexes tels que, mais sans s’y limiter, le cancer, l’angine, l’insuffisance cardiaque, la dépression, les troubles de la personnalité, les traumatismes crâniens, etc. qui exigent une assistance pour les activités de la vie quotidienne.

Tous les patients ont des évaluations médicales complètes et un plan de soins infirmiers individuel. L’unité a une voie d’accès sans obstacle, des bandes antidérapantes et podotactiles pour créer le contraste visuel et tactile avec le sol, les bords, et les planchers des douches, des amplificateurs personnels, etc.

Annexe E - Entrevues individuelles avec des personnes âgées au SCC pour orienter la planification d’un cadre pour les personnes âgéesNote de bas de page 118

Je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer. Le Service correctionnel du Canada cherche des moyens d’améliorer la satisfaction aux besoins des personnes âgées en établissement, et nous aimerions obtenir vos commentaires. J’ai quelques questions pour vous ; cela prendra entre 20 et 30 minutes. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Parler aussi librement que vous le pouvez. Votre nom ne figure dans aucune de da mes notes. N’hésitez pas à fournir des commentaires sur d’autres sujets si vous le souhaitez. Votre participation est complètement volontaire.

Date ; établissement.

Orientation sexuelle (autodéclarée, s’il y a lieu)

Détenu : âge (s’il ne trouve pas d’inconvénient à le fournir)

  1. Il y a beaucoup d’opinions sur la définition d’un délinquant « âgé » en termes d’âge. Qu’est-ce que vous considérez comme une personne « âgée » au SCC ? (Vous sentez-vous âgé vous-même ? Pensez‑vous qu’il s’agit d’une question d’« âge » ou de la façon dont vous vous « sentez » en termes d’être « âgé »?)
  2. Sur une échelle de 1 à 10, où 10 représente la MEILLEURE note possible, dans quelle mesure êtes‑vous satisfait de votre capacité globale de bien vivre ici ? Faites-moi brièvement part de la raison pour laquelle vous avez choisi cette note ? À quoi ressemble votre vie ici ? Parlez-moi de votre mode de vie actuel (rangée, salle, cellule individuelle ou cellule à double occupation, douche, accès aux soins de santé, y compris soins dentaires, récréation, spiritualité, déplacements en toute sécurité).
  3. À votre avis, y a-t-il quelque chose que l’on pourrait améliorer - tout ce qui pourrait être mieux fait pour améliorer la vie d’une personne âgée ?
  4. Que pensez-vous de délinquants âgés vivant ensemble dans des unités spéciales pour personnes âgées ? Devraient-ils avoir un choix ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
  5. Parlez-nous de votre sentiment de sécurité. (Questions d’approfondissement : sinon, que pourrait-on faire pour vous aider à vous sentir plus en sécurité ? Avez-vous déjà fait l’objet d’intimidation ou vu quelqu’un être victime d’intimidation ? Avez-vous déjà été victime de violence à l’égard des personnes âgées ou vu quelqu’un en être victime ?)
  6. Parlez-moi de vos besoins spirituels. Les activités sont-elles exécutées ? Y a-t-il lieu d’apporter des améliorations au processus d’assurance de la qualité ?
  7. Selon une échelle de 1 à 10, où 1 est mauvais et 10 est excellent, comment coteriez-vous votre état de santé générale ? Quels sont vos besoins nutritionnels spéciaux ou vos besoins en matière de santé, le cas échéant ?
    * Excellent * Bon * Mauvais
  8. Sur une échelle de 1 à 10, où 10 représente la meilleure note possible, dans quelle mesure vos besoins en santé sont satisfaits, selon vous ? Pourquoi avez-vous attribué cette note ? Quels changements pourraient aider à mieux répondre à vos besoins en matière de santé ? Utilisez-vous des aides à la mobilité (marchette, fauteuil roulant, canne, etc.)?
  9. De quelle façon passez-vous votre temps libre (après la journée de travail, les fins de semaine) (travail, loisirs, activités sociales ou spirituelles, etc.)? Dans quelle mesure est-il facile pour vous d’accéder à un espace récréatif ou à des activités récréatives ? Y a‑t-il des programmes ici auxquels les détenus âgés peuvent participer ? À votre avis, votre âge représente-t-il un obstacle pour vous ici en termes d’accès ?
    Lieu de travail.
  10. À votre avis, que pourrait-on faire de plus au sein de l’établissement pour que vous soyez aussi prêt que possible pour accomplir ce vous souhaitez lorsque vous serez libéré ?
    Questions d’approfondissement :
    • Retournerez-vous chez vous/dans votre collectivité ?
    • Pourrez-vous intégrer votre collectivité/serez-vous autorisé à retourner dans votre collectivité ?
    • Bénéficierez-vous d’un soutien pour réintégrer votre collectivité, votre famille ou renouer contact avec vos amis ?
  11. Pensez-vous que votre âge a une incidence directe sur votre relation avec les autres (autres détenus ; personnel de soins de santé ; personnel correctionnel) en ce qui concerne la façon dont ils interagissent avec vous ?
  12. Ma prochaine question porte sur votre réseau social. Dites-moi qui vous considérez comme famille ou amis. De qui êtes-vous proche ? Sont-ils capables de vous rendre visite ? À quelle fréquence avez-vous des visiteurs (famille, amis, organismes extérieurs, bénévoles) ?
  13. Parlez-moi de votre expérience avec « l’aide par les pairs/les aides-soignants » (reçu ou offert) et votre point de vue global.
  14. Au fur et à mesure que vous vieillissez, y a-t-il quelque chose qui vous inquiète en ce qui concerne le fait de vieillir en incarcération ? (Dans l’affirmative, qu’est-ce qui vous inquiète le plus ? Vous inquiétez-vous de vieillir... de tomber malade... d’être atteint de démence, de mourir ici, etc. ?)

