En reconnaissance de Carole Eldridge et de son approche unique de la justice réparatrice

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En reconnaissance de Carole Eldridge et de son approche unique de la justice réparatrice

Cet article a été publié à l'origine sur en juin 2022

Carole Eldridge

Carole Eldridge a travaillé pour le programme Possibilités de justice réparatrice (PJR) du Service correctionnel du Canada (SCC) pendant 14 ans. En tant que praticienne en justice réparatrice et médiatrice dans les cas de crimes graves, elle fournissait des soins empreints de compassion à ses clients. Elle a accompagné à la fois des victimes et des délinquants dans leur cheminement vers le dialogue et la responsabilisation véritable. Nous nous sommes entretenus avec Carole, qui vient de partir à la retraite, au sujet du programme PJR et de son travail remarquable.

Possibilité de communication entre les victimes et les délinquants

Le système judiciaire lutte contre les crimes commis envers la société plutôt que de réparer les torts causés à la personne. À l’issue du processus judiciaire, les victimes ont souvent le sentiment qu’on ne les a pas écoutées. Elles ont encore des questions et leurs besoins n’ont pas été satisfaits. Le programme PJR donne aux victimes et aux délinquants la possibilité de communiquer. Ainsi, les délinquants peuvent assumer la responsabilité de leurs actes, fournir des renseignements utiles et contribuer à prévenir des torts futurs. De leur côté, les victimes peuvent obtenir des réponses à leurs questions et préoccupations. Le programme leur permet d’agir, de se faire entendre et de retrouver un sens de bien-être et de sécurité.

« Idéalement, les gens terminent le programme dans un meilleur état qu’ils l’ont commencé, explique Carole. Même si les deux parties ne se sont pas forcément rencontrées, la personne participante ressort avec une meilleure estime de soi – qu’elle soit victime ou délinquante. Elle a cheminé et se dit qu’elle est capable d’aller de l’avant. Si une personne n’est pas capable de passer à autre chose, elle risque de souffrir toute sa vie. Parfois, c’est la justice réparatrice qui va permettre aux gens de trouver un équilibre inattendu. »

Grâce à son style de travail unique, Carole aidait les participants à déterminer leurs besoins et élaborait un processus pour y répondre. Ce travail exige du temps et des efforts de la part de la victime et du délinquant. La gestionnaire de longue date de Carole, Tania Petrellis, explique : « Carole était connue pour donner des “devoirs” aux participants, afin de les aider à se familiariser avec les valeurs et les principes de la justice réparatrice, mais aussi à comprendre comment ils se sentent et comment ils perçoivent les choses. Carole leur demandait de réfléchir aux raisons qui les poussaient à rencontrer l’autre personne et à ce qu’ils souhaitaient retirer de la rencontre. Elle leur demandait d’écrire ce qu’ils voulaient dire à l’autre personne, de réfléchir à comment ils voulaient être écoutés et à comment l’autre personne pourrait réagir. Elle travaillait avec les deux personnes séparément pour les aider à se préparer aux réponses qu’elles seraient susceptibles de recevoir. Comme ça, quand la rencontre avait lieu, les deux personnes se connaissaient déjà un peu et savaient à quoi s’attendre. »

« Le travail d’introspection est difficile pour les délinquants, mais leurs efforts portent des fruits parce qu’ils se traduisent par une responsabilisation véritable et apparente, que les victimes peuvent constater et évaluer par elles-mêmes, explique Tania. Il en va de même pour les victimes, qui elles aussi doivent gérer leurs émotions et leurs points de vue pour être en mesure d’avoir les conversations qu’elles veulent avoir. Carole, elle, accompagnait ses clients dans leurs efforts. Nous avons vu d’incroyables résultats découler de son travail. »

Carole Eldridge
Haiku, le colley barbu de Carole, a joué un rôle important dans le soutien des victimes et des délinquants qui participent aux processus de justice réparatrice.

Présentation du Haiku

Carole travaillait souvent avec Haiku, son colley barbu et chien de thérapie reconnu. Elle était la seule des vingt et un médiateurs du programme PJR qui faisait intervenir un chien dans la prestation de services. Haiku l’a accompagnée à certaines des rencontres entre victime et délinquant. Il représente l’une des façons novatrices dont Carole a obtenu d’excellents résultats dans son travail.

