Épisode 8 : Services correctionnels communautaires

Dessin décoratif sous le titre qui se lit comme suit :  "Au-dela des prisons" ep. 08

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« C'est que des fois, il y a beaucoup de conversations difficiles qu'on doit avoir avec les délinquants. Mais quand certains finissent leur sentence et qu'ils sont fiers de rester connecter avec toi et de t'appeler, quand ils ont un succès dans la communauté, c'est ça qui me donne beaucoup de joie. »

Les agents de libération conditionnelle travaillent sans relâche tous les jours pour protéger la population canadienne et ses collectivités en accordant toujours la priorité à la sécurité du public et des victimes. Dans le plus récent épisode d’« Au-delà des prisons », nous nous entretenons avec Dalila, l’une des agentes de libération conditionnelle dévouées du SCC. Écoutez l’épisode pour l’entendre raconter des anecdotes authentiques concernant son travail en première ligne.

Durée : 27:42
Publié : 29 août 2024
Animatrice : Kirstan Gagnon
Invitée : Dalila, agente de libération conditionnelle

Transcription : Épisode 8 : Services correctionnels communautaires

Kirstan : Vous êtes-vous déjà demandé comment fonctionne la libération conditionnelle au Canada? Qui est responsable de surveiller les délinquants pendant leur réinsertion dans la collectivité? C'est ce que nous découvrirons dans l'épisode d'aujourd'hui. Je m'appelle Kirstan Gagnon et je suis votre animatrice. Je vous souhaite la bienvenue à cet épisode d'Au-delà des prisons. Jusqu'à présent, notre balado a porté sur le rôle que joue le Service correctionnel du Canada ou le SCC en ce qui a trait aux prisons fédérales.

On s'est entretenu avec des agents correctionnels, des directeurs d'établissement et d'autres membres du personnel qui veillent sur le bon fonctionnement des prisons. Pour mettre les choses en perspective, l'année dernière, environ 22 000 personnes purgeaient une peine de ressort fédérale au Canada, dont près de 13 800 d'entre elles étaient incarcérées. Alors, où étaient les autres 8 500? Elles étaient en libération conditionnelle dans la collectivité sous la surveillance du Service correctionnel du Canada.

Comme on l'a mentionné dans les épisodes précédents, les délinquants prennent leur premier pas vers le changement pendant leur incarcération. Mais ce changement doit être durable et se poursuive dans la collectivité où presque tous les délinquants se retrouveront un jour. La libération conditionnelle ne signifie pas une liberté totale, mais c'est une étape cruciale dans la transition graduelle des délinquants vers la collectivité. Et qui est responsable de surveiller ces personnes dans la collectivité et de s'assurer qu'elles ne posent pas de risques pour nous? Et bien, c'est le travail des agents de libération conditionnelle dans la collectivité.

Comme Dalila, notre invitée d'aujourd'hui. Elle parle souvent de ses collègues comme des héros méconnus des services correctionnels, car leur travail se fait en grande partie loin des yeux du public canadien. Nous espérons toutefois les faire connaitre avec l'épisode d'aujourd'hui.

Kirstan : Donc bonjour Dalila et bienvenue à Au-delà des prisons.

Dalila : Bonjour.

Kirstan : Depuis combien de temps travailles-tu au Service correctionnel du Canada?

Dalila : Donc j'ai commencé en 2006, comme une ALC dans la communauté au bureau d'Ottawa ici. Et en 2008, j'ai transféré à l'établissement Collins Bay à Kingston, où j'ai travaillé comme une ALC pour le groupe de « lifers » à Collins Bay.

Kirstan : Puis ALC ça signifie agente de libération conditionnelle.

Dalila : Exactement.

Kirstan : Donc, explique moi un petit peu ce travail.

Dalila : Bien, le travail dans la communauté et dans les établissements, c'est un petit peu différent. Donc, quand j'ai travaillé dans la communauté, vraiment, on manage et on gère les délinquants qui sont sous une supervision dans la communauté, une semi-liberté ou bien une libération d'office. Et ils ont des conditions qui ont été imposées par la Commission du Canada. Donc, le rôle dans les établissements, c'est vraiment aider les délinquants à progresser dans leur plan correctionnel, mais aussi à leur niveau de sécurité dans les établissements, parce qu'on sait que la majorité des délinquants, une fois, vont sortir dans la communauté.

