La maison Ikaarvik : un passage vers la collectivité

28 juin, 2024
Panneau de pierre sur lequel sont sculptés un morse, un ours polaire et un narval

Kootoo passe beaucoup de temps dans l’atelier de sculpture situé derrière le bâtiment. Pour chaque pierre qu’on lui donne, il fabrique deux sculptures. Il en vend une, puis donne l’autre à la maison Ikaarvik en guise de paiement pour la pierre.

Kootoo, qui habite à la maison Ikaarvik dans l’est d’Ottawa depuis trois ans, est l’un des 13 résidents qui y vivent. C’est là qu’il fait sa transition de la prison à la collectivité. Pour la plupart, les résidents sont des Inuits, tout comme Kootoo.

Établissement résidentiel communautaire unique

La maison Ikaarvik est un grand bâtiment à trois étages discrètement située entre d’autres maisons en rangée dans un quartier résidentiel. C’est un centre résidentiel communautaire, que l’on appelle souvent maison de transition. En collaboration avec le Service correctionnel du Canada (SCC), la Société John Howard gère la maison Ikaarvik. Ottawa compte la plus grande population d’Inuits à l’extérieur du Nord canadien, la présence d’un centre résidentiel adapté aux Inuits est donc tout à fait pertinente.

« La plupart des gens savent que les maisons de transition servent de passage depuis les établissements vers la collectivité », dit Joe Morin, le directeur de la maison Ikaarvik. « Dans la langue inuite (l’inuktitut), "Ikaarvik" signifie "d’un côté vers un endroit meilleur". Ça donne une idée de notre perspective. »

Lors de son passage à Ottawa en avril, Kathy Neil, la sous-commissaire des services correctionnels pour Autochtones, a été reçue par Joe, qui lui a fait visiter la maison Ikaarvik.

« La maison Ikaarvik accepte les délinquants faisant l’objet d’une semi-liberté, d’une libération conditionnelle totale, d’une libération d’office avec assignation à résidence ou d’une ordonnance de surveillance de longue durée. La plupart de nos résidents font l’objet d’une libération d’office avec assignation à résidence », dit Joe à Kathy. « Nous avons des résidents qui restent ici de six mois à quelques années. L’un de nos résidents actuels est ici depuis l’ouverture du centre en 2017. »

la tête et les épaules d’une femme et d’un homme se tenant côte à côte

Kathy Neil, la sous-commissaire des services correctionnels pour Autochtones, accompagnée de Joe Morin, le directeur de la maison Ikaarvik.

Les résidents renouent avec leur culture

À l’arrivée de Kathy, on préparait du phoque dans la grande cuisine pour le dîner. Les aliments prélevés dans la nature, ou nourriture traditionnelle, comme l’omble chevalier, le phoque, le morse et le caribou, sont importants dans la relation des résidents avec leur culture. Ces aliments sont toutefois difficiles à obtenir dans les villes à l’extérieur du Nord.

La cuisine n’est pas seulement l’endroit où on prépare les repas. C’est aussi là que les résidents peuvent rencontrer les Aînés aisément. De plus, des conseillers de l’organisme Tungasuvvingat Inuit viennent rencontrer les résidents pour discuter de traumatismes ou de toxicomanie. Tungasuvvingat Inuit est la ressource principale pour les Inuits qui habitent la région d’Ottawa. L’organisme offre une variété de formes de soutien communautaire et aide les personnes en milieu urbain à entretenir leur relation avec leur culture du Nord. Les Aînés contribuent en grande partie au maintien de cette relation importante.

L’intervenante inuite Mary Alinga, assise à la grande table de cuisine, discute avec certains résidents. « Elle agit comme interprète et leur explique souvent leurs conditions », explique Joe. « Certains d’entre eux ne sont pas en mesure de lire ou de les comprendre, donc Mary intervient et les aide à cet égard. Elle nous aide à faciliter l’arrivée des nouveaux résidents. »

Une fois par semaine, des membres du personnel de Tungasuvvingat Inuit, un fournisseur de services en milieu urbain qui offre de formes de soutien communautaire particulièrement destinées aux Inuits à Ottawa, viennent sur place pour rencontrer les résidents.

