Visages du SCC : Arly Irvine
5 juillet 2024
Arly Irvine, médiatrice du programme Possibilités de justice réparatrice, région de l’Ontario
« En travaillant avec un chien d’assistance, on fait ressortir l’authenticité des gens. Ils baissent la garde… Étant donné que je travaille auprès des gens depuis longtemps, j’ai la chance d’en être témoin. Ils mettent du temps à laisser tomber leurs défenses, mais avec le chien, elles s’estompent rapidement. C’est un très beau sentiment. »
Arly Irvine avec Zoe
C’est dans un cours de criminologie qu’Arly Irvine a entendu les mots « justice réparatrice » prononcés pour la première fois. Il y a eu un déclic chez elle à ce moment-là qui lui a fait choisir un cheminement professionnel dévoué à la réduction des méfaits, l’éducation et l’esprit communautaire pour les jeunes dans les écoles. C’est ce qui a mené Arly à se joindre au Service correctionnel du Canada (SCC) en 2018 à titre de médiatrice du programme Possibilités de justice réparatrice.
La passion d’Arly pour la justice réparatrice est égale à son amour pour les animaux. « Ils sont source de bonheur dans ma vie depuis toujours. »
Elle parle d’expériences personnelles dans lesquelles les animaux l’ont aidée à se détendre, à réduire son anxiété, à se calmer et à vivre dans le moment présent. Ces bêtes la rendent heureuse. Elle s’est donc dit : « Et si je pouvais faire vivre cette joie aux autres, aux gens du SCC? ».
C’est ainsi qu’Abby, un chiot de huit semaines et chien d’assistance en devenir, a commencé à accompagner Arly dans son travail. En tant que médiatrice pour le programme Possibilités de justice réparatrice, Arly offre des services de médiation entre victimes et délinquants. Le programme donne aux personnes qui ont été touchées par un acte criminel la possibilité de communiquer avec le délinquant qui leur a causé du tort. Le programme Possibilités de justice réparatrice est axé sur la satisfaction des besoins des personnes concernées. Pour les victimes, il peut s’agir d’expliquer au délinquant les conséquences que son crime a eues sur leur vie, de poser des questions qui sont restées sans réponse, ou susciter de la reconnaissance et une certaine responsabilité.
La première fois qu’elle a amené Abby travailler avec elle dans les établissements du SCC, Arly était un peu nerveuse de ne pas savoir comment elle serait reçue par le personnel et les délinquants. La réponse était encore plus positive qu’elle aurait pu l’imaginer.
« Les avantages se sont fait sentir instantanément », dit Arly. Abby a apporté des moments de bonheur qui ont permis à certains d’établir une relation de confiance, celle-ci étant très importante dans le travail auprès des victimes et des délinquants et avec le personnel du SCC.
Quand Arly marchait avec Abby dans les établissements, les employés s’approchaient d’elles spontanément et interagissaient tout de suite avec le chien. Ils racontaient des anecdotes sur leurs animaux de compagnie, disant à quel point leur relation avec leur animal est spéciale. Pour Arly, ces moments d’attachement font partie intégrante de la justice réparatrice.
« Les relations se bâtissent un moment à la fois, dans les petites interactions que l’on partage l’un avec l’autre et au niveau personnel », dit Arly. « Dans ces petites interactions que je partage avec les gens, j’essaie de transmettre la positivité et le bonheur. Mais avec le chien, ça va beaucoup plus loin. »
Arly dit qu’Abby était un « cauchemar » quand elle était chiot. Elle était curieuse, pleine d’énergie et avait de la difficulté à se coucher et à rester tranquille. C’était quelque peu frustrant pour Arly car elle avait l’impression de ne pas pouvoir être pleinement attentive envers la personne qu’elle rencontrait. Toutefois, les bienfaits apportés par la présence d’Abby surpassaient les inconvénients causés par ses manies de chiot. Les détenus qu’Arly rencontrait dans le cadre du programme Possibilités de justice réparatrice tentaient de l’aider à dresser Abby et à la calmer.
Abby pendant son dressage
« On travaillait ensemble sur quelque chose de positif. Donc encore une fois, la présence d’Abby a accéléré la création de liens et détendu l’atmosphère quand les détenus devaient ressasser et revivre des événements souvent difficiles et traumatisants », explique Arly.
Pendant les deux années qu’Arly a passées avec Abby, celle-ci l’accompagnée à quatre processus en personne de médiation victime-délinquant. Arly est consciente du fait que ce n’est pas tout le monde qui aime les chiens, et elle le respecte. Certaines personnes pourraient en avoir peur ou y être allergiques. Arly se souvient d’une victime en particulier qui se préparait à une conversation de médiation victime-délinquant. La victime trouvait difficile d’être près d’Abby, car elle avait peur, mais elle invitait tout de même Abby à venir aux rencontres.
« Elle était très étonnée et fière d’elle-même de garder l’esprit ouvert par rapport au chien en accomplissant le travail très difficile de rencontrer la personne qui lui a causé du tort. Elle a vraiment apprécié Abby », raconte Arly. « Le fait de surmonter sa peur des chiens était pour elle égal au fait de surmonter sa peur de rencontrer le délinquant. »
Arly nous raconte aussi une histoire cocasse qui est survenue lors d’une rencontre face-à-face et du caractère imprévisible de la présence d’un chien dans le cadre de la prestation de services du programme Possibilités de justice réparatrice. La discussion entre la victime et le délinquant durait depuis un certain temps déjà, et Abby était tombée endormie. Arly se souvient qu’à un moment intense, un lourd silence s’était installé dans la pièce. La direction que prendrait la suite de la discussion semblait incertaine.
« La tension était palpable. Nous étions tous assis là, puis tout à coup, Abby a ronflé si fort que tout le monde a éclaté de rire! Au début, ma réaction a été de dire : "Oh mon dieu, je suis tellement désolée!" Et ils continuaient à rire… Je n’aurais pas pu mieux le prévoir! La tension s’est ensuite dissipée, et ils ont été en mesure d’avoir des discussions plus profondes. »
Selon certaines études, la présence de chiens peut réduire le stress et l’anxiété que vivent souvent les victimes et les témoins pendant le processus de justice pénale. Certaines études démontrent aussi que le recours aux chiens favorise l’exhaustivité et la précision des témoignages.
Abby a été assignée comme chien de thérapie pour une personne dans la collectivité. Abby a servi d’essai préliminaire pour permettre à Arly de savoir si un chien pourrait être bénéfique. Depuis qu’elle a vu la joie, les relations et les liens que la présence du chien a favorisés, elle est convaincue de devoir poursuivre cette initiative de façon permanente.
« Me voici donc en train de dresser mon deuxième chien! » s’exclame-t-elle.
Zoe, qui a maintenant trois ans, restera avec Arly cette fois-ci après avoir reçu son diplôme de chien de thérapie. Zoe sera bientôt diplômée et prête à accompagner Arly pendant que celle-ci offrira ses services de justice réparatrice.
Apprenez-en plus sur la justice réparatrice et le programme Possibilités de justice réparatrice du SCC.
Détails de la page
- Date de modification :