Kirstan : Puis, ici vous êtes responsable de Ottawa et aussi, je pense, de délinquants du Nunavut?

Dalila : C'est ça. Donc, on a une grande section géographique au bureau d'Ottawa, on couvre la ville d'Ottawa et les extérieurs, on va jusqu'à Cornwall et à Pembroke, Petawawa, mais aussi on couvre le Nord, Iqaluit, donc on a une très grande section géographique.

Kirstan : Puis explique-moi un petit peu comment ça se passe une journée dans votre vie? C'est très dynamique, pratique.

Kirstan : C'est très dynamique, pratique.

Dalila : Oui. Notre rôle, comme ALC, c'est très dynamique. Ici, au bureau d'Ottawa, on a à peu près 350 délinquants qui sont sous la juridiction du bureau d'Ottawa. On a aussi une grande population autochtone et inuit ici à Ottawa, on a la plus grande population inuit à l'extérieur du Nord, du Nunavut. Donc on a une gestion de cas qui supervise seulement les Autochtones et les Inuits. On a aussi les femmes qui sont des femmes délinquantes qui sont assignées à notre bureau aussi. Donc on est très occupé. C'est aussi le deuxième plus grand bureau au Canada.

Kirstan : Est ce que vous aviez des programmes spécifiques ou des habiletés spécifiques ici à Ottawa pour encadrer les délinquants autochtones et Inuits? Pourquoi à Ottawa?

Dalila : Oui. Donc on a une maison de transition qui s'appelle Ikaarvik qui est dans la région Est d'Ottawa. Ça a été établi il y a plusieurs années et on a une très bonne collaboration avec la maison de transition Ikaarvik. On a à peu près 10 à 12 délinquants. Ça dépend combien on a pour ce mois-là. Mais on a des agents qui sont dédiés à travailler avec les Autochtones et les Inuits. Ils ont vraiment des compétences qui ont été établies pour travailler avec cette population. On a une très bonne collaboration avec les organisations dans la communauté qui sont vraiment là pour aider cette population aussi. Donc on a aussi des aînés qui travaillent avec le bureau et on a aussi des agents dans la communauté autochtone qui travaillent avec cette population aussi.

Kirstan : Pis point de vu ta journée, je sais que c'est dynamique, il n'y a jamais deux journées pareilles. Donne moi un exemple...On arrive le matin, on fait quoi?

Dalila : Moi je dis ici comme travailler comme ALC c'est toujours. Il faut être prêt pour l'inattendu et il faut toujours être préparé pour l'inattendu. Donc ma journée, vraiment, est basée sur la supervision des délinquants qui sont assignés à mon cas. Donc maintenant, j'ai à peu près 15 délinquants qui sont assignés, que je supervise dans la communauté. Je suis aussi responsable pour faire les enquêtes préliminaires de tous les nouveaux délinquants dans la région d'Ottawa. Donc, ça, ça veut dire que, quand quelqu'un reçoit une sentence fédérale, ils sont assignés. Et je vais les voir au centre de détention d'Ottawa, où je fais leur première interview avant qu'ils sont transférés à notre centre de réception en Ontario qui est Joyceville qui est à Kingston. Donc, ça, c'est une très grande responsabilité. C'est leur premier contact, la majorité, avec quelqu'un du fédéral. Il y en a que c'est le premier contact avec quelqu'un dans le système correctionnel. Donc, il y en a d'autres qu'on a déjà vu, qu'on connaît. Mais ça, c'est une grande responsabilité.

Je supervise aussi. Mon autre rôle, c'est vraiment de superviser les délinquants dans la communauté et faire certain qu'ils sont en train de respecter les conditions qu'ils ont été assignés par la Commission.

Kirstan : C'est intéressant parce que je pense que les Canadiens et Canadiennes comprennent peut-être pas qu'une agente de libération va rencontrer le délinquant après qu'il a sa sentence avant d'être incarcérée, puis vous les poursuivez vraiment tout le long de leur cheminement jusqu'à temps qu'il soit peut-être relâché en communauté plus tard. Et ça, ça continue. La relation avec le délinquant. C'est pas quelque chose, juste quand ils vont être libérés, c'est quelque chose qui commence dès le début de leur sentence.