« Autour d’un café ou d’une tasse de thé, ils discutent du sujet qui a été mis à l’ordre du jour », explique Joe. « Quand ils ont besoin de counseling plus intensif, ils vont dans la salle où se déroule le programme avec l’Aîné ou le conseiller spécialisés en traumatismes. »

Les résidents bénéficient également des programmes offerts par la Société John Howard. Ils acquièrent des compétences professionnelles et ont accès à tout le counseling offert par la Société John Howard.

« La maison Ikaarvik apporte vraiment une impression du Nord à la ville », dit Kathy. « En offrant des programmes adaptés à la culture comme un atelier de sculpture, en fournissant des aliments prélevés dans la nature et en donnant l’occasion d’entretenir des relations avec d’autres Inuits ayant des antécédents similaires, on aide les résidents. On renforce les aptitudes à la vie quotidienne et on améliore l’accès aux possibilités de formation et d’emploi. Cette approche holistique permet de réduire le récidivisme en plus de cultiver un milieu de soutien communautaire dans lequel les résidents peuvent s’épanouir. »

Sculpture et communauté

Kathy a parlé à deux résidents. Elle leur a demandé ce qu’ils aimaient de la maison Ikaarvik.

« Le sentiment de communauté avec les autres Inuits. Un bon mélange de personnes qui viennent de différents endroits au Nunavut », dit Kootoo. « La sculpture est l’activité principale, ici. Deux fois par année, ils nous amènent pêcher et profiter de la rive. »

Joe renchérit sur les sorties de plein air :

« D’habitude, on essaie de passer du temps dans la nature », dit-il. « On fait une sortie de pêche sur glace chaque hiver. Des employés, des agents de libération conditionnelle et moi-même, on amène les hommes passer la nuit sur la glace et on revient le lendemain. En été, on fait une sortie de canot, une sortie de jour. Et en automne, on fait du kayak. »

La visite de Kathy s’est terminée à l’atelier de sculpture, où Kootoo et d’autres créent des œuvres d’art fabriquées en pierre ou en bois de caribou. Les hommes avaient l’habitude de sculpter dehors quand il faisait beau. À l’automne 2022, des détenus autochtones participant au programme de construction Work to Give de CORCAN à l’Établissement de Joyceville leur ont construit un atelier de sculpture.

Jackie, l’autre résident à qui Kathy a parlé, fabrique des ulus, des couteaux traditionnels à lame courbée. Jackie sculpte les manches en bois. Depuis des années, Jackie et Kootoo font de la sculpture et exercent leurs compétences. Ils enseignent leur art aux résidents intéressés. Ils ont tous deux l’intention de vendre leurs œuvres pour gagner leur vie une fois qu’ils seront de retour dans la collectivité.

Un homme vêtu d’un kangourou sur lequel est illustré un drapeau du Nunavut tient un petit ulu.

Un résident de la maison Ikaarvik du nommé Jackie tient l’un des ulus qu’il a fabriqués.

« Nos centres résidentiels communautaires offrent un milieu de soutien exempt de jugement où le succès n’est pas qu’un espoir, mais une attente », dit Kathy. « La maison Ikaarvik en est un bon exemple. Toutes les interactions qui y ont lieu témoignent de notre détermination à offrir aux résidents ce dont ils ont besoin : l’encouragement, la compréhension et la certitude qu’ils peuvent réussir. »

La maison Ikaarvik offre aux résidents la possibilité de perfectionner leurs compétences et de se préparer à retourner dans leurs collectivités du Nord.

Sculpture de narval fixée sur un petit bâton vertical soutenu par une pierre.

Une sculpture de narval faite par Kootoo a été offerte à Kathy à la fin de sa visite de la maison Ikaarvik.
Vendre des sculptures comme ceux-ci l’aidera à subvenir à ses besoins lorsqu’il sera mis en liberté.

Entre Nous

Entre Nous est une publication du Service correctionnel du Canada (SCC). Elle présente des articles, nouveaux et anciens, sur les personnes et les programmes du SCC. Ces articles offrent une fenêtre intéressante sur la façon dont le SCC remplit sa mission visant à contribuer à la sécurité publique et à faciliter la réhabilitation. Entre Nous est l’endroit où trouver des articles informatifs, des balados et des vidéos sur le SCC.

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