Notes supplémentaires

C’est la fin de mes questions. Avez-vous des choses à me dire ou à proposer qui permettraient d’améliorer les services offerts aux délinquants âgés ?

Annexe F - Liste de vérification de l’environnement physique

Nom de l’établissement :

Date :

Effectuer une visite de l’établissement et de l’aire résidentielle des personnes âgées pour examiner l’accessibilité (Source : Good Practice Guide; Working with Older Prisoners; RECOOP.Org. R.-U.; *adapté au contexte des établissements carcéraux canadiens)

Chaque secteur sera consulté en fonction de la disponibilité de ce qui suit : barres d’appui, bandes antidérapantes sur les planchers, niveau approprié d’éclairage, signalisation, accessibilité en fauteuil roulant, systèmes d’appel à des niveaux appropriés, programmes/aires culturelles entièrement accessibles, contrôle de la température de l’eau, téléphones adaptés pour les malentendants, livres à gros caractères ou bandes audio, rampes, étalage de sel sur les passerelles, rampes pour fauteuils roulants, couverts pour handicapés, comptoir de médicaments accessible aux personnes en fauteuil roulant, toilettes accessibles, véhicules de transport, programmes pour promouvoir les liens sociaux auprès des détenus âgés, milieux de travail adaptables aux détenus âgés, renseignements imprimés en gros caractères, etc.

Secteurs Accessible Non accessible Commentaires
Réception/Admission
Salles de bain
Cellules
Intérieur
Général
Extérieur
Salle à manger
Soins de santé
Installations récréatives
Centre des visiteurs
Couloirs
Transports
Participation sociale
Emploi
Communication

Annexe G - Formation du personnel

Modules et formation (Université Queen's)

Programme de formation pour professionnel de la santé au SCC

Jour 1 : ½ journée en personne à Kingston avec un accès continu à l’apprentissage autodidacte à l’aide des ressources de la bibliothèque.

Sujets : Introduction aux soins pour les délinquants âgés

Jour 2 : ½ journée en personne à Kingston (disponible par vidéoconférence ou webinaire) avec un accès continu à l’apprentissage autodidacte à l’aide des ressources de la bibliothèque.

