Visages du SCC : Gérald Max Désilus

le 6 decembre, 2024

Poète SLAM et artiste, région du Québec

« Un jeune sauvé d’une vie de délinquance est un talent de plus qui peut enrichir le paysage culturel d’une nation ».

La vie de Gérald Max Désilus est marquée par les contrastes, les défis et la rédemption. Il est passé de jeune en difficulté et détenu à mentor inspirant et poète.  

Aujourd’hui, il est surtout connu pour avoir inspiré et guidé d’innombrables personnes en leur offrant un chemin vers la guérison et la découverte de soi par l’écriture. Mais avant d’en arriver là, il a dû affronter son passé et tracer sa propre voie. 

Né dans une famille haïtienne de la classe moyenne dans le nord de Montréal, Gérald est dès son jeune âge confronté à un défi : celui de devoir vivre entre deux cultures, soit les cultures québécoise et haïtienne. Cette situation a souvent fait naître chez lui un sentiment d’aliénation. « Un Noir parmi les Blancs, et un Blanc parmi les Noirs », dit-il.



Une photo de Gérald Max Désilus

Ce sentiment de décalage, ainsi que les pressions liées à la vie dans un quartier influencé par la culture gangster-rap des années 1980, le conduisent à une adolescence turbulente marquée par l’intimidation et une rupture rebelle avec sa famille.                                                                                                               

Malgré ces difficultés, Gérald entame une carrière prometteuse en tant que mannequin pour la société de vêtements Dimitri Cuir et en tant qu’acteur dans des films américains tels que Snake Eyes. Cependant, sa trajectoire prend un tournant radical en 1995 lorsqu’il plaide coupable pour homicide involontaire. Il est alors condamné à sept ans de prison. Pendant son incarcération, il est confronté à la gravité de ses actes et aux importantes répercussions qu’ils ont eu sur sa vie et celle des autres.

En prison, Gérald subit une transformation. Il adopte le nom de Quidam et commence à écrire pour affronter sa culpabilité et comprendre son passé. La poésie devient un exutoire qui lui permet d’exprimer ses émotions, de canaliser sa créativité et de faire face à ses troubles intérieurs.  

« Comme j’étais contraint de vivre cette expérience, j’ai commencé à écrire sans arrêt, car c’était tout ce qu’il me restait. Je voulais comprendre mes sentiments, revoir les événements dans mon esprit et analyser mes actions pour comprendre comment j’en étais arrivé là », explique-t-il.

« Ça m’a aidé à faire le deuil de mon passé, à guérir de mes blessures et à voir ce que j’avais encore en moi, et surtout ce que l’avenir pouvait m’offrir. »

Les poèmes de Quidam, qu’il récitait dans la cour de la prison, sont devenus une forme de thérapie à la fois pour lui et ses codétenus, qui ont commencé à lui demander de les aider à exprimer leurs propres émotions. Ce processus d’écriture collaborative a non seulement aidé ses pairs à communiquer avec leurs proches, mais a également favorisé un sentiment de communauté et de guérison à l’intérieur des murs de la prison.

Après sa mise en liberté, Quidam a dû faire face à la dure réalité de la réinsertion sociale en ayant un casier judiciaire. Malgré ses talents et ses ambitions, il a eu du mal à se trouver un emploi stable en raison des préjugés liés à son passé. Toutefois, ces obstacles ne l’ont pas découragé. Au contraire, ils ont alimenté sa détermination à exercer une influence positive, en particulier sur les jeunes qui risquent de suivre un chemin similaire.

Il s’est consacré au mentorat, en particulier auprès des jeunes adultes délinquants, et à la sensibilisation aux effets néfastes de la culture gangster-rap et de la vie dans la rue. Son parcours et les leçons qu’il en a tirées sont devenus le fondement de son travail, avec lequel il inspire les autres à transformer leur vie par le pouvoir des mots. 

En 2001, Quidam a commencé à proposer des ateliers de poésie slam aux jeunes de diverses collectivités. Puis à compter de janvier 2024, il s’est concentré sur l’aide aux détenus à l’intérieur dans les établissements du SCC au Québec. Dans le cadre de ses séances de THÉRAPIE PAR LE SLAM, il raconte ses erreurs passées et explique comment la poésie slam l’a aidé à exprimer et à comprendre ses émotions, ce qui l’a aidé à guérir. Ses ateliers mettent l’accent sur les thèmes de l’éducation, de la prévention du crime et de l’extériorisation positive.

Il souhaite inspirer d’autres détenus, en particulier des Noirs et d’autres personnes issues de communautés racisées, et leur donner les moyens d’utiliser la poésie comme exutoire thérapeutique et de changer leur vie de manière positive. 

Quidam envisage de faire adopter sa thérapie par le slam au palier national et d’organiser des concours internationaux de slam pour encourager les jeunes adultes délinquants à créer et à échanger du contenu riche de sens. Grâce à ses initiatives, Quidam espère démontrer qu’un détenu réhabilité peut contribuer de façon positive à la société.

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