Dalila : Oui, c'est ça. On dit tout le temps que dès le moment que quelqu'un reçoit une sentence fédérale, en effet, on prépare pour la liberté de cet individu dans le futur parce qu'on sait que la majorité délinquants, ils vont être remis dans la communauté à un point. Donc on investit beaucoup dans les programmes qui ont contribués à leurs risques, donc c'est très important.

Kirstan : Puis est ce que selon vous, ça fonctionne les programmes? Est-ce que vous avez vu des exemples où ça a vraiment fait une différence?

Dalila : Oui, absolument. Je dis tout le temps que la majorité des délinquants, ils veulent changer leur vie. Ils n'ont pas les compétences pour changer leur vie. On voit beaucoup de délinquants avec des problèmes de santé mentale. On voit beaucoup de délinquants avec des problèmes de toxicomanie, mais c'est vraiment d'investir dans leur succès. Avoir quelqu'un avec qui ils peuvent parler et qui peuvent les écouter et adresser leur risque, c'est quelque chose que les délinquants, ils cherchent.

Beaucoup de fois, ils ont personne à qui ils peuvent se tourner et s'ouvrir. Donc, c'est très important d'établir des relations professionnelles et de les aider à avoir un rapport avec des professionnels qui veulent les aider.

Kirstan : On a parlé un peu de partenaires, puis l'importance d'avoir des partenaires communautaires. Je sais que vous travaillez de très proches avec la police, les services de santé. C'est quoi le rôle que joue ces partenaires dans le cheminement du détenu?

Dalila : Oui, la gestion de cas pour les délinquants, c'est vraiment une approche très multi-facettes. On travaille et on collabore très très fort avec nos partenaires dans la communauté. On a des collaborations professionnelles, donc surtout avec la police, mais on a aussi beaucoup de collaborations avec des partenaires autochtones et inuit comme j'ai dit avant, et des relations avec des hôpitaux ici à Ottawa, on bénéficie d'avoir le Royal Ottawa Hospital et où ils offrent beaucoup de programmes pour les délinquants sexuels, mais aussi pour les délinquants avec des problèmes de santé mentale.

Donc, on a beaucoup de collaboration avec eux. Mais notre réseau de collatéral, c'est quelque chose que, comme une ALC, on prend beaucoup de temps à établir ça. C'est très important parce que ça nous aide à vraiment comprendre ce qui se passe dans la vie du délinquant qu'on supervise. Donc notre approche, c'est vraiment quelque chose de holistique et le plus de personne qui nous donne de l'information, qui participent à la réintégration du délinquant, ça l'augmente le taux de succès pour le délinquant.

Kirstan : Donc, parmi les délinquants que tu supervise, dirais-tu qu'il y en a beaucoup qui travaillent dans la communauté? Est ce que c'est important?

Dalila : Ça va peut-être surprendre beaucoup des personnes, mais la majorité des délinquants travaillent dans la communauté. Les délinquants, ils veulent être occupés. On est très chanceux au bureau d'Ottawa, on a un agent d'emploi qui travaille directement avec des délinquants et qui les aide à trouver des emplois. On a aussi CORCAN dans la communauté, ici à Ottawa et on réfère beaucoup de délinquants à CORCAN. On est très chanceux aussi dans la communauté d'Ottawa, on peut aussi référer aux agences dans la communauté d'emploi. Donc les délinquants, ils veulent travailler, ils veulent avoir l'habileté d'avoir une routine qui est très occupée. Donc, oui.

Kirstan : Puis vous avez parlé de CORCAN, qui est un programme d'emploi pour les détenus et les délinquants à l'intérieur du Service correctionnel du Canada. On a des industries ici, à Ottawa?

Dalila : Oui. Donc, CORCAN c'est une industrie d'emplois qu'on a établi dans les pénitenciers, mais on a aussi une industrie dans la région d'Ottawa. Il les aide à développer des compétences dans les corps de métiers.

Kirstan : Puis moi, je me demandais parce que si quelqu'un a commis un crime assez sévère comme un meurtre, est-ce qu'on va les mettre dans des emplois où ils vont faire affaire avec le public à chaque jour?