« La victime et le délinquant pouvaient caresser un gros chien à poil long qui se trouvait entre eux, ce qui les calmait tous les deux. Ils arrivaient à communiquer dans un état décontracté », explique Carole.

« La participation d’Haiku aux rencontres entre la victime et le délinquant montrait à quel point Carole prenait son travail à cœur et à quel point ces rencontres étaient difficiles, confie Tania. On y évoque le pire moment de la vie des participants. Amener Haiku, c’était la façon de Carole de montrer sa compassion pour les participants et de donner son amour. Et avec lui, elle a aidé des gens à trouver assez de courage et de sérénité pour se plonger dans leur peine, leur douleur et leur traumatisme de façon sécuritaire, avec un accompagnement. »

Assurer la médiation et l'intervention

Après avoir obtenu une maîtrise en criminologie, Carole a commencé sa carrière en tant qu’agente de probation à Toronto. En 1989, elle s’est installée à Ottawa pour devenir directrice exécutive du Centre pour la résolution des disputes d’Ottawa-Carleton, où elle a commencé à fournir des services de médiation et d’intervention. Elle est l’une des créatrices des options de résolution de conflit avant procès pour les jeunes et les adultes au Canada. Carole s’est jointe au SCC après avoir terminé la première formation sur les services de médiation entre la victime et le délinquant dans les cas de crimes graves pour le programme PJR. Plus tard, elle est devenue l’un des membres d’un petit groupe spécialisé de médiateurs à se rendre dans des établissements et des sites communautaires et à renforcer la mise en œuvre du programme.

Les compétences en médiation et en résolution de conflit de Carole ont été un atout pour le SCC. Elle a fourni une formation approfondie sur la gestion des conflits à Immigration et citoyenneté Canada, au ministère de la Défense et au Service de police d’Ottawa. En 2002, Carole a dirigé la première formation en médiation en inuktitut, en inuinnaqtun et en anglais, au Nunavut.

« Carole réfléchissait beaucoup à ce qu’elle pouvait faire pour optimiser le processus pour les victimes et les délinquants, affirme Pat Brady, un médiateur en justice réparatrice de l’équipe de l’Ontario, qui a travaillé avec Carole. On parle beaucoup d’elle au sein des établissements. Les délinquants comme le personnel la considéraient comme une personne extrêmement compétente et bienveillante. »

Les compétences en médiation de Carole transparaissaient dans sa capacité de respecter la personne qu’elle soutenait.

Carole explique : « L’un des défis, dans ce travail, c’est de laisser de côté ses idées préconçues pour voir la personne et non l’infraction. J’ai appris une leçon importante il y a plusieurs années. Je savais quelle infraction la personne que je m’apprêtais à rencontrer avait commise, parce qu’on en avait parlé aux nouvelles. Je me suis fait des idées préconçues sur cette personne. Mais j’ai compris que quand les années ont passé, les gens ne sont pas nécessairement les mêmes personnes qu’au moment de l’infraction. Cette leçon m’a appris à faire la distinction entre la personne décrite au dossier et la personne qui se tient devant moi, afin de pouvoir mieux comprendre qui elle est vraiment. »

Carole a contribué à améliorer la vie de victimes et de délinquants grâce aux principes de la justice réparatrice. Elle et Haiku manqueront à tous leurs collègues. Il ne fait aucun doute qu’elle a marqué tous ceux qui ont eu la chance de la rencontrer au fil des ans. Nous sommes reconnaissants envers Carole pour son dévouement, pour son travail et pour l’aide qu’elle a apportée à tant de personnes.

Rendez-vous sur le site Web du SCC pour en apprendre avantage sur la justice réparatrice et sur le programme Possibilités de justice réparatrice :

Entre Nous

Entre Nous est une publication du Service correctionnel du Canada (SCC). Elle présente des articles, nouveaux et anciens, sur les personnes et les programmes du SCC. Ces articles offrent une fenêtre intéressante sur la façon dont le SCC remplit sa mission visant à contribuer à la sécurité publique et à faciliter la réhabilitation. Entre Nous est l’endroit où trouver des articles informatifs, des balados et des vidéos sur le SCC.

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