Sujets : L’évaluation et la gestion des syndromes gériatriques communs :

Série de 6 webinaires mensuels d’une heure avec un accès continu à l’apprentissage autodidacte à l’aide des ressources de la bibliothèque.

Programme de formation pour le professionnel administratif au SCC

½ journée en personne à Kingston avec un accès continu à l’apprentissage autodidacte à l’aide des ressources de la bibliothèque.

Sujets : Introduction aux soins pour les délinquants âgés

Programme de formation pour le professionnel correctionnel au SCC

½ journée en personne à Kingston avec un accès continu à l’apprentissage autodidacte à l’aide des ressources de la bibliothèque.

Sujets : Introduction aux soins pour les délinquants âgés

Annexe H - Mécanisme cérébral potentiel pour les stratégies de prévention de la démence

Source : Livingston G., Sommerlad A., Orgeta V., Costafreda S. C., Huntley J., Ames D., Ballard C., Banerjee S., Burns A., Cohen-Mansfield J., Cooper C., Fox N., Gitlin L.N., Howard R., Kales H.C., Larson E.B., Ritchie K., Rockwood R., Sampson E.L., Samus Q., Schneider L.S., Selbæk G., Teri L., et Mukadam N., (2017). Dementia prevention, intervention, and care, The Lancet Commission, Lancet, 390, p. 2673-2734.

version texte

Le schéma est formé de trois cercles entrelacés, un bleu, un violet et un orange. Le cercle bleu concerne la réduction des lésions cérébrales par la réduction de l'obésité, l'arrêt du tabagisme et le traitement du diabète, de l'hypertension et du cholestérol élevé. Le cercle violet est consacré à l'augmentation de la réserve cognitive du cerveau par la conservation de l'audition, la formation et l'entraînement cognitif. Le cercle orange porte sur la réduction des inflammations cérébrales par l'utilisation d'anti inflammatoires non stéroïdiens. Les parties superposées renferment des stratégies de prévention de la démence qui sont communes aux trois cercles. On peut y lire réseau social riche, réduction de la dépression, exercice et adhésion à la diète méditerranéenne.

Annexe I - Algorithme de prévention des chutes

Algorithme de prévention des chutes

version texte

Le schéma expose les composantes de l'algorithme de prévention des chutes au SCC. Il comporte des zones grise, verte, rouge, orange et bleue, et montre le parcours de l'information depuis l'admission jusqu'à l'évaluation. Au moyen de diverses cases et de flèches, le schéma montre que l'information sur les médicaments, l'état de santé, l'historique des chutes et ainsi de suite facilite le calcul du risque de chute et du besoin d'intervenir. Plus précisément, la première case intitulée Admission est suivie d'une série de cases qui démontrent que les détenus de 65 ans ou plus et ceux de moins de 65 ans, mais ayant une mauvaise mobilité sont à risque de chute. Les flèches révèlent que les détenus de moins de 65 ans n'ont pas de risque au chapitre de la mobilité ou des chutes. Du côté droit, la cascade de cases s'intitule Population générale, et la deuxième rangée compte cinq cases : case 1 – Le détenu atteint 65 ans; case 2 – Changement de médication qui accroît le risque de chute; case 3 – Détenu transféré avec un résultat de plus de 25 à l'ECM; case 4 – Changement dans l'état de santé qui accroît le risque de chute; case 5 – Détenu fait une chute. Au rang suivant se trouve la case Évaluation multifactorielle du risque, laquelle se décline en cinq catégories : formulaire AVQ, examen ciblé du dossier médical, revue des médicaments, examen physique et évaluation de l'environnement. La case voisine (surmontée d'une flèche) indique Évaluation à la suite d'une chute : résultat antérieur à l'ECM de moins de 46, résultat antérieur à l'ECM de 46 et plus, puis au rang suivant (deux cases distinctes) : 1463 ECM et Aucun 1463. Ces deux cases sont reliées à une case SCC 1375 qui indique Classification des blessures – Action et sont suivies d'une flèche indiquant Suivre la procédure pour le signalement des incidents de sécurité visant des patients.