Dalila : Oui. Une fois qu'un délinquant est dans la communauté on a fait la décision, la Commission a fait les décisions que ce délinquant, le risque est gérable dans la communauté. Donc cette personne là va retourner et travailler dans la communauté. Ils vont être en contact avec beaucoup de personnes. Donc oui, mais comme on dit tout le temps, la priorité, c'est toujours la sécurité du public et des victimes. Donc on fait attention que cette personne là ne brise pas leurs conditions, qu'il respecte les conditions de ne pas se mettre dans une situation où le risque va être élevé par leur emploi.

Kirstan : Ok. Donc s'assurer qu'on prend en compte toute l'information qu'il y a derrière eux dans leur histoire et leurs crimes, etc. Auparavant, pour ne pas les mettre dans des situations où on va mettre les autres en danger.

Dalila : C'est ça.

Kirstan : Puis comment on fait pour assurer la sécurité du public quand on supervise un détenu à haut risque par exemple.

Dalila : La gestion de cas pour les délinquants s'est vraiment établi sur le niveau de risque et le niveau de besoins de tous les délinquants. Donc le plus haut le risque, le besoin, le plus on va superviser le délinquant dans la communauté.

Kirstan : Puis quand vous les voyez pas, vous avez d'autres outils, le téléphone, vous avez des nouvelles des réseaux de ces délinquants aussi. Donc pour assurer la sécurité du public par exemple, vous m'aviez dit que quelqu'un peut t'appeler, quelqu'un peu t'informer d'un changement dans la vie du délinquant. Est ce que c'est important ce réseau dans la communauté aussi?

Dalila : Oui, absolument. Développer un réseau de contacts qui nous donne confiance de ce qui se passe dans la vie de ces délinquants, c'est vraiment très, très important. Le plus de contacts qu'on fait avec les personnes qui sont engagés avec le délinquant, ça nous aide vraiment à gérer le risque du délinquant. Oui, et le délinquant, il le sait. Donc quand on rencontre un délinquant, on leur demande c'est qui dans votre vie qui peut nous donner de l'information? C'est avec qui tu parles tous les jours? Donc c'est très important d'établir des collaborations avec ces contacts.

Kirstan : Pour ceux et celles qui nous écoutent, est-ce que tu peux expliquer un petit peu, quand on parle de gestion des risques, comment ça fonctionne, comment on peut déterminer le niveau de risque d'un délinquant en communauté? Parce que c'est très important qu'on soit efficace dans la façon qu'on détermine ce risque pour s'assurer qu'il y a de la bonne supervision, mais aussi qui est bien encadrée à ne pas recommettre un crime? Peux-tu m'expliquer un petit peu comment ça se passe?

Dalila : Oui. L'analyse de risque c'est pas fait en isolation, c'est vraiment fait avec une gestion de cas multi-facettes. Donc l'agent de libération conditionnelle a accès à beaucoup des rapports qui ont été soumis à la cour qu'on utilise pour notre analyse de risques. Mais aussi on regarde vraiment le comportement du délinquant dans le pénitencier et le comportement dans la communauté. C'est très important qu'on continue à supporter la réhabilitation des délinquants et qu'on utilise la formation des collatéraux dans la communauté.

On reçoit aussi beaucoup d'informations, des rapports psychologiques. On reçoit aussi beaucoup d'informations sur le plan correctionnel. Comment le délinquant s'applique à son plan correctionnel? Comment ils ont fait dans leur programme? C'est quoi les outils, les compétences qu'ils ont développés et comment ils utilisent ces compétences et ces outils une fois qu'ils sont dans la communauté? Donc tout ça, ça nous aide vraiment à comprendre le risque du délinquant.

Kirstan : Puis selon vous, est-ce que tout se gère? Comme si un crime contre les enfants ou sexuel ou autre? Est ce que tous ces facteurs-là se gèrent? Est-ce que vous avez confiance qu'un délinquant ne recommettra pas un crime comme ça?

