Pardonner au garçon qui a ôté la vie à mon fils
Le 8 novembre, 2024
Le processus a commencé par une lettre. Karen Lattimer a écrit à Joe (un alias), lui disant qu’elle lui a pardonné d’avoir ôté la vie à son fils et qu’elle voulait en entendre plus de sa part.
« Je savais que si je voulais me libérer, je devais lui pardonner », dit Karen.
Il lui a répondu.
À ce moment-là, Joe avait été en prison pendant exactement un an. De la date de la détermination de la peine, presque jour pour jour, il s’est écoulé exactement un an. Joe a plaidé coupable dès la première occasion après l’enquête préliminaire. Il le voulait depuis le début, mais ils devaient d’abord passer par l’enquête préliminaire.
Karen se souvient d’avoir rédigé la déclaration de la victime et d’avoir ressenti une grande colère envers Joe pour avoir tué son fils. Lorsqu’elle a assisté à l’audience de libération conditionnelle avec son mari, Karen a voulu parler à Joe. Son mari ne sentait pas que c’était quelque chose qu’il devait faire et ne voulait pas participer au processus.
Pat Brady et Arly Irvine, médiatrices du programme Possibilités de justice réparatrice, ont facilité ensemble la démarche visant à les réunir. Karen raconte comment s’est déroulé son premier contact avec Pat et Arly.
« Je sentais qu’elles n’étaient pas indiscrètes Elles étaient respectueuses. Elles m’ont laissé parler. Elles ne m’ont pas interrompue. Elles ont répondu à mes questions, mais elles m’ont laissé parler. Et je me sentais totalement à l’aise avec elles. Et à partir de là, j’ai entrepris un immense parcours. »
Le programme Possibilités de justice réparatrice s’appuie sur le principe que la préparation est une partie cruciale du processus. Par conséquent, des réunions préparatoires ont été tenues avec Karen et les médiatrices. De plus, les médiatrices ont rencontré le délinquant avant que la rencontre en personne entre Karen et Joe puisse avoir lieu en toute sécurité.
Karen a travaillé avec Pat et Arly pendant sept mois avant d’échanger des lettres avec Joe. Il a fallu encore dix mois avant qu’ils soient prêts à se rencontrer en personne.
Quand ils se sont rencontrés, Karen et Joe ont discuté pendant un certain temps. Joe lui a expliqué toute l’histoire, car il voulait être ouvert et lui dire ce qui s’était passé. Karen dit qu’elle a aimé le fait que Joe n’a pas blâmé son fils David pour quoi que ce soit.
« Joe et moi avons parlé pendant une heure et il voulait m’expliquer tout le récit, ce qui était très bien. Il voulait faire preuve d’ouverture pour me raconter ce qui s’est passé. Il n’a pas blâmé David pour quoi que ce soit. »
Dans la petite pièce, avec les gardiens de prison juste là, Joe et Karen se sont serrés dans les bras.
« C’était tellement étrange qu’une personne qui a tué mon fils ait ce lien, cette acceptation, je suppose. » Et c’est ainsi que ça s’est passé », dit Karen. « Cela s’est passé il y a six ans. »
Plus tard, Karen se demandait si elle pourrait revoir Joe une autre fois et voir comment il se débrouillait en libération conditionnelle, environ un an après l’audience de libération conditionnelle de Joe à laquelle Karen et son mari avaient assisté.
C’était maintenant au milieu de la COVID-19, et ils se sont rencontrés en personne en respectant les mesures de prévention et de contrôle des infections mises en place à ce moment-là. Lors de cette deuxième réunion, Karen a offert à Joe un chapelet fait d’une pierre très rugueuse de Bosnie-Herzégovine qu’elle voulait que Joe ait. Elle en avait offert un à son fils, David, qui n’était pas du tout religieux. Elle pensait que David pourrait l’utiliser quand il se sentirait seul, déprimé, frustré ou perdu.
De même, elle a dit à Joe : « Tenez ce chapelet. Vous n’avez pas besoin de l’utiliser pour prier, il suffit de le tenir. Si jamais vous vous sentez abattu ou seul ou, vous savez… tenez simplement ce chapelet. »
À ce moment-là, Karen dit qu’elle avait l’impression que Joe avait pris une partie de David, ce qui était énorme pour elle.
Karen a indiqué qu’elle n’a jamais vraiment rêvé de David après sa mort. Une nuit, elle s’est réveillée et a senti sa présence.
« Je ressentais simplement quelque chose dans mon esprit et j’ai su que David a pardonné à Joe aussi… et c’était énorme pour Joe d’entendre ça », dit-elle.
Karen n’a pas eu de nouvelles de Joe depuis cette réunion. Elle apprend des médiatrices Pat et Arly qu’il se porte bien. Elle sait qu’elle pourrait renouer le contact avec lui, mais elle n’en ressent plus le besoin. Elle ressent la paix dans son cœur parce qu’elle lui a pardonné. En réfléchissant à son expérience, Karen croit que sa foi l’a soutenue et elle se sent bénie que Joe ait assumé la responsabilité de ses actes et ne l’ait jamais niée.
« Heureusement pour moi, et pour Joe, aucun de nous n’est coléreux », dit-elle. Nous ne sommes pas en colère, donc nous ne portons pas cette colère. Il ne me dit pas : « Eh bien, David était un con et je ne regrette pas ce que j’ai fait. »
Karen comprend que beaucoup d’autres victimes n’ont pas vécu une expérience similaire à la sienne ou n’ont pas eu autant de chance qu’elle.
Elle est reconnaissante pour avoir bénéficié du programme Possibilités de justice réparatrice.
« Elles (les médiatrices) l’ont fait correctement. » C’était lent. Elles ne m’ont pas du tout envahie. Elles étaient simplement bonnes. Elles sont très bonnes. Le programme est excellent », dit Karen.
Elle encourage quiconque a vécu ce qu’elle a vécu à avoir un médiateur, car les médiatrices ont été très utiles tout au long du processus.
« Ces deux femmes [Pat et Arly] m’ont apporté silencieusement une aide puissante », déclare Karen. « Vous savez, elles étaient silencieuses et pourtant chaleureuses, bienveillantes et justes… elles étaient simplement là. »
À l’avenir, Karen explore des occasions d’aider, en retour, en tenant des discussions dans les prisons. Elle espère que cela pourra aider certains détenus ou jeunes à mener une vie productive et à faire de bons choix et à prendre de bonnes décisions.
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