Annexe J - Exemples de promotion de la santé

Exemples de promotion de la santé

version texte

Ce schéma donne en exemple quatre fiches d'information sur la promotion de la santé au SCC :

La fiche Risque de chute en hiver ne contient que du texte.

La fiche Se sentir malade : problèmes respiratoires montre un personnage fiévreux qui a un thermomètre dans la bouche. Il porte une robe de chambre rouge et des pantoufles bleues, tient une boisson chaude, et une serviette sur sa tête lui donne un air malade. Le patient regarde des bulles de diverses couleurs. La bulle du centre est violette, et les bulles qui l'entourent s'y greffent par des flèches. On peut y lire : Si vous présentez l'un des symptômes suivants, veuillez demander à voir un membre du personnel soignant.

Chaque bulle décrit des situations dans lesquelles une personne devrait consulter un médecin, à savoir :

  • bulle verte – vous avez de la difficulté à rester éveillé;
  • bulle vert pâle – vous avez une forte fièvre ou elle dure depuis plus de trois jours;
  • bulle vert pâle – vous ressentez de nouvelles douleurs ou encore la douleur est à un seul endroit (p. ex. dans une oreille, à la gorge, à la poitrine ou aux sinus);
  • bulle jaune – les symptômes réapparaissent ou s'aggravent;
  • bulle orange – les sécrétions du nez deviennent vertes après cinq à sept jours;
  • bulle bleue – vous avez de la difficulté à respirer ou vous respirez rapidement;
  • bulle bleu pâle – vous avez un mal de tête intense ou avez le cou raide.

La fiche VIH et le vieillissement compte deux photos.

Sur fond de brume et d'arbres, la photo du coin supérieur gauche montre un vieil homme portant un foulard brun qui regarde au loin. La photo du coin inférieur gauche est celle d'une femme âgée vêtue d'un chandail bleu dont le regard est tourné vers le haut.

En bas à droite, dans la fiche La maladie d'Alzheimer, l'image du haut montre une tête en noir sur fond mauve. Dans la partie noire de la tête, le cerveau paraît en orange.

Du côté droit, on peut voir la photo d'une femme âgée aux cheveux gris qui porte un chandail bleu. Elle tient une canne et regarde par terre. La fiche décrit la maladie d'Alzheimer, les facteurs de risque et les statistiques canadiennes relatives à cette maladie.

Annexe K - Stratégies des maladies chroniques 2016-2020

Image 1

version texte

Image 1 : Cette page fait un survol des stratégies des maladies chroniques 2016-2020 du SCC.

Les équipes de soins de santé primaires des établissements gèrent les maladies chroniques de façon continue, avec la collaboration de spécialistes médicaux, selon les besoins. Les centres de soins de santé primaires des établissements du SCC ont par exemple des cliniques dédiées aux maladies chroniques.

Un examen de la prévalence des maladies chez les détenus du SCC a révélé qu'il serait judicieux d'analyser en profondeur le diabète et les maladies cardiovasculaires et respiratoires et d'établir un guide de pratiques pour promouvoir l'uniformité et le suivi des résultats en la matière.

Approche pluriannuelle : a) examen d'un échantillon de dossiers cliniques afin d'établir une base de référence des soins par rapport aux mesures des normes de pratique; b) création d'un guide de pratiques; c) formation du personnel clinique; d) formation des détenus (fait partie de la promotion de la santé); e) évaluation de l'incidence des mesures sur les résultats 24 mois plus tard.

Les maladies infectieuses chroniques, le VIH/sida et le VHC font déjà l'objet de pratiques, de suivis et de rapports uniformes et bien établis. On continuera de les actualiser, au besoin, et de les adapter aux normes de pratique nationales, lorsque celles-ci changeront.