Dalila : Le risque c'est, est-ce qu'il est gérable dans la communauté? C'est quoi le plan d'action qu'on va soumettre au délinquant ou devant la Commission pour gérer le risque du délinquant? Si on trouve que le risque est gérable, donc on recommande que le délinquant est retourné dans la communauté. Si on trouve que le risque n'est pas gérable, on ne fait pas la recommandation que le délinquant retourne. On fait des recommandations de ce qu'il doit faire pour diminuer le risque avant qu'il se représente devant la Commission.

Kirstan : C'est vraiment un travail continuel pour un délinquant.

Dalila : Oui, c'est quelque chose qui doit vraiment s'appliquer tous les jours parce que tous les jours, les délinquants ont des décisions. Comme je l'ai dit avant, c'est une grande responsabilité d'être dans la communauté sous des conditions.

Kirstan : Puis de l'autre côté, c'est quoi qu'on fait quand un délinquant ne respecte pas les conditions qu'on leur a imposé en communauté?

Dalila : Donc pour remettre quelqu'un en prison, c'est pas une décision qu'on prend légèrement. C'est quelque chose que, d'une façon de gestion de cas, on travaille tous ensemble. C'est important de toujours reflété et de voir que le risque aux victimes et le risque au public, c'est notre priorité. Donc on pense toujours à ça. Mais si on doit, si quelqu'un a brisé leurs conditions, si quelqu'un a un niveau de risque qui a été élevé, On appelle le délinquant au bureau, on essaie d'avoir une conversation face à face.

Donc on essaie d'établir les faits. C'est quoi les faits? Qu'est-ce qui s'est passé? Et une fois qu'on a toutes les informations ou si on consulte avec la police, on consulte avec nos partenaires dans la communauté, on consulte avec la famille et on essaye d'avoir une idée de ce qui s'est passé. Est-ce que le délinquant est dans son cycle d'offense? Est-ce que c'est une situation où le risque est plus gérable? Et si on est arrivé à ces discussions-là, on consulte avec nos partenaires et notre superviseur dans la communauté. Et si on est arrivé au point où le risque n'est plus gérable dans la communauté, on émet un mandat d'arrestation.

Mais encore, comme je le dis, c'est vraiment la dernière chose qu'on essaie de faire. Mais c'est quelque chose qu'on prend très sérieusement. Les délinquants dans la communauté sont très clairs de nos attentes dans la communauté. Ils savent exactement les conséquences de leurs actions. C'est quelque chose qu'on a établi dès la première rencontre de la communauté. Donc ça, c'est très important de savoir qu'est-ce qui se passe quand on est dans une situation où le risque est élevé.

Kirstan : Ce que j'ai remarqué, moi, c'est que souvent, les délinquants, ils ne veulent pas retourner en prison. Ils veulent avoir du succès, donc c'est vraiment les aider, quand vous dites ils sont dans leur cycle d'offense, de criminalité. Les gérer, c'est très important, les orienter vers les services dont ils ont besoin. Vous semblez avoir beaucoup de compassion. Est-ce que c'est important et est-ce qu'il y a d'autres principes qui vous guident dans votre travail?

Dalila : Quand j'étais jeune, j'ai grandi dans des logements sociaux. J'ai été introduit à beaucoup, beaucoup de diversité. Donc à l'âge de dix ans, je savais dire bonjour, au revoir, merci dans une douzaine de langues. Donc c'est quelque chose qui m'a gardé très proche, avec la diversité, comme une femme d'héritage mixte. Je vois beaucoup de diversité avec les délinquants avec qui je travaille, donc c'est quelque chose que je pense que les délinquants, quand ils me voient, ils voient quelqu'un qu'ils reconnaissent. Ça, c'est très important.

Kirstan : C'est quoi qui vous permet de bien comprendre leur histoire? Vous investissez beaucoup de temps à parler avec eux?

Dalila : Oui. Donc notre rôle, comme ALC, c'est vraiment de collecter de l'information. Premièrement, on collecte de l'information, c'est comme ça qu'on gère le risque. Donc une fois qu'on collecte l'information directement du délinquant, mais comme on a dit avant, c'est vraiment d'établir un grand réseau de collatéral dans la communauté. Mais pour gérer le risque, premièrement, il faut collecter l'information. Deuxièmement, c'est vraiment d'analyser cette information. Donc ça, c'est très important. C'est vraiment une compétence qu'il faut développer pour être une bonne ALC pour faire ce travail.

