Un délinquant offre une sculpture de Sedna en cadeau à une organisation de femmes inuites
Un délinquant offre une sculpture de Sedna en cadeau à une organisation de femmes inuites
Cet article a été publié à l'origine sur en juin 2022
Sedna est la déesse de la mer ainsi qu’une importante et puissante figure féminine de la culture inuite. C’est pourquoi un délinquant inuit a choisi de faire une sculpture de Sedna et de la donner de façon anonyme à l’association Pauktuutit Inuit Women of Canada.
« Il est venu me voir de son propre chef et il a dit “J’ai eu une vision. Ma mère est décédée récemment et, dans mon rêve, elle m’a dit de faire une sculpture de Sedna” », a déclaré Dalila Boukhaloua, agente de libération conditionnelle dans la collectivité du Bureau de libération conditionnelle situé au centre ville d’Ottawa. « Je ne savais pas qui était Sedna, et il m’a expliqué qu’il s’agissait d’une sirène issue de la mythologie inuite. »
Le délinquant vivait à l’Ikaarvik House, un établissement résidentiel communautaire d’Ottawa géré par la Société John Howard qui accueille principalement des délinquants inuits. Derrière l’Ikaarvik House, on retrouve un belvédère entouré d’un plastique extérieur épais offrant une protection contre le vent, la pluie et les intempéries. C’est là que les hommes s’adonnent à la sculpture sur pierre.
« La sculpture est un élément significatif de la culture inuite », a déclaré Joe Morin, directeur de l’Ikaarvik House. « Une grande majorité de ces hommes ont appris à sculpter lorsqu’ils étaient plus jeunes. Quand ils viennent ici et voient un ou deux hommes plus âgés s’adonner à la sculpture, ils souhaitent recommencer à sculpter. »
Il a expliqué que l’Ikaarvik House fournit de la pierre que les hommes peuvent acheter à la livre. Sinon, ils peuvent faire un échange et réaliser deux sculptures, une pour la « maison » – que vend l’Ikaarvik House pour se réapprovisionner en pierre – et une autre avec laquelle ils peuvent faire ce qu’ils veulent. L’intervenant aide les hommes à trouver des endroits où ils peuvent vendre leurs sculptures. M. Morin fait remarquer que la sculpture est devenue un emploi à temps plein pour certains hommes. Ils vendent leurs sculptures afin de gagner suffisamment d’argent pour subvenir à leurs besoins et envoyer des fonds à leur famille.
Le délinquant qui a fait la sculpture de Sedna s’adonnait à la sculpture depuis de nombreuses années. M. Morin se souvient d’avoir passé environ un mois à sculpter et à polir la sculpture, d’environ 10 pouces de hauteur sur 10 pouces de largeur, réalisée avec du quartz provenant d’une carrière située près de Wakefield, au Québec. Un agent de libération conditionnelle accompagne souvent un ou deux résidents à la carrière, où ils peuvent choisir des morceaux de pierre pour eux mêmes et en ramener pour les autres délinquants.
L’Ikaarvik House est unique au Canada, car son principal objectif est d’aider les hommes inuits à réintégrer la collectivité. Ottawa compte la plus grande population d’Inuits à l’extérieur du Nord (Inuit Nunangat). Cet établissement offre un soutien culturel important pour le SCC et les délinquants. Une partie de ce soutien provient de son partenariat avec Tungasuvvingat Inuit, une organisation inuite qui offre du soutien communautaire aux Inuits d’Ottawa. Cette organisation offre des services à l’Ikaarvik House, notamment des consultations hebdomadaires et des visites d’Aînés.
L’Ikaarvik House est unique au Canada, car son principal objectif est d’aider les hommes inuits à réintégrer la collectivité. Ottawa compte la plus grande population d’Inuits à l’extérieur du Nord (Inuit Nunangat). Cet établissement offre un soutien culturel important pour le SCC et les délinquants. Une partie de ce soutien provient de son partenariat avec Tungasuvvingat Inuit, une organisation inuite qui offre du soutien communautaire aux Inuits d’Ottawa. Cette organisation offre des services à l’Ikaarvik House, notamment des consultations hebdomadaires et des visites d’Aînés.
En ce qui concerne les services correctionnels pour Autochtones, le SCC adopte une approche unique qu’il appelle le « Continuum de soins pour les Autochtones », élaboré en consultation avec des intervenants autochtones. Il permet de s’assurer que les délinquants autochtones ont accès à des interventions et à des programmes adaptés sur le plan culturel. Les Aînés inuits jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation des délinquants. Les Aînés leur donnent accès à des cérémonies et à des enseignements adaptés sur le plan culturel et les aident à rétablir des liens avec leurs familles et leurs collectivités. La contribution des Aînés est essentielle pour aider le SCC et les collectivités à planifier le retour éventuel du délinquant.
« Le SCC offre des programmes conçus pour les Autochtones et les Inuits, auxquels les délinquants peuvent beaucoup mieux s’identifier. Ces programmes intègrent des aspects culturels propres aux Autochtones, qui sont logiques pour eux, puisqu’ils correspondent à leur vécu », a déclaré Lindsay Maahs, responsable des agents de libération conditionnelle. « Ces programmes leur permettent de préserver un lien avec leur culture et leur histoire très particulière. »
La sculpture est un aspect significatif de la culture inuite. Elle permet à quiconque d’établir ou de rétablir des liens avec sa culture et de contribuer au maintien de styles de vie prosociaux et au développement d’une source durable de revenu. La sculpture est un moyen de réussir la réinsertion sociale d’une personne et de contribuer au cheminement de guérison de celle ci.
« Pour le sculpteur inuit, cette sculpture avait une grande signification, puisque ses actes de violence ont également influé sur sa famille; c’est pourquoi il tenait à réaliser cette sculpture », a affirmé M. Morin.
Mme Boukhaloua a réitéré cette affirmation.
« Il avait commis beaucoup d’actes de violence contre les femmes, alors son lien avec cette sculpture est important pour lui. Il souhaitait rendre hommage aux femmes en général. Comme Sedna était une créature féminine puissante, il m’a demandé de la donner en son nom », a déclaré Mme Boukhaloua.
« Il vend régulièrement des pièces pour 1 000 $ », a t elle ajouté. « Pour quelqu’un qui n’a rien, faire don d’une œuvre qu’il a réalisée lui même revêt une grande importance. Il a dit qu’il aurait pu vendre cette sculpture entre 1 500 $ et 2 000 $. C’était donc très généreux de sa part. »
En décembre dernier, Pauktuutit Inuit Women of Canada a annoncé le don sur sa page Facebook :
« Chaque homme, chaque femme et chaque enfant doit à un moment suivre son cheminement de guérison. Il faut parfois quelques tentatives avant de réussir à trouver un équilibre et du soutien et de trouver sa place dans la société. Pauktuutit Inuit Women of Canada reconnaît les efforts déployés par de nombreux hommes et garçons inuits et les soutient dans leur cheminement de guérison. Le conseil d’administration et le personnel de l’association remercient le sculpteur anonyme de sa contribution et lui souhaitent de poursuivre son cheminement de guérison. »
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