Une note indique ceci : La gestion des maladies chroniques ne se fait pas en vase clos. Elle est concourante à plusieurs autres initiatives, notamment : la gestion de la douleur chronique, la gestion des antimicrobiens, la prévention du suicide et les interventions connexes, l'évaluation fonctionnelle des détenus âgés, les activités de dépistage et de prévention recommandées par les fournisseurs de soins primaires au pays, la santé des Autochtones, etc.

Image 2

version texte

Image 2 : L'image renferme des zones de différentes teintes de bleu et montre les mesures que le SCC a prises dans le cadre de sa stratégie pluriannuelle des maladies chroniques pour gérer le diabète et les maladies cardiovasculaires. On y lit aussi que la promotion de la santé se fait de façon continue.

La rubrique Diabète indique :
Examen d'un échantillon de 316 dossiers cliniques (juillet 2016)
Guide de pratiques sur le traitement et la gestion du diabète (septembre 2016)

Sensibilisation du personnel (novembre 2016)
Suivi de l'échantillon après 24 mois (novembre 2018)
Promotion de la santé adaptée

Sous Maladies cardiovasculaires :
Examen d'un échantillon de dossiers cliniques (juillet 2018)
Guide de pratiques sur le traitement et la gestion (septembre 2018)
Sensibilisation du personnel (novembre 2018)
Suivi de l'échantillon après 24 mois (novembre 2020) et promotion de la santé adaptée.

Image 3 : Il s'agit de la suite de l'image 2 exposée en plusieurs nuances de bleu.

version texte

Image 3 : Il s'agit de la suite de l'image 2 exposée en plusieurs nuances de bleu. Elle montre les mesures prises par le SCC dans le cadre de la stratégie pluriannuelle relative aux maladies chroniques pour gérer les maladies respiratoires, le VIH/sida et le VHC.

Sous Maladies respiratoires :
Échantillon de dossiers cliniques (septembre 2019)
Guide sur le traitement et la gestion (septembre 2019)
Sensibilisation du personnel (novembre 2019)
Suivi de l'échantillon après 24 mois (novembre 2021) et promotion de la santé adaptée.

Sous VIH/sida :
Suivi continu de la maladie et rapport annuel sur les pourcentages de détenus diagnostiqués, traités et ayant une charge virale supprimée.
Promotion de la santé adaptée.

Sous VHC :
Suivi continu de la maladie et rapports mensuels sur le nombre de détenus ayant commencé à être traités;
Rapport annuel sur le pourcentage de détenus ayant une charge virale supprimée;
Promotion de la santé adaptée.
Au-dessous, on peut lire que la promotion de la santé se fait de façon continue.

Annexe L - Cycle de gestion de la douleur chronique

Cycle de gestion de la douleur chronique

version texte

Le schéma expose le cycle intégré de gestion de la douleur chronique adopté par le SCC.

Le cycle est présenté en bleu, en gris et en orange, et divers blocs sont reliés à l'aide de symboles circulaires qui démontrent le cycle interrelié des diverses composantes : évaluation complète, élaboration des objectifs SMART, options de traitement et évaluation. Le schéma compte plusieurs cases reliées par des flèches qui illustrent une suite continue.
Intitulée Évaluation complète, la première case renferme les points suivants :

  • Comprend les antécédents de symptômes de la douleur, l'examen physique et l'évaluation fonctionnelle
  • Outil normalisé d'évaluation de la douleur, comme le Brief Pain Inventory (Bref inventaire de la douleur) [BPI]
  • Certains outils normalisés d'évaluation de la douleur ne sont pas validés pour la population autochtone – envisager d'autres méthodes d'évaluation de la douleur (p. ex. l'échelle d'évaluation de la douleur dans le Nord [Northern Pain Scale] pour les Inuits).

Une flèche pointe ensuite vers la case 2.

La deuxième case s'intitule Élaboration des objectifs SMART, et se lit ainsi : Fixer des objectifs de traitement raisonnables avec le patient; tenir compte des éléments mnémoniques de la méthode SMART au moment d'établir les objectifs, soit :

  • Spécifique;
  • Mesurable;
  • Atteignable;
  • Réaliste;
  • Temporel.