Kirstan : Puis selon toi, je sais que tu as travaillé en établissement, tu as travaillé en communauté, tu as travaillé dans différents milieux. Donc ton expérience est vaste et je sais que tu sembles avoir un bon rapport avec les délinquants avec lesquels tu travailles. Est-ce qu'il y a des succès ou des outils qui ont bien fonctionné dans votre carrière?

Dalila : Oui, pour moi quand je travaille avec des délinquants, je sais que tous les délinquants, la majorité, ils ont des problèmes de confiance. Ils ont jamais eu des bons rapports avec des personnes dans leur vie avec qui ils peuvent avoir confiance. Donc c'est très important d'établir la confiance, d'établir des rapports avec le délinquant. Ça m'arrive beaucoup de fois que quand quelqu'un a fini leur sentence, ils continuent à me contacter et je dis à tout le monde, si jamais tu as besoin de l'aide, si jamais tu as besoin d'appeler quelqu'un, je préfère qu'il m'appelle moi, même quand ils ont fini leur sentence et je préfère qu'il m'appelle au lieu de résoudre d'une façon non productive.

Oui, dans la communauté, exactement. Donc c'est très important. Oui. Quand je pense au succès, il y a vraiment, il y a des petits succès. Donc, pour moi, je peux voir quelqu'un qui a rétabli le contact avec leur enfant. C'est quelque chose qu'il avait travaillé très, très fort. C'est quelque chose aussi facile que quelqu'un qui s'est rétabli dans la communauté, qui a pu rester sobre pendant trois mois. Pour moi, c'est un succès. Quelqu'un qui a finalement reçu une carte d'identité, qui avait travaillé très fort, quelqu'un qui a complété son bac à l'école, qui a finalement gradué l'école.

Mais j'ai aussi beaucoup de grandes histoires de succès. Quelqu'un que je pense, c'est quelqu'un récemment qui a fini sa sentence avec moi. C'est quelqu'un qui avait fait sept ans en prison et qu'avant ça, il était dans le monde immobilier et il avait perdu sa licence d'immobilier. Et après avoir complété sa sentence avec nous, il a pu faire une demande pour rétablir sa licence d'immobilier. Et récemment, il m'a envoyé un courriel pour me dire qu'après les lettres de référence que je lui ai données, mais aussi que beaucoup de personnes dans la communauté lui ont donné, il a pu avoir sa licence d'immobilier rétablie.

Donc pour moi, c'était vraiment un grand succès. Et maintenant il redonne à la communauté et il essaye d'employer des délinquants. Donc ça c'est un grand succès.

Kirstan :

C'est quoi que tu recommanderais à d'autres personnes qui considèrent une carrière comme la tienne?

Dalila : Il faut vraiment être passionné. Il faut vraiment vouloir redonner à la communauté. Pour moi, j'aime beaucoup contribuer à la sécurité du public. C'est quelque chose qui m'a toujours intéressé. Je pense qu'on pense au système correctionnel quand on pense au système de la Cour, du système de justice. On pense beaucoup aux polices, on pense beaucoup aux avocats, on pense beaucoup aux juges et même aux agents correctionnels. Mais une façade que peut-être on ne connaît pas beaucoup, c'est vraiment les ALC. Pour moi, les ALC, c'est des héros méconnus, c'est quelqu'un qu'on connaît pas.

On travaille dans un bureau au travers de la communauté, mais c'est pas quelque chose qui est dans notre face ou qui est très présent. Donc j'aimerais vraiment reconnaître tous les ALC qui travaillent avec moi et mes collègues qui sont sur la ligne de front au Canada, qui risquent leur vie tous les jours à travailler avec les délinquants dans nos communautés. Ça, c'est très important pour moi.

Kirstan : Absolument. Merci à tous tes collègues à travers le Canada. C'est un travail exceptionnel. De quoi es-tu le plus fier dans ton travail?

Dalila : Pour moi c'est les connexions que j'ai faits avec mes collègues, mais aussi avec les délinquants qui continuent à rester en contact avec moi une fois qu'ils ont fini leur sentence. Être sur une libération conditionnelle, c'est beaucoup de travail pour le délinquant. Il y a beaucoup de conditions qu'il faut qu'il respecte. Des fois, il y a beaucoup de conversations difficiles qu'on doit avoir avec les délinquants. Mais quand quelqu'un finit leur sentence et ils sont fiers de rester connecter avec toi et de t'appeler quand ils ont un succès dans la communauté, Ça, ça me donne beaucoup de joie.

Mais aussi quand quelqu'un a de la difficulté dans nos communautés et il sait qu'il peut toujours se rendre au bureau de libération conditionnelle ou d'appeler leur ALC pour leur demander de l'aide. On sait qu'on a fait des bonnes décisions et ça, pour moi, c'est un succès.

Dalila : Parfait. Est-ce que vous aviez autre chose que vous aimeriez partager?

Dalila : Donc pour moi, j'essaie de tout faire avec l'intention. C'est très important que quand je fais une promesse à quelqu'un, j'essaie de toujours garder ma promesse. Et si je ne peux pas garder ma promesse, j'essaie de revoir qu'est-ce que je peux faire pour aider cette personne là. Comme on a dit avant, beaucoup de délinquants, ils ont des problèmes de confiance, donc c'est très important qu'on garde notre mot. Et quand je dis que je vais faire quelque chose, je continue à garder cette promesse. Kirstan : Je pense que c'est une leçon importante dans tous nos vies, avec nos enfants, avec nos familles. Quand on dit quelque chose de pouvoir le faire, puis de démontrer de l'action.

Dalila : Et de le faire avec l'intention, c'est une chose de faire quelque chose, mais quand on le fait avec de l'intention, il y a beaucoup plus d'appui avec ça. Et les délinquants peuvent vraiment reconnaître quand quelqu'un est sincère. Et ça, c'est vraiment une compétence qui est importante.

Kirstan : Nous voici maintenant au dernier segment de l'épisode appelé Démystifier les services correctionnels. Aujourd'hui, on démystifie l'énoncé suivant : toutes les personnes en liberté sous condition vivent dans des maisons de transition. Ce n'est pas toujours le cas. Les personnes en liberté sous condition ne vivent pas toutes dans des maisons de transition. Cela dépend du type de mise en liberté accordé, du niveau de risque présenté par le délinquant et de ses besoins. Bien que le Service correctionnel du Canada fasse des recommandations, la Commission des libérations conditionnelles du Canada a le pouvoir exclusif d'accorder, de refuser ou de révoquer la libération conditionnelle. En accordant la libération conditionnelle, la Commission peut imposer des conditions spéciale jugée raisonnable et nécessaire pour aider à gérer les risques que présente un délinquant dans la collectivité, comme une assignation à résidence qui oblige le délinquant à résider dans une maison de transition.

Les délinquants en semi-liberté doivent retourner dans un établissement résidentiel communautaire ou une maison de transition tous les soirs. À moins que la Commission des libérations conditionnelles du Canada ne les ait autorisés à faire autrement.

La semi-liberté permet à un délinquant de participer à des activités dans la collectivité en prévision de sa liberté conditionnelle totale ou de sa libération d'office. Comme nous l'avons mentionné dans les épisodes précédents, la plupart du temps, il faut accorder la libération d'office au délinquant, excepté à ceux qui purge une peine d'emprisonnement à perpétuité ou une peine de durée indéterminée qui ont purgé les deux tiers de leur peine si la libération conditionnelle n'a pas encore été accordée. La libération d'office vise à fournir une structure et du soutien aux délinquants avant la fin de leur peine pour augmenter leurs chances de réussir leur réinsertion sociale.

Des logements communautaires comme ceux-là aident le Service à assurer la sécurité continue du public, des victimes, des délinquants et de son personnel. Avez-vous des idées pour le prochain segment Démystifier les services correctionnels? Quelle question avez-vous par rapport au système carcéral du Canada? Communiquez avec nous sur X, sur Facebook ou par courriel. Vous trouverez les liens dans la description de l'épisode. Ceci conclut l'épisode d'aujourd'hui. Merci encore énormément à Dalila d'avoir pris le temps de se joindre à nous.

C'était une production du Service correctionnel du Canada et je m'appelle Kirstan Gagnon. Merci d'avoir été des nôtres. À la prochaine!

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