Une flèche pointe maintenant vers la case 3.

Intitulée Options de traitement, la troisième case dresse d'abord la liste des Options non pharmacologiques, soit :

  • Optimiser les options non pharmacologiques avant d'opter pour un traitement pharmacologique (si possible).
  • Modalités physiques (p. ex. physiothérapie, entraînement physique général, exercice).
  • Modalités cognitives/psychosociales (p. ex. aptitudes à l'autogestion, stratégies d'adaptation, services de counseling/aiguillage vers les services de santé mentale.
  • Envisager des options non pharmacologiques adaptées à la culture pour les patients qui s'identifient comme des Autochtones.

Une flèche pointe vers le bas à une autre case qui s'intitule Options pharmacologiques. Elle renferme la liste suivante :

  • Le choix des agents dépend de la situation clinique individuelle, de l'état de douleur, des risques, de la réponse au traitement précédent et des médicaments disponibles dans le formulaire des médicaments du SCC.
  • Optimiser l'utilisation des agents non opioïdes.
  • Présenter toutes les interventions comme des essais, réévaluer tous les 1 à 3 mois.
  • Commencer lentement et avec une faible dose,puis augmenter graduellement jusqu'à ce que la dose optimale soit atteinte.

Une flèche pointe vers la case 4.

La quatrième boîte, Évaluation, renferme le texte suivant :

  • Évaluer les progrès par rapport aux objectifs SMART et au plan de traitement.
  • Évaluer les effets sur la douleur, la capacité fonctionnelle et l'humeur – utiliser un instrument normalisé comme le BPI.
  • Examiner la valeur (risques/avantages) de chaque médicament.
  • Si le médicament ne produit pas d'amélioration notable, si des effets indésirables ou une intolérance sont constatés, envisager d'arrêter ou de réduire la médication et de passer à une autre option de traitement.
  • Envisager une réévaluation ou une modification des objectifs au besoin, surtout lorsqu'une douleur nouvelle ou aggravée est signalée, lorsque les objectifs SMART sont impossibles à atteindre ou deviennent irréalistes, ou lorsque la conformité ou le détournement du médicament suscitent des préoccupations.

Les flèches impriment un mouvement circulaire qui relie les quatre cases, ce qui constitue le Cycle de gestion de la douleur chronique. On y constate aussi des encadrés plus petits. Dans le petit encadré relié à la case 1, on lit : En cas de trouble lié à la consommation de substances ou de comorbidité mentale, administrer un traitement adéquat ou optimiser avant de procéder (p. ex. programme de traitement par agonistes opioïdes [TAO], approche adaptée au traumatisme).

Sous la case 2, deux petits encadrés se lisent ainsi : Si le patient utilise déjà des opioïdes, envisager de : Continuer d'administrer la dose d'opioïdes et la réduire progressivement; confirmer la dose actuelle et l'intervalle entre les doses; procéder à un dépistage de drogues dans l'urine; envisager de réduire progressivement la dose jusqu'à la plus faible dose efficace, puis jusqu'à l'arrêt du produit, selon un calendrier de réduction établi. Le plus petit encadré indique : Convenir d'un plan de traitement. Faire signer le plan par le patient.

Un encadré est placé entre la flèche qui relie la case 3 à la case 4, et s'intitule Congé ou libération. On y lit à l'intérieur : Counseling quant à la perte de tolérance due à l'abstinence et au risque de surdose mortelle en cas de reprise d'opioïdes. Communication avec la collectivité d'accueil : inclure un résumé de fin de traitement avec tous les antécédents médicaux et de douleur, l'historique des enquêtes pertinentes effectuées et des médicaments utilisés pour traiter la douleur, ainsi qu'une copie du plan et des objectifs de traitement. Trousse de naloxone à emporter fournie (par un membre du personnel infirmier) au moment